A propos du documentaire ‘‘Ni Dieu, ni Maître, une histoire de l’anarchisme’’ : L’épisode d’Haymarket

[reçu par mail]

IOn peut télécharger le flyer d’appel à cette discussion ici :
https://lesfleursarctiques.noblogs.org/files/2018/02/haymarket.pdf
Il sera également possible, lors de cette discussion, de débriefer
ensemble la dernière manif du 1er mai à Paris.

l y a maintenant un peu moins d’un an était diffusé sur Arte le
documentaire Ni Dieu ni Maître – Une histoire de l’anarchisme de Tancrède
Ramonet. Dans une période de misère politique, alors que la mainmise sur
l’histoire des luttes et des mouvements révolutionnaires reste le dernier
bastion auquel s’accroche le vieux Parti Communiste, ce documentaire qui
se présente comme une « réhabilitation de l’anarchisme » (!) a été
accueilli plutôt positivement dans les milieux militants et
institutionnels. En période de disette, tout n’est pas pour autant bon à
prendre. S’il nous a semblé nécessaire de réaliser une lecture critique de
cette « histoire de l’anarchisme » tout public, au-delà des imprécisions
et des erreurs grossières qui perlent ce documentaire de bout en bout,
c’est d’abord pour ce que ce travail véhicule comme lecture identitaire de
l’anarchisme, mais également parce que son optique est la réhabilitation
de celui-ci dans le cadre de l’historiographie stalinienne à la française,
opérant ainsi la liquidation de ce qu’il peut en rester de subversif pour
aujourd’hui.

Nous proposons plus spécifiquement ce soir, de discuter de ce que les
auteurs de ce documentaire font aux évènements d’Haymarket Square en 1886
à Chicago, épisode historique et insurrectionnel qui servira jusqu’à nos
jours de symbole du 1er Mai. Nous verrons comment, celles et ceux que l’on
nous présente dans le documentaire comme dans de nombreux fascicules
libertaires ou d’Etat, comme de doux agneaux, martyrs intégraux de la
cause des travailleurs, innocents dans l’âme : les dits « martyrs » de
Haymarket, étaient en fait, comme beaucoup d’autres insurgés de ces temps
agités, de simples anarchistes et révolutionnaires, ni innocents ni
coupables, ni héros ni martyrs, qui ce jour-là, avaient pris la décision
courageuse d’une tentative insurrectionnelle armée à Chicago. Tentative
qui se soldera par un échec, et la mise à mort tragique de plusieurs des
participants, assassinés par la justice. Un épisode malmené par de
nombreux historiens, qu’ils soient universitaires ou libertaires, souvent
malmené par les révolutionnaires eux-mêmes, que ce soit par ignorance
(entretenue par un mouvement libertaire organisé amorphe et content de
lui, mais à l’article d’une mort certaine), ou par préférence d’une
version victimaire et édulcorée d’un épisode qui devrait plutôt inspirer
la fierté que la réécriture innocentiste et légitimiste.

Une toute autre « version » : la vérité, porteuse d’un autre monde, dans
laquelle ce ne sont pas des flics et des complots qui posent des bombes,
mais bien les révoltés, pourra s’exprimer ce soir contre la démarche de
muséification et de javellisation bourgeoise de l’histoire des luttes à
l’œuvre dans ce documentaire comme dans toute dynamique de «
réhabilitation » de la violence révolutionnaire aux yeux de l’État et de
la bourgeoisie.

A travers cette réduction de l’anarchisme — comme on réduit une tête chez
les Jivaros —, c’est la perspective révolutionnaire en elle-même qu’on
travaille à liquider, quelle que soit la manière dont on peut la formuler
et la concevoir. C’est la nature subversive de l’anarchisme (que l’on
retrouve chez les insurgés d’Haymarket) et la nécessité révolutionnaire
face aux alternatives post-capitalistes et para-étatiques (promues dans ce
documentaire) que l’on attaque pour mieux les enterrer sous des piles de
vieux livres.

Nous proposons un moment de discussion autour de toutes ces questions le
samedi 5 mai 2018 à 19h à la bibliothèque révolutionnaire Les Fleurs
Arctiques, 45 Rue du Pré Saint-Gervais, 75019 Paris – Métro Place des
Fêtes (lignes 7bis et 11 du métro).