Yoyo c’est un petit journal qui s’énerve contre toutes les taules. Pour transmettre notre conviction que l’enfermement n’est pas là pour maintenir «notre sécurité» mais celle d’un système qui fonctionne sur l’écrasage de gueules. Et réaffirmer notre désir de voir tout ça détruit. Mais avant ça, le yoyo c’est une des nombreuses débrouilles qui existent à l’intérieur. C’est un petit mot qui t’arrive par la fenêtre de la cellule de la part d’un-e voisin-e. C’est un peu de tabac en cadeau en attendant la prochaine cantine. C’est le bigo que tu récupères après l’avoir mis à l’abri en prévision d’une fouille de cellule. C’est l’héritage que tu reçois d’un-e pote qu’est libérable. Plus précisement, le yoyo c’est la technique qui consiste à se passer des trucs d’une cellule à une autre grâce à des cordes lestées qui se balancent entre les fenêtres. Une technique qui permet de ne pas avoir à demander la permission aux maton- ne-s, un contact entre les prisonnièr-e-s loin de leurs yeux scrutateurs. C’est pour ça qu’ils posent des caillebotis et plexiglas sur les fenêtres, qui entravent autant la lumière que les possibilités. Dans la tripotée des nouvelles prisons qui vont être construites, on se doute que toujours plus de moyens seront imaginés pour réduire la marge de manoeuvre des taulard-e-s. Ce plan de construction qu’on approfondit un peu ici, vendu comme les précédents sous une couche de vernis humaniste, n’est rien d’autre qu’un perfectionnement supplémentaire du contrôle et de l’enfermement. Encore plus de prisons, encore plus de monde enfermé, toujours plus de limites aux révoltes et aux solidarités. Que ce soit un yoyo ou une tentative d’évasion, les résistances quotidiennes déplaisent et doivent être matées. Heureusement, malgré tous les efforts du pouvoir, les rébellions continuent de fleurir ici et là, comme par exemple aux Etats-Unis. Nous vous en donnons encore de petites bribes dans ce numéro. D’ailleurs, pas sûr que ça se bouscule aux entretiens d’embauche de l’administration pénitentiaire (AP) si la coupe du monde de crâmage de voitures de maton-ne-s se met à susciter autant de passions que le foot. Ni si chaque fois qu’un détenu meurt sous leurs coups les réactions hostiles ne se font pas attendre dedans et dehors, comme cet été à Fleury-Mérogis. Et même si la tendance est à toujours plus de monde entre quatre murs, de temps en temps un événement vient faire légèrement baisser les chiffres de manière inattendue. Par exemple quand un hélicoptère se pose dans la cour d’honneur de la prison de Réau. On espère juste que Rédoine Faïd aura réussi à envoyer ses meilleurs films de gangsters à la cellule d’à côté avant de s’évanouir dans la nature.
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