Le G7 vu d’Espagne

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Extraits d’un article dans la presse espagnole « El Confidencial », 16 juillet

La Police nationale et la Garde civile sont en train de mettre au point un dispositif de sécurité macroéconomique composé d’au moins 1000 agents pour faire face à la tenue du sommet du G7 fin août en France voisine. Le gouvernement français, qui assure la présidence tournante de l’alliance des plus grandes puissances mondiales en 2019, à l’exception de la Chine et de la Russie pour des raisons politiques, a décidé que le rendez-vous annuel réunissant les dirigeants de ce club exclusif dans la ville côtière de Biarritz, à seulement 20 kilomètres d’Irun.

Le choix de Biarritz a provoqué un profond malaise dans les Forces de sécurité espagnoles. Comme l’ont confirmé des sources confidentielles participant à la conception du déploiement, le ministère français de l’Intérieur a demandé à son homologue de Madrid que pendant la durée du sommet du 24 au 26 août, il empêche l’entrée à la frontière de radicaux d’extrême gauche qui pourraient mettre en danger l’intégrité des dirigeants mondiaux et troubler l’ordre public par des manifestations violentes aux alentours du sommet, un phénomène qui accompagne toujours ces rencontres. La France ne veut pas que quoi que ce soit ternisse sa date la plus marquée dans le calendrier de cette année. Comme lors des éditions précédentes (celle de 2018 au Québec), est attendue la présence du président américain Donald Trump, du premier ministre canadien Justin Trudeau, de la chancelière allemande, Angela Merkel, du Premier ministre nippon Shinzo Abe, du président italien Giuseppe Conte et du successeur de Theresa May, Premier ministre britannique, ainsi que les dirigeants de l’Union européenne et le président du pays hôte, Emmanuel macron.
Haute saison estivale et passage du Détroit

L’Espagne ne fait pas partie de ce groupe, mais elle va devoir investir de l’argent et des ressources comme si le rendez-vous avait lieu sur son territoire. Des réunions de coordination entre les polices espagnole et française sont en cours depuis plusieurs semaines pour établir les détails de l’opération. Selon les sources consultées, Paris fait pression sur la police nationale et la Garde civile pour qu’elles prennent le contrôle de la frontière avec le Pays basque et la Navarre et neutralisent les mouvements anti-mondialisation et anarchistes.

L’Intérieur dirigé par Fernando Grande-marlaska est déjà engagé dans ce défi, mais au ministère on critique le lieu et le moment choisis par l’exécutif de Macron pour un tel événement.D’une part, le G7 se tiendra en pleine haute saison de l’un des principaux foyers touristiques de la région Cantabrique.Les transferts d’un côté de la frontière à l’autre sont énormes et toute limitation pourrait entraîner un effondrement circulatoire.En effet, le week-end du sommet coïncide avec le point culminant de l’opération de retour des vacances d’été, ce qui entraînera un pic de déplacements.

De plus, au cours de la même période, l’Espagne est déjà obligée de faire face, comme tous les étés, à la deuxième phase de l’opération Paso del Estrecho (Passage du Détroit de Gibraltar). Cette année, quelque 3,2 millions de personnes devraient transiter par les ports espagnols, un défi qui met à l’épreuve la solidité des frontières et les systèmes d’alerte de la lutte contre le terrorisme djihadiste. Le choix de Biarritz va obliger la Police nationale et la Garde civile à cumuler au cours des dernières semaines d’août le contrôle des frontières nord et sud.

L’infrastructure ‘abertzale’

Le choix d’un site situé au coeur du milieu naturel de la gauche ‘abertzale’ est également inquiétant ; il pourra offrir sa vaste infrastructure pour transformer le Pays basque et la Navarre en une gigantesque base d’opérations antisystème à seulement 20 minutes en voiture du luxueux Hôtel du Palais où dormiront les chefs des sept pays les plus riches du globe. Des milliers de radicaux venant de Grèce, d’Italie et d’autres grands foyers d’implantation des mouvements d’extrême gauche devraient arriver. La plupart des groupuscules de cette idéologie entretiennent depuis des années des liens étroits avec la galaxie associative pro ETA.

Sans aller à l’étranger, le monde ‘abertzale’ a également tissé au cours de la dernière décennie une forte alliance avec les groupes radicaux installés en Catalogne, un autre bastion planétaire majeur de l’anarchisme violent et, en général, de la gauche anticapitaliste ; c’est pourquoi on compte sur un déplacement interne des adeptes de ces courants depuis Barcelone et sa zone métropolitaine.

Samedi dernier, plusieurs centaines de personnes convoquées par la plate-forme G7 EZ (G7 NON), créée pour rassembler les protestations contre le sommet, ont déjà parcouru le centre de Biarritz. Ses principaux promoteurs sont les partis Bildu, EH Bai et Sortu et les syndicats LAB et ESK. Nous nous élevons contre ceux qui veulent détruire les peuples” et “Créer un autre monde depuis euskal herria”,  pouvait-on lire sur deux des banderoles soutenues par les manifestants. Aucun incident n’a été enregistré mais les services de renseignement de la police nationale et de la Garde civile prédisent un tableau très différent au cours des jours du sommet.

La agenda de la « contracumbre »

Dès le 19 août, les actes du soi-disant contre-sommet commenceront. Il y aura une aire de camping à Irun pour accueillir les manifestants venant du monde entier. Des conférences, des ateliers et des festivités seront organisés. Le 24 août, déjà avec les leaders mondiaux sur le sol français, une grande marche parcourra la distance qui sépare Irun de Hendaye. Et le 25 août, un appel à la désobéissance civile a été lancé pour bloquer les accès aux points névralgiques du sommet.

On ne dispose pas encore de chiffres sur les effectifs de la police et de la Garde civile qui seront mobilisés, mais, selon les sources consultées par El confidenlcial, il est prévu de mobiliser au moins 1000 fonctionnaires. L’Ertzaintza, qui a les compétences d’ordre public et de sécurité au Pays basque, participe également aux réunions de travail. Les contrôles à l’arrivée aux aéroports les plus proches de la frontière avec la France seront intensifiés, de même que les accès au sol national par voie terrestre et maritime. En outre, les personnes et les voitures qui souhaitent entrer dans le pays voisin feront l’objet d’inspections approfondies. La Direction Générale du Trafic (DGT) a déjà averti la Confédération Espagnole du Transport des marchandises (CETM) que des saisies et des blocages du trafic auront lieu pendant le G7 dans la région la plus occidentale des Pyrénées.