Barcelone : 4e nuit d’émeute suite à l’expulsion du squat Can Vies

 

Barcellona, 27 maggio 2014. Dopo diciassette anni di vita, viene sgomberato e demolito lo spazio occupato Can Vies, nel quartiere Sants. Per tre giorni, nelle strade della città, presidi, manifestazioni, scontri e barricate. Ci siamo fatti raccontare da due compagni di Barcellona come stanno andando le cose.

 

ascolta :

 

http://www.radiocane.info/barcellone-sgomberi-barricate

 

26 mai 2014
Affrontements émeutiers suite à l’expulsion du Centre Social Occupé Can Vies à Barcelone

Le Centre Social Occupé et Autogéré Can Vies, propriété des Transportes Metropolitanos de Barcelona (TMB), situé dans le quartier de Sants à Barcelone, était un espace de rencontre autonome depuis 1997. Ce lieu a été expulsé hier, le 26 mai 2014, par les bataillons antiémeutes des mossos d’esquadra et les pompiers, malgré différentes stratégies mises en place par les occupants. A l’intérieur, certain-es s’étaient enchainé-es dans des tunnels pour empêcher la démolition immédiate du bâtiment et ainsi gagner du temps pour la réponse à l’extérieur.
Cependant, l’impressionnant dispositif policier (le quartier a été bouclé et la station de métro la plus proche a été fermée) a permis l’expulsion au bout de plus de 6 heures. Aux alentours, des groupes de solidaires se sont rassemblés, tandis qu’une partie des rues étaient coupées par des barricades pour éviter l’arrivée des engins de chantier etc.

Une manifestation appelée pour le soir même à 20h, a rassemblé près de 4000 personnes de tous ages. Lorsqu’elle s’est terminée au cri de « Si Can Vies va a terra, barri en peu de guerra » (Si Can Vies tombe par terre, le quartier se met sur le pied de guerre), les affrontements ont commencé et des groupes cagoulés ont monté des barricades et attaqué des journalistes, mettant le feu à une camionnette mobile de la chaine TV3 au croisement de la rue Joan Güell avec la place de Sants.

Les flics ont chargé dans tout le quartier, tandis que dans différentes rues des groupes contre-attaquaient et que des agences bancaires étaient détruites au passage. Apparemment les émeutes se seraient soldées par deux arrestations et quelques blessé-es.

27 mai 2014
Deuxième jour d’émeutes et d’affrontements contre les forces de l’ordre à Sants suite à l’expulsion de Can Vies

Une nouvelle manifestation était appelée et a été chargée immédiatement. Des barricades ont de nouveau été montée et des vitrines ont été brisées, ainsi qu’au moins un DAB. Un groupe a également attaqué et incendié la pelleteuse utilisée pour démolir le bâtiment.

Au cours de la nuit, les affrontements se sont étendus à d’autres quartiers comme Gràcia. Des manifestant-es ont coupé l’avenue Diagonal, ont tagué des agences bancaires et détruit en partie le siège du parti Convergència Democrática de Catalunya (CDC).

Le 28 mai, des rassemblements de solidarité sont appelés dans différents quartiers de Barcelone comme dans d’autres villes (une cinquantaine) de Catalogne et d’Espagne (comme Lleida, Girone, Tarragone, mais aussi à Valence et dans le quartier de Gamonal à Burgos). Dans le quartier de Guinardó (Barcelone), une fourgonnette des Transportes Metropolitanos de Barcelona a cramé, tandis qu’à Lleida les sièges des partis CDC et PSC ont été couverts de peinture.


Mise à jour 29 mai, 20h

Aujourd’hui 29 mai, la presse espagnole dresse un bilan chiffré de ces trois premières nuits d’émeute : quatorze blessés, dont dix Mossos d’Esquadra ; une trentaine d’arrestations pour « dégradations, troubles à l’ordre public et blessures à agent de la force publique » ; 62 000 euros de dégâts sur le seul mobilier, 155 000 euros de dégât en tout au cours de ces trois premières nuits (dont 78 000 au cours des deux premières) ; 62 conteneurs à poubelle cramés au cours de la seule 3e nuit et 224 renversés en guise de barricades ; plus de 150 containers cramés lors des trois nuits. A travers toute la Catalogne, ils recensent une douzaine de sièges du parti CDC attaqués à Barcelone (Mataró, Vilassar de Mar, Masnou, Berga, Manresa, Vilanova i la Geltrú, Sabadell, Mollet, Olesa, Sabadell, Terrassa, Premià de Mar, Molins de Rei, Sant Feliu de Llobregat), dont son local principal situé calle Córsega, mais aussi ses locaux situés à Cambrils (Tarragona), Banyoles (Girona) et Lleida. Celui de Terrassa est le plus endommagé, vu qu’un container à poubelle enflammé a été projeté dans sa vitrine, la rompant et cramant une partie du local. A Mataró, c’est un molotov qui l’a endommagé.

Ce même jour, l’Etat espagnol annonce le transfert de 300 policiers anti-émeute supplémentaires vers la ville de Barcelone, pour venir appuyer les Mossos d’Esquadra de la province catalane. Elle veut absolument éteindre ce feu de révolte qui commence à s’étendre dans d’autres villes (60 manifs ou rassemblements solidaires étaient annoncés en Catalogne hier 28 mai) sur le modèle de la solidarité avec la lutte de Gamonal (Burgos) en janvier dernier (voir ici et), donnant l’exemple d’une manifestation solidaire jusqu’à… Palma de Mallorca hier, qui s’est terminée en affrontements (et deux arrestations), ou de celle prévue à Madrid ce soir et convoquée sans autorisation de la préfecture.

Enfin, à côté du bâton il y a toujours la carotte -les deux faces d’une même gestion de la conflictualité sociale pour l’écraser et l’intégrer-, et c’est la « Plateforme de soutien au CSOA Can Vies » (Plataforma de Suport al CSA Can Vies), composée d’une vingtaine de collectifs du quartier (gauchistes, citoyennistes et libertaires) qui mène des négociations avec la mairie*, rejointe par la Fédération d’associations de voisins de Barcelone (Federación de Asociaciones de Vecinos de Barcelona (FAVB)). Tous deux recherchent un médiateur accepté par les deux côtés de la barricade. Sans compter que les ex-squatters ont nommé de leur côté un porte-parole qui s’exprime dans les médias. D’ores et déjà, l’association de commerçants vient d’annuler l’inauguration de sa feria prévue samedi en présence de politiciens locaux, et le chef des Mossos d’Esquadra vient de démissionner (en précisant que ce n’était pas lié à la situation, hum…).
Bref, à côté de ces petits jeux politiciens et de leurs déclarations contradictoires (sur d’éventuelles revendications, la condamnation ou pas des violences, etc.), une des questions qui se pose maintenant est assez banale : comment continuer à étendre et approfondir des feux de la révolte qui commencent à dépasser le cadre initial (l’expulsion du CSOA et le quartier de Sants), pour qu’ils détruisent tout ce qui nous détruit et ouvrent de nouveaux chemins sans médiation vers quelque chose de complètement autre ?

* NdT : Suite à la décision d’expulsion définitive du tribunal il y a 15 mois, la mairie avait proposé un relogement et une relocalisation des activités du centre social, proposition que les habitants avaient refusée : ils ne souhaitaient ni déménager ni un quelconque contrôle municipal sur leurs activités, contrôle inévitable en cas de déplacement dans un lieu prêté par la ville. Tout le monde n’a pas le niveau de duperie de l’ex-squat des Tanneries à Dijon (France), dont la novlangue utilise les mots « autogestion », « autonomie » et « combativité » tout en acceptant un déménagement à 1,6 millions d’euros par la mairie, et en quémandant des dons déductibles des impôts pour les aider (voir ici).

[Synthèse effectuée d’après les sites vozcomoarma, Indymedia Barcelone et la presse]


Mise à jour 30 mai, 13h

Hier jeudi 29 mai, la police annonce avoir arrêté 38 personnes lors des émeutes. Ils sont en garde-à-vue au commissariat Les Corts des Mossos d’Esquadra. Le soir, deux mineurs et 12 majeurs étaient relâchés, et 18 autres avaient leur GaV prolongée.

Le soir, une nouvelle manif de 2000 personnes s’est rendue devant le comico de Les Corts, exigeant la libération des arrêtés (« Liberté pour les prisonniers, flics hors du quartier« ), avant de se disperser. Les premières vitrines sont alors tombées (dont une agence Banco Popularincendiée) et de nouveaux containers de poubelle ont brûlé. Des panneaux publicitaires ou des feux de circulation ont aussi été détruits. Il y a eu au moins 23 nouveaux arrêtés cette nuit. Comme les nuits précédentes, Barcelone est survolée par un hélicoptère de police doté d’une puissant phare. Certains tags à Sants disaient « No negociamos. Luchamos » (Ne négocions pas, luttons), ou « Sants, Gamonal, Atenas, Río« .

Aujourd’hui vendredi 30 mai au matin, la mairie annonce 16 000 euros de dégâts pour cette nuit, entre matériel urbain et 16 containers cramés de plus. Elle donne le chiffre de 200 containers renversés chaque nuit de lundi, mardi et mercredi (28 mai), et 200 cramés en tout jusqu’à présent, ce qui donne une idée de l’ampleur des barricades dans différents quartiers.

Enfin, plutôt que de se dissoudre dans le mouvement en cours, les squatters du CSOA Can Vies ont fait une conférence de presse à 10h, où ils ont formulé des revendications à la mairie, entamant de fait un dialogue avec elle et commençant ainsi à médier le conflit et à proposer des portes de sortie aux institutions. Cette conférence de presse a été faite avec un membre de laPlataforma de apoyo a Can Vies et un autre de la Asamblea de Sants.
Ils exigent, en bons syndicalistes demandant plus pour obtenir moins : la démission de maire de Barcelone Xavier Trias et du conseiller du district de Sants-Montjuïc, Jordi Martí [les autres, non] ; la remise en liberté immédiate des arrêtés ; le départ des forces anti-émeute du quartier de Sants [merci bien pour les autres quartiers qui se bougent aussi depuis trois nuits] ; et surtout l’arrêt de la démolition du lieu (il reste le bâtiment principal). Ces travaux sont de toute façon arrêtés depuis le début des émeutes (la pelleteuse a cramé et le bâtiment est seulement vigilé), le maire ayant déjà annoncé dans la nuit sur TV3 qu’il était prêt à suspendre officiellement la démolition pour ouvrir le dialogue*. Les squatters proposent d’ailleurs demain un rassemblement devant le lieu… pour commencer une « reconstruction citoyenne » de la partie démolie !

On remarquera que non contents de renouer le dialogue, les squatters et leurs amis associatifs tentent également derelocaliser le conflit à Sants pour y mettre fin, plutôt que de chercher à l’étendre à tout Barcelone et bien au-delà, alors que des manifestations sont prévues ce week-end à travers tout le pays et que la presse et le pouvoir agitent en permanence le chiffon rouge de Gamonal** – cette lutte émeutière et victorieuse d’un quartier de Burgos en janvier dernier, qui est devenue le symbole de comment la poudre du mécontentement social accumulé peut exploser dans d’autres villes par contagion…

Hasard ou coïncidence, au moment où les protagonistes initiaux tentent de récupérer une situation qui est en train de les dépasser, un rapport interne des Mossos d’Esquadra filtre dans la presse de ce matin. Il est question comme d’habitude de « mercenaires entraînés en Italie qui dirigent les éléments violents de Barcelone« , etc. etc. Et quand certains titres n’insistent pas sur les « anti-système experts en guerilla » de Madrid, Valence et Saragosse (c’est-à-dire les anarchistes) ou ceux de Galice et du Pays-Basque (c’est-à-dire les indépendantistes), ils se lâchent contre les jeunes des quartiers qui participent à ces émeutes, en faisant des comparaisons avec… les « banlieues de Paris« . Bien sûr, il s’agit de sensationnalisme et de contre-mesures policières pour opposer « méchants étrangers au quartier » à « vrais habitants pacifiques », ou « étrangers » tout court à « braves citoyens ». Mais quand le pouvoir commence à tirer ces cartouches-là (il a attendu quatre nuits pour voir si ces émeutes allaient durer ou pas), cela est révélateur à la fois de l’enjeu qu’il y met, lui, et du fait que la question sociale dans l’air reste explosive.

La fin du résumé d’hier est toujours plus brûlante : « une des questions qui se pose maintenant est assez banale : comment continuer à étendre et approfondir des feux de la révolte qui commencent à dépasser le cadre initial (l’expulsion du CSOA et le quartier de Sants), pour qu’ils détruisent tout ce qui nous détruit et ouvrent de nouveaux chemins sans médiation vers quelque chose de complètement autre ? »

* Il y avait eu une réunion juste avant entre des représentants de Can Vies et l’envoyé de la mairie, le conseiller du district de Sants-Montjuïc, et en présence de la Federación de Asociaciones de Vecinos de Barcelona(FAVB). C’est au cours de celle-ci que ce point a été acté informellement entre squatters et institutions, provoquant l’annonce du maire un peu plus tard à la télé.
** Comme ce titre de Hechos de hoy : « Dégoût et crainte de la guerilla urbaine à Sants et l’effet Gamonal ».


Barcelone : nouveaux incidents après l’évacuation d’un squat emblématique

AFP 28 mai 2014 à 23:26

De nouveaux incidents ont éclaté mercredi à Barcelone, pour la troisième soirée consécutive, après l’évacuation lundi d’un immeuble occupé depuis 17 ans, squat emblématique transformé en un centre social apprécié des habitants du quartier populaire de Sants.

Environ 2.000 personnes, selon un journaliste de l’AFP, sont venues mercredi soir de différents quartiers de Barcelone pour manifester aux abords de l’immeuble de Can Vies.

Les policiers ont chargé lorsque les manifestants ont tenté de forcer un cordon. Des groupes se sont alors dispersés, incendiant des poubelles, brisant des vitrines et jetant des pierres ou des bouteilles sur les forces de l’ordre.

Lundi, puis mardi, des incidents semblables avaient éclaté lorsque des habitants de Sants, un quartier animé par un solide tissu social et associatif, rejoints par des groupes de jeunes, avaient manifesté contre l’évacuation et la démolition de l’immeuble.

Dans la nuit de mardi à mercredi, certains des manifestants avaient mis feu à la pelleteuse qui travaillait depuis lundi à la démolition de l’immeuble, au cours d’une nouvelle nuit d’affrontements entre défenseurs du centre, habitants du quartier et la police régionale catalane.

Huit personnes en tout avaient été interpellées lundi et mardi.

« C’est une attaque contre un modèle de quartier différent », assurait mercredi un représentant de Can Vies, Pau Guerra.

« Sants est un quartier très combatif et le tissu associatif y a toujours été très serré. Pendant 17 ans, le centre Can Vies s’était parfaitement intégré à ce tissu associatif », soulignait-il.

« La violence dans cette ville est absolument inacceptable », a de son côté relevé le maire conservateur de Barcelone, Xavier Trias, vivement critiqué par les squatteurs.

Appartenant à TMB, l’entreprise qui gère les transports publics de Barcelone, l’immeuble Can Vies était occupé depuis 1997 par des groupes de la gauche radicale et s’était transformé au fil des années en un centre social très populaire de la capitale catalane, où étaient organisés des concerts, des projections de films, des débats ou des ateliers de formation.

En 2006, son propriétaire avait décidé de le récupérer pour le détruire afin de réaménager le paysage urbain, dans ce secteur où passent des lignes de métro et de train à grande vitesse, situé non loin de la gare de Sants, la plus importante de Barcelone.

Après des mois de négociations entre la mairie, TMB et les occupants de l’immeuble, un tribunal avait fixé à lundi la date d’expulsion des occupants de Can Vies. La destruction de l’immeuble a commencé immédiatement après.