reris de Brèves du désordre
Saccage de la PJJ : les preuves sont minces
La Dépêche, 30/09/2015 à 07:39
Qui se cachait sous les cagoules du groupe d’une dizaine de personnes qui ont saccagé les locaux de la PJJ, la protection judiciaire de la jeunesse, le 5 juillet 2011 à Labège ?
« Pas moi », ont répondu, l’un après l’autre, trois jeunes femmes et un homme hier devant le tribunal correctionnel de Toulouse. Il manquait un cinquième prévenu qui poursuit son doctorat à Madagascar. Lui non plus n’y était pas. « Son sac à dos s’y trouvait », admet Me Pierre Le Bonjour, son avocat. Du moins un sac avec des papiers à son nom. « Je l’ai abandonné lors d’un déménagement », a expliqué ce suspect devant le juge d’instruction. Un sac, même avec des papiers, « anciens », note son défenseur, constitue-t-il une preuve ? Autre indice, un ADN découvert sur des lunettes oubliées sur un parking voisin. Propriétaire de l’ADN, Pauline « ne comprend pas ». Et son conseil, Me Le Bonjour toujours, s’empresse de la questionner : « Vous avez été condamnée dans le passé. Oui. Pour une action ? Que vous avez revendiqué ? Oui »
Ce saccage (475 € de nettoyage, 13 354 € de peinture) se voulait une action d’opposition à la politique répressive contre les mineurs. Elle s’inscrivait dans un contexte politique où s’illustre « la mouvance ultra-gauche », avance le président Vergne. Des militants actifs qui, en principe, revendiquent. Les cinq prévenus étaient proches de ces idées mais ne revendiquent rien. Parce que le dossier est fragile ou parce qu’ils ne s’y trouvaient pas ?
L’accusation flotte et la procureur peine à démontrer les culpabilités. Comment dire son réquisitoire, euh, manque de preuves. Quand un magistrat en appelle à l’intime conviction devant un tribunal correctionnel, les juges du siège grincent et les avocats se régalent. La défense s’en est donnée à cœur joie, Mes Pibouleau et Le Bonjour, ironisent tour à tour sur les délits d’opinion dont sont victimes leurs clients. « Nous sommes d’évidence devant un groupe d’amis. Parce qu’ils se connaissent, ils seraient coupables ? », interroge Me Pibouleau. « Le lien entre eux, c’est le propriétaire du sac que les connaît tous. Et si ce n’était pas lui. D’ailleurs, les témoins décrivent un garçon jeune, fin. Pas son portrait », détaille Me Le Bonjour. La défense a donc réclamé la relaxe. Le parquet des peines de six mois ferme contre le propriétaire du sac déjà trop condamné, six mois avec sursis pour les quatre autres.
Le jugement a été placé en délibéré au 3 novembre.
NB : Un autre compte-rendu a été publié sur Indy nantes le 6 octobre 2015