Archives mensuelles : septembre 2015

[Tract] : Sans-papiers ? Réfugiés ?

Sans-papiers ? Réfugiés ?
Contre le tri et le dépotoir humain

Indy Nantes, 21 septembre 2015

Vous avez déjà entendu parler du fait qu’il y a à peu près 4000 personnes arrivant actuellement en Europe par jour. Vous avez peut-être déjà aperçu les campements à La Chapelle, à côté de la Gare d’Austerlitz, au Jardin d’Éole, à la Halle Pajol et en d’autres lieux de Paris. Si vous y regardez attentivement, vous avez peut-être pris conscience des expulsions menées par la Mairie de Paris, par ses flics, avec toute l’aide indispensable de l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (l’OFPRA), d’Emmaüs, de France Terre d’Asile, des Verts et des autres qui ont pour but d’humaniser le tri des êtres humains que le pouvoir prend pour des déchets. Si votre sens de l’empathie n’est toujours pas éteint face à la poubelle qui nous est attribuée dans ce dépotoir qu’on appelle le capitalisme, peut-être vous vous en êtes indignés, peut-être avez vous même bougés votre cul pour amener de la bouffe, des vêtements ou des médicaments pour ces gens qui n’ont pas tout à fait terminé leur voyage vers l’inconnu, poussés par le désir de fuir un enfer bien familier… On ne peut que saluer la volonté de briser l’indifférence qui côtoie chaque enfermement et chaque expulsion, toujours plus ou moins violents. Dans une telle ville, ou personne ne vaut plus que sa soumission déguisée en « sympathie », on ne peut qu’appuyer toute tentative d’affirmer qu’il s’agit d’individus qu’on laisse pourrir dans la rue. Et pourtant, l’affaire se renverse lorsqu’on apprend à l’exprimer dans la langue du pouvoir…

Car aujourd’hui on nous apprend que si l’on veut être sympa, il faut « accueillir les réfugiés ». Mais que veut dire « réfugié » ? Selon la Convention de Genève de 1951, c’est une personne protégée par l’État accueillant, à cause de la crainte, avec raison, d’être persécuté dans son pays natal. Et qui c’est qui décide si l’on a raison ou non d’avoir peur ? Bah l’État ! Pour obtenir ce qu’on appelle « le droit à l’asile », il faut donc être en danger, et être capable de le prouver avec des documents l’attestant. Donc pour l’être avec raison, il faut que le pouvoir donne sa bénédiction. Même si on dort sous le claquement des armes, il n’y a pas de guerre avant que les Nations Unies ne le décident. Même si tu es à deux doigts de mourir, il faut en avoir une preuve convaincante. Et si l’on crève, il est préférable de le faire en grands nombres pour impressionner les puissants aussi bien que l’opinion publique dont ils dépendent (ou pas).

Mais même si ta misère a fait une bonne impression aux puissants, on va te faire ramper à genoux. Car l’État et les marchands qu’il sert ne balancent pas des « cadeaux » pour rien. C’est un échange, tu vois. Il y a tout un tas de boîtes qui t’attendent à bras ouverts, et ton taf pour trois fois rien va certainement booster l’économie. Et si t’en es pas content, on te fera goûter à nouveau à ton enfer natal, à côté de celles et ceux qui sont triés comme des déchets, parfois recyclables, parfois non. Et il y en aura tant qu’il y aura des frontières. De ceux qui, aux yeux de l’État, ne méritent pas d’être accueillis et qui n’ont donc pas le dit « droit » de ne pas crever sur un barbelé, de ne pas crever sur une autoroute à Calais, de ne pas se noyer dans les eaux turques, grecques ou italiennes comme du bétail négligeable.

Face à la « crise des migrants », pendant laquelle les autorités Européennes se sont décidées, obligées par l’opinion publique, à accueillir un certain nombre de réfugiés, la France, et notamment l’OFPRA, a déjà commencé le tri entre ceux qui sont « en urgent besoin de protection » et ceux qui, selon eux, ne le sont pas ou pas assez, sur une échelle de menace quantifiable en fonction des intérêts géopolitiques du pouvoir et du cours du baril de pétrole. Pour ces derniers, les conséquences sont claires, ça va sans dire. Récemment, pendant une occupation qui a lieu au lycée Jean-Quarré, dans le XIXe, la Mairie a demandé aux migrants de lui livrer une liste de noms distinguant les demandeurs d’asile des sans-papiers (à jamais, on peut supposer), et tout ça en échange d’un hébergement d’urgence (pas pour les sans-papiers, on peut le deviner…).

Malheureusement, en se déclarant solidaires des « réfugiés », on est implicitement complices de cette division et de tout ce qui va avec. On perpétue le tri qui justifie le harcèlement, les rafles, l’enfermement et l’expulsion de ceux qui n’ont pas leurs papiers en règle. En se proclamant solidaires avec une catégorie qui ne peut être définie que par le pouvoir, on est forcement complice de la chasse à l’homme qu’il mène contre les « habituels » sans-papiers et les exclus du « droit d’asile ». « Réfugié » n’est donc pas un synonyme de « migrant ». C’est un terme qui a pour but à la fois de cacher et de justifier la terreur contre les migrants qui ne sont pas sélectionnés par l’État pour devenir ses précieux réfugiés. C’est un terme du pouvoir pour diviser les exploités entre eux, fabriquer des figures de « gentils » (réfugiés, aisés dans leurs pays, de préférence chrétiens, etc.) pour expulser tranquillement les « méchants » (sans-papiers, misérables d’ici comme de là-bas, qui viennent manger le pain de « nos » lardons). Dans un monde qui n’a plus aucun sens, où chacun se recroqueville sur sa petite parcelle d’identité, crever de faim n’est plus un critère suffisant pour recevoir hospitalité et solidarité. Et quelques larmes devant des photos sensationnelles ou la signature d’une pétition suffisent à se donner bonne conscience pendant que la machine à expulser continue son business de mort aux coins de nos rues. Car la misère de ceux qui errent sur cette terre n’est pas une question « humanitaire » ; elle est consciemment produite par l’État et ses marchands, et rendue acceptable par ses gestionnaires pour qui il s’agit d’un business comme un autre. C’est ce que nous appelons « machine à expulser ».

« Réfugié » est donc un mot du pouvoir qui n’a qu’un seul but : séparer les exploités, leur faire croire que leurs intérêts ne sont pas les mêmes, et créer des classes parmi les « méchants » sans-papiers, au-dessus desquels triompherons les « gentils » réfugiés, que la France prendra en charge à perte comme à profit, avec l’humanisme triomphant de la patrie des droits de l’homme et du barbelé. Et quel sort réservera-t-on à ces « sans-papiers » qui ne sont pas éligibles à l’asile ? Le même que d’habitude : Misère, exploitation, centres de rétention et expulsion. Survivre, ça se mérite !

Le problème, ce n’est pas un manque de papiers ou de titres à donner. Non, le problème, c’est qu’on délègue la décision quant à qui les mérite. Car tant qu’il y aura des papiers, il n’y en aura pas pour tout le monde. Tant qu’il y aura des frontières, il y aura ceux qui périront en essayant de les traverser. Tant qu’il y aura des États, cette chasse à l’homme effectuée par ses larbins continuera.

Notre lutte n’est donc pas pour les réfugiés – même s’il ne s’agit en aucun cas de culpabiliser ceux et celles qui en ont obtenu le titre. Notre lutte est contre tous les États et contre leurs frontières qui ne peuvent que mutiler, enfermer et tuer. Un titre de séjour est une manière comme une autre de se démerder dans un monde de merde, mais il n’est pas ce à quoi on aspire. Dans un monde où des papiers équivalent le droit d’exister, imaginer des « papiers pour tous » est impossible. C’est pourquoi nous luttons pour un monde où ils n’auront plus aucune valeur.

Vous nous reprochez d’être trop peu réalistes ? Bien, en l’occurrence, être « réaliste » consiste à perpétuer le massacre tout en cachant ses véritables raisons. Face à une telle réalité on préfère agir tout de suite pour que nos rêves d’aujourd’hui s’en emparent demain.

Liberté pour tous et toutes, avec ou sans papiers.
Pour un monde sans frontières, sans flics et sans gestionnaires de la misère.
Sabotons la machine à expulser !

septembre 2015,
Des anarchistes

[Tract trouvé dans les rues de Paris, septembre 2015]

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[Bâle, Suisse] “Rasons les frontières, chassons l’armée” – 18 septembre 2015

images_cms-image-004646975Vendredi 18 septembre était appelée la manif “No CONEX – No Borders” à Bâle. De 200 à 400 personnes se sont réunies à Claraplatz, déambulant sur Klybeckstrasse et sur le Dreirosenbrücke en direction de la frontière Weil-Otterbach, où une bonne soixentaine de flics les attendaient. Sur le parcours, de nombreux tags contre les frontières sont inscrits sur les murs et diverses agences commerciales. Quelques passants qui s’interposent se mangent un peu de peinture dans la tronche et sur leurs fringues. Le cortège se dirige vers le centre de rétention de Bässlergut, où une cinquantaine de manifestants masqués et casqués s’affrontent avec les flics à l’aide de fusées d’artifices, de pierres et de bouteilles en verre. Les flics répliquent à coups de lacrymo et de lanceurs de balles en caoutchouc. La confrontation dure environ une demi-heure, tandis que les flics et gardes-frontière essaient de repousser les manifestants. Ce qui n’empêche pas que les manifestants puissent entendre des cris de joie et d’encouragement depuis le centre de rétention.

Les manifestants quittent les lignes de flics et prennent ensuite une autre direction, détruisant plusieurs succursales de multinationales. Le local de la presse locale du journal BaZ de la Hochbergerstrasse est sauvagement attaqué. Des distributeurs automatiques et des panneaux d’affichages de la société de transports bâloise se font défoncer à Stücki. De plus, la police déclare que “plusieurs véhicules de patrouilles aux frontières et de police, ainsi qu’un de leurs camions ont été endommagés”. La manif se dissout vers 22h00.

Au total, la voix des flics parle de 4 policiers blessés et de 8 manifestant-es arrêté-es. 5 suisses (âgés de 18 à 24 ans), 2 suissesses (âgées de 25 et de 26 ans), ainsi qu’une autrichienne de 22 ans ont été interpellé-es. Toutes les personnes sont accusées de “violations à la paix publique, de violences et menaces contre les autorités et les policiers, de dommages et de perturbation des transports publics”.

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"Rasons les barrières - Chassons l'armée"

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Résumé de la presse des flics et des frontières

Saint jean du Gard[bibliotheque152] Contre toutes les frontières, encore…

arrivé le 17 septembre sur la boite aux lettre du laboratoire

Voici une courte vidéo montrant la manifestation de samedi dernier à Vintimille. Pendant qu’une partie des manifestants (près de 200 au total) bloque le poste douanier pendant plusieurs heures côté italien, une autre partie traverse symboliquement la frontière à la nage puis rentre après avoir rapidement posé un pied un France…

https://www.youtube.com/watch?t=5&v=r2jwy4gzYT0

D’autres actions de soutien auront lieu ici prochainement (récupération
de matériel notamment), on lâche rien !

Ci-dessous un texte sur l’actualité récente tiré du site « Sans papiers
ni frontières », disponible en brochure à la Biblio.

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UN ÉTÉ CONTRE LES FRONTIÈRES

Depuis le début de l’été, des milliers de personnes tentent de rejoindre
l’Europe. Parmi celles qui ont réussi, beaucoup sont bloquées et
traquées aux quatre coins du continent : en Grèce, en Macédoine, à
Calais, à Vintimille…

AUX FRONTIÈRES ASSASSINES DE L’EUROPE…

Dans les médias, les gouvernants européens parlent de « situation
explosive » et de « drame humanitaire » en évoquant les nombreuses
personnes qui meurent en tentant la traversée de la Méditerranée.

Agiter l’épouvantail de l’invasion et des réseaux criminels de passeurs
permet aux États de justifier leurs politiques migratoires meurtrières
tout en se parant d’un vernis humanitaire. L’escalade militaire qui se
met en place aux frontières de l’Europe se fait au prétexte de
neutraliser les passeurs qui seraient responsables des milliers de
mort-es en Méditerranée et ailleurs. Mais ces milliers de noyé-es,
électrocuté-es, écrasé-es, ont été tué-es par les États européens qui en
renforçant toujours plus la surveillance et le blocage des frontières
extérieures de l’Europe rendent les routes pour y accéder de plus en
plus dangereuses. Depuis 15 ans, plus de 40 000 personnes sont mort-es
aux frontières européennes, dont plus de 2300 depuis janvier 2015. Et
chaque jour de nouvelles personnes meurent sur le chemin de l’Europe.

Partout, de nouveaux murs s’érigent, les flics et les militaires se
déploient pour empêcher les personnes migrant-es d’entrer en Europe :

À l’Est, tandis que la Macédoine décrète l’état d’urgence et envoie
l’armée contre les migrant-es, la Hongrie poursuit la construction de
son mur de grillages et de barbelés le long des 175 km de frontière
commune avec la Serbie. En Bulgarie, l’État envoie les blindés contre
les migrant-es.

Des camps d’enfermement s’érigent ici et là. Appelés « centres de tri »,
« centres d’identification », ces lieux d’enfermement, qui voient le
jour dans les pays de l’Union Européenne où arrivent les migrant-es
(Italie, Grèce, Bulgarie), vont servir à séparer celles et ceux qui
auront le droit de déposer une demande d’asile en Europe et les autres,
les migrant-es dits « économiques » pour lesquels des procédures
d’expulsion rapides et groupées seront organisées. Tandis que certains
ont déjà ouvert en Bulgarie, en Italie ces centres seront opérationnels
dès cet automne, dans des bâtiments militaires désaffectés, retapés dans
l’urgence pour être opérationnels au plus vite.

En Méditerranée, l’Union européenne lance une opération militaire
navale, appelée « Navfor Med ». Aux flics et outils de surveillance
électroniques de l’agence de surveillance des frontières Frontex déjà
présents en mer, viennent s’ajouter navires et sous marins de guerre,
hélicoptères et drones des armées européennes. Conçue sur le modèle de
l’opération Atalante qui au nom de la lutte contre les pirates somaliens
dans l’océan indien bombarde des embarcations et villages de pêcheurs, «
Navfor Med » va voir ses moyens offensifs progressivement augmentés avec
comme objectif final la destruction des bateaux de passeurs avant qu’ils
ne quittent les côtes libyennes. Décidée au lendemain d’un naufrage qui
a fait 800 mort-es au large de la Libye en avril dernier, cette
opération présentée comme une guerre contre les passeurs s’inscrit en
réalité dans la continuité de celles déjà menées, qui visent à barrer la
route aux migrant-es, coûte que coûte, quitte à couler leurs
embarcations comme l’ont fait mi-août des gardes-côte grecs au large de
la Turquie, quitte à tuer d’avantage de personnes.

À Calais, où quelques milliers de personnes tentent de gagner
l’Angleterre par les ferrys et le tunnel sous la Manche, l’État et la
mairie s’accordent depuis des années pour réprimer les migrant-es. Mais
cette répression s’est encore accentuée ces derniers mois avec les
expulsions des différents lieux de vies des migrant-es (squats et
jungles) et l’augmentation de la pression policière.

Dans le même temps de nombreux renforts policiers sont arrivés dans la
région, et tandis que ceux-ci matraquent, gazent et raflent, la
Grande-Bretagne finance des barrières infrarouges et des barbelés qui
viennent engrillager le port et l’accès au tunnel sous la Manche.

On assiste à la même situation qu’à Ceuta et Melilla où l’Europe dresse
des murs de barbelés et de gadgets électroniques mortifères. On assiste
à la même situation qu’en Méditerranée. De plus en plus de migrant-es
trouvent la mort en tentant de passer en Angleterre : depuis début juin,
11 migrant-es sont décédé-es, noyé-es, électrocuté-es ou écrasé-es par
des camions dans la région de Calais. À Paris, le 29 juillet dernier, un
migrant a également été électrocuté alors qu’il tentait de monter sur le
toit de l’Eurostar à la Gare du Nord.

Le triptyque « invasion de migrant-es/passeurs/terroristes » sert depuis
des années à justifier les politiques migratoires de l’Union européenne,
agitant l’épouvantail de l’un pour réprimer l’autre. À les écouter, les
réseaux de passeurs semblent être la principale préoccupation des
dirigeants, mais à qui profite le renforcement du contrôle des
frontières si ce n’est à ces derniers ? Car plus les routes sont longues
et dangereuses, plus les prix augmentent et plus les réseaux se
renforcent, c’est la loi de l’économie capitaliste. D’ailleurs, dans de
nombreux pays, États et réseaux mafieux travaillent main dans la main.

De plus, si des réseaux mafieux existent bel et bien, de nombreuses
personnes condamnées pour être des passeurs sont des migrant-es ou des
personnes qui ont voulu donner un coup de main, par solidarité, et sans
en avoir tiré de bénéfices : celui qui conduit la barque car il y a une
expérience de la navigation en mer, celle qui ouvre sa portière à la
frontière franco-italienne pour prendre un passager, celui qui à Calais
referme les portes du camion derrière ses camarades de route.

L’Europe est en guerre contre les migrant-es : elle est prête à tout
pour empêcher celles et ceux qu’elle considère comme des indésirables de
rejoindre ses côtes, de traverser son territoire et de s’y installer.
Les récentes réformes qui, dans plusieurs pays européens, restreignent
le droit d’asile et l’accès à un titre de séjour en témoignent.

À travers les discours guerriers et alarmistes qu’ils emploient, les
gouvernants construisent depuis longtemps la figure d’un ennemi
extérieur, le migrant, qui représenterai une menace pour l’Europe, et
leur permet de justifier le renforcement du pouvoir et du contrôle,
partout, pour tou-tes. N’oublions pas que cette gestion des frontières
représente également un business juteux et un terrain d’expérimentation
pour les marchands d’armes et les fabricants de gadgets électroniques de
surveillance.

Mais la détermination de celles et ceux qui veulent fuir la guerre, la
répression, la misère, ou tout simplement voyager, sera toujours plus
forte que les barbelés et la peur de mourir.

… RÉSISTANCE ET SOLIDARITÉ

Des milliers de migrant-es présent-es sur le sol européen luttent chaque
jour pour continuer leur voyage et atteindre leur destination en
traversant le continent. Partout ils et elles sont confronté-es à la
pression policière : aux postes frontières, dans les villes, dans les
gares et les ports…

Les frontières sont omniprésentes et elles permettent au pouvoir de
séparer, de trier et d’empêcher les migrant-es de circuler librement.
Dans la rue, dans les transports, dans les administrations, si l’on n’a
pas le bon papier, chaque contrôle d’identité peut aboutir au blocage, à
l’enfermement et à l’expulsion.

Qu’elles soient matérielles, avec leurs murs, leurs barbelés et leurs
uniformes, ou immatérielles, aux guichets de la préfecture, dans les
couloirs du métro, dans les centres d’hébergement, etc., les frontières
sont à abattre car elles sont une entrave à la liberté.

Aux quatre coins de l’Europe, migrant-es et personnes solidaires
s’organisent pour lutter contre ces barrières : pour passer les
frontières entre les pays européens, résister au harcèlement policier,
refuser les prises d’empreintes forcées, s’opposer aux attaques de
groupes fascistes et casser la logique d’invisibilisation et d’isolement
où le pouvoir voudrait enfermer les migrant-es. Partout une forte
solidarité s’est mise en place pour contrer la guerre aux migrant-es
lancée sur tout le continent avec des revendications simples et claires
: des papiers et des logements, la liberté de circulation, l’ouverture
des frontières, l’arrêt de la répression des migrant-es et des
expulsions, contre l’occupation policière.

À Vintimille, ville frontalière entre l’Italie et la France, si les
touristes peuvent traverser tranquillement la frontière, il n’en va pas
de même pour tou-te-s. Depuis le mois de juin, un déploiement des forces
de police française et italienne tente de bloquer le passage des
personnes migrantes qui souhaitent poursuivre leur voyage en pratiquant
des contrôles au faciès.

Les barrages routiers et les contrôles à bord des trains, avec souvent
la complicité des contrôleurs de la SNCF malgré quelques résistances,
sont quotidiens et s’étendent jusqu’à Nice et Marseille. Chaque jour,
des dizaines de migrant-es qui réussissent à passer la frontière sont
arrêté-es et ramené-es côté italien par la police française. Mais
heureusement, beaucoup d’autres parviennent à passer et peuvent ainsi
continuer leur voyage.

Côté italien, les mesures prises contre les migrant-es et la liberté de
circulation sont multiples : du déploiement policier à l’interdiction de
distribuer de la nourriture, tout est fait pour décourager celles et
ceux qui veulent passer de l’autre côté des Alpes. Et pour gérer et
trier cette population, l’État peut compter sur son plus fidèle
collaborateur, la Croix-rouge. À Vintimille, c’est elle qui gère le
centre d’accueil des migrant-es situé à côté de la gare, vernis
humanitaire à la politique répressive de l’État.

Mais une partie des migrant-es a décidé de ne pas se laisser faire et de
refuser de se laisser enfermer dans le centre de la Croix-rouge. Le 11
juin, ils et elles sont plusieurs dizaines, avec quelques personnes
solidaires, à installer un campement sur les rochers du bord de mer, au
pied du poste frontière principal. Ils et elles entendent par là
protester contre le blocage de la frontière et construire un espace
d’entraide, de solidarité et de lutte. Malgré les pressions policières,
qui menacent d’expulsion et cherchent à empêcher d’autres migrant-es de
le rejoindre, le campement, appelé « Presidio Permanente No Borders
Ventimiglia » résiste et s’organise. « Dans ce campement, les européens
et les migrants ont construit un espace de solidarité, de complicité et
de lutte. Ensemble nous cuisinons et nous mangeons, nous rendons
concrète la solidarité dont beaucoup parlent, les informations et les
conseils se diffusent, nous surveillons l’action des forces de police
italiennes et françaises, nous affirmons clairement et ouvertement notre
désaccord face à la fermeture des frontières. »

Des actions blocage et des manifestations sont organisées dans la ville
ou au poste frontière aux cris de « We are not going back » (Nous ne
retournerons pas en arrière), ainsi que des tentatives de passage
collectif de la frontière.

Le 10 août dans la nuit, une centaine de migrant-es ont tenté de
traverser la frontière en montant dans un train. En gare de Menton,
ils/elles ont refusé de descendre du train face à la police. Ils et
elles ont alors été traîné-es de force dans les camionnettes qui les ont
reconduit-es au poste frontalier français de Ponte San Luigi, où ils et
elles ont été enfermé-es dans des containers en attendant que la demande
de reconduction sur le territoire italien soit acceptée par les
autorités. Plusieurs personnes solidaires ont alors bloqué la route pour
empêcher ces expulsions et une vingtaine d’entre eux/elles ont été
arrêté-es. Trois français-es passeront plusieurs heures en garde à vue
et six italien-nes sont désormais interdit-es de séjour à Vintimille.

Chaque fois que des migrant-es sont arrêté-es par les flics côté
français ils/elles sont enfermé-es dans des containers au commissariat
de la police aux frontières de Menton en attendant leur expulsion en
Italie. Mais la solidarité est toujours là : des personnes solidaires se
rassemblent devant le commissariat pour empêcher ces expulsions.
Plusieurs d’entre-elles ont également été arrêtées et sont désormais
interdites de séjour dans la région.

Une fois cette frontière passée, la traque policière et les galères sont
encore là, mais les solidarités et les luttes aussi !

À Paris, le 2 juin 2015 c’est un campement de plusieurs centaines de
personnes, installées depuis des mois sous le pont du métro aérien de La
Chapelle, qui a été expulsé. Alors que la mairie présentait cette
opération de police comme humanitaire et proposait des place
d’hébergement d’urgence, plusieurs dizaines de migrant-es se sont
retrouvé-es à la rue dès le lendemain. Ils et elles se sont alors réunis
avec plusieurs personnes solidaires et ont décidé d’occuper pour la nuit
une salle associative. Dans les jours et les semaines qui ont suivi,
plusieurs places et lieux ont été occupés, à chaque fois expulsés par la
police, sous ordre de la préfecture et de la mairie (Église
Saint-Bernard, Square Saint-Bernard – Saïd Bouziri, Gymnase Pajol). Ces
derniers ne souhaitent pas voir les migrant-es se regrouper et
s’organiser collectivement.

Le 8 juin, des dizaines de flics expulsent le campement de la halle
Pajol et arrêtent les migrant-es malgré une forte résistance qui a
permis de ralentir leur sale boulot et à plusieurs migrant-es de
s’échapper.

Après la matraque policière, la mairie et l’État changent de stratégie :
dès qu’un nouveau campement s’organise et que les migrant-es se
mobilisent, la mairie, l’OFPRA (office chargé de la gestion des
demandeurs d’asile), de travailleurs sociaux d’Emmaüs et d’élu-es
viennent leur « vendre » des places en centre d’hébergement d’urgence.
C’est la façade humanitaire de cette guerre aux migrant-es menée par les
États et une autre forme de violence plus insidieuse que la matraque
policière et les barbelés : à Paris comme ailleurs, le pouvoir cherche à
se débarrasser de ces migrant-es, à les rendre invisible et à les
disperser aux quatre coins de la région parisienne pour éviter qu’ils et
elles ne se regroupent et s’organisent collectivement pour obtenir ce
qu’ils et elles veulent : des papiers, des logements et la liberté de
circuler et de s’installer.

Dans les centres où plusieurs centaines de migrant-es sont hébergé-es
pour quelques semaines au fur et à mesure des expulsions, les conditions
de vie imposées (horaires stricts, repas imposés, interdiction de
visites, pas de titres de transports…) sont mauvaises, les démarches
administratives n’avancent pas. Face à cette situation, plusieurs
actions d’occupation et de grève de la faim ont été menées par ceux et
celles qui y sont logé-es.

Mais, ces centres d’hébergement restent des lieux de contrôle et de tri
des demandeurs d’asile pour l’État et les associations qui les gèrent
(Emmaüs, Aurore…).

Le 25 juillet, répondant à l’appel de Vintimille à un week-end de
résistance contre les frontières, une manifestation a réuni plus de 150
personnes. Sur le chemin du retour au campement Pajol, les
manifestant-es ont fait escale à Gare du Nord et devant l’entrée de
l’Eurostar, une banderole a été déployée aux cris de « No border, no
nation, stop deportation  ». Dans la gare, des applaudissements
retentissent.

Le 31 juillet, suite à la dixième expulsion à laquelle ont dû faire face
les migrant-es et les personnes solidaires, un ancien lycée désaffecté
est occupé dans le 19ème arrondissement et transformé en Maison des
réfugié-es.

Dans tous ces lieux occupés, et malgré les difficultés posées par cette
traque policière et humanitaire, d’autres pratiques tentent d’être mises
en place : l’entraide plutôt que la charité, l’auto-organisation plutôt
que la gestion humanitaire, la lutte plutôt que la résignation. Une
cantine collective pour les repas, des assemblées générales pour prendre
les décisions, des manifestations pour rompre avec l’invisibilité dans
laquelle le pouvoir voudrait plonger celles et ceux qu’il considère
comme indésirables.

D’autres campements ont également été expulsés, dont celui du square
Jessaint à La Chapelle. Plusieurs dizaines de migrant-es ont ensuite
occupé le parvis de la mairie du 18ème arrondissement.

À Calais, le 2 juin,les derniers lieux de vie des migrant-es du centre
ville ont été expulsés : le squat Fort Galloo ouvert en juillet 2014
suite à une manifestation, et le campement (appelé jungle par les
migrant-es) du Leader Price. Celles et ceux qui vivaient là se sont donc
retrouvé-es obligé-es de rejoindre le bidonville d’État, situé en
périphérie de la ville, à côté du Centre d’accueil Jules Ferry, loin des
points d’accès à la frontière vers l’Angleterre. Dans cette jungle, seul
endroit où les migrant-es sont autorisé-es à dormir, 3000 personnes
survivent dans des conditions très difficiles. À Calais, point de
passage pour de nombreuses personnes migrantes, celles-ci doivent faire
face aux rafles et à la violence policière, mais aussi aux attaques
fascistes de plus en plus violentes et habituelles.

Mais, comme à Vintimille, à Paris et ailleurs en Europe, migrant-es et
personnes solidaires résistent, tissent des liens de solidarité au
quotidien, prennent la rue, et les migrant-es s’auto-organisent pour
passer en Angleterre, malgré une frontière et une répression de plus en
plus meurtrières (11 mort-es entre juin et août 2015).

Durant tout l’été, des tentatives auto-organisées de monter
collectivement dans les camions et les navettes de l’euro-tunnel sont
violemment réprimées par les flics. Des groupes de centaines de
migrant-es passent les barbelés, stoppent les camions et essayent de
s’introduire dedans. Les coups de matraque et gaz lacrymogènes pleuvent,
et de nombreux/euses migrant-es sont blessé-es ou arrêté-es. Ces
tentatives de passage, dont certaines réussissent, vont être utilisées
par les autorités pour demander des renforts policiers. Dans les médias,
des deux côtés de la Manche, le nombre de personnes qui tentent d’entrer
dans le tunnel va être volontairement exagéré.

Une réunion au sommet, entre ministres britanniques et français, se
conclue sur de nouveaux accords de coopération pour réprimer les
migrant-es : plus de contrôles, plus de barrières, plus de flics, à
grands coups de financements anglais.

Dans la jungle, des migrant-es et des personnes solidaires ont organisé
des manifestations vers le centre ville et des blocages de l’autoroute
d’accès à l’euro-tunnel, permettant à certain-es de monter à l’arrière
des camions. Ces actions se multiplient ces dernières semaines, donnant
aux migrant-es une force collective. Le lieu de distribution de
nourriture du centre Jules Ferry a également été bloqué pour dénoncer
contre les conditions de vies imposées dans le bidonville.

CONTRE LES FRONTIÈRES, SOLIDARITÉ ACTIVE AVEC LES MIGRANT-ES !

La distinction opérée par le pouvoir, quelques intellectuels et les
médias entre d’un côté les réfugié-es politiques et de l’autre les
migrant-es économiques est une énième opération de tri entre « bon
réfugié-es que l’on pourrait accueillir » et « mauvais migrant-es
économiques qu’il faut expulser ».

Pour nous, il n’existe pas de bonne politique migratoire, car le
problème c’est l’existence même des frontières, outil mortifère de
contrôle et de gestion des populations pour les États.

Il n’y a pas plus de communauté nationale qu’un ennemi extérieur à
combattre. Nos ennemis sont ceux qui pillent en Afrique et en Asie, ceux
qui mènent des guerres coloniales et vendent des armes aux plus offrant,
ceux qui militarisent le territoire, ceux qui prêchent le racisme et la
haine de l’autre, ceux qui décident qu’un bout de papier détermine qui
nous sommes et où nous pouvons -ou pas- aller. Nos ennemis sont ceux qui
nous exploitent et nous oppressent, ceux qui entravent notre liberté.

Ces derniers mois, les résistances aux frontières ont été nombreuses et
fortes. Nous pouvons nous emparer de cette énergie et lui faire prendre
de l’ampleur pour la transformer en un mouvement de solidarité et de
rébellion contre le système des frontières.

Se solidariser et s’organiser avec les migrant-es, là où ils/elles
résistent contre la guerre que leur mènent les États, c’est contribuer à
affaiblir les frontières qui se dressent partout sur le chemin de
celles/ceux qui n’ont pas les bons papiers pour circuler et s’installer
là où ils/elles le veulent.

Cette solidarité est le contraire de la charité. La charité est un
rapport de domination, où celui qui donne a le pouvoir et celui qui
reçoit est relégué à un rôle de victime qui ne peut que recevoir.

À l’inverse, nous devons nous attacher à construire des rapports de
partage et d’égalité, des luttes auto-organisées par celles et ceux qui
les font vivre, sans hiérarchie ni paternalisme.

Nous pouvons agir partout autour de nous, partout où se dressent des
frontières, et de multiples manières : en portant dans la rue d’autres
discours que ceux du pouvoir et des humanitaires avec des tracts, des
affiches, des rassemblements et manifestations, etc. ; en contribuant
concrètement aux passages des frontières ; en s’échangeant des conseils
et des informations pratiques pour récupérer de la nourriture comme pour
partir dans une autre ville ; en partageant des connaissances
juridiques, des conseils et techniques sur les contrôles et les
arrestations ; en s’organisant dans son quartier pour agir contre les
rafles ; etc.

Des papiers d’identité aux centres de rétention, des rafles aux guichets
des préfectures, à bas toutes les frontières !
La vie de personne ne doit dépendre de bouts de papiers !

Avis aux amateurs : le futur pôle Ile-de-France de drones « civils » & le pôle militaire de drones de Salon-de-Provence

En matière nucléaire comme en aéronautique, et dans la plupart des domaines industriels, on sait depuis longtemps que la distinction « civil » et « militaire » n’est plus de mise. S’il n’en fallait qu’une énième démonstration, l’école de pilotes de drones (Drone center) installée à Bretigny en Essonne met par exemple en avant sur sa page « Témoignages de professionnels » avoir formé autant des journalistes que des pilotes de l’escadron d’hélicoptères 3.67 « Parisis » ( Villacoublay) des forces aériennes de l’armée de l’air grâce « à une collaboration entre nos deux entités ».
L’armée a créé en septembre 2014 son « centre d’excellence « drones » (CED) » sur la base aérienne 701 de Salon-de-Provence, qui forme des militaires à cette technique et développe un laboratoire de recherche, de tests et de validations de systèmes. Depuis septembre 2010, l’ « Escadron de drones 1/33 Belfort » situé sur la base aérienne 709 de Cognac-Châteaubernard (Charente) est celui qui gère et pilote les drones de l’armée, notamment dans la guerre au Sahel (opération « Barkhane »).
En plus des autres participants habituels au terrorisme comme Thales ou Safran qui recouvrent une multitude de sous-traitants (un aperçu ici pour la région toulousaine), on ne sera pas surpris de retrouver dans la liste des collabos directement intéressés au développement de ce nouveau marché de l’assassinat d’Etat des universités comme l’ENAC (Ecole nationale d’aviation civile), Aix Marseille Université* ou celle d’Evry Val d’Essonne, mais aussi Cofely-GDF Suez (dénommée ENGIE depuis avril 2015**) également impliquée dans le business des prisons et centres de rétention.

En matière de drones, on est actuellement en pleine phase où ils ouvrent leurs écoles de formation de futurs pilotes et ingénieurs, leurs pôles de recherche et développement, leurs chaires de propagande, et il est largement temps pour chacun de pouvoir leur exprimer ce qu’il en pense. D’autant plus qu’il existe un lien direct entre guerre extérieure, guerre intérieure, migrants et terrorisme d’Etat.

* L’université Aix-Marseille est associée depuis 10 ans au sein de « l’alliance POLYAERO » avec l’Armée de l’Air, l’Ecole des Officiers de l’Armée de l’Air, l’Ecole des Sous Officiers de Rochefort, le Lycée Pierre Mendès France de Vitrolles, ParisTech Arts et Métiers d’Aix en Provence, l’AFPI Istres, l’IDEM 05, DCI Airco…
** Engie finance la Chaire « Cofely Ineo – Sagem Systèmes de drones » de l’ENAC depuis juin 2015, et a pris en avril 2015 une participation de 2 millions d’euros au capital de la PME Redbird, « expert dans l’analyse des données techniques collectées par drones depuis 2013. » C’est sa filiale GDF Suez New Ventures (doté de 100 millions d’euros) qui s’occupe de ce genre d’investissements.


L’ex-base aérienne militaire de Bretigny (Essonne)

Le voile se lève sur la deuxième vie de l’ex-base aérienne de Brétigny

Le Parisien | 20 Sept. 2015, 18h12

Des pistes d’atterrissage larges comme des autoroutes entourées de champs à perte de vue. C’est le tableau qu’ont pu découvrir quelques centaines de privilégiés triés sur le volet, samedi, pour l’une des très rares ouvertures au public de l’ex-base aérienne 217 de Brétigny-sur-Orge.

Pour l’occasion, élus, entrepreneurs et autres acteurs majeurs de l’agglomération du Val d’Orge et des alentours ont pu se faire une idée du projet d’aménagement qui va concerner les 300 ha cédés par l’Etat aux collectivités, sur les 750 qui couvrent l’ensemble de la BA 217 fermée en 2008. Une cession qui a pris du retard.

Le travail mené par l’architecte-urbaniste Djamel Klouche a abouti au découpage de ce vaste territoire à aménager en plusieurs pôles de développement.

Un téléphérique urbain ? Au nord du site, une zone très dense basée sur le high-tech et la recherche doit faire la liaison avec Le Plessis-Pâté et le réseau de transports existant. Le projet d’un téléphérique urbain est ainsi à l’étude. Il doit relier le site à la gare RER de Brétigny-sur-Orge.

La piste reconvertie dans l’événementiel. Le deuxième pôle concerne la piste elle-même. « Elle doit être conservée. Ce sont les conclusions rendues par les trois cabinets d’architecte consultés », assure-t-on à l’agglomération du Val d’Orge. Dans le projet, elle doit servir à l’accueil d’événements culturels, de loisirs et sportifs.

Objectif : 10 000 emplois. Deux zones d’activités sont prévues sur les communes du Plessis-Pâté et de Brétigny. Entre activités multifonctionnelles, scientifiques et de recherche, notamment par la création de la première plate-forme d’Ile-de-France dédiée aux drones, ces pôles devraient peser dans le projet de création de 10 000 emplois sur l’ex-base aérienne 217.


L’ex BA217 de Bretigny se reconvertit dans le drone

Aerobuzz, 18 juin 2015

L’ancienne base aérienne BA217 de Bretigny-sur-Orge va accueillir le futur cluster drone Ile-de-France. Des entreprises spécialisées vont pouvoir venir s’y implanter pour notamment bénéficier des infrastructures. L’ancien centre d’essais en vol de l’armée de l’air offre, en effet, deux zones de vols pour des activités de formation, de tests, d’essais et de démonstration. Une halle de pratique indoor doit être mise en service en 2017.
Le cluster du drone a pour vocation de faire de la BA217 le site de référence en Île-de- France, participant ainsi à la structuration et au développement de la filière régionale. Ce projet bénéficie de la forte implication de l’Etat, du soutien du pôle de compétitivité ASTech Paris Region et de la Fédération Professionnelle du Drone Civil.

Une première entreprise, l’école de pilotage, Drones-Center, s’est installée en septembre 2014, à Bretigny.


Atterrissage réussi du Val d’Orge au Salon de l’aéronautique du Bourget 2015

Communiqué de presse de la communauté d’agglomération du Val d’Orge, 25 juin 2015

Véritable lieu d’avenir au cœur de l’Essonne, dans le cadre de sa transformation, la BA 2017 deviendra à la rentrée LA plateforme francilienne du drone civil en Ile-de-France ! Situé aux portes de Paris, ce site est idéal pour l’implantation d’un pôle d’excellence dédié aux drones civils.

Ce projet ambitieux soutenu par l’Etat, du pôle de compétitivité d’ASTech Paris Région, de la Fédération Professionnelle du Drone Civil et de l’université d’Evry Val d’Essonne, suscite très fortement l’attrait d’entreprises spécialisées telles que l’école de pilotage Drones Center, déjà installée depuis septembre 2014…


Création d’une chaire « Systèmes de drones » à l’ENAC

Aerobuzz, 19 juin 2015

L’ENAC (Ecole Nationale de l’Aviation Civile), avec le soutien de Cofely Ineo (GDF Suez) et de Sagem (Safran), annonce la création de la première Chaire française de recherche et d’enseignement dédiée à l’intégration des drones dans l’espace aérien (durée initiale de 3 ans).

Les travaux des chercheurs de la chaire, avec l’appui des équipes de l’ENAC, permettront de favoriser le développement de procédures et de standards pour l’exploitation de systèmes de drones soumis à certification, afin d’ouvrir la voie aux applications civiles de drones dans un contexte national et international.

La Chaire favorisera également le développement d’échanges et de réflexions autour de la thématique « Systèmes de Drones » entre les entreprises partenaires et les élèves du cycle ingénieurs (spécialisation « Drones » ouverte en 2014), les étudiants des masters et mastères spécialisés de l’ENAC.

Enfin, la Chaire entend partager ses travaux par le biais de manifestations et de publications auprès d’un large public (étudiants, industriels, acteurs institutionnels, etc.) et à les valoriser auprès des organismes nationaux et européens en charge de faire évoluer la réglementation dans le domaine des drones civils.


La base aérienne militaire de Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône)

Le centre d’expertise drones de Salon-de-Provence

RP Défense, 18/06/2015

Afin de répondre à ses besoins croissants en formation et à sa volonté d’anticiper en matière d’innovation, l’armée de l’air a créé un centre d’excellence « drones » (CED) sur la base aérienne 701 de Salon-de-Provence. Un échelon de préfiguration a ainsi vu le jour en septembre 2014 et a accueilli ses premiers stagiaires en 2015 (Sensor Operators, opérateurs de mini-drones, stagiaires de haut niveau…).

Le CED possède une double vocation : former et innover. Le centre d’excellence « drones » compte ainsi un ensemble de moyens techniques afin de constituer un Mission Lab (laboratoire de recherche, de tests et de validations de systèmes). Les concepts innovants y sont matérialisés et testés in situ. Sept personnes forment actuellement son personnel d’encadrement. Actuellement en travaux, ces locaux rénovés doivent être livrés en février 2016.

Le centre d’excellence « drones » (CED), installé sur la base aérienne 701 de Salon-de-Provence, a intégré le réseau Provence Remotely Piloted Aircraft System (RPAS) Network du pôle Pégase.

Cette annonce a été officialisée, jeudi 18 juin 2015, au Salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget, par M. Michel Fiat, directeur du pôle Pégase, en présence du général Denis Mercier, chef d’état-major de l’armée de l’air et du général Francis Pollet, commandant l’École de l’air et la base aérienne 701 de Salon-de-Provence.

« L’arrivée du CED au sein du Provence RPAS Network permet d’apporter l’expertise de l’armée de l’air dans le domaine de la formation, de la certification et de l’évaluation de nouveaux systèmes et concepts », estime le colonel Jean-François Héry-Goisnard, représentant de l’École de l’air auprès du pôle Pégase. « L’obtention de ce label est une reconnaissance de la qualité du CED, détaille quant à lui le général Pollet. Cela renforce notre crédibilité vis-à-vis du monde industriel et favorise le développement de synergies. »

Créé en mai 2006, le pôle Pégase est un pôle de compétitivité, dont l’activité essentielle est essentiellement centrée autour de l’aéronautique. L’École de l’air est membre du comité exécutif du pôle Pégase depuis les origines.


Engie et l’Armée font leur marché dans un hackaton dédié aux drones

L’usine nouvelle | 28 avril 2015 à 22H37

Du 24 au 26 avril l’Ecole 42 a accueilli un hackaton de drones. Hack the drone a réuni 203 participants organisés en 28 équipes qui ont travaillé deux jours… sous l’œil de GDF Suez (devenu Engie) et de l’Armée de l’air, plus qu’intéressés.

Vers 16h, ce dimanche 26 avril, dans l’amphi du sous-sol de l’Ecole 42, dans le 17e arrondissement de Paris*, ça sentait le neurone chaud. Plus d’une centaine d’étudiants, start-upers et employés d’Engie (le nouveau nom de GDF Suez) se pressaient sur les bancs multicolores pour écouter les pitch des 12 équipes finalistes du hackaton Hack the drone lancé deux jours plus tôt. Seize autres équipes avaient quitté l’aventure quelques heures auparavant, lors des demi-finales.

Sur les trois premiers rangs : un jury composé d’une quinzaine de personnes de Parrot, de Redbird, de Bordeaux Technowest… mais aussi trois membres du Centre excellence drone (CED) de l’Armée de l’Air et au moins autant de cadres d’Engie.

Anticolision, neutralisation, testing et metering

Dans des présentations plus ou moins bien ficelées et s’appuyant sur des prototypes plus ou moins aboutis, les équipes de 4 à 6 personnes ont présenté le résultat de 46 heures de travail intense et surtout insisté sur le potentiel de leurs idées dans l’une des quatre catégories imposées par l’énergéticien et ses partenaires pour ce concours : anticolision, neutralisation, « testing » (détection de corrosion et de déformations des canalisations, et « metering » (mesure).

Avec son dispositif de 42 grammes contenant trois émetteurs d’ultrason connectés à une carte Arduino programmé pour arrêter, voire faire reculer le drone, en cas d’obstacle, l’équipe DPM a gagné 1000 euros et une incubation de 3 mois au sein du CED à Salon-de-Provence. En analysant l’environnement dans toutes les directions de l’espace, leur invention (pour laquelle ils ont dépensé moins de 20 euros) promet une navigation sécurisée d’un drone dans un tuyau ou une cave par exemple.

Dans la catégorie neutralisation, l’équipe Caméléon a raconté la plus belle histoire : celle d’un « soft-bag », sorte de boule molle similaire à celle qui a permis l’atterrissage en douceur du rover Curiosity sur Mars, lancée du sol et capable d’avaler un drone dans les airs tel Pacman pour le faire retomber au sol sans risquer de blesser qui que ce soit. Joli… mais irréaliste d’un niveau balistique.

C’est donc l’équipe AirPMC qui, de façon beaucoup moins poétique et très efficace, a fait la démonstration de sa capacité à définir la position d’un drone intrusif via la déformation qu’implique sa présence sur les ondes présentes (Wi-Fi pour la démonstration, RF large bande dans leur idée). Ils ont gagné 3000 euros et le même accompagnement pour lancer leur projet que l’équipe DPM.

Pour le « testing », l’équipe Cédalion a impressionné le jury par sa capacité à imbriquer des technologies de traitement de l’image et de réseaux de neurones pour détecter avec précision des points de rouilles et des fissures sur la base de clichés réalisés par un drone sur des tuyaux fixés sur un ouvrage d’art. Ses membres ont empoché également 3000 euros et seront incubés au sein de « Paris Innovation Boucicaut » où ils seront suivis par Engie et Redbird, l’opérateur de drones français dans lequel GDF Suez a investi 2 millions d’euros le 1er avril dernier.

L’équipe qui a remporté la timbale dans la mesure est Lidron. Grâce à un module équipé de deux Lidar et d’un calculateur (Raspberry PI) que le drone porte ou pose par terre, son système est capable de mesurer la distance entre deux points et ce module et donc la distance entre ces points (par calcul géométrique).

Ils gagnent eux aussi 3000 euros et 3 mois d’accompagnement par Engie au sein de l’incubateur BeMyApp, qui a animé ce hackaton.

6 mois pour passer de l’idée à la commercialisation

Discrètement présent au fond de la salle, Stéphane Quéré, le directeur innovation d’Engie a regardé tout cela d’un air satisfait. « Nous venons ici chercher des solutions pour l’inspection, la mesure et la lutte contre les drones intrusifs sur nos installations mais aussi pour le développement de services sur les installations industrielles de nos clients, commente-t-il. Des membres de la direction des ressources humaines sont également venus pour distribuer aux participants des supports de communication sur notre marque employeur. »

Si ce n’est qu’il y avait « plus de 30000 euros de prix » nous ne saurons pas combien l’opération aura couté à l’énergéticien. Quant au retour sur investissement, « il est impossible à calculer » selon le directeur innovation.

Mais les résultats doivent être concrets et rapides : « On se donne entre 3 et 6 mois pour basculer de l’idée à la commercialisation », lance aux partenaires membres du jury Ludovic Parisot, directeur de projet innovation chez Engie en charge de ce hackaton. Le rendez-vous est pris.


Eglise et armée…

RPDéfense, 18/09/2015

Ce 18 septembre, la brigade de renseignement (BRENS), ses régiments et formations sont réunis pour célébrer la Saint-Raphaël. L’occasion de revenir sur les origines de l’intronisation de l’archange comme protecteur du renseignement.

Selon la Bible, Tobie, un Israélite de la tribu de Nephtali, est envoyé par son père aveugle recouvrir une dette en Médie. Au cours de ce voyage, Tobie rencontre sa future femme Sara et pêche un poisson dont le cœur, le foie et le fiel vont permettre de guérir la cécité du père.

Tout au long de sa mission, Tobie est guidé par Raphaël qui utilise déjà l’ensemble des savoir-faire qui caractérisent aujourd’hui les militaires de la BRENS : infiltration en zone ennemie, maîtrise de l’environnement, opportunité, éclairage, humilité et discrétion. Autant d’éléments qui expliquent pourquoi l’archange Raphaël, guide et protecteur de Tobie, a été désigné saint patron du renseignement.

Le 28 septembre 1989, Monseigneur Dubost, évêque aux armées françaises, intronise Saint-Raphaël comme le saint patron de l’Ecole interarmées du renseignement et des études linguistiques. Le 15 avril 1998, il décide, par décret, d’étendre la protection de Saint Raphaël à l’ensemble des unités et services du renseignement militaire.

Saint-Raphaël, dont le nom signifie « Dieu nous guérit » ou « le remède de Dieu » est l’un des trois archanges avec Gabriel et Michel. Il n’apparaît dans la bible qu’une seule fois dans le « livre de Tobie ». Jusqu’en 1969, la fête de Saint-Raphaël est arrêtée au 24 octobre mais le pape Paul VI décide de rassembler la fête des trois archanges le 29 septembre.

Fukushima : voici venu le temps de l’imposture scientifique

commentaire: c’est  très important  pour nous de diffuser  largement ce document trouvable sur internet  car le désastre en cours dans la région de fukushima  est l’objet de brèves de presse: un exemple  parmi d’autre exemple dans les  journaux  nationaux: .

11/09/2011 à 11h14

Ce week-end, un colloque scientifique factice ; à l’automne, une enquête de santé publique pipeautée…

Au cours d’une manifestation antinucléaire à Kyoto, le 11 juin 2011 (Thierry Ribault).
Après le temps des mensonges industriels, avec Tepco dans le rôle du coupable idéal, après le temps de la panique feinte de l’Etat, avec l’ex-Premier ministre Naoto Kan dans le rôle du fusible politique, voici venu le temps de l’imposture scientifique avec le professeur Shunichi Yamashita dans le rôle du savant histrionique, détenteur indiscutable de la vérité sur l’ampleur des dégâts sanitaires après la catastrophe. Imposture scientifique en deux temps.
1
Ce week-end, un colloque scientifique factice
Ce dimanche 11 et lundi 12 septembre, le professeur Yamashita doit présider le premier grand colloque sur la catastrophe nucléaire qui se tiendra à la faculté de médecine de Fukushima, la « Conférence internationale d’experts de Fukushima – Radiation et risque sanitaire ».
Selon le comité d’organisation, voici l’objectif de cette conférence qui réunira trente experts japonais et étrangers notamment de l’UNSCEAR, de l’ICRP, de l’AIEA et de l’OMS :
« Faire des recommandations visant à supprimer l’anxiété des résidents de Fukushima face à la radiation […]. Il s’agit de mener une évaluation externe de la recherche portant sur la gestion sanitaire du département de Fukushima, et d’apporter une réponse à l’inquiétude des mères. »
Ainsi, vingt-cinq ans après Tchernobyl, resurgit la thèse selon laquelle la crainte de l’irradiation artificielle relèverait de la psychiatrie : la « radiophobie » serait la vraie cause des problèmes.
« Plus vous sourirez, moins la radiation vous atteindra »
Principal organisateur, Shunichi Yamashita, de l’université de Nagasaki, est « conseiller pour le risque sanitaire lié aux radiations » auprès du département de Fukushima. Il se présente comme issu d’une famille survivante de Nagasaki et contribue activement à la banalisation de la radioactivité.
Médiatisé, le professeur Yamashita passe pour un scientifique fiable et rassurant auprès des gens qui avouent se sentir mieux quand ils l’entendent. Il n’hésite pas à clamer :
« Plus vous sourirez, moins la radiation vous atteindra […]. Si vous ne souriez pas, les rayons auront un effet sur vous. Cela a été prouvé par expérimentation animale. »
« La situation, aggravée par un désastre de l’information »

On trouve dans l’argument du colloque daté du 1er août, les éléments suivants qui laissent peu de doutes sur l’intention des organisateurs :

« La situation de Fukushima a été aggravée par ce que l’on ne peut qu’appeler un désastre de l’information « : les nouvelles qui circulent varient selon les sources, qui sont parfois incompétentes. Il est essentiel que nous travaillions à mettre en circulation uniquement de l’information correcte et scientifique sur les effets sanitaires de la radiation. »
Les organisateurs du colloque de Fukushima entendent ainsi « fournir des recommandations appropriées issues du monde des experts, et communiquer à la fois une information correcte sur les risques sanitaires liés à la radiation et une vision claire de ce qui constitue une véritable sensibilisation au risque ».

Le 27 mai 2011, à Koriyama, à soixante kilomètres de la centrale. Wataru Iwata, initiateur de Project47/CRMS, explique à ces paysannes que la terre où elles vivent et cultivent, imbibée de césium 137 et 134, est inutilisable pour au moins dix ans et renferme une contamination équivalente à plus…
Peut-on toutefois attendre une information scientifique d’un colloque dont le vice-président, Abel Julio Gonzales, membre de l’AIEA, vice-président de l’ICRP (International Commission on Radiological Protection) et conseiller de l’autorité de régulation nucléaire d’Argentine, déclarait lors de la conférence de l’OMS du 4 juin 2001 à Kiev :
« Tchernobyl a causé 31 morts, 2 000 cancers évitables de la thyroïde chez l’enfant, et à ce jour il n’existe aucune preuve validée internationalement de l’impact de l’exposition aux radiations sur la santé publique à Tchernobyl. »
Comparaison interdite avec Hiroshima ?
Deux figures importantes et critiques du monde scientifique japonais ont été écartées du panel d’experts mobilisés pour la conférence, Hiroaki Koide et Tatsuhiko Kodama.
Le premier est un spécialiste de la mesure du rayonnement et de sûreté nucléaire au Research Reactor Institute de l’Université de Kyoto, le second professeur au Research Center for Advanced Science and Technology et directeur du Radioisotope Center de l’université de Tokyo.
S’ils ne figurent pas parmi les experts invités, est-ce parce que Hiroaki Koide déclarait récemment qu’« il n’y aucun seuil de sécurité pour la santé en matière d’exposition à la radiation, quel que soit notre âge », tandis que Tatsuhiko Kodama, auditionné le 27 juillet à la Diète, affirmait que « le niveau total de radioactivité émise depuis le 11 mars est équivalent à 29,6 bombes d’Hiroshima en termes de quantité de chaleur, et de l’ordre de 20 fois Hiroshima en termes de volume d’uranium »
Avec l’argent du « fasciste le plus riche du monde » ?
On peut également s’interroger sur l’objectif réel d’une manifestation financée par la Nippon Foundation (à ne pas confondre avec la Japan Foundation). Cette fondation, dont on pouvait voir les camps de bénévoles installés dans le Tohoku dès le 12 mars, a été créée en 1962 par Ryoichi Sasakawa, dont la réputation est sulfureuse, accusé de crimes de guerre pendant la Seconde Guerre mondiale (mais jamais condamné) et se définissant lui-même, dans une interview à Time en 1974, comme « le fasciste le plus riche du monde ».
La fondation est maintenant présidée par son fils, Yohei Sasakawa, chroniqueur au journal d’extrême-droite Sankei Shimbun. En 2010, la branche française de la Nippon Foundation, la Fondation franco-japonaise Sasakawa, dont le vice-président du conseil d’administration est Jean-Bernard Ouvrieu, ancien gouverneur pour la France à l’AIEA et ancien ambassadeur au Japon, a poursuivi pour diffamation Karoline Postel-Vinay, directrice de recherches au CERI-Sciences-Po.
Il s’agissait pour la fondation, qui a été déboutée par la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, de tenter d’intimider ceux qui pointent sa stratégie de promotion de travaux universitaires négationnistes (notamment par rapport aux crimes de guerre, au massacre de Nankin et à la question de l’esclavage sexuel durant la guerre en Corée). Faut-il s’inquiéter du passé trouble du financeur du premier colloque sur les conséquences sanitaires de la catastrophe nucléaire de Fukushima ?
Un colloque inaccessible au public et aux victimes
Que faut-il en outre penser du fait que la Nippon Foundation ait rendu ce colloque totalement inaccessible au public et aux victimes ?


Policier en civil au cours de la manifestation antinucléaire à Kyoto 11 juin 2011 (Thierry Ribault).
Il est vrai que le colloque sera retransmis sur un site Internet. Ainsi, les experts sur la scène et le peuple aux écrans, le spectacle peut continuer en toute tranquillité.
2
A l’automne, une enquête de santé publique pipeautée
L’imposture scientifique ne s’arrête toutefois pas là. En juin, le département de Fukushima a annoncé la réalisation d’une enquête de santé publique auprès des habitants exposés à de forts taux de radiation. Dès l’automne, tous les habitants du département recevront un questionnaire permettant de recueillir le détail de leurs activités et de leur consommation alimentaire deux semaines après le 11 mars.
Le taux de radiation estimé sera ensuite comparé avec les taux détectés. Seuls les résidents ayant un taux élevé seront soumis aux examens par anthropogammamétrie, examen des glandes thyroïdes, des urines et du sang. Les informations seront stockées durant trente ans dans une base de données créée par l’université de médecine de Fukushima, qui se félicite dans l’Asahi Shinbun du 18 juin 2011 :
« L’étude ira bien au-delà de toutes celles qui ont été réalisées sur les victimes de Hiroshima et de Nagasaki dans la mesure où elle intègrera l’évaluation de la contamination interne. »
Deux réserves de taille peuvent toutefois être exprimées vis-à-vis de cette initiative pavée de bonnes intentions.
Une enquête dont on annonce déjà les résultats
Selon les responsables de cette enquête, celle-ci « a été conçue de manière à calmer les inquiétudes, et à garantir la sécurité et le soulagement grâce à un contrôle sanitaire à long terme des habitants du département de Fukushima ».
Toshiteru Okubo, président de la Radiation Effects Research Foundation (un groupement coopératif de recherche nippo-américain sur les retombées de la bombe A, créé en 1947), pronostique d’ailleurs déjà les résultats de l’étude (Asahi Shinbun du 18 juin 2011) :
« L’impact des accidents de Fukushima sur la santé publique peut être présumé très mineur […]. L’exposition de la population à quelques douzaines de millisieverts par an ne constitue pas un niveau auquel des effets sur la santé ont été constatés dans les études antérieures […]. A de tels niveaux de radiation, il est fort probable que les effets liés à la consommation de tabac ou au stress de l’évacuation soient plus importants que ceux liés aux radiations. »
Non seulement, on lance une enquête dont on annonce déjà les résultats, mais les initiateurs parlent de « sécurité » et de « soulagement » alors qu’ils tiennent par ailleurs des propos pour le moins alarmants quant aux doses au corps admissibles.
Le seuil de risque le plus haut du monde ?
De fait, il est permis d’avoir des doutes sérieux quant au caractère véritablement scientifique de la démarche de cette enquête dans la mesure où l’université de médecine de Fukushima et le professeur Yamashita, également à l’origine du projet, soutiennent l’idée selon laquelle « il n’y a absolument aucun effet sur la santé tant que la contamination est inférieure à 100 microsieverts par heure », soit 876 millisieverts par an, c’est-à-dire 876 fois la dose maximale annuelle admissible selon l’ICRP, ou encore 44 fois la dose admissible pour les travailleurs du nucléaire aux Etats-Unis et en Allemagne.
Ces déclarations faites en mars, au moment où les débits de dose étaient au plus haut dans le département de Fukushima, ont toutefois été rectifiées deux mois plus tard : en bon scientifique le professeur Yamashita a alors clamé que le seuil de risque se situait à 100 millisieverts par an.
source: textedeThierry Ribault | Economiste au CNRS

 

[Toulouse] Affaire de Labège : épilogue ?

out commence par un week-end agité en mai 2011. A l’Etablissement Pénitentiaire pour Mineurs (EPM) de Lavaur, à 40 km à l’Est de Toulouse, les prisonniers décident de ne plus courber l’échine face aux surveillants de l’Administration Pénitentiaire et aux éducateurs de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ). Des insultes en tout genre, le saccage d’une dizaine de cellules et sept départs de feu amènent l’Administration Pénitentiaire à qualifier la situation de « mutinerie ».

Face à cette « rébellion généralisée », les Equipes Régionales d’Intervention et de Sécurité (ERIS), seules forces habilitées à intervenir sur le terrain carcéral, écrasent les détenus récalcitrants et prennent possession de la prison. S’en suit une grève d’éducateurs, dénonçant leurs conditions de travail, réclamant plus de moyens pour plus de bâton, défendant coûte que coûte leur corporation, comme n’importe quel matin.

Mais, à l’extérieur de la prison, la nouvelle tourne. Tandis que des personnes solidaires décident alors d’organiser le soutien, de se rendre à la prison pour rencontrer les familles de détenus, de convoquer à des réunions d’information au sujet des EPM et de la Justice des Mineurs, d’autres, le 5 juillet 2011, s’invitent dans les locaux de la direction régionale de la PJJ dans la commune de Labège, tagguent les murs et déversent du lisier, certainement pour rappeler à quel point leur travail pue la merde.

Durant quatre mois d’enquête, les services de la gendarmerie vont s’intéresser à ce qu’ils appellent « la mouvance ultragauche ». Après une opération coup de poing dans sept lieux de vie toulousains, l’enquête aboutit à la mise en examen de cinq personnes puis la mise en détention provisoire de quatre d’entre elles, la dernière étant placée sous contrôle judiciaire. Après deux à trois mois de détention, les inculpé.e.s ressortent sous contrôle judiciaire et ce, jusqu’à la clôture de l’instruction, en septembre 2014. Aujourd’hui, ces cinq personnes passent en procès pour « participation à un groupement en vue de commettre des violences et des dégradations », « violences en réunion » et « dégradation en réunion ». Toutes nient leur participation à cette action.

Si nous appelons à un rassemblement devant le Tribunal ce mardi 29 septembre de 12h à 14h, ce n’est pas pour dénoncer une Justice disproportionnée. La Justice n’est ni disproportionnée, ni aveugle. Elle est l’outil nécessaire au maintien de l’ordre social et réprime celles et ceux qui ont décidé de déroger aux règles du jeu capitaliste ou de s’organiser contre elles. Si nous appelons à ce rassemblement, c’est pour partager avec le maximum de monde notre refus de l’isolement judiciaire et notre critique du système répressif, un système répressif qui sévit partout où les prolétaires disent merde à leur misère, des personnes fichées pour leurs activités subversives aux détenus qui foutent le feu à leur cellule en passant par les réfugiés enfermés sous prétexte qu’ils resquillent les frontières.

Venez nombreuses et nombreux pour discuter, chanter et manger devant ce charmant TGI de Toulouse le mardi 29 septembre à 12H

Comité de soutien des inculpé.e.s de l’affaire de Labège comitedesoutien@riseup.net

Parce que se défendre coûte cher, vous pouvez nous aider en envoyant des chèques à « CAJ » chez Canal Sud, 40 rue Alfred Duméril 31400 Toulouse

source OCL

[]Trafic ferroviaire Caen-Cherbourg perturbé. Une bonbonne sur la voie ?

Saint-Lô – 16 Septembre
Un objet suspect détecté sur la voie ferrée entre Cherbourg et Lison, à hauteur de Sainte-Mère-Eglise a entraîné une perturbation du trafic ferroviaire ce mercredi matin.

Le trafic SNCF a été interrompu ce mercredi entre Cherbourg et Caen : pour une soi-disant bonbonne de gaz sur la voie près de Sainte-Mère-Eglise. L’objet était sans danger.

Un obstacle a été détecté ce mercredi matin sur la voie de chemin de fer entre Lison et Cherbourg. Le trafic des trains s’en est retrouvé perturbé. Des passagers, à la gare de Caen ce matin, prêts à se rendre en direction de Cherbourg, ont appris en gare que leur train vers Cherbourg était annulé. Il se trouve qu’un convoi nucléaire a quitté le Cotentin dans la nuit de mardi à mercredi. Le plan Vigipiraté a été déclenché.

Il était question d’un retard ou d’une annulation des trains parce que l’objet détecté sur la voie ressemblait apparemment à une bonbonne de gaz. Il s’est avéré que l’obstacle en question ne représentait finalement aucun danger.

Conséquences de cette alerte? Dès 9 h 30,des passagers de deux TER ont été transportés par bus depuis Lison. Le train intercités à destination de Cherbourg n’est pas reparti de Caen. Ses passagers ont été emmenés à Lison en TER avant de poursuivre leur voyage en car jusqu’à Cherbourg.

Le trafic est interrompu entre Caen et Cherbourg. Il devrait reprendre en début d’après-midi.

Source Ouest-France.

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Le trafic a repris entre Caen et Cherbourg: un objet ressemblant à une bonbonne de gaz avait été retrouvé sur les voies.

Le trafic SNCF est totalement interrompu ce mercredi matin entre Cherbourg et Caen : une bonbonne de gaz a été retrouvée sur les voies à Sainte-Mère-Eglise. Le « plan alerte » a été déclenché. L’objet était finalement sans danger.

Le trafic a finalement repris vers 13 h ce mercredi entre Cherbourg et Caen. Il était totalement interrompu depuis 9 h du matin car un *objet ressemblant à une __*bonbonne de gaz a été retrouvé sur les voies à Sainte-Mère-Eglise dans la Manche. A 8h45, le train Caen – Cherbourg a été stoppé en gare de Lison.

Les voyageurs à bord ont été informés par les contrôleurs qu’un objet suspect avait été découvert sur la voie et qu’ils allaient être acheminés par cars pour la suite de leur voyage jusqu’à Cherbourg.
Plan alerte déclenché et démineurs sur place

L’objet était à hauteur de Sainte-Mère-Eglise et avait l’apparence d’une bonbonne de gaz. La Gendarmerie s’est immédiatement rendue sur place et la Préfecture de la Manche a fait venir les démineurs. Les opérations de déminage se sont terminées vers 11h30 ce mercredi et il s’agissait d’un objet factice sans aucun danger. Le trafic a finalement repris vers 13 h

Cette présence a-t-elle un rapport avec le convoi de déchets radioactifs suisses retraités au Royaume-Uni et qui a quitté dans la nuit le terminal de Valognes, pour la Suisse ? les autorités se refusent à tout commentaire, la Procureure de Cherbourg est sur place et devrait communiquer dans l’après-midi.

L’organisation Greenpeace, dans un communiqué, dément toute participation à cette action comme l’explique son chargé de campagne nucléaire, Yannick Rousselet:

« Bien évidemment, il y a un lien évident entre le départ du train au départ de Valognes et la présence de ce matériel sur les voies ferrées, (…)simplement nous avons clairement dit que nous ne nous opposerions pas à ce transport (Note : Greenpeace et une partie des opposants et opposantes locaux ne s’opposent pas aux retours des déchets nucléaires dans leurs pays d’origine.), que nous n’avons pas l’intention de perturber, maintenant il existe des mouvances différentes dans les mouvements antinucléaires et il n’est pas à exclure que des gens aient voulu exprimer leur désaccord avec le nucléaire par cette méthode, ce n’est pas le notre. »

Source : France bleue Cotentin.

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Pour mémoire

Il était une fois la cogestion : Lettre ouverte à Yannick Rousselet, responsable des campagnes nucléaires à Greenpeace France.

Ci joint vous trouverez une lettre ouverte adressée à Yannick Rousselet, responsable des campagnes nucléaires à Greenpeace France. Cette lettre ouverte a été écrite dans le cadre d’une revue à paraître autour de la mort de Rémi Fraisse – manifestant tué par le souffle d’une grenade offensive cet automne lors d’un rassemblement contre le barrage du Testet -. Il était pour nous important d’évoquer dans ce cadre comment l’Etat trouve souvent au cœur des luttes des militants ou des militantes à même de relayer son discours. C’est ce rôle que notre salarié de la multinationale écologiste a accepté d’endosser en direct sur i-Télé, condamnant les « méchants casseurs » qui « sévissaient » en réaction à cet assassinat dans les rues de Nantes et Toulouse.

La lettre ouverte qui suit sert davantage à nous alerter, nous qui luttons la rage au ventre contre ce monde, qu’à convaincre notre professionnel de la dissociation des méfaits de ces interventions. Il est en effet à la mode dans les milieux radicaux d’appeler à composer avec ceux et celles qui depuis déjà des plombes n’ont de cesse de donner en pâture aux flics et aux journalistes des camarades de lutte. Les réactions qui ont suivi la mort de Rémi Fraisse ont vu de nombreuses personnes prendre de lourdes peines. L’arsenal répressif loin de s’émousser s’en est retrouvé renforcé. Quant aux mesures proposées par la commission parlementaire mise en place à la suite à cette mort, elles ne font que renforcer les conditions d’un maintien de l’ordre qui ne visent qu’à protéger le monde dans lequel nous sommes plongés.. Des interdictions de manifs sur le modèle des interdictions de stade au brouillage des réseaux sociaux et des portables sur des zones de manifs, tout ne fait que confirmer cette volonté de donner un tour de verrou supplémentaire. Ce n’est donc pas par repli idéologique ou sectarisme que nous interpellons ainsi Yannick Rousselet, mais bel et bien pour rompre les illusions des unités de façade. Parce que comme le maintien de l’ordre cherche à maintenir un monde, Rousselet et d’autres jouent avec ce monde en complicité.

Si nous avons choisi des pseudonymes pour nous exprimer ce n’est ni par goût du secret, ni par volonté de nous soustraire à une critique plus directe de la part de Yannick Rousselet ou de ceux et celles qui pourraient choisir de le soutenir, mais bel et bien pour éviter la personnification à laquelle n’échappe pas nos propres « milieux ». Si des personnes comme Yannick Rousselet peuvent s’exprimer au nom d’un mouvement, d’une organisation, c’est qu’ils et elles jouent de cette personnification. Finalement, user d’un pseudonyme c’est paradoxalement pouvoir parler pour nous-mêmes, se défaire de toute ambition politicienne.

Enfin Yannick cette lettre s’adresse également à toi. Nous ne cherchons pas avec elle à nourrir un quelconque dialogue. Nous ne nous illusionnons pas sur la possibilité que tu fasses évoluer tes positions. Nous t’affirmons juste au passage notre hostilité irréductible. Enfin, nous avons choisi de ne pas la faire suivre à ton employeur, Greenpeace, car tu demeures un salarié, et cela même si tes positions sont plutôt pour ce genre de structure un gage de professionnalisme.

Révolutionnairement,
Laura Blanchard et Emilie Sievert.

PS : Le Raz Blanchard est l’un des plus puissants courants marins d’Europe qui circule au large du cap de La Hague ; le millisievert est l’unité de mesure de la radioactivité la plus communément utilisée de nos jours. L’un disperse les effluents radioactifs rejetés par l’usine de retraitement de La Hague que mesure la seconde.
IL ÉTAIT UNE FOIS LA COGESTION. Lettre ouverte à Yannick Rousselet, Responsable des campagnes nucléaires à Greenpeace France.
« Nom de dieu je sais très bien comment c’est la révolution !
C’est les gens qui savent lire dans les livres
qui vont voir ceux qui savent pas,
et les voilà qui disent le moment est venu de changer tout ça !
Ils expliquent aux pauvres bougres, qui eux font le changement.
Après, les plus malins de ceux qui savent lire dans les livres
s’assoient autour d’une table pour bouffer et blablater,
pendant que c’est les pauvres bougres qui crèvent.
Et qu’est-ce qui arrive quand c’est fini ?
Rien, tout recommence comme avant. »
Il était une fois la révolution, Sergio Leone.

Yannick,

DIRE QUE C’EST AVEC SURPRISE que nous avons découvert ton intervention du 01 novembre 2014 sur I-télévision serait mentir. Depuis quelques mois, du blocage du convoi de déchets nucléaires de Valognes aux survols de drones au dessus d’installations nucléaires françaises, tu es sur ces plateaux comme chez toi. Entre les inévitables spécialistes en think tanks, experts en maintien de l’ordre et éditorialistes de torche culs, tu dissertes ce jour là sur les manifestations qui se déroulent à Nantes et Toulouse suite à la mort de Rémi Fraisse. Dénonçant la rage des manifestants et des manifestantes, tu condamnes les groupes de « casseurs“ auxquels les médias offriraient trop d’importance au regard des milliers de rassemblements pacifiques qui auraient lieu un peu partout en France.

Quelques jours plus tôt à Sivens, la gendarmerie a assassiné Rémi Fraisse, laissant un trou béant dans sa colonne vertébrale et un immense sentiment de perte et d’absurdité pour ceux et celles qui le matin à Sivens devaient se compter pour savoir qui manquait. Tandis que ce même jour, dans les rues de Nantes, mobiles et bacqueux fignolent leur besogne en arrachant le nez d’un compagnon, et que des petits groupes de fachos attaquent des manifestants et des manifestantes, sous l’œil complice des flics, tu condamnes en direct les « casseurs“. Tu as fini par choisir ton camp, et a priori c’est plutôt celui de l’ordre… et de la division qu’il tente d’opérer entre « bon manifestants“ et « méchants casseurs“.

Ainsi en quelques années, l’activiste antinculéaire que tu étais s’est mué au contact de ton employeur Greenpeace, au nom d’une sacro-sainte religion de la non violence, mais surtout d’un pragmatisme cogestionnaire, en relai des basses besognes policières. D’autant que tu n’en es pas à ton coup d’essai. Déjà à Valognes, en novembre 2012, lors d’un départ de déchets radioactifs vers l’Allemagne, tu ne te contentais pas de tenter de récupérer l’évènement avec ton organisation, Greenpeace. Tu te dissociais également et jetais en pâture à la vindicte policière les quelques centaines de personnes qui ont alors tenté, en essayant de ralentir le convoi, de réveiller une opposition au nucléaire bien endormie. Le fait que toi et ton organisation décident d’un rassemblement la veille, dans le but assumé dans des mails internes de tirer la couverture médiatique à vous, tout en appelant vos ouailles à déserter un rassemblement « anarchiste et violent“ n’était guère étonnant. Votre refus de participer était attendu. En revanche, quand, par ta voie si médiatique, Greenpeace se dissocie en ces termes : « une ligne blanche a été franchie » ; quand elle participe au discours puant des autorités en alimentant les fantasmes de dangereux et dangereuses incontrôlables violents ; quand elle refuse le simple acte – minimal – de solidarité avec les compagnons et la compagnonnes inculpés de Valognes, en imposant, seule, son veto dans une coordination régionale anti-EPR qui souhaitait marquer sa solidarité, obligeant les autres organisations à faire chacune son communiqué ; quand par tes propos elle fournit lors de ce même procès des arguments à l’accusation, alors là, pas de doute, on change de registre. C’est un positionnement clair, pour le moins hostile à celles et ceux qui veulent lutter et retrouver un temps soit peu de prise sur la lutte antinucléaire et leurs existences. Nous étions alors quelques uns et quelques unes à en prendre acte, et à confirmer encore s’il en était besoin, que « nous n’avons définitivement plus rien à voir avec Greenpeace“ [1].

POURTANT, TES PREMIERS PAS DANS LA LUTTE ANTINUCLÉAIRE tu les as faits au Comité contre la pollution Atomique dans la Hague, le CCPAH, premier Comité antinucléaire en Cotentin. Au comité on ne badinait alors pas avec l’action sous toutes ses formes. Dès 1973, des « irresponsables“ du CCPAH stoppent avec d’autres militants et militantes un transport de combustibles. Plus tard, lors-qu’après Malville, des personnes sont arrêtés pour avoir cramé des engins du chantier de Flamanville, malgré quelques réticences, le CCPAH et les Comité Régionaux d’Information et Lutte AntiNucléaire (CRILAN), créés pour s’opposer à la construction de la centrale de Flamanville, maintiennent leur solidarité. En 1979, lors des venues des Pacific Fisher, bateaux transportant des combustibles usés en provenance du Japon pour être retraités à La Hague, l’opposition se joue dans la rue. Au petit matin les grues de déchargement sont sabotées. Des affrontements violents ont lieu dans Cherbourg assiégée par les gendarmes mobiles, les voies sont obstruées par un wagon couché sur les voies à la Salines près de l’arsenal. Des bobines PTT sont posées sur ces mêmes voies. Bref l’imagination et la rage sont au rendez-vous, les coups et les blessures également. Tandis que le lendemain la presse locale s’en donne à cœur joie contre les « autonomes“ et autres « casseurs“, la Crasse de la Manche, journal clandestin porté par des militants et militantes du CCPAH, distribué à plus de 800 exemplaires dans l’arsenal militaire de Cherbourg, où l’on fabrique les sous-marins à propulsion nucléaire lanceurs d’engins et où tu bosseras quelques années, rétablit quelques vérités en ces termes : « Les quelques jours qui ont suivi l’arrivée du Pacific Fisher à Cherbourg ont vu éclore un certain nombre de communiqués dans les colonnes des journaux locaux. Emanant de diverses organisations presque tous ces articles revenaient sur les événements qui eurent lieu sur la voie ferrée. La plupart des signataires se désolidarisaient des « éléments incontrôlés » pour certains, « autonomes » pour d’autres. Ces propos employés d’ordinaire par les forces de l’ordre ou la presse bien pensante ont été utilisées par des organisations qui feraient bien de réfléchir en deux fois avant de porter de tels jugements. En effet, il nous a semblé que ces autonomes n’étaient pas des êtres venus d’ailleurs, mais bien souvent des militants connus, membres à part entière de divers syndicats, partis ou associations. Si par malheur, ces camarades se retrouvaient un jour devant un tribunal, les juges sauront se servir des déclarations de certains pour mieux condamner ceux qui par leur action ont su compenser la carence des 18 [2] sur le terrain. Le préfet s’est déjà servi des jugements de la CGT, ce qui n’est pas pour nous surprendre. Nous ne pouvons être d’accord avec de tels comportements surtout de la part de quelque organisation que ce soit des 18. » Autonomes ?… par nécessité ! – La Crasse de la Manche, Novembre 79.
A cette époque, malgré des divergences et des discussions parfois houleuses, au sein du mouvement, même si l’on était en désaccord avec une action on savait conserver un minimum de solidarité face à l’ennemi commun, l’Etat nucléariste. Mais comme dirait July, Jospin, Cohn-Bendit ou Kessler [3], tout ça c’est une époque révolue. Pourtant alors, tout le monde avait saisi que la violence c’est l’Etat qui la porte, en expulsant, pour lancer les travaux de la centrale de Flamanville, la Case déserte, cabane occupée par les antinucléaires en 1978 ; en saturant le pays de gardes mobiles, les cafards comme on les appelait à l’époque ; en jouant les pro-centrales contre les antinucléaires ; en multipliant procès et intimidations ; en mutant des syndicalistes CFDT de La Hague trop remuants ; en tabassant, en tuant même à Malville. Tout ça ne te rappelle donc rien : des lieux occupés, des flics, des mutilés, des morts. Mais avec l’âge vient la sagesse ou l’Alzheimer précoce. Tu ne vois même plus que tu es devenu le pompier que tes amis dénonçaient jadis.
Mais c’est vrai que pour toi, l’activisme est affaire de spécialistes. Tu as participé au tournant du CCPAH au début des années 80, avec Jacky Bonnemains et Philippe Chardeur. C’est même l’époque où tu commences véritablement à t’engager. A cette période, les tentatives de blocages et les actions directes auxquelles chacun et chacune pouvaient participer cèdent la place aux actions portées par des petits groupes. C’est ainsi qu’à l’arrivée de nouveaux déchets, les grues du port vont être occupées, tandis qu’à terre les manifestants et manifestantes sont appelés à se rassembler en soutien. Ces occupation des grues compliquent singulièrement la possibilité d’intervention des forces de l’ordre et ont un impact économique réel. Mais c’est par stratégie et par lassitude de s’en prendre plein la gueule, et non par condamnation de la violence en tant que telle, que les militants et militantes s’engagent dans cette voie.

A chaque nouvelle arrivée de combustibles, les actions sont de plus en plus portées à bout de bras par des groupes d’activistes, dont tu fais partie. Greenpeace sorti des flots dans les années 70, est déjà de la partie. Elle se lie avec le groupe activiste du CCPAH. Jacky Bonnemain deviendra l’un des responsables du groupe Greenpeace France pendant la décennie 1980, tandis que toi, tu deviendras le chef de file du groupe local de Cherbourg au début des années 90, avant de devenir chargé de campagne nucléaire au national. A côté de vous, les rares antinucléaires qui restent ne jouent déjà plus que le rôle de figurants et de figurantes.

L’activisme porté par de petits groupes formés et aguerris, c’est la marque de fabrique de Greenpeace. Et la tienne. Mais elle va s’affiner avec le temps. Aujourd’hui, l’activiste, terme officiel au sein de l’association internationale, est choisi par un dirigeant ou une dirigeante de groupe local. Il ou elle suit ensuite une formation spécifique, et entre dans le giron secret des opérations coups de poing. Il ou elle aura alors le droit de faire un tour dans l’hélico de l’organisation, de se faire arrêter devant les caméras, et de passer au tribunal quelques mois plus tard. Trop cool.

EN BON KALIMÉRO, face à ceux et celles qui ont compris ton manège, tu réponds : « c’est vraiment trop injuste ! ». « Je ne leur ai rien fait ! ». « J’ai toujours été non-violent ! » Mais il est tout de même ironique alors de lâcher les centaines de personnes s’affrontant avec les flics entre les griffes bien plus acérées des violences d’Etat. Celles qui mutilent, tuent, marquent et emprisonnent. Il semble qu’à tes yeux la violence que l’Etat retourne contre les éléments les plus radicaux soit justifiée. Il faut dire qu’en plus de 30 ans, les institutions sont devenues ta seconde maison. Et la gestion de l’existant ta nouvelle vocation. Pour toi et tes amis, il ne s’agit plus tant de combattre l’atome que de faire avec. Il est là. Dès lors, les actions visent à influencer les décideurs, l’Etat, les contrôleurs et même les industriels. Elles sont complétées par le lobbying au sein des institutions locales, nationales et internationales. Greenpeace et ses supplétifs EELV, WWF et la FNE cherchent à aménager le monde en ménageant le mode de production capitaliste, et toi tu t’occupes juste du décor, plus des fondations.

En tout, tu ne fais finalement que répondre à la matrice même de Greenpeace, sorte de multinationale du militantisme écolo shootée au management, à la hiérarchie d‘entreprise et au calcul coûts/bénéfices. La multinationale engage même l’un de ses récents directeurs en France, Husting, dans la finance. Depuis longtemps, l’ONG reprend les techniques managériales et est obsédée par la professionnalisation. Elle va même jusqu’à recruter ses activistes, qui porteront les actions décidées en haut lieu, parmi les plus méritants et méritantes de ses bénévoles, tout cela encadré par les dirigeants et dirigeantes et les salariés. Pas de places pour les sympathisants et sympathisantes, ils et elles ne sont bons qu’à verser de la thune. C’est d’ailleurs l’obsession de Greenpeace qui sera l’une des ONG pionnière en matière de collectes dans les rues par de petites mains précarisées. Formés aux techniques non-violentes, aux opérations clandestines symboliques et aux discours médiatiques bien préparés, les activistes, sondés, triés et formés sont la vitrine de l’organisation. En se mettant en péril, ils et elles offrent l’image d’un attachement à la cause, et permettent à l’ONG d’engranger de nouveaux adhérents et adhérentes, et ainsi de nouveaux subsides. C’est pour cette raison essentielle que Greenpeace labellise toutes ses actions, et qu’elle est sans aucun doute totalement étrangère aux survols d’installations nucléaires par des drones. Parce que l’activiste est une ressource et l’action un business plan.

A côté de cela, Greenpeace fréquente assidûment les salons et les cercles patronaux et politiques. Et toi également. L’Etat n’est plus un ennemi mais un sparring partner, avec qui l’on boxe en complicité. Les intrusions dans les centrales ne visent plus qu’à renforcer les dispositifs de sécurité ; les révélations sur les mensonges des industriels à améliorer la sureté des installations ; le retrait des commissions d’information à réclamer une représentation plus juste des antinucléaires. Parce que votre entreprise ne vise plus à changer le monde mais à le ripoliner en vert pâle, en mixant nucléaire et renouvelable, c’est juste la part du nucléaire qu’il faut réduire. Vous ne travaillez plus avec vos amis Facebook d’EELV qu’à ajuster nos vies au meilleur des mondes dans lequel nous sommes plongés en administrant le vivant. Ce maintien d’un monde, pendant du maintien de l’ordre, connecte au réseau énergétique existant ses projets industriels labellisés renouvelables – éoliennes offshores, hydroliennes titanesques, centrales photovoltaïques monumentales – portés par les mêmes industriels qui continuent de promouvoir l’atome. Tout ça pour continuer à faire tourner toutes nos chères industries, nos datas center, nos lignes TGV, tout un tas d’infrastructures de transport d’électricité qui sont appelées à proliférer. Pas de souci, toi et nos chers écolos s’y rallient avec enthousiasme comme pour la nouvelle ligne THT FAB reliant le réseau français et britannique sous prétexte que cette ligne transporterait de l’énergie renouvelable. Oubliée la vocation de cette interconnexion européenne à exporter la surproduction en base de nucléaire de l’industrie française qui produit trop, et importer l’électricité en période de pointe, fournie par les autres énergies. Oubliée la nocivité des lignes qui lorsqu’elles transportent de l’électricité charrient leucémies et mammites, et qui par la magie de la fée écologiste acheminerait dès lors petites fleurs et soleil radieux. Ces projets d’interconnexion, toi, Greenpeace et la FNE les soutiennent au niveau européen, et les relaie au niveau local.

Entre écolocrates, Etat et industriels, comme hier entre Etats patrons et syndicalistes cogestionnaires, il s’agit maintenant de disserter entre gens responsables sur la durée de vie des centrales nucléaires, de réduire l’impact des installations. Tu travailles donc en étroite collaboration avec l’Autorité de Sureté Nucléaire, autorité faussement indépendante, comme les nucléaristes « modernisateurs » et « démocrates » ont su en promouvoir. Et tu peux ainsi laisser parler cette nouvelle responsabilité écologiste dans la revue de l’ASN, Contrôle : « Greenpeace rappelle que, au regard des perspectives de stagnation ou très faible augmentation de la consommation électrique et de la diminution programmée de la part d’électricité d’origine nucléaire en 2025, la solution la plus simple et la plus sage consiste à ne prolonger aucun des réacteurs au-delà de ses 40 ans. L’ASN a redoré son blason depuis la loi TSN et sa manière de communiquer sur l’accident de Fukushima. Elle est maintenant à l’épreuve des faits. Elle doit afficher ses exigences sans aucune concession auprès des exploitants, et n’accepter aucun marchandage. Les années qui viennent devront être celles qui montreront sa véritable nature : son indépendance. » Ceux et celles qui devront supporter tes 40 ans d’EPR te remercient d’avance.

Etre antinucléaire à Greenpeace ça se résume à se transformer en spécialiste en radioprotection. « De son côté, le Gouvernement doit tenir ses engagements en dotant l’ASN des ressources humaines et financières nécessaires à l’accomplissement de la tâche qui l’attend. Il doit doter l’ASN d’un pouvoir de sanctions graduées efficace permettant de contraindre les exploitants à respecter ses prescriptions et réglementations. (…) L’ASN ne devra donc avoir comme seul critère que la sûreté des installations et aucun critère économique ne devra l’influencer. La sûreté ne se marchande pas. Soit une modification n’est pas nécessaire, soit elle l’est quel que soit son coût. La sûreté des réacteurs français est à ce prix-là ! ». Comme tu neutralises la fonction de l’Etat, pourtant principal promoteur de l’atome en France, tu neutralises celle des autorités de sûreté aux mains des nucléaristes… C’est beau l’esprit citoyen. C’est le même souci qui t’habite lors des survols d’installations nucléaires par des drones comme tu le claironnais inquiet sur le plateau d’I-Télé : « On a dit et répété dans des institutions officielles (…) nos systèmes de protection sont perfectibles (…) nos centrales nucléaires ne résistent pas à une attaque aérienne (…) » C’est bizarre, ces installations, malgré le leg qu’elles ne manqueront pas de nous laisser, nous ne les ressentons pas comme les nôtres, mais comme un sacré héritage de merde, et surtout nous n’entendons pas les gérer avec ceux et celles qui les ont construites et les administrent, et encore moins à leur profit. C’est ce que pour ta part tu fais avec d’autres complices de l’ACRO, du GSIEN ou de FNE au sein du Haut comité à la transparence et l’information sur la sûreté nucléaire. Toi et tes complices du haut comité n’avaient d’ailleurs jamais cessé de vous croiser dans les Commissions locales d’information autour de La Hague. De jacky Bonnemains à Monique Sené, il ne manque personne. A croire que La Hague fut le parfait laboratoire de cette « démocratie » et de cette « transparence nucléaire ».

LORSQUE LE POUVOIR SENT QUE LA SITUATION S’EMBRASE il est toujours heureux de trouver des pompiers. Dans un quartier, c’est le grand frère, la clique associative, dans une boîte, c’est le ou la cacique syndical du coin, dans ton cas l’activiste baroudeur d’autant plus au dessus de tout soupçon qu’il est sûrement rempli de sincérité. L’ordre établi a d’autant plus besoin de gens comme toi, que depuis quelques années il ressort la figure de l’ennemi intérieur. Il trouve toujours des gens pour l’appuyer. Merci Yannick. S’il y a toujours quelques activistes radicaux suffisamment admiratifs de vos savoir-faire, moyens et compétences pour vous accueillir toi et ta multinationale de l’écologie, avec nous ça ne prend plus. Et nous la joue pas « vous divisez le mouvement“, ce serait tout de même gonflé après avoir ainsi livré quelques antinucléaires en pâture sur les plateaux télé. Inutile de préciser qu’on te claque pas la bise. Mais t’inquiète on ne sera sans doute pas sans se recroiser, nous, « djihadistes verts », face aux armes de la police, toi, militant modèle, entouré de caméras ou sur les plateaux télé. Nous ne sommes définitivement pas du même côté de la barricade, ni de l’écran. Gaffe aux projectiles.

Caen, Juin 2015
• Laura Blanchard et Emilie Sievert
blanchard.sievert@riseup.net
Notes

[1] Conclusion de la brochure Greenpeace, ou la dépossession des luttes écologistes, par un anarchiste du CRAN (Collectif Radicalement Antinucléaire).

[2] Les 18 c’est le cartel d’organisations qui des antinucléaire à la CFDT et au PS appellent à bloquer le convoi.

[3] Faut-il te rappeler que July de mao devint patron du Libé libéral, que Jospin de l’OCI se transforma en premier ministre, que Cohn-Bendit de trublion anarcho-communiste se mua en chef de file des écolocrates libéraux et que Kessler de l’UEC devint le numéro 2 du MEDEF qui n’eut de cesse de défaire l’Etat providence… tous ces petits chefs gauchistes de l’après 68 sont devenus l’encadrement du monde capitaliste qu’ils exécraient.

source:sous la cendre

Les maîtres chanteurs du nucléaire redémarrent un réacteur au Japon face à une résistance effroyablement inoffensive, par Thierry Ribault

 source le blog Paul Jorion

Le 11 août 2015, le réacteur n°1 de la centrale nucléaire de Sendaï, dans le département de Kagoshima situé au sud-ouest du Japon, a redémarré. L’administration Abe souhaite donner à ce moment un caractère décisif pour sa stratégie énergétique, considérant le nucléaire comme « vital » pour l’avenir de la nation, au même titre qu’entre 1931 et 1945, l’occupation de la Mandchourie était également considérée comme « vitale » pour un Empire dont on connaît le bel avenir auquel il a été promis.

Les critiques pragmatiques d’une telle approche de l’avenir énergétique japonais, formulées par l’ancien Premier ministre Junichiro Koizumi, devenu l’un des nouveaux meneurs de l’élite pro-énergies renouvelables (au sein de laquelle on compte le pro-solaire milliardaire Son Masayoshi, PDG de Softbank), et qui n’a pas manqué de rappeler que le Japon avait réussi à se développer après la seconde guerre mondiale sans la Mandchourie, n’y auront rien fait. Arc-boutée sur son national-nucléarisme, l’administration Abe semble faire sienne la règle selon laquelle ce qui est le plus faux est également ce qui est le plus communicable. Ainsi en va-t-il du relèvement des seuils d’inacceptabilité de la contamination radioactive pour la population comme pour les travailleurs du nucléaire, de la négation des effets sanitaires des retombées liées à l’accident de la centrale de Fukushima Daiichi, malgré l’apparition d’une épidémie de cancers de la thyroïde, sans parler du rappel dans les zones contaminées des populations évacuées, à grand renfort d’une politique de « communication du risque » relayée et soutenue internationalement par des experts onusiens triés sur le volet.

Certes des pressions existent, y compris à l’intérieur du gouvernement, notamment de la part de groupes politiques et industriels en faveur des énergies renouvelables, principalement la biomasse et l’électricité hydraulique. On voit même d’anciens nucléaristes retourner leur veste, au Parlement ou au gouvernement, en faveur du renouvelable. Il s’agit d’une guerre (feutrée) de succession en termes d’intérêts économiques, dont le bilan à long terme n’est pas prévisible. Ce dont on est toutefois certain, c’est qu’avec le redémarrage du réacteur n°1 de Sendaï, Abe et ses collaborateurs viennent de remporter une bataille dans cette lutte des cliques. Ils l’ont fait grâce notamment à un outil classiquement mobilisé en politique : le chantage. Ce dernier revêt, dans le cas présent, plusieurs facettes : un chantage au déficit commercial tout d’abord. Un chantage au changement climatique ensuite. Un chantage encore à la diminution de la rente nucléaire et à l’explosion du coût de l’électricité non-nucléaire. Un chantage, enfin, à la bombe atomique.

Examinons plus en détail la teneur de chacune de ces facettes, avant de tirer des conclusions sur la nature de l’autoritarisme de l’administration Abe, d’une part, et sur l’efficacité de l’action individuelle et collective qui entend s’y opposer, de l’autre.

  1. Un chantage au déficit commercial

En 2013, pour la première fois en trois décennies, la balance commerciale japonaise a été déficitaire de 11,5 milliards de yen, dont 7 milliards attribués à l’implantation des industries japonaises dans d’autres régions d’Asie – ce qui est sans lien avec la catastrophe de Fukushima – et 4 milliards attribués au surcoût des importations de pétrole et de gaz permettant de produire une énergie qui n’était plus fournie par les centrales nucléaires. Toutefois, dès avril 2015, la balance commerciale était redevenue excédentaire, les achats de pétrole ayant chuté de 51 %, ceux de produits pétroliers de 38 %, et ceux de gaz naturel liquéfié de 12%[1]. Les mois qui ont suivi ont été très légèrement négatifs, mais l’affaiblissement du yen a permis de revaloriser des exportations en forte hausse[2]. L’arrêt du recours au nucléaire après la catastrophe de Fukushima n’a donc pas eu, sur la balance commerciale du Japon, l’impact désastreux attendu et annoncé non sans martèlement.

Nucléaire 01

  1. Un chantage au changement climatique

En dépit d’une hausse significative du recours à l’énergie d’origine fossile, le montant total des émissions de CO2 après la catastrophe de Fukushima n’a pas augmenté à la vitesse estimée par les experts … et par les ardents thuriféraires du nucléaire : les économies d’énergie réalisées et le recours accru aux énergies renouvelables sont les deux principaux facteurs qui expliquent cette évolution. Ainsi, la consommation de charbon et de pétrole, bien qu’en hausse après 2010, n’a pas atteint son niveau antérieur à la crise de 2008. Les émissions de CO2 du secteur énergétique japonais ont gardé une trajectoire identique avant et après la catastrophe de Fukushima et sont revenues, à partir de 2012, à leur niveau de la période 2002-2008, soit environ 1,4 milliards de tonnes de CO2. La catastrophe de Fukushima n’a donc pas précipité le Japon dans une soudaine et inexorable croissance de ses émissions de CO2, mais est venue conforter une tendance à la hausse, antérieure au désastre, datant de la période de « reprise » ayant suivi la crise de 2008. On observe même plutôt, depuis 2013, un ralentissement des émissions de CO2, avec une baisse de 0,9% par rapport à l’année précédente, confirmée en 2014 par une chute de 3,1%. On note enfin que, à la montée en puissance du parc nucléaire japonais dans les années 60-70, correspond une des croissances les plus élevées des émissions de CO2 du pays – une multiplication en volume par 2,4 entre 1965 et 1973 contre 1,3 entre 1973 et 2014 – et que sur le long terme, le développement du nucléaire au Japon n’a jamais permis d’endiguer l’augmentation quasi-ininterrompue de ces émissions.

Nucléaire 02

  1. Un chantage à la diminution de la rente nucléaire

En complément de son soutien inconditionnel au redémarrage des centrales nucléaires, le Ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie (METI) s’apprête à réduire les subventions accordées aux municipalités où des réacteurs nucléaires sont à l’arrêt. À partir de 2016, ces subventions seront en effet accordées sur la base d’un taux de fonctionnement inférieur à celui en pratique actuellement[3].

Dans le système actuel, le montant des subventions accordées aux autorités locales est fonction de la performance opérationnelle des deux années précédentes. Ainsi, dès 2013 les collectivités locales ont bénéficié de subventions sur la base d’un taux de fonctionnement de 81%, l’ensemble des réacteurs ayant été arrêtés pour cause d’inspection de sécurité après la catastrophe de 2011. Ce taux correspond à un taux complet de fonctionnement en dehors de la période de contrôle une fois tous les treize mois. À partir de 2016, la durée de référence sera ramenée à un an et demi, et, à moins que les réacteurs concernés soient remis en marche, le taux de fonctionnement sera ramené à son niveau d’avant la catastrophe du 11 mars 2011, soit en moyenne 70%. Cet ajustement constitue selon le METI une « mesure de justice » vis-à-vis des municipalités dans lesquelles le choix du redémarrage des réacteurs a été fait.

Par conséquent, dans les municipalités comme celles de Mihama, située dans le département de Fukui, au cœur de ce que l’on appelle le « Ginza du nucléaire » (que l’on pourrait traduire par « les Champs-Élysées du nucléaire »), où 40% des recettes fiscales sont d’origine nucléaire, et où les subventions seront divisées par deux à cause du démantèlement de plusieurs réacteurs, les élus se sentent fortement incités à soutenir le redémarrage des réacteurs implantés sur leur territoire, en l’absence de toute forme d’aides à la reconversion, comme il en existait à l’époque des fermetures des mines.

  1. Un chantage à l’explosion du coût de l’électricité non-nucléaire

Les estimations du coût de production de l’énergie nucléaire que le ministère de l’industrie a fait circuler à partir d’avril 2015, prévoient un coût de 10,1 yen le kilowatt-heure en 2030 (contre 8,9 yen en 2011), faisant de cette source d’énergie la moins coûteuse comparée au charbon (12,2 yen), au gaz (13,4 yen) et aux énergies dites renouvelables (solaire : entre 12,7 et 15,5 yen ; éolien : entre 13,9 et 21,9 yen)[4]. Cette estimation du coût du nucléaire est censée prendre en compte les dédommagements éventuels en cas d’accident, les aides aux municipalités et la hausse des coûts liés à la sécurité des centrales. Quant aux coûts induits par un accident nucléaire, ils ont été fortement réduits par les experts gouvernementaux afin de prendre en compte l’instauration de normes de sécurité beaucoup plus strictes et fiables qu’avant la catastrophe de Fukushima : ainsi, dans leurs calculs, les autorités ont divisé par deux la probabilité qu’un accident majeur survienne.

Par ailleurs, l’estimation du coût du kilowatt-heure du nucléaire est fondée sur les déclarations des investissements en sécurité faites par les entreprises d’électricité. Or ces dernières révélaient quelques temps après la publication de ces chiffres que leurs dépenses réelles seraient deux fois et demi plus élevées que celles déclarées 30 mois auparavant, et atteindraient au moins 2400 milliards de yen[5].

C’est pourtant sur la base de ces estimations de coûts que le « mix-énergétique » japonais pour la production d’électricité d’ici 2030 a été défini en avril dernier : 20% à 22% pour le nucléaire – ce qui sous-entend soit la remise en cause de la règle des 40 ans de service des réacteurs existants, soit la construction de nouveaux réacteurs – et 22% à 24% pour le renouvelable[6].

Selon une étude du Mitsubishi Research Institute réalisée en décembre 2014 pour le compte du ministère de l’Environnement, d’ici 2030, environ 31 % de la production d’électricité du Japon pourrait être produite sous une forme renouvelable incluant le solaire, l’éolien, le géothermique et l’hydroélectrique, contre environ 2% actuellement. Le ministère de l’Environnement considère que les tarifs de rachat garantis de l’électricité renouvelable pourraient chuter fortement et être maintenus, même avec une production importante de renouvelable, à un niveau inférieur à celui estimé par le ministère de l’Industrie (METI). Quant à la substitution des énergies fossiles par des énergies renouvelables, elle pourrait permettre d’économiser entre 11.000 et 25.000 milliards de yen d’ici 2030. Toutefois, lors de l’élaboration de son plan énergétique, le METI n’a pas pris ces chiffres en considération et ces études, tout comme leurs résultats, sont restés lettre morte[7].

  1. Un chantage à la bombe atomique

Son programme de recyclage de combustible nucléaire étant à l’arrêt et son accumulation de stocks de plutonium suscitant l’inquiétude au niveau international, le Japon subit des « pressions » afin d’utiliser le plus possible ses réserves de combustibles dans ses réacteurs. Ainsi, la Sous-secrétaire d’État du contrôle des armes et de la sécurité internationale des États-Unis, Rose Gottemoeller, déclarait récemment devant un parterre de journalistes que le Japon devait achever son programme de retraitement et consommer son plutonium sous la forme de MOX dans ses propres réacteurs : « Si l’on souhaite avoir un programme de retraitement du plutonium, l’autre face consiste à avoir un vigoureux programme pour le MOX et à consommer ce dernier dans les centrales. »

La question demeure toutefois de savoir si le Japon peut redémarrer les 18 réacteurs qui lui seraient nécessaires pour consommer le plutonium qu’il détient, et si l’usine de retraitement de Rokkasho peut effectivement démarrer.

Le souci de garantir une légitimité à l’existence du centre de stockage, de retraitement et d’extraction de plutonium et de fabrication de MOX de Rokkasho, situé au nord du Japon n’est pas nouveau. De fait, cette chaîne de retraitement, construite en partenariat avec AREVA à partir de 1993, n’est jamais entrée en fonction et sa capacité de stockage de combustible usé arrive à saturation : 2.834 tonnes de combustible se trouvent actuellement dans les piscines de l’usine, soit 90% de la capacité disponible sur le site. Recourir à l’infrastructure de Rokkasho garantirait sa pérennité et éviterait de priver de sens l’existence de ce bijou de 20 milliards d’euros, dont le coût de démantèlement est estimé à 80 milliards d’euros supplémentaires. Le tout dans un contexte de demande en forte chute à la fois du plutonium utilisé dans les surgénérateurs (celui de Monju a subi une succession d’accidents et n’a produit d’électricité que pendant une heure en 20 ans) et du MOX dans les réacteurs conventionnels.

Le Japon détient actuellement 157 tonnes de plutonium, dont 100 tonnes localisées sur les sites de ses centrales. Les 60 tonnes restantes ont été acheminées dans les centres de retraitement, et 45 tonnes ont été séparées (35 tonnes sont stockées en France et au Royaume-Uni), de quoi fabriquer 5.000 têtes nucléaires. Le plein usage de la capacité de retraitement du site de Rokkasho permettrait de produire annuellement une quantité de plutonium séparé de 8 tonnes, suffisante pour fabriquer 1.000 bombes atomiques.

Ainsi, la question que personne ne pose mais que l’on est en droit de se poser est la suivante : au delà de son usage civil, le Japon envisage-t-il une utilisation non civile de sa filière de retraitement et de fabrication de plutonium ?

Le vote discret, le 20 juin 2012, d’un amendement à la Loi fondamentale sur l’énergie atomique précisant que désormais « la politique de l’énergie nucléaire du Japon doit contribuer à la sécurité nationale » nous éclaire sur ce point, tout comme le vote plus récent des lois sur la sécurité, élargissant les possibilités d’intervention des forces d’auto-défense dans des conflits à l’étranger, au nom d’un renforcement de l’alliance nippo-américaine en matière de sécurité. Ainsi, le ministre de la défense, Gen Nakatani, reconnaissait récemment que ces lois ouvraient la « possibilité théorique » au Japon de transporter des armes nucléaires au cours d’opérations de soutien logistique, tout en réaffirmant que le pays ne s’engagerait cependant pas dans ce type d’intervention, compte tenu des « principes non nucléaires » auxquels le pays est attaché[8].

Voici ce que nous écrivions dans une contribution datée d’octobre 2012 : « Ce qui caractérise le nouveau contexte n’est donc pas la capacité technologique du Japon à construire une arme nucléaire dans une durée limitée, mais le fait que, s’appuyant sur l’opportunité d’une réforme de son autorité de régulation nucléaire, suite à l’accident de Fukushima, il se dote d’un cadre juridique approprié à la reconnaissance et à l’activation d’une telle capacité. La prochaine étape pourrait être une réforme de l’article 9 de la Constitution, le tout étant en cohérence avec le rôle politique que les États-Unis entendent de plus en plus faire jouer au Japon en Asie, notamment face à la Chine. Quand bien même le développement du nucléaire militaire japonais ne resterait qu’à l’état de potentialité, il fournit un argument de taille à ses voisins qui aspirent eux aussi à la « souveraineté nucléaire », tout ceci résultant dans une escalade d’accumulation d’armes nucléaires. »[9]

Trois ans après, l’usage du conditionnel n’est plus de mise : la Constitution japonaise est bel et bien révisée dans le sens d’une remise en cause du pacifisme qui la fondait et les résistances nombreuses à une telle révision n’auront pas eu raison d’un régime politique que certains n’hésitent pas à qualifier de « dictature ».

Selon Yasuo Hasebe de l’université Waseda, l’un des trois juristes conviés en juin dernier par la Chambre des représentants, afin de s’exprimer sur le caractère constitutionnel des lois sur la sécurité, ces dernières « ébranlent la stabilité juridique » du pays. Il ajoute : « La distance est énorme, et à peine compréhensible du point de vue du sens commun, entre les mots et les termes employés dans le texte de loi, qui apparemment limitent le recours à la force au nom de l’auto-défense collective, et ce que le gouvernement essaie effectivement de faire. »

Hasebe s’interroge également au sujet des propos tenus par le vice-président du Parti libéral démocrate, Masahiro Komura selon lequel « les constitutionnalistes ne manquent jamais de s’en tenir aux termes de l’article 9 de la Constitution. » « Cela signifie-t-il, demande Hasebe, que M. Komura est prêt à exercer le pouvoir politique sans s’en tenir à la constitution ? Ce serait assez inquiétant ».[10]

Réagissant à une formulation figurant dans les lois de sécurité selon laquelle « les intentions, la capacité et l’importance de l’agresseur seront prises en considération avant de prendre la décision de recourir à la force », Setsu Kobayashi de l’université Keio, un autre constitutionnaliste consulté, s’interroge sur le fait que « fondamentalement, cette formulation presse le public de donner carte blanche au gouvernement en ce qui concerne les opérations militaires, en s’en remettant au hasard. Ce qui est l’idée d’une dictature. »

Ce que semble confirmer à son insu Osamu Nishi, juriste de l’université de Komazawa et membre du groupe de conseillers privés du Premier ministre ayant contribué à la formulation des lois sur la sécurité, pour qui « le nombre de gens qui jugent la loi conforme à la Constitution n’est pas faible », ajoutant que « le débat constitutionnel ne consiste pas à prendre des décisions à la majorité. » On comprend mieux ainsi pourquoi 53% des Japonais étant contre les lois sur la sécurité[11], ces dernières ont été votées, et pourquoi 57% étant contre le redémarrage de la centrale nucléaire de Sendaï[12], le réacteur n°1 a redémarré.

A ceux qui s’étonneraient encore des contradictions entre les aspirations des uns et les décisions des autres et s’indigneraient du « déficit démocratique » qui en découle, on ne peut que rappeler combien il est rare de voir une démocratie « excédentaire ».

Conclusion

C’est donc sous le signe du chantage que s’est effectué le redémarrage du réacteur n°1 de la centrale nucléaire de Sendaï, chantage dont les différentes formes ont été menées de front par une administration Abe qui entend adapter la vérité à la réalité, cette réalité toujours présentée par le pouvoir comme immuable afin de garantir le plein exercice de l’autorité. De fait, il s’agit, par là même, de renoncer à façonner la réalité à l’image de la vérité et, pour la population, de se soumettre à la tyrannie. Pérenniser les nuisances afin de pérenniser la domination, tel est un des principes de base du national-nucléarisme.

Abe promet aux hibakusha – les victimes des bombes d’Hiroshima et de Nagasaki – de sauver la liberté et d’ « éviter la guerre »[13] en révisant l’article 9 de la Constitution. Il ne s’agit là que d’un élément supplémentaire participant de l’opération de racket national auquel se livre l’État japonais, qui consiste à obtenir, de façon frauduleuse ou en menaçant de violence et avec le consentement des victimes, le renoncement à toute forme d’action collective ou personnelle qui pourrait venir contrecarrer son autoritarisme.

Pourtant, le Japon n’est-il pas ainsi transformé en victime de substitution prospective, au sens où c’est de son sol que les États-Unis sont prêts à faire face à la Russie, à la Chine ou à tout autre de leurs bras droits, les Japonais se préparant ainsi à être les victimes de leurs prétendus protecteurs ?

Dans son allocution prononcée le 6 août dernier lors des cérémonies de commémoration des 70 ans du bombardement atomique de Hiroshima, et pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir, le Premier ministre Abe a soigneusement évité toute mention des « trois principes non nucléaires » auxquels le Japon s’est officiellement rangé : détention, production et importation d’armes nucléaires sont bannies.

Tandis que des représentants d’associations de citoyens et de victimes de la bombe ont manifesté leur « espoir qu’une telle omission ne marquait pas un virage vers la guerre » d’autres n’ont pas manqué de rappeler leur « espoir de voir naître un monde sans armes atomiques »[14].

Pour autant, on peut se demander si de tels « espoirs », tout comme ceux des 160 manifestants de Satsumasendaï venus s’opposer au redémarrage du réacteur n°1, soutenus pour la circonstance par l’ex-Premier ministre Naoto Kan reconverti à l’anti-nucléarisme depuis 2011, et ceux des valeureux propriétaires des cinq véhicules automobiles ayant momentanément obstrué l’entrée de la centrale nucléaire, ont véritablement la capacité de modifier de manière significative les orientations politiques dont nous venons de rappeler les grandes lignes.

« Qu’est-ce au fond que l’espoir ? Est-ce la croyance que les choses vont s’améliorer ? » s’interrogeait déjà Günther Anders dans un entretien sur « L’état d’urgence et la légitime défense », un an après la catastrophe de Tchernobyl. La réponse qu’il apportait alors vaut tout autant aujourd’hui qu’hier : « Il ne faut pas faire naître l’espoir, il faut l’empêcher. Car personne n’agira par espoir. Tout espérant abandonne l’amélioration à une autre instance. »[15]

L’espoir est « un autre mot pour dire lâcheté », et c’est de l’intime connaissance de cette identité dont les maîtres chanteurs du nucléaire tirent toute leur force. Tant que leurs opposants auront de l’espoir, ils resteront effroyablement inoffensifs.

Thierry Ribault est chercheur au CNRS (Clersé-Université de Lille1). Il est co-auteur, avec Nadine Ribault, de Les sanctuaires de l’abîme – Chronique du désastre de Fukushima,aux Éditions de l’Encyclopédie des nuisances, Paris, 2012.

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[1] Le Monde 22 avril 2015.

[2] Ministère des Finances, juillet 2015.

[3] Mainichi, 11 août 2015.

[4] Asahi, 28 avril 2015.

[5] Asahi, 10 juillet 2015.

[6] Asahi, 29 avril 2015.

[7] Mainichi, 21 février 2015.

[8] Mainichi, 5 août 2015.

[9] Reporterre, 2 octobre 2012.

[10] Mainichi, 10 juin 2015.

[11] Mainichi, 25 mai 2015.

[12] Mainichi, 10 août 2015.

[13] Mainichi, 6 août 2015.

[14] Mainichi, 6 août 2015.

[15] Günther Anders, La violence : oui ou non. Une discussion nécessaire, Éditions Fario, Paris, 2014, p.30.

Grenoble: concert à la Doudoune: le 17 septembre.

Comme on a déjà si dit quelques mots sur la manif de la manifestation du 4 septembre manifs: de soutien à tous les squats, on v des squats existent à saint martin d’Hères on a reçu cette information pour un e soirée dans un squat, on la relaie car grenoble ce n’est pas loin de valence et de Romans.
jeudi 17 Septembre 2015
concert à la Doudoune (44 rue jacques Thibaut à saint martin d’Hères)
– Vinhaggorna (punk, Marseille)
– irma Zone (extra lucide voyante)
– radio suicide (mix infernal)
19h30 : frites
20h30 show
Solidarité active aux squats en lutte

Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) : Prise d’otage du directeur adjoint à la prison dernier cri

Vendin-le-Vieil_-_Maison_centrale_de_Vendin-le-Vieil_(02)Peu avant 11 heures ce mercredi, Fabrice Boromée, détenu pour des faits de violences à la maison centrale de Vendin-le-Vieil, a pris en otage le directeur adjoint de la prison de Vendin-le-Vieil. Selon nos informations, le détenu s’était retranché avec le fonctionnaire dans la salle des audiences du quartier d’isolement. Il était armé d’un couteau de cuisine du réfectoire de la prison, à la pointe aiguisée et au manche renforcé par des couches de ruban adhésif. Selon un responsable syndical régional de l’Unsa, Laurent Scassellati, le directeur adjoint qui était pris en otage est Fabrice Bels. Le détenu, placé à l’isolement depuis six mois, formulait depuis plusieurs semaines le souhait d’être transféré dans un autre centre pénitenciaire, en Guadeloupe ou en région parisienne, selon son avocat.

Il a rendu son arme en début d’après-midi, sans que le Raid n’ait eu à faire usage de la force. Avant de l’interpeller, les équipes d’intervention l’ont informé que sa demande de transfert allait être acceptée. Ils ont alors exigé du preneur d’otage qu’il lâche son arme, s’écarte du directeur adjoint et se mette à genoux. Aucune victime n’est à déplorer. A sa libération, le fonctionnaire déplorait le comportement du détenu avec lequel « une procédure était bien engagée pour le faire sortir de l’isolement », des propos relayés par sa hiérarchie.

L’enquête a été confiée à la police judiciaire de Lille. Placé en garde-à-vue, le détenu devrait être jugé en comparution immédiate dans les quarante-huit heures.

Selon des sources syndicales, le preneur d’otage présumé serait Fabrice Marius Boromée. Cet homme de 34 ans, originaire de la Guadeloupe, a déjà passé près de 10 ans de sa vie derrière les barreaux. Fabrice Boromée a notamment été condamné pour avoir pris en otage un gardien de prison le 30 décembre 2013 au centre pénitentiaire d’Alençon/Condé sur Sarthe. Il a également 14 condamnations à son actif, dont 11 pour violence. Il a fréquenté plus de 80 établissements pénitentiaires.

Un très important dispositif de police a été évidemment sur place depuis que l’alerte a été donnée. L’accès aux véhicules a été interdit dans un périmètre large. Il était notamment impossible de gagner le parc des industries de La Croisette. La bretelle de sortie n°9 sur l’A21 est d’ailleurs fermée à la circulation dans les deux sens ainsi que l’accès au centre commercial Lens 2 sur la RN47. Selon un usager de l’aérodrome voisin où se trouve un restaurant, aucun client ne peut accéder aux parkings du site.

« Les équipes Eris (équipes régionales d’intervention et de sécurité, ndlr) sont sur le site en vue de procéder aux négociations et à une éventuelle intervention », a encore précisé la préfecture du Pas-de-Calais. Le Raid 59 a également rejoint les équipes d’intervention spécialisées en milieu pénitenticaire. La prison est située à quelques kilomètres au nord de Lens et à une trentaine de kilomètres au sud de Lille.

Ce centre pénitentiaire est très récent, puisque la prison a fini d’être construite en septembre 2014, avec une capacité d’environ 250 détenus et de 22.000 m2, selon le site de l’Agence publique pour l’immobilier de la Justice. « En prévision de l’arrivée des personnes détenues condamnées à de longues peines, des dispositifs de sûreté très perfectionnés ont été installés à Vendin-le-Vieil », peut-on lire sur le site internet.

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La Voix du Nord / mercredi 9 septembre 2015

D’après M. Martin, responsable du syndicat FO, ce détenu était arrivé en mai dans cette prison de dernière génération ouverte au printemps dernier. A cette occasion, compte-tenu de sa dangerosité, les agents chargés de sa surveillance avaient reçu «des équipements de protection». Mais ceux-ci leur avaient été «retirés il y a un mois», selon ce témoignage. «Son comportement ne nécessitait plus d’équipements de protection», a ajouté le syndicaliste, qui a parlé d’un homme « très manipulateur ». « C’est quelqu’un de revendicatif, qui a tendance à mettre la pression sur le personnel », ajoute Pascal Decary (CGT).

Présent sur place, son avocat Me Benoit David, évoquait le mal-être de son client depuis son arrivée dans l’Artois. « Il vivait très mal son arrivée à Vendin. Il était placé à l’isolement depuis six mois et souhaitait être transféré en Guadeloupe ou à Poissy. […]» L’avocat souligne que son client doit, toutes peines confondues, passer 29 ans sous les barreaux « A l’origine, il n’avait jamais été condamné pour des affaires criminelles mais pur une multitude de faits délictuels autour de la violence. La prise d’otage à Condé-sur-Sarthe lui a valu huit années supplémentaires. »

Fabrice Boromée a notamment été condamné pour avoir pris en otage un gardien de prison le 30 décembre 2013 au centre pénitentiaire d’Alençon/Condé sur Sarthe. Il a également 14 condamnations à son actif, dont 11 pour violence. Il a fréquenté plus de 80 établissements pénitentiaires. Il purgerait actuellement une peine de 28 ans.

Il y a quelques mois, le preneur d’otage présumé a donné une interview à 1ere, chaîne de télévision de l’outre-mer dans laquelle il demandait à revenir en Guadeloupe. « Pour ma famille, pour avoir le parloir, pour voir les miens. Mon frère vit en Guadeloupe. J’avais mon père là-bas, mais il est décédé. Ma mère est morte quand j’avais 8 ans. Il ne me reste que mon frère. » Il se plaignait également être victime de racisme : « Chaque fois que je demande un truc en prison, on l’accorde aux autres, mais jamais à moi. On m’a déjà traité de “sale nègre”. Ça m’a poussé à commettre une agression. Après quoi j’ai été placé en quartier disciplinaire, où j’ai subi beaucoup de sévices. Pendant environ trois mois, on m’a jeté mon repas à terre comme à un chien. J’en ai marre de souffrir ici (en métropole, ndlr). Je veux être libre chez moi, voilà tout. C’est mon pays, ça me manque. »

source Attaque