Dans ce mouvement des gilets jaunes qui serait peuplé de petits patrons et d’obsessions fiscales et qui ferait même l’objet d’une complaisance des médias et de l’Etat, aux dires de certains grands génies, il faudra expliquer cela à Rafik (19 ans). Il vient de prendre six mois ferme plus six mois avec sursis (sans mandat de dépôt) suite à la manif de samedi dernier à Avignon, accusé d’avoir jeté des pierres sur les forces de l’ordre et participé à la destruction du portail du commissariat ainsi que de la jardinière de fleurs dans son enceinte. Au tribunal, ce jeune titulaire d’un CAP cuisinier a déclaré : « Je me sens concerné par les revendications pour les retraites et le Smic. Je suis là pour manifester contre le gouvernement »
Et puis il faudra aussi expliquer cela aux « douze hommes et deux femmes, âgés de 17 à 43 ans, dont deux employés de bar, deux intérimaires et des chômeurs » accusés d’avoir fait partie du groupe d’environ 200 individus munis de cocktails Molotov, qui s’en était pris la nuit du 1er au 2 décembre à la barrière de péage de Narbonne sud, dont les bâtiments du peloton autoroutier de la Gendarmerie et de Vinci Autoroutes entièrement cramés. 8 ont été incarcérés en préventive et 6 autres placé.e.s sous contrôle judiciaire jeudi 24 janvier.
Ou l’expliquer aux trois gilets jaunes arrêtés dimanche (si si) 20 janvier et lundi 21 janvier après enquête, accusés d’avoir mis le feu à la façade de la mairie de Bonnée (Loiret) avec des pneus enflammés la nuit du 19 au 20 décembre 2018. Agés de 37, 31 et 21 ans et originaires du Loiret, deux d’entre eux sont sans-emploi, le troisième est auto-entrepreneur. Ils ont été placés en détention provisoire pour deux d’entre eux. Le troisième est sous contrôle judiciaire. Tous trois étaient gilets jaunes et manifestaient régulièrement sur un rond-point de la commune de Bray-Saint-Aignan (Loiret). Tous ont reconnu les faits et confié avoir voulu s’en prendre à des symboles de l’Etat. Ils seront jugés vendredi 25 janvier devant le tribunal correctionnel de Montargis.
Enfin, puisque la solidarité n’est pas un vain mot, une manif d’une centaine de personnes s’est dirigée ce vendredi soir (25.01.2019) en direction de la prison de Seysses, à côté de Toulouse, où de nombreuses personnes sont envoyées en prison depuis le début du mouvement. Chaque lundi, les juges distribuent à la pelle des condamnations à de la prison ferme contre les présumés émeutiers. Quelques feux d’artifice ont été tirés et des cris « Liberté pour tous avec ou sans gilet ! Liberté ! » sont parvenus aux oreilles des personnes enfermées. Des draps ont été accrochés à la fenêtre et il y a eu quelques réponses en retour.