Réau, Seine et Marne:MORT SUSPECTE A LA PRISON DE REAU.

[reçu par mail]

Mardi 26 mai 2019, Monsieur Amara Fofana est mort à la maison centrale de REAU dans la région parisienne. Aucun média n’a fait état de cette information. L’administration parle de suicide ! L’émission de radio l’Actualité des luttes sur Fréquence paris Plurielle, a reçu un témoignage alarmant d’un de ses compagnons de détention, que nous portons à votre connaissance. Alors qu’un rapport de L’OIP vient juste de sortir dénonçant l’omerta qui entoure les violences de surveillants sur les détenus, cette mort intervenue dans des conditions pour le moins suspectes, illustre une fois de plus cette terrible réalité.

Fofana sortait d’une journée complètement normale. Comme d’habitude le matin il a été aux activités. L’après midi il a travaillé aux ateliers, il était de bonne humeur et nous n’avons fait que rigoler, tout allait bien. Vers 16h il est remonté du travail en cellule pour récupérer sa guitare parce qu’il prenait des cours de guitare. Et à son étage il y a une surveillante, encore une nouvelle, une stagiaire qui n’est absolument pas formée. Il se trouve qu’elle avait eu un problème dans un autre bâtiment, parce qu’elle faisait trop chier les détenus. Elle n’était pas adaptée pour travailler en bâtiment, et elle, Elle s’en était fait virer. J’ai eu à faire à elle et c’est une grande malade. Au lieu de l’interdire de travailler avec des détenus, ils l’ont juste changé de bâtiment. C’est comme ça qu’elle a atterri au cdh2. Fofana lui a demandé de sortir pour aller à son cours de musique et elle, elle a refusé, prétextant des choses à faire. Elle ne voulait pas se faire chier. Elle a ouvert la porte et il en a profité pour passer, pour partir, pour aller à son cours de musique. Elle n’était pas contente qu’il ne l’ait pas écoutée alors elle a fait un scandale. Après il y a des surveillants qui disent qu’en passant il l’aurait bousculée pour passer. Maintenant les détenus présents eux disent que non. Connaissant bien Fofana, je peux dire que c’était un mec qui ne levait jamais la voix. Je ne l’ai jamais entendu ne serait ce que dire un « merde ». Je ne l’ai jamais vu s’énerver et pourtant ça fait depuis longtemps que je suis ici avec lui. Tout le monde l’appréciait et c’est rare en prison ; il y a toujours des gens qui ont des affinités avec certains et pas d’autres mais lui il était aimé par tout le monde. Il ne faisait que son travail, il aidait les gens quand il le pouvait.

Donc la surveillante a fait un appel « alarme ». L’appel alarme c’est quand il y a une agression sur un surveillant. Dans l’appel elle dit « cette personne m’a agressée pour passer ». Au final elle a reconnu qu’il l’avait juste bousculé mais sur le coup elle a parlé d’agression. Les surveillants sont arrivés. Ils ont attrapé Fofana en bas du bâtiment, il avait descendu les escaliers pour aller à son cours de musique, et sans chercher à comprendre ils l’ont étranglé, balayé. Ils l’ont amené dans la salle d’activités, là ou il n’y a pas de caméras et on ne sait pas ce qu’ils lui ont fait. Ils l’ont surement tapé parce que quand il est ressorti, on a vu qu’il n’arrivait même plus à marcher. Les surveillants ont du le portaient pour l’amener jusqu’au mitard. Et dix minutes après son arrivé au quartier disciplinaire il se serait suicidé. Il se serait mis la corde autour du coup avec un drap, il l’aurait attaché à la grille qu’il y a dans ces cellules. Dans ces cellules il n’y a rien, un lit et un lavabo et il se serait pendu là. Ils ont essayé de nous faire des communiqués parce qu’en détention on était un peu chaud. Ils nous ont dit que Fofana aurait dit avant d’être jeté au mitard : «  si vous me laissez là je me suicide ». Il n’y a pas eu de mesures particulières de prises. Nous on sait que ça. On sait que c’était un mec qui avait une famille, qui avait des enfants, qui avait des parloirs, qui était suivi par sa famille. Ce n’était pas un mec isolé. Sa mère venait très souvent le voir. Il ne lui restait plus beaucoup sur sa peine. Il allait sortir bientôt. Il n’y a pas longtemps ils lui ont refusé une permission et il devait repasser dans un mois. Mais il était plutôt confiant il disait que ce n’était pas grave, que la prochaine serait surement acceptée. De ce qu’on sait, nous les détenus c’est qu’il n’était pas du tout dans une spirale négative. Voila ce que nous on sait à notre niveau.

Un détenu de REAU