Publication: le journal Avalanche N°12 Novembre 2017

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Editorial

Afin de développer nos projets, d‘établir une correspondance internationale, il nous faut – parmi d‘autres choses – de la persistance. Une qualité auquel on ne  prête pas souvent beaucoup d‘attention. Comme des papillons, il est assez commun pour beaucoup de personnes de s‘intéresser un jour à une chose, le lendemain à autre chose, et le jour après encore à autre chose – ce

qui était intéressant avant est déjà oublié. Cette attitude n‘a rien à voir avec ce que des marxistes ont toujours dépeint comme l‘impatience révolutionnaire des anarchistes, qui insiste que les attaques contre l‘ordre existant sont possibles et nécessaires, aussi mauvaises qui puissent être les conditions «objectives».Cependant la question reste; développe-t-on une projectualité, ou est-ce qu‘on devient victime des circonstances contre lesquelles on se rebelle, courant dans toutes les directions comme des poussins effarouchés.

Ne nous faisons pas d‘illusions. La corde autour de nos gorges se serre toujours plus – ou, si nous préférons cet métaphore, on se retrouvé toujours plus poussé dans la marge, ensemble avec pleines d‘autres personnes. Est-ce que nous persisterons avec nos idées? Et, par conséquent, chercherons-nous des moyens et des possibilités pour attaquer la restructuration numérique du capitalisme, inlassablement promue dans les universités, les parlements, les laboratoires,…, avançant, attaquant, avec le but de détruire. Ou est-ce que nous allons nous retrouver dans une disposition critique mais finalement bien plus sympathique concernant les possibilités des « smart cities» et de l‘internet des objets? On peut se poser une question similaire quand on considère la croissance de néofascistes. Est-ce que nous persisterons que le fascisme n‘est qu‘une modalité parmi d‘autres pour gouverner un État et administrer le Capital, et que, par conséquent, nous ne visons pas uniquement le fascisme mais continuons aussi à attaquer la démocratie et, effectivement, la politique en soi, avec l‘intention de les détruire? Où est-ce que nous nous contenterons de défendre «le meilleur des mondes possibles» ou le«moindre mal», s‘alliant à des églises, des syndicats et des libéraux?

Peut-être je souligne trop la persistance en considérant ces questions. Soit. Sans aucun doute, une projetectualité insurrectionnelle doit aussi être capable de reconnaître quand certaines voies devront être abandonnées, ou quand quelque chose ne vaut plus la peine.Cela peut être à cause de conditions plus dures, mais ces derniers temps je vois plus souvent que l‘érosion de principes en est à la base: des anciens compagnons qui se vantent qu‘ils sont aller voter, par exemple. Tout d‘un coup, son propre implication dans le capitalisme, ses propres contradictions et les moments où on ne peut pas répondre à ses propres exigences de cohérence,deviennent tous des excuses générales. Bien sûr, il faut réfléchir sur ses propres contradictions, mais il faut dire aussi que la subversion de l‘existant n‘est pas une tâche  facile qu‘on peut réaliser du jour au lendemain. Nous continuons donc de nous adresser aux anarchistes qui veulent partager leur projectualité, leur analyse, leur réflexion, leurs expériences et leurs propositions de lutte, qui se reconnaissent dans un anarchisme combatif qui tente de contribuer à une internationale informelle sans centres ni hégémonies. Car nous insistons qu‘une correspondance internationale est nécessaire pour dépasser ses propres limites et pour renforcer ses propres qualités. En partant de luttes locales qui visent à créer une rupture, de propositions d‘intervention pour une présence anarchiste insurrectionnelle dans des troubles sociaux ou d‘un sentier individuel d‘attaques éparpillées, Avalanche est une tentative collective pour affiner nos perspectives et pratiques, en les faisant dialoguent les uns avec les autres.

Un ennemi de l’État dans le territoire contrôlé par l’État autrichien.