Parution:quatrième numéro du Journal Rhizome

Éditorial  du N°4

Dans Rhizome, nous soulignons régulièrement l’importance de l’autonomie dans la lutte contre les nuisances du génie génétique. En tant qu’anarchistes, il nous semble clair que si nous luttons contre certains aspects de la domination pour y mettre fin dans les domaines concernés, mais aussi contre la domination en général, la négociation avec les responsables ou les institutions de l’oppression ne peut être une option. Nous n’aspirons pas à de meilleures conditions sous la domination mais à la liberté et à l’abolition de la domination. Dans la lutte contre le génie génétique nous ne revendiquons alors ni moratoire ni assurances d’experts selon lesquels les aliments génétiquement modifiés ne seraient pas nocifs pour la santé.

Il n’est pas nouveau que le sabotage et l’action directe sont, sur ces bases, les moyens de celleux qui luttent contre l’oppression. Si des multinationales, armées de leurs brevets, veulent nous ôter la possibilité de produire notre nourriture de manière indépendante, nul besoin d’avoir étudié la théorie anarchiste pendant des années pour comprendre la nécessité d’actions directes. Ou, comme écrivait Émile Pouget en 1907 : « L’action directe est une notion d’une telle clarté, d’une si évidente limpidité, qu’elle se définit et s’explique par son propre énoncé. » Il est alors d’autant plus beau de voir que les actions directes reprennent dans la lutte contre les OGM. Vous trouverez dans ce numéro plusieurs textes à ce sujet.

Il semble que les paroles d’Émile Pouget n’ont, 110 ans après avoir été écrites, encore rien perdu de leur actualité : « L’action directe, c’est la libération des foules humaines, jusqu’ici façonnées à l’acceptation des croyances imposées, c’est leur montée vers l’examen, vers la conscience. C’est l’appel à tous pour participer à l’œuvre commune : chacun est invité à ne plus être un zéro humain, à ne plus attendre d’en haut ou de l’extérieur son salut ; chacun est incité à mettre la main à la pâte, à ne plus subir passivement les fatalités sociales. L’action directe clôt le cycle des miracles – miracles du ciel, miracles de l’État – et en opposition aux espoirs en les « providences », de quelque espèce que ce soit, elle proclame la mise en pratique de la maxime : le salut est en nous ! »

Et plus d’un siècle plus tard, nous ajoutons volontiers : Il faut clore également le cycle des miracles de la science et du progrès !

Prenons notre vie dans nos propres mains !

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le quatrième de décembre 2017en PDF