Athènes (Grèce) : Revendication d’une attaque par le Groupe pour la reconstitution du Triangle anarchiste méditerranéen

Act for Freedom Now ! / mardi 2 avril 2019

A propos des dernières opérations répressives en Italie

Début février, a été ordonnée l’expulsion du squat Asilo Occupato, une structure du mouvement dans la ville de Turin avec une histoire longue de 24 ans. La police ne « joue » pas sans adversaires et l’expulsion dure un jour et demi, en raison de la résistance dans le squat. En même temps, partout en ville se déroulent des rassemblements, des rencontres, des protestations violentes. Les Carabinieri, afin de faire taire les réponses, transforment tout le quartier en une zone sous quarantaine, avec des barrages, des arrestations et l’interdiction de la circulation. A la fin les flics, en plus d’effectuer l’expulsion, arrêtent 6 compas, accusé.e.s d’activité subversive, à cause d’actions contre les Centres de Rétention Administrative et en solidarité avec les révoltes qui y ont éclaté.

Il est clair que plusieurs raisons ont motivé cette opération. L’Asilo Occupato a pris part à des nombreuses luttes qui ont dérangé les mécanismes de l’État et les patrons. Il s’est opposé à la destruction de la vallée en Val di Susa, en participant au mouvement No TAV. Il a mené des luttes contre les CRA, contre la répression et le contrôle et contre la rénovation urbaine et la gentrification de ce quartier. Un quartier dont la transformation en une zone de consommation et de divertissement stérilisée est voulue par les patrons. Pour ces raisons, le squat et les six compas ont été pris.e.s pour cible par la répression.

De ces 6 compas, 4 restent en détention provisoire, tandis que deux sont sortis de taule. Quelques jours après, une autre opération répressive, nommée « Renata » a eu lieu, dans la région de Trente et dans les villes voisines. Des groupes spéciales de la police, DIGOS et ROS, ont débarqué dans 35 lieux (maisons, lieux de travail, centres anarchistes et structures du mouvement), ont saisi des ordinateurs et des documents, du matériel imprimé, des outils, des banderoles, etc. et au final ont arrêté 7 compas. Les chefs d’inculpation qui pèsent sur elles et eux sont lourds et concernent des actions de sabotage contre des structures de biotechnologie, des antennes-relai, des véhicules de police, des banques, des agences intérimaires, des bureaux de fascistes, ainsi que la participation à des manifestations violentes.

La répression des anarchistes en Italie : une affaire sans fin

Il est clair que la matrice de toutes les attaques répressives de l’État italien contre nos compas est l’opération Pontelungo, mieux connue comme procès Marini (du nom du Procureur, inventeur de la théorie accusatoire), dont la durée dans les tribunaux a été de dix ans. En 1994, des compas ont été arrêté.e.s, accusé.e.s d’un braquage. Lorsque, l’année suivante, le procès semblait toucher à sa fin, il y a eu une gigantesque opération, dans toute l’Italie, avec des accusations d’actions armées en bande organisée et un tas d’autres accusations, sous l’égide d’une organisation fantôme, une invention qui sera utilisée par le Parquet dans les années suivantes. Les inculpé.e.s sont plusieurs dizaines et beaucoup finiront en taule pour des nombreuses années. La théorie de Marini présente le mouvement anarchiste comme structuré à deux niveaux, avec des activités publiques et des activités clandestines, sous une même direction centralisée. De toute façon, l’entière activité anarchiste est criminalisée, des brochures aux attaques, les différences disparaissent et cela suffit à envoyer quelqu’un en taule. Le anarchistes sont catégorisés en pacifistes et en criminels, les relations amicales et politiques sont criminalisées, les maisons sont appelées des planques, les journaux et les revues sont décrits comme des manuels de terrorisme, les outils sont présentés comme des armes et les centres sociaux et les squats comme des bastions.
La répression sauvage, avec la loi anti-terroriste et ses articles 270 et 270bis entraîne l’enfermement, des personnes gardées en otage par le biais de longues affaires judiciaires, des arrestations domiciliaires, des fermetures de journaux, revues et sites internet de contre-information. Elle utilise des écoutes téléphoniques, qui, avec les années, sont accompagnées par l’utilisation des nouvelles technologies, comme les GPS, l’utilisation de matériel génétique, etc. Au même temps est menée une propagande sauvage (avec l’aide des médias), afin d’isoler et criminaliser les anarchistes, de façon qu’ils/elles puissent être frappé.e.s plus facilement et ils perdent leurs liens sociaux et politiques. Bien sûr, là où la répression et la diffamation ne suffisent pas, il y a la violence brutale et la mort, comme cela s’est produit en 1998 avec les assassinats d’Edoardo Massari et Maria Rosas Soledad, qui ont été retrouvé.e.s pendu.e.s, le premier dans sa cellule de la prison des Vallette à Turin, la deuxième chez elle [pour être précis, Sole s’est pendue dans la ferme de l’association où elle se trouvait aux arrestations domiciliaires, à Bene Vagienna ; NdAtt.], étant en résidence surveillée.

Depuis lors, et jusqu’à aujourd’hui, la même pièce de théâtre a été répétée régulièrement et constamment, avec les mêmes caractéristiques, et même exportée en Grèce, comme il ressort de la nature d’affaires similaires dans le passé récent.

Au terme de l’évolution judiciaire du procès Marini, un autre a commencé : l’opération Cervantes, en 2004. Après, trois autres ont suivi, dans le cadre du précédent, l’année suivante : les opérations Nottetempo, Fraria et Crocenera, avec l’ accusation de l’existence d’une organisation subversive qui menait les actions signées FAI. Le même cadre s’est répété encore et les persécutions font que la série semble infinie. Au printemps 2006 l’opération Gruppi di Affinità, à l’automne 2007 l’opération Brushwood, à l’été 2009 l’opération Shadow. Au printemps 2001, l’opération Outlaw, à l’été et à l’automne 2012, les opérations Mangiafuoco et Ixodidae [on remarquera l’« humour » des flics/juges dans le choix de ces noms : Ixodidae est le nom latin des tiques, les « zecche », nom dépréciatif donné pendant la dictature fasciste aux opposants ; NdAtt.], comme les opérations Ardire et Thor pour des actions menées par la FAI-IRF. La même année, des poursuites ont frappé des anarchistes qui ont pris part aux durs affrontements contre les flics, le 3 juillet [2011 ; NdAtt.] dans la Val de Susa, contre la construction de la ligne de train à haute vitesse TAV, qui devrait relier l’Italie avec la France. L’été 2017 est déclenchée l’opération Scripta Manent [qui englobe des nombreuses autres enquêtes du passé, notamment l’opération Ardire ; NdAtt.] et quelque mois plus tard l’opération Panico.

Les instruments et les méthodes de ces opérations policières sont bien connus et expérimentés par l’État italien et ses appareils, les services policier et judiciaire. L’histoire italienne récente est pleine de procès de ce genre.

La répression ne connaît pas de frontières, alors la solidarité non plus

Un autre volet de la répression porte sur l’attaque à l’encontre de la solidarité avec les anarchistes emprisonné.e.s et poursuivi.e.s en Italie. L’État italien, dans la tentative de bloquer la vague de solidarité et les relations politiques entre des compas des deux pays, a sorti la théorie du triangle anarchiste méditerranéen entre Italie, Espagne et Grèce, nous décrivant comme des criminel.le.s apolitiques, qui conspirent pour commettre des actes de terrorisme.

Au fil des ans, ils n’ont pas arrêté de publier des articles à propos de contacts, connexions, voyages pour faire des préparatifs d’attaques et les émeutes toujours grandissantes lors des manifestations et ils n’oublient pas de faire référence aux interventions du mouvement de solidarité, mais toujours en altérant/passant sous silence son vrai contenu.

L’acharnement de l’État italien dans la procédure judiciaire contre les cinq compas grecques qui ont été arrêté.e.s après la fin des durs affrontements qui ont eu lieu lors de la manifestation contre l’EXPO à Milan [le 1er mai 2015, NdAtt.] peut être compris dans ce sens. Ils pensent qu’en frappant notre solidarité et nos relations politiques, ils peuvent nous mettre en difficulté. Laissons-les vivre avec leurs illusions. La passion pour la liberté n’est pas domptée, ni réprimée ou emprisonnée. Elle est là et elle restera leur pire cauchemar et leur ennemi numéro un.

Telles sont les vraies raison d’être des dernières opération répressives menées par l’État Italien et aussi des autres. Ils frappent nos compas parce qu’ils/elles sont des anarchistes, ennemi.e.s conscient.e.s de l’État et du capitalisme. Parce qu’en effet, elles/ils sont coupables : ils/elles participent à des nombreuses luttes en solidarité avec les migrant.e.s et les prisonnier.e.s. Parce qu’ils/elles s’opposent à la plaie de la gentrification des villes, parce qu’elles/ils hébergent leurs idées dans des centres sociaux et des squats, au lieu de rester à la maison comme des citoyen.ne.s pacifiques. Parce qu’elles/ils écrivent et diffusent leurs idées, créant des brèches dans la normalité du régime, jetant du sable dans les rouages de la machine mortifère du capitalisme.

Parce qu’ils et elles ne s’arrêtent pas aux mots, mais passent à l’action, en passant leur vie à attaquer les multinationales, les structures de la biotechnologie et celles qui détruisent l’environnement, les flics et les fascistes. Elles/ils sont coupables parce qu’ils/elles sont un exemple et crient pour rompre le silence imposé par l’État italien afin de maintenir la paix entre les classes. Coupables parce qu’elles/ils rêvent d’un nouveau monde, qu’ils/elles portent en soi, un monde, un monde de liberté, d’égalité et de solidarité qui balayera le vieux.

Pour toutes ces raisons, jeudi 28 mars, notre groupe s’est rendu à l’École archéologique italienne, dans le secteur de l’Acropolis. Après avoir tracé des tags sur la façade en marbre du bâtiment néoclassique où est situé ce service, on a incendié une camionnette garé devant. La semaine dernière (du lundi au vendredi), dans les locaux de l’École archéologique italienne, s’est tenu un séminaire sur la surveillance des sites archéologiques, avec les explications des Carabinieri italiens à leurs contreparties grecques, les ordures de la police grecque. Quelle meilleure opportunité pour nous pour exprimer, à côté des flics italiens présents pour le dernier jour du séminaire, que leurs « gestes » ne resteront pas sans réponse.

Et au même temps faire passer le message à la direction de l’École que fournir des locaux pour ce type d’événements avec les Carabinier a un coût, puisqu’ils participent aux opérations répressives en Italie, qui n’ont aucune relation avec la culture et la civilisation, pour lesquelles ils affichent de travailler…

La coopération entre les deux États dans le domaine de la sécurité dure depuis longtemps, pour ce qui concerne la police comme pour ce qui concerne la justice, et cela est ce qu’on voulait montrer, parmi d’autres choses, avec cette action. Les Carabinieri sont l’instrument répressif adaptes à accomplir ce « travail » avec un zèle spécial et de la haine contre les anarchistes en Italie.

Ici, à Athènes, nous leur rappelons que nous aussi avons du zèle, mais pour la lutte, et que nous avons aussi de la haine pour la police, peu importe leur pays d’origine. Ils ne doivent pas oublier que nous ne lisserons jamais nous compas seuls.

Nous envoyons notre solidarité aux personnes emprisonnées et inculpées de l’Asilo Occupato et de l’opération Renata et à toutes les autres qui sont enfermé.e.s dans les geôles de l’État italien.

Nous déclarons, avec l’action, que nous sommes en tout coupables comme eux/elles.

Les textes, les affiches, les manifestations et les attaques sont nos moyens de lutter.
D’ailleurs, la solidarité (comme en général la lutte) sera totale ou ne sera rien du tout, un simple rassemblement inoffensif…

Groupe pour la reconstitution du Triangle anarchiste méditerranéen.