Archives mensuelles : mai 2018

1er mai : Fiché-es donc… libéré-es ?

Indymedia Nantes / jeudi 17 mai 2018

Retour prépositif à propos de la répression qui a suivi la manifestation du premier mai à Paris.

Suite à la manif destructrice du 1er mai, les flics ont visiblement reçu l’ordre de faire beaucoup d’arrestations. Les malchanceux-ses ont pour une partie d’entre elleux eut la désagréable expérience de 48 heures de GAV, 20h au dépôt, et selon des critères inconnus soit un sermon devant le juge, une convocation pour un procès ultérieur, une mise en examen ou une comparution immédiate au nouveau TGI de Paris. La justice a relaxé les dossiers les plus vides, condamné à une amende pour un fumigène dans un sac, et distribué les contrôles judiciaires à celleux qui refusaient la comparution immédiate et à celleux mis-es en examen.

Les juges ont aussi envoyé quatre d’entre elleux en détention disant douter de leurs identités. Cette mesure vexatoire vise à décourager chacun-e d’essayer de chercher -et de trouver- des moyens de mettre son grain de sable dans l’engrenage de l’appareil répressif. Elle incarne l’esprit revanchard des flics et du parquet, qui n’ayant aucun délit constaté avant l’interpellation nous sort la bonne vieille loi anti-casseur version 2018, puis exige l’identité, les empreintes et l’ADN des manifestant-es arrêté-es. Si transporter un marteau, une cagoule, un masque à gaz, du sérum et des lunettes de protection ne suffit pas pour envoyer quelques jours au frais, le toupet supposé d’avoir voulu tromper les flics et refusé le fichage suffit à la justice pour les envoyer au trou.

On pourrait se dire au vu de ce bilan qu’il aurait été plus judicieux de se laisser ficher tranquillement juste parce qu’on s’est fait chopper au mauvais endroit, au mauvais moment.

Ou alors, et bien que chaque situation doit être appréciée en fonction de ce que chacun-e se sent de faire…

On peut tenter d’être nombreu-ses à s’inventer des noms fantaisistes.
Ou donner tout-te-s le même nom. Ou juste écorcher le sien…
Comme ça, compliqué pour eux de faire leur travail ! Des heures de recherches pour chaque vérif’ d’identité, chaque gardé-e à vue.
Puis si on est nombreux-ses en cellule, on peut échanger de noms, de fringues, etc.
Bref, leur compliquer la tache, foutre un peu le zbeul.

Comme ça, difficile pour les flics de différencier les professionnel-le3s du désordre des amateurices passionné-es.
Comme ça, difficile pour la justice de jouer sur des garanties de représentation classe sociale.
Comme ça, sans noms et sans profils, pas de journaleux, universitaires et politiciens pour enfermer nos révoltes dans leur cases.
Comme ça, on exprime de la solidarité envers celleux, sans papiers, délinquant-es, récidivistes, en cavale, interdit-es de territoire, copain-es qui veulent ou doivent passer entre les mailles de la justice.
Comme ça, et comme des milliers d’autres justiciables, militant-es ou non, on fait perdurer des pratiques que la société du tout contrôle veut éliminer.

Bien que ces exemples aient déjà fonctionné, tout n’est pas reproductible tout le temps partout, à chacun-e de trouver des billes pour enrayer la répression et tenter de déjouer les pièges tendus par ceux qui protègent ce monde.

Un grand coucou aux copain-es incarcéré-es.
La répression ne nous enlèvera jamais nos désirs de liberté,
Détruisons toutes les prisons !

Die (26150) Alerte ZAD NDDL : rassemblement jeudi 17 mai à 18h

relevé sur ricochets crest

Rdv 18h sous- préfecture  de Die car une nouvelle vague d’invasion militaire est en cours

Mise à jour du jeudi 17 mai

Une nouvelle attaque militaire massive est en cours aujourd’hui, qui a déjà commencé à détruire des lieux supplémentaires, donc rdv massivement à Die ce jeudi 17 mai à 18h, devant la préfecture.

-Covoiturages : départ 17h15 gare de Crest, 17h30 au pont à Saillans

-Infos sur Zad Nadir : https://zad.nadir.org/spip.php?arti…
-Sur Reporterre : https://reporterre.net/Une-nouvelle…

Dix-neuf escadrons de gendarmerie sont mobilisés pour cette deuxième opération d’invasion militaire, soit entre 1 500 et 1 700 gendarmes.

Résistance : de la Zad aux rails, nos luttes n’ont pas de frontières !

Retrouver un sens politique à la lutte actuelle à la ZAD de Notre Dame Des Landes( mise à jour)

note: on a trouvé ce  dépliant qui pourrait être distribué devant le Lycée Agricole du Valentin Avenue de Lyon 6500 BOURG LES VALENCE


(reçu par mail]

Salut,

Ci joint un texte( 1) écris par des agriculteurs et des agricultrices du
collectifs contre les normes. Le texte n’est pas signé du collectif
lui-même, faute d’aller-retour entre groupes locaux. Il revient sur la
situation actuelle à la ZAD et cette situation ubuesque qui voient deux
luttes croiser leurs perspectives. D’un côté, des agriculteurs et des
agricultrices et des personnes cherchant à trouver des moyens de
combattre la mise aux normes de leurs existences, et d’autres part des
gens impliqués à la ZAD dans un processus concerté et imposé de
normalisation. S’exerce là une critique de ce que l’idéologie de la
composition finit par fabriquer concrètement. Inutile de préciser que
les divisions qui se sont creusées là bas et dans bien des lieux
s’annoncent malheureusement durables et brutales.

Enfin et pour terminer sur une note un peu plus critique, plus que de
retrouver un sens politique la lutte de la ZAD mériterait au contraire
de s’en défaire. Tant les tenants des révolutions politiques en oublie
le sens social et humain de la lutte. N’oublions pas également que cet
appétit pour la composition en milieu radical est né entre autres dans
des luttes dites de territoires que nous avons avec d’autres ré-initiés,
et que nous n’avons alors pas assez nous mêmes interrogés la présence de
ces idéologues du citoyennismes… Même si nous étions une minorité à
les combattre en geste et en parole.

Anarchistement,
un rétif.

(1)texte Retrouver un sens politique à la lutte actuelle à la ZAD de Notre Dame Des Landes en PDF

le texte fait référence à ce texte

 

Publication : Avis de tempêtes # 5 – Mai 2018

 

« Prendre la rue en ordre dispersé, sous forme de groupes variés et mobiles où l’identité n’est plus de mise, plutôt qu’en blocs compacts intégrés au dispositif syndical et policier, voilà peut-être une piste que même le Premier mai historique peut encore nous transmettre. Une piste que les boutiques syndicales connaissent sur le bout des drapeaux, parce que la représentation et le défilé ordonné en cortèges ne se sont pas fait tous seuls et ont été justement été pensés comme une forme de maintien de l’ordre : c’est après l’émeute parisienne du 1er mai 1906 et surtout juste après celle spontanée du 13 octobre 1909 consécutive à l’assassinat de l’anarchiste espagnol Francisco Ferrer, que la Fédération socialiste de la Seine eut la bonne idée d’en organiser une seconde le 17 octobre, en négociant pour la première fois un parcours autorisé et encadré conjointement par les autorités et un service d’ordre « capable d’organiser et de discipliner une manifestation », selon L’Humanité de l’époque. Les autoritaires et les gestionnaires de la paix sociale que sont les partis politiques et les syndicats n’avaient en effet pas trouvé mieux que d’introduire ce nouveau mode pacificateur de la manifestation co-organisée avec l’État d’une place à une autre, pour tenter de mettre fin aux formes émeutières sauvages, qui étaient jusqu’alors le mode principal d’exprimer colère et revendication en prenant la rue sans parcours défini ni objectif centralisé. «

Pour lire, imprimer et diffuser ce petit bulletin autour de soi (il est
en format A5, et celui-ci fait 16 pages), on pourra retrouver chaque
nouveau numéro tous les 15 du mois, ainsi que les précédents, sur le
blog :

avisdetempetes.noblogs.org/

Hors-normes, L’État élimine les agriculteurs, 2017

note: le 18 mai   à Grenoble à Gap ça se bouge contre les normes,à valence c’est  celà

et vous n’avez encore rien vu…

Refusons les normes ! Évitons les balles !

Jérôme Laronze a été tué par les gendarmes le 20 mai 2017 [récit écrit et audio]. Au-delà du dégoût provoqué par ce meurtre, nous sommes nombreux à nous reconnaître dans son combat contre l’hyper-administration de nos vies en général et de l’agriculture en particulier. Continuons ensemble la lutte contre la gestion par les normes. C’est le sens de ce texte du Collectif d’agriculteurs contre les normes.

Ils ont tué Laronze

Jérôme Laronze, éleveur en Saône-et-Loire, a été tué le 20 mai 2017 par des gendarmes. Son nom vient s’ajouter à la longue liste des victimes des forces de l’ordre. Sa mort nous rappelle que les violences institutionnelles n’épargnent personne, pas même les agriculteurs.

Jérôme était harcelé depuis des années par l’administration agricole: contrôles à répétition, pénalités, menace de saisie du troupeau… Cette répression visait à le «mettre aux normes», lui qui refusait de répondre aux injonctions de traçabilité (bouclage des animaux, bordereau de circulation, prophylaxie, etc.). La pression croissante a franchi un seuil en 2016, lorsque les services vétérinaires ont fait appel aux gendarmes, pour effectuer leurs contrôles coûte que coûte.

Lors de leur dernière visite, pas moins de deux contrôleurs et quatre militaires en armes se sont présentés à la ferme par surprise. Pris au dépourvu, Jérôme a décidé de partir en cavale pour dénoncer les agissements de l’administration. Dans le Journal de Saône-et-Loire, il développait sa vision parfaitement claire de la situation:

«L’hyper administration n’apporte rien aux agriculteurs, sinon de l’humiliation et des brimades. Cela ne rapporte qu’aux marchands et aux intermédiaires. Mon cas est anecdotique, mais il illustre l’ultra-réglementation qui conduit à une destruction des paysans.»

Malheureusement, son échappée médiatique et politique s’est achevée sous les balles des gendarmes dix jours plus tard. Quand bon nombre de cultivateurs et d’éleveurs dépriment, abandonnent ou se suicident, Jérôme, lui, s’est opposé au système normatif et il a été abattu.

Alors que les services de l’État tentent de le discréditer pour excuser ses gendarmes 1, nous devons reconnaître à Jérôme sa lucidité et son courage dans ce combat qui touche tous les travailleurs de la terre. Le meurtre dont il est la victime rend la destruction des paysans plus visible que jamais.

L’État au service du Capital

L’ultra-réglementation dont il est question s’appuie sur des normes sanitaires et environnementales dont le nombre a explosé depuis vingt ans. Elles prétendent répondre aux problèmes actuels que sont la santé publique et la protection de l’environnement. Mais ces promesses toujours déçues, masquent l’objectif réel. La gestion par les normes ne sert qu’à écrémer la population agricole pour concentrer la production et les profits.

Si la dégradation de notre environnement et de notre santé est incontestable, les normes n’ont démontré ni leur nécessité, ni leur efficacité: aucune étude ne démontre le risque supposé des pratiques paysannes; aucun protocole industriel n’a empêché la vache folle, les algues vertes ou les lasagnes de cheval. Bien au contraire, l’industrialisation de l’agriculture s’est accompagnée de l’usage massif de produits toxiques pour la nature en général et pour les humains en particulier. La dégradation de nos conditions de vie est intimement liée au développement du modèle productiviste.

Pourtant ces normes, soigneusement agencées par les lobbys industriels, sont imposées à tous sous la forme de règlements. Le système normatif fait disparaître la singularité de chaque ferme et l’expérience du producteur au profit de procédures standardisées. Il nous réduit à de simples exécutants, dépossédés de nos savoir-faire, de nos cultures et de nos outils de travail. Il nous asphyxie financièrement et administrativement. Il dénature le sens de notre métier. Il nous transforme en travailleurs prolétarisés et nous pousse à quitter nos fermes. Il répond ainsi aux besoins de l’industrie: libérer du foncier d’un côté et de la main-d’œuvre précarisée de l’autre.

Les politiques, conseillés par les mêmes lobbys, ont mis en place des mesures financières pour accompagner les réglementations sanitaires et environnementales. Mais ces subventions et autres avantages fiscaux sont rarement accessibles aux fermes modestes car les investissements requis restent hors de portée. Seules les grosses exploitations peuvent y prétendre, et elles en profitent également pour accroître leurs énormes bénéfices en diversifiant leurs revenus (solaire, éolien, méthanisation…).

Ainsi, la gestion par les normes est devenue le principal levier des politiques agricoles pour éradiquer les petites et moyennes fermes, au profit de grandes exploitations et des fermes-usines. En dépit de tout résultat probant sur la santé et l’environnement, la combinaison des réglementations et des aides publiques donne à l’industrie les conditions et les moyens de sa prospérité. Jérôme l’avait bien compris. Il s’y est opposé et il en est mort.

Luttons ensemble pour exister

Il est temps de mettre fin à cette politique mortifère. Beaucoup d’entre nous refusent de se soumettre aux injonctions de l’État. Autant d’actes de résistance nécessaires, mais difficiles à assumer seul, face à une administration répressive et une justice de classe. Le meurtre de Jérôme sonne comme un avertissement: isolés, nous disparaîtrons tôt ou tard, sous les normes ou sous les balles. Seul un mouvement collectif permettra d’enrayer la machine qui nous broie.

Le syndicalisme a montré ses limites. Empêtré dans la cogestion, il ne peut plus être une force d’opposition. Sortons de l’hypocrisie. Il n’y a rien à négocier avec l’État français et son avatar européen qui concentrent les productions et organisent les rentes de situation pour les empires agroalimentaires. Il faut les empêcher de nuire par la désobéissance collective et l’action directe.

À l’instar de la lutte contre le puçage des brebis, il nous faut rétablir un rapport de force avec l’administration en organisant une présence collective sur les fermes lors des contrôles. Cette présence a le mérite de rompre avec l’humiliation, le sentiment d’impuissance et d’isolement. Mais compte tenu de la situation, nous devons aller plus loin. Il nous faut désormais refuser les contrôles collectivement et s’assurer qu’aucune sanction n’en résulte.

Refusons le système normatif qui tente de nous éliminer!

Pour rejoindre le mouvement, participer aux rassemblements et organiser la lutte, contactez-nous à l’adresse suivante: <hors.norme [at] riseup.net>.

Nous envisageons notamment une rencontre d’ici la fin du mois d’octobre 2017.

Collectif d’agriculteurs contre les normes,
18 août 2017.

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Écoutez l’émission de Radio Zinzine :

Pourquoi ont-ils tué Jérome Laronze ?

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A lire et écouter sur le même sujet :

éloge de la fermière par Benoît Duteurtre

Paris, France : Bloque ton lycée, attaque l’autorité !

 

sans attendre demain

Tract distribué dans les blocages et manifs à Paris, mai 2018:

La loi sur la sélection suscite une mobilisation qui semblait alors inattendue dans les facs. Le mouvement semble prendre forme et en région parisienne plusieurs établissements ont déjà été bloqués. Certains sont actuellement occupés comme à Nanterre ou Clignancourt. Mais où es-tu ? Es-tu seulement au courant de cette mobilisation ?

Toi qui subit cette sélection à longueur de journée ! Cette sélection qui décide à ta place ce qui est mieux pour toi. Qui décide déjà de ton éducation, de ta pensée, de toi, qui décide qui tu es sans te laisser le choix, en t’étouffant entre avertissements et punitions. Entre sanctions latentes et réelles. Avec la carotte du baccalauréat on te fait croire que ta vie se résume aux diplômes et à l’école. Tu es là où on te dit d’être, là où on te fait bouffer de la morale à longueur de journée, là où on te dicte un discours nationaliste et travailliste. Comme si ce discours était acquis et incontestable. A cela réponds : MORT AU TRAVAIL, MORT A LA FRANCE, MORT A L’AUTORITÉ SOUS TOUTES SES FORMES, (surveillants, profs, mots dans le carnet, colles) n’aie jamais peur, peur de l’école buissonnière, peur de répondre à un prof, peur de défier l’autorité qui cherche à te contrôler et non pas à te faire penser. Alors pense, agis, répond, sèche, bloque, brûle. Fais-les blêmir et rougir de leur incapacité à te contrôler. Par le travail, on veut t’empêcher de vivre. On t’en parle à longueur de journée, tes parents t’en parlent, le vivent, la télé t’en parle, les autres élèves t’en parlent, les devoirs, les notes et peut-être même tes parents sont là pour te le rappeler en permanence. As-tu vraiment envie d’être une marchandise toute ta vie ?

Tu es dépossédé depuis petit déjà quand à 7 heures du matin on te réveille pour te faire enfermer et gaver de force dans ces bâtiments sordides pour apprendre à te taire et obéir. Demande-toi pourquoi il y a des grilles. Elle ne servent à rien d’autre qu’à t’empêcher de t’enfuir. Pourquoi on contrôle l’heure à laquelle tu rentres et tu pars, pourquoi dois-tu être présent ? L’école est une prison. Elle t’enferme, te broie, t’annihile parce qu’on t’astreint à la passivité. Alors n’attends pas un appel du MILI (et autres organisations, partis, syndicats qui voudront s’emparer de ta rage), révolte-toi avec tes amis, bloque ton lycée, vient en manif et beaucoup plus si la volupté de la destruction t’emporte ! Ne demande pas plus de frites à la cantine, saccage la cantine, ne baisse pas la tête devant le CPE, répond lui, n’attends pas de mauvaises notes, crame ta copie ! Alors qu’attends-tu pour te révolter ?

C’est le moment de foutre la merde partout !

À TOUS LES LYCÉENS : BLOQUONS L’ÉCOLE, SABOTONS L’AUTORITÉ, ILLUMINE TA JOURNÉE BRÛLE TON LYCÉE !

[Publié sur non-fides, vendredi 11 mai 2018]

Le Creusot, France : Banque et assurances perdent leurs vitres

https://sansattendre.noblogs.org

Dans la petite ville tranquille du Creusot (du moins en apparence), quelques attaques nocturnes contre ceux qui spéculent sur nos vies bien ciblées ont eu lieu ces derniers temps: dans la nuit du 12 au 13 mai, l’agence du Crédit Agricole du Boulevard Henri-Paul Schneider, située à deux pas de L’arc et du cœur de ville, a été bombardée de pavés. De gros impacts sont visibles sur la porte d’entrée et quelques vitres. Sur le même boulevard, les vitres de deux agences de compagnies d’assurance ont également été explosées. Si la façade de l’agence de la MAAF a été bien étoilée, celle d’AXA a carrément été trouée. Bien joué !

[Reformulé de la presse locale]

[marcelsansfrontiere] Récit de la mort de M durant la course poursuite

[revuenunatak]

LA FRONTIÈRE TUE. LA MILITARISATION EST SON ARME

Une femme est morte. Un cadavre sans nom a été retrouvé mercredi près du
barrage de Prelles, dans la Durance, la rivière qui traverse Briançon.
Une femme noire, sans papiers, dont personne n’a déclaré la disparition.
Un corps sans vie et sans nom, comme les milliers qui sont retrouvés
dans le fond de la Méditerranée.
Cette mort n’est pas une disgrâce inattendue, ce n’est pas un hasard. La
montagne, la neige et le froid n’ont rien à voir là-dedans.
Cette mort a été annoncée par l’hiver qui vient de passer, par la
militarisation qui, ces derniers mois sévit dans ces montagnes et par
les dizaines des personnes hospitalisées après les blessures causées par
leur fuite vers la France. C’est une conséquence inévitable de la
politique de fermeture de la frontière et de la militarisation.
Ce décès n’est pas une fatalité. C’est un homicide, avec des
mandataires et des complices bien faciles à identifier.
En premier lieu les gouvernements, leur politique de fermeture de la
frontière, et chaque personne qui la soutient.
Gendarmes, police de l’air et des frontières, chasseurs alpins, et
maintenant ces ridicules néofascistes de Génération Identitaire, qui
patrouillent sur les chemins et les routes pour partir à la chasse aux
migrants qui cherchent un passage par ces cols. Ils traquent sur les
sentiers et dans la neige avec des motoneiges ; les attendent dans la
voiture, à l’affut, sur les routes qui amènent à Briançon et celles du
centre-ville. Beaucoup des cas cet hiver de personnes blessées et
conduites à l’hôpital font suite à des chutes dues aux fuites
consécutives aux contrôles de police.
Cette femme-là n’est qu’une des dizaines d’exilés qui, chaque jour,
cherchent à aller en France pour continuer leur vie. Pour ce faire, elle
a dû traverser à pied dans la neige, cette ligne imaginaire qu’ils
appellent frontière. En effet, la possibilité de voyager par des moyens
de transports sûrs lui a été refusée parce qu’elle ne disposait pas de
papiers en règle et par la politique raciste de contrôle qui actent à la
frontière. Après elle doit être descendue sur la route, parcourir les 17
kilomètres qui la séparaient de la ville. C’est pendant ce long trajet
qu’elle doit être tombée sur un blocage de la police, comme les
personnes refoulées le racontent souvent. Le groupe avec lequel elle
était, qui comme elle essayait de traverser la frontière s’est
probablement dispersé à la vue de la Police ou de la Gendarmerie qui
traquent les indésirables pour les attraper et les ramener en Italie :
l’habituel jeu de l’oie cette fois a tué.
Cette femme sans nom doit avoir glissé alors qu’elle essayait de
s’échapper et de se cacher, tuée par les contrôles policiers. L’autopsie
qui aura lieu à Grenoble dans la journée de lundi nous permettra d’avoir
des détails précis sur la cause de sa mort.

La frontière sépare et tue.
N’oublions pas qui sont les responsables.

12 mai, Refuge autogéré Chez Jesus

CHRONIQUES D’UNE MORT ANNONCÉE

Une semaine est passée depuis la mort de M. Cinq jours depuis que le
cadavre d’une jeune femme « peut-être migrante » a été retrouvé, dans le
fleuve qui passe sous Briançon, la Durance.
Voici les faits.
Un groupe d’une petite dizaine de personnes part de Clavière pour
rejoindre Briançon à pied. Nous sommes dimanche soir, et comme chaque
nuit les exilé·e·s qui tentent d’arriver en France se trouvent
obligé·e·s d’éviter la route autant que possible et de passer par la
montagne pour éviter les contrôles d’identité.

Le groupe commence son chemin, et puis se sépare : la femme a des
difficultés à marcher et a besoin d’aide et de soutien. Deux personnes
restent avec elle, et les trois se détachent du groupe. Ils marchent sur
la route, en se cachant dès qu’ils aperçoivent des lumières de phares ou
entendent des bruits.

La police a mis en place une véritable chasse aux migrant·e·s, plus
féroce que jamais ces derniers jours. Ils se cachent sur les sentiers,
pour surprendre, torches en main, ceux qui tentent la traversée, et font
des rondes en voiture sur les routes. Ils se postent aussi aux entrées
de Briançon, et à côté des carrefours, mettant en place de réels postes
de blocage.

Les trois personnes marchent pendant une quinzaine de kilomètres et se
trouve à 4 ou 5 kilomètres de Briançon. A la hauteur de la Vachette,
cinq agents de la police nationale les attendent. Ils surgissent de
derrière les arbres à gauche de la route. Il est entre quatre et cinq
heure du matin, Lundi 7 Mai. Les policiers se mettent à leur courir
après. Le groupe se met en fuite, et entre dans le village de la
Vachette. Un des trois réussit à se cacher, et les deux autres, un homme
et une femme, courent sur la route. L’homme court plus vite, il cherche
à attirer la police, qui parvient à l’attraper et le ramène directement
en Italie.
La femme, elle, disparaît.
La police continue ses recherches dans le village de la Vachette pendant
quatre heures. La rivière est en crue, et la police concentre ses
recherches sur les rives de la Durance et autour du pont. Puis ils s’en
vont. Cette façon de faire est tout à fait différents des pratiques
habituelles de la police, pendant ces nuits de contrôle : en général,
après avoir attrapé quelques personnes, ils ne recherchent les fugitifs
et fugitives restant·e·s que pendant quelques dizaines de minutes.
Les recherches concentrées dans la zone du fleuve indiquent clairement
que les policiers avaient compris que quelque chose de très grave avait
eu lieu.
50 heures plus tard, Mercredi 9 Mai, un cadavre de femme est retrouvé
bloqué à la digue de Prelles, à 10 km au Sud de Briançon. Il s’agit
d’une femme d’1 mètre 60, aux longs cheveux noirs tressés. Des
cicatrices sur le dos, un collier serti d’une pierre bleue.
Le Procureur de la République de Gap, Raphaël Balland, a annoncé la
nouvelle le jour suivant, en précisant que « Cette découverte ne
correspond à aucune disparition inquiétante. Pour le moment, nous
n’avons aucun élément qui nous permette d’identifier la personne et donc
de dire si il s’agit d’une personne migrante ».
Lourde déclaration du procureur. Les disparitions de personnes exilées
ne sont donc pas inquiétantes, sous prétexte qu’on ne les signale pas ?
Les soutiens de B. étaient au contraire très inquiets : mais comment se
tourner vers la police pour déclarer des disparus, quand ils risquent
d’être maltraités, et leurs soutiens réprimés ?
De plus, le procureur ment, car la police savait qu’une femme avait
disparu après une poursuite.
Très peu de journaux ont relevé la nouvelle. Il semblerait que personne
n’ait souhaité publier celle-ci. L’intérêt est d’ensevelir cette
histoire, pour éviter un scandale face aux violences policières. Deux
cas de femmes enceintes refoulées avaient déclenché des réactions
publiques en mars dernier.
Une enquête judiciaire a été ouverte et confiée à la gendarmerie afin
de déterminer les circonstances du décès. Le magistrat a annoncé que «
n’ayant pas d’éléments qui font penser à la nature criminelle du décès,
une enquête a été ouverte pour déterminer les causes de la mort ». Mais
cela aussi est faux. La nature du décès est criminelle.
Ce n’est pas une mort accidentelle, ce n’est pas une erreur. Ceci est un
homicide. Celui d’une jeune femme nigérianne de 21 ans.
Cinq policiers les ont poursuivis. Cette femme, M, est morte à cause
d’eux et de la politique qui dirige, contrôle et légitime leurs actions.
M. est morte parce que la frontière ne peut pas être traversée en
sécurité par les personnes sans papiers.
M. n’est pas morte à cause de la montagne, par erreur, elle n’est pas
morte dans la neige cet hiver. Elle est morte parce qu’elle était en
train d’essayer d’échapper à la police, qui s’adonne de façon toujours
plus violente à la chasse aux migrant·e·s.
Elle a été tuée par ces cinq agents, comme le système de la frontière le
leur ordonne.
Il s’agit d’un homicide avec des mandataires et des exécutants. Le
Procureur de Gap et la préfète sont autant responsables que les
policiers qui l’ont tuée, compte tenu des directives assassines qu’ils
donnent.
Les responsables sont aussi la magistrature et le tribunal, qui
criminalisent les solidaires qui cherchent à éviter ces morts en rendant
la traversée la plus sûre possible. Les responsables sont tous les
politiciens qui fondent leur campagne électorale sur la différence de
couleur de peau et de nationalité des personnes.
Si cela continue, les morts se multiplieront.

les frontières tuent comme toujours

la républica 14 mai

Migrante annegata a Briançon, l'accusa: "Morta per colpa dei gendarmi"

Migrante annegata a Briançon, l’accusa: « Morta per colpa dei gendarmi »

Elle est morte en s’échappant de la police « . La plainte vient de sous l’église occupée de Jésus, à Clavière, à la frontière italo-française, le jour où le procureur de Gap ont ordonné une autopsie sur le corps de la femme africaine retrouvée morte au barrage de  Prelles,sur la Durance, la rivière coule à travers Briançon. Pour le parquet, le cadavre est toujours sans nom et ne correspond à aucune alerte de disparition. Mais celui qui  cet hiver suit les mouvements des migrants au col Mongenevre peut reconstruire l’histoire.

B., comme ils l’appellent sur Facebook (mais l’organisation Boutique Tous les migrants spécifient un nom, Mathew Blessing, nigériane de 21 ans), était encore en vie lundi 7 mai et était avec un groupe d’une douzaine de migrants qui avaient quitté pour Claviere essayer d’atteindre Briançon. Elle était partie la nuit, les migrants essayant de traverser la route depuis des mois pour éviter les contrôles. Elle est la dernière en ligne, reste derrière avec deux autres. Ils sont surpris par la police de la Vachette, à quelques kilomètres de la destination, et commencent à quitter la route. C’est ici que les traces de la femme sont perdues. « La police concentre ses recherches sur les berges de la Durance puis, au bout d’un moment, elle s’en va », écrit le réseau de solidarité italo-français. Deux jours plus tard, mercredi, le corps d’une femme émerge de Durance. Pour le médecin légiste qui l’examine en premier, « il n’a pas été dans l’eau depuis longtemps ». L’autopsie permettra de vérifier qu’elle est morte noyée.

« Le juge suppose , parce que la police savait qu’une femme avait disparu après une poursuite. Très peu de journaux ont rapporté les nouvelles. Il semble que personne n’a été très intéressé à faire ressortir l’histoire, en effet. L’intérêt est d’étouffé  cette histoire, pour éviter d’autres scandales – nous relisons grace au  dépôt   de plainte – Ce n’est pas une mort accidentelle, ce n’est pas une erreur. Il y avait cinq policiers qui les poursuivaient. Cette femme, B., est morte à cause d’eux et d la politique des lois qui les dirige, contrôle et légitime leurs actions « .

Le réseau de soutien va organisé une manifestation mercredi matin à la frontière de Montgenèvre et une veillée funébre à Vachette à 20h30.

vallées en lutte:

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