Fils d’un batelier qui est décédé quand il était encore enfant, Santo Geronimo Caserio est né le 8 septembre 1873 à Motta-Visconti, en Lombardie, Italie, au sein d’une famille rurale très nombreuse. Ne voulant pas être à la charge de sa mère, qu’il aime beaucoup, il part à Milan, où il est apprenti boulanger dès 12 ans. Il dut quitter sa famille très tôt, tout en restant étroitement en contact.
Il devient anarchiste à une période où ces idées sont en accroissement en Italie, comme lors du procès de Rome, qui a lieu après l’arrestation de 200 personnes considérées comme anarchistes suite à la manif du 1er mai 1891. Santo crée même à Milan un petit groupe anarchiste « A pe » (c’est-à-dire Sans rien) avec lequel il distribue aux chômeurs du pain et des brochures devant la bourse du travail. En 1892, il est condamné à huit mois de prison à Milan pour distribution de tracts antimilitaristes lors d’une manifestation. Ses activités politiques lui valent une condamnation puis l’exil d’Italie. En tant que déserteur, il rejoint la Suisse, à Lugano. Ensuite il vient à Lyon le 21 juillet 1893, où il est portefaix pendant un moment. Puis, il trouve à exercer son métier d’ouvrier boulanger à Vienne, puis à Sète, à la boulangerie Viala.
C’est dans cette ville que germa dans son esprit l’idée d’accomplir « un grand exploit » et de venger Ravachol et Auguste Vaillant qui avaient été guillotinés respectivement le 11 juillet 1892 et le 3 février 1894. Ayant appris la prochaine visite du président de la République à Lyon, il décida brusquement que ce dernier serait la victime et prit toutes dispositions pour mener à bien son projet. Le 23 juin 1894, dans la matinée, il acheta un poignard au manche rouge et noir (les couleurs qui symbolisent l’anarchie) chez un armurier, et l’après-midi gagna Montpellier. De là, par chemin de fer, il se rendit à Vienne et c’est à pied qu’il arriva à Lyon, le 24 juin dans la soirée.
Le 24 juin 1894, l’anarchiste italien Sante Geronimo Caserio poignarde Sadi Carnot, Président de la République Française depuis le 3 décembre 1887, lors de son passage sur la Rue de la République à proximité du Palais de la Bourse. Il était venu à Lyon pour assister à l’Exposition Internationale qui se tenait au Parc de la Tête d’Or. Il décédera de ses blessures le lendemain.
Caserio souhaitait sensibiliser l’opinion publique contre les excès des « lois scélérates » récemment votées, après les attentats perpétrés par Ravachol (1892) et Auguste Vaillant (1893) Emille Henry ( 1894), et restreignant drastiquement les libertés individuelles, encourageant la délation »Le gouvernement en vient à fouiller les domiciles privés, à ouvrir des lettres personnelles, à interdire les lectures et les rencontres, et à pratiquer l’oppression la plus infâme contre nous. Même aujourd’hui, des centaines d’Anarchistes sont arrêtés pour avoir écrit un article dans un journal ou pour avoir exprimé une opinion en publique. » (
, Sadi Carnot avait refusé de grâcier Emile Henry, anarchiste aussi, guillotiné le 21 mai 1894.
Rappelons qu’à cette époque, les attentats anarchistes avaient pour but de dénoncer la dangerosité d’un état tout-puissant, en montrant la violence dont il était lui-même capable lorsqu’on portait atteinte à sa suprématie.
Sante Caserio ne s’enfuit pas après son crime et hurla à plusieurs reprises « Vive l’Anarchie ! ». Il sera guillotiné le 16 août 1894 à Lyon. Il ne regrettera jamais son acte et refusera de plaider la maladie mentale: « Eh bien, si les gouvernements emploient contre nous les fusils, les chaînes, les prisons, est-ce que nous devons, nous les anarchistes, qui défendons notre vie, rester enfermés chez nous ? Non. Au contraire, nous répondons aux gouvernements avec la dynamite, la bombe, le stylet, le poignard. En un mot, nous devons faire notre possible pour détruire la bourgeoisie et les gouvernements. Vous qui êtes les représentants de la société bourgeoise, si vous voulez ma tête, prenez-la. […] Il n’y a rien de changé en moi et je referais encore s’il était à refaire l’acte pour lequel je vais être jugé.«
Il accueille sa condamnation à mort en criant : « Vive la révolution sociale ! ».