Athènes : molotovs et affrontements contre les prisons de type C

information provenant de Brèves du désordre
Grèce : heurts entre anarchistes et policiers

AFP, 8/04/2015 | 08:26

Affrontements dans le cœur d’Athènes. Des heurts ont éclaté, mardi 7 avril dans la soirée, entre la police et les manifestants dans le centre de la capitale grecque après un défilé de la mouvance anarchiste. Elle demande au gouvernement de gauche radicale d’abroger plusieurs dispositions pénales adoptées par les gouvernements précédents.

« Feu aux prisons »

A la fin de la manifestation, qui a rassemblé des centaines de personnes, des incidents ont opposé la police à quelques dizaines de personnes qui ont jeté des pierres et cocktails molotov. Les heurts se sont rapidement circonscrits, comme souvent, aux rues entourant l’Ecole polytechnique au cœur d’Exarcheia, quartier contestataire d’Athènes où des poubelles ont brûlé et du matériel urbain a été dégradé. Des slogans contestataires ont également été tagués sur les murets d’enceinte du parlement, de l’autre côté du centre-ville, proclamant la « guerre à la démocratie » ou « feu aux prisons ».

La mouvance anarchiste grecque a augmenté la pression ces dernières semaines sur le gouvernement de gauche radicale en multipliant les opérations coup de poing, notamment à travers des occupations de bâtiments publics ou de permanences du parti Syriza. Les protestataires souhaitent que le gouvernement, qui a déposé un projet de loin supprimant notamment les prisons de haute sécurité, aille plus loin dans l’abolition des mesures pénales jugées « sécuritaires » prises par les gouvernements précédents.

Grèce : entre Syriza et les anarchistes, la guerre des nerfs

AFP, publié le 05/04/2015 à 15:49

Athènes – Ils ont envahi une permanence électorale ici, pris leurs quartiers dans une université ailleurs : depuis plusieurs semaines, les militants de la mouvance anarchiste grecque multiplient les actions coup de poing, jouant avec les nerfs du gouvernement de gauche radicale.

La première occupation, début mars, avait surpris, un peu plus d’un mois après l’arrivée au pouvoir de la gauche antiaustérité : un groupe d’anarchistes avait envahi le siège de Syriza à Athènes, déroulant sur la façade leurs slogans en noir et rouge en soutien à des activistes incarcérés pour des attaques armées.

Puis une sorte de rituel s’est installé. A chaque semaine, son nouveau lieu occupé pour quelques heures ou quelques jours, dans la capitale ou en province, avec généralement interdiction d’accès aux usagers le temps de l’opération : cinq jours pour la faculté de droit d’Athènes, six jours pour les studios de la radio « Sto Kokkino », propriété de Syriza ; depuis lundi, c’est au tour de l’administration de l’université d’Athènes, un bâtiment de prestige en centre-ville.

Mercredi, une partie des employés de l’université rongeaient leur frein dans une protestation silencieuse à quelques mètres de leurs bureaux occupés : « Ce n’était pas arrivé depuis des années, pas de cette façon-là, on ne peut pas travailler alors que l’université est déjà dans une situation très difficile à cause des coupes budgétaires », se plaignait le vice-recteur Thomas Sphicopoulos.

Un enseignant, sous couvert d’anonymat, jugeait sévèrement l’absence de réaction des autorités : « où est le respect de la liberté, où est l’Etat ’ ».

L’Etat’ « Il est là, il dialogue. Une intervention de la police ne ferait qu’accroître la tension. Nous cherchons au contraire à apaiser la tension », défend un responsable gouvernemental auprès de l’AFP.

– Dissonances –

Syriza a régulièrement critiqué, lorsque le parti était dans l’opposition, la répression policière des manifestations des dernières années, notamment celles contre l’austérité.

La formation avait également pris position contre la législation antiterroriste étoffée par les gouvernements précédents en réaction à l’activisme des mouvements « révolutionnaires » grecs d’extrême gauche, qui revendiquent ponctuellement des attaques armées contre des cibles diplomatiques, étatiques ou économiques, lesquelles n’ont pas fait de victime ces dernières années.

L’abolition de cette législation antiterroriste est l’une des revendications des anarchistes mobilisés depuis un mois. Ils demandent aussi la libération d’un membre du groupe révolutionnaire 17 novembre, qui est en mauvaise santé, et la fermeture des nouvelles prisons de très haute sécurité.

Le gouvernement s’était engagé sur ce dernier point et un projet de loi supprimant ces établissements a été déposé au parlement.

« Insuffisant », selon un des « occupants » de la radio « Sto Kokkino », interrogé par l’AFP. Que Syriza tienne un discours moins intransigeant envers les « antiautoritaires », comme ils se nomment, n’émeut guère ce très jeune homme : « aujourd’hui c’est un gouvernement, point ».

« Les anarchistes multiplient les provocations parce qu’ils voient que le gouvernement hésite à apporter une réponse forte sous peine d’être accusé de mener la même politique que ses prédécesseurs. Ils exploitent la faille », observe l’universitaire Theodoros Papatheodorou, ancien vice-ministre de l’Education de centre-gauche.

Paradoxalement, c’est l’opération la plus fugace menée récemment par les « antiautoritaires » qui a révélé des dissonances au sein de la majorité.

Après une brève incursion, jeudi, d’un petit nombre d’entre eux dans la cour du parlement où ils ont déployé une banderole, le gouvernement a émis un communiqué dénonçant une action « provocante et incompréhensible », là où la présidente de l’assemblée Zoe Konstantopoulou a vu une simple « protestation » d’une quinzaine de « citoyens ».

Le lendemain, le ministre de la Protection du citoyen, Yannis Panousis, responsable des forces de l’ordre, s’est offert une tribune dans le principal quotidien du pays, Ta Nea, sonnant comme un avertissement à sa majorité et à « ceux qui pensent qu’un gouvernement de gauche signifie un pays et une ville sans défense », aux « puristes de la gauche qui qualifient de +fasciste+ ce qui ne leur plaît pas ».

Mais à l’opposition de droite survoltée par ces propos, et qui s’était engouffrée dans la brèche, le ministre a tranquillement répliqué quelques heures plus tard, sans craindre la cacophonie, qu’elle en faisait une « interprétation malintentionnée » et qu’il soutenait totalement le gouvernement.