déclaration du compagnon Vittorio Pini né le 20 août 1859 – mort au bagne le 8 juin 1903 –

extrait de note biographique

En 1886 il émigra d’abord en Suisse puis en France où il allait travailler tour à tour comme garçon de café, vendeur ambulant et cordonnier. Selon le journal La Révolte (3 août 1889), il avait quitté l’Italie après avoir été condamné à 2 ans de prison pour avoir rossé le baron Franchetti, richissime propriétaire qui voulait forcer les fermiers à voter pour lui.

Se réclamant alors de l’anarchisme individualiste, il avait fondé à Paris le groupe Gli Intransigenti di Londra e Parigi (appelé aussi I ribelli di Saint Denis, il grupo degli introvabili, Gli straccioni di Parigi – avec notamment Luigi Parmeggiani, Caio Zavoli et Alessandro Marroco. Partisan de la reprise individuelle, Pini allait alors théoriser l’expropriation comme un moyen révolutionnaire d’abolir la propriété individuelle , passage nécessaire à l’avènement du communisme anarchiste. Il allait dès lors être l’auteur d’un très grand nombre de vols et cambriolages permettant de financer diverses activités : il monta notamment une imprimerie rue de Bellefond et finança les journaux Il Ciclone (Paris, 1 numéro, 4 septembre 1887) – qui aurait été composé selon Jean Grave à l’imprimerie de La Révolte et lui aurait valu un convocation à la police – puis Il Pugnale  le poignard(Paris, 2 numéros avril et 14 août 1889) dont il fut le directeur avec Parmeggiani.

Le 18 juin 1889, sans soute à la suite d’une dénonciation, , lors d’une perquisition, la police trouvait à son domicile un matériel de cambrioleur et le produit de nombreux vols. Pini était alors arrêté avec Placide Schouppe et Maria Soenen. Traduit les 4 et 5 novembre 1889 devant la Cour d’Assises avec ses compagnons, il fut condamné le 4 novembre à 20 ans de travaux forcés, sentence accueillie aux cris de «  Vive l’anarchie, A bas les voleurs ». P. Schouppe avait été condamné à 10 ans de travaux forcés, et Maria Soenen à 5 ans. Sa défense intitulée Mort aux voleurs fut éditée sous forme d’affiche, accompagnée d’un Manifeste du groupe parisien de propagande anarchiste ce qui ranima au sein du mouvement un intense débat sur la légitimité du vol. .

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Pini aurait été à l’origine de la création de « La Cloche de bois » groupe d’activistes qui se chargeait de déménager discrètement les compagnons en difficulté qui ne peuvent plus payer leurs termes aux propriétaires

extrait  de l’autobiographie  de l’anarchiste italien  Pini dont on a dit  qu’il était   » le type achevé du voleur théorique »

« voici pourquoi, aujourd’hui , vous me trouvez ennemi déclaré de tout système qui garde  pour base la valeur conventionnelle, de cette valeur qui forme la propriété individuelle, seul agent  qui pousse l’homme à accomplir les plus monstrueuses infamies, les plus sanglants délits. Voici pourquoi, enfin nous anarchistes, voulons en premier lieu la destruction  de la valeur monétaire. Par elle seule, l’égoïsme humain  règne  et avec lui tous les grands maux qui affligent l’humanité.; Le pivot de votre système est l’or:l’or annihilé votre système social inique est détruit(…)

 Beaucoup  l’ont compris, mais les moyens pour plus ample propagande manquaient  impossible  de nous les procurer autrement  que par ce que vous appelez  effrontément  le vol, et  c’est pourquoi je me suis résolu à attaquer  directement  la propriété  conventionnelle du gros richard.

Nous anarchistes, c’est avec l’entière conscience d’accomplir un devoir que nous attaquons la propriété, à un double point de vue: l’un pour affirmer  à nous même  le droit naturel à l’existence que vous bourgeois, concédez aux bêtes et niez à l’homme; le second  pour nous  fournir le matériel propre  à détruire votre baraque et le cas échéant , vous avec elle.

cette manière de raisonner  vous fait dressez les cheveux, mais que voulez vous? c’est ainsi , et les temps nouveaux  sont venus »

ce texte est réalisé à partir de diverses sources qui ont  été possible par la lecture de « Ravachol et ses compagnons »de  Flavio  Ccostantini et jacques Baynac