DES LETTRES POUR SOUTENIR LES ÉLEVEURS ET LES ÉLEVEUSES QUI REFUSENT LE PUÇAGE ÉLECTRONIQUE DE LEUR BÊTES ET LA GESTION ADMINISTRÉE DE LEUR TRAVAIL

[reçu par mail]

Les opposants au puçage électronique des brebis et des chèvres persistent

Mercredi 22 novembre, c’était le premier contrôle d’une administration agricole
sur la ferme de Granquié depuis quatre ans. La dernière fois, en mai 2013, les
contrôleurs de la DDT avaient constaté l’absence de bouclage électronique de
nombreuses brebis, ce qui avait occasionné 20 000 euros de sanctions contre Nathalie
Fernandez et Laurent Larmet. Hier, comme il y a quatre ans, 100 personnes étaient
venues à l’appel du collectif tarnais Faut Pas Pucer soutenir les éleveurs à l’entrée de
leur bergerie, pour un contrôle des servives sanitaires annoncé simplement l’avant­
veille. Sous le regard défiant des opposants au puçage électronique, les contrôleurs
ont fait leur office. Venus parce que la Maison de l’Élevage (EDE) leur avait signalé
qu’elle ne recevait pas de recensement du troupeau depuis plusieurs années, ils ont
pu constater que celui­ci se portait bien, qu’ils n’avaient aucun reproche à faire sur la
santé des bêtes.
Sur le chapitre de l’identification, ils ont noté qu’aucun animal n’était en conformité
avec la réglementation mais que presque tous étaient identifiés, à la convenance des
éleveurs (par un nom, un numéro à la patte, un tatouage…). Les contrôleurs ont averti
les éleveurs que ces modalités choisies par eux ne suffisaient pas, que « l’électronique,
il faudra[it] y venir ». Ce à quoi Nathalie Fernandez a rétorqué que « les puces RFID
étaient porteuses d’un monde dont elle ne voulait pas, qu’elle appliquait seulement les règles
dont elle comprenait la logique et qui pouvaient lui servir ». Laurent Larmet a ajouté que
« les réglementations actuelles sont faites pour la grande distribution et n’ont aucun sens pour
des gens comme [nous] pratiquant une petite agriculture. ».
Pendant ce temps, dehors, la centaine de personnes présentes se sont mises en rond
pour discuter. Plusieurs prises de parole sont consacrées à la mort de Jérôme Laronze,
éleveur de vaches de la Saône­et­Loire, tué sous les balles de la police, en mai dernier,
suite à des contrôles extrèmement tendus sur sa ferme. On évoque le comité « Justice
et vérité » qui se réunit à Mâcon le 20 de chaque mois pour honorer sa mémoire ; le
groupe « Hors­norme » constitué d’éleveurs de toute la France, qui s’organise depuis
l’été pour lutter contre la prolifération des normes en agriculture ; et une autre
coordination nationale, « Écran total », qui tente de fédérer les résistances éparses
contre le management, la bureaucratie au travail et l’informatisation de toute la vie
sociale. Après le départ des contrôleurs, la discussion a continué pour réfléchir aux
actions à mener en cas de nouvelles sanctions contre les éleveurs désobéissants.

« A qui profitent les normes ? » demandait l’une des banderoles brandie ce mardi 28
novembre à la ferme d’Al truc sur la commune de Saint Sulpice dans le sud du Tarn.
« Les troupeaux n’appartiennent pas à l’État ! », « Jérôme Laronze : l’administration l’a
harcelé, l’État l’a tué ! » en proclamaient d’autres. Une semaine après le contrôle des
services sanitaires à la ferme de Granquié à Montredon­Labessonnié, c’est au tour
d’Adeline Galaup et Pierre Mestre de subir le même contrôle par les mêmes agents.
Pierre et Adeline élèvent une cinquantaine de chèvres et fabriquent leurs fromages
qu’ils vendent au marché à une clientèle habituée. A l’appel du collectif Faut Pas Pucer, une centaine de personnes environ est venue
soutenir ces éleveurs. Ces deux chevriers refusent en effet de poser des puces
électroniques RFID aux oreilles de leurs bêtes et d’appliquer le principe industriel de
traçabilité dans leur élevage. Les fonctionnaires ont donc constaté une « identification
non conforme » des animaux puis, gorgés de certitudes sanitaires et de paternalisme,
ils ont procédé à un décorticage inquisiteur des pratiques des éleveurs à partir des
différents documents rassemblés. Les éleveurs peuvent s’attendre à des amendes et
des représailles financières sur le versement des primes agricoles.
En s’appuyant de manière très contestable sur des arguments de santé publique et de
protection de l’environnement, l’administration a l’ambition, grâce aux « nouvelles
technologies » de gérer les troupeaux et les fermes à la place des éleveurs. Le
commerce de puces électroniques, de progiciels, de tablettes, de drones, etc. a de
beaux jours devant lui. « Pour qui travaillent les fonctionnaires ? A qui appartiennent les troupeaux ? » C’est en somme ce que se demandaient les éleveurs et leurs soutiens mardi dernier autour d’une bonne soupe, de bons vins et fromages.
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Invitation à écrire des lettres de soutien
Afin de prolonger et d’affirmer plus fortement encore notre opposition au puçage et à
la traçabilité, nous vous proposons d’écrire des lettres de soutien aux éleveurs
menacés adressées aux administrations : DDCSPP (service sanitaire) et Maison de
l’Élevage. Il s’agit à chacun d’argumenter les raisons de s’opposer au puçage. Les
arguments peuvent partir du quotidien, de considérations écologiques ou politiques.
Ou encore faire écho avec des situations éloignées de l’agriculture, replacer cela dans
une évolution plus générale de la société…
Nous vous demandons d’envoyer une copie au collectif Faut Pas Pucer.
Adresses postales :
DDCSPP, Santé et protection animale
18, avenue du Maréchal Joffre
81013 ALBI Cedex 9

Maison de l’Élevage (EDE)
96, rue des agriculteurs
BP 102
81003 ALBI Cedex

Faut Pas Pucer (mémé dans les ordis)
Le Batz
81140 St MICHEL DE VAX
fautpaspucer@laposte.net

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