La manif n’est pas allée très loin sur son parcours prévu, mais elle a été joyeuse… Juste après le Pont d’Austerlitz sont commencées les réjouissances, avec un McDo et un magasin Renault trashés, tout comme pas mal de mobilier urbain. Une pelleteuse qui se trouvait dans l’enceinte de la gare est partie en fumée, vite rejointe par un pair de voiture sans permis. Les flics ont répliqué avec une nuage de gaz et la manif a replié de l’autre côté du pont, avec barricades, départs en sauvage et maintes dégradations dans le quartier de la Bastille. Dans la soirée, quelques centaines de joyeux luron.ne.s ont sillonné le 5ème arrondissement, avec quelques barricades qui ont étonné les hipsters fréquentant les bars et restos branchés du quartier Muffetard-Monge.
Toujours dans la soirée, les flics ont attaqué l’occupation de l’EHESS, sans parvenir à l’expulser, et il y a eu des bastons avec des fachos [source : Paris-Luttes]
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extrait de FranceInfo / mercredi 2 mai 2018
Cent neuf personnes ont été placées en garde à vue dans la foulée de la manifestation du 1er-Mai dans la capitale, a annoncé le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, mercredi 2 mai. De violents affrontements ont éclaté entre des militants d’extrême gauche et la police, en marge du traditionnel défilé syndical de la fête du Travail. Au total, 283 personnes ont été interpellées.
Quatre personnes ont été légèrement blessées. Parmi elles, un CRS, qui a reçu un pavé dans le dos, explique la préfecture. Celle-ci a également dressé un bilan matériel de ces incidents. Selon un décompte provisoire à 23h30, « 31 commerces ont été dégradés dont deux incendiés, six véhicules ont été incendiés et 10 autres ont été dégradés », et du mobilier urbain a également été vandalisé.
La police a recensé 20 000 participants au cortège syndical parisien – contre 55 000 selon la CGT – mais également 14 500 venus hors du cortège. Et parmi eux, environ 1 200 black blocs […].
Après la fin de la manifestation syndicale, une centaine de personnes, dont certaines encagoulées, ont continué à jouer au chat et à la souris avec les forces de l’ordre dans les rues touristiques du Quartier latin à Paris.
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Un cortège de tête qui grandit toujours plus
extraits du Monde / mercredi 2 mai 2018
[…] Quelque « 1 200 black blocs » selon la préfecture de police – « du jamais-vu », d’après une source policière –, ont pris la tête d’une manifestation hétéroclite composée de 14 500 personnes gravitant hors du cortège syndical, évalué à 20 000 participants par la police et 55 000 par la CGT. A titre de comparaison, la préfecture de police de Paris avait dénombré dans la manifestation parisienne du 1er mai 2017 environ 800 personnes en tête de cortège parmi lesquelles 150 black blocs.
[…] Les premiers affrontements ont eu lieu sur le pont d’Austerlitz, aux alentours de 15 h 30. […] Après le pont d’Austerlitz, sur le boulevard de l’Hôpital, ils s’en sont pris au mobilier urbain, aux vitrines, notamment à celle du restaurant McDonald’s à l’angle de la rue Buffon, aux véhicules d’un concessionnaire Renault, ont incendié un engin de chantier et lancé des projectiles sur les forces de l’ordre. Ces dernières ont attendu quelques minutes avant d’intervenir, répliquant avec de nombreuses grenades lacrymogènes avant de faire entrer en action les camions porteurs de canon à eau. Paradoxalement, les dégâts matériels et humains ont été plutôt limités. « Cela correspond à la nouvelle stratégie du préfet, explique un cadre de la PP. Les forces de l’ordre sont positionnées loin des black blocs pour ne pas créer d’abcès de fixation. »
Les forces de l’ordre ont alors enserré le « cortège de tête » grâce à l’emploi de deux lanceurs d’eau et à grand renfort de gaz lacrymogènes. Acculés, les manifestants ont rebroussé chemin, regagnant le pont d’Austerlitz. Plusieurs affrontements ont éclaté. La circulation sous le pont, sur les voies sur berge, a dû être coupée. Une partie des incidents se sont finalement reportés vers le point de départ de la manifestation, sur le boulevard de la Bastille, dans le 12e arrondissement.
Les forces de l’ordre ont interpellé 283 personnes en marge de la manifestation à Paris, et 109 étaient mardi en garde à vue, principalement pour jets de projectile et port d’arme prohibé. Le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, avait fait état de 209 gardes à vue mercredi matin sur France 2, avant d’être corrigé par la préfecture de police de Paris. « Trente et un commerces ont été dégradés dont deux incendiés, six véhicules ont été incendiés et dix autres dégradés », a détaillé la préfecture de police. Quatre personnes ont été blessées légèrement, dont un CRS qui a reçu un pavé dans le dos.
M. Collomb a rejeté la polémique naissante sur la réaction des forces de sécurité et l’étendue des dégâts, soulignant que les quelque 1 200 militants « black blocs » à l’origine des incidents s’étaient mêlés aux manifestants et que charger aurait provoqué des blessés. « On est en train de regarder l’identité d’un certain nombre de gens, ils seront recherchés et traduits en justice », a-t-il dit. Il a ajouté que la préfecture de police s’attendait à la venue de « 500 à 600 » militants radicaux et que le double avait convergé à Paris.
« Il y a un mouvement qui est puissant », « nous allons nous adapter », a déclaré Gérard Collomb, précisant que les effectifs des forces de l’ordre seraient renforcés pour les prochaines manifestations.
La police entend exploiter les images de vidéosurveillance et relever des traces ADN sur des projectiles et des vêtements abandonnés pour identifier et poursuivre d’autres personnes. […]
Après la manifestation officielle, un appel avait circulé sur les réseaux sociaux enjoignant les militants d’ultra-gauche à se rendre au Quartier latin, haut lieu de la contestation en Mai 68. Une centaine de jeunes, dont certains encagoulés, ont joué au chat et à la souris dans les rues touristiques du quartier de la rue Mouffetard.
Rassemblés au centre de la place de la Contrescarpe, les jeunes ont invectivé, bières à la main, les forces de l’ordre en criant « Tout le monde déteste la police ». Après plusieurs jets de projectiles, les CRS ont fait usage peu après 19 heures de gaz lacrymogènes pour arrêter des manifestants, dont certains dressaient des barricades au moyen de barrières publiques sur la place désertée.
Lors de l’intervention des forces de l’ordre, les clients attablés se sont calfeutrés à l’intérieur des établissements, qui avaient rangé tables et chaises des terrasses. Le retour à la normale est intervenu avant 22 heures. […]
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La France Insoumise se dissocie (tiens, c’est du jamais vu !)
extrait de LCI / mercredi 2 mai 2018
[…] Invité à réagir à l’absence d’Emmanuel Macron lors du 1er-Mai, Jean-Luc Mélenchon a cette fois donné raison au Président, qui avait laissé le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur gérer les événements : « Vous croyez quoi ? Que 100 personnes vont prendre en l’otage l’Etat et que tout le monde devrait être là à regarder les fils à papa péter les vitrines de McDo ? » […]
[…] Le député insoumis est revenu au micro de BFM sur la confusion entre les blacks blocs et les bandes « d’extrême droite » qu’il a accusés d’avoir perpétré les violences lors de la manifestation du 1er mai : « J’ai vu des gens empêcher une manifestation de se dérouler convenablement, j’ai pensé que c’étaient des fachos. » Avant de les condamner : « Ce groupe de violents nous confisque, récupère, le 1er-Mai. […] Personne ne peut croire qu’en cassant la vitrine d’un McDo, on perpètre un acte révolutionnaire ». […]
[…] « On verra à partir des interpellations les noms qui apparaissent, sans doute des gens que nos services connaissent, mais je n’ai pas l’impression que des militants d’extrême droite seraient le bienvenus dans un cortège de 14 000 personnes qui se réclament d’extrême gauche », explique Michel Delpuech. […]
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1er Mai 2018 Paris – Journaflics !
Les photos – tweets et autres prises d’images, de vidéos et de sons … leur conséquences dangereuse – voici le retournement !
Un-e de nos compas a failli prendre très très salement à cause des photos et vidéos de deux journalistes du Monde :
C’est fou les conséquences que peuvent avoir une simple toute petite petite photo sur twitter lorsque pour gagner votre salaire d’exploité-e-s vous ne réfléchissez pas aux suites. Il ne s’agit pas de tovous défendre en arguant de toute la meute de journaflics similaires à vos agissements; il s’agit d’un exemple concret. Il s’agit de briser une vie, de briser toutes les vies reliées à l’action d’un-e individu-e qui voulait son anonymat maximum !
Soutien et solidarité à celleux encore en gardav’ à cette heure (4h57 du matin du 2 mai)
* Pierre Bouvier – https://twitter.com/pibzedog
et/ ou
* Cécile Bouanchaud – https://twitter.com/CBouanchaud – http://www.lemonde.fr/journaliste/cecile-bouanchaud/
Nous (les pavés volants) nous souviendrons de vous, toujours !
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[Mise-à-jour du 3 mai] Une manif en colimaçon
Paris-Luttes / jeudi 3 mai 2018
Bref récit d’une longue manif en serpentin dans le quartier Latin.
Après la manif de l’aprem, avec quelques camarades on a vent de plusieurs manifs sauvages en cours vers Bastille, et on est dans aucune, quelle frustration ! On décide donc de prendre l’apéro place de la Contrescarpe. Le trajet jusqu’au quartier latin se fait sous un bruit constant de sirènes de police en direction de Bastille. On sent bien un parfum de débordements dans l’air. Malheureusement à notre arrivée, la flicaille avait déjà réservé la place pour elle toute seule. Il faut dire qu’on s’en doutait, vu le nombre de camions de CRS qui stationnaient rue Monge.
De part et d’autre de la place dans la rue Mouffetard, nous voilà donc quelques dizaines, peut-être deux cents, Grosjean comme devant. On garde notre matos d’apéro (bières, chips, grenadine) pour plus tard. Vers 18h45-19h, on se décide alors à quelques dizaines de personnes, à partir sillonner le quartier. D’abord 50, on sera jusqu’à 150 (estimation toute personnelle) par moments. Je ne décrirai pas toutes les déambulations (reproduites sur la carte) jusqu’aux alentours de 21h, mais je me contenterai de certains moments.
D’abord il y a eu des moments comiques. Au début par exemple, on passe rue du Pot de Fer, où les bars sont remplis et la rue étroite. On se dit qu’on ferait mieux d’attendre les condés pour leur laisser une chance (il s’agissait quand même de les faire courir). C’est alors qu’on a pu assister à une scène surréaliste, où les keufs marchaient en bloc au milieu des client.e.s des bars. Certes, on a le rire facile.
Ce qui a pas mal plombé le cortège, c’est l’indécision. Que de fois n’a-t-on tergiversé aux carrefours pour décider où aller! Il y avait donc beaucoup d’inertie à ces moments-là, ce qui a permis aux flics de nous rattraper facilement. Comme l’a dit un camarade à un croisement, on aurait bien eu besoin des spontanéistes. En même temps, ça nous a permis d’atteindre un objectif : tourner autour et dans le quartier Latin, sans s’en éloigner. Le fait de tourner a permis d’agréger des gens au fur et à mesure. Peut-être qu’au bout d’un moment on aurait dû partir vers un lieu (l’EHESS par exemple), mais ça ne s’est pas fait.
Rester dans le quartier Latin était très avantageux pour nous, car le dédale de ruelles permet de s’échapper. Spéciale dédicace au Passage des Postes qui a sauvé une bonne partie du cortège d’une nasse. Malheureusement, la solidarité a pêché à ce moment-là car une vingtaine de camarades sont resté.e.s salement gazé.e.s et nassé.e.s par les flics dans l’entrée d’un parking (au niveau du panier de basket sur la carte, avouez que c’est malin). Certaines de ces personnes ont été embarquées plus tard, alors que les autres ont été libérées car les flics étaient surmenés. Comme quoi la stratégie de la manif en serpentin a payé.
Il y a eu des moments jubilatoires, comme cette cavalcade le long du Jardin des Plantes : après avoir longuement hésité à parcourir la rue de peur d’une nasse, on a osé la prendre au pas de course.
Il y a aussi eu des moments plus tendus, comme ce CRS tout seul au milieu de la rue Mouffetard (point « flics » sur la carte), qui, alors qu’il se faisait copieusement insulter dans la joie et la bonne humeur, a pointé son arme sur des gens . Quelques instants plus tard, un autre CRS fera le même trajet tout seul sous les mêmes quolibets, mais restera de marbre. 2 salles 2 ambiances. Il y a aussi eu une grosse salve de lacrymos, alors qu’on profitait d’une autoréduc bien méritée sur les pommes et clémentines au croisement de la rue de l’Estrapade et de la rue Clotilde (icône « explosion »). Je ne sais pas ce qu’il est advenu de toutes les personnes qui étaient là, car ça s’est dispersé dans toutes les rues alentours.
Finalement, ç’a été deux bonnes heures de déambulations, et ça faisait du bien de se promener ensemble. Mais je sais qu’il n’en a pas été de même pour tout le monde, qu’il y a eu des nasses, que des flics ont salement malmené des manifestant.e.s, que d’autres personnes ont eu la malchance de tomber sur des milices fascistes. C’est donc amer que je suis parti du quartier, me demandant quelle stratégie de notre part aurait pu permettre de mieux nous défendre.
Un serpentin
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[Mise-à-jour du 3 mai] Premières comparution immédiates pour les arrêté.e.s du 1er mai
reformulé de Paris-Luttes / jeudi 3 mai 2018
Après la prolongation de la GAV pour 43 des personnes interpellées le 1er mai, ce jeudi 3 mai il y a eu les premières comparutions immédiates. Deux personnes ont refusé la comparution immédiate et ont été placées sous contrôle judiciaire, avec l’interdiction de venir à Paris sauf pour préparer le procès, qui aura lieu le mercredi 30 mai.
D’autres comparutions auront lieu vendredi 4 mai, au nouveau Palais de Justice, 29-45 Avenue de la Porte de Clichy (Métro Porte de Clichy) à 13h30.
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extrait de l’AFP / jeudi 3 mai 2018
Le procès de deux suspects jugés jeudi pour des violences en marge de la manifestation du 1er Mai a été renvoyé au 30 mai par le tribunal correctionnel de Paris.
Il s’agissait du premier procès après les violences qui ont émaillé le traditionnel défilé du 1er Mai à Paris. Trois autres hommes et une femme, eux aussi soupçonnés d’être impliqués dans les heurts, doivent être jugés en comparution immédiate jeudi après-midi à Paris.
Les deux hommes de 22 et 26 ans, dont le procès a été renvoyé, étaient jugés pour « participation à un groupement formé en vue de commettre des violences ou des dégradations ». Le plus âgé des deux, accusé d’avoir lancé une bouteille en verre en direction des forces de l’ordre, est également poursuivi pour violences contre deux personnes dépositaires de l’autorité publique.
Ils ont tous les deux demandé un délai afin d’avoir plus de temps pour préparer leur défense. Ces deux hommes, au casier judiciaire vierge, ont été placés sous contrôle judiciaire: ils ont l’interdiction de se rendre et de séjourner à Paris, jusqu’à leur procès, sauf pour rencontrer leur avocat. L’un deux a une obligation de soin pour une addiction à l’alcool. […]
Mercredi, un homme arrêté pour port d’armes avant le début de la manifestation, a été condamné à trois mois de prison avec sursis et le procès d’une jeune femme, également interpellée avec un fumigène avant le défilé, a été renvoyé à sa demande. […]
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[Mise-à-jour du 4 mai] : Le tribunal continue son sale travail
Lextraits du Parisien / vendredi 4 mai 2018
[…] Sept personnes interpellées mardi sont présentées ce vendredi à un juge d’instruction en vue d’une éventuelle mise en examen, annonce le parquet de Paris. Ces suspects sont déférés dans le cadre d’une information judiciaire ouverte par le parquet pour «dégradations en réunion» et «participation à un groupement formé en vue de commettre des violences ou des dégradations». Le ministère public a requis leur placement en détention provisoire. Tous sont soupçonnés d’avoir commis des dégradations dans une agence bancaire et des magasins de vêtements dans le 3e arrondissement, dans la soirée, après le défilé.
Par ailleurs, 12 suspects sont jugés ce vendredi en comparution immédiate et 2 autres ont été convoqués pour un procès à une date ultérieure. Ils ont été placés sous contrôle judiciaire. Enfin, 13 autres doivent se voir notifier ce vendredi un rappel à la loi par un délégué du procureur. Ces 34 individus étaient les derniers suspects encore entre les mains de la justice jeudi soir, sur les 102 gardés à vue mardi à l’issue des violences.
Environ la moitié des personnes arrêtées a été remise en liberté mercredi sans faire l’objet de poursuites. Parmi les suspects présentés au parquet à l’issue de leur garde à vue, six devaient être jugés jeudi en comparution immédiate mais ont obtenu le renvoi de leur procès, pour la plupart au 30 mai. Les autres ont fait l’objet d’un rappel à la loi ou ont été remis en liberté le temps d’une enquête complémentaire.
[…] L’information judiciaire ouverte par le parquet ce vendredi est distincte de l’enquête qu’il a lancée mercredi pour «association de malfaiteurs» afin d’identifier les personnes ayant organisé ou encouragé les passages à l’acte.
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[Mise-à-jour du 4 mai] A Lyon
Il n’y a pas que Paris qui bouge. A Lyon, des dizaines de projectiles remplis d’encre noire ont jailli du cortège pour s’écraser sur la façade de l’Hôtel-Dieu tout neuf de Gérard Collomb, sous les applaudissements. Dans le même mouvement, la façade est également bombée d’un « Tombeau d’un hôpital, Berceau du Capital. Vandalisons l’opulence ». Dans l’après-midi une manif sauvage est chargée par les flics. Au même temps, la devanture des fachos du Bastion social est redécorée pour l’énième fois. Deux personnes interpellées dans cette journée sont passée en comparution immédiate le lendemain, écopant respectivement de 3 mois de prison avec sursis et 500 euros d’amende et de 140h de travaux d’intérêt général et 6 mois de prison avec sursis avec mise à l’épreuve (donc, possibilité de faire 6 mois de détention au cas où les travaux d’intérêt général ne sont pas réalisés). Les deux camarades étaient accusés de deux tags chacun. [source : Rebellyon]