Archives mensuelles : février 2016

L’idéologie de la non-violence en question

repris et copié  sur le site lepartage

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(TIMULT)

Nous republions un excellent article publié par la revue française Timult, à forte sensibilité féministe (notamment mais pas seulement). Un texte d’une grande intelligence, qui défriche fort bien la question. Une « critique de l’idéologie de la non-violence » qui ne manque pas de pointer également son envers tout aussi erroné, la fétichisation de « la violence ». À lire


Colères inaudibles, privilèges silencieux et bruits de vitrine brisée

« La soumission de l’opprimé relève de l’ordre établi. Qu’il rompe cet ordre en brisant ses chaînes et en frappant le maître, voilà le scandale. Dans la langue des maîtres devenue langue commune, le violent n’est pas celui qui fait violence, mais le vilain qui ose se rebeller. » [1]

« L’efficacité de l’action directe n’est pas exprimée par le degré de violence qu’elle contient, mais plutôt sur la capacité à identifier une route praticable par tous, à construire une force collective en mesure de réduire la violence au plus petit niveau possible au sein du processus de transformation révolutionnaire. La violence érigée en système engendre l’État. » (Fédération Anarchiste Italienne)

Dans chaque lutte, chaque mouvement auquel j’ai pris part, les mêmes questions se sont posées, les mêmes points de vue se sont opposés en ce qui concerne l’usage de « la violence ». La plupart du temps j’ai été agacé. Souvent, la façon d’aborder les divergences, les angles choisis et, ajouté à ça, certaines généralisations, n’ont fait que biaiser le débat et le rendre stérile. La discussion s’est rarement posée en termes de stratégies, de pertinence, de contexte politique mais plus souvent dans l’opposition « violence / non-violence ». La plupart du temps, deux camps émergent, ceux et celles qui soutiennent des actions « violentes » et ceux et celles qui les condamnent. Et on peut observer d’un côté les fauteurs de troubles, les casseuses, les méchantes anarchistes fouteuses de merde, et de l’autre les hippies non-violent.es, les sociaux-démocrates, les citoyennistes.

S’opposer en se renvoyant des identités aussi superficielles et médiatiques ne fait que renforcer les clivages et les postures identitaires. Il est plus facile de catégoriser des personnes et de les enfermer dans une pensée plutôt que d’essayer de confronter ses idées à celles des autres.

Des pratiques de lutte sont pointées du doigt, considérées comme violentes et desservant la lutte ou décrédibilisant le mouvement. Quelles sont ces pratiques ? Quelles sont les critiques ? Quelles visions du monde et des luttes suggèrent-elles ? Et comment subissons-nous ou utilisons-nous certaines analyses politiques, selon la place que nous occupons dans une lutte ? Évoluant moi-même depuis plusieurs années dans des milieux anarchistes et féministes, il me semble important de comprendre les enjeux politiques de l’idéologie non-violente, de la critiquer en tant que vision du monde et de montrer en quoi le débat violence/non-violence est un débat biaisé.

 

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La non-violence, une histoire des puissants

Dans un ouvrage intitulé How the Non-violence Protects the State [2], Peter Gelderloos montre comment l’idéologie non-violente s’est construit une crédibilité sur des victoires politiques qu’elle s’est réappropriées, ainsi que sur les leaders charismatiques de ces luttes. Il apporte ainsi une critique approfondie de l’idéologie non-violente au sein des milieux activistes anti-autoritaires et anticapitalistes, plus particulièrement nordaméricains. Il soutient que cette idéologie va à l’encontre d’un activisme révolutionnaire, dans le sens du renversement des structures d’oppression. Et même, qu’elle aide le capitalisme, le patriarcat, le racisme, etc. à se maintenir en offrant des arguments pour délégitimer toute tentative de renversement.

Peter Gelderloos conteste notamment la récupération de certaines luttes en tant que victoires de la non-violence, affirmant que la « non-violence est basée sur une histoire falsifiée des luttes ».

Parlant de l’indépendance de l’Inde, il rappelle des éléments mis de côté par l’Histoire officielle : « La résistance au colonialisme britannique [comprenait] suffisamment d’actions offensives et combatives pour que la méthode de Gandhi puisse être considérée plus précisément comme une, parmi plusieurs formes rivales de résistance populaire. […] Ainsi sont ignorés d’importants leaders prônant une résistance plus offensive, tels que Chandrasekhar Azad qui s’était engagé dans une lutte armée contre les colons britanniques et des révolutionnaires comme Bhagat Singh, qui a gagné un soutien massif par des attentats à la bombe et des assassinats. […] De manière significative l’Histoire se rappelle de Gandhi plus que tous les autres, non pas parce qu’il représentait la voix unanime de l’Inde, mais surtout grâce à toute l’attention que lui portait la presse britannique et au rôle majeur qui lui était attribué du fait d’avoir participé à d’importantes négociations avec le gouvernement colonial britannique. Quand nous nous rappelons que l’Histoire est écrite par les vainqueurs, une autre couche du mythe de l’indépendance s’éclaircit. »

Le mouvement pour les droits civiques aux États-Unis, pour sa part, « n’a été ni une victoire, ni non-violent ». La fin de la ségrégation a été acquise mais pas « l’égalité réelle au niveau politique et économique », ni l’indépendance face à « l’impérialisme blanc », qui faisaient aussi partie des revendications. Et même si des groupes pacifistes comme celui de Martin Luther King Jr. avaient beaucoup de pouvoir, de nombreux.ses Noires ont soutenu des groupes révolutionnaires armés, comme le Parti des Blacks Panthers. « Dans les faits, la lutte armée a pendant longtemps fait partie de la résistance des personnes noires contre la suprématie blanche. » Mumia Abu-Jamal a largement documenté cette histoire dans son livre We Want Freedom. Il écrit: « Les racines de la résistance armée sont profondément ancrées dans l’histoire afro-américaine. Seules des personnes qui ignorent ce fait voient le Parti des Blacks Panthers comme étranger à notre héritage historique commun. »

Dernier exemple développé par Peter Gelderloos, le mouvement pour la paix, mené aux États-Unis pendant la guerre du Vietnam, n’a pas mis fin à cette guerre. « Avec une complaisance impardonnable, les activistes pour la paix ne tiennent pas compte des trois à cinq millions d’Indochinois.es mort.es en combattant l’armée US ». La résistance du peuple vietnamien a largement contribué au retrait des troupes états-uniennes, et cette résistance n’était pas non-violente, Il aborde aussi un autre aspect peu connu, « les rébellions croissantes à l’intérieur des troupes, portées avant tout par des soldats Noirs, Latinos et Indigènes. […] Assassinats d’officiers, sabotages, refus de participer aux combats, mutineries dans les campements et aide à l’ennemi, toutes ces activités de soldats américains ont contribué de manière significative à la décision du gouvernement US de retirer l’armée de terre. » En sachant que le Vietnam du Sud a ensuite connu « une dictature militaire entraînée et financée par les États-Unis », peut-on dire que le mouvement pour la paix ait fait reculer l’impérialisme américain ?

Sur le plan théorique, il y a un manque de clarté dans la définition des termes employés. La violence ne peut être définie en tant que telle. La violence n’a pas un sens absolu, c’est une notion abstraite qui nécessite pour chaque situation d’être replacée dans son contexte. La violence s’appréhende subjectivement, parce que l’objectivité et la neutralité n’existent pas. Des pensées dominantes qui assènent ce qui est « neutre » et « vrai » refusent d’être ramenées au rang de simples interprétations du monde et méprisent toutes autres approches. Elles rejettent d’autant plus fort ces interprétations divergentes que celles-ci contestent l’ordre établi. Ainsi, sur le terrain du racisme, le Blanc est le neutre, les Autres sont « de couleur ». On peut décliner ce mécanisme sur le genre, la classe, le validisme… au final, « le groupe adulte blanc, de sexe mâle, catholique, de classe bourgeoise, sain d’esprit et de moeurs, est donc cette catégorie qui ne se définit pas comme telle et fait silence sur elle-même. Elle impose aux autres cependant, à travers la langue, sa définition comme norme, dans une sorte d’innocence première, croyant que « les choses sont ce qu’elles sont. » [3]

La définition « objective » ou « neutre » de la violence est donc influencée, voire dictée, par un cadre de pensée le plus souvent dominant, capitaliste, patriarcal, raciste, etc. Est-il possible alors de se positionner face à une situation selon sa supposée violence ? Je préfère m’intéresser aux rapports de force qui se jouent, â l’analyse des relations de pouvoir entre les parties concernées, aux enjeux et aux conséquences de l’action, aux choix stratégiques ou encore à son efficacité tactique. La violence du système est souvent niée, pour ne relever que ce qui est visible. L’opposition violence/non-violence est au final bien utile pour masquer le rapport dominant.es/dominé.es.

Non-violence comme idéologie

Même si le débat autour de la violence a pour but de définir si des actes sont acceptables selon leur « degré de violence », en réalité la non-violence est une idéologie qui va au-delà de la critique des pratiques. C’est une certaine conception des luttes et des manières de les porter, basées une vision précise du monde. Autrement dit, un groupe politique qui n’a pas recours à des pratiques dites « violentes », n’est pas forcément non-violent.

Se considérer comme « non-violent.e », c’est penser qu’on ne fait rien qui alimente les systèmes d’oppression. C’est voir la violence uniquement dans ce qui est visible, directement conflictuel et spectaculaire et omettre le côté diffus et permanent des rapports d’oppression. Un tel raisonnement est réservé à des personnes à la position sociale privilégiée, comme le souligne Gelderloos : « Le pacifisme en tant qu’idéologie vient lui-même d’un contexte privilégié. Il ne prend pas en compte que la violence est déjà ici;  que la violence est inévitable parce qu’elle fait structurellement et pleinement partie de la hiérarchie sociale actuelle ».

En l972, Angela Davis est incarcérée à la prison d’État de Californie. Un journaliste lui rend visite et braque la caméra sur elle : « Mais comment y parvenez-vous [à mener une action révolutionnaire] ? Par la confrontation ? Par la violence ? » Angela Davis, visiblement en colère, lui répond :

« C’est ça, votre question ? C’est un autre problème. Pour les gens, révolution est souvent synonyme de violence. Mais ils ne comprennent pas que la vraie nature d’une action révolutionnaire réside dans les principes et les buts que l’on s’impose, pas dans la façon d’y parvenir.

D’un autre côté, en raison de la façon dont cette société est organisée et de la violence présente partout et à tous les niveaux, il faut s’attendre à des débordements et à des réactions démesurées. Imaginez que vous êtes Noir, vous avez toujours vécu dans la communauté noire et que tous les jours en sortant de chez vous, des policiers Blancs vous contrôlent. Quand je vivais à Los Angeles, bien avant qu’aient lieu les émeutes dans la ville, j’étais sans cesse arrêtée.Je n’étais pas connue de la police mais j’étais une femme Noire, et j’étais naturellement perçue comme une militante potentielle.

Cette situation, c’était mon quotidien. Et maintenant, vous me demandez si oui ou non, j’approuve la violence. Cette question n’a vraiment aucun sens. […] Aujourd’hui, quand on me parle de mon côté violent, je trouve ça tout simplement incroyable. Cela signifie que la personne qui pose cette question n’a absolument aucune idée de ce que les Noirs ont traversé, de ce qu’ils ont vécu dans ce pays depuis le jour où le premier Noir a été arraché aux rivages d’Afrique. » [4]

Comment imaginer, dans le cadre d’une domination, créer un dialogue avec les oppresseur.euses en leur expliquant tranquillement leur position, en quoi elles et ils exploitent, dominent ?

Au fond, l’idéologie non-violente porte une vision des dominations selon laquelle elles pourraient se renverser grâce à la mobilisation « non-violente » qui créerait un rapport de force capable d’ouvrir un dialogue avec l’oppresseur et d’en faire un partenaire. Selon laquelle il faudrait réunir les conditions nécessaires à ce rapport de force grâce à des méthodes non-violentes. Le but étant de parler avec les dominant.es et de trouver ensemble « un compromis qui respecte les droits de chacun » [5].

Mais un rapport de domination est une situation où les dominant.es détiennent le pouvoir ainsi que les structures nécessaires à son maintien, refusant de reconnaître leurs privilèges et de les abandonner. Il me semble qu’en général, ils et elles ne sont pas prêt.es à y renoncer, ni même à les partager avec le sourire. Quand des ouvrier.ères en viennent à séquestrer leur patron pour se faire entendre ou seulement entamer des négociations, comment croire qu’un dialogue constructif pourrait exister dans le cadre d’une relation de pouvoir déséquilibrée ? C’est bien là qu’il s’agit d’instaurer un rapport de force, par la lutte, la pression jusqu’à ce qu’en face ils et elles cèdent. Il n’y a pas de dialogue, il y a une tentative de renversement des pouvoirs par les dominées qui cherchent à poser leurs propres règles.

 

Gj

Violence « située »

L’idéologie non-violente s’appuie en premier lieu sur le désaveu des actions « violentes » et même sur la critique de celles et ceux qui ne les condamnent pas assez fermement. Ce qui est « violent » serait à bannir de toute lutte. Certaines actions seraient donc mauvaises en soi, en « contradiction fondamentale [avec les] aspirations profondes de l’humanité. » [6]. Elles seraient l’arme de l’oppresseur. Se les réapproprier serait voué à l’échec : il serait toujours plus fort, disposerait des moyens de coercition et de répression toujours supérieurs (police, armée, justice, milices etc). Et surtout, l’usage de « la violence » engendrerait plus de répression. Au fond, certaines pratiques de luttes seraient à éliminer radicalement, car elles desserviraient et décrédibiliseraient toujours les luttes.

Affirmer que la « violence » ne sert à rien parce que « les riches et les puissants auront toujours beaucoup plus d’armes et des armes beaucoup plus destructrices que les pauvres » [7], c’est oublier que, dans le cadre du capitalisme et de l’impérialisme, ceux et celles qui dominent sont beaucoup moins nombreux que ceux et celles qui sont exploité.es. C’est nier la capacité d’organisation et de détermination des personnes. C’est oublier l’histoire de la guerre du Vietnam, de la guerre d’Algérie… et plus récemment les révoltes des peuples Arabes. Ces luttes n’ont-elles pas été « gagnées » en combattant de terribles adversaires, plutôt qu’en dialoguant gentiment avec eux ?

Et pour les conséquences répressives qu’entraîneraient ces actions, autrement dit « l’engrenage de la violence », pourquoi se focaliser sur les actions alors que le problème réside dans le fait qu’elles soient réprimées ? Il me semble que c’est bien contre cela qu’il faut lutter. Car la répression est fonction des lois en vigueur, autant que de l’identité assignée aux personnes qui en sont cibles. C’est un outil dont l’État se sert pour diviser et catégoriser des groupes afin de mieux régner. Les gouvernants décident à un moment T qui va être réprimé.e et pour quelles pratiques. Pour une même action, des agricultrices ne subiront pas la même répression que des anarchistes, et elles et eux-mêmes ne seront pas confrontées aux mêmes ripostes que des personnes issues de quartiers populaires, et encore plus si elles sont Noires ou Arabes, ou catégorisées comme telles. Il s’agit de refuser la création de catégories de population, la diabolisation de certaines pour justifier l’extension du système répressif, au sein duquel les plus stigmatisées sont de toute manière réprimé.es, humiliées et rabaissées, même s’ils et elles ne franchissent pas le cadre de la loi. Cette loi qui s’adapte aux circonstances et décrète de nouvelles illégalités dès que nécessaire (loi sur l’interdiction des signes religieux à l’école 2004, décret sur le port de la cagoule 2009, loi sur les violences en bandes 2010, loi sur l’interdiction du port du voile intégral 2011…). Brandir des figures monstrueuses d’ennemies intérieures et agiter l’épouvantail terroriste (figure du monstre par excellence) permet d’effrayer les « honnêtes citoyen.nes » et de les faire adhérer à la logique répressive.

Il s’agit de rester attentif.ves à ce que les structures d’oppression contre lesquelles nous nous révoltons ne définissent pas le cadre de nos luttes. Et bien sûr, si les personnes en lutte ne sont pas responsables de la répression qu’elles subissent, cela ne nous dispense de réfléchir nos actions avec stratégie, de prendre en compte la répression et de savoir la déjouer pour mieux agir.

Je voudrais aussi porter une critique aux milieux que j’ai fréquentés, qui méprisent la non-violence : « la violence » y est souvent valorisée, à tel point que, pour certaines, elle devient la mesure de la radicalité politique et un objectif en soi dans des cadres de luttes. Singulièrement, ces raisonnements s’appuient sur des bases très semblables à l’idéologie qu’illes rejettent ici encore, les pratiques en elles-mêmes se suffisent à elles-mêmes, sans que la question de la stratégie soit posée. Ici encore, la violence est réduite à la spectacularité des actions.

Une violence, toujours bonne à prendre pour les un.es ou fondamentalement mauvaise pour les autres… la destruction d’un campement de Roms et celle de vitrines de banques n’ont pas le même sens, même si il s’agit de destruction de biens dans les deux cas. Les deux actes ne prennent pas du tout le même sens ; ils n’ont pas du tout les mêmes conséquences.

Il est primordial, pour analyser une situation et ses enjeux, de la replacer dans son contexte et de se positionner. Se positionner signifie définir la place que l’on a dans des circonstances précises et d’en tirer des conclusions pour nos actes. Des féministes ont développé le concept de « savoirs situés » [8], nous montrant que « toute connaissance est partielle, partiale et située » [9] dans le sens où selon nos assignations sociales et les constructions qui vont avec, nous n’aurons pas la même approche de la réalité, ni la même prise dessus. Se positionner permet de clarifier quelle est notre place au sein d’une lutte pour choisir comment y contribuer.

 

Exotisation des luttes : plus la violence est lointaine, plus elle serait acceptable ?!!

« L’exotisation est un processus de construction géographique de l’altérité propre à l’Occident colonial, qui montre une fascination condescendante pour certains ailleurs. » Jean-François Staszak [10].

L’exotisation des luttes est un travers courant. Cela consiste à ne pas considérer les luttes de la même façon selon la proximité culturelle ou la distance à notre propre point de référence, la démocratie occidentale. Comment réagir à la valorisation d’une lutte dans tel ou tel pays dits du « sud » y compris dans ses dimensions dites « violentes », quand les mêmes personnes condamnent avec la plus grande fermeté des pratiques similaires en France, sous l’argument de la violence ? [11]

J’ai déjà vu des personnes enthousiastes de telle lutte en Amérique du Sud, où les gens faisaient des barricades enflammées pour bloquer les routes, pour être entendu.es et établir un rapport de force avec les autorités. Mais lorsque, dans le mouvement social du CPE, après les manifestations légales, des cortèges sauvages parcouraient la ville pour exprimer une rage trop contenue et encadrée par les organisations officielles, renversaient des poubelles sur les routes et y mettaient le feu, ces mêmes personnes criaient aux casseurs, à la violence gratuite et au vandalisme et dépolitisaient ainsi ces pratiques de luttes. Replacées dans une démocratie occidentale comme la nôtre, certaines formes de luttes deviennent sûrement moins exotiques.

L’exotisation est problématique en soi dans ce qu’elle suppose de vision post-coloniale du monde. C’est une vision paternaliste et raciste qui place la société blanche occidentale sur un piédestal, comme l’incarnation de la meilleure civilisation existante (Progrès, Démocratie, Émancipation, Liberté…) et qui exotise tous les autres modèles de société comme « cultures », les excluant par là de la sphère politique [12].

Le débat est partout

Le débat violence/non-violence émerge souvent à l’occasion de mouvements et d’actions dirigés contre l’État, ses institutions, les politiques publiques, bref des luttes tournées vers l’extérieur ou ce que certaines pourraient appeler la « Lutte Prioritaire ». Mais on retrouve ces tensions dans des luttes souvent considérées comme secondaires, celles qui visibilisent des systèmes de domination, mettent en lumière leurs mécanismes et les privilèges des personnes dominantes de par leur position sociale d’hommes, de blanches, de bourgeois.es, de valides. Ces bagarres sont souvent dépréciées car elles amènent de la complexité (en montrant que l’oppression est diffuse, intégrée en chacun.es et qu’il serait simpliste de la combattre uniquement chez nos « ennemis »). Il n’y a plus un seul front, ni une seule cible contre laquelle lutter. Ces luttes ébranlent les groupes activistes et militants eux-mêmes, mettent à mal leur cohésion. Les réactions qu’elles suscitent renvoient à cette division très genrée extérieur/intérieur, masculin! féminin : les luttes tournées vers l’extérieur sont valorisées et validées, tandis que la dénonciation des rapports de domination et de pouvoir internes est vue comme secondaire voire néfaste. Il n’est pas rare que les collectifs politiques et les personnes qui portent ces luttes soient taxé.es de violentes, d’extrémistes, voire de fascistes (qui n’a jamais entendu parler de « féministes fascistes » ou « féministes nazies » ?). Certaines de leurs prises de positions et de leurs actions sont qualifiées de violentes, parce qu’elles brisent l’unité d’un milieu face aux Grands Méchants (flics, État…). Bref, cela desservirait la lutte !

Le rejet de la « violence » est une fois de plus invoqué, car ces luttes bousculent la normalité des rapports sociaux, les non-dits évidents, les privilèges des un.es et des autres. Et il est plus facile de renvoyer à l’Autre qu’il ou elle est violent.e et donc que son discours n’est pas entendable, plutôt que de se remettre en question. Je trouve toujours étonnant que des personnes qui n’ont par ailleurs pas de problème avec des actes « violents », considèrent comme violente l’exclusion d’un homme qui a commis un viol d’un espace où la personne agressée ne veut pas être en sa présence. Cet exemple est assez simpliste mais malheureusement très fréquent. Encore une fois, la violence est ambivalente et analyser une situation uniquement par ce biais, sans la replacer dans le contexte, a peu d’intérêt.

Comment veut-on lutter ? Sortir de la dichotomie

Enfermer nos luttes dans des catégories ne me paraît pas très pertinent, que ce soit pour les critiquer à cause de leur violence supposée, ou pour en mépriser d’autres à cause de leur manque de radicalité supposée. Comme si la radicalité se mesurait au purisme angélique de la non-violence ou au nombre de vitrines brisées. Cet état d’esprit est plus proche du folklore romantique que de pratiques révolutionnaires. La propagande politico-médiatique tente de semer la confusion entre illégalité, radicalité des idées et « violence ». Même si ça n’est pas toujours évident, il me semble important de ne pas entrer dans ce jeu, pour que la légalité ne devienne pas un cadre qui limite nos moyens d’actions. Il n’y a pas de hiérarchie entre un tract, un sabotage, un débat public, un affrontement avec la police, un rassemblement, le fait de prendre soin les un.es des autres. L’important est de réfléchir en amont à nos motivations et aux moyens et stratégies que nous pouvons articuler pour y parvenir.

Parvient-on à nommer des objectifs ? A-t-on l’envie et le temps d’échafauder des stratégies ? Que veut-on défendre et que veut-on attaquer ? Dans quels horizons lointains inscrire notre lutte ? Quels sont les besoins immédiats ? Comment exprimer notre détermination à atteindre nos buts ? Quels sont nos imaginaires d’actions ? Comment choisir nos moyens d’actions ? Qu’est-ce qui nous fait pencher pour telle ou telle pratique ? Avec qui désire-t-on lutter ? Quelles actions porter ensemble ? Et quelles sont les bases communes nécessaires ? Quels sont les fondements éthiques de notre agir politique ? Comment se sentir bien et rester ensemble ? Comment partager nos enthousiasmes et dépasser nos découragements ? Comment trouver du plaisir dans les luttes ?

Se mettre en lutte c’est se sentir vivant.e, c’est ne pas se résigner à avoir la vie qu’on nous impose, à rester à la place qu’on nous a assignée, c’est tenter de renverser les systèmes qui nous mettent en rage, c’est se renforcer et se faire plaisir. Diffuser des réflexions théoriques et essayer de les concrétiser, expérimenter des pratiques, explorer nos imaginaires, apprendre à s’organiser collectivement. Se planter et apprendre de nos erreurs ou de celles des autres, arracher un bout de victoire, imposer un rapport de force. Même construire et vivre une lutte collective est déjà une victoire en soi.

MILO

TIMULT n°6, septembre 2012


Notes :

[1] Igor Reitzman : Longuement subir puis détruire (De la violence des dominants aux violences des dominés), 2002, Éditions dissonances ou sur le web lmsi.net/De-la-violence-des-dominants-aux

[2] How Nonviolence Protects the State, de Peter Gelderloos, actuellement publié en anglais aux éditions South End Press, 2007 et accessible en pdf sur zinelibrary.info/ [Note de VPO : voir également la traduction en français de l’introduction et des deux premiers chapitres du livre de Gelderloos sur https://violenceparfoisoui.wordpress.com]

[3] Colette Guillaumin, L’idéologie raciste, 1972, Éditions Mouton and Co

[4] À voir dans The Black Power mixtape, de Goran Olson (2011)

[5] Jean-Marie Muller, « Un autre monde est possible. Le choix de la non-violence dans les conflits sociaux et politiques », 2005, intervention au forum social mondial de Porto Alegre.

[6] Jean-Marie Muller, Signification de la non-violence, Institut de recherche sur la résolution non-violente des conflits, www.irnc.org

[7] Voir note [5]

[8] Pour approfondir cette notion, voir notamment les travaux du courant Black Feminism et de Donna Haraway

[9] Horia Kebabza, « L’universel lave-t-il plus blanc ? » : « Race », racisme et système de privilèges, 2006, Les cahiers du CEDREF, http://cedref.revues.org/428

[10] Jean-François Staszak, Qu’est-ce que l’exotisme, 2008, département de géographie, université de Genève

[11] Il ne s’agit pas de dire que toutes les pratiques de luttes déployées dans le monde seraient opportunes ici. Mais si elles ne le sont pas, c’est pour des raisons de stratégies, de contexte politique… et non pas parce qu’elles seraient violentes.

[12] Dans la même logique, certain.es anarchistes exotisent les révoltes des quartier populaires avec une « fascination condescendante » pour leur côté insurrectionnel. Souvent, ils et elles retiennent uniquement les pratiques employées (incendies de voitures, de bâtiments publics,…) sans les contextualiser et sans se positionner. Par exemple, pendant les émeutes de Villiers-le-Bel en 2007, lors d’une manifestation organisée en soutien, j’ai vu un jeune homme blanc issu de classe moyenne supérieure porter une pancarte qui disait « Ils [la police] tuent nos frères, c’est la guerre ». Par le mot « frères », la personne semblait se retrouver dans une même réalité de vécu que les émeutiers.es. Ou en tout cas pensait qu’une telle situation de révolte (à laquelle il ne participait pas) unit tout le monde dans une sorte de communauté de lutte qui transcenderait tous les rapports structurels.

[Gênes, Italie] Aucune paix pour ceux qui font la guerre

lu et recopié sur le Chat Noir Emeutier

Carlo, un compagnon de Gênes, va passer en procès pour « incitation à commettre des crimes ou des délits, avec la circonstance aggravante de la finalité terroriste » (art. 414 du Code Pénal) à cause d’un texte en solidarité avec l’action d’Alfredo et Nicola [1].

Dans l’affiche il y a aussi une référence à la condamnation en appel de trois personnes (dont Alfredo) à trois ans, dans le cadre du procès qui a suivi l’Opération Shadow, toujours pour l’art. 414 du CP, avec la circonstance aggravante de l’article 1, pour la publication du journal anarchiste KNO3.

Nous rappelons aussi qu’en mars 2016 Nicola Gai et Sergio Maria Stefani passeront en procès à Bologne, toujours pour tentative d’« incitation à commettre des crimes ou des délits », à cause d’un texte de Nicola de 2014 [2].

Voilà la traduction de l’affiche :

Aucune paix pour ceux qui font la guerre
Complicité avec ceux qui luttent

Avec la déclaration d’une soi-disant guerre de civilisation, voulue pour renforcer leur hégémonie, les puissants de la terre appellent à eux leur sujets, au nom de la nation ou de la religion.
Avec la création d’états d’urgence permanents, l’État renouvelle ses codes pénaux pour verrouiller encore plus les espaces de liberté qui restent.

Dans un climat de paranoïa sécuritaire, alimenté encore plus par le massacre qui a eu lieu à Paris, un compagnon anarchiste de Gênes passera en procès pour avoir critiqué publiquement les auteurs d’une prise de distance face à l’attaque contre l’ingénieur Roberto Adinolfi, blessé aux jambes le 7 mai 2012 par Nicola et Alfredo, anarchistes enfermés encore aujourd’hui dans la prison de Ferrara. Ce monsieur était à l’époque PDG d’Ansaldo Nucleare, tentacule de la pieuvre Finmeccanica, intéressée depuis toujours par le marché de la guerre et de la répression, au point d’avoir un rôle fondamental dans le développement des théâtres de guerre internationaux.

Le compagnon de Gênes a été mis sous enquête pour incitation à commettre des actes de terrorisme, un délit dont la possibilité d’application est de plus en plus élargie à chaque décret d’urgence. Ces dernières années, d’autres compagnons ont été frappés par le même type d’accusation et certains condamnés pour avoir diffusé publiquement des textes, des articles et des communiqués qui sont de toute évidence intolérables pour l’État et ses serviteurs fouineurs… Forces de l’Ordre, services secrets et Justice s’attachent, avec les nouveaux décrets antiterrorisme, à arracher tout désir d’offensive pour la liberté.

Du Califat à l’OTAN,
ce sont les États  qui utilisent la violence aveugle contre les populations !
Désertons la guerre [3] !
Sabotons l’ordre mortifère de la guerre permanente !
Détruisons la machine du contrôle social !

Solidarité avec Carlo !
Solidarité avec les compagnons et les compagnonnes qui luttent dans et hors des prisons !

Des solidaires de Gênes

[Traduction anonyme de Croce Nera Anarchica reçue par mail]

NdT:

[1] Le compagnon est mis en examen pour le texte « A ceux qui ne se dissocient pas », une réponse à la dissociation publique du texte « Les points sur les i », peu après l’attaque contre Adinolfi.

[2] En italien ici

[3] En italien « Disertiamo il fronte occidentale », jeux de mot entre le titre du fameux livre d’E.M.Remarque « A l’Ouest rien de nouveau », qui en italien est traduit comme « Niente di nuovo sul fronte occidentale » (rien de nouveau sur le front de l’Ouest) et le concept géo-politique (et journalistique) d’Occident.

solidaliGenovesi

[Montoison ] (26) soirée de soutien le16/02 à la Zone A Défendre de NDDL

reçu par mail

Pour celleux qui souhaitent participer à une discussion/infotour des habitant-e-s/occupant-e-s de la ZAD de Notre dame des landes

RDV MARDI 16 FÉV – 19H À L ‘HICAM 0 Montoison (26)
REPAS SOUPE-CRIQUES & BUVETTE
discussion autour de l’histoire des actions directes contre l’aéroport, l’organisation collective
et/où la diversité des composantes…

Sortie de « Séditions » n°6 (février 2016)

lu et recopié de Brèves du désordre

Vous trouverez sur le blog le dernier numéro de ’Séditions’ de ce mois
de février 2016 : https://seditions.noblogs.org/post/category/n6/.

Au sommaire :

Dossier : Pour « votre sécurité », qu’ils disent…
- Les riches et l’Etat nous veulent à genoux : soyons leur pire cauchemar
- Leur « sécurité dans les transports » : l’autre nom de la guerre aux pauvres
- A Calais, l’État et ses larbins mènent une guerre acharnée contre les migrants
- La mairie nous fait chantier… Semons le désordre ! (quelques réflexions au sujet de la guerre aux pauvres menée par la mairie)
- A l’assaut du vieux monde (brèves d’agitation à Besançon et ses environs)


Le journal ‘Séditions” part avec l’idée de renouer avec l’agitation urbaine dans une perspective anarchiste. Il n’a pas vocation à promouvoir une quelconque organisation, qu’elle soit formelle ou informelle, fusse-t-elle anarchiste. Il ne rentre pas non plus dans la démarche qui consiste à créer des alternatives au sein d’un monde qui nous écrase sous son autorité. Nous luttons pour la liberté totale de tous les individus et donc en dehors du champ de la politique : nous ne cherchons pas à rendre ce système de fric et d’autorité plus juste.

La ville change. Promoteurs immobiliers, entreprises du BTP, architectes, mairie, commerçants et associations d’artistes investissent les quartiers dans l’intérêt des riches et de l’Etat. Le besoin se faisait ressentir de mettre au centre des discussions les restructurations de l’Etat et du capitalisme qui, jour après jour, modifient notre environnement, nos lieux de vie et d’errance, nos trajets quotidiens.

Afin que tout ce système d’exploitation et d’oppression soit bien huilé, l’Etat déploie sans cesse plus de moyens – tant technologiques qu’humains – de contrôle et de surveillance sur chacun d’entre nous, tout en cherchant à diviser les exploités et dominés en catégories et à les monter les uns contre les autres (communautarismes religieux, ethniques) pour mieux les souder autour de ses concepts merdiques de nation et de patrie (« Unité Nationale » de l’après-« Charlie » et autres exacerbations patriotiques).

Souffler sur les braises encore chaudes d’attaques qui visent concrètement à se débarrasser de l’autorité du fric et de l’Etat, tel est le projet de ce journal.

lire

  • Séditions (Besançon) n°6, février 2016, 2

[ Italie] Nouvelle publication anarco queer

Ultime pubblicazioni dal sitnous


LUPE LA CAMELINA – Commando Femminista Informale di Azione Antiautoritaria

Au Mexique, au printemps 2015, un nouveau groupe informel d’action a commencé à se faire connaître par des communiqués et des actions, dont la première remonte au mois d’août de l’année précédente : cinq … explosifs placés pour frapper ceux identifiés comme des symboles de l’oppression contre les femmes et tous les exploité/es : l’Église, l’État et le Capital. Puis, d’autres actions ont provoqué des dégâts matériels … aux objectifs choisis. Dans leur communiqué, ce groupe de femmes signe « Louves la Camelina – commando féministe informationnel d’action antiautoritaire (COFIAA) » expose dans un long texte leur vision d’ensemble et ce qui les a poussé à l’action. Dans cet opuscule, tous leurs communiqués sont réunis.

FORBICI PER TUTTE -⁠ Testi sulla violenza machista nei movimenti sociali

La volonté de traduire « Tijeras pour toutes » naît de l’exigence que nous avons comme des compagnes féministes, queer et antisexistes, à contribuer au développement d’un raisonnement partagé sur le thème de la violence de genre dans les espaces occupés, dans les squats et dans tous les lieux que nous traversons et que nous désirons vivre comme espaces safe. « Tijeras pour toutes » est un recueil de textes élaborés par les compagnes de Barcelone : même si les paroles que vous trouverez se réfèrent à d’autres lieux et d’autres personnes, elles ne concernent de près et nous touchent au profond de nos expériences quotidiennes. Nous diffusons ce fanzine avec la volonté de ne pas toujours partir de zéro dans nos réflexions et de profiter de la réflexion d’autres compagnes et d’autres collectifs.

DES ESPACES DANGEREUX

résistance violente , autodéfense, lutte insurrectionnelle contre le genre

« Nous ne demandons pas le droit de marcher dans la rue, nous prenons les rues;nous ne demandons pas que les  annonces publicitaires ne nous transforment pas en femme objet, nous détruisons les mécanismes commerciaux qui nous déshumanisent en tant que femme; nous n’appelons pas au pouvoir machiste afin que les viols s’arrêtent, mais nous les menaçons: »si tu me touche, je te tue ». Pour une fois les mécanismes qui créent et maintiennent les identités féminines furent refuser et nos désirs furent les nôtres,  nos corps furent les nôtres, et notre violence fut la notre.Nous vous  ferons voir,  les rates folles »

NDTR pris sur informa azione

Concert punk rock et repas vegan au Parpaing Paillette

reçu par mail:Concert punk rock et repas vegan au Parpaing Paillette
Vendredi 12 février 2016
Entrée & repas prix libre / bar _
19h30 : repas végétalien (sans aucun produit d?originale animale)
à partir de 21h : concerts avec trois orchestres de musiques amplifiées
:

PINKU SAIDO (Lyon/Tokyo, sans déc !) –
http://pinkusaido.bandcamp.com/releases
FAUX DÉPART (Lyon) – http://fauxdepart.noblogs.org
LA CRÈVE (SMH/Fontaine/Romance sur Misère) – http://lacrevepunk.free.fr

Le Parpaing Paillette
104, avenue Ambroise Croizat
38400 Saint-Martin d?Hères
Tram Maison Communale (D) ou Neyrpic Belledonne (C)

Lieu d?activité, occupé et persécuté depuis septembre 2015. Les
bénéfices financiers de la soirée serviront à financer les autres
activités du squat.

Le Parpaing Paillette est un lieu de vie et d?activité autogéré et
squatté au 104, av. Ambroise Croizat à Saint-Martin-d?Hères. Il y a une
bibliothèque, une zone de gratuité (vêtements, objets divers), un point
de mise en commun et redistribution de nourriture de récup, une salle
très polyvalente qui héberge la plupart des activités proposées, un
dortoir pour les personnes de passage et une salle non-mixte (sans mecs)
d?activité/sleeping. _
Toutes nos activités sont gratuites ou à prix libre. Nous développons
depuis plusieurs années un mode de vie communautaire et des activités en
lien avec nos valeurs anarchistes et libertaires. Nous expérimentons,
avec d?autres lieux/collectifs, des alternatives aux différents systèmes
de domination : sexisme, capitalisme, spécisme?

Pour nous contacter : 06 41 18 41 61
Notre site internet : parpaing-paillette.net

ville de Mexico [Mexique], D.F. : Actions solidaires avec les compagnon(e)s emprisonné(e)s

contra info
et aussi Croce Nera Anarchica
Communiqué reçu le 3 février

Le 31 janvier nous avons coordonné des actions solidaires avec les camarades emprisonné-e-s, non seulement les prisonnier-e-s anarchistes mais aussi tou-te-s ceux/lles qui sont enfermé-e-s dans les prisons de la démocratie ou qui fuient sa répression.

Nous avons posé simultanément deux banderoles sur les avenues Xola et Tlalpan :
« SOLIDARITÉ AVEC LES PRISONNIERS ANARCHISTES » et « BRÛLER LES PRISONS ET TOUS LES JUGES », qui ont flotté durant un temps indéfini. Au même moment, nous avons brûlé une voiture de la compagnie TELMEX, propriété du magnat Carlos Slim, au sud de la ville de Mexico.

Nous ne sommes pas retournés sur les lieux ; cette action vient de nos coeurs ardents et sincères, en complicité avec ceux/lles qui assument une guerre frontale contre l’état et le capital.

LA SOLIDARITÉ EST L’ATTAQUE

DÉTRUISONS LA SOCIÉTÉ CARCÉRALE

TOUS LES JOURS SONT DES OPPORTUNITÉS DE RÉVOLTE

Quelque anarchistes

Espagne : sur le procès de Mónica et Francisco

Brèves du désordre
Mercredi 3 février a été fixée la date de procès des anarchistes Mónica Caballero et Francisco Solar, qui devront affronter des réquisitions du procureur s’élevant à 44 ans de prison [pour chacun-e d’entre eux] pour « appartenance à une organisation terroriste, massacres, blessures et conspiration ». Le procès aura lieu au siège de l’Audiencia Nacional de San Fernando de Henares les 8, 9 et 10 mars et ils seront transféré-e-s vers des prisons madrilènes dans les jours qui viennent.

Presque six ans après la construction du dit « Caso Bombas » par l’Etat chilien, pour lequel ils ont tou-te-s deux été incarcéré-e-s, jugé-e-s, condamné-e-s puis finalement relaxé-e-s, et plus de deux ans après leur arrestation dans l’Etat espagnol, Mónica et Francisco vont à nouveau se retrouver dans un tribunal, face à des juges et des procureurs. Le processus légal contre les compagnon-ne-s a mis en évidence le travail de gestion commun des Etats chilien et espagnol en matière d’antiterrorisme, accompagné de l’habituel lynchage médiatique caractéristique de ce genre d’affaires. Celle-ci a aussi été le fer de lance de l’actuel contexte répressif lancé contre les luttes, puisqu’il s’est agi de la première d’une série d’opérations antiterroristes préparées par l’Etat contre des anarchistes et des antiautoritaires ces dernières années et qui ont mené à la mise en examen une quarantaine de personnes pour terrorisme.

Face aux brutales attaques de l’Etat et à ses différentes manières d’isoler , d’intimider ou de poursuivre les luttes avec celles et ceux qui y participent, nous, anarchistes et personnes en lutte, avons la capacité d’aiguiser nos mots et nos pratiques en remettant en question leurs modèles citoyens, en trouvant notre propre abécédaire pour dépasser le langage de l’ennemi et en défendant nos luttes et nos liens tout en évitant de tomber dans des postures victimistes pour aller au-delà de la logique innocentiste et/ou culpabilisatrice. C’est en partant de là que Mónica et Francisco ont affronté l’enfermement et c’est de cette manière que nous impulsons la solidarité.

Dans la négation de l’autorité et de sa légitimité créée pour nous juger, dans la réaffirmation des idées, des pratiques et des complicités rebelles, pour l’agitation constante et la solidarité combative. Toujours avec celles et ceux qui luttent.

Force, [Solidarité] et Liberté pour Mónica et Francisco, ainsi que toutes les personnes en lutte emprisonnées et poursuivies !
Liberté pour toutes et tous !
A bas tous les murs !

Barcelone, Février 2016

[Traduit de l’espagnol de Indy barcelone, 08 /02 2016]

[Kurdistan] A Cizre, le massacre est un crime de guerre

marseille info autonome
le régime fasciste turc execute 60 civils à Cizre en incendiant l’immeuble dans lequel ces derniers sont bloqués depuis des jours… Les états européens restent silcencieux et soutiennent leur allié turc… Solidarité avec le mouvement d’émancipation kurde !
Un texte repris de Kedistan.net

Les médias sous contrôle de l’AKP ont annoncé la fin des opérations menées sous couvre feu à Cizre depuis le 14 décembre et « la mort de 60 terroristes cachés dans le sous-sol d’un immeuble ».

Il s’agissait de prendre les devants pour masquer le crime de guerre qui se préparait depuis quelques jours, puisqu’en réalité les forces de répression ont mis fin au siège de l’immeuble où des blessés mourraient un à un, la police interdisant l’approche des secours.

Hier, dans le quartier Cudi de Cizre, un immeuble avait pris feu suite au tir à canon. L’incendie avait tué 9 personnes et un jeune de 16 ans avait été tué par balle à la porte de l’immeuble. Une trentaine de personnes étaient coincées à leur tour dans le sous-sol.

Par ailleurs, dans un autre immeuble se trouvant dans le même quartier, 24 personnes dont 15 blessés, étaient coincées dans le sous-sol depuis 16 jours et injoignables depuis le 29 janvier. Leur sort était inconnu.

TRT (télé d’état) annonce donc dimanche soir, en flash « l’intrusion dans le sous-sol, présenté cette fois comme QG du PKK à Cizre. 60 terroristes ont été tués » et les médias comme Şafak, Sabah, Star, Akit reprennent l’information en titrant « La fin des opérations menées contre le PKK ». La plupart de ces médias ont ultérieurement rectifié le nombre de « terroristes tués » de 60 à 30.

L’Agence DIHA précise qu’à l’heure à laquelle la TRT a annoncé le début des opérations, c’est à dire entre 17h et 19h, il n’y a pas eu d’affrontements mais que de fortes explosions ont été entendues par la population. Cette observation a été confirmée par le député HDP Faysal Sarıyıldız, sur place. DIHA annonce également que dans un premier temps, 7 corps auraient été transférés à l’hôpital de Cizre.

La vidéo du direct de Özgür Gün TV, du 4 février à 17h15 nous fait entendre le dernier appel à l’aide depuis l’immeuble incendié. Il s’agit de Mehmet Tunç, président du conseil populaire de Cizre qui probablement fait partie des morts aujourd’hui.

(vidéo en turc, suivi de la traduction en français)

… A part l’aide il y’a l’incendie. La population qui est coincée dans le sous-sol depuis quatre cinq jours. Il sont blessés, et nous sommes dedans. De toutes façons, ici, c’est bombardé depuis hier. Un incendie s’est déclarée, les mortiers et tirs ont troué l’immeuble. Les anciens meubles et affaires sont à l’intérieur [au sous-sol] nous sommes face à une difficulté. [inaudible]. Ici, près de 30 personnes brûlent.

Et en ce moment… [il tousse très fort] la fumée s’est infiltrée à l’intérieur et le feu commence à entrer par les trous. Bien que j’ai essayé de mouiller les canapés, il y a un grand incendie en haut. De toutes façons cet incendie doit est visible de partout de Cizre. […] Je fais appel à l’humanité, à cet instant, il faut plutôt et absolument que les pompiers viennent éteindre l’incendie que des ambulances. Sinon, vraiment, il y’a des gens dont les jambes sont arrachés, des blessés graves, il y’a des enfants dans cette maison en ce moment. Ils vont brûler dans les flammes. Je suis sûr que la Turquie, toute la Terre, et même l’ONU enregistreront cela…

Le présentateur [coupe sa parole] : combien de blessés, et combien de personnes se trouvent dans le sous-sol actuellement ?

Près de 37… 37 personnes

Le présentateur : Ces 37 personnes sont à l’étage qui brûle ou en bas ? Pourriez-vous répéter ?

Nous sommes tous en bas. Oui, nous sommes tous en bas, l’étage brûle.

Le présentateur : Combien de personnes ? Vous avez dit 37 ?

37 personnes.

Le présentateur : Est-ce qu’il y a une chance d’intervention ou des gens qui viennent ou appellent ?

Le propriétaire avait mis un stock d’eau ici, une dizaine de bonbonnes. Nous avons consommé cinq, six. J’ai donné à des amis ici. Ils les ont consommé. Ils sont blessés, ils boivent de l’eau. Il reste quatre, cinq, je les ai mis sur les canapés. Ils sont un peu mouillé. Mais haut, la maison brûle complètement.

Le présentateur : Pour quelle raison cette incendie s’est déclarée ?

C’est avec les tirs de canon des chars et des mortiers. De toutes façons, l’état de Cizre depuis des jours, on connait. Comme on a vu …..[inaudible] avec des tirs, peut être les rideaux, ou je ne sais pas quoi de la maison ont du prendre feu. Et le feu descend petit à petit vers le bas. Ce serait bien d’envoiyer un téléphone avec images, que le monde voit cette maison qui est en flammes.

Le présentateur : Vous êtes dans quelle maison du quel quartier ? Vous connaissez le numéro de l’immeuble ?

Nous ne connaissons pas le numéro de l’immeuble. Parce que…

Le présentateur [coupe] : Et comme quartier ? Savez vous dans quel quartier vous êtes ?

Le quartier de Cudi. Quartier Cudi, derrière [inaudible].

Le présentateur : Oui.

C’est à dire, vers le haut de Abdülcedid [?]. De toutes façons le feu est visible. Si les gens montent au premier étage, ils peuvent voir le feu.

Le présentateur : Oui. et à propos de l’état des blessés actuellement ?

Il y a des blessés qui sont dans un état très grave. J’ai laissé les autres gens qui sont blessés depuis 10 jours. dans sous-sol que j’ai quitté, mon état était bien. Je pouvais sortir. Vous savez depuis des jours, comment dire… pour que les choses ne se répètent pas et pour ne pas être otage moi aussi, je suis sorti et je suis entré dans un autre sous-sol. [Dans le premier sous-sol] les gens étaient blessés depuis une dizaine de jours, ils survivaient sans eau et sans nourriture. Comme un devoir d’humain, et en tant que Président de conseil je suis resté près d’eux. Nous essayons depuis des jours de faire entendre leur détresse à l’opinion publique au monde, mais… les batteries de nos téléphones se terminent. Et là, suite à la déclaration de l’incendie, nous avons appelé pour demander l’arrivée des pompiers. Nous laissons faire l’humanité. Si ces gens brulent, l’humanité viendra chercher leur corps carbonisés, comme l’hôtel de Madımak est passé dans l’histoire de la Turquie comme une honte.. et en ce moment, cet immeuble, cet immeuble de 4 étages, je le sais, passera dans l’histoire de la Turquie comme une honte de l’humanité, comme une tache noire…. Inchallah, ce ne sera pas comme ça, j’espère que je me trompe. J’espère que ces gens seront sauvés et qu’une chose comme ça ne donnera pas un coup de plus à la fraternité kurde-turque.

Le présentateur : Il y avait un autre immeuble. Celui ci est un autre immeuble, c’est bien cela ? Ce n’est pas l’immeuble où les blessés se trouvent depuis des jours ?

Je n’ai pas de nouvelles de cet immeuble depuis 6 jours. Il n’y a plus de force, ni de …[inaudible], nous n’avons pas de nouvelles. Nous sommes un peu plus haut. Quand on dit l’adresse on se trouve face à des attaques plus intenses, c’est pour cela je ne dirai pas. La première fois on l’a dit, il ont envoyé des mortiers.

Le présentateur : Est-ce qu’on ouvre le feu en ce moment [sur vous] ?

Le feu est visible, ça doit se voir partout.

Le présentateur : Pourriez-vous répéter le nombre de blessés et leur état, pour confirmer ?

Les blessés sont du nombre 37. …[inaudible], ils ont des jambes cassés, des pieds arrachés, certains sont touchés par balle, d’autres sont blessés par des bombes [canons] ou en état de choc à cause de la pression [provoqué par l’explosion] et ils sont paralysés. Ces gens sont en difficulté mais ils n’ont pas la chance de fuir. Le véhicule qu’on appelle Kobra, attend en ce moment même devant la porte. Peut être qu’ils entendront cette conversation et nous exécuteront dans quelques minutes, nous sommes face à ce danger. Il est possible que ce soit notre dernier appel, notre dernier cri. Peut être que nos députés, Selahattin Demirtaş, ils font des entretiens peut être, pour avoir les pompiers et sauver les gens. Parce que désormais, l’arrive des ambulances je pense, n’est plus possible, c’est l’arrivée des pompiers qui doivent venir avant tout.

[Fin de la conversation.]
*Si vous arrivez à bien entendre les parties qui nous ont parues inaudibles, n’hésitez pas à nous écrire en indiquant les minutes et ce que vous entendez. Merci.

Des photos de corps, la plupart calcinés sont partagées sur les réseaux sociaux. Nous vous épargnerons ces images pour plusieurs raisons. Elles ont été publiées en première main par « des comptes » proches des forces armées, en signe de victoire macabre. Nous avons découvert pour certaines d’entre elles, qu’il s’agissait des images d’autres victimes de massacres antérieurs, dont les images sont irrespectueusement « recyclées » pour dénoncer un autre massacre. Ce qui, pour nous, est une façon de faire qui décrédibilise totalement une dénonciation légitime. Pour les autres images, dont nous n’avons pas trouvé de traces anciennes, nous n’arrivons pas confirmer leur véracité. Et bien sur, nous savons que les lecteurs de Kedistan, n’ont pas besoin d’être visuellement sollicités pour être bouleversés, pour s’informer et réfléchir.

A l’heure actuelle, même avant de s’inquiéter pour les photos, les précisions manquent. Les députés du HDP Faysal Sarıyıldız, Meral Danış Beştaş et İdris Baluken ont annoncé dans la nuit, qu’ils avaient également beaucoup de mal à obtenir des nouvelles sûres et essayaient désespérément d’avoir des confirmations.

De nombreuses réactions à chaud ont été observées, notamment sur les réseaux sociaux. Les appels au rassemblement dans diverses villes turques et européennes se multiplient depuis 02h00 du matin. Et les appels trouvent écho.

On ne connaît pas encore avec précision le nombre de victimes, mais les circonstances ne laissent planer aucun doute. On connaît les assassins, leurs méthodes, et celui qui est au bout de la chaîne de commandement : c’est un ami de la France et des gouvernements européens. Le massacre de Cizre est de la responsabilité d’Erdogan et de son gouvernement.

Pour protester contre le massacre de Cizre, les organisations de société civile et les partis d’opposition démocratique ont décidé trois jours de « ville morte » à diyarbakır et se déclare prêts à renforcer la résistance.

Aujourd’hui 8 février 14 heures, une marche a commencé à partir du siège local du DBP à Diyarbakır.

Un peu partout, des ripostes et des protestations s’organisent, dans les métropoles turques, et dans les grandes villes européennes…

video manifestation dans les métropoles turques

[St Julien Molin Molette 42220] : soirée de soutien le12/02 à la Zone A Défendre de NDDL

On est un groupe d’habitant-e-s du Pilat et en solidarité avec la zad de Nddl et les menaces d’expropriations, nous organisons une soirée de soutien festive. C’est prévu le 12 février à l’Essaim de Julie à St Julien-Molin-Molette. Où là aussi là situation dans le village devient compliqué.

Ça commencera à 18h avec l’Info-Tour de la ZAD qui nous parlera des
actions en cours, de la situation juridique, la vie sur le terrain,
l’histoire de la lutte, les perspectives…

Après, y’aura de quoi dîner sur place avec un petit stand pizza prix
libre et un bar.

Et ensuite vers 22h, du son contre l’aéroport avec un concert de hip-hop
du collectif de la ZAD : Contre-coup + guests

l’affiche de la soirée en PDF

Entrée prix libre. Venez nombreus-e-s et n’hésitez pas à faire circuler l’info dans vos réseaux ! A bientôt.

(et si les expulsions surviennent, tout est annulé. Rejoignons nous là bas !)