Archives mensuelles : juin 2016

Sabotages à la SNCF

Brèves du Désordre

Dans la lettre de la SNCF élaborée par sa Direction de la communication et de l’information, Temps réel n°56 du 10 juin 2016, et destinée à l’affichage en interne, plusieurs sabotages de ces dernières semaines en lien avec la grève ont été dévoilés. Si quelques-uns nécessitent d’avoir accès à un savoir-faire particulier, beaucoup d’autres peuvent ouvrir l’imagination à tous :

- Vol des cartes électroniques permettant le départ des rames
- Sectionnement des fils de commande entraînant de longues coupures d’alimentation électrique
- Alertes radios et appels à coupure d’urgence intempestifs depuis les téléphones de voie
- Blocages d’aiguilles
- Blocages des portes au départ

Et aussi :

- Dépôts multiples d’objets de grande taille faisant obstacle aux voies
- Blocage volontaire de barrières de passage à niveau (Oise)
- Objet incendiaire placé dans une gaine de câbles de signalisation
- Allume-barbecue placé dans une artère de câbles de signalisation avec couvercle de caniveau reposé (Haute Garonne)
- Galettes de contrepoids caténaires retirées provoquant un lourd incident caténaire (Meurthe-et-Moselle)

Affichage dans tous les établissements, directions et sièges SNCF

[Publication] : Avalanche n°7, journal international de correspondance anarchiste, est sorti !

recopié de Brèves du Désordre

Les anarchistes se sont toujours appropriés des moyens pour faire des idées antiautoritaires et des luttes une matière pour alimenter le dialogue et l’action subversives. C’est en ce sens-là que cette publication se veut aussi un moyen et plus précisément, celui d’offrir un espace pour nourrir le débat international entre anarchistes. C’est pourquoi ces pages laisseront surtout la place aux combats dont le ressort est anarchiste : des luttes autonomes, directes et auto-organisées ; des combats qui poussent vers la destruction du pouvoir sous toutes ses formes ; des luttes qui se déroulent aujourd’hui, comme hier ou qui sont à venir.

Lire ici Avalanche n°7, juin 2016, 32 p
ou sur leur site (en anglais, français, espagnol, allemand) : http://avalanche.noblogs.org/

Fin de l’introduction :

Alors que la machine d’intégration de l’État social est en décroissance (un État social qui ne garantissait de toute façon qu’un accès limité, et destiné à la fabrication de citoyens ; producteurs et consommateurs), les illusions d’un grand nombre de personnes sont brisées. Cela semble fournir un terreau fertile pour les nouvelles politiques des vieilles identités, sur la base de chimères autour de la race, l’ethnie, la nation, la religion ou d’autres idéologies lorsque les dirigeants en devenir tentent de suivre la dernière mode. Cela signifie probablement que certains pensent que les anarchistes sont en retard sur leur temps. Nous préférons nous considérer à contre-temps avec cette société, et nous ferons en sorte d’interférer dans le rythme de la domination.

Calais : Un CRS fait les frais de la tentative de passage en force de la frontière

attaque..noblogs.org
La Voix du Nord / Jeudi 9 juin 2016
Des affrontements ont opposé migrants et forces de l’ordre cette nuit sur l’autoroute A16 et la rocade portuaire. Un CRS et cinq migrants ont été blessés.

De nouveaux incidents se sont déroulés dans la nuit de mercredi à jeudi, sur l’autoroute A16 et la rocade portuaire, à Calais. Plusieurs dizaines de migrants ont tenté de faire ralentir les poids lourds qui roulaient en direction du port, pour grimper à bord. Il a été recensé 24 barrages, et pas moins de 17 tentatives de blocage de la circulation.

Des bagarres se sont déroulées au cours de ces tentatives de blocage : cinq migrants, blessés, ont été transportés au centre hospitalier de Calais par les pompiers de Marck. Un CRS a également été blessé à la tête par des jets de pierre.

Présent aux côtés des forces de l’ordre, le député (PS) de la septième circonscription Yann Capet a assisté aux événements. Une situation qu’il pourra exposer au président de la République François Hollande, qui a annoncé sa venue à Calais avant le 14 juillet.

solidarité avec les anarchistes d’azerbaïdjan

Note du laboratoire anarchiste:Nous continuons le combat contre les négationnistes au côté des arméniennes et des arméniens de l’agglomération valentinoise et contre la politique de l’état turque à l’encontre des kurdes** et solidarité avec les anarchistes d’azerbaïdjan face à l’état d’Azerbaïdjan
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repris de http://anarsixtrois.unblog.fr/
Azerbaïdjan, un appel international à « faire du bruit » pour eux entre le 28 mai et le  5 juin, devant consulats ou ambassades.
Les anarchistes azerbaïdjanais lancent un appel à la solidarité pour Bayram Mammadov et Qiyas Ibrahimov, des militants anarchistes détenus par les autorités azerbaïdjanaises pour avoir peint un graffiti, disant « Fuck le système» et «Joyeux jour des esclaves », sur le monument dédié à l’ancien président défunt Heydar Aliyev, en guise de protestation contre les injustices incessantes perpétrées par les élites dirigeantes.
Cela a été fait la veille de l’anniversaire de la mort de Heydar Aliyev le 10 mai 2016, annuellement célébré par le gouvernement de manière ostentatoire. Compte tenu du culte de la personnalité absolue de Aliyev, un tel acte a été sévèrement condamné par le gouvernement (sous la direction de son fils Ilham Aliyev) et les militants ont été arrêtés immédiatement. La police a placé sur eux de la drogue, évitant ainsi l’accusation pour simple motif de hooliganisme.
Ce dernier est passible d’une peine d’emprisonnement allant jusqu’à un an maximum (ce qui, pour le régime Aliyev est une peine « trop légère »), tandis que les charges relatives à la possession illégale d’héroïne sont passibles d’un maximum de douze ans d’emprisonnement. Le fait même que la police ait « découvert » près de trois kilos d’héroïne en possession de chacun des détenus au moment de l’arrestation atteste le fait que l’affaire a été inventée de toutes pièces (penseriez-vous qu’une personne saine d’esprit se promènerait en ville avec une telle quantité d’héroïne cachée dans les poches ?).
Le 12 mai, un tribunal a ordonné leur détention pour une période de quatre mois. Toutefois, s’ils sont reconnus coupables, ils risquent jusqu’à douze années d’emprisonnement. Bayram et Qiyas ont été sévèrement torturés avant et après l’audience au tribunal. Leur avocat Elchin Sadigov a partagé via Facebook, l’exposé détaillé de Bayram sur les tortures qu’il a endurées au 12ème Département de police de Bakou et au Centre de police de la Ville de Bakou.
Ci-dessous, la traduction de la déclaration de Bayram:
Le 10 mai 2016, aux environs de 14-15 heures, 3 personnes en tenue civile, m’ont forcé à monter à bord d’une voiture blanche du type Jeep et m’ont emmené au 12ème Département de police. On m’a amené au bureau de l’Officier en Chef. Il y avait 7-8 officiers en civil. Ils ont immédiatement commencé à me frapper à coups de poings, me gifler et me ruer de coups de pieds. Ils me demandaient pourquoi j’avais pris en photo le graffiti, qui était mon associé, et ainsi de suite. Cependant, je n’étais pas en mesure de répondre à leurs questions car j’ai perdu connaissance. On m’a amené au Centre de police de la Ville de Baku dans une voiture inconnue. J’ai été battu à nouveau et forcé de reconnaître les chefs d’accusation en matière de stupéfiants. Je leur ai dit que je n’avais jamais vu de stupéfiants de ma vie et qu’on ne peut pas m’arrêter pour avoir pris une photo. Cela les a amenés à me battre encore plus fort et exiger de moi d’accepter les charges. Ils m’ont couvert d’injures et insulté. Ils ont baissé mon pantalon et m’ont menacé avec une matraque collée à moi de façon « immorale ». Voilà pourquoi je devais accepter les charges. Et j’ai du « avouer » un témoignage tel qu’ils le voulaient.
Ensuite, on m’a emmené au bureau d’un général et on m’a dit que «si tu déposes des fleurs devant l’État et parle à AzTV, présentes tes excuses à la statue, tu seras libéré ».
J’ai refusé ça, alors ils m’ont battu à nouveau. On m’a amené au Centre de détention provisoire de Narimanov. Le 11 mai au matin, l’Officier en chef m’a ordonné de nettoyer la cour, ramasser les mégots de cigarettes. J’ai refusé et il a commencé à me frapper à coups de poing et me gifler. Je refusais toujours alors il a ordonné à ses hommes de prendre une matraque et de l’enfoncer en moi et a pris une photo. Je devais accepter à nouveau. On m’a donné un balai et une pelle, ils ont pris ma photo. Le tabassage est devenu quotidien.
Après l’audition à la cour du 12 mai, ils m’ont emmené au bureau du chef du Centre de détention provisoire. Il y avait deux personnes en civil. On m’a dit de révéler certains noms et de les rendre coupable de travailler avec moi. On m’a dit de mettre des fleurs en face de la statue, de parler à AzTV et qu’ils me libéreraient avant qu’il ne soit trop tard. Je refusais cela et ils ont téléphoné à quelqu’un à qui ils ont dit «prends soin de lui pendant quelques temps ». Ils m’ont fait descendre plusieurs étages. J’étais menotté pendant qu’ils me battaient à coups de poing, coups de pied et de matraque.
Ils ont même enchaîné mes pieds, ils ont neutralisé ma bouche pour que personne ne m’entende quand ils me battaient.
Ils ont vu que les menottes et les chaînes laissaient des marques de torture sur moi, ils m’ont alors scotché les mains et les jambes dans mon dos. Ils m’ont mis contre le sol, l’un d’entre eux m’a tenu un pieds tandis que l’autre le bastonnait. Puis ils m’ont relevé pour me relâcher d’un coup, me laissant retomber à plusieurs reprises. Après 4 ou 5 fois, les bandes ont été déchirées et cette fois ils ont commencé à m’écraser les mains avec leurs jambes. L’autre continuait de me fouetter le pied. Ensuite, ils m’ont frappé la poitrine et les genoux avec le manche d’une matraque. Je perdais connaissance et ils m’ont laissé à terre. Eux aussi étaient fatigués. Ils ont mis une feuille de papier blanc sur moi et m’ont dit que s’ils la voyait tomber, ils me battraient à nouveau. Ils l’ont fait par la suite.
Après un certain temps, ils ont exigé de moi de nettoyer les toilettes. Quand j’ai refusé ça ils ont commencé à me battre plus fort, cette fois en me filmant avec une caméra.
J’ai perdu connaissance après ça, ils m’ont réveillé en versant de l’eau sur moi. Ils m’ont emmené à ma cellule alors que j’étais pieds nus. En ce moment j’ai beaucoup d’ecchymoses sur les bras, les jambes et les genoux à cause de la torture. Des contusions ouvertes sur les mains et les poignets. J’ai toujours un traumatisme crânien. J’ai des plaies ouvertes sur les jambes aussi. La plupart du temps mon urine est sanguinolente, j’ai d’atroces douleurs à la bouche quand que je mange, ma poitrine, mes côtes, mes bras, mes jambes … chaque partie de moi me fait souffrir.
Ce n’est pas la première fois que les autorités exigent des militants en Azerbaïdjan de présenter des excuses pour leurs actes devant des monuments de Heydar Aliyev et d’y déposer des fleurs. Comme James C. Scott l’a mentionné, « Le remord, les excuses, demander pardon, et globalement, effectuer des amendes symboliques, sont un aspect bien plus fondamental dans presque tous les processus de domination, que la punition elle-même. Ce qu’offrent tous ces acteurs (à travers les excuses) est une démonstration de l’affirmation discursive par le bas, ce qui est d’autant plus utile, car elle contribue à l’impression que l’ordre symbolique est volontiers accepté par ses membres les moins favorisés. »
Les Aliyev ont appauvri la nation et exploité des personnes, ainsi que les ressources du pays pour leur propre bénéfice pendant plus de deux décennies. Pendant ce temps, ils ont été intolérants à toute dissidence politique, et ont sévèrement opprimé les dissidents, usant de leur dispositif de sécurité massif.
Nous appelons à la solidarité de nos camarades d’Europe et d’ailleurs pour Bayram et Qiyas et à protester contre leur détention illégale et la torture, devant les ambassades et consulats azerbaïdjanais de vos pays, exigeant leur libération immédiate.

** cette vidéo a été transmise par la Confédération les İmmigres des Opprimes en Europe

Brieva (Espagne) : une lettre de la compagnonne incarcérée pour braquage

recopié sur Brèves du Désordre

Il y a quelques jours à peine, alors que nous tenions pour imminente l’extradition de la compagnonne arrêtée le 13 avril dernier et accusée de l’expropriation d’une banque en Allemagne, nous avons appris la décision de l’Audiencia Nacional espagnole de repousser d’un mois supplémentaire son extradition vers l’Allemagne, suite à un recours déposé par la défense en raison de la procédure de mariage entamée avant son arrestation.

Au moment de l’annonce de la décision judiciaire, la compagnonne avait été transférée à la prison pour femmes de Brieva (Ávila) d’où nous pensions qu’ils s’apprêtaient à l’envoyer par avion pour l’Allemagne. C’est de là qu’elle nous a fait parvenir la lettre pour l’extérieur que nous reproduisons ci-dessous. Actuellement, la compagnonne se trouve à nouveau dans la prison madrilène de Soto del Real, à l’isolement, mais en promenade avec d’autres prisonnières, au minimum jusqu’au 30 juin, date à laquelle prend fin la période de prolongation destinée à permettre le déroulement du mariage.
Cependant, nous lançons un appel à continuer à nous solidariser avec elle dans la rue, à montrer notre solidarité avec toutes les personnes en lutte incarcérées et à exprimer notre plus profond mépris au système qui les garde enfermées pour défendre son ordre misérable.

Lettre de la compagnonne

« Compagnonnes et compagnons, j’écris de la prison de Brieva, Ávila, où ils viennent de me transférer après un mois et demi passé dans la taule de Soto del Real, toujours en FIES et en régime d’isolement. J’aurais aimé écrire depuis des jours, mais l’ensemble de la communication et de l’information est très lent et limité, c’est pourquoi je ne l’ai pas fait jusqu’à présent.
J’éprouve une très profonde reconnaissance pour toutes les démonstrations et les gestes de solidarité et de soutien. Je les ai ressentis si profondément qu’ils ont traversé les murs, les barreaux et tout le système de contrôle et de sécurité. Ils peuvent essayer tant qu’ils veulent, ils ne pourront jamais briser ou freiner notre volonté et notre décision de nous révolter contre ce monde de misère totale dans lequel ils nous obligent à vivre.

Ce sont précisément les conditions les plus difficiles qui nous donnent davantage de force et de détermination pour continuer et aiguiser les nombreux fronts de combat que nous menons, aussi bien ici, à l’intérieur, que dehors. Les luttes pour la libération de toute sorte d’oppression et d’autorité sont multiples, tout comme le sont les méthodes et les pratiques justes et légitimes. De la simple négation de l’autorité jusqu’à l’attaque ou l’expropriation d’une banque, exemples parmi tant d’autres… Le plus important des actions reste toujours qu’elles puissent s’expliquer et se comprendre par elles-mêmes ; de par leurs objectifs, leur finalité et leur valeur.

Lorsque les différentes luttes s’interconnectent dans un contexte plus large, elles se complètent et se renforcent, et surtout brisent la division entre le quotidien, le personnel et le politique, car toutes les décisions que nous prenons dans nos vies personnelles finissent par être politiques, de la même manière que nos décisions politiques touchent directement nos vies personnelles. Même s’il est évident que nous devons faire très attention à chaque pas que nous faisons pour ne pas tomber dans les griffes de l’Etat et de ses sbires, nous savons que lutter a un prix, puisque l’Etat et les médias répondent chaque fois avec plus de répression et de chasse médiatique à toutes celles et ceux qui, comme nous, les affrontent.

Je suis encore ici, mais ils vont probablement bientôt m’extrader en Allemagne. Je me sens pleine de force et de courage pour faire face à cette situation et à que tout ce qui peut arriver. Avant tout fière de nos idées, de nos valeurs et de nos pratiques anarchistes, ainsi que de la vie que nous avons choisie un jour et que nous choisissons chaque jour à nouveau …

Force et solidarité à toutes les personnes en lutte, poursuivies et emprisonnées !
La lutte continue, ils ne pourront jamais nous arrêter ! »

1er juin 2016
Centre Pénitentiaire de Brieva (Ávila, Etat espagnol)

[Traduit de l’espagnol d’Indy Barcelone, 07 jun 2016]

Turin: Répression et mobilisation avec les nouveaux Bannis

Après des informations
reçu cette émision/tract de radiopar mail
Après l’a mise hors la loi de douze autres compagnon-e-s de Turin, nous discutons de ces mesures et comment ils se situent dans un plan de normalisation plus large impliquant des pans entiers de la ville et de sa mise mise en spéculation. Comment réagir face à cette stratégie répressive est quelque chose à voir globalement pour réfléchir, mais aussi à répondre immédiatement. Là, ils ont parlé quelque un-e-s de Turin en nous souvenant comment, parfois, choisir d’aller ou de demeurer devient une question des espaces contestés et choisir entre résister ou de lâcher du lest un peu

écouter les nouveaux bannis de Turin

écouter ici aussi

Chios/Samos/Lesbos (Grèce) : révolte de migrants contre les camps de triage

Brèves du Désordre
Des migrants mécontents incendient un camp grec

Belga, 6/06/16 – 21h16

Une quarantaine de candidats à l’asile ont mis le feu lundi à des installations d’un centre de réfugiés et migrants à Chios, pour protester contre leur rétention sur l’île, a indiqué une source policière.

Il s’agit du troisième accès de tension depuis le 2 juin dans des camps de migrants installés sur les îles grecques d’Égée orientale, où s’entassent actuellement quelque 8.500 personnes.

Dans le centre d’accueil Souda de Chios, les incidents ont été provoqué dans l’après-midi par une quarantaine de candidats à l’asile, qui ont mis le feu à des poubelles et deux grandes tentes installés par des humanitaires. Ils entendaient protester contre la lenteur de l’examen de leur sort, selon la même source policière.

Tuer femme et enfant
Un des manifestants a même menacé de tuer son enfant et sa femme face aux policiers qui intervenaient pour ramener le calme, a-t-elle indiqué, sans plus de détails. La police a procédé à quatre interpellations et en début de soirée la situation était « sous contrôle », selon elle. Les médias grecs indiquaient qu’une partie du millier de réfugiés et migrants présents dans le camp avaient quitté les lieux pour aller s’installer un peu plus loin sur l’île.

Des affrontements entre exilés assortis d’incendies d’installations avaient fait six blessés à Samos jeudi, après des incidents du même type ayant fait une dizaine de blessés à Lesbos la nuit précédente. En application de l’accord UE-Ankara qui vise à tarir les arrivées migratoires en Europe via la Turquie puis les îles grecques, les personnes arrivées sur les îles grecques après le 20 mars y sont toutes retenues.

Le principe de l’accord est qu’ils soient renvoyés en Turquie, y compris les réfugiés syriens. Mais pour tenter d’éviter, ou retarder ces renvois, la plupart des arrivés demandent l’asile en Grèce, débordant les services compétents.

[Publication] : Contre le travail et ses apôtres


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Dans ce renforcement somme toute récent du culte populaire du travail, de nombreuses charognes politiques ont une bonne part de responsabilité, syndicats, partis et organisations dites « radicales » en tête.

Car l’ouvriérisme n’est pas pour rien dans la démocratisation de ce culte : les batailles pour le droit au travail (ça résonne comme un échos à la vieille rengaine « Mais il y a des gens qui sont morts pour que tu aies le droit de vote ! ») ont commencé avec la constitution de ce qui s’appelle encore aujourd’hui le Mouvement Social, lui-même ayant pris part à l’enterrement des mouvements insurrectionnels caractérisés par le cassage en règle de machines et d’usines.

Aussi, après la “mort” de l’exploité révolté, surgit une autre « figure », avec la bonne imagerie du prolo musclé, qui sue courbé sur sa machine, plein de ténacité face à l’adversité et la douleur, les parades d’ouvriers pour le premier mai avec force banderoles « sauvez nos emplois et nos salaires », « sauvez notre profession », « l’industrie automobile doit survivre », ou encore «
pour la défense de la métallurgie en Lorraine », « 3000 euros par mois dès maintenant c’est possible ! » et autres hymnes bien puants incitant à être fier de sa condition.

Une imagerie où la faucille ne sert plus à égorger le contre-maître, ni le marteau à défoncer le métier à tisser, mais à représenter le travail dans toute sa splendeur.

Ravage éditions

La DGSI prend ses vessies pour une lanterne

Brèves du désordre Article mis en ligne le 2 juin 2016

Loi travail : Julien Coupat dans le viseur de la DGSI

Le Point, 02/06/2016 à 07:35

Le renseignement intérieur soupçonne le cerveau présumé du « groupe de Tarnac » de s’activer en coulisse contre la loi travail.

Le militant anarcho-gauchiste Julien Coupat fait son grand retour dans les notes du renseignement intérieur. À en croire la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), le leader présumé du « groupe de Tarnac » jouerait un rôle important dans la radicalisation du mouvement de protestation contre la loi El Khomri. « À Paris, Julien Coupat se rend visible tant lors des grandes manifestations qu’aux rassemblements Nuit debout, sans jamais prendre part personnellement aux exactions », lit-on dans un récent document intitulé « Implication de l’ultra gauche dans la contestation contre la loi travail ». Les fonctionnaires du renseignement évoquent « une véritable stratégie de tension » mise en œuvre par les amis de Coupat.

Présence continue sur la place de la République

Ces agents perturbateurs insuffleraient dans les manifestations contre la loi El Khomri une culture de la violence qui expliquerait en partie la gravité des récents heurts avec les forces de l’ordre. « Leur responsabilité dans le déroulement des derniers événements est avérée. Les anarcho-autonomes parisiens sont passés à l’acte les 28 avril et le 1er mai, faisant preuve d’agressivité et d’une violence jusqu’alors contenue. Certains d’entre eux se sont également engagés au sein de la commission infirmerie de Nuit debout pour s’assurer une présence continue sur la place de la République », écrivent les contre espions. Et de poursuivre : « Aguerris aux tactiques de violence urbaine, très mobiles, ils parviennent à se fondre parmi les émeutiers tout en les encourageant à des déambulations sauvages en dehors de l’itinéraire prévu, au cours desquelles de nombreuses exactions sont commises. Cette stratégie a été éprouvée à plusieurs reprises ces dernières semaines à Paris, Rennes, Bordeaux et Grenoble. »

Message insurrectionnel

Le « groupe de Tarnac » est soupçonné d’avoir saboté en 2008 l’alimentation électrique de plusieurs lignes de TGV. Les huit prévenus ont été renvoyés pour « dégradations » ou « association de malfaiteurs » et non pour « préparation d’actes terroristes » comme le souhaitait le renseignement intérieur, qui reste persuadé de leur implication.

À l’approche de son procès en correctionnelle, non seulement Julien Coupat n’a pas renoncé au combat politique, mais, d’après la DGSI, ses troupes entendent profiter de l’écho médiatique du procès pour rallier à leurs thèses de nouvelles recrues. « Jouant sur l’ambiguïté de leur médiatisation décomplexée depuis l’affaire de Tarnac, ils étoffent leur projet politique en exploitant la contestation sociale en cours », analyse la DGSI. Avant de se faire plus précise : « À la pointe du combat insurrectionnel, le réseau affinitaire Coupat organise des réunions clandestines visant à mettre sur pied un mouvement révolutionnaire, échafaudant des activités visant à affaiblir les institutions étatiques. »

En clair, Coupat et ses amis utiliseraient la grogne sociale comme un terreau pour y ensemencer des soulèvements violents. Et les rédacteurs de la note « confidentiel défense » d’avertir : « Le message insurrectionnel, habituellement cantonné à des sphères anarchistes qui méprisent les mobilisations sociales, est aujourd’hui rendu audible grâce au réseau affinitaire Coupat. »

Quelle solidarité ?

Brèves du désordre
« D’abord ils sont venus prendre les… »

Vous connaissez les célèbres vers de la poésie habituellement attribuée au dramaturge Bertolt Brecht, mais dont l’auteur original est le moins connu pasteur luthérien Martin Niemöller ? Ces vers simples et immédiats constituent à la fois une critique de l’indifférence face au mal, lourde de conséquences graves, et une observation de sa nature. Ils nous font pressentir à la fois la cause et l’effet de l’indifférence. Nous sommes sans réaction face au mal quand et parce qu’il frappe les autres, loin de nous. Voilà pourquoi nous n’intervenons pas, autant pour ne pas entrer en contact avec le mal lui-même, que parce que la chose ne nous concerne pas fondamentalement. Cette indifférence, cependant, permet au mal de grandir, de se renforcer, de se propager, augmentant ainsi la probabilité que nous en soyons à notre tour victimes. C’est pour cela que notre manque d’intérêt, qui à court terme nous mettra peut-être à l’abri, se révèlera à long terme inutile, voire mortel. Parce que le mal ne s’arrête pas tout seul.

Que faire, alors ? Intervenir tout de suite, bien sûr, avant de finir en tête de la liste. Immédiatement, à la première manifestation du mal. Mais la logique de cette réponse couve en elle-même sa propre abomination. Car pour intervenir avec vigueur, il faudrait en effet que la chose nous concerne, qu’elle concerne le plus de monde possible, qu’elle concerne tout un chacun. Si les socialistes, les communistes, les juifs, les tziganes, les homosexuels… s’étaient bougés en même temps contre le nazisme, s’ils n’avaient pas réciproquement fermés les yeux face aux malheurs d’autrui, les choses auraient tourné autrement, et la peste brune aurait peut-être été éliminée bien plus tôt.
La question est donc : qu’est-ce qui aurait pu les pousser à intervenir ainsi ? Pourquoi des individus éloignés, étrangers, parfois même hostiles les uns aux autres, auraient-ils dû tout à coup se retrouver du même côté de la barricade ? Au fond, il était bien plus facile de se laisser aller à la nonchalance et de dire : « si l’inconnu ou le vieil adversaire est éliminé, eh bien, cela peut être une bonne occasion pour lever son verre, pas pour se soucier de ce que demain nous réserve. L’ennemi de mon ennemi, par exemple, s’il n’est pas mon ami, ne devient pas nécessairement mon ennemi. »
Pour ébranler ce pilier de l’indifférence, ou plutôt pour tenter de diffuser une intelligence capable de voir pour prévoir, la sagesse a suggéré d’emprunter un raccourci bien plus facile, mais glissant. On a annulé la différence avec les autres en inventant un « nous » collectif plus large, capable de faire tenir ensemble beaucoup de personnes, à travers un lien nommé solidarité. Une solidarité qui —évitons d’en ruminer l’étymologie, passe-temps désagréable qui nous remplirait la bouche d’un goût proche d’argent ou de soldat — trouve son origine la plus noble dans la révolution française, en tant que synonyme de fraternité, d’appartenance à une même entité (peu importe qu’elle se nomme nation, Etat, humanité, communauté ou mouvement). Et la voilà, l’abomination : cette entité qui devrait nous unir n’existe tout simplement pas, c’est un fétiche pour supprimer le démon de l’individualité. Nier la différence qui peut nous diviser est de surcroît le meilleur cadeau qu’on puisse faire à ceux qui la voient surtout comme une opportunité de conquête. Parce qu’une fois enfouie, sublimée, retirée, refoulée, cette différence continuera néanmoins à ronger chacun d’entre nous, pour tôt ou tard exploser sous forme de guerre civile. En outre, il est plutôt drôle que pour combattre l’indifférence on persiste à en confirmer le primat fondamental : ne se préoccuper que de ce qui « nous » arrive. C’est vrai, non, il suffit juste d’étendre notre concept de « nous » !
Et patience pour les autres, qui continueront à exister, mais en plus petit nombre. Quand ils sont venus les prendre, non, vraiment, qu’est-ce qu’on aurait pu faire ? Rien, ils n’étaient pas comme nous ! Ils ne faisaient pas partie de notre groupe, de notre mouvement, de notre communauté… Parce que dans notre tête est désormais figée cette idée d’une solidité, d’un Ensemble comme seul préalable possible à toute intervention contre le mal ; et cette solidarité sucrée doit aller à nos frères, au sang de notre sang, aux membres d’une même communauté. Les autres, aujourd’hui comme hier, ils peuvent aller se faire foutre. « S’ils touchent à l’un d’entre nous, ils touchent à tous » — n’est-ce pas ? Et donc s’ils touchent à l’un des autres, c’est comme s’ils ne touchaient à personne : qui est-ce que cela intéresse ? Lorsqu’ils ont en effet commencé à appliquer le Daspo* aux ultras, qui s’en est préoccupé ? Au fond, ces « fanatiques sans cervelle » l’avaient bien mérité. De la même manière, personne n’est outré aujourd’hui si un « porc maniaque », coupable d’avoir payé trois mineurs en échange d’une relation sexuelle, a été condamné à quinze années de prison. Une peine délirante, absurde et disproportionnée, en fin de compte… mais qui se soucie d’un personnage aussi rebutant ? Sans parler des fascistes, contre lesquels certains demandent même une répression bénie par la loi. Hier, c’était déjà le cas contre les homosexuels et les tziganes. Soyons sincères : si quelqu’un ne fait pas partie du « nous », il est plus facile de l’ignorer. Notamment parce que personne ne veut courir le risque d’être pris pour « l’un d’eux. »

C’est vrai, le raccourci du « nous collectif » était une pente facile à descendre, tandis que l’autre hypothèse ne l’était pas du tout. Comment faire comprendre qu’il n’existe pas de nous commun dans lequel se reconnaître ? Que nous sommes divers, que nous sommes différents, que nous sommes uniques ? Avec quelques uns nous pouvons nous entendre, avec beaucoup d’autres pas. Parfois nous nous méprisons aussi, nous nous détestons vraiment. Mais cette absence de communauté ne devrait pas conduire à l’indifférence. Parce que, quand ils viendront les chercher, il faudra au moins avoir la hardiesse d’intervenir. Pas pour eux, pas en solidarité avec ceux qui sont réprimés, mais toujours et de toute façon contre l’Etat, par haine de qui réprime. Intervenir non pas pour défendre ceux qui souffrent, mais pour attaquer ceux qui font souffrir. Sans hypocrisies, sans manipulations, pleinement conscients que le pouvoir peut nous faire demain ce qu’il fait aujourd’hui à d’autres. Et ceci est un motif plus que suffisant pour ne pas rester impassibles, pour essayer de toucher le plus de personnes possibles, tout un chacun peut-être. Non pas à l’unisson, en suivant une partition unique, mais en ordre dispersé, chacun comme il l’entend.
Le fait de haïr les prisons, de vouloir qu’elles soient rasées au sol, ne signifie par exemple pas du tout qu’on aime tous ceux qui y sont enfermés. Je n’éprouve aucune solidarité, aucune empathie pour les mafieux, les violeurs, les maquereaux, les fascistes et autres merdes de ce genre. Il y a quelques années, un compagnon à peine sorti d’une énième peine de prison affirmait que le slogan « Feu aux taules ! » était juste, mais quelque peu limité. Qu’on aurait du préciser qu’il faudrait ensuite se poster devant le portail d’entrée avec un fusil de précision, pour attendre les prisonniers qui en sortiraient. Il recommandait d’emporter beaucoup de cartouches, parce qu’on en aurait bien besoin. Le ton de ses paroles était blagueur, mais pas la substance. Les détenus ne deviennent pas tout à fait beaux (et révolutionnaires) juste parce qu’ils subissent la triste condition de reclus.
De la même manière, celui qui est frappé par la répression ne devient pas automatiquement mon camarade. Je n’éprouve pas nécessairement de la solidarité avec lui. Son sort personnel, en soi, pourrait aussi presque m’être quasi indifférent. S’il s’agit de quelqu’un que je méprise (pourquoi pas, vu qu’au fond la répression touche tout le monde sans distinction), pourquoi devrais-je me préoccuper de lui ? Cela ne m’intéresse pas d’assister à ses audiences, je n’ai pas l’intention de me rassembler devant la prison où il est enfermé, je me fiche de lui faire sentir ma voix solidaire. Pour moi, il pourrait aussi bien ne pas exister. Ceci dit, l’éventuelle aversion ne justifie en aucune manière l’indifférence et la passivité. Ce qui suscite la préoccupation et pousse à l’action ne peut être la souffrance de celui qui est enfermé, mais la force de celui qui enferme. Cette force qui augmente de jour en jour et qui doit être bloquée, sabotée, enrayée. Tout de suite. Toujours.

Mais comment imaginer et mettre en oeuvre une intervention contre la répression qui soit complètement indépendante de la nature de qui est réprimé ? Oui, comment, surtout aujourd’hui, où l’individu est toujours moins à la mode ? Pourtant, il faudra bien commencer à y réfléchir, si on ne veut pas continuer à se sentir écrasés entre l’alternative de rester les bras croisés ou de les tendre juste pour donner des tapes gênées sur les épaules de ceux qui constituent le « nous ».

* NdT : le Daspo (Divieto di Accedere alle manifestazioni SPOrtive, Interdiction d’accéder à des manifestations sportives) a été introduit dans la loi italienne en 1989. Cette interdiction administrative de s’approcher d’un stade, prononcée sur la seule base de notes blanches, peut s’accompagner d’une obligation de pointer au comico pendant les matchs.

[Traduit de l’italien de Finimondo, 13/5/16]