Archives mensuelles : novembre 2017

Les Mujeres Libres et la question de la « non-mixité »

 note: une brochure  à disposition  dans l’infokiosque au laboratoire anarchiste

Mujeres Libres, c’est une organisation libertaire espagnole de masse qui a existé de 1936 à 1939 pendant la guerre civile espagnole et la révolution… Mais les Mujeres Libres, c’est aussi, et à ça ces 20 000 femmes ne peuvent plus grand-chose, une des quelques nouvelles coqueluches d’un certain féminisme d’aujourd’hui et en particulier des défenseurs des pratiques de « non-mixité » qui cherchent, en dépit de tout, à enraciner leur proposition politique dans une histoire des luttes révolutionnaires. A croire que s’inscrire dans une tradition historique (aussi éloignée soit-elle) est un moyen de palier à la faiblesse argumentative qui peut parfois même la masquer.
Elles n’y peuvent rien, mais pourtant leurs textes peuvent encore parler. C’est pourquoi nous sommes naïvement retournés lire ces textes, et ce que nous y avons trouvé nous semble justifier la réédition présente, assortie d’une introduction et débarrassée des notes qui, dans une édition récente, se sont donné pour étrange objectif de « corriger » les textes et d’orienter leur lecture pour les faire rentrer dans les schémas de pensée actuels de la postmodernité. Des schémas qui pourtant n’ont pas d’autre perspective que d’en finir avec celle des Mujeres Libres : la révolution (en l’occurrence, « sociale et libertaire », car il s’agit bien de militantes anarcho-syndicalistes).
Libre à chacun ainsi de relire Lucia Sanchez Saornil et de se faire un avis sur ce qu’il y aurait aujourd’hui à faire et à dire des textes de ces femmes dont la perspective explicite, comme les textes publiés ici le montrent, est d’imposer leur participation « en mixité » (avec des hommes, donc) à la lutte révolutionnaire, alors en cours dans l’Espagne des années 30.

Brochure éditée par Ravage Editions en collaboration avec le groupe de lecture de la bibliothèque Les Fleurs Arctiques à Paris, octobre 2017.

Sommaire :

  • Faire entrer les Mujeres Libres au panthéon du féminisme libéral ? 20 000 femmes, ça fait beaucoup… Notes de lectures sur les Mujeres Libres, la question de la « non-mixité » et le féminisme – P. 4
  • La récupération : Cas d’école – P.18
  • La Question féminine dans nos milieux Par Lucía Sánchez Saornil (1935) – p.22
  • Annexe : La non-mixité en question – Être en lutte ou être lutte ? – P.40

 

Télécharger MujeresLiberes-44p-A5.pdf

France] : Le numéro 1 de Kairos – Journal anarchiste, vient de paraître

 » En grec ancien, kairos désigne l’idée du moment opportun à saisir, ce l’occasion favorable, de l’instant propice qui permet le réussite d’une action au milieu des aléas du monde et des incertitudes des circonstances extérieures. pour cela, il est nécessaire de passer à la pratique, d’apprendre à saisir ce kairos, d’une part en cherchant à le reconnaitre sans se cacher derrière l’alibi facile des circonstances, d’autre part en se préparant à agir afin de ne pas laisser s’échapper cette occasion.
En somme, ce journal est un outil pour sortir de la pure abstraction des idées et inscrire notre discours dans une perspective pratique, dans une volonté de propager l’action offensive anarchiste et de tendre vers l’insurrection et le bouleversement de ce monde… »I

Cliquez sur l’image pour télécharger le PDF

Disponible aussi sur le site : kairosjournal

[ reçu par mail]

Vienne, Autriche : Attaques incendiaires contre les transports urbains et un collabo de la nouvelle centrale électrique à Graz

Vienne, Autriche: Attaque contre PORR et les « Wiener Linien »

Il y a près de deux semaines, nous avons mis le feu à un distributeur des « Wiener Linien » à la station de la ligne 4 „Schottenring“. Le distributeur a brûlé, détruisant certainement les tickets et l’argent…

Les Wiener Linien renforcent la surveillance par caméras dans les trains et les stations, ont depuis peu mis en place leur propre troupe d’agents de sécurité et le prix des tickets va de nouveau augmenter à partir de janvier prochain […]

Par ailleurs, nous avons incendié un bulldozer de l’entreprise PORR qui est entre autres responsable en partie de la destruction du fleuve de la Mur à Graz en construisant à cet endroit une énième centrale électrique. Ainsi nous voulons soutenir par une petite contribution la lutte des personnes en lutte contre le projet de centrale électrique à Graz. Malheureusement, l’incendie a été rapidement éteint par des citoyens vigilants qui passaient tout près, ce qui explique pourquoi le véhicule n’a pas totalement brûlé.

Nous voulons également faire part du fait que nous ne nous distançons en aucun cas des „délits“ commis à Graz et ailleurs.. (se reporter à l’article „Graz : Attaque contre les évictions et leur monde technologique), qui se dirigent contre le chantier de la centrale électrique, comme tant d’individus et de groupes l’ont fait.

En nous distanciant, nous rendons service uniquement à l’Etat et à ses sbires. La lutte est ainsi divisée en „bien“ (légale) et en „mal“ (illégale), ce qui fait uniquement obstacle à un mouvement large, déligitime les actions (peut-être parce que nous n’osons pas nous-mêmes?) et est totalement anti-solidaire. Nous ne parlons pas avec les autorités, pas même pour nous distancer.

Lutte contre la centrale électrique, par tous les moyens!

Et à bas cette société de merde…

 s[Traduit de l’allemand par sans attendre de contrainfo, 10. November 2017]

Paris, France : Compte-rendu du procès du 8 novembre pour provocation

Le 8 novembre 2017, devant la 17e chambre correctionnelle du tribunal de Paris composée de juges spécialisés dans le domaine des délits de presse, devait passer un compagnon accusé d’une double provocation.

Les sourires du crime
Un compte-rendu du procès du 8 novembre à Paris pour provocation

Le 8 novembre 2017, devant la 17e chambre correctionnelle du tribunal de Paris composée de juges spécialisés dans le domaine des délits de presse, devait passer un compagnon accusé d’une double provocation. Une première portant «à la commission de dégradations et détériorations volontaires dangereuses pour les personnes», et une seconde portant «à la commission d’une atteinte volontaire à la vie». En langage ordinaire cela donne «appel à la destruction» et «appel au meurtre de flics», pour d’avoir reproduit le 18 février sur le site cettesemaine.info une invitation passée la veille sur Indymedia Nantes, et invitant à un apéro-discussion solidaire avec les inculpés de l’attaque incendiaire de la keufmobile en mai 2016. Inculpés qui ont pris en septembre dernier de lourdes condamnations de 1 à 7 ans de prison.

Deux mots sur le dossier

Comme il n’est pas forcément inutile par les temps qui courent d’apporter quelques précisions techniques, on posera simplement ici le déroulé de la construction du dossier judiciaire. Tout d’abord, il s’agit d’une plainte initiée par le ministère de l’Intérieur contre un site anarchiste.

Le 18 février, jour même de reproduction du texte sur cettesemaine.info, la plate-forme PHAROS reçoit une dénonciation anonyme, se saisit de l’affaire, et c’est donc tout d’abord l’OCLTIC (Office Central de Lutte contre la Criminalité liée aux Technologies de l’Information et de la Communication) basé à Nanterre qui gère l’affaire. Les deux phrases incriminées resteront les mêmes du début à la fin. Rappelons-les une fois pour toutes : « Nous ne demanderons pas justice, pas plus que nous ne parlerons d’ «innocence» ou de «culpabilité» car nous détestons la justice autant que les flics et l’ordre qu’ils défendent. Répandons plutôt le désordre et le feu partout où ces ordures nous pourrissent la vie ! » ; et « À la 1ère, à la 2ème, à la 3ème voiture brulée, on aime tou-te-s les grillades de condés ! » Dénichant rapidement un IP et un domicile qui lui correspond suite à une demande à l’hébergeur commercial de ce site (OVH), le seul IP qui s’est connecté à la partie administration du site en question ce jour-là, l’OCLTIC boucle son sale travail dès le 22 février. Il retient initialement la qualification d’ « apologie de terrorisme » puis finalement celle qui restera, de « provocation non suivie d’effet au crime ou au délit ». Cela tombe d’ailleurs bien, puisque l’IP correspond à celui d’un ennemi déclaré de l’Etat, un « individu connu des services de Police pour des faits de violences volontaires, vol avec effractions et de nombreuses destructions/dégradations en qualité de mis en cause», selon le fichier de Traitement des Antécédents Judiciaires reproduit avec délectation dans la procédure.

Puis, sur instructions officielles de l’Etat-Major de la police judiciaire de la préfecture de Paris, l’OPJ zélée transmet directement la procédure à… la Direction du Renseignement de la dite préfecture (DRPP), soit la section locale de la DCRI. Ce sont ces derniers, dont la réputation en matière de terrorisme d’Etat n’est plus à faire, qui vont garder sous le coude la procédure du 22 février au 5 avril, sans jamais plus apparaître dans le dossier. C’est aussi chez eux que s’opère un second choix : celui de continuer les poursuites, en confiant début avril l’enquête préliminaire à une seconde brigade, la BRDP (Brigade de répression de la délinquance à la personne).

La BRDP va travailler du 5 avril au 23 juin 2017 en étudiant de nombreuses pistes qui ne la mèneront nulle part : étude de la carte prépayée et du téléphone laissé pour payer le serveur, étude du titulaire de la boîte postale ouverte en province au nom du journal «Cette Semaine» qui a précédé le site incriminé, étude du mail de contact du site et du mail de contact avec le serveur, etc. Pour tenter d’y voir plus clair à partir de l’IP déniché, seul élément en leur possession, la BRDP va directement demander une perquisition au domicile de l’anarchiste concerné. Pour la justifier auprès du procureur et du JLD, elle va arguer que l’intéressé est «susceptible de ne pas répondre aux convocations» et préciser que «cet individu appartient à la mouvance anarcho-autonome, pouvant se livrer à des actions violentes, et refusant systématiquement de coopérer avec les services de l’Etat». La date choisie est celle de l’entre-deux tours à l’élection présidentielle, le 26 avril, et l’anarchiste notoire étant absent, elle défoncera les maigres panneaux de bois de la porte, s’emparera du matériel désiré et désignera deux témoins d’office pour la perquisition. Un récit existe déjà ici. Le compagnon se rendra dans leurs services pour savoir de quoi il en retourne (un simple numéro de téléphone avait été scotché sur les restes de la porte) le 10 mai, et, notera le brigadier de service dans ses conclusions, « Monsieur X refusait, comme attendu, de coopérer avec nos services, refusant de répondre à toute question ». Au cours de l’été arriveront une série de recommandés postaux des huissiers de justice, fixant une audience-relais le 11 octobre devant la 17e chambre, puis une audience de fond le 8 novembre dernier. Pour ne pas interférer avec le procès du quai de Valmy en septembre bien que les deux soient en partie liés puisque le point de départ technique est un texte solidaire avec l’incendie de la keufmobile, le compagnon choisira plutôt de rendre public la seconde date, et libre à chacun-e de s’en emparer à sa manière.

Plusieurs textes anonymes ont ainsi circulé en octobre, comme cet appel à une discussion publique à Paris le 31 octobre « pour discuter de comment continuer à poser des mots solidaires sur les actes de révolte qui nous parlent, sans transiger avec la nécessité de porter des idées et sans nous cacher derrière la défense de la liberté d’expression » ou encore cet Almanach illustré du soir tiré à des milliers d’exemplaires, mais aussi deux appels à se rendre au procès («ne laissons pas [la justice] accomplir sa sale besogne dans le calme»), sans compter les autocollants reproduisant dans la rue les phrases incriminées (et qu’on retrouvera aussi dans le tribunal).

Deux mots sur le procès

Les boiseries de la 17e chambre étaient noires ce 8 novembre. Noires de nuées de robes d’avocats qui discutent avec le président pour des histoires de reportage télé, d’injures ou de diffamations, noires aussi de la colère d’une vingtaine d’anarchistes et anti-autoritaires sur les bancs du public habituellement déserts. Après une demie-heure technique où tout ce beau monde fixe des dates, le président Thomas Rondeau, Môssieur police-de-l’audience bien campé derrière ses petites lunettes dorées d’arrogance et de pouvoir, décide que la première des trois plaidoiries sera la nôtre.

Le compagnon est appelé à la barre. C’est un assesseur qui mène les débats. Il assène que tout cela doit rester serein, et l’inculpé lui répond immédiatement que cela dépend largement d’eux aussi, qu’il y a deux côtés antagoniques. Commence la formalité de l’identité, et plutôt que de la décliner en demandant des «oui» de confirmation à l’intéressé, l’assesseur tente un mode flic : nom, prénom, date de naissance, adresse. Ca commence donc forcément à coincer, et dès la date de naissance. -«C’est écrit un peu partout dans le dossier !», -«oui mais j’ai besoin de vous l’entendre dire», – «vous sous-entendez que la police a utilisé des faux-papiers dans le dossier ? c’est xx/xx/xxx», – «dites-la normalement !» et voici que le compagnon se met à épeler lettre par lettre le mois le plus long de l’année, le président police-de-l’audience et son assesseur commencent à bouillir. -«votre adresse ?» -«celle où vos collègues sont venus perquistionner, c’est écrit dans le dossier» -«c’est bien la votre ?» -«Mettez donc adresse présumée dans vos fiches, c’est xx». Puis l’assesseur commence la lecture du résumé de l’affaire en lisant les phrases incriminées. – « Répandez le désordre et le feu…» – «Non, c’est Répandons !» – «Vous aurez la parole tout à l’heure !» – «Oui, mais c’est Répandons, pas Répandez !» recoupe l’inculpé avec un petit sourire. Et c’est bien tout ce qui se passera à la barre ce jour-là en présence du compagnon. Sur ce second petit moment de confrontation avec les règles tacites d’une justice bien rendue où on doit s’écraser sans broncher, le président police-de-l’audience saisit soudain son micro et demande aux deux gendarmes présents d’expulser trois solidaires assis dans le public qui ont souri. Ces derniers protestent et refusent de bouger. – « On ne sourit pas, l’audience doit se dérouler dans le calme. L’audience est suspendue jusqu’à votre expulsion !» Puis la cour se barre dans son arrière-salle.
S’en suit un moment de stupéfaction, où les deux gendarmes tentent en vain de parlementer sous les quolibets, puis sont renforcés en vain par trois autres, qui devant leur impuissance appellent des renforts. Des commentaires fusent à haute voix dans la salle contre la démocratie, la justice. Le compagnon inculpé a quitté la barre immédiatement et rejoint les solidaires. Il tente une phrase sur la situation. – « Une justice protégée par des militaires en arme en dit long sur… » – « Outrage, outrage ! » gueule aussitôt la procureure restée au fond pour tchatcher avec la greffière, avant même d’avoir entendu la suite outrageante. – « Ca en dit long sur ce que vous alliez plaider au nom du ministère de l’Intérieur et de la DRPP ! » – « Je note, monsieur X, je note vos propos ! » Elle ne la ferme que lorsqu’elle est assaillie de tutoiements venus du public qui la prennent à partie, et se retire à son tour à l’abri des regards et des quolibets.
Une petite troupe de gendarmes énervés déboule alors dans la salle, certains reconnaissent des visages connus pour s’être confrontés à eux tout au long du procès de la keufmobile cramée qui s’est déroulé un mois et demi plus tôt. Ils tentent de se saisir des trois importuns au sourire narquois, une grande partie du public se lève alors et intervient (l’inculpé y compris). Ils sont plus nombreux, gantés et énervés (mais pas plus que nous), poussent et bousculent tout le monde vers la sortie de la salle, puis décident de nous accompagner jusqu’à la sortie du tribunal dans la rue. Résonne alors en choeur dans le palais d’infâmie le slogan «tout le monde déteste la justice» jusque dans la cour, tandis que des centaines de papillons reproduisant les phrases incriminées volent dans les airs, avant un ultime « De Limoges à Grenoble, vivent les casernes de gendarmerie en feu» lancé à la face des hommes en uniforme avant de franchir les grilles. On apprend par la suite que les gendarmes chargés de l’entrée au tribunal ont sévèrement filtré plusieurs solidaires, conduisant à les retarder ou pour l’un à l’accompagner physiquement jusque dans la chapelle du tribunal, vu qu’il avait emprunté la file des touristes pour gagner du temps.

Du côté de la salle quasi-déserte, ça pue un peu qu’à l’ordinaire. Des boules puantes ont appesanti l’atmosphère, et la suspension d’audience sera plus longue que prévue, les gendarmes ayant été contraints d’ouvrir les fenêtres. Les petites souris solidaires qui sont restées pour entendre le reste du procès sont fouillées pour re-rentrer dans la salle, sauf le RG qui présente simplement et sans vergogne sa carte police aux gendarmes. L’assesseur reprend alors son résumé de l’affaire, insistant sur le fait que le compagnon a été entendu par les services de police mais n’a répondu à aucune question, qu’il a installé un logiciel du «dark net» sur son ordinateur, etc. En l’absence de la plupart du public, de l’inculpé et de son avocat, le procès est plus facile, et c’est au tour de la procureure de faire son show vengeur. Elle met en avant l’ «extrême gravité des propos», aggravée par l’attitude du compagnon inculpé, concluant par un «de toute façon je ne m’attendais à aucune décence de la part de la défense». Toute sa plaidoirie va s’articuler autour d’un point de droit pour récuser les conclusions écrites de la défense (à défaut d’être orales), puis d’un second sur cette question de la «décence».
Concernant la première phrase, «Nous détestons… Répandons plutôt…», elle repousse les jurisprudences utilisées par la défense comme trop anciennes, qui disent que pour être directe, la provocation doit être précise. La procureure s’indigne ainsi qu’on ait osé invoquer la chanson de Johnny Hallyday «Allumer le feu» pour mettre en avant le côté festif et agitateur de cette pratique. La salle ne peut s’empêcher de rire, et même un juge est contaminé, sans toutefois être expulsé… Elle reprend en disant que ces propos interviennent dans le contexte de l’affaire du quai de Valmy, et que «répandre le feu» concerne le fait de brûler des voitures de flics, sachant que sa jurisprudence à elle en matière de provocation concerne avant tout «l’état d’esprit propre à susciter le crime». Les anarchistes étant décidément bien trop «indécents» à son goût et dotés d’un «état d’esprit» rédhibitoire, elle demande la condamnation.
Concernant la seconde phrase sur les «on aime tous-te-s les grillades de condés», elle en revient d’abord à la «décence». La défense s’est en effet permis de faire remarquer que l’emploi du verbe «aimer» peut se référer au plaisir de griller des policiers ou encore au plaisir qu’ont les policiers à faire des grillades et que ma foi, en matière de goûts, hein… Face à «l’indécence» de cet argumentaire, elle affirme d’une part qu’il s’agit d’une apologie, et d’autre part que comme le début de la phrase est «à la première, à la deuxième, à la troisième voiture», il s’agit en réalité bien d’une provocation, demandant là-aussi une condamnation.
Cerise sur le gâteau, elle conclut en disant être bien consciente que le compagnon n’a pas écrit ces propos puisqu’ils ont été repris d’Indymedia Nantes, un site qui ne fournit jamais les IP et publie ce genre «d’articles poubelle», mais que cela n’y change rien puisqu’il les a repris à son compte.

La procureure demande donc une condamnation volontairement sévère, selon ses dires, à un an de prison avec sursis, précisant que l’absence de casier de l’intéressé a été pris en compte, et que sinon elle aurait demandé plus. Les juges fixent ensuite la date du rendu, ce sera le 21 décembre à 13h30, même chambre.

Cette affaire, gérée du début à la fin par le ministère de l’Intérieur est révélatrice de la pression et du chantage que l’Etat entend désormais aussi renforcer contre les subversifs anti-autoritaires. La classique manoeuvre d’en choisir quelques-uns pour adresser un message à tous, de tenter de briser les vases communicants entre des idées et des actes de révolte et plus généralement de punir par un moyen ou un autre celles et ceux qui s’opposent à lui, qui plus est lorsqu’ils ne s’en cachent pas, ne changera pas la donne. Les actes d’insoumission n’ont besoin d’aucune provocation ou incitation pour se répandre, et les idées qui les défendent sont bien trop libres pour passer sous les fourches caudines du code pénal et de toute justice. Ce procès n’a été qu’un (tout) petit moment de conflictualité dans un monde où les puissants s’engraissent à l’infini sur la misère et l’exploitation, où ils empoisonnent la terre au nom du profit et assassinent des milliers d’êtres humains à leurs frontières parce qu’ils n’ont pas le petit bout de papier nécessaire. Un monde d’autorité qu’il est plus que temps de détruire.

La solidarité c’est l’attaque, avec indécence et un état d’esprit bien acéré
Vive l’anarchie !

[Publié sur indymedia nantes, jeudi 9 novembre 2017]

Stickers vus sur les murs du tribunal de Paris, le jour du procès du 8 nov. 2017

Le procès avait à peine commencé que des frictions verbales ont eu lieu entre un des juges (un des « assesseurs ») et le copain inculpé, sur des trucs assez futiles. Dans la salle, deux-trois personnes ont esquissé un sourire, et le juge principal/central a pété les plombs direct: « les trois là-bas, vous sortez ! ». Refus logique et serein des trois personnes visées. Le juge appelle les gendarmes présents dans la salle à les faire dégager, et comme les trois personnes refusent encore et encore, le juge suspend la séance et des gendarmes déboulent en nombre dans la salle pour expulser les trois personnes-qui-ont-souri (outrage ! scandale ! rébellion !?). Une grande majorité des personnes présentes se lèvent en solidarité avec les personnes-qui-ont-souri, s’interposent entre elles et les gendarmes, et au final c’est pratiquement tout le monde qui sort du tribunal, y compris le copain inculpé.

Les gendarmes raccompagnent tout le monde vers la sortie, sous les colibets et les slogans hostiles à la Justice, des petits papiers avec une punchline contre la Justice sont lancés ici et là.

Peu de temps après, le procès reprend comme si de rien n’était, sans le prévenu/inculpé, sans avocat, pratiquement sans « public », mais avec quelques gendarmes au cas où.

Ça parle de cettesemaine.info, d’adresse IP, de perquise, de saisie de matériel informatique, d’indices condordants. Ça parle aussi de tor-browser (mais visiblement pas utilisé systématiquement) et de ces satanés sites Indymedia, connus pour ne lâcher aucune info à la police ou à la Justice, leur opacité faisant rager la proc’ (gros bisous aux Indymedias ! ça faisait plaisir d’entendre ça).

La proc’ a essayé de faire comprendre pourquoi cette affaire est sérieuse en dénonçant l’ironie du dossier de la défense qui compare le texte incriminé à la chanson de Johnny Hallyday « Allumer le feu ». Elle a même reproché à un des juges d’en sourire (qui pour le coup était à deux doigts de se faire sortir !).

Elle a terminé son discours en demandant aux juges « d’entrer en voie de condamnation », « très sévèrement » malgré le casier vierge de l’inculpé: douze mois de prison avec sursis.

Délibéré, jeudi 21 décembre, à 13h30.

[Publié sur Indymedia Nantes (publié en commentaire à l’appel « Rendez-vous au procès contre le texte appelant à un apéro-discussion« ), mercredi 8 novembre 2017]

Apéro- discussion autour du procès mercredi 15 novembre à 19h30 au Laboratoire anarchiste

En juillet 2017, une discussion «  contre la prison et ses adorateurs » s’est déroulée au laboratoire

Retrouvons-nous mercredi  15 novembre à 19 h 30, pour discuter de comment continuer à poser des mots solidaires sur les actes de révolte qui nous parlent.

Les causeries qui se déroulent dans ce lieu ont pour but de s’auto-former sur différents sujets politiques dans un cadre convivial et sans que personne ne détienne une position de pouvoir qui s’apparenterait à celle d’un juge.
A tour de rôle et à haute voix on lit l’un des textes proposés (sans obligations évidemment), on se l’explique et débat dessus avant de prendre une pause pour manger papoter et enchaîner sur un autre texte et ainsi de suite.

Une brochure de Pierre KropotkineL’organisation de la vindicte populaire appelée justice,100 portraits contre l’État policier du collectif Case Rebelle et une autre brochure de Marina. Lettre depuis la MAF de Fleury-Mérogis

L’ordre de lecture sera tiré au hasard, mais la plupart des textes seront imprimés et vous pourrez repartir avec !

tu peux faire circuler l’affiche de la soirée

Pierre Kropotkine L’organisation de la vindicte populaire appelée justice,

« L’étude du développement des institutions amène forcément à la conclusion que l’Etat et la Justice — c’est-à-dire le juge, le tribunal, institués spéciale­ment pour établir la justice dans la société — sont deux institutions qui, non seulement coexistent dans l’histoire, mais sont intimement liées entre elles par des liens de cause et effet. L’institution de juges spécialement désignés pour appliquer les punitions de la loi à ceux qui l’auront violée, amène nécessai­rement la constitution de l’Etat. Et quiconque admet la nécessité du juge et du tribunal spécialement désignés pour cette fonction, avec tout le système de lois et de punitions qui en découlent, admet par cela même la nécessité de l’Etat. Il a besoin d’un corps qui édicte les lois, de l’uniformité des codes, de l’université pour enseigner l’interprétation et la fabrication des lois, d’un système de geôles et de bourreaux, de la police et d’une armée au service de l’Etat.

 

Nous qualifions de vol ou d’u­surpation légalisée les droits de propriété sur le sol et le capital social ; nous nions ces droits. Nous qualifions de monopoles, constitués par une Mafia gouvernante, les droits acquis par les sociétés d’actionnaires des chemins de fer, de gaz, etc. Nous qualifions d’usurpateurs nos gouvernants puissam­ment organisés pour nous tenir sous leur tutelle. Et nous qualifions de brigands les Etats qui se ruent les uns sur les autres avec des buts de conquête.

(…)

Alors l’Etat — la force qui est placée au-dessus de la Société et qui fatalement cherche à centraliser, à agrandir ses pouvoirs — est constitué et durera, jusqu’à ce qu’une nouvelle révolution vienne le renverser.

(…)

Et si nous croyons l’homme capable d’arriver un jour à se passer de patrons, c’est simplement par habitude et par pa­resse de la pensée que nous ne sommes pas arrivés à comprendre que les hommes qui se passeront de patrons seront assez intelligents pour se passer de patrons en morale — des juges et de la police. Tout comme ils chercheront et trouveront le moyen de satisfaire leurs besoins sans patrons, ils sauront trouver les moyens (déjà amplement indiqués) d’aug­menter la sociabilité humaine et d’empêcher les êtres trop emportés ou antisociables par nature (existent-ils seulement ?) d’être un danger pour la société.

(…)

La vindicte sociétaire organisée, appelée Jus­tice, est une survivance d’un passé de servitude, développée d’une part par les intérêts des classes privilégiées et d’autre part par les idées du droit romain et celles de vengeance divine qui font tout aussi bien l’essence du christianisme que ses idées de pardon et sa négation de la vengeance humaine.

L’organisation de la vengeance sociétaire sous le nom de Justice est corrélative dans l’histoire avec la phase Etat. Logiquement aussi, elle en est insé­parable.


 

Compteurs Linky : la guerre éclair rêvée d’Enedis

note:  il y a un début d’opposition au compteur linky à valence, qui est passé par une réunion publique le 9 novembre. On donne des éléments non évoqués dans cette réunion, cette information vient de https://lamouetteenragee.noblogs.org

Nous avons déjà évoqué la campagne de refus des « compteurs intelligents » Linky * qu’Enedis ( ex ERDF ), avec le soutien assuré de l’État, entendait imposer à quelques 35 millions de foyer en cinq ans seulement. À l’époque, il s’agissait de présenter l’opération comme une banale évolution informatisée de la gestion de notre consommation d’électricité. Las ! Quelques usagers – on dit maintenant clients – ont dévoilé les caractères nocif, dangereux et liberticide inavoués du Linky, sont entrés en résistance et ont essaimé.

Sur fond d’opacité volontaire,de mensonge organisé, de désinformation érigée en système, c’est au pas de charge qu’Enedis installe désormais ses compteurs new-look. Il est en effet crucial pour l’entreprise du smart grid de prendre de vitesse les récalcitrants et pour cela tous les moyens, légaux ou pas, sont bons.

L’enrôlement

«39 000 salariés, le groupe, qui revendique «une culture d’ingénieurs», compte «40% cadres, 10% intermédiaire et 50% de techniciens» »  peut-on apprendre de  Chantal Gernemont, directrice du numérique chez Enedis. Les hommes du rang sont donc issus d’une autre « culture ». Ils seront recrutés chez ou par : Agiscom, ERS, LS services, Sera Airria, Atlan’tech, GMV, OTI, Setelen, Chavinier, Parera, Phinelec, SFATD, DSTPE, Link Elec Solutions, Satelec et le groupe européen coté en bourse Solutions 30, les seize boîtes de élues en 2015 par ERDF, une trentaine aujourd’hui. L’embrigadement sera confié aux professionnels que sont Pôle emploi, les têtes de file de l’intérim Manpower, Adecco et Randstad mais aussi Indeed ou Qapa sur le net. Et tous les autres, même la rubrique des offres d’emploi du magazine L’Étudiant est mise à contribution ; vivier de précaires oblige… Bref, le ban et l’arrière ban des marchands de gagne-pain.
« Devenir poseur Linky, c’est simple et très rapide avec l’Afpa » ! C’est le credo de l’organisme de formation classique et acteur du service public de l’emploi (SPE) dont la situation sur un marché particulièrement concurrentiel est on ne peut plus fragile. L’Afpa propose une formation, en amont  de celle dévolue au recruteur, en trois modules courts ( entre 3 et 9 jours ) pour augmenter ses chances au d’accéder au job. Dans la pratique, n’importe qui peut postuler, l’Apave transformera le chômeur en poseur en 21 jours. « Entre septembre et décembre 2015, cette société [avait] ainsi déjà formé cent cinquante agents venus de tous les horizons professionnels. » Après cet entraînement accéléré, l’incorporation sera facilité par la vieille recette des contrats aidés.(1)

Une fois embauché le soldat du Linky sera confronté à un autre boulot que la simple pose d’un compteur. Il devra aller au contact du client. Si ce dernier est docile, pas informé ou embobiné, tout se passera bien, dans le cas contraire…(2)

 

Le terrain

Dans le cas contraire, l’état major a prévu une feuille de route pour réagir à l’épreuve du feu. Une fiche intitulée « Que faire face au refus sur le terrain ? Situation poseurs » est remise aux recrues pour palier aux difficultés de la mission.
Pas suffisant semble-t-il ! Témoignage d’un poseur, qui a tenu cinq mois sur cet emploi, atteste du sale boulot à accomplir :« j’avais l’impression d’être une sorte de SS ou de Gestapo chargé d’imposer un poison chez les gens [ …] Nous avons pour consigne de tout faire pour convaincre les récalcitrants, témoigne Marco ( le prénom est changé ). Aux mensonges et menaces par courriers, coups de fil et SMS à répétition de la part d’Enedis, s’ajoutent les visites des techniciens qui vont défiler toute la journée pour les faire craquer. ».(3)
Ainsi la réalité d’un coup de force est-elle partagée par les abonnés avertis et des travailleurs de terrain qui ne laissent pas leur conscience au vestiaire.

Tous les employés des sous-traitants d’Enedis n’ont pour autant pas de ces états d’âme. Soumis à leur besoin d’argent – un peu comme des contrebandiers de base qui chassent le gorille ou le rhinocéros –, ils font le job , touchent le salaire, d-ailleurs variable d’une boîte à l’autre, avec voiture de service, avantages éventuels ( panier repas, caisse à outils fournie… ) et… une prime variable sur objectifs. Voilà qui nourrit les vocations de mercenaires.
Et le résultat ne se fait pas attendre pour poser le Linky par la force ; les coups-de-main se multiplient : violations de domicile, effractions, mesures de rétorsion (coupure du courant), menaces d’amendes ou de facturation et même maltraitance et agressions physiques !(4)

Harcèlement, intimidation, menaces… les méthodes maffieuses déployées contre les particuliers se conjuguent aux pressions exercées sur les communes, les plus petites notamment. Exemples d’intimidation :

  • Avec l’appui de l’État, Enedis a mis en œuvre sa campagne en établissant des têtes de pont sur de très petites communes. Le plus souvent, en début de conquête surtout, ni les habitants ni les maires n’étaient informés – en tout cas pas par les institutions ni l’industrie de l’énergie – du caractère inquiétant du Linky. Mais dès les premiers échos, toute tentative de rébellion a été matée. Ainsi un village de 160 habitants en Dordogne, a voté le 6 avril 2016 une délibération en conseil municipal refusant l’installation de ces compteurs sur la commune. Or, c’est une décision que seul le maire est habilité à prendre. La Préfecture, donc l »État, en allié objectif d’Enedis, s’engouffre aussitôt dans la brèche demande une suspension de la délibération qu’elle obtient du tribunal administratif de Bordeaux et qui, en sus condamne la commune « non pas [à] une amende à l’État mais des frais ( 1200 euros ndlr ) pour un cabinet privé venu à la rescousse de la préfecture ( qui n’était pas représentée à l’audience ) ».(5)
  • Une commune de 274 habitants dans les Alpes-Maritimes, a, elle, reçu un appel du préfet local pour lui ordonner de retirer sa délibération refusant le compteur, le lendemain même du vote.(5)
  • En Bretagne, Enedis implante durant leur absence un Linky chez les particuliers. Chez l’un d’eux, le maire décide d’intervenir pour faire stopper les travaux. Résultat : « Avec l’accord d’Enedis, le prestataire, Atlantech, a fait venir la gendarmerie sur place ! ». Le maire avait demandé à ce qu’aucun compteur ne soit posé, le temps d’obtenir les résultats de l’étude de l’Anses sur le sujet. Réplique : une mise en recours gracieux contre son mandat d’élu. Le maire saisit l’Association des maires de France (AMF). D’autant que, selon lui, le Syndicat départemental d’énergie du Finistère (Sdef) « a reçu un mail de la part d’Enedis, mettant en cause la mauvaise volonté des communes à
    informer leurs administrés.(5)

Une vaste campagne de nombres de présidents de Syndicat départementaux d’énergie a été lancée pour renoncer « spontanément » à s’opposer à l’installation des compteurs Linky. Les éléments de langage de ces courriers pratiquement identiques sont ceux d’Enedis. Parallèlement, des préfets montrent un zèle particulier dans leurs démarches d’intimidation des élus locaux qu’ils traitent comme leurs subordonnés.

 

Résister commune par commune, quartier par quartier, logement par logement

La stratégie de progression d’Enedis consiste en l’établissement de têtes de pont dans les petites communes qui jouxtent des agglomérations plus denses. Lesquelles doivent être conquises au plus vite. Dans le Boulonnais par exemple, ce sont de petits villages aux alentours de Desvres ( 5000 habitants environ) qui ont été ciblées aux vues de naturaliser « l’avancée technologique » de la ruralité locale. En loucedé la plupart du temps, le courrier préparatoire ne laissant supposer l’ampleur des dégâts.
Tactiquement, il s’agit d’imposer selon les schémas vus plus haut les compteurs par tous les moyens et de profiter de l’ahurissement des victimes. Ainsi, on a pu constater qu’à Arras, une partie de la population s’est réveillée « linkysée » sans même s’en apercevoir jusqu’à, déjà, l’apparition des premiers problèmes. Une fois la ville ouverte à Enedis, officiellement, plus rien à faire que de subir. Et de se résoudre aux coûteux – à plus d’un titre – aménagements ultérieurs pour édulcorer ou masquer les nuisances. Et de gager sur la captivité des abonnés aux ventes de fichier, au contrôle social et autres nécessités qu’exige la smart city que le capitalisme high-tech et la politicaillerie inféodée ne cesseront de plaider.

Désormais, malgré les dénégations officielles, les risques sont connus et la renommée de la politique d’exaction d’Enedis soutenue par l’État précède désormais, autant que faire se peut, l’arrivée des courriers et des poseurs. Des quantités de particuliers annoncent par pli recommandé que ce sera sans eux. Des collectifs de lutte se forment à mesure de l’agression annoncée.
C’est à vrai dire la seule solution valable : s’informer, diffuser la réalité du danger, s’unir, lutter. S’il n’existe pas de collectif proche, il faut en créer un ! Ne pas hésiter à se déplacer physiquement et en nombre à la mairie, la représentation de la communauté de commues ou d’agglomération ou chez le particulier harcelé.

Il est capital d’avoir en tête que ce combat n’est pas plus une chasse aux moulins à vent qu’une revendication quelconque de consommateur grincheux ou anti-tech primaire. L’enjeu est éminemment social et sociétal bref : politique ! Il ne s’agit rien moins que de lutter contre une vision du monde reposant sur l’autoritarisme, le contrôle social, la dévalorisation de l’individu, la répression de l’opposant, le déni de l’intégrité des personnes et de leurs lieux de vie, le triomphe de la mercantilisation et des intérêts industriels.

En Allemagne, les compteurs communicants ne sont imposés qu’aux foyers ‒ c’est certes encore trop ‒ consommant plus de 6 000 kilowattheures après un audit mandaté par le gouvernement fin 2013, qui stipule que l’adoption massive de nouveaux compteurs n’est pas dans l’intérêt du consommateur allemand. Et ce à contre-courant des directives de l’Union européenne.(7)

C’est possible de gagner et on n’a pas, on n’a plus le droit de perdre.

Boulogne-sur-mer, le 06/06/2017

Thessalonique, Grèce : Attaque du consulat italien pour les anarchistes Paska et Ghespe incarcérés (20 octobre 2017)

Thessalonique (Grèce) : Attaque du consulat italien pour Paska et Ghespe (20 octobre 2017)

Pour l’action contre les États, le capital et les mécanismes de l’autorité : pour effacer les distances avec les insurgés dans le monde, pour rompre l’isolement des compagnons emprisonnés.

Le 3 août, l’État italien à arrêté huit compagnons (6 à Florence, un a Rome et un à Lecce), accusés de deux faits différents. C’est important de rappeler que pour accomplir deux de ces arrestations, les flics ont expulsé la Riottosa Zquat à Florence. Plus précisément, 5 compagnons sont accusés d’avoir placé une bombe devant une librairie fasciste de Florence, bombe qui a gravement blessé un flic lors de l’explosion, tandis que trois autres compagnons sont accusés d’une attaque à coup de cocktails Molotov contre une caserne des Carabinieri, toujours à Florence. Dans les jours qui ont suivi l’arrestation, 6 d’entre eux ont été relâchés, faute de preuves. Pour ce qui est des compagnons qui sont encore en prison, Pierloreto Fallanca est accusé d’appartenance à une association de malfaiteurs, Salvatore Vespertino de tentative d’homicide du flic, avec comme toute preuve une trace d’ADN.

Continue reading

 

Cagliari, Italie : Arrestation d’un compagnon pour braquage

sans attendre demain

Cagliari (Italie) : Arrestation de Paolo

Mardi 31 octobre, notre compagnon Paolo à été arrêté, en compagnie de ses deux complices, juste après le braquage d’un bureau de poste dans un quartier de la banlieue de Cagliari. Après être sorti du bureau de poste, les trois ont essayé de s’enfuir, mais la délation d’un passant a donné des indications trop précises aux flics, qui du coup ont pu boucler le secteur et ont réussi à les intercepter pendant qu’il s’éloignaient.

Ils n’ont pas résisté à l’interpellation et dans leur voiture les flics ont trouvé les habits et les armes utilisés pour le braquage.

Nous leur envoyons toute notre solidarité et sympathie. Nous ne connaissons pas les raisons de leur acte, et cela ne nous intéresse pas. Nous savons que ceux qui s’y mettent pour prendre à l’État et aux patrons ce dont ils ont besoin, font toujours le bon choix.

Ce qui nous dégoûte, par contre, ce sont ces personnes qui, par « civisme » (le mot utilisé par le commissaire chef de Cagliari), balancent ceux qui s’y mettent et agissent pour avoir ce dont ils ont besoin, en volant à celui qui, par sa nature, est le pire des exploiteurs : l’État.

Du côté de ceux qui ne baissent pas la tête.

[Traduit de l’italien de nobordersard, 6 novembre 2017]

11 novembre 2017, intervention à Joyeuse « des tas d’urgences »

aubanar

Bonjour à toutes et tous et réciproquement,

Sur les monuments aux morts, Il n’y a toujours pas le nom des victimes civiles de toutes ces boucheries. Les civils ne comptent pas, les civils subissent, les civils meurent dans l’oubli.

Les monuments aux morts ne portent pas le nom des pauvres bougres assassinés par la justice militaire. 953 soldats français fusillés entre 1914 et 1918, dont 639 pour désobéissance militaire, 140 pour des faits de droit commun, 127 pour espionnage et 47 pour motifs inconnus. 953 assassinats légaux, 639 pour l’exemple. 639 jugements au nom de lois qui n’apportèrent que du sang et des larmes. Il est toujours des crapules pour légaliser des crimes. Des lois pour justifier l’injuste.

Il est une loi, un décret qui amène le sourire : Un décret du 11 Novembre 1917 prévoyait que les voyageurs ne pouvaient pas, ouvrez les guillemets, « descendre lorsque le train est complètement arrêté. »

Il est une autre loi qui fait beaucoup moins sourire : 11 octobre 2017, il y a exactement un mois, l’Assemblée nationale adoptait la fin du régime d’exception de l’état d’urgence et le passage dans le droit commun des mesures liberticides et autoritaires contenues dans ce dernier. Bonjour la loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme.

Exit, donc l’état d’urgence ? Surement pas…

Il y en a des tas d’urgence :

Urgence de faire cesser toutes ces guerres néocoloniales, urgence de rapatrier tous les soldats et de leur faire suivre un programme de déradicalisation militaire.

Urgence de renverser tous les trônes, tous les palais, tous ces lieux de pouvoir où sont décidés et planifiés les massacres.

Urgence de désacraliser toutes les religions, de démystifier tous les religieux de toutes ces escroqueries mentales. Ces religieux qui ont si souvent été à l’origine ou à l’acceptation des massacres. Urgence de leur faire suivre un programme de déradicalisation missionnaire.

Urgence d’ouvrir toutes les frontières pour qu’on respire enfin. La liberté des peuples ne passe pas par l’érection de nouvelles murailles. Combien de tonnes de chair à canon au nom d’une sacro-sainte frontière ?

Urgence d’ouvrir notre solidarité aux réfugiés.

Urgence d’éradiquer la peste brune de la rance aux rancis.

Urgence de mettre à bas le dieu capitalisme, les temples financiers qui inspirent, provoquent financent l’envoi de soudards quand il faut sauver le soldat Pactole. Urgence de démonétiser tous les traders et de leur faire suivre un programme de déradicalisation boursière.

Urgence de sortir du salariat, cette addiction mortifère qui pousse des pauvres bougres à fabriquer de quoi tuer, estropier, enfermer, asservir d’autres pauvres bougres au nom du petit rien qu’un bourge aura jeté dans leur gamelle.

Urgence de nous arracher de notre servitude volontaire.

Il y en a des tas d’urgence :

Urgence de désamorcer le nucléaire, de démanteler les centrales à retardement et de – puisqu’il nous faudra bien faire avec – nous débrouiller avec toutes ces tonnes de tartes à la crème irradiées qu’il va falloir gérer.

Il y en a des tas d’urgence :

Urgence de nous débarrasser du patriarcat et de toutes ses conséquences.

Urgence de vivre, de respirer, de rire, de partager, de rêver. Urgence d’inventer des futurs vivables.

Urgence de forger des utopies belles comme des sourires de mômes.

Il y en a des tas d’urgence tout simplement parce qu’il y a urgence.

Ça urge sur ce bout de terre.

Alors, plus que jamais, ni dieu ni maître !