De l’assemblée lyonnaise du 21 janvier 2019 à la Bourse du travail
L’AG décline en nombre chaque semaine et si on est encore environ 200-250, il y a de moins en moins de ce qu’on ne peut qu’appeler les « vrais GJ » et non pas ceux qui, pour diverses raisons les ont rejoints ou les rejoignent encore.
Sermonnés la semaine dernière pour leur dirigisme, les responsables du groupe Fb « Gilets jaunes Lyon-centre » annoncent qu’ils s’effacent momentanément à la tribune pour faire tourner, mais en fait leurs supplétifs sont des ex-Nuits debout qui n’ont pas de différences fondamentales avec eux, comme par exemple, plus concrètement, ceux de la commission « Organisation » dont J. vient de se retirer vu le formalisme bureaucratique de l’organisation pour l’organisation qui y règne.
Un bilan des actions de la semaine est tenté et il en ressort le manque d’organisation des manifestations du samedi après-midi à Bellecour. On a encore ici la preuve du changement de composition de l’AG qui comprend de moins en moins d’anciens et de plus en plus de nouveaux qui ignorent la genèse de la lutte, sa dissémination/division originelle et on pourrait même dire structurelle entre plusieurs groupes de GJ (il en existe 5 minimums rien que sur Lyon). On en arrive donc à la situation ubuesque d’interventions qui reprochent au groupe GJ Lyon centre et de fait à l’AG, de ne pas appliquer les décisions prises en AG afin de contrôler les objectifs et le déroulement de la manifestation de l’après-midi, de ne pas avoir de SO (alors que l’AG de la semaine précédente a refusé tout SO), de partir à 14 h pétante alors que tout le monde n’est pas encore là, etc. Personne ne semble tenir compte du fait que la manifestation de Bellecour est « organisée » par un autre groupe Fb, celui de Lyon Bellecour, un groupe rejoint par une masse de personnes qui savent que c’est un lieu de RV récurrent tous les samedis. Pourquoi toujours ce doute entretenu ? Et bien sans doute parce que le groupe Gilet jaune Lyon-centre a tout intérêt à faire croire que lui et l’AG qu’il convoque sont représentatifs du mouvement à Lyon. Il ne s’agit d’ailleurs pas pour nous de tirer à boulets rouges (sans jeu de mots) sur ce groupe, mais de lui rappeler de temps en temps qu’il est illusoire de penser « organiser » cette lutte, de la même façon qu’il est illusoire, pour le groupe Fb-Bellecour de croire qu’il contrôle Bellecour parce qu’il décide que la manifestation part à 14h. Cela a d’ailleurs été clairement démontré le 19 janvier. Comme nous le disions dans le CR de la manifestation, celle-ci n’a pas voulu partir avant 14h30.
Après cela on a deux interventions d’antifas sur les agressions des fascistes ou de « hooligans » (!) qui posent quasiment comme préalable le règlement de cette question complètement extérieure aux Gilets jaunes, les rares présents « historiques » parmi eux renvoyant dos à dos ce qui apparaît comme le conflit, certes violent, entre deux bandes. Au lieu de poser une stratégie à effets pratiques qui isolerait les fascistes (ou toutes autres personnes) du fait de leur extériorité à la manif à partir du moment où ils interviennent contre des personnes, ils imposent leur vision idéologique comme si elle devait être reprise par le mouvement, comme s’ils n’étaient pas aussi extérieurs à lui que les fascistes. En effet, s’il peut y avoir aussi des gens de sensibilité de droite dans le mouvement, ils ne sont pas fascistes, alors que les fascistes le sont et la tactique des antifas est d’imposer un préalable, une position de principe comme quoi les fascistes doivent être évincés en tant que tels, finalement même quand ils n’attaquent pas. Un signe de plus qu’ils ne comprennent pas un mouvement qui leur est étranger, mais auquel ils sont venus se coller au même titre que les fascistes qui ne le comprennent pas plus, mais au moins ne peuvent rien lui imposer parce qu’ils n’ont ont pas la possibilité publique (ils n’agissent que souterrainement par les réseaux ou par coups de force rapides qu’ils ne peuvent tenir longtemps comme à l’ancien Palais de justice le samedi matin 19 janvier ou quand ils déploient rapidement une banderole sur les accords de Marrakech).
Une des rares GJ présente, et active depuis le 17 novembre, bondit à la tribune, elle, on ne l’empêche pas de parler car elle a la « sauvagerie » que les organisateurs de l’ordre de la parole et du temps de parole (les « maîtres du temps » comme ils disent dans leur méta langage) ne peuvent contenir, tellement elle subvertit leur civilité, pour crier son dégoût de tout ça… et prendre la porte. Encore un Gilet jaune qu’on ne reverra pas dans ce genre d’AG !
Quelques autres interventions sur la convergence hypothétique des luttes : jeudi la manifestation des lycéens contre la réforme, mais d’un mouvement qui, dans son ensemble et pour le moment, n’a pas manifesté un véritable désir de lien avec les GJ et qui sera très encadrée par des organisations de jeunes qui reprennent en fait les revendications des syndicats enseignants, présentées d’ailleurs par un adulte probablement enseignant qui nous prédit quasiment l’apocalypse, la fin de l’Éducation nationale et tout le toutim. Plein de l’incohérence de sa propre idéologie, il nous raconte l’hécatombe de postes d’enseignants en moins en 2019 tout en mentionnant que pour l’académie de Lyon, c’est plutôt en hausse, bref de la fake news pour l’applaudimètre d’AG peu critiques ; et le 5 février l’appel à la grève de la CGT, présenté (on peut toujours prendre ses rêves pour la réalité) comme un appel à la grève générale (mais où vont-ils chercher ça ?).
Puis, plusieurs interventions pour parler des personnes qui passent ce jour là au tribunal juste à coté. Rappel que lorsque la répression frappe il y a la nécessité de demander à préparer sa défense, ce qui revient à refuser la comparution immédiate qui n’est qu’une justice d’abattage. L’existence d’une caisse de solidarité pour ne pas être simplement perdu face à la machine qui s’enclenche lors d’une arrestation, etc.
Qui croit encore en l’assemblée lyonnaise ? Les plus à gauche assurément et des personnes n’ayant pas encore intégré des réseaux actifs, c’était très net hier soir. Ceux qui organisent cela du groupe Fb Lyon-centre réunissent, au fond, sur cette base « de gauche » (la presse l’avait compris dès la 2de AG) et ils pensent, sincèrement, que c’est la bonne voie. Mais eux-mêmes sont débordés par les gauchistes type anti-fa qui eux n’ont franchement aucun rapport avec le mouvement et ne sont préoccupés que par leur chasse particulière. Comme ils voudraient que la Croix-Rousse soit leur territoire, ils veulent que l’AG de la Bourse soit leur territoire, un territoire qu’ils désertifient par leurs interventions aux antipodes du principe simpliste mais efficace des GJ : « Tous GJ ».
Dans le même ordre d’idée l’obsession compatible de la parité est affirmée sans problème à côté de l’obsession gauchiste de la grève générale quand ceux qui l’expriment soit ne travaillent pas comme salariés soit travaillent dans des secteurs où la grève est un problème. Mais comme au gouvernement, les effets d’annonce ne manquent pas.
Pendant ce temps les GJ les plus impliqués n’ont pas besoin de venir à l’AG, ils sont au courant de ce qui est important, ont leur relai, les bonnes informations et en plus ils refusent le clivage droite/gauche de la politique et encore plus le jeu marginal entre fachos et antifas pour préférer une unité du gilet jaune. Les Gilets jaunes du cœur du mouvement s’en vont souvent écœurés comme hier soir et c’était déjà le cas dès la constitution des commissions ou bien, quand ils sont en périphérie ou surtout dans les villages alentour, ils organisent leurs propres rencontres coordonnées comme celle de Ternay prévue le 22 au soir. La pacification des relations empêchant d’exprimer une colère réelle dans un carcan organisationnel toujours plus fin achève même les plus endurants : des personnes qui peuvent être de toutes les manifs sont traitées avec condescendance par des individus qui découvrent maintenant le mouvement et veulent se l’approprier.
Comme nous l’avons dit plus haut, cette AG passe pour l’AG d’un seul groupe, elle est donc aussi désertée pour cette raison par les GJ et ce même si un effort est fait dans le sens d’une déprise sur celle-ci par Lyon centre. Malheureusement il semble qu’il est trop tard, c’est un piège qui se referme lentement mais sûrement. Et ce d’autant plus que l’AG ne correspond pas à la carte des réseaux, celle que pratiquent les individus par smartphones interposés avec des groupes constitués sur Facebook et autres Telegram. Et l’on constate tous à quel point les décisions ne se prennent pas à ce moment-là, elles sont le fruit de ces réseaux. Ces AG sont, à la limite, le moment pour prendre des contacts mais quoi d’autres ?
Que faire ? ne plus perdre de temps dans une assemblée qui se vide de semaine en semaine et qui éjecte les Gilets jaunes les plus combatifs. Nous pouvons encore attendre une semaine et ce qui se dira dans les commissions (sans parler du fait que certains d’entre nous s’en sont déjà retirés), mais qu’en attendre vu sa composition ?
Anecdote : l’un d’entre nous s’est retrouvé avec un animateur du groupe Action, T. à la fin de l’AG lorsqu’il critiquait vertement le gars emblématique du groupe Lyon Bellecour parce que celui-ci aurait appelé à « charger les flics » alors que le cortège « se compose d’enfants et de familles » le samedi après-midi, sans compter son « ambiguïté avec l’extrême droite », comme si ce groupe avait le contrôle de la manif de Bellecour le samedi à 14h. Toujours la même incompréhension devant un mouvement qui ne se laisse pas contrôler ! C’est sûr qu’opérer un filtrage sur 4000 personnes dans une manifestation que refuse les SO et les ordres ça risquerait d’être rigolo pour pas dire grotesque. Autant le dire, à notre intervention sur ce qui se disait de l’organisation des manifestations l’une des réponses a été : « mais prends ma place si tu as des idées ». Donc, après notre retrait de la commission organisation, nous le disons pour la commission action de ce mercredi soir : si le but est de faire des personnes présentes des Gentils organisateurs quand ce n’est pas l’essence de la manif, de nous rendre « responsables » de tous et de tout, il faudra savoir en partir. Notons que ce T. ne viendra pas à la commission mais… à la réunion sur cooptation avec Lyon-Bellecour au même moment ou presque. Peut-être a-t-il choisi là où il faut vraiment être… si on veut garder du pouvoir.
Dans le désordre ou presque et de façon pas vraiment exhaustive, les commissions qui ce sont succédé :
Commission Revendications dont la première intervenante se félicite de la parité de sa propre commission sans autre explication (toujours, avant toute chose, placer de l’idéologie pour remplir le vide) avant les nécessités de clarification sur, par exemple : est-il bien judicieux, pour garder sa force, de se disperser sur 48 revendications, qui font plus penser au « Grand débat », que sur les quelques-unes fondamentales à maintenir ou déterminer celles qui font que ça vaut le coup de se battre et d’en prendre plein la gueule. Pour le reste, rappel de la méthode de recueil des revendications, et ce sans limites, a priori. Et enfin, une intervention quasi ignorée pour demander comment pourrait s’appliquer ces revendications qui partent dans tous les sens.
Est ensuite présenté un mini texte voté en fin d’AG précédente ayant comme but de mettre en avant la grève comme seul moyen d’obtenir les revendications (lesquelles ?) : 3 interventions à la suite pour la grève générale. Pour la première, le but consisterait à déborder (sans rire) la grève nationale du 5 février de la CGT. Une seconde est adressée aux « camarades » présents (dans une AG de GJ !) dans le but de renverser le gouvernement et d’obtenir satisfaction sur tout (mais tout quoi ?). La troisième en provenance d’un cheminot prêt à expliquer à quiconque comment faire grève, même seul… Cela présage mal du succès de la « grève générale » tant invoqué !
Assemblée de Commercy. Trop tard pour des représentants mais possibilité d’observateurs. Mandat en 3 points qui ne donne pas la latitude de prendre la parole au nom de la présente assemblée, mais plus modestement de rendre compte du mouvement à Lyon. Normalement les personnes qui se présentaient devaient être tirées au sort globalement mais la « parité » ayant été votée il y a un tirage au sort séparé… sauf que seules 2 femmes se sont présentées, dont celle de la commission revendications.
Pour la commission Action appel de T. du groupe Lyon-centre à être autonome et à prendre en main ce qui est décidé. Réunion mercredi soir.
Commission Communication qui parle de créer un site accessible en dehors de Facebook. Volonté de faire des communiqués de presse avec appui juridique (peur de la plainte), relayer les décisions d’AG et cadrer ce qui est dit aux journalistes. Insistance sur l’importance de communiquer entre nous tels une toile (pour les anglophones c’est le web).
Commission Grand débat avec, en préalable, une amnistie de tous les inculpés du mouvement. Après cela l’AG se perd dans la nécessité ou non de faire notre propre débat. Rappel par une intervention que c’est le rapport de force qui a été établi par le mouvement qui constitue notre base de discussion et rien d’autre.
Fin de l’AG dans la précipitation à 21 h 30
G. et J.
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