Grenoble [France]: Charmant et misérable

le 16/04/:2018

Dans la nuit du lundi 16 avril, 3 agences immobilières, un magasin Apple et les bureaux d’une entreprise de construction et de travaux publics ont été vandalisés dans le centre-ville de Grenoble.

La destruction et la dévastation ont toujours représenté à la fois le but et les moyens, pour les individus rebelles, de vivre leur négation du monde. De petits actes à de grandes attaques, des gestes dispersés, fascinants et misérables, ils provoquent un réel conflit contre tous les pouvoirs.

Récemment, dans cette ville, plusieurs bureaux d’organisations populaires de logement ont été ruinés. Inévitablement, les dirigeants de ces institutions et de la ville prêchaient, se plaignant, de leur fonction sociale en faveur des pauvres. Les pennivendoli du lieu, virtuel et papier, ont manifestement transmis cette hypocrisie éhontée. Irrités par leur impudence, nous tenons nos marteaux ce soir, pour faire des ravages dans les bureaux, en écho à ces attaques contre les institutions du logement populaire.

Nous commençons par rappeler que la distinction public / privé est un artifice de domination sociale. Ceux de gauche sont tombés dans  ça, pas les anarchistes. Tout est privé! Le public n’est rien d’autre que le privé qui appartient à l’État. Un propriétaire, élu ou non, sera toujours notre ennemi. La personne privée implique la privation, dans ce cas d’un toit. Il ne reste plus que la route, les champs, les places occupées ou l’acceptation forcée du racket établi par l’ordre des propriétaires.

La dépossession généralisée de la possibilité de construire et d’habiter chacun selon son gré confère pouvoir et profit à une clique de parasites extrêmement organisés: propriétaires d’entreprises de construction, ingénieurs, huissiers, notaires, banquiers, assureurs, agents immobiliers, fonctionnaires, propriétaires. sans oublier leurs mercenaires, vigilants, flics, gardes et, si nécessaire, militaires.

Considérant que les classes bourgeoises sont à l’origine d’une cause commune dans le vol permanent du logement, cette loi et cet argent nous privent de la possibilité de vivre librement

Pourquoi devrions-nous protester contre l’incompétence de ces institutions, contre la cupidité de ce propriétaire, contre le montant des honoraires du notaire? Pourquoi s’embêter avec les détails quand nous rejetons totalement l’organisation sociale répressive de nos subjectivités? Selon la bonne expression d’un voleur fantastique [Marius Jacob; NdT] « Je ne demande rien de ceux que je déteste et le mépris ». Alors pourquoi réclamer, négocier, dialoguer avec une bureaucratie fondamentalement autoritaire alors que nous ne rêvons de rien sinon de sa ruine?

Assidûment réfractaires à ce monde qui n’est pas le nôtre, nous avons cru qu’il était possible de l’abandonner pour en créer d’autres. Dans les vides, les interstices, les espaces abandonnés, les bois, sur le bord, nous plongions profondément dans l’espoir de sortir. Hélas, toute tentative d’échapper à ce qui s’est immédiatement terminé avec une autre incarcération dans le sprisons du vieux monde. Ne pouvant plus et ne voulant plus nous échapper, nous avons cessé de tourner le dos à l’ennemi pour y faire face, forts de notre audace. Comme il est un ailleurs, un contrôle extérieur exorbitant de notre vie, nous avons pas d’autre choix que de bras notre colère et nos joies, et abandonner nos êtres à la révolte, la résistance.

Nous profitons de ce texte pour aider à faire sortir une mauvaise page de la répression de l’ombre. Plusieurs personnes étiquetées «association de malfaiteurs» ont été fouillées /, presque simultanément avec Limoges, Toulouse, Ambert et Amiens. Accusé d’avoir mis le feu aux véhicules de la gendarmerie (Limoges) ou ayant commis en  groupe des dévastation (Clermont), trois personnes sont en préventive pour une période de 4 mois à 4 ans [1], tandis que les autres sont en fuite. Les médias ont certainement reçu l’ordre de fermer la bouche, alors nous avons l’intention de l’ouvrir.

Au / la recherché / /, le / arrêté / et / le recherché / et nous envoyons notre entière solidarité.

Post-scriptum Pourquoi Apple Store? Aucun lien avec les maisons, mais si nous devions trouver des raisons de détruire les fenêtres de cette entreprise, l’encre coulerait longtemps. Au-delà des raisons stratégiques pour en faire une cible, nous vivons d’abord des expériences sensibles.

Muscles et nerfs
ils subliment notre colère
Frappons le verre
la destruction nous libère


1) les deux d’Ambert sont sortis
(traduit de anarhija.info & guerresociale)