Céline n’a pas fini de nous empoisonner

note:  Dans notre bibliothèque du laboratoire anarchiste un livre de H.E KAMINSKI  » céline  en chemise brune ou le mal du présent » 1938 édition Ivréa , et on recopie la présentation de  « voyage au bout de l’abject louis- ferdinand Céline  antisémite et antimaçon »  2017 édition Atelier Création Libertaire .

Ce que démontre Patrick Lepetit dans Voyage au bout de l’abject, textes et surtout pamphlets à l’appui, c’est que Céline est un idéologue nazi et qu’il a été collaborateur non par opportunisme mais par conviction. Ses contemporains ne s’y sont pas trompé. À la fin de la guerre, Céline reçoit des petits cercueils dans sa boîte aux lettres, « alors », se dit-il, « je vais partir ». Il fuit le pays pour se réfugier au Danemark accompagné d’un SS. À son arrivée il se présente aux autorités allemandes. Il se cache sous le pseudonymes Louis Courtiel, jusqu’à ce qu’un journaliste français travaillant pour un journal allemand le dénonce. En 1945, Céline est condamné à mort pour haute-trahison ; il passe 555 jours « en prison », une partie à Copenhague, l’autre en hôpital psychiatrique : il a pu passer pour un déporté ! Pourtant, dans les années 50, en France, débute une entreprise de réhabilitation de l’homme et de son œuvre. Les gens qui ont défendu Céline étaient des hommes extrêmement talentueux et intelligents, comme Dominique de Roux et son La mort de L.-F. Céline ou encore Muret. Les deux Cahiers de L’Herne consacrés à son œuvre ont fait beaucoup pour redorer son blason. Un autre thème sur lequel a largement porté la discussion, c’est celui de l’antisémitisme. Sur les 6 ou 7 pamphlets, 2 ou 3 ont été publiés dans Je suis partout ou autres revues antisémites notoires. Avant d’écrire le premier pamphlet, Bagatelles pour un massacre, Céline s’est dit : « Il me manque encore un peu de haine. Je sens que ça vient ».

Avec Bagatelles, on est encore dans l’illusion de la fiction et de l’écriture romanesque. Les suivants sont des textes déjà très idéologiques avec de « l ’humour » malsain. Mea Culpa, qui fait 400 pages, n’a rien d’un pamphlet, une forme littéraire courte par définition. Pour Patrick Lepetit, on ne s’exprime pas violemment sur 400 pages : c’est vraiment que ce qui est écrit est récurrent et organique. La gauche française a accordé à Céline une place de choix. Monti, qui dirigeait à l’époque Le Monde Libertaire, a signé la pétition des années 50, « Faut-il juger Céline ? ». Georges Hénein disait : « Céline est la mauvaise conscience de la gauche ». En 1974, Céline est au programme de l’ENS. Aujourd’hui, on parle de la réédition des pamphlets avec appareil critique, peut-être chez Gallimard.

Voyage au bout de la nuit, pour beaucoup, reste un chef-d’œuvre. In fine, la question qui a divisé l’assistance lors du débat, c’est bien celle-là : faut-il séparer le fond de la forme ? Pour Patrick Lepetit et Jehan Van Langhenhoven, la réponse est clairement non. Il faut dénoncer l’imposteur et la crapule que fut Céline. C’est en ce sens que le livre est un acte politique.

Salomé Foehn
Auteure de la thèse universitaire Les Philosophes de l’exil républicain espagnol de 1939.

(1) Voyage au bout de l’abject. Louis-Ferdinand Céline, anti-sémite et anti-maçon (Atelier de Création Libertaire, 2017), 10 € – Disponible à la Librairie Publico, 145 rue Amelot 75011 Paris