La salle tarde à se remplir, mais avec les circonvolutions habituelles et inutiles des personnes à la tribune, finalement, à 19h25, ça démarre doucement par un résumé des actions externes. Une intervention sur une réunion prochaine avec la CGT des municipaux par qui on à la salle tous les lundi soir à la Bourse et qui veulent se renseigner sur les personnes qui l’occupent ; des références à la manifestation du 5 de la CGT, à laquelle l’AG est favorable. L’information comme quoi il y a une manifestation interdépartementale à Valence le samedi 2 février ; une action projetée devant l’ONU contre la répression en France qui représente une atteinte aux droits de l’homme et à la liberté de manifester (référence aux armes utilisées et aussi au projet de loi anti-casseur).
Ensuite, c’est le bilan des actions de la semaine. En fait, cela va se résumer à un bilan de la manifestation du samedi après-midi. Les actions du groupe article 35 dont pourtant un des membres est présent et qui interviendra d’ailleurs plus tard sur un autre point, ne sont pas évoquées (ni l’action contre la répression au Palais de justice le vendredi après-midi, ni l’action aux Minguettes le samedi, ni le Manifeste qu’ils ont fait paraître ?). Référence est aussi faite à la chaîne humaine sur le climat et au manque de lien entre les deux actions (celle du samedi et celle du dimanche, malgré la présence d’une petite proportion de GJ ce dernier jour).
Les personnes disposées à intervenir doivent s’inscrire et faire la queue pour la prise de parole. On ne comprend pas à quel titre ils interviennent et surtout l’organisation bureaucratique de l’AG empêche quiconque voulant donner un autre avis d’intervenir dans la foulée (c’est pourtant ça qui fait l’échange réel et la confrontation des interprétations et non pas la démocratie formelle des tours de paroles. Pourtant, là, toute personne voulant intervenir de façon impromptue se voit renvoyer au bout d’une liste de prétendants à la parole. A l’évidence, cela décourage toute intervention. Déjà opposé à cette pratique j’avais dû la semaine dernière faire un passage en force pour expliquer le fait que l’AG de la Bourse n’était pas représentative des GJ jaunes de Lyon, mais au maximum du groupe GJ de Lyon centre. Cette fois cela va se reposer parce qu’après une intervention sur les fascistes qui foutent la merde dans les manifs, un intervenant croit en fournir encore la preuve en citant la manifestation de nuit qui a parcouru St-Jean et qui aurait commis des déprédations. Or, la personne en question n’y était pas présente et il y a eu une seule déprédation contre un restaurant de la part d’un mec bourré. J’y étais. Du fait que St Jean est maintenant considéré comme territoire fasciste, toute manif à St Jean devient fasciste ! Cette fake news, du fait du fonctionnement type Nuits debout de l’AG, va passer comme une lettre à la poste à l’époque du service public postal !
Le sujet me paraissant moins important que la semaine dernière et mon état physique aidant, je laisse courir et G. qui était à St-Jean avec moi n’est pas là pour intervenir, occupé qu’il est à rédiger le CR de l’AG de Ternay qui a pris du retard.
Dans la même obsession des fascistes, on a tout d’abord un mouvement de personnes qui sortent en courant parce qu’un sûrement fasciste serait en train de prendre des photos, puis on apprend qu’à la comparution immédiate qui a lieu parallèlement à 200 m, il y aurait les fascistes et la preuve c’est qu’ils crient « ahou » !!! Une interjection reprise par des milliers de personnes dans les rues depuis deux mois, certes sur l’imitation de supporters de foot, mais qui retentit particulièrement bien et dynamise les manifs. Très rapidement on apprendra qu’il n’y avait pas plus de fascistes que de beurre à la cuisine, juste 2 ou 3 familles venues soutenir leur vilain rejeton.
Tout à l’avenant Le bilan va être circonscrit à cela par ceux qui font de la question de l’intervention des fascistes et donc de la nécessité d’une intervention contre eux, le point central. Nous n’entrerons pas dans le détail de l’opposition entre ceux qui pensent que les fascistes doivent être virés de force par un service d’ordre dont pourtant par principe les GJ ne veulent pas et ceux qui pensent qu’il faut que ce soit la manif elle-même, sans spécialisation (SO officiel) qui fasse le ménage s’il y a lieu, c’est-à-dire s’il y a agression.
Cela occupe tellement l’AG que les violences policières passent quasiment au second plan. En effet, que dire d’une AG qui déciderait de concentrer ces forces »militaires » contre une centaine de « nervis » sans prévoir de service de défense contre les flics alors qu’on n’arrête pas de dénoncer leur violence bien plus effective ?
Ensuite vient le bilan des commissions. Un cri du cœur : depuis la semaine dernière il n’y aurait plus assez de monde dans les commissions. Ainsi la commission action serait passée de plus de 200 personnes à 6 personnes. Les « référents » des commissions poussent des cris d’orfraie devant cette situation en opposant leur imposant investissement (une dit qu’elle y consacre plus de 30 heures par semaine, ne se doutant pas que si elle était parlementaire ce serait 7à heures, certes payées, qu’elle ferait) contre le dilettantisme des participants de l’AG. Un moralisme de bénitier et des remarques de maître d’école contre ceux qui parlent entre eux par petits groupes et n’écoutant pas les gentils organisateurs, sont particulièrement contre productifs. En effet, aucun « référent » ne se pose la question politique du pourquoi de la chose, alors que, par exemple, nombre d’entre nous ont participé effectivement à une commission … et s’en sont retirés vu leurs conditions bureaucratique de fonctionnement.
L’appel de l’assemblée des assemblées de Commercy est alors lu par deux des observateurs de l’AG lyonnaise à Commercy. Son appel est approuvé, mais cela ne faisait pas de doute vu son caractère consensuel et général. De toute façon, il n’engage à rien, à part la participation à d’éventuelles futures AG des AG.
Une proposition de communiqué de presse dénonçant la présence des fascistes dans la manifestation est votée, même si des membres de l’AG pensent que la référence à l’appel de Commercy et sa prise de position sur le sujet est suffisamment claire et que, d’une manière générale, le mouvement n’a pas à sans arrêt se justifier aux yeux de l’opinion publique (et des médias), de ce qu’on l’accuse. En tout cas, c’est une déclaration de principe officielle qui vaut mieux que la sinistre photo de prétendus fascistes qu’on nous a fait circuler et qui sont en train de défiler tranquillement sans indication particulière de quelconque exaction ni même de signe visible d’appartenance à cette mouvance. Il y a même un africain qui figure à leur côté sur certains exemplaires, mais sur d’autres, les auteurs de cette dénonciation de type policière, ont fait disparaître l’africain de la photo en la coupant comme Staline faisait disparaître Trotsky et les vieux bolchéviks, de l’album de famille !
Parmi les propositions retenues, l’idée de pénétrer la presqu’île et son cœur de la rue de la République sans gilets jaunes sur le dos et de ne les revêtir qu’après, est celle qui porte le plus car ce cœur de la ville nous est refusé depuis deux samedi par un imposant dispositif policier. En effet, l’association des commerçants de la presqu’île est très puissante au sein de la mairie et d’ailleurs Collomb aurait poussé à mettre des moyens supplémentaires à la disposition des forces de l’ordre. Preuve de la hantise sur le commerce des soldes, d’après le Progrès, plusieurs millions auraient été accordés à ces commerçants en détresse.
Mais pour ce faire, il faudrait pré-organiser un peu cette manifestation d’un nouveau type puisque jusqu’à là une énorme proportion de GJ tient à aborder fièrement son paletot. C’est à la commission organisation de gérer ça, mais il semble là que les volontaires sont nombreux pour aider à la réalisation du projet.
Toutefois, une difficulté externe de taille. Une part importante des présents pense être à Valence ce jour là ! D’où on reparle de savoir ce qui est le plus utile pour le mouvement. Est-ce que la force vient du côté uni et compact du mouvement ou bien alors de sa multiplicité de son éclatement voulu ?
Il a été décidé que les GJ y participeront en « cortège » distinct. Il y a eu aussi une proposition de diffusion de tracts à différents points de Lyon et à différentes heures pour annoncer cette manif. Intervention faite sur le mode leçon de politique anti-capitaliste par une militante gauchiste « tendance prolétarienne » – comme si les GJ avaient besoin d’être éduqués et qui a fait rire une bonne partie de la salle.
blog de la revue temps critiques