Archives mensuelles : octobre 2019

Cluny( Saône -et Loire): obséque d’une camera de surveillance- 5 octobre

La municipalité de Cluny a tout récemment installé une caméra de surveillance sur la place du marché. Mais dans la nuit de vendredi 4 au samedi 5 octobre, la nouvelle caméra a été mise hors d’état de nuire.

Le maire de Cluny, Henri Boniau, a porté plainte samedi matin à la gendarmerie.

« La caméra a, en effet, été tagguée en rouge, son fil coupé. Un bouquet de fleur en synthétique l’entoure, comme pour symboliser ses obsèques. »

Quelques mètres plus haut, une banderole « Big Boniau is watching you » a été suspendue sur la façade ouest de l’hôtellerie Saint-Hugues, en référence au Big Brother d’Orwell.

[Repris du Journal de Saône-et-Loire, 05.10.2019]

La valeur de la vie

Résultat de recherche d'images pour "fleur qui perd pétales"Le célèbre peintre espagnol Salvador Dalí avait écrit que rien ne l’excitait plus que le spectacle d’un wagon de troisième classe rempli d’ouvriers morts, broyés dans un accident. Il n’était pas indifférent à la mort, si bien que lorsqu’un de ses amis, le prince Mdinavi, mourut dans un accident, il fut profondément choqué. Pour Dali, la seule mort à regretter était celle d’un prince. Rien à voir avec une cargaison de cadavres d’ouvriers.
Cela ne doit pas passer pour la bizarrerie d’un personnage connu pour son excentricité. En fait, la mort d’un être humain n’est qu’un événement pour les autres êtres humains. Les circonstances de son départ et l’intérêt qu’il suscite ne sont évalués que par ceux qui lui survivent. L’importance accordée à cet événement – en soi absolument commun – ne dépend donc pas de l’événement lui-même, mais de l’idée que le commentateur a de la mort et de l’opinion que l’on a de ceux qui meurent.
Maintenant, nous sommes tous habitués à faire une distinction entre la mort naturelle et la mort violente. Sans s’attarder sur les aspects comiques de ces deux noms, examinons seulement ce qu’ils signifient : il y a une mort considérée d’une certaine façon comme légitime, la mort « naturelle » ; et une mort considérée artificielle, la mort « violente ». La mort  » naturelle  » serait l’œuvre du hasard, de la destinée. Quand on meurt, on meurt. Que nous quittions cette terre à la fin de notre course, de vieillesse, ou que ce moment soit anticipé par une maladie incurable, cela ne semble pas faire grande différence. Tout cela est ramené dans le cours normal des choses. La mort « violente » est divisée en deux parties : celle qui se produit par accident et celle engendrée par la décision d’une conscience, que ce soit celle du mourant (suicide) ou celle d’une autre personne (meurtre). Et c’est précisément cette dernière forme de mort, consciente, qui provoque la plus grande consternation et perturbe l’âme humaine.
Exprimant en substance une sorte de hiérarchie des différentes manières de mourir dictées par la morale, les frontières entre ces différentes qualifications de la mort varient selon les circonstances. Par exemple, si les morts accidentelles – les « violentes » – surprennent parfois par leur nombre élevé, ne suscitent guère de débat ou une horreur particulière. Le concept même « d’homicides blancs(1) », utilisé dans le passé pour désigner les accidents du travail quotidiens qui provoquent un déferlement de morts, ne trouve plus beaucoup de place dans un monde de plus en plus convaincu que son organisation sociale est un fait naturel. Si le capitalisme n’est pas l’une des nombreuses formes que la structure sociale peut prendre, étant présentée comme la seule et unique possibilité dont nous disposons, il est clair que toutes les morts qui en résultent semblent inévitables, le résultat d’un destin peut-être traître mais inévitable. Ainsi, l’ouvrier qui perd la vie sous une presse, ou qui tombe d’un échafaudage, meurt d’une mort « violente », mais sa mort est toujours considérée comme « naturelle », pas comme un meurtre. De même, ceux qui meurent du cancer sont généralement considérés comme les victimes d’un sort inévitable. On ne sait jamais qui frappera la malchance. Mais qu’en est-il de la question de savoir si c’est une industrie particulièrement polluante qui a causé ce cancer ? Les nombreuses poursuites judiciaires qui sont régulièrement été intentées contre des multinationales pour des dommages causés par leurs activités industrielles ne démontrent-elles pas la responsabilité de leurs administrateurs dans cet événement tragique ? Ces décès peuvent-ils être considérés comme « violents » ou non ?
Comme nous pouvons le constater, dès que le problème commence à être étudié en profondeur, toutes les distinctions entre les différentes façons de mourir commencent à s’estomper. Et elles s’effondrent complètement si l’on ose considérer ouvertement la mort consciente en dehors des clichés d’une moralité dictée par la Raison d’État, c’est-à-dire si l’on se pose la question de savoir s’il est légitime ou non de donner volontairement la mort à un autre être humain. Il va sans dire que, posée en termes tout à fait abstraits, cette question ne peut susciter aucun intérêt, au mieux aucune indignation, et la réponse ne peut être qu’un non sec. Après tout, qui peut justifier un meurtre ? Et au lieu de cela, chacun de nous le fait au cours de sa propre existence. Quelques faits divers récents nous aideront à mieux comprendre le sens de cette déclaration. [ce texte a été écrit en novembre 2000, ndt]

Quand c’est l’État qui tue
Aux États-Unis, la machine à tuer de l’État continue à fonctionner sans heurts. Début août, deux condamnations à mort ont été exécutées en une demi-heure au Texas, une petite chaîne de montage. L’un des condamnés avait été décrit comme handicapé mental à l’époque des événements dont il était le protagoniste, mais cela ne lui a pas épargné la vie. Comme d’habitude, ces exécutions ont été précédées et suivies de nombreuses polémiques.

La question de la peine de mort se résume en quelques mots : décider si l’État a le droit de tuer. On sait déjà, à l’exception de la  » légitime défense « , que l’État accorde ce droit à l’individu qui est attaqué. Et c’est en invoquant la même exception que l’État justifie les guerres qu’il entreprend, menées si nécessaire par des régimes d’exception. Paradoxalement, le raisonnement qui autorise de telles entreprises annule en fait l’exception au moment même où elle prétend la confirmer : l’art militaire enseigne en effet que l’attaque est la meilleure défense. Pour que la guerre déclarée n’apparaisse pas comme un abus de pouvoir indescriptible, l’État doit montrer qu’il défend quelqu’un ou quelque chose ; quand l’armée américaine bombarde l’Irak ou la Serbie, elle le fait pour défendre un principe. Cet exemple montre comment chaque offensive peut être définie comme une défense, puisqu’une offensive défend toujours un intérêt ou un principe « supérieur ». Mais la nécessité de justifier la défense en acte, de prouver que c’est l’autre l’agresseur, le magouilleur, n’est que le sujet du hasard, c’est seulement la nécessité d’accepter les actes avec les règles du jeu qui, dans la société démo-libérale, est aux mains de l’Information.
On pourrait en dire autant des prisonniers qui se retrouvent sur la chaise électrique. En tant que citoyens, ils appartiennent à l’État. En tant que condamnés, ils ont manqué à leurs obligations envers l’État. L’État, qui avait déjà leur vie à sa disposition, peut donc aussi disposer de leur mort. Le verdict de culpabilité n’est qu’un hommage aux règles du jeu : responsable ou étranger aux faits, quelle différence cela fait-il ?
Pour ma part, je n’ai pas choisi de confier la responsabilité de ma vie à l’organisation de la communauté appelée Etat, mais cette responsabilité m’a été confisquée, sans que personne ne me demande quoi que ce soit, pas même, ou peut-être plus important, si j’avais à ce sujet une meilleure idée. L’État est donc une confiscation, d’abord de ma vie, puis de celle des autres, c’est la somme de ces confiscations. Cet ensemble de confiscations produit des règles du jeu, que l’on appelle des lois, auxquelles je suis soumis et dont je m’échappe le plus loin possible. Et je n’échappe pas à telle ou telle loi quand j’en ai l’occasion, ou parce que je ne suis pas d’accord sur l’un de leurs détails, mais sur l’ensemble et par principe. Aucune loi étatique ne me convient, car toutes sont basées sur l’usurpation de ma complicité.
Si je participe au débat sur la peine de mort, c’est pour souligner l’hypocrisie moralisatrice des deux parties. Les partisans de la peine de mort partagent le contrat social de Rousseau : si la peine de mort empêche un être humain de tuer les autres, vous avez un avantage arithmétique en « vies humaines ». De plus, les opposants à la peine de mort auraient aimé signer, selon le même calcul, l’assassinat d’Hitler (n’était-il pas aussi un être humain ?). D’autres partisans de la peine de mort la jugent dissuasive, mais il s’agit toujours du même calcul mathématique, mais il n’est pas vérifiable.
Ensuite, il y a ceux, encore plus rares, qui approuvent la peine de mort pour les mêmes raisons qui ont conduit Lacenaire, le célèbre hors-la-loi du XIXe siècle, à l’invoquer pour lui-même : ils trouvent la mort préférable à la prison à vie. Face à la certitude de l’emprisonnement à vie – la peine ne fini jamais – je suis d’accord. Mais ceux qui poussent à l’exécution des autres devraient au moins avoir le bon goût de ne pas parler de « la valeur sacrée de la vie ».
Quant aux opposants à la peine de mort, ils n’ont pas d’arguments concrets. Ils n’ont que le précepte moral imprégné du caractère sacré de ce qu’ils appellent la vie, et ils mêlent ce commandement religieux à l’hypocrisie d’une douceur laïque. Ils sont contre la peine de mort jusqu’à ce que quelqu’un viole leur fille, maltraite leur chien, vole leur portefeuille. Ils sont contre la peine de mort, mais ils acclament ensuite l’armée et la police. Ils sont contre la peine de mort, mais ils travaillent ensuite pour une industrie de guerre. Ils sont contre la peine de mort, mais ils ne bougent pas le petit doigt en faveur de ceux qui, privés de tout, courent le risque de mourir de faim.
En temps de guerre, dans toute guerre (donc aussi dans ce qu’on appelle la vie quotidienne), tuer et être tué sont des événements tout à fait logiques. Que l’État puisse tuer par inadvertance, par excès ou par sa propre Raison est considéré comme juste, non seulement selon les règles qu’il proclame, mais selon la guerre sociale en cours. Il est clair que la diffusion de la notion de  » respect de la vie  » sert à appliquer une mesure préventive de l’Etat pour limiter le nombre de pertes subies dans cette guerre. Elle vise à substituer la mort par la prison (lorsqu’un criminel risque la mort, il risque sa vie, quand il risque la prison, il risque d’être condamné à la survie) et va jusqu’à nier aux individus seuls la possibilité morale de tuer, à moins qu’il ne s’agisse de le protéger de l’offensive de ses ennemis. Non pas que l’Etat soit contre le meurtre – pour mettre fin à une vie humaine – : il veut simplement son monopole, légal et moral. Le consentement à l’État, c’est aussi le consentement au monopole qu’il détient sur le meurtre.

Tuer ou conserver ?
L’été dernier, en Toscane, un garçon atteint d’une maladie incurable est décédé grâce à l’aide d’un ami vers lequel il s’était tourné. Il n’avait pas envie de mettre fin à ses jours fin seul. Les parents du garçon mort, conscients du désespoir qui le hantait, ont immédiatement fait savoir qu’ils ne ressentaient aucun ressentiment envers l’ami qui avait tué leur fils. Cette histoire montre que les relations authentiques entre les individus ne peuvent jamais être enfermées dans une norme sociale, et que tout code réglementaire ne fait que garantir et protéger la liberté… de l’État.
L’interdiction de l’euthanasie est le témoignage le plus flagrant de la sanctification de la vie par sa simple préservation biologique. Entre la douleur et la mort, arbitrairement, il est décidé a priori que la douleur est préférable. Lorsqu’une personne est confrontée au dilemme de savoir si elle doit être handicapée, au point de ne plus pouvoir atteindre les objectifs qu’elle s’était fixés, ou si elle doit mettre fin à ses tourments inutiles, toutes les parties lui demandent instamment de se souvenir de l’interdiction de la mort : par la loi, la superstition, l’arrogance d’un corps médical tout puissant. Il y a des individus qui sont dans un coma irréversible depuis des années, maintenus dans cet état végétatif au nom de la prééminence religieuse de la survie, bien qu’ils soient devenus définitivement incapables d’avoir une vie.
Cependant, malgré l’idéologie humanitaire qui l’entrave, si l’euthanasie compte ses ennemis, elle peut aussi compter ses amis, qui sont de plus en plus nombreux. Je pense que l’euthanasie devrait être pratiquée non seulement à la demande expresse de la personne concernée, mais – si cette personne ne peut en avoir connaissance – également par décision de ses proches, parents ou amis (parfois plus que les membres de sa famille, jusqu’à ce  qu’ils aient des droits et des intérêts juridiques qui renforcent leur tyrannie sur des proches malades). Les erreurs et les excès possibles qui pourraient survenir ne seraient certainement pas plus tragiques ou plus nombreux que la fureur thérapeutique, qui confond vie et survie au profit exclusif de cette dernière, et qui est maintenant appliquée avec toute la violenced’un cadre médical qui fonde ses pouvoirs sur une connaissance sommaire.
L’euthanasie, l’acte de donner la mort, est à la frontière entre le meurtre et le suicide parce que l’objet de l’euthanasie peut bien être quelqu’un d’autre. Récemment, le suicide a été commis par un Anglais après qu’un journal eut publié une photo de lui, avec son nom et son adresse, sur une liste d’agresseurs présumés d’enfants. Face au scandale et aux éventuelles conséquences désagréables d’une telle publicité, l’homme préféra finalement supprimer le trouble. Je doute que les adeptes de la religion humanitaire aient été touchés par la perte de cette vie humaine, dont la valeur, évidemment, avait expiré avec ses goûts sexuels.
Même contre le suicide, l’idée sous-jacente est la préservation de la vie dégradée à la survie. Les différentes formes de suicide, de la pendaison à la prise de médicaments, en passant par les nombreuses formes de nihilisme bon marché, contiennent toutes les impossibilités reconnues de la vie, tandis qu’il y a peu de personnes affamées qui se suicident pour l’impossibilité de survivre : c’est bien la raison principale du tabou du suicide. Car l’incapacité de réaliser sa propre vie, si elle était discutée en priorité sur la place publique, menacerait de renverser ceux qui gèrent celle des autres, en évitant d’explorer les remèdes possibles. Comme le disait un suicidaire du siècle dernier : « Et vous, prêtres grassouillets, rosâtres, académiciens, jésuites de poils, de tous les poisons et de toutes les espèces, me rappelleriez-vous si vite cette mission si vous ne l’exploitiez pas sans modestie ? Si ma vie ne t’intéressait pas autant, qu’est-ce que ça te ferait de ma mort ? ».
Si l’on considère aujourd’hui qu’aucune existence n’arrive au bou de ses possibilités, le suicide devrait être le geste qui honore la clarté de la conscience de cette résignation. Si le suicide marque d’abord une absence – celle de la possession de la vie – il marque aussi une présence – celle de la conscience que l’on préfère la fin de la vie à devenir autre que soi-même, à son aliénation, à sa continuation sans aucune possession. Le suicide continuera à massacrer les hommes jusqu’à ce qu’ils aient trouvé le chemin du bonheur.
Et il faut supposer que si un tel renversement de perspective – au moins une révolution – devait redonner à la survie le rôle le plus approprié de l’appendice de la vie, cela transformerait le don de la mort aux autres et à soi-même en actes d’égale importance, car un nouveau concept de « respect de la vie » impliquerait pour chacun une responsabilité radicalement différente. Mais qu’il s’agisse d’un espoir pitoyable ou d’une exigence minimale, cette conception va au-delà de la contrition confuse de l’esprit dans laquelle le suicide est conditionné de nos jours.

Nous sommes tous des assassins.
La mort a toujours été un tabou. Les tabous sont des interdictions destinées à maintenir l’intégrité du monde organisé et en même temps la bonne santé physique et morale de ceux qui les respectent : ceux qui brisent un tabou remettent en question l’ordre du monde, et c’est précisément ce pourquoi il doit être puni. Mais les tabous ne sont des interdictions qu’au sein de la communauté qui les adopte, n’ayant de validité que vis-à-vis de ses membres. Dans de nombreuses sociétés humaines du passé, il était interdit de tuer un membre de sa propre communauté, alors qu’il était permis de tuer un étranger. Seul le fait de tuer le sien était considéré comme répréhensible. A tel point que de nombreuses sociétés humaines ne punissaient même pas le transgresseur, qui n’était parfois même pas inquiété (dans de nombreuses tribus Inuits, tout meurtre était considéré comme accidentel). S’il avait été décidé de le punir, il aurait été éloigné sans moyens de survie, mais sans le tuer. On peut ainsi comprendre le sens donné par certains chercheurs à la définition arabe du clan :  » groupe où il n’y a pas de vengeance du sang « . La vengeance était, avec le mariage, un instrument avec lequel les relations entre les différents groupes sociaux se manifestaient : la vengeance correspondait à l’état de guerre, le mariage à l’état de paix. Parmi ceux qui appartiennent au même groupe, le même clan, la même famille, ni la vengeance ni le mariage (d’où le tabou du meurtre et de la sexualité) ne sont autorisés. La vengeance et le mariage ne devaient unir et supprimer que ceux qui n’étaient pas déjà unis par l’identité du nom et de la nature.
Mais maintenant, il n’existe plus qu’une seule communauté qui donne à chacun un nom et une identité : la communauté du capital. Avant d’être des hommes ou des femmes, occidentaux ou orientaux, riches ou pauvres, nous sommes des consommateurs. Si nous sommes autorisés à avoir des relations sexuelles, même ici avec les limites liés au hasard, nous ne pouvons cependant pas nous exterminer mutuellement. Au nom de la paix de ce que nous avons en commun – la paix des marchés – la guerre a été menée sur ce qui nous divise – la guerre contre l’individu. Il est plus facile de comprendre pourquoi les morales dominantes ont fait du « respect de la vie » l’une de leurs refrains préférés : « respecter la vie, la considérer sacrée, ne jamais recourir à la violence ».
Aujourd’hui, la tolérance, sous la forme du martèlement quotidien que nous offre l’Information, est devenue une contrainte obligatoire et restrictive au service direct de l’Etat. Si la tolérance à l’époque de l’Inquisition était un appel à tolérer le bûcher et à être intolérant envers les hérésies, de la même manière la tolérance de l’humanitarisme démocratique moderne consiste en un appel à tolérer l’existant et à être intolérant envers ceux qui y sont opposés. Et oui, parce que sous le béton des supermarchés, la singularité de nos désirs, de nos intérêts, de nos attitudes, de nos rêves, qui nous séparent les uns des autres, n’est jamais assouvie. Si les riches doivent tolérer les pauvres et les pauvres doivent tolérer les riches, toute cette tolérance me semble être au bénéfice exclusif des premiers. Quand on y pense, ceux qui parlent de tolérance ont un cadavre pourri dans la bouche. Le secret que l’on n’a pas le courage de révéler est vite dit : personne ne tolère tout, tout comme personne ne tolère rien. Chacun d’entre nous tolère certaines choses, certaines personnes et certaines idées, et n’en tolère pas d’autres. Sans exception. C’est pourquoi l’idéologie humanitaire du « respect de la vie » n’est qu’une sale hypocrisie.
Les hypocrites sont tous ceux qui parlent de la sacrée « valeur de la vie humaine ». Il en est de même pour l’homme politique démocratique qui, lorsqu’il n’est pas un défenseur de la peine de mort, vote pour lancer des « bombardements humanitaires ». Il en va de même pour ses électeurs qui, devant la télévision, portent un toast à la nouvelle de la mort d’un gangster. Les gendarmes, les meurtriers légalisés et leurs amis le sont aussi. Comme tous ceux qui tueraient un tyran, mais au nom d’un noble idéal. Il en va de même pour les personnes suicidaires, tous ceux qui pratiquent l’euthanasie et tous leurs amis. Il en va de même pour les femmes violées qui tueraient leur violeur. Tous les partisans de la Résistance le sont. N’importe qui peut continuer la liste de ces exemples.
En réalité, nous sommes tous des meurtriers ou des meurtriers potentiels. Si nos mains ne sont pas déjà tachées de sang, elles peuvent le devenir à tout moment, c’est juste une question de circonstances. D’une part, nous proclamons que la vie est sacrée, et d’autre part, nous pensons que tout le monde ne mérite pas de vivre. Mais alors, qu’est-ce qui donne de la valeur à la vie humaine ? La vie « qui doit être respectée » diffère de la vie « qui ne mérite pas le respect » pour son existence dans la première de nos perspectives communes. Seule cette perspective détermine à nos yeux la valeur d’un individu, et non l’appartenance abstraite à la race humaine. Cela ne peut prendre de la valeur qu’en l’absence absolue d’informations plus précises. La vie d’un parfait étranger peut aussi nous sembler inviolable, mais dès que nous découvrons que c’est un meurtrier d’enfants notre main voudrait un pistolet. J’utilise un exemple simple, qui fait l’unanimité : le meurtre d’enfants. Cependant, chacun d’entre nous a d’autres vies à l’esprit que nous aimerions voir brisées, des vies pour lesquelles nous n’avons aucune valeur à défendre.

Et inversement, une perspective de vie, quand la nôtre, la mienne, n’est jamais superflue. Ce que je pense, ce que je fais, ce que j’aime, ce en quoi je crois, tout ce qui est mon monde. Si je ne le possédais pas, mon existence sur cette terre me semblerait superflue. Pour défendre, développer et réaliser ce monde qui est le mien, je serais capable de tout faire. Aussi pour tuer. Pourquoi pas ? Pourquoi pas ? La mort de ceux qui mettent en danger mon monde m’est indifférente. Cela ne veut pas dire que j’ai l’intention de tuer tous ceux qui ne sont pas comme moi, mais seulement que leur disparition ne changerait rien dans ma vie immédiate. Au milieu de mon indifférence au massacre quotidien, je ne pleure que ceux qui se sont montrés semblables à moi, ceux dont les actions correspondent même partiellement à mes désirs. C’est seulement leur mort qui me frappe, la mort des autres ne me frappe pas.
Si je pense que pour réaliser mes désirs une partie de l’humanité doit être supprimée, que dois-je faire ? Devrais-je poursuivre mon but ou céder à un principe considéré comme supérieur, mais sans aucune justification pour cette supériorité ? Je ne pose pas cette question parce que j’ai l’intention de supprimer une partie de l’humanité (bien que le groupe de personnes qui gouvernent notre existence mériterait plus qu’un effort pour atteindre cet objectif) mais pour profaner le tabou de la mort, qui est un obstacle à la réalisation de tout désir.

Une partie de la vie
La mort boulverse. Mais ce qui dérange nos âmes, ce n’est pas le prétendu instinct de conservation, mais l’insatisfaction de ne pas avoir atteint tout ce à quoi chacun de nous tend. On meurt toujours trop tôt. Cette totalité, impossible à atteindre aujourd’hui, est ce qui rend toute mort insatisfaisante. Bien sûr, l’approche de la mort n’est pas la même partout. En Somalie, où des gens meurent de la faim et des armes, il serait impossible de faire croire aux pauvres, comme c’est le cas en Europe, qu’ils peuvent mourir satisfaits après avoir vécu de manière si insatisfaisante ; ou que la mort est une calamité, indépendamment de qui en est victime.
L’abus des interdits que notre société fait peser sur la mort a pour résultat l’opinion commune que la vie et la mort sont opposées. Rien n’est plus nuisible à la vie que de considérer la mort en dehors de soi : la mort fait partie de la vie comme son terme, sa limite, sa frontière. La mort est une fin, une fin trop importante pour une vie pour qu’elle soit laissée au hasard. Mais l’importance de la façon dont on meurt n’a de sens que pour ceux qui se soucient de l’importance de la façon dont on vit.

« …fuyant sagement les éléments de la mort, nous ne visons qu’à préserver la vie, alors que nous entrons sur le territoire que la sagesse nous suggère de fuir, nous la vivons« .

Adonis

Extrait de la revue Diavolo in corpo, n° 3, novembre 2000

(1) En Italie, on appelle  « homicides blancs » les morts sur le lieu de travail.

Pour les catastrophé.es de Lubrizol quelques bribes de la mémoire de la catastrophes d’AZF

iaata.info

Désolé il n’y aura pas ici de solution miracle juste quelques liens réunit pour faciliter, le cas échéant, le travail de celles et ceux qui voudraient revenir sur ce qui c’est passé à toulouse suite à l’explosion de l’usine AZF le 21 septembre 2001 à Toulouse.
Surtout force et courage dans vos batailles !

Usine de mort l’explosion d’AZF un an après

Brochure du Collectif d’Habitant-e-s des Agglomérations Toulousaines (CHAT). Édité en septembre 2002.

 - 4.2 Mo

Bilan multiple, à la fois sur l’implantation du pôle chimique, sur l’après explosion et ses conséquences, sur la situation actuelle (le pôle chimique est en partie ré ouvert) et sur leur engagement au sein du collectif « Plus jamais ça – ni ici ni ailleurs » pour exiger la fermeture des sites.

Les idées courtes…la mémoire aussi

Texte à propos d’AZF et du journal local La Dépêche du Midi avant l’explosion du 21 septembre 2001. Parce que bien entendu ce n’était pas le premier accident c’était simplement le pire.

 - 13.8 Mo

Brochure du Collectif ça dégaze, octobre 2001.

À 15 ans de l’explosion d’AZF

Une émission avec pas mal de témoignage, de discussion autour de l’explosion mais aussi de la lutte qui a suivit.
C’était le 21 septembre 2016 et c’est découpé en plusieurs épisodes à écouter là.

AZF, une usine qui pue qui pète !

Enfin un article publié sur iaata.info qui revient sous l’angle du traitement judiciaire sur la lutte contre les usines de morts.

Le plus long procès de l’histoire pénale française a cours en ce moment à la capitale. C’est celui des présumés responsables de l’explosion de l’usine AZF à Toulouse le 21 septembre 2001. Celui de Papon avait duré six mois, celui de Total (propriétaire d’AZF) aura duré 3 fois 4 mois, soit un an. Autrement dit, en termes de spectacle judiciaire, le crime industriel supplante le crime contre l’humanité.

Lire l’intégralité de l’article

P.-S.

Pour consulter les documents AZF numérisés par le CRAS :
http://cras31.info/spip.php?article481

Pour consulter le « Dossier CRAS AZF : Du 21 septembre 2001 au 21 septembre 2002 » : http://cras31.info/IMG/pdf/2016_-_azf_-__de_l_explosion_au_21_septembre_2002.pdf

A la commune du maquis( Minerve), Y’a Yourte

FORMATION-CHANTIER HABITAT LÉGER: LA YOURTE

Par désir ou par nécessité, nous pensons qu’il est temps de faire le choix d’un habitat léger. C’est pourquoi la Commune du Maquis accueille une formation-chantier «  CONSTRUCTION de YOURTE » du 01 au 07 NOVEMBRE pour 18 personnes durant laquelle deux yourtes seront fabriquées.

Pour ce faire, nous recevons Guillaume, de l’association « Habitat libres en Poitou », expert intergalactique de l’élaboration de yourte, qui milite pour l’autonomie de l’habitat léger, abordable financièrement et fonctionnel.

En ce qui concerne la formation, l’idée serait d’apprendre en construisant deux yourtes de dimensions différentes, dont l’une servira comme atelier pédagogique pour les enfants de la Commune du Maquis. Les yourtes seront élaborées majoritairement avec des matériaux récupérés ou récoltés (branches d’arbres, toile de store, etc.) ou avec des éléments très abordables afin de découvrir une façon de se loger à très petit budget.

Durant cette semaine de formation, nous verrons les différentes étapes de la construction de yourte (fabrication de la couronne, treillis, couture de la toile…).

La formation sera organisée dans l’un des différents ateliers de la Commune du Maquis.
Les participantEs seront logéEs dans des chambres d’hôtes et des gîtes. Les repas seront pris en commun dans la salle Communale.

Les enfants sont les bienvenuEs mais il sera importants que les parents s’organisent entre eux/elles.

Si vous souhaitez covoiturer, inscrivez-vous sur le tableur.

La participation aux frais demandée est de 160 € (soit 23€ par jour)
comprenant:100 € de frais pédagogiques à destination du formateur (frais de
déplacement, rémunération)
30 € (4,30€ par jour) de participation au logement reversé à la commune
du maquis
30 € de participation à l’achat de produits alimentaires pour la confection de repas pour la semaine. Une boîte prix libre ainsi que les apports de chacun·e viendront compléter cette caisse. Les apports de produits frais (légumes, produits laitiers, etc.) sont les bienvenus, merci de prévenir de ce que vous amenez sur le tableur: (adresse) afin de faciliter l’organisation.

Si vous avez des régimes spéciaux, notez-le également dans le tableur.
Si vous avez des difficultés pour payer, n’hésitez pas à nous contacter,
nous chercherons une solution ensemble.

Il est donc important de s’inscrire à l’avance et nous vous demandons de
nous envoyer les frais pédagogiques (100€) à l’inscription afin de bloquer votre place.

Pour les repas et le logement, la participation sera à régler à l’arrivée.

Ne tardez pas à vous inscrire, cette formation n’a qu’une petite capacité de 17 personnes.

Pour plus d’infos ou demande particulières, contactez Marilou :
 06.52.63.22.79 ou malou@riseup.net

Pour vous inscrire, envoyez un sms ou un mail à Marilou et un courrier comprenant le paiement (ordre des chèques : Culture du Maquis),un papier avec votre date d’arrivée, votre prénom, si vous arrivez avec des enfants, si vous avez besoin spécifiques, etc. à l’adresse :

La Commune du Maquis, Domaine de Bois-bas, 34210 MINERVE

Attention, si vous venez avec un chien, ces derniers doivent être tenus en laisse au sein de la Commune.

PRÉSENTATION DE LA COMMUNE DU MAQUIS

La Commune du Maquis, petite fédération rurale, est établie sur le Hameau de Bois-Bas, à 12km. Du village de Minerve (34210) , en pleine campagne.

Bois-bas étend ses presque 270 hectares entre la rivière Cesse et les contreforts de la Montagne Noire, à quelques 45km de Narbonne, 60 de Béziers, ainsi que de Carcassonne  et Mazamet.

Diverses activités agricoles, culturelles, pédagogiques sont développées par la Commune du Maquis : élevage de brebis, chèvres et cochons ; à la fabrication de fromage de chèvre et de pain, s’ajoutent une ludothèque, l’accueil d’enfants et d’adultes atteints d’autisme, un projet de centre de documentation et de projection argentique et l’organisation d’événements d’agitation culturelle contre les principes de domination et d’exploitation.

[Reçu par mail]

 

Mexico, Mexique : »Nous nous comportons mal, très mal et nous pouvons faire pire! « – au sujetdes émeutes du 26 septembre 2019 à Mexico!

[Le jeudi 26 septembre 2019 ont eu lieu à Mexico des manifestations de milliers de personnes en mémoire des “43 étudiant.e.s d’Ayotzinapa disparu.e.s” il y a cinq ans jour pour jour. Manif qui a très vite tourné à l’émeute dans tout le centre de Mexico, avec des attaques multiples et variées contre les bâtiments gouvernementaux, des restaurants, banques, magasins divers et tout ce qui représente le capital et la marchandise. Des stations de métro ont été saccagées, le Palais National, sur lequel a entre autres été tagué “43. Assassiné.e.s. C’était l’Etat.” a subi l’assaut de dizaines d’encapuchdxs, tandis que des journaflics des médias mexicains égarés dans les affrontements ont été attaqué.e.s à l’extincteur et à coup de pierres. A la suite de cette journée de révolte, le gouvernement de gôche du président Andrés Manuel López Obrador a qualifié les émeutier.e.s de “perturbateur.e.s” et de “conservateur.e.s”, en relayant des théories du complot dont les gauchistes sont particulièrement friands à chaque révolte qui éclate. “Quelques anarchistes informel.le.s en conflit permanent” ont tenu à mettre dès le lendemain des émeutes leurs propres mots sur cette journée de révolte et tout ce qui a été dit autour de celle-ci. Ci-dessous un texte qui nous a été transmis par mail et que nous avons traduit de l’espagnol.]

Nous nous comportons mal, très mal, et nous pouvons faire pire !

L’Etat mexicain, dans sa logique de domination, continue de nous accuser de “provocateur.e.s” et à imposer le pacifisme citoyen du “bon peuple”. Et maintentant, il cherche à aller plus loin…

Du haut de sa chaire matinale, AMLO [1] tente de nous rendre invisibles, de nous exterminer, de nous faire disparaître, et c’est pourquoi il déforme le sens de la lutte anarchique, de notre histoire et du sens même du mot ANARCHIE. C’est pour cette raison qu’il nous qualifie de “conservateur.e.s”, tout en donnant des “leçons” à ses animaux de compagnie heureux, avec l’assentiment des phoques applaudissant qui se font passer pour des journalistes tous les matins au Palais National.

Pour AMLO, comme pour tous les présidents précédents (et pour tous les chefs d’Etat dans l’histoire), le/la meilleur.e anarchiste est l’anarchiste mort.e. ou l’opportuniste qui renonce à ses idées et lui lèche les bottes, comme c’est la cas du stalinien converti Paco Ignacio Taibo.

C’est pourquoi AMLO ment et nous désigne comme “conservateur.e.s”. Tou.te.s ses ennemi.e.s sont “conservateur.e.s”, y compris les anarchistes.

Comme l’ont fait remarquer les compagnonnes des “Femmes Sorcières et Insurrectionnalistes” dans leur communiqué du 17 août 2019 pour l’insurrection des femmes anarchistes du vendredi 16 août contre les porcs de la municipalité de Mexico : “Nous affirmons ce que d’autres taisent : la présence dans le palais national d’un fasciste misogyne et sexiste, pro-vie, ultraconservateur et évangéliste auquel la gauche s’est alliée par son constant opportunisme pour “prendre le pouvoir” à tout prix.” Toutefois, tout.e adversaire du palais est accusé.e d’être conservateur.e, en changeant le sens des mots et en occultant le véritable conservatisme qui règne dans les hautes sphères du pouvoir.

De la même façon, chaque matin, il s’agit de changer l’histoire. Ainsi est usurpée la figure de Ricardo Flores Magón qui se voit présenté comme “l’idéologue” de la Quatrième Transformation [2], tout en assumant en parallèle l’héritage de Benito Juárez et de Francisco I. Madero [3].

Si nous ne connaissions pas les trucs du vieux PRI, aujourd’hui recyclé dans MORENA, nous penserions que c’est de l’ignorance ou qu’AMLO souffre de schizophrénie organique. Mais non, tout ce fourre-tout idéologique est intentionnel, ou plutôt parfaitement mal-intentionné.

Pour celles et ceux d’entre nous qui connaissent l’histoire de l’anarchisme dans la région mexicaine, il est clair que c’est durant la longue période du gouvernement de Juárez qu’il y a eu le plus d’anarchistes fusillé.e.s dans l’histoire du Mexique. Et l’histoire n’a pas été différente pendant le gouvernement de Francisco I. Madero, déportant, enfermant et assassinant les anarchistes qui ont toujours refusé de le reconnaître en tant que gouvernement. Ricardo Flores Magón lui-même a planifié avec d’autres compagnon.ne.s l’exécution de Madero.

Le sens de ce qu’est l’anarchie est aussi dénaturé. Une visite rapide sur Wikipedia nous indique que:

Le terme “anarchie” vient du grec “ἀναρχία” (“anarkhia”), formé du préfixe privatif a- an- (en grec av, c’est-à-dire “sans” ou “privé de”) juxtaposé au mot “archie” (en grec ἀρχή, c’est-à-dire “pouvoir” ou “commandement”). L’éthymologie du terme désigne donc, de manière générale, ce qui est dépourvu de principe directeur et d’autorité. Cela entraîne ou implique “l’absence de normes”, “l’absence de leadership”, “l’absence d’autorité” ou “l’absence de gouvernement”, et sert à désigner les situations dans lesquelles existe (ou est recherchée) l’absence d’Etat ou de pouvoir public. C’est la raison pour laquelle notre cri de guerre est Ni Dieu, ni Etat, ni Patron, exprimant notre opposition énergique à tout gouvernement, à toute autorité et à tout pouvoir, et faisant le sens de la guerre anarchique.

L’anarchie n’est et ne peut être ni de “gauche”, ni de “droite” tout simplement parce que, tout comme la droite, la prétendue gauche aspire à gouverner et à conserver l’Etat, tandis que nous luttons pour le détruire. Il est donc impossible de nous excommunier de “la gauche” car nous n’avons jamais partagé ses aspirations et encore moins ses fins.

Que des hauteurs du pouvoir on nous accuse maintenant d’être des “provocateur.e.s” et des “conservateur.e.s”, nous invite à réfléchir à ces termes. Et en effet on pourrait nous dire “provocateur.e.s” parce que nous chercons à provoquer le chaos et l’anarchie, parce que nous provoquons des espaces de libération totale, parce que nous provoquons la destruction totale de tout ce qui nous opprime.

On peut aussi nous appeler “conservateur.e.s”, car nous luttons pour conserver à tout prix notre autonomie, notre individualité et notre liberté face à tout gouvernement, face à toute autorité (terrestre ou divine), face à tout pouvoir. Ils peuvent nous dire “conservateur.e.s” car nous luttons pour conserver la planète face à la dévastation progressiste par l’Etat-Capital, car nous luttons pour conserver indéfectible notre essence acrate et pour empêcher le contrôle de nos corps et de nos vies.

Ce n’est pas la première fois (et ce ne sera pas la dernière) que nous nous affronterons au système de domination dans la région mexicaine, que ce soit par la confrontation ouverte dans les rues ou bien dans le silence et l’obscurité de la nuit).

Les nouvelles générations d’anarchistes mènent une guerre ininterrompue depuis les années 90 contre le système de domination et nous ne ferons pas exception à la règle avec l’absolutisme populiste de la “Quatrième Transformation”: notre guerre reste dirigée contre l’Etat-Capital, contre toute domination.

L’action conséquente des groupes d’affinité anarchique hier après-midi durant la pantomime politique de la “Commémoration des événements de Ayotzinapa” [4] n’est pas un événement isolé et ne répond ni à des intérêts occultes ni à des mains “conservatrices” tirant les fils à leur guise et nous manipulant comme des marionnettes, elle ne répond pas non plus aux stratégies de la présidence contre les secteurs d’affaires qui ne s’associent pas à leurs intérêts de développement: nous ne sommes pas les nouveaux faucons de l’Etat comme le claironnent les médias. Cette action s’inscrit pleinement dans notre agir anarchique.

Nous ne faisons ni ne recherchons aucune alliance avec des partis politiques et nous ne sommes pas non plus des mercenaires au service de qui que ce soit.

L’attaque d’hier après-midi contre les symboles du pouvoir, les édifices du gouvernement, les flics et la propriété privée fait partie de la longue liste d’attaques contre la domination dans l’itinéraire de la guerre anarchique. Nous avons brisé des milliers de vitres, attaqué des dizaines de patrouilles, réalisé des centaines d’engins explosifs, brûlé des centaines de distributeurs automatiques de billets, des supermarchés, des magasins et des centres commerciaux en réduisant la marchandise en cendres.

Dans ce sens, l’attaque incendiaire contre la librairie de Gandhi (qui a tant alarmé “les civilisé.e.s”, c’est-à-dire, les domestiqué.e.s) n’a rien de personnel et ne s’inspire pas d’un anti-intellectualisme fasciste ni de la vision obscurantiste contre “les lectures pêcheresses”. Ce n’est pas une bibliothèque qui a été attaquée, mais la marchandise et en ce sens peu importait si le magasin en question vendait des livres, des sous-vêtements, des écrans plats, des ordinateurs ou des matelas. Nous n’avons aucun doute sur le fait que les idées sont aussi des marchandises dans les vitrines de la consommation. A titre d’exemple: les tasses de café avec le “A” cerclé mises en vente dans les succursales de la chaîne de magasins Gandhi.

Aujourd’hui, plus que jamais:

Ni Dieu ni Etat ni Patron!

Pour la libération totale!

Détruisons tout ce qui nous domine!

Pour la tension anarchique insurrectionnelle!

Pour l’anarchie!

Feu à l’ensemble de l’existant!

Quelques anarchistes informel.le.s en conflit permanent

México, 27 septembre 2019


Notes de Traduction:

[1] Andrés Manuel López Obrador (AMLO), président de l’Etat mexicain depuis le 1er décembre 2018, Après avoir présidé le Parti de la révolution démocratique (PRD), il a fondé en 2012 le Mouvement de régénération nationale (MORENA).

[2] A l’occasion de la présidentielle de 2018, AMLO a présenté son programme « Ensemble, nous ferons l’Histoire », qu’il compte inscrire, comme son nom l’indique, dans l’histoire avec un grand H. Il prétend mettre en place la-dite “Quatrième Transformation” du Mexique, après l’Indépendance (1810-1821), la Reforma (1858-1861) et la Révolution (1910-1920), trois événements historiques qui ont en commun d’avoir vu le peuple se soulever avec les armes contre le gouvernement afin de changer le cours de l’Histoire. AMLO prétend que son élection changera l’histoire à travers le vote, le peuple se soulevant (mais sans les armes) contre la mauvaise gouvernance qui règne depuis des décennies. Plus exactement, le changement qu’il appelle de ses voeux est typique d’un parti de (extrême-)gauche, parlant d’un véritable État de droit et d’une « vraie » démocratie, de “libération du pouvoir politique de l’emprise du pouvoir économique”. Ce n’est pas sans rappeler le concept d’une certaine “révolution citoyenne” appelée par un certain parti de gauche en France.

[3] Anciens présidents du Mexique auxquels AMLO se réfère fréquemment et prend pour modèle afin de glorifier la nation mexicaine: Benito Juárez de 1867 à 1872 et Francisco I. Madero de 1911 à 1913.

[4] Connus aussi comme « les enlèvements d’Iguala ». Le 26 septembre 2014, 43 étudiant.e.s issu.e.s de l’Ecole Normale Rurale de Ayotzinapa sont porté.e.s disparu.e.s dans la ville d’Iguala, dans l’État de Guerrero, au Mexique. « Selon les rapports officiels, ils voyageaient à Iguala ce jour-là afin de manifester contre des pratiques du gouvernement mexicain. Pendant le voyage, la police locale les intercepte et une confrontation suit. Le bilan est de 27 blessés, 6 morts et 43 disparus ». (source: wikipedia)

Drôme: Libération de 20 poules

Bite Back / lundi 30 septembre 2019

27 SEPTEMBRE, DROME, FRANCE.
Cette nuit, un groupe d’activiste antispéciste s’est introduit par la force dans un élevage de poules pondeuses en batterie comptant environs 200 000 personnes animales.
Après avoir découper la clôture grillagée a la pince monseigneur, et défoncé la porte d’un hangard au pied de biche, le groupe a permis a une vingtaine d’individues de sortir de cet enfer.

Accompagnées dans différents sanctuaires privées, leurs vies commence des a présent.
Il est urgent d’agir, chaque vie sauvée est précieuse et sortira définitivement du système spéciste.
Leur corps ne sera désormais plus une ressource de production, qui une foi moins rentable finira dans les assietes des inconscients.
Vous, antispécistes qui nous lisez, il est grand temps de prendre vos outils et de forcer les portes de chaque élevage, afin d’en sortir le maximum d’individus. Afin de joindre a vos paroles révoltées des actes concrets qui auront un impact pour les personnes animales que vous aiderez a vivre.
Nous reviendrons, encore et encore, jusqu’a la définitive libération animale. »

Empoisonnement généralisé

Bonjour,

Le best-seller de Rachel Carson n’aura pas servi à grand-chose malheureusement, bientôt plus de joyeux cui-cui non plus dans nos belles campagnes stérilisées, heureusement qu’ils nous restent des enregistrements :

 

https://www.franceinter.fr/emissions/secrets-d-info/secrets-d-info-28-septembre-2019

 

Pour information, ils en ont moins parlé, c’était moins visible et les vacances venaient de commencer, faut pas trop inquiéter le citoyen-électeur-consommateur épanoui qui donne aveuglément toute sa confiance, en dehors des périodes d’accidents, à nos élites dirigeantes et à nos experts, ça pourrait nuire à nos profits et à notre prospérité (Hé ! Ho ! on va pas se laisser tailler des croupières par la concurrence étrangère ! Longue vie à nos patrons milliardaires à nous !) :

 

https://blog.mondediplo.net/omerta-sur-une-catastrophe-industrielle-majeure

 

Bon, c’est le prix à payer pour nos vies trépidantes et bien douillettes :

 

https://www.ville-ideale.fr/acheres_78005

 

Et bientôt de plus beaux feux d’artifice encore, la télévision d’Etat stalinienne elle-même nous avait mis la puce à l’oreille peu après Mai 68 en tentant de s’opposer aux appels à la résistance écologique des jeunes générations révoltées de l’époque :

 

https://www.youtube.com/watch?v=2_asLzUjKAo

https://bureburebure.info/film-antinuc-1975-les-atomes-nous-veulent-ils-du-bien/

Tout ça, c’est  à cause des immigrés pour sûr, c’est un refrain qui est devenu imparable … Réflexions intéressantes d’une intellectuelle bien intégrée contre les militants universitaires de « l’intersectionnalité » qui ont dû bien plaire à Zemmour ou Finkielkraut je suppose :

 

https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/08/25/fatou-diome-la-rengaine-sur-la-colonisation-et-l-esclavage-est-devenue-un-fonds-de-commerce_5502730_3212.html

 

Tout comme ces militants confusionnistes et « diviseurs » au fond, elle défend, elle aussi, le statu quo dans nos sociétés de classes… il faut se donner les moyens de s’en sortir sans perdre son temps à geindre contre les discriminations diverses et variées inhérentes à ces sociétés, et donc s’insérer, sans grande critique, dans les rapports hiérarchiques, d’exploitation, d’inégalités, d’injustice, etc… Qu’il y ait  des dominés/exploités et des dominants/privilégiés ne la dérangent pas plus que ça tant que des Noirs, des Arabes, des musulmans, des immigrés, des femmes ou des LGBT puissent réussir dans ce monde, créateur d’injustices et d’inégalités partout sur la planète…

 

Il vaut mieux continuer à avoir une « conscience de classe » internationaliste bien évidemment (les exploités de tous les genres et de toutes les couleurs contre les privilégiés de toutes les couleurs et de tous les genres) que défendre un point de vue « identitaire », « de genre » ou « néo-colonial », une « conscience identitaire », mais ça à l’air de devenir de plus en plus compliqué avec l’explosion des migrations des jeunes gens connectés, et généralement diplômés, des pays pauvres vers les pays riches (Qui les convaincra que les pays riches ne sont pas des Eldorados égalitaires ? Qu’ils feraient mieux de faire la révolution dans leurs pays que de se faire exploiter sous nos cieux ?  Que nos libertés sont des libertés factices ? – Facile à dire quand on vit douillettement dans le confort et la sécurité… –  Pas les modestes militants donneurs de leçons et supérieurement intelligents qui partagent, peu ou prou, les idées de Zemmour ou Finkielkraut je le crains…)

 

https://www.revue-projet.com/articles/2002-4-motivations-et-attentes-de-migrants/

 

http://www.slate.fr/story/178011/union-europeenne-migrations-internes-flux-europe-est-sud-pays-riches-demographie

 

http://www.slate.fr/story/174141/populations-immigres-emigres-monde-repartition-proportion

 

http://www.histoire-immigration.fr/questions-contemporaines/les-migrations/la-mondialisation-accelere-t-elle-les-migrations

 

Cordialement.

Henri

[reçu par mail]

 

 

 

Rennes: Rejet de la demande de remise en liberté de vincenzo

Note d’Attaque : entre-temps, mercredi 25 septembre, une manifestation de quelques centaines de personnes a traversé Milan, pour terminer devant la prison de San Vittore avec une salutations aux prisonnier.e.s. Des devantures de banques et d’autres magasins, ainsi que des voitures, en ont fait les frais.

27/9 – Le tribunal donne un avis négatif à la demande de libération conditionnelle. Selon le jury, Vincenzo n’offre aucune garantie d’une éventuelle évasion.
Cette décision nous attriste mais ne nous surprend pas.
La bataille n’est pas finie, le match contre le transfert en Italie est toujours ouvert.
La lutte continue!
26/9 – L’audience pour l’assignation à résidence a eu lieu ce matin et contrairement à ce que l’on savait, elle n’a pas eu lieu par vidéoconférence, mais Vincenzo a été traduit devant un tribunal et, à son arrivée, la garnison de solidarité a pourrait le voir même si seulement pour quelques instants.
Ensuite, l’audience s’est déroulée à huis clos pour des raisons d’ordre public.
La résolution est prévue pour demain, à 10 heures.

Ce vendredi 27 septembre, la cour d’appel de Rennes a rejeté la demande de remise en liberté provisoire de Vincenzo (sous bracelet electronique).

« La justice française avait demandé un supplément d’information aux autorités judiciaires italiennes, avant le 10 octobre, afin de préciser différents points concernant les condamnations rendues en Italie: les peines maximales encourues pour les infractions pour lesquelles Vincenzo avait été condamné, «le délai de prescription de l’exécution de la peine» et, «dans l’hypothèse d’une remise, le régime d’exécution de la peine». Elle demande aussi à la justice italienne si la décision de la cour d’appel de Gênes «a été réformée par un arrêt de la Cour suprême de cassation», «dans l’affirmative (de) préciser la teneur de cette arrêt» et d’indiquer si cette condamnation «est définitive». »

La date de la prochaine audience n’a pas encore été fixée.

Reformulé par cracherdanslasoupe depuis la presse

adresse pour lui écrire:

Vincenzo Vecchi
n° d’écrou : 14944
Centre pénitentiaire de Rennes-Vezin
7, rue du Petit Pré
35747 – Vezin-le-Coquet

Lanouée( Morbihan): comment neutraliser un parc éolien

C’est à l’occasion d’un procès qui s’est tenu jeudi 19 septembre 2019 au tribunal correctionnel de Vannes, qu’on en apprend un peu plus sur le sabotage du parc éolien en Lanouée, près de Ploërmel (Morbihan). La nuit du 3 au 4 janvier 2019, au lieu-dit Rouvray, son transformateur électrique de 20 000 volts avait en effet été incendié par un groupe de gilets jaunes, provoquant de gros dégâts et son arrêt. Si plusieurs des sept arrêtés le 11 mars (suite à un « renseignement anonyme », hum, bien qu’ils aient pensé à laisser ailleurs leurs téléphones portables) ont parlé en garde à vue et certainement lâché ou confirmé des noms, puis ont reconnu les faits et les ont renié lors du procès, on peut tout de même souligner quelques faits :

* tout d’abord qu’il s’agit là d’un exemple de plus parmi les nombreux déjà listés, que des groupes auto-organisés de gilets jaunes (ici sept personnes âgées de 24 à 39 ans) ont non seulement entrepris des sabotages en dehors des émeutes du samedi, mais aussi qu’ils ont identifié des structures d’énergie ou de communication comme étant des cibles intéressantes pour eux.

* ensuite que des attaques importantes peuvent être menées avec des moyens simples (dans ce cas « un pied-de-biche, des pneus usagés et de la paille ») contre des structures de la domination disséminées à tous les coins de rue… ou de campagne. Techniquement, ils ont forcé la porte au pied de biche, puis ont bouté le feu à l’intérieur avec les pneus et la paille.

* enfin, qu’un parc éolien n’est pas seulement composé de simples tranfos, mais dispose aussi d’un dit « poste de livraison » crucial qui contrôle l’ensemble des éoliennes et peut donc tout arrêter, comme l’a révélé au procès l’exploitant de celui de Lanouée, Steag New énergie :

« Ce n’est pas un simple transformateur électrique qui a été incendié ce soir-là, souligne l’avocat de Steag New énergie, la société qui exploite les éoliennes. C’est le poste de livraison, le cœur du parc, le nœud de raccordement de toutes les éoliennes. » Et le préjudice est « extrêmement important » : plus de 575 000 €, comprenant le matériel détruit et la perte d’exploitation.«