Fukushima : Venue de Naoto Kan, un tract

[reçu par mail]

Salut

Début mars Naoto Kan, ancien premier ministre social démocrate japonais
au moment de la catastrophe de Fukushima est venu faire une tournée
antinucléaire en France. En effet, après le tsunami, celui qui a géré la
catastrophe en suivant scrupuleusement les recomandations des
nucléaristes internationaux et de Tepco ( l’exploitant de centrales
électriques dont celles de Fukushima au Japon, nationalisée depuis), a
pris ses distances avec l’atome. Il a dès lors tenté d’expliquer comment
les politiques et lui en particuliers, auraient été contraints de suivre
par ignorance  les recommandations des nucléaristes. Dans les mois qui
ont suivi l’explosion des réacteurs son gouvernement a été dégagé au
profit du gouvernement conservateur, nationaliste et nucléariste de
Shinzo Abe. Une soudaine prise de conscience l’aurait amené, devant
l’ampleur des événements, à réviser depuis ses convictions
pro-nucléaires. Il milite désormais contre le nucléaire.

En France, il venait présenter le film Le couvercle du soleil, qui
retrace son parcours, ses doutes au moment de la catastrophe. A
l’origine de la tournée le réseau sortir du nucléaire, La France
insoumise et des groupes locaux. Il est ainsi venu diffuser son film à
Paris, faire une intervention à l’Assemblée nationale au nom du groupe
de la France insoumise au moment même où ce dernier lançait sa campagne
de votation citoyenne et enfin visiter en compagnie d’antinucléaires
locaux des sites nucléaires comme Flamanville ou La Hague. Cette
dernière visite s’accompagnait là encore d’une projection du couvercle
du soleil, et ce à l’initiative conjointe du Collectif antinucléaire
Ouest (CANO) réunissant la fine fleur des  organisations antinucléaires
syndicales, associatives et politiques, et du CRILAN, association de
lutte antinucléaire.

Cette visite a donné lieu à Paris à la diffusion d’un texte critique –
que nous joignons à ce préambule – ainsi qu’à quelques prises de paroles
choquée d’une telle venue. Avec quelques compagnon-ne-s nous aurions
aimé y mêler nos voix et nos gueulantes  en prolongeant ces
interventions à Flamanville lors de la projection. Mais un manque de
disponibilité nous en a empêché. Faute de combattant-e-s je ne fais donc
que suivre ce texte en ajoutant quelques remarques.

Pourquoi cette venue est indéniablement néfaste :

1. Parce qu’elle minimise le rôle du soutien des défenseurs de
l’économie et de l’appareil d’Etat qu’est la social démocratie dans la
gestion post-catastrophique japonaise. Les réels donneurs d’ordre ne
seraient plus que le lobby nucléaire et l’internationale nucléariste. Or
si Kan a accepté de relever les seuils de contamination radioactive
c’est bel et bien pour sauver l’Etat et l’économie japonaise. Sa gestion
de la catastrophe n’a rien eu à envier aux autres gestionnaires de
catastrophe. Pour eux et elles, ce qu’il faut avant tout sauver c’est ce
monde, capital et Etat inclus. Les vies deviennent superflues.

2. Parce qu’elle véhicule de nouveau l’illusion que c’est par le haut
que l’on pourrait mettre un terme au programme nucléaire. Bien
évidemment cela sied particulièrement à ceux et celles qui n’ont de
cesse comme les écologistes de gouvernement ou la France Insoumise de
vouloir mener les luttes dans ces impasses. Faut-il rappeler comment
historiquement les socialistes se sont joints aux antinucléaires
historiques pour mieux les tromper. Le politique c’est l’art du
mensonge. Il faut croire que certains et certaines ont besoin de
multiples leçons… C’est en tout cas ce que vise la France insoumise en
investissant les luttes, et tentant de les vider de leur caractère
subversif. On ne peut que regretter la complaisance de ceux et celles
qui luttent avec de telles stratégies.

3. Parce qu’elle isole la lutte antinucléaire des autres luttes. La
gouvernement Kan n’aura pas manqué durant ses années de pouvoir
d’accompagner le « et son monde »  que bien des mouvements ont fustigé. Il
a mené une nouvelle politique de libre-échange, soutenu le maintien des
bases américaines au Japon, etc. Or jamais le mouvement antinucléaire
n’aura été aussi fort que mêlé à un mouvement de contestation général…

Bonne lecture,
un rétif.

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