Allemagne : Lettre du prisonnier en lutte Thomas Meyer-Falk

Thomas Meyer-Falk a été condamné en 1997 pour braquage de banque avec prise d’otages (il a toujours refusé de se repentir, et notamment d’exprimer des excuses envers les « otages » lors de son procès): l’argent expropriée était destinée à financer et organiser des projets de lutte (légale et illégale). Depuis son arrestation en 1996 pour braquage de banque, il a été placé en isolement à la prison ‘Stammheim’ de Stuttgart jusqu’au printemps 1998. Il fut de nouveau incarcéré en isolement à partir de l’automne 1998 à la prison de Bruchsal. Âgé de 47 ans, Thomas est donc passé par plusieurs taules de l’Etat allemand et ses geôles d’isolement pour son refus en actes de l’autorité (refus de se plier aux ordres des matons, rébellion contre les conditions de détention, etc…). Il s’est longtemps revendiqué « red-skin » de la mouvance RASH (Red & Anarchist Skinheads).

Pour lui écrire :

Thomas Meyer-Falk
Hermann-Herder Str. 8
79104 Freiburg

Ci-dessous sa lettre lue lors de l’action anti-carcérale devant la prison de Stammheim (Stuttgart) le soir du nouvel an 2018 :

Il y a quarante ans mouraient, ici à Stammheim, Gudrun, Jan-Carl et Andreas.
D’après la version officielle, ils se seraient suicidés. Quiconque conteste cela encore aujourd’hui est poursuivi !
En 1997, précisément vingt ans plus tard, j‘étais moi-même en isolement ici à Stammheim et tournais en rond à Dachhof, seul. Exactement là où auparavant, Baader, Ensslin et Raspe devaient faire leurs rondes.
Puis encore vingt après, je suis désormais incarcéré en détention préventive à Fribourg (Allemagne).
Mais grâce ces mots, je peux être présent à vos côtés et je vous souhaite un réveillon du nouvel an combatif, une année 2018 vivante !
Cette année, la répression d’Etat a notamment frappé les personnes qui ont participé aux luttes contre le G20 à Hambourg. Et puis celles et ceux qui ont géré et soutenu Indymedia Linksunten. Tou.te.s ont besoin de votre solidarité, de toute notre solidarité. Tout comme les personnes qui sont maintenues prisonnières ici, derrière les murs de Stammheim !

Pour un monde sans autorité de l’Etat !

Pour un monde sans prisons !

Bonheur et liberté à vous tou.te.s !

Thomas Meyer-Falk
Prisonnier de longue peine depuis 1996.


Une autre lettre transmise en cette fin d’année 2017, cette fois-ci au rassemblement devant la prison de Fribourg (où il est incarcéré):

Une nouvelle année s’est écoulée. On se rappellera surtout de la répression contre « Linksunten », entre autres les perquis’ à KTS [1] et désormais celles partout à travers le pays en lien avec les luttes contre le G20. Et tous les individus visés par la répression d’État ont aussi besoin de notre solidarité !

Ici aussi, en prison, nous faisons face à la répression. Chaque jour, des détenus atterrissent en isolement. Mais le fait même d’être enfermé est aussi de la répression.

Ici, des prisonnier.e.s ou des personnes en détention préventive meurent. Certain.e.s se pendent, d’autres crèvent due soi-disant « mort naturelle », ce qui qui signifie que la mort nous accompagne dans notre quotidien.

Et la majorité de la société ne fait pas qu’y contribuer, elle exige des lieux d’enfermement comme cette prison-là.

Des protestations comme celle que vous faites aujourd’hui sont d’autant plus précieuses. Plutôt que de rester dans un endroit au chaud ou faire la fête vous êtes venu.e.s ici. Vous opposez un refus retentissant à la majorité de la société, à la justice et à l’État.

Ensemble et déterminé.es avec nous, prisonnier.e.s !

Je profite également de l’occasion pour exprimer toute ma gratitude à celles et ceux qui me rendent visitent, m’écrivent et me soutiennent. Mais aussi à vous tou.te.s, qui protestez contre le système carcéral !

Salutations solidaires et chaleureuses à vous tou.te.s ! De même qu’aux personnes concernées par les procédures judiciaires à l’encontre de « Linksunten » et qui sont confrontées à la répression du G20.

Malgré ce lieu irréel avec ces murs gigantesques et spots lumineux qui viennent évidemment à bout de toute transparence, à l’intérieur on vit comme nulle part ailleurs.

En vous souhaitant un Nouvel An bruyant et festif. Mais surtout une année 2018 vivante et combative !

Thomas Meyer-Falk

[Traduit de l’allemand de Freedom for Thomas]