Saint jean du Gard[bibliotheque152] Contre toutes les frontières, encore…

arrivé le 17 septembre sur la boite aux lettre du laboratoire

Voici une courte vidéo montrant la manifestation de samedi dernier à Vintimille. Pendant qu’une partie des manifestants (près de 200 au total) bloque le poste douanier pendant plusieurs heures côté italien, une autre partie traverse symboliquement la frontière à la nage puis rentre après avoir rapidement posé un pied un France…

https://www.youtube.com/watch?t=5&v=r2jwy4gzYT0

D’autres actions de soutien auront lieu ici prochainement (récupération
de matériel notamment), on lâche rien !

Ci-dessous un texte sur l’actualité récente tiré du site « Sans papiers
ni frontières », disponible en brochure à la Biblio.

/// /// ///

UN ÉTÉ CONTRE LES FRONTIÈRES

Depuis le début de l’été, des milliers de personnes tentent de rejoindre
l’Europe. Parmi celles qui ont réussi, beaucoup sont bloquées et
traquées aux quatre coins du continent : en Grèce, en Macédoine, à
Calais, à Vintimille…

AUX FRONTIÈRES ASSASSINES DE L’EUROPE…

Dans les médias, les gouvernants européens parlent de « situation
explosive » et de « drame humanitaire » en évoquant les nombreuses
personnes qui meurent en tentant la traversée de la Méditerranée.

Agiter l’épouvantail de l’invasion et des réseaux criminels de passeurs
permet aux États de justifier leurs politiques migratoires meurtrières
tout en se parant d’un vernis humanitaire. L’escalade militaire qui se
met en place aux frontières de l’Europe se fait au prétexte de
neutraliser les passeurs qui seraient responsables des milliers de
mort-es en Méditerranée et ailleurs. Mais ces milliers de noyé-es,
électrocuté-es, écrasé-es, ont été tué-es par les États européens qui en
renforçant toujours plus la surveillance et le blocage des frontières
extérieures de l’Europe rendent les routes pour y accéder de plus en
plus dangereuses. Depuis 15 ans, plus de 40 000 personnes sont mort-es
aux frontières européennes, dont plus de 2300 depuis janvier 2015. Et
chaque jour de nouvelles personnes meurent sur le chemin de l’Europe.

Partout, de nouveaux murs s’érigent, les flics et les militaires se
déploient pour empêcher les personnes migrant-es d’entrer en Europe :

À l’Est, tandis que la Macédoine décrète l’état d’urgence et envoie
l’armée contre les migrant-es, la Hongrie poursuit la construction de
son mur de grillages et de barbelés le long des 175 km de frontière
commune avec la Serbie. En Bulgarie, l’État envoie les blindés contre
les migrant-es.

Des camps d’enfermement s’érigent ici et là. Appelés « centres de tri »,
« centres d’identification », ces lieux d’enfermement, qui voient le
jour dans les pays de l’Union Européenne où arrivent les migrant-es
(Italie, Grèce, Bulgarie), vont servir à séparer celles et ceux qui
auront le droit de déposer une demande d’asile en Europe et les autres,
les migrant-es dits « économiques » pour lesquels des procédures
d’expulsion rapides et groupées seront organisées. Tandis que certains
ont déjà ouvert en Bulgarie, en Italie ces centres seront opérationnels
dès cet automne, dans des bâtiments militaires désaffectés, retapés dans
l’urgence pour être opérationnels au plus vite.

En Méditerranée, l’Union européenne lance une opération militaire
navale, appelée « Navfor Med ». Aux flics et outils de surveillance
électroniques de l’agence de surveillance des frontières Frontex déjà
présents en mer, viennent s’ajouter navires et sous marins de guerre,
hélicoptères et drones des armées européennes. Conçue sur le modèle de
l’opération Atalante qui au nom de la lutte contre les pirates somaliens
dans l’océan indien bombarde des embarcations et villages de pêcheurs, «
Navfor Med » va voir ses moyens offensifs progressivement augmentés avec
comme objectif final la destruction des bateaux de passeurs avant qu’ils
ne quittent les côtes libyennes. Décidée au lendemain d’un naufrage qui
a fait 800 mort-es au large de la Libye en avril dernier, cette
opération présentée comme une guerre contre les passeurs s’inscrit en
réalité dans la continuité de celles déjà menées, qui visent à barrer la
route aux migrant-es, coûte que coûte, quitte à couler leurs
embarcations comme l’ont fait mi-août des gardes-côte grecs au large de
la Turquie, quitte à tuer d’avantage de personnes.

À Calais, où quelques milliers de personnes tentent de gagner
l’Angleterre par les ferrys et le tunnel sous la Manche, l’État et la
mairie s’accordent depuis des années pour réprimer les migrant-es. Mais
cette répression s’est encore accentuée ces derniers mois avec les
expulsions des différents lieux de vies des migrant-es (squats et
jungles) et l’augmentation de la pression policière.

Dans le même temps de nombreux renforts policiers sont arrivés dans la
région, et tandis que ceux-ci matraquent, gazent et raflent, la
Grande-Bretagne finance des barrières infrarouges et des barbelés qui
viennent engrillager le port et l’accès au tunnel sous la Manche.

On assiste à la même situation qu’à Ceuta et Melilla où l’Europe dresse
des murs de barbelés et de gadgets électroniques mortifères. On assiste
à la même situation qu’en Méditerranée. De plus en plus de migrant-es
trouvent la mort en tentant de passer en Angleterre : depuis début juin,
11 migrant-es sont décédé-es, noyé-es, électrocuté-es ou écrasé-es par
des camions dans la région de Calais. À Paris, le 29 juillet dernier, un
migrant a également été électrocuté alors qu’il tentait de monter sur le
toit de l’Eurostar à la Gare du Nord.

Le triptyque « invasion de migrant-es/passeurs/terroristes » sert depuis
des années à justifier les politiques migratoires de l’Union européenne,
agitant l’épouvantail de l’un pour réprimer l’autre. À les écouter, les
réseaux de passeurs semblent être la principale préoccupation des
dirigeants, mais à qui profite le renforcement du contrôle des
frontières si ce n’est à ces derniers ? Car plus les routes sont longues
et dangereuses, plus les prix augmentent et plus les réseaux se
renforcent, c’est la loi de l’économie capitaliste. D’ailleurs, dans de
nombreux pays, États et réseaux mafieux travaillent main dans la main.

De plus, si des réseaux mafieux existent bel et bien, de nombreuses
personnes condamnées pour être des passeurs sont des migrant-es ou des
personnes qui ont voulu donner un coup de main, par solidarité, et sans
en avoir tiré de bénéfices : celui qui conduit la barque car il y a une
expérience de la navigation en mer, celle qui ouvre sa portière à la
frontière franco-italienne pour prendre un passager, celui qui à Calais
referme les portes du camion derrière ses camarades de route.

L’Europe est en guerre contre les migrant-es : elle est prête à tout
pour empêcher celles et ceux qu’elle considère comme des indésirables de
rejoindre ses côtes, de traverser son territoire et de s’y installer.
Les récentes réformes qui, dans plusieurs pays européens, restreignent
le droit d’asile et l’accès à un titre de séjour en témoignent.

À travers les discours guerriers et alarmistes qu’ils emploient, les
gouvernants construisent depuis longtemps la figure d’un ennemi
extérieur, le migrant, qui représenterai une menace pour l’Europe, et
leur permet de justifier le renforcement du pouvoir et du contrôle,
partout, pour tou-tes. N’oublions pas que cette gestion des frontières
représente également un business juteux et un terrain d’expérimentation
pour les marchands d’armes et les fabricants de gadgets électroniques de
surveillance.

Mais la détermination de celles et ceux qui veulent fuir la guerre, la
répression, la misère, ou tout simplement voyager, sera toujours plus
forte que les barbelés et la peur de mourir.

… RÉSISTANCE ET SOLIDARITÉ

Des milliers de migrant-es présent-es sur le sol européen luttent chaque
jour pour continuer leur voyage et atteindre leur destination en
traversant le continent. Partout ils et elles sont confronté-es à la
pression policière : aux postes frontières, dans les villes, dans les
gares et les ports…

Les frontières sont omniprésentes et elles permettent au pouvoir de
séparer, de trier et d’empêcher les migrant-es de circuler librement.
Dans la rue, dans les transports, dans les administrations, si l’on n’a
pas le bon papier, chaque contrôle d’identité peut aboutir au blocage, à
l’enfermement et à l’expulsion.

Qu’elles soient matérielles, avec leurs murs, leurs barbelés et leurs
uniformes, ou immatérielles, aux guichets de la préfecture, dans les
couloirs du métro, dans les centres d’hébergement, etc., les frontières
sont à abattre car elles sont une entrave à la liberté.

Aux quatre coins de l’Europe, migrant-es et personnes solidaires
s’organisent pour lutter contre ces barrières : pour passer les
frontières entre les pays européens, résister au harcèlement policier,
refuser les prises d’empreintes forcées, s’opposer aux attaques de
groupes fascistes et casser la logique d’invisibilisation et d’isolement
où le pouvoir voudrait enfermer les migrant-es. Partout une forte
solidarité s’est mise en place pour contrer la guerre aux migrant-es
lancée sur tout le continent avec des revendications simples et claires
: des papiers et des logements, la liberté de circulation, l’ouverture
des frontières, l’arrêt de la répression des migrant-es et des
expulsions, contre l’occupation policière.

À Vintimille, ville frontalière entre l’Italie et la France, si les
touristes peuvent traverser tranquillement la frontière, il n’en va pas
de même pour tou-te-s. Depuis le mois de juin, un déploiement des forces
de police française et italienne tente de bloquer le passage des
personnes migrantes qui souhaitent poursuivre leur voyage en pratiquant
des contrôles au faciès.

Les barrages routiers et les contrôles à bord des trains, avec souvent
la complicité des contrôleurs de la SNCF malgré quelques résistances,
sont quotidiens et s’étendent jusqu’à Nice et Marseille. Chaque jour,
des dizaines de migrant-es qui réussissent à passer la frontière sont
arrêté-es et ramené-es côté italien par la police française. Mais
heureusement, beaucoup d’autres parviennent à passer et peuvent ainsi
continuer leur voyage.

Côté italien, les mesures prises contre les migrant-es et la liberté de
circulation sont multiples : du déploiement policier à l’interdiction de
distribuer de la nourriture, tout est fait pour décourager celles et
ceux qui veulent passer de l’autre côté des Alpes. Et pour gérer et
trier cette population, l’État peut compter sur son plus fidèle
collaborateur, la Croix-rouge. À Vintimille, c’est elle qui gère le
centre d’accueil des migrant-es situé à côté de la gare, vernis
humanitaire à la politique répressive de l’État.

Mais une partie des migrant-es a décidé de ne pas se laisser faire et de
refuser de se laisser enfermer dans le centre de la Croix-rouge. Le 11
juin, ils et elles sont plusieurs dizaines, avec quelques personnes
solidaires, à installer un campement sur les rochers du bord de mer, au
pied du poste frontière principal. Ils et elles entendent par là
protester contre le blocage de la frontière et construire un espace
d’entraide, de solidarité et de lutte. Malgré les pressions policières,
qui menacent d’expulsion et cherchent à empêcher d’autres migrant-es de
le rejoindre, le campement, appelé « Presidio Permanente No Borders
Ventimiglia » résiste et s’organise. « Dans ce campement, les européens
et les migrants ont construit un espace de solidarité, de complicité et
de lutte. Ensemble nous cuisinons et nous mangeons, nous rendons
concrète la solidarité dont beaucoup parlent, les informations et les
conseils se diffusent, nous surveillons l’action des forces de police
italiennes et françaises, nous affirmons clairement et ouvertement notre
désaccord face à la fermeture des frontières. »

Des actions blocage et des manifestations sont organisées dans la ville
ou au poste frontière aux cris de « We are not going back » (Nous ne
retournerons pas en arrière), ainsi que des tentatives de passage
collectif de la frontière.

Le 10 août dans la nuit, une centaine de migrant-es ont tenté de
traverser la frontière en montant dans un train. En gare de Menton,
ils/elles ont refusé de descendre du train face à la police. Ils et
elles ont alors été traîné-es de force dans les camionnettes qui les ont
reconduit-es au poste frontalier français de Ponte San Luigi, où ils et
elles ont été enfermé-es dans des containers en attendant que la demande
de reconduction sur le territoire italien soit acceptée par les
autorités. Plusieurs personnes solidaires ont alors bloqué la route pour
empêcher ces expulsions et une vingtaine d’entre eux/elles ont été
arrêté-es. Trois français-es passeront plusieurs heures en garde à vue
et six italien-nes sont désormais interdit-es de séjour à Vintimille.

Chaque fois que des migrant-es sont arrêté-es par les flics côté
français ils/elles sont enfermé-es dans des containers au commissariat
de la police aux frontières de Menton en attendant leur expulsion en
Italie. Mais la solidarité est toujours là : des personnes solidaires se
rassemblent devant le commissariat pour empêcher ces expulsions.
Plusieurs d’entre-elles ont également été arrêtées et sont désormais
interdites de séjour dans la région.

Une fois cette frontière passée, la traque policière et les galères sont
encore là, mais les solidarités et les luttes aussi !

À Paris, le 2 juin 2015 c’est un campement de plusieurs centaines de
personnes, installées depuis des mois sous le pont du métro aérien de La
Chapelle, qui a été expulsé. Alors que la mairie présentait cette
opération de police comme humanitaire et proposait des place
d’hébergement d’urgence, plusieurs dizaines de migrant-es se sont
retrouvé-es à la rue dès le lendemain. Ils et elles se sont alors réunis
avec plusieurs personnes solidaires et ont décidé d’occuper pour la nuit
une salle associative. Dans les jours et les semaines qui ont suivi,
plusieurs places et lieux ont été occupés, à chaque fois expulsés par la
police, sous ordre de la préfecture et de la mairie (Église
Saint-Bernard, Square Saint-Bernard – Saïd Bouziri, Gymnase Pajol). Ces
derniers ne souhaitent pas voir les migrant-es se regrouper et
s’organiser collectivement.

Le 8 juin, des dizaines de flics expulsent le campement de la halle
Pajol et arrêtent les migrant-es malgré une forte résistance qui a
permis de ralentir leur sale boulot et à plusieurs migrant-es de
s’échapper.

Après la matraque policière, la mairie et l’État changent de stratégie :
dès qu’un nouveau campement s’organise et que les migrant-es se
mobilisent, la mairie, l’OFPRA (office chargé de la gestion des
demandeurs d’asile), de travailleurs sociaux d’Emmaüs et d’élu-es
viennent leur « vendre » des places en centre d’hébergement d’urgence.
C’est la façade humanitaire de cette guerre aux migrant-es menée par les
États et une autre forme de violence plus insidieuse que la matraque
policière et les barbelés : à Paris comme ailleurs, le pouvoir cherche à
se débarrasser de ces migrant-es, à les rendre invisible et à les
disperser aux quatre coins de la région parisienne pour éviter qu’ils et
elles ne se regroupent et s’organisent collectivement pour obtenir ce
qu’ils et elles veulent : des papiers, des logements et la liberté de
circuler et de s’installer.

Dans les centres où plusieurs centaines de migrant-es sont hébergé-es
pour quelques semaines au fur et à mesure des expulsions, les conditions
de vie imposées (horaires stricts, repas imposés, interdiction de
visites, pas de titres de transports…) sont mauvaises, les démarches
administratives n’avancent pas. Face à cette situation, plusieurs
actions d’occupation et de grève de la faim ont été menées par ceux et
celles qui y sont logé-es.

Mais, ces centres d’hébergement restent des lieux de contrôle et de tri
des demandeurs d’asile pour l’État et les associations qui les gèrent
(Emmaüs, Aurore…).

Le 25 juillet, répondant à l’appel de Vintimille à un week-end de
résistance contre les frontières, une manifestation a réuni plus de 150
personnes. Sur le chemin du retour au campement Pajol, les
manifestant-es ont fait escale à Gare du Nord et devant l’entrée de
l’Eurostar, une banderole a été déployée aux cris de « No border, no
nation, stop deportation  ». Dans la gare, des applaudissements
retentissent.

Le 31 juillet, suite à la dixième expulsion à laquelle ont dû faire face
les migrant-es et les personnes solidaires, un ancien lycée désaffecté
est occupé dans le 19ème arrondissement et transformé en Maison des
réfugié-es.

Dans tous ces lieux occupés, et malgré les difficultés posées par cette
traque policière et humanitaire, d’autres pratiques tentent d’être mises
en place : l’entraide plutôt que la charité, l’auto-organisation plutôt
que la gestion humanitaire, la lutte plutôt que la résignation. Une
cantine collective pour les repas, des assemblées générales pour prendre
les décisions, des manifestations pour rompre avec l’invisibilité dans
laquelle le pouvoir voudrait plonger celles et ceux qu’il considère
comme indésirables.

D’autres campements ont également été expulsés, dont celui du square
Jessaint à La Chapelle. Plusieurs dizaines de migrant-es ont ensuite
occupé le parvis de la mairie du 18ème arrondissement.

À Calais, le 2 juin,les derniers lieux de vie des migrant-es du centre
ville ont été expulsés : le squat Fort Galloo ouvert en juillet 2014
suite à une manifestation, et le campement (appelé jungle par les
migrant-es) du Leader Price. Celles et ceux qui vivaient là se sont donc
retrouvé-es obligé-es de rejoindre le bidonville d’État, situé en
périphérie de la ville, à côté du Centre d’accueil Jules Ferry, loin des
points d’accès à la frontière vers l’Angleterre. Dans cette jungle, seul
endroit où les migrant-es sont autorisé-es à dormir, 3000 personnes
survivent dans des conditions très difficiles. À Calais, point de
passage pour de nombreuses personnes migrantes, celles-ci doivent faire
face aux rafles et à la violence policière, mais aussi aux attaques
fascistes de plus en plus violentes et habituelles.

Mais, comme à Vintimille, à Paris et ailleurs en Europe, migrant-es et
personnes solidaires résistent, tissent des liens de solidarité au
quotidien, prennent la rue, et les migrant-es s’auto-organisent pour
passer en Angleterre, malgré une frontière et une répression de plus en
plus meurtrières (11 mort-es entre juin et août 2015).

Durant tout l’été, des tentatives auto-organisées de monter
collectivement dans les camions et les navettes de l’euro-tunnel sont
violemment réprimées par les flics. Des groupes de centaines de
migrant-es passent les barbelés, stoppent les camions et essayent de
s’introduire dedans. Les coups de matraque et gaz lacrymogènes pleuvent,
et de nombreux/euses migrant-es sont blessé-es ou arrêté-es. Ces
tentatives de passage, dont certaines réussissent, vont être utilisées
par les autorités pour demander des renforts policiers. Dans les médias,
des deux côtés de la Manche, le nombre de personnes qui tentent d’entrer
dans le tunnel va être volontairement exagéré.

Une réunion au sommet, entre ministres britanniques et français, se
conclue sur de nouveaux accords de coopération pour réprimer les
migrant-es : plus de contrôles, plus de barrières, plus de flics, à
grands coups de financements anglais.

Dans la jungle, des migrant-es et des personnes solidaires ont organisé
des manifestations vers le centre ville et des blocages de l’autoroute
d’accès à l’euro-tunnel, permettant à certain-es de monter à l’arrière
des camions. Ces actions se multiplient ces dernières semaines, donnant
aux migrant-es une force collective. Le lieu de distribution de
nourriture du centre Jules Ferry a également été bloqué pour dénoncer
contre les conditions de vies imposées dans le bidonville.

CONTRE LES FRONTIÈRES, SOLIDARITÉ ACTIVE AVEC LES MIGRANT-ES !

La distinction opérée par le pouvoir, quelques intellectuels et les
médias entre d’un côté les réfugié-es politiques et de l’autre les
migrant-es économiques est une énième opération de tri entre « bon
réfugié-es que l’on pourrait accueillir » et « mauvais migrant-es
économiques qu’il faut expulser ».

Pour nous, il n’existe pas de bonne politique migratoire, car le
problème c’est l’existence même des frontières, outil mortifère de
contrôle et de gestion des populations pour les États.

Il n’y a pas plus de communauté nationale qu’un ennemi extérieur à
combattre. Nos ennemis sont ceux qui pillent en Afrique et en Asie, ceux
qui mènent des guerres coloniales et vendent des armes aux plus offrant,
ceux qui militarisent le territoire, ceux qui prêchent le racisme et la
haine de l’autre, ceux qui décident qu’un bout de papier détermine qui
nous sommes et où nous pouvons -ou pas- aller. Nos ennemis sont ceux qui
nous exploitent et nous oppressent, ceux qui entravent notre liberté.

Ces derniers mois, les résistances aux frontières ont été nombreuses et
fortes. Nous pouvons nous emparer de cette énergie et lui faire prendre
de l’ampleur pour la transformer en un mouvement de solidarité et de
rébellion contre le système des frontières.

Se solidariser et s’organiser avec les migrant-es, là où ils/elles
résistent contre la guerre que leur mènent les États, c’est contribuer à
affaiblir les frontières qui se dressent partout sur le chemin de
celles/ceux qui n’ont pas les bons papiers pour circuler et s’installer
là où ils/elles le veulent.

Cette solidarité est le contraire de la charité. La charité est un
rapport de domination, où celui qui donne a le pouvoir et celui qui
reçoit est relégué à un rôle de victime qui ne peut que recevoir.

À l’inverse, nous devons nous attacher à construire des rapports de
partage et d’égalité, des luttes auto-organisées par celles et ceux qui
les font vivre, sans hiérarchie ni paternalisme.

Nous pouvons agir partout autour de nous, partout où se dressent des
frontières, et de multiples manières : en portant dans la rue d’autres
discours que ceux du pouvoir et des humanitaires avec des tracts, des
affiches, des rassemblements et manifestations, etc. ; en contribuant
concrètement aux passages des frontières ; en s’échangeant des conseils
et des informations pratiques pour récupérer de la nourriture comme pour
partir dans une autre ville ; en partageant des connaissances
juridiques, des conseils et techniques sur les contrôles et les
arrestations ; en s’organisant dans son quartier pour agir contre les
rafles ; etc.

Des papiers d’identité aux centres de rétention, des rafles aux guichets
des préfectures, à bas toutes les frontières !
La vie de personne ne doit dépendre de bouts de papiers !