La Rebelión de las Palabras et Anarquia.info / jeudi 6 juin 2019
L’hérétique, comme la/le bandit, sait que la perte de sa liberté le/la conduit irrémédiablement à l’échafaud. Ce qui l’attend est un tribunal qui lui demandera compte de ses actes. Un tribunal qui exercera son pouvoir et sa raison absolue au nom de Dieu, du Peuple, du Royaume ou de l’État. Pouvoir et Raison sont des actes de syncrétisme autoritaire développés au cours des siècles par les propriétaires de la Terre, de la Mer et du Ciel. Ainsi, l’anarchiste individualiste – qui est hérétique et bandit à la fois – est conscient que sa conviction de posséder son propre pouvoir et ses propres raisons le/la mènent au bûcher. Comme un papillon de nuit, il/elle cherche la lumière et succombe. Comme Icare, elle/il vole vers le haut et le Soleil fait fondre ses ailes. Comme Prométhée, il/elle vole le feu des dieux pour soi-même et les autres; comme lui, elle/il souffre le châtiment éternel.
Le drame de l’Anarchiste est sa passion pour la liberté, sa recherche inlassable de complices, qu’il/elle trouve rarement. Elle/il méprise le conformisme du troupeau, la lâcheté de la foule, le dogmatisme de toute foi.
Tout prêtre – de tout « isme » – la/le déteste, parce qu’on ne peut pas le/la contrôler, elle/il ne lui obéit pas, il/elle ne l’écoute pas ; et quand il/elle peut, elle/il éleve la voix pour porter atteinte à la moindre forme de pouvoir et d’autorité. Parfois, ces vengeur.esse.s solitaires jettent la bombe ou enfoncent le poignard avec l’intention – toujours – de semer le chaos dans l’ordre de la raison, rigoureusement établie comme loi ou vérité suprême. D’autres fois, elles/ils se mélangent aux mécontents avec l’intention de déclencher des insurrections. Mais la plupart de leur temps ils/elles l’emploient à lire, parce que leur meilleur ami et passe-temps est la connaissance de ce qui était et de ce qui est. Ils/elles n’ont pas d’illusions ni d’espoirs, mais des convictions. Elles/ils savent que la connaissance est leur force et qu’elle leur donne l’autodétermination. Ils/elles vivent chaque jour comme si c’était le dernier. Dans une société d’esclaves, la Liberté est punie de mort. Elles/ils ne se résignent pas, ils/elles ne se lamentent pas, elles/ils blasphèment, attaquent, exproprient. Il n’y en a pas beaucoup, mais même ces quelques peux inquiètent tous les gouvernements, précisément parce qu’elles/ils sont ingouvernables; amoureux.ses de la Liberté totale. Peu importe ce que c’était. Elles/ils se réinventent à chaque pas, à chaque coup, à chaque baiser. Ils ne sont pas des stratèges, parce qu’ils/elles n’ont pas de but final et, par conséquent, leurs actions soulèvent la colère d’autrui. Elles/ils n’ont pas plus de « partisan.e.s » que ceux/celles qui les connaissent et les aiment, en dehors de leurs barbaries iconoclastes. Souvent, on les caricature dans les journaux, puisqu’on pense ainsi pouvoir empêcher les gens de se demander : Qui sont ces folles/fous? Que veulent-ils/elles ? Comment expliquer qui sont les anarchistes aux citoyen.ne.s qui délèguent leur vie et leur pensée à autrui ?
Oui, ce sont des fous/folles et elles/ils ne veulent rien de moins que tout. Tout ce qui leur a été pris et personne ne peut leur rendre. Les voilà ! Ils n’ont pas d’ »arguments », le feu et la poudre parlent pour elles/eux. Un kilo de dynamite et un poème. Un kilo de poudre noire et une nouvelle hérésie. Un « les mains en l’air » et ils s’en vont. Des engins qui détruisent leurs Banques, Tribunaux, Commissariats; Casernes, Eglises et Sièges politiques… “Que veulent ils/elles ces folles/fous?” Rien ! Le rien destructeur qui laisse la place à la nature sauvage. Les fleurs se fraient un chemin sous les ruines de leur « civilisation » putride.
Gabriel Pombo Da Silva
le 5 juin 2019
quelque part dans le Vieux Monde