Valence, Romans, Drôme: les chauffeurs de la Drôme

Ce livre retrace pour la première fois l’affaire complète des bandits de la Drôme appelés aussi Chauffeurs de la Drôme car ils brûlaient les pieds de leurs victimes pour leur faire avouer la cache de leurs économies.Vous vivrez la longue traque, le procès et l’exécution de trois d’entre eux devant la prison de Valence dans une ambiance survoltée, puis la capture du quatrième bandit, alors en fuite, et son départ pour Cayenne. Cette affaire, qui s’est déroulée de 1906 à 1910 en Drôme nord et dans la région de Tournon, a défrayé la chronique régionale et nationale semant l’effroi et la terreur dans les campagnes. Elle a mobilisé toutes les polices de Valence, Romans et de Tournon, aidées par les toutes récentes brigades mobiles qui allaient devenir célèbres sous le nom de « Brigades du Tigre ».
Cet ouvrage est par ailleurs une synthèse des documents, textes et photographies collectées sur plus de 25 ans, dont certains sont rarissimes. Certains faits présentés dans plusieurs versions, incohérentes par moment, complétés par des révélations tardives soulèvent quelques interrogations auxquelles nous avons tenté d’apporter une réponse.

 

La méthode utilisée était de s’introduire la nuit dans des maisons et de brûler les pieds de leurs habitants sur les braises de la cheminée, d’où le nom de « chauffeurs », pour faire révéler l’endroit où les économies étaient cachées.Le repaire de la bande d’ « Apaches »appelée Les Chauffeurs de la Drôme était situé au 26 rue Pêcherie, à Romans-sur-Isère. Cette maison avait l’avantage d’offrir plusieurs issues à l’arrière, côte du Crotton, en passant au premier étage par un escalier intérieur en bois.

Les Chauffeurs de la Drôme - 1909 Les_chauffeurs_de_la_drome_le_petit

Entre 1905 et 1908, les Chauffeurs de la Drôme, ainsi nommés parce qu’ils brûlaient les pieds de leurs victimes pour leur faire avouer l’emplacement de leurs économies, ont commis au moins onze assassinats, une tentative de meurtre sur un prêtre et sa servante et huit cambriolages et aggressions. Le nombre de leurs crimes fut sans doute plus élevé mais la justice ne les retint pas tous, faute de preuves et d’aveux.

A Romans-sur-Isère, ils n’ont pas commis d’assassinat mais ils seront accusés d’une tentative de cambriolage à l’Hôpital, d’un vol au préjudice de M. Rapian, comptable à l’Hôpital, d’une tentative de cambriolage chez M. Crozel, droguiste, et d’un cambriolage chez Madame Claveyson.

Parmi leurs crimes les plus abominables, citons le meurtre de Maria Juge, une vieille demoiselle qui vivait toute seule dans une petite ferme à Mondy, près de Bourg-de-Péage, tuée à coup de bille de bois ; l’assassinat de M. Dorier, propriétaire, et de sa fille Noémie, à Alixan, pour quelques bijou,parfois même faire ripailles sur place ; l’assassinat de deux octogénaires, le frère et la soeur Tortel, à Bourg-de-Péage, dont les cadavres seront arrosés de pétrole et brûlés.

 

Démasqués, Octave-Louis David, trente-six ans, cordonnier à Tournon, Pierre-Augustin-Louis Berruyer, du même âge, cordonnier à Romans, et Urbain-Célestin Liottard, quarante-six ans, manœuvre dans la même ville, sont arrêtés par le commissaire Floch, dirigeant la brigade mobile de Lyon. Un quatrième larron, Jean Lamarque, échappe dans un premier temps à la justice. La plupart des crimes auraient été préparés au domicile de Berruyer, no 26 rue Pêcherie à Romans, avec l’aide de trois autres complices : Noémie Nirette surnommée la « Poule noire », Hippolyte Caleu dit « Bel-Œil », et Romanin Finet.

Jugés, les trois principaux instigateurs sont condamnés à mort par les assises de la Drôme le 10 juillet 1909 et sont guillotinés en public le matin du 22 septembre 1909, à l’intersection de la rue Amblard et de l’avenue de Chabeuil, face à l’entrée de la  maison d’arrêt de Valence(1), devant une foule dense (jusqu’à 2 000 personnes selon certains témoignages, par le bourreau Anatole Deibler.

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L’exécution des « chauffeurs » sera celle qui fera l’objet du plus grand nombre de photographies en dépit des instructions formelles du ministère de la justice. Plusieurs de ces clichés seront publiés sous forme de cartes postales, qui connaîtront un grand succès.

Les dépouilles des suppliciés sont enterrées en dehors du mur de clôture du cimetière de la ville. http://www.romanshistorique.fr/responsive/images/uploads/pecherie-maison-chauffeurs-de-la-drome-011.jpg

Pierre-Augustin-Louis Berruyer, réveillé à 5h30, déclare : « J’ai commis des crimes, c’est vrai, je méritais les travaux forcés, mais pas la mort, c’est trop cher payé ! ».

Au moment de son exécution, David, qui venait de marcher dans une flaque de boue, aurait plaisanté : « Je vais m’enrhumer va à la guillotine en roulant les épaules « Salut, salut ! Allons, à la butte ! ». En direction de l’aumônier « Bon, bon, ça va bien, une autre fois… A cet été, sur la glace ! » Sur la bascule, il s’exclame « Alllez-y ! Allez-y ! Bonjour la compagnie… »(parfois dans ses courriers il  se revendique de l’anarchie

Condamné à mort par contumace, Lamarque est arrêté le 1er avril 1910. Il voit sa peine confirmée par les assises de la Drôme, mais est finalement gracié par le président Armand Fallières, qui était contre la peine de mort mais avait été poussé par l’opinion publique à ne pas gracier les trois autres. Lamarque purge une peine de travaux forcés à perpétuité au bagne de Cayenne, où il terminera ses jours.

1- une fois l’ancienne maison d’arrêt détruite le conseil municipal représentant la bourgeoisie valentinoise a  voulu garder la porte d’ entrée