Archives mensuelles : août 2015

[Valence] Dans la chaleur de l’été à la Maison d’arrêt , des révoltes dans l’air! mise à jour

Après un mois de juillet caniculaire, les révoltes individuelles continuent  face à des  matons provocateurs. Le dimanche 9 aout, un prisonnier se révolte contre l’Administration Pénitentiaire,  le syndicat des matons gonfle le poitrail  . La version donnée par France bleu drome Ardèche laisse des doutes. Mais toutefois « Ce n’est pas le premier incident dans cette prison de l’avenue de Chabeuil. Début juillet, un surveillant avait déjà été roué de coup par un détenu pour des cigarettes. Quelques jours plus tard, un de ses collègues avait reçu de violents coups dans les côtes après avoir demandé à un prisonnier de se calmer ». La version du mois de juillet oublie la provocation islamophobe  qui a poussé un prisonnier à se révolter , et aussi celle du début juillet

le tribunal de valence jeudi 12 aout  a condamné le prisonnier  qui a osé se révolter contre l’ordre pénitentiaire a écopé  de cinq mois de prison supplémentaire.

vive la guerre sociale

contre la prison et son monde

[Brochure] Interview de Nikos Romanos : « Syriza était un ennemi bien avant d’être au gouvernement »

Introduction

Nikos Romanos était un jeune adolescent modèle, bon élève issu de la bourgeoisie et fils de romancière à succés, jusqu’à ce qu’il assiste le 6 décembre 2008 à un événement traumatique. Son meilleur ami, le jeune anarchiste Alexandros Grigoropoulos (15 ans) tombe sous les balles de la police dans les rues d’Athènes et meurt dans ses bras, une balle dans le cœur. Un événement qui provoquera certaines des plus intenses émeutes urbaines dans l’occident du jeune 21e siècle, et Nikos est déjà en première ligne, le soir même, enragé, digne face au traitement médiatique (refus total), et respecté des compagnons malgré son jeune age. Au rythme du ressac du mouvement anarchiste grec, Nikos sera changé à jamais par cette expérience et se jettera aussitôt à corps perdu dans le combat anarchiste, jusqu’à son arrestation cinq années plus tard suite à un double braquage armé dans la région de Kozani. Torturé, accusé (et condamné) d’appartenance à la Conspiration des Cellules de Feu (organisation armée anarchiste-nihiliste), il nie tout en assumant la responsabilité des braquages (et de leur nécessité pour la diffusion de l’anarchie) dans une attitude conflictuelle face à la justice, comme ses cinq co-accusés : Giannis Michailidis, Dimitris Politis, Andreas-Dimitris Bourzoukos, Argyris Dalios et Fivos Charisis. Ils seront tous condamnés respectivement, le 1er octobre 2014, à une quinzaine d’années de prison ferme [1].

Aussitôt incarcéré, Nikos reprend ses études, il passe des examens scolaires et valide son entrée à l’université. Le ministre de la Justice décide de lui rendre visite en prison pour le féliciter et pour lui remettre un prix de 500 euros, mais Romanos refuse d’assister à la cérémonie, de rencontrer le ministre et il crache sur le prix. Ce pourquoi se vengera l’Etat plus tard : fin 2014, un large mouvement de solidarité émeutière et incendiaire s’agite lorsque Nikos entre en gréve de la faim pour protester contre la suppression de ses permissions éducatives. Après 31 jours, Nikos y met fin le 10 décembre 2014 après l’obtention du bracelet électronique pour les permissions éducatives [2]. Elles lui seront à nouveau refusées en juin 2015, lorsque le conseil d’administration de la prison de Korydallos rejette à l’unanimité la nouvelle demande d’un congé d’études, et propose à la place de « faciliter » ses études à distance, c’est à dire à l’intérieur de la prison.

Cette interview date de fin juin 2015. À la mi-juillet, les ministres de la justice et de l’éducation ont signé le décret d’application qui fait entrer en vigueur la réglementation votée en décembre 2014. La réglementation reste la même, à savoir que les détenus pourront suivre leurs cours avec le port du bracelet électronique s’ils ont effectué un tiers des cours. Des salles d’étude dans les prisons sont aussi prévues, où les prisonniers auront accès à internet (sous étroite surveillance, bien sûr). De plus, les demandes de permissions seront examinées par le ministère de la justice (aidé en cela par le ministère de l’éducation) dans le cas où elles seraient rejetées par le conseil de la prison (ce dernier étant composé du directeur de la taule, d’un procureur pénitentiaire et d’assistants sociaux).

Il faut préciser que lors de la grève de la faim de Nikos en novembre-décembre 2014 et celles des prisonniers révolutionnaires qui ont massivement suivies, Syriza a joué un rôle prépondérant dans le vote de cette nouvelle loi et a alors fait la promesse d’abolir les prisons de type C. Ces prisons ont été officiellement abolies après la lutte des prisonniers [3] qui y voyaient un enjeu majeur, mais dans les faits, elles sont toujours en place.

Tandis que Syriza continue d’exercer le pouvoir dans une coalition avec un parti de la droite dure (ANEL) malgré des attaques anarchistes répétées [4], comme à l’occasion du mouvement massif des prisonniers révolutionnaires contre les prisons de Type C, les prisonniers anarchistes continuent de foutre le bordel et de se révolter, avec un appui massif dans les rues de toute la Grèce. Nikos est aujourd’hui l’un des emblèmes de cette période complexe et agitée, et d’une partie du mouvement anarchiste qui se refuse à reculer face au bulldozer Syriza ou à céder aux sirènes du populisme.

Voici donc, traduite du grec du journal Hit & Run (mais ce sont les réponses qui nous intéressent), une interview de l’anarchiste Nikos Romanos dans le contexte de l’installation au pouvoir de la gauche dite « radicale » en Grèce.

Liberté pour tous et toutes.

Août 2015,
Ravage Editions.

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Dis-nous quelques mots sur ce qu’il advient de tes permissions éducatives, auxquelles tu as désormais droit selon la réglementation mise en place suite à ta grève de la faim en novembre-décembre 2014.

J’ai accompli le tiers des cours que prévoit la réglementation en question et j’ai fait la demande pour les permissions. À partir de là, commence un théâtre de l’absurde. Le conseil de la prison a jugé qu’il ne pouvait pas appliquer la réglementation puisque la décision ministérielle n’a pas été rendue et a donc envoyé la demande au juge d’instruction spécial E. Nikopoulos sur la base de l’ancienne loi. Nikopoulos a donné une réponse négative car la décision ministérielle n’a pas été rendue, et qu’il ne peut juger du bien-fondé de la demande alors que dès l’instant où la réglementation entrera en vigueur elle sera annulée. Sur la base de l’avis négatif de Nikopoulos, le conseil de la prison a aussi rejeté à son tour la demande puisque la décision du juge est obligatoire.

Face à ce putsch, Syriza, qui pendant la grève de la faim a fait de la prospection électorale et une exploitation politique brutale sur le dos des gens qui ont formés le mouvement de solidarité polymorphe, jouent le rôle de Ponce Pilate, comme leurs prédécesseurs. Sans que cela ne provoque bien entendu un quelconque étonnement, sachant que l’on parle de politiciens, c’est-à-dire d’ordures égoïstes, de politicards, d’opportunistes, d’hypocrites et de caméléons professionnels qui ont simplement porté le costume de l’humaniste pour servir des visées politiques précises. Il y a bien sûr des choses plus sérieuses à dire sur ce sujet, mais je l’expliquerai dans la question suivante. En ce qui concerne l’évolution de mon affaire, théoriquement, la décision ministérielle devrait permettre de mettre en vigueur la réglementation, mais je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de chances que cela arrive.

Penses-tu que derrière ces « retards » sur le bracelet électronique il existe des considérations politiques ou un esprit de vengeance contre toi ?

Je pense que dans le cas présent il n’existe même pas de bracelet électronique, sachant que malgré tout ce que peut affirmer le ministère de la justice, nous qui sommes en prison savons qu’il n’y a pas un seul détenu dans aucune prison de Grèce qui n’ait été libéré de cette manière. De nombreux prisonniers viennent quotidiennement me parler de ce sujet, et ils se demandent tous pour quelle raison aucun d’entre-eux n’a jamais eu de réponse de la part des instances judiciaires. Parce que les détenus communiquent entre eux dans les prisons et se tiennent informés sur les sujets qui les concernent, je peux dire avec certitude qu’il n’y a pas un seul prisonnier qui a mis un pied dehors de cette manière. Puis-qu’évidemment, une telle nouvelle ferait scandale dans une affaire si médiatisée, le monstre en apparence sans visage de la bureaucratie donne une solution à ce problème.

Mais la bureaucratie n’est pas une chose sans visage, elle est au contraire l’alibi des personnes qui occupent des postes de pouvoir pour projeter leurs responsabilités sur quelque chose qui prétendument les dépasse. Un allié invisible qui se cache derrière des comités législatifs, des conseillers techniques, des amas de papiers, des interprétations complexes et des espoirs mensongers. Ce que je dis, c’est qu’il n’existe pas de bracelets électroniques, et que le ministère de la justice manipule simplement et consciemment des détenus afin qu’il n’y ait pas de scandale, c’est un fait qui ne laisse aucune place au doute et ne peut être démenti par quiconque munis de preuves, puisqu’il n’existe pas un seul prisonnier à avoir été libéré ou à avoir pris une permission éducative de cette manière. Bien qu’anecdotique, je vais donner un exemple avec la prison de Korydallos sur des événements pour lesquels j’ai une vision personnelle. Il y a quelques détenus qui étudient dans différentes universités techniques et qui, sur la base de la nouvelle réglementation, voulaient demander des permissions éducatives pour passer les examens. Tous ceux qui sont passés par le conseil [de la prison] et puisque aucun d’entre-eux n’était inculpé et qu’ils ne pouvaient donc se cacher derrière un quelconque juge d’instruction, se sont vu dire des mensonges vraiment ridicules, comme quoi ils n’avaient pas réussi à communiquer avec le secrétariat de leurs écoles et leurs ont demandé de revenir en septembre. Cela montre que le conseil de la prison a reçu des ordres précis du ministère de la justice pour enterrer le sujet, pour que les causes véritables de toutes ces manœuvres ne remontent pas à la surface.

Comment considères-tu l’attitude du nouveau gouvernement Syriza ?

Prenons les choses depuis le début. Syriza était un ennemi bien avant d’être au gouvernement. Son rôle était d’assimiler les tensions sociales, de créer un capital politique à partir de sa participation à des luttes sociales intermédiaires en se présentant comme son bras institutionnel, de fonctionner de manière contre-insurrectionnelle en dévalorisant le terrain de la confrontation de rue au profit de la politique bourgeoise. En peu de mots, il a incarné de la meilleure des façons possibles, le rôle politique du réformisme à un niveau central. En outre, Tsipras lui-même, avant de devenir premier ministre, avait déclaré que si Syriza n’avait pas existé il y aurait eu beaucoup plus de troubles et de révoltes en Grèce durant les années de manifestations anti-gouvernementales. Fait qui signifie que la mise en œuvre d’un agenda politique de gauche en tant qu’opposition était entre autre un choix politique stratégique pour assurer la paix sociale et reconstituer sur de nouvelles bases les contrats sociaux endommagés.

La démocratie cache beaucoup de jokers dans sa manche pour maintenir sa cohésion, une des flèches de son carquois est l’alternance rapide des rôles dans la scène politique, sa capacité à battre les cartes et absorber les perspectives radicales qui peuvent se retourner contre elle. Pour en venir à aujourd’hui et après l’accession au pouvoir de Syriza, il y a des changements structurels dans sa rhétorique et des contradictions énormes en son sein. Naturellement, malgré toutes ces contradictions, la réalité qu’ils imposent est celle qui maintient en fonction les prisons de type C, lesquelles existent toujours, dans la mesure où à l’extérieur de la prison de Domokos, se trouvent encore des véhicules spéciaux de la police, et que les ailes d’isolement accueillent toujours des compagnons. Cette même réalité qui inscrit des chiffres sur la peau des immigrés avant de les empiler dans les centres de rétention, qui entre dans des lieux occupés, qui torture des compagnons grévistes de la faim, qui est responsable du maintient en captivité de proches des compagnons de la CCF [5], qui inaugure Salaminas comme premier endroit d’exil dans l’ère de la démocratie, qui signe des partenariats commerciaux avec les assassins des palestiniens, qui va mettre en place toutes les politiques néo-libérales auxquelles elle s’opposait tant qu’elle était dans l’opposition.

En résumé, Syriza maintient dans leur intégralité tous les engagement géopolitiques, économiques et militaires d’un Etat appartenant à la périphérie capitaliste, tandis que, pour jeter de la poudre aux yeux de ses électeurs de gauche, il garde un ensemble disparate de cadres ayant conservé une rhétorique de gauche et qu’il mettra hors jeu lorsque viendra l’heure de la transformation de Syriza.

En regardant les choses de notre point de vue, le fait que nous soyons anarchistes signifie que même si Syriza était un réel gouvernement de gauche aux politiques radicales, il nous trouverait à nouveau face à lui, sans aucune envie de signer une trêve avec les apprentis-sorciers de l’illusion et de la répression organisée. En outre, au contraire de la gangrène néo-communiste qui infecte les cercles anarchistes, nous, nous avons coupé depuis longtemps le cordon ombilical reliant l’anarchie à la gauche. Il est néanmoins important que nous soyons précis dans ce qui nous définit pour que nous puissions analyser la réalité qui se tient devant nous.

Syriza est donc un gouvernement social-démocrate à la rhétorique faussement radicale qui exploite son profil politique de gauche pour acquérir un contrôle social et de l’influence dans les mouvements et les projets subversifs, lesquels pourraient potentiellement se retourner contre eux. Et n’oublions pas qu’historiquement, c’est l’administration politique du capitalisme sous une forme socialiste qui a mis en place les politiques économiques et répressives les plus dures, exploitant le sommeil éternel et continu de la majorité sociale. Dans nos cercles, le plus enrageant est qu’il existe différents clowns qui se la jouent anarchiste, qui ont le culot d’inviter des cadres de Syriza dans « leurs centres sociaux » et de discuter avec eux de sujets de fond, diffusant ainsi une vision qui blanchit Syriza, lequel au moment où nous parlons est le gestionnaire de l’Etat. Idées affligeantes et identiques à celles de tous ceux qui veulent éduquer les fascistes d’Aube Dorée, comme si le problème avec les fascistes ou les gestionnaires de la machine étatique était de discuter de nos désaccords plutot que de les écraser quel que soit l’endroit où nous leur tombons dessus. Ce serait une belle discussion philologique pour ceux qui croient en la démocratie et ses idéaux, qui dorment sur un petit nuage rose et rêvent de sociétés post-capitalistes. Seulement, les anarchistes sont en guerre avec la démocratie et ses représentants. En conséquence, au point où nous en sommes, tous ceux qui agissent en blanchisseurs de Syriza n’ont aucune excuse.

De plus, il n’y a pas si longtemps, Stavros Theodorakis [6] a rendu hommage à quelques unes de ces personnes dans des références « aux protagonistes » de l’acquisition de certificats de légalité, qu’ils ont donné depuis longtemps à l’Etat. Pour tout ce patchwork d’opposants au gouvernement, de pro-Syriza cachés à l’idéologie pseudo-anarchiste et autres profiteurs, la solution est simple : un arbre robuste et une bonne corde.

Nous, nous sommes aux côtés de ceux qui restent amis de la révolte anarchiste et s’obstinent à jeter des molotovs sur les flics à Exarcheia, à aller dans les manifestations pour vandaliser les représentations de la domination, à armer leurs esprits avec des plans subversifs et leurs bras armés de feu, à bruler les acteurs du nouvel ordre. Tous ceux qui organisent leur action dans des réseaux anarchistes informels d’action directe. Là où les intentions destructrices s’unissent horizontalement et de façon informelle dans un front chaotique, qui passe d’abord à l’attaque, avec en ligne de mire les individus et les infrastructures qui administrent et défendent le monde malade qui nous entoure.

Quelle est selon toi la place de la violence dans le mouvement anarchiste ?

Le capitalisme hellénique en faillite continue d’entretenir l’instabilité dans les territoires de l’Union Européenne et dans l’économie internationale. Nous nous trouvons une fois de plus à un tournant décisif du processus historique de modernisation de ces dernières années. Et la réalité c’est que ça va continuer, quels que soient les gestionnaires politiques. Les frontières de la Grèce et de l’Italie, en tant que premiers pays d’accueil des flux migratoires en provenance des zones de guerre, baignent dans le sang des corps d’immigrés. Les rivalités entre pays puissants s’intensifient et les conflits géopolitiques sont les déclencheurs de foyers d’agitation dans de nombreux endroits de la planète. Pour les anarchistes, l’instabilité et l’intensification de la violence systémique dans tout le spectre des rapports sociaux et des rapports d’exploitation diffus sont un défi pour s’organiser efficacement afin de constituer un facteur fort de déstabilisation de la normalité. Une contre-attaque anarchiste contre le monde de l’autorité et des économistes, politiciens, flics, fascistes, journalistes, scientifiques, responsables étatiques, directeurs de bordels pénitentiaires, banquiers et leurs collaborateurs, balances et serviteurs zélés du pouvoir. Face à toutes ces ordures qui sont le cœur de la machine capitaliste, battant au rythme de la majorité sociale qui contribue, par indifférence, par peur ou par connivence, à protéger le cœur du monstre, l’anarchie répond avec la langue de la violence absolue, du feu, de l’explosion, de la rébellion armée. Avec cette hypothèse de base, nous commençons à définir nos stratégies, décidant de nous rebeller et de nous jeter dans la bataille de la libération totale. Une révolte qui dans les temps présents jouera le tout pour le tout, libérera les relations humaines dans les communautés insurgées, organisera ses attaques. Elle deviendra le véhicule pour voyager sur les chemins inexplorés de la liberté, donnant la possibilité à nos existences de vivre sans recevoir ni donner d’ordres, sans se soumettre, sans ramper. Elle créera de manière authentique une réalité nouvelle dans les métropoles capitalistes, le temps de la peur pour ceux qui sont au pouvoir et leurs laquais, l’aube de notre ère, aujourd’hui et à jamais, jusqu’à la fin. Par conséquent, la place de la violence révolutionnaire organisée dans le mouvement anarchiste est l’alpha et l’oméga, c’est une force motrice et son évolution qualitative en un ennemi intérieur qui fera faire des cauchemars au pouvoir et aux patrons.

Penses-tu que la prison constitue un terrain de lutte pour un prisonnier « politique » [sic] ?

Nous devons tout d’abord abattre les mythes qui planent sur de tels endroits. L’imaginaire collectif qui voudrait que l’identité sociale du détenu soit implicitement celle du sujet révolutionnaire. Les identités sociales, les immigrés, les prisonniers, les travailleurs, les étudiants, les écoliers, sont des sous-ensembles sociaux qui dépendent et nourrissent à leur tour le fonctionnement du monde capitaliste. Pour moi, l’individu libre apparaît là où les identités sociales sont détruites et toutes leurs propriétés abolies, l’endroit où la décision individuelle de libération crée une nouvelle identité unique et distincte. Le révolté et l’iconoclaste qui s’attaque par tous les moyens aux ennemis de la liberté. Pour un anarchiste qui a décidé de participer activement à l’aventure de la révolte anarchiste, la prison ou encore la mort sont des conséquences possibles de ses choix, qui sont pris dans le monde réel et pas dans la réalité numérique où le verbalisme et les fanfaronnades sont courants. La prison est un arrêt provisoire pour tous ceux frappés par la répression. C’est un lieu où le métal interne de chacun est testé dans la pratique, le point final des grandes décisions et des grandes transformations intérieures. C’est un organisme social pourri où règne la balance et la soumission, le royaume obscur du pouvoir, le lieu de la honte, l’endroit où la liberté n’est pas seulement retenue captive, mais humiliée, traînée dans le sang entre la came, le mitard et les couloirs crasseux, là où les hommes apprennent à se détester. Des milliers d’analyses existent sur la prison et ses habitants, je dirais pareil que le guérillero urbain Jean-Marc Rouillan, que les personnes les plus à même de parler de la prison sont ceux qui y ont passés même un court instant de leur vie.

Pourtant la réalité c’est que plus tu passes de temps ici, plus il devient complexe pour toi de décrire les fonctionnements et la structure de cette société vraiment misérable. En bref donc, la prison signifie une mort lente, le cannibalisme social, la soumission du plus faible, la résignation, la catastrophe psychosomatique, la came, les psychotropes, les individus-déchets entassés dans les décharges de l’Etat, le mitard, la hiérarchie, le fanatisme religieux, le communautarisme racial et le racisme diffus, les conceptions nationalistes de toutes nuances, l’enfermement, l’attente, l’autodestruction, les blocages, l’assassinat des sentiments, les contraintes secrètes, l’inertie générale, l’immobilisme. Il n’est pas exagéré de dire que la société des prisonniers est l’enfant bâtard de la société capitaliste, une machine de mort bien huilée faite de glace et dans laquelle se cache tout l’excédent de laideur du monde moderne. Ce qui ne signifie pas qu’au sein de la prison il n’y ait pas des minorités de personnes qui ont pour boussole dans leurs vies la dignité, et avec lesquels on peut développer des relations amicales, voir des relations de compagnons.

Pour revenir à la question de départ, je pense qu’il ne faut pas oublier sa voie lors de cette épreuve, vers un but et un dévouement à une cause commune. Jamais repentis, jamais la tête baissée, toujours dangereux pour la civilisation de la servitude volontaire et de la soumission. C’est aussi pour cela que la lutte anarchiste dans la prison peut de toute évidence trouver des prises et ouvrir des voies pour devenir un danger pour l’ennemi. Avec des textes et des analyses, des refus quotidiens petits et grands, des grèves de la faim, avec la lime entre les mains, le fil de la révolte anarchiste continue à être tissé tant que brûlera en nos cœurs le feu de la destruction. En ce sens, la prison est un terrain pour la promotion de la lutte subversive et de l’anarchisme [en Grèce].

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Déclaration de Nikos Romanos à la première audience du procès antiterroriste à la prison pour femmes de Korydallos, le 3 février 2014

Le but de cette déclaration est de clarifier mes intentions auprès de vous et de votre cour. Les actions qui ne sont pas unies aux paroles afin que leur contenu conceptuel soit clair portent à confusion, tandis que les paroles non suivies d’action sont vides de sens et reflètent une neutralité verbale.

Je suis ici votre ennemi déclaré et irréductible, je n’implore pas votre clémence, je ne cherche pas le dialogue avec vous et vos semblables. Mes valeurs sont en guerre avec les vôtres, chaque phrase que je dis contre vous est donc une lame qui frappe votre masque d’hypocrisie et clarifie la position et le rôle de chacun de nous.

Vous écrivez des centaines de pages et créez continuellement de nouvelles affaires pour nous enterrer dans les prisons de votre démocratie pour des décennies.

Vous vous préparez à nous imposer des « conditions de détention spéciales » [prisons de Type C, Nde], c’est-à-dire l’unique coup manquant au panthéon du « traitement spécial » (transferts, procès, lois) que vous créez pour nous combattre.

Les simples lois de la physique disent que la conséquence d’une action est la réaction.

En dehors de vos tribunaux, dans les endroits libres, il y a des personnes rebelles, compagnons pour moi, terroristes pour vous, qui n’entendent pas tolérer notre extermination sans d’abord vous faire saigner, vous et vos superviseurs politiques.

Vous pouvez prendre cela comme une menace si vous voulez.

Je crois que c’est une réalité cynique. Chaque choix a son coût. Je suppose qu’en tant que juges et serviteurs de la loi vous serez d’accord avec moi sur ce point.

Mais jetons un bref coup d’œil sur votre merveilleux monde. Nous sommes dans l’ère de la vitesse. Tout change vite, créant sans cesse des états d’urgence. La vitesse du temps historique a désormais déraillé, les informations et les nouvelles voyagent en quelques millisecondes, la technologie et la science avancent à pas de géant.

À côté de cela, les contradictions de la civilisation moderne explosent toujours plus souvent. Des dizaines de feux sont allumés dans les villes où tout semblait calme, et menacent de répandre le chaos dans l’ordre organisé du système.

De tels événements créent des conditions qui nous servent. Nous créons des ponts de communication avec les gens derrière les barricades si bien que les actes de violence font partie d’un contexte politique plus spécifique, ouvrant ainsi la perspective de leur dépassement dans la lutte pour la révolution anarchiste.

Là où la rage se combine avec la conscience.

Là où se rencontrent les gens dont les boyaux sont brûlés par le feu de la liberté.

Quelque part par là se trouvent aussi les empreintes de mon insurrection.

Anarchiste, parce qu’elle est hostile à toutes les autorités reproduites par l’homme, continuelle parce qu’elle ne cherche pas à réformer mais à détruire, existentielle parce qu’à travers l’insurrection elle exprime toutes ces belles émotions que nous voulons répandre dans les cœurs insurgés.

En outre, la qualité de la vie se mesure en moments et en émotions.

Sur la base de cette description schématique, vous comprenez que vous n’avez aucune marge pour arrêter l’inévitable. L’affrontement de nos mondes.

C’est pourquoi des déclarations comme celle-ci ont exactement ce but, envoyer un message clair.
Vous ne pouvez pas nous plier, vous ne pouvez pas arrêter la tempête qui approche.
Ces temps réclament de la réflexion, de la prudence et une lutte continue par tous les moyens.

Pas un pas en arrière !

Plus de violence contre l’Etat et le capital.

Force aux guérilleros urbains anarchistes Nikos Maziotis et Pola Roupa qui ont une récompense sur leur tête [7].

Force à tous les compagnons en clandestinité.

Foutez-vous l’argent de vos récompenses au cul !

Longue vie à l’anarchie !

Nikos Romanos,
3 février 2014.

[Traduit du grec par Non Fides d’Inter Arma.]

Notes

[1] Pour plus d’informations sur cette affaire, voir le mot-clé « Solidarité avec les compagnons arrêtés suite aux braquages de Velvento/Kozani » sur non-fides.fr

[2] Pour plus d’informations sur cette gréve de la faim et ce mouvement de solidarité, voir le mot-clé « Solidarité avec Nikos Romanos » sur non-fides.fr

[3] Voir « Toutes les valeurs de cette société sont des prisons de haute sécurité », Recueil de textes et communiqués a propos de la lutte contre les prisons de type C en Grèce, 68p, février-avril 2015, Ravage Editions.

[4] Voir une chronologie dans Contre Syriza et son monde – Contre toute autorité, Quatre-page de la bibliothèque anarchiste La Discordia à l’occasion d’une discussion publique à Paris, juillet 2015.

[5] Evi Statiri est détenue depuis le 2 mars 2015, elle a été arrêtée car elle est la compagne de Gerasimos Tsakalos, membre emprisonné de la Conspiration des Cellules de Feu. Le 14 juillet, elle se voit à nouveau refuser sa libération et reste donc en détention préventive. La libération de Evi Statiri était l’une des promesses du gouvernement de Syriza. Entre autres promesses non-tenues, Savvas Xiros n’est lui non plus toujours pas libre. Ndt.

[6] Journaliste, présentateur télé et politicien, il a fondé en mars 2014, le parti centriste To Potami (« La Rivière ») avec pour ambition de se présenter aux élections européennes de 2014 et d’y incarner le centre pro-européen de l’échiquier politique. Ndt.

[7] L’État avait, quelques semaines auparavant, mis une récompense de 4 millions d’euros sur les têtes de plusieurs révolutionnaires en cavale : Nikos Maziotis et Pola Roupa, membres de Lutte Révolutionnaire, Christodoulos Xiros, balance du 17N, qui ont tous été rattrapés depuis hormis Pola Roupa, et les deux membres non-identifiés des Forces Révolutionnaires Populaires Combatives qui ont mené l’exécution par balle de deux membres d’Aube Dorée le 1er novembre 2013. Nde.

Lire la brochure sur Ravage Editions

[Bure,Meuse ] Attaque du labo de l’Andra

 

Environ 400 personnes ont participé à une marche aux flambeaux contre l’Andra, le nucléaire et tout ce qui va avec.

Au début de la marche, plus d’une centaine de masques colorés ont été distribué aux marcheuses-eurs ravi-e-s de pouvoir se promener le visage dissimulé.

Arrivé-e-s devant le labo, plus ou moins 200 personnes ont quitté le cortège pour se rapprocher des grilles sécurisées par fibre optique et barbelés qui sont tombés ou ont été endommagé sur une vingtaine de métres.

Les quelques vigiles, voitures l’Andra et gardes mobiles ont été tenu à distance à l’aide de feu d’artifice, de pétard, d’engins incendiaires et de pluie de cailloux.

Les flics n’ont par ailleurs fait aucun blessé, ni aucune interpellation.

Une fois les objectifs atteints, le bloc est reparti au bout d’une quinzaine de minutes pour rejoindre l’autre parti de la marche qui les a, pour grande parti, accueilli avec cris de joie, hurlements de loup et slogan anti-nuk. Un drone a ensuite accompagné la retraite dans les bois.

Le débat stérile non-violence ou pas (sic, NdCNE), a ici pu être dépassé au profit d’un respect des différentes stratégies de lutte (sic, NdCNE). En espérant que cette action en appelle d’autres…

Publié sur indymedia nantes, 5 août 2015 à 16h08

source :le Chat Noir Emeutier

La Souris rattrapée par le Chat…tillon: quand La Sourie Déglinguée choisit finalement son camp.

source: sous la cendre

fas26

C’est officiel, La Souris Déglinguée est morte le 31 juillet 2015 dans les arènes de Fréjus, sous le poids de ses compromissions, en jouant dans un concert organisé par une mairie frontiste et en partageant la scène avec un groupe militant d’extrême droite.

Pour ceux et celles qui ne connaissent pas La Souris Déglinguée, c’est ce groupe de rock haï ou adulé, souvent qualifié d’ambigu, né à la fin des années 70, qui chantait la banlieue, la zone, les erreurs de jeunesse, les soirées à errer dans les rues d’une ville quand on a raté le dernier train pour rentrer chez soi après un concert. LSD, c’est également ce groupe qui vantait les charmes de l’orient et qui avait donné l’occasion à NTM de faire sa première scène. Tout au long de sa carrière, le groupe a toujours eu un public très chaud et hétérogène, comme en témoignent ses supporters de la première heure, les premières bandes parisiennes dont celle des Halles. LSD n’avait jamais voulu prendre parti pour l’une des tribus urbaines du rock des années 80, à savoir les punks, les skins, les mods, les psychos ou les alternos. De même, le groupe avait toujours refusé de juger et prendre parti au sujet d’une partie de son public, dont les opinions d’extrême droite étaient clairement affichées[1], ce qui faisait des concerts de La Souris des expériences assez uniques et mouvementées, avec embrouilles au début, pendant et après le concert. Comme le chantait le groupe « peu importe leurs idées, puisqu’il y a l’amitié ».

Seulement voilà, ce positionnement étonnant s’est effondré comme un château de cartes vendredi 31 juillet 2015 à Fréjus. Certains penseront qu’il s’agit d’une erreur, que nous voyons le mal partout. Il faut donc tout reprendre depuis le début.

Ce concert est d’abord une initiative de la Patrouille de l’évènement, une association en lien direct avec la mairie frontiste de Fréjus. Association dirigée par Minh Tran Long, ancien mercenaire d’extrême droite, connu pour avoir été militant chez les néo-nazis de la FANE et proche du GUD. La billetterie était confiée à la société Dreamwell , appartenant au clan Chatillon, qui, comme on a pu le voir sur son compte facebook, s’en félicitait. On notera que, malgré les déclarations de Marine Le Pen et les emmerdes que cela lui rapporte, le FN continue de faire des affaires avec le clan des ex-GUD, et en cela la ville de Fréjus et son maire David Rachline en sont le meilleur exemple. Bien évidement, ce concert était relayé par les médias frontistes, comme sur le site « Culture & Liberté » appartenant au Rassemblement Bleu Marine.

Histoire d’enfoncer le clou, le concert était organisé sous une caution humanitaire, et pas n’importe laquelle : en soutien au peuple Karen, population chrétienne vivant en Birmanie dans les montagnes frontalières avec la Thaïlande et persécutée par le pouvoir des généraux depuis fort longtemps. Sauf qu’historiquement, cette cause humanitaire est un alibi pour des militants d’extrême droite français pour aller jouer aux mercenaires anti-communistes. De nombreuses « figures » de cette mouvance sont allées combattre dans cette zone depuis le milieu des années 80.

On pense notamment à  Gaston Besson [2], Guillaume Oillic[3], Thierry Pochez dit Titi[4]  ou encore Emmanuel Pochet[6], sans oublier bien sur Jean-Philippe Courrèges, premier mercenaire français tué pour la cause Karen le 4 octobre 1985 et ancien militant du GUD.

 

 

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Gaston Besson et son frère Jean-François chez les Karens

 

"Titi" Thierry Pochez avec sur son béret l'insigne du Groupe des Experts Volontaires (GEV) de Bob Denard

 

Aujourd’hui encore, la cause Karen mobilise beaucoup à l’extrême droite en France, comme avec l’Association Solidarité – Identité présidée par Sébastien de Böeldieu (dit Sébastien Magnificat) et qui a pour secrétaire Xavier Emman. Cette structure, créée principalement pour relayer les campagnes de soutien aux Karens, est très proche des italiens de Casapound[7], ces derniers étant eux aussi très actifs dans le soutien, via notamment l’association pseudo humanitaire Popoli (Peuples) de Franco Nerozzi[8].

 

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Casapound chez les Karens

C’est ainsi que l’on verra sur le net des photos de combattants Karens arborant le drapeau de Casapound, Nerozzi ayant emmené avec lui en 2010 Gianlucca Iannone le leader et fondateur de Casapound. Quand on sait que Frédéric Chatillon vit aujourd’hui en Italie, à Rome plus exactement, et qu’il passe régulièrement voir ses amis de Casapound, tous les ingrédients sont réunis pour comprendre ce que viennent faire les Karens dans les Arènes de Fréjus lors d’un concert qui finalement  devait ressembler à un bon vieux RAC !!

Et ce n’est pas par provocation gratuite et mesquine que nous utilisons là le terme de RAC, mais c’est bien comme cela que l’on appelle un concert organisé par des militants d’extrême droite avec des groupes ayant pour point commun un anticommunisme viscéral. Il fallait donc une 1re partie digne de ce nom. Elle fût vite trouvée et il n’est finalement pas étonnant de voir que les organisateurs ont réussi à nous glisser également l’un des principaux groupes de Rock Identitaires Français In Memoriam. Difficile, face à autant d’éléments qui auraient dû alerter le groupe de maintenir le concert. Et comme dans les concerts de RAC, cela s’est terminé par des bagarres et des violences sur la population locale.

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Affiche du concert diffusée sur le compte Facebook de la Souris, qui, curieusement, n’indique pas le nom de la première partie

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Même affiche, mais cette fois-ci avec le nom du groupe. Curieux…

 

Quand on repense à des chansons comme Cœur de Boudah, Soldats Perdus et Saint-Sauveur, ça nous laisse maintenant comme un arrière-goût de pourri.

 

 

 

[1] Pour la petite histoire, si le rassemblement du 9 mai 2015 organisé par le GUD cette année n’a pas eu autant de succès, c’est qu’une partie du public de ce type d’évènement avait choisi d’assister au concert de La Souris Déglinguée qui fêtait ses 35 ans à l’Olympia, ce soir-là.

[2] Après la Birmanie, il participe à la guerre en  Yougoslavie aux côté des forces croates dans ce qu’il appellera plus tard une « brigade internationale ». Brigade qui en réalité était plus proche idéologiquement d’une internationale brune que de celle de 36 partie défendre la toute jeune république espagnole. Plus récemment, il est en Ukraine côté pro-ukrainien, ce qui a bien fait rire pas mal de ses anciens amis : en effet, ce bon vieux Gaston étant resté « bloqué » sur son anticommunisme viscérale n’a pas suivi l’évolution d’une majeure partie de l’ED qui voit aujourd’hui en Poutine un allié de taille face au « système qui broie les peuples » !!

[3] alias « Major William », ancien du Front de la Jeunesse du PFN, Il tombe au champ d’honneur en Birmanie le 9 novembre 1990 au service de la résistance Karen dans la Karen National Liberation Army.

[4] Ancien du GAJ (Groupe Action Jeunesse) à Assas et ancien du GUD, il part combattre au Liban en 1976 avec les Phalangistes chrétiens, puis rejoindra certains de ses camarades déjà présents en Birmanie. Il vit aujourd’hui en Corse où il est très proche d’Alain Orsoni. Peu étonnant, il est, lui aussi, un ancien gudard et tous 2 étaient très liés à Pierre Bugny, une autre figure du mercenariat français (il sera au Liban en 75-76) et mort dans l’explosion de sa voiture en 85, certains prétendent que c’était Orsoni qui était visé à travers lui.

[6] Un temps instructeur chez les Karens, c’est surtout aux Comores et au Congo en tant qu’adjoint de Bob Denard qu’il se fera un nom dans le milieu du mercenariat. C’est un proche de François-Xavier Sidos (ancien directeur de cabinet de Jean-Marie Le Pen), ils seront arrêtés tous les 2 avec « le vieux » lors de la dernière tentative de coup d’état de Denard aux Comores en 1995. Il est aussi à l’origine d’une association d’Amitié Franco-Karen dont le président n’était autre le fameux commandant Pierre Guillaume (qui inspira le film Le Crabe-Tambour).

[7] Peu étonnant quand on sait que De Böeldieu-Magnificat est chargé des relations extérieures de Casa Pound Italia.

[8] Ce dernier a été mis en examen pour «association à but terroriste» en 2002 pour la préparation d’un coup d’état aux Comores. A l’époque, la presse italienne soupçonnait Bob Denard d’être le donneur d’ordre.

Source : La horde.

[Etats-Unis] Les sabotages de lignes de fibre optique se poursuivent dans la baie de San Francisco et dans l’Arizona

repris du le  chat noir émeutier 

Des saboteurs ont sectionné une énième ligne de fibre optique dans la région de la baie de San Fransisco cette semaine, le 12ème acte de ce type dans la région au cours de cette année.

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La dernière attaque a eu lieu à San Joaquin Valley town of Stockton, perturbant internet, téléphone mobile, le sevice 911 pour des dizaines de milliers de clients ‘d’AT&T’ et ‘Verizon’ dans trois comtés de l’est de San Francisco. Le service a été rétablie au bout d’une journée après le sabotage de ce mardi [28 juillet 2015].

Le FBI, qui enquête sur ces sabotages, n’a pas exposé le motif, mais a dit que les attaques se passent d’habitude dans des zones éloignées où il n’y a aucune caméra de surveillance. Les premiers sabotages de lignes de télécommunications en Californie ont débuté en juillet 2014. Pour l’instant, la vague d’attaques se poursuit sans qu’il n’y ait eu d’arrestation. […]

Depuis février 2015, le FBI enquête également sur un sabotage de ce type en Arizona. Il n’y a pas eu no plus d’arrestation jusqu’à présent.

A travers le nord de l’Arizona, les gens ne pouvaient plus utiliser internet, leurs téléphones mobiles ou téléphones fixes pendant plusieurs heures mercredi après que quelqu’un ait sectionné une ligne de fibre optique qui alimente les communications à une grande partie de l’Etat.

Les capitalistes ne pouvaient plus procéder aux transactions de cartes de crédit, les distributeurs automatiques de billets ne fonctionnaient plus, les bases de données des flics étaient rendues indisponibles et même les bulletins météologiques ont été affectés dans une zone s’étirant du nord de Phoenix à Flagstaff, à environ 100 miles de distance. Il n’y a eu aucune estimation rendue disponible concernant le nombre de personnes touchées.

Disséminons l’attaque sur le complexe carcéral techno-industriel !

Traduit librement de l’anglais de In the Belly of the beast, 3 August 2015

Le massacre de Suruç et l’offensive turque contre les Kurdes.

Notre tristesse sera notre colère, Kobanê sera reconstruite.

 

Cet article a débuté le 21 juillet par la publication de la déclaration de Devrimci Anarşist Faaliyet (DAF – Action Révolutionnaire Anarchiste) sur l’attentat à la bombe contre le Centre culturel Amara de Suruç (Pîrsus).

Puis nous avons publié un communiqué du Congrès national du Kurdistan (KNK), ainsi que d’autres informations dont un article qui pointait la complicité de l’État turc et demandait pourquoi et comment ce massacre a pu être réalisé. Un article qui pose également la question de la nécessaire autodéfense du mouvement de libération kurde dans tous ses modes d’expression et de lutte.

Et puis, très vite, le cours de l’histoire présente s’est emballé et nous essayons de suivre, de savoir, de comprendre, de faire savoir…

Ce massacre a entrainé des mobilisations populaires massives dans toute la Turquie et des réactions répressives et bellicistes de l’appareil d’État turc. Les attaques de l’État turc contre le PKK en territoire du Kurdistan irakien sont en train de rouvrir un ancien front de guerre “interne” à la Turquie, mais dans un contexte totalement différent qu’au moment du cessez-le-feu (2012). Ce faisant, les rafles et la répression des manifestations en territoire turc, et les bombardements de grande ampleur sur les bases du PKK ouvrent un nouveau front dans la guerre régionale, menacent l’expérience de libération politique et sociale du Rojava et vont de toute évidence modifier substantiellement la situation politico-militaire déjà complexe de tout le Moyen-Orient.

Quatre jours après le massacre de Suruç, l’État turc a décidé de lancer une vaste offensive, non pas contre Daesh, mais contre les forces kurdes. Depuis le 24 juillet, les bombardements sont incessants sur les bases de la guérilla installées au nord du Kurdistan d’Irak. En Turquie, les rafles se multiplient. Les manifestations sont violemment chargées. Les sites d’information plus ou moins liés au mouvement de libération kurde et aux groupes et collectifs de la gauche kurde solidaires sont bloqués et rendus inaccessibles.

Dans la nuit du 26 au 27 juillet, 2 villages sous contrôles des forces kurdes en Syrie (Rojava) ont été visés par des bombardements d’artillerie. L’escalade se poursuit.

Dernière mise à jour : le 26 juillet 2015 – 21 h
(voir à la fin du document)

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Notre tristesse sera notre colère, Kobanê sera reconstruite

20 juillet 2015

Hier, près de trois cents personnes étaient parties de différentes villes [de Turquie], à l’appel de la Fédération des associations de jeunes socialistes afin de reconstruire Kobanê que l’ISIS a essayé de réduire en cendres. Aujourd’hui, en arrivant à Suruç (Pîrsus), juste avant de partir pour Kobanê, ces jeunes réalisaient une conférence de presse en face du Centre culturel Amara de la ville de Suruç (Pîrsus). A la fin de la lecture du communiqué de presse, une bombe a explosé au milieu de la foule, faisant taire de nombreux cœurs qui avaient battu avec l’espoir de la reconstruction.

Selon les informations disponibles pour l’instant, 31 personnes sont mortes et des centaines ont été blessées dans l’explosion.

Après cette explosion aujourd’hui, nous entendons, depuis les hôpitaux de Suruç (Pîrsus), les noms de ceux qui sont tombés. Ceux qui sont venus de nombreuses villes différentes, ceux qui avaient de grands espoirs dans leurs cœurs, sont maintenant ceux qui sont tombés, comme les cibles des assassins. Les gens qui sortent dans les rues afin de demander des comptes pour ceux qui sont tombés, ceux qui attendant devant les hôpitaux, sont menacés par les TOMA [véhicule avec canon à eau] et la police qui sont arrivés du Centre culturel Amara avant les ambulances. A Mersin, à Sert, à Istanbul … Les gens qui descendent dans les rues sont pourchassés pour être massacrés par l’État meurtrier, par les collaborateurs des assassins.

Ceux qui ont massacré de nombreuses vies, depuis le premier jour de la Résistance de Kobanê, essaient maintenant de nous décourager en assassinant nos frères et sœurs.

Nous essayons de reconstruire une nouvelle vie contre l’ISIS, contre l’Etat qui collabore avec l’ISIS, contre la politique de guerre sans fin de l’Etat. Quoi qu’il en coûte, nous allons convertir notre douleur en rage, nous allons reconstruire Kobanê et recréer une vie sur cette géographie dévastée !

(Aujourd’hui, Alper Sapan de l’Initiative Anarchiste Eskişehir a été assassiné au cours de l’attaque. Et un ami appelé Evrim Deniz Erol a été grièvement blessé.)

Biji Berxwedana Kobanê ! / Vive la Résistance de Kobanê !
Biji Şoreşa Rojava ! / Vive la Révolution du Rovaja !

Action Révolutionnaire Anarchiste
Devrimci Anarşist Faaliyet (DAF)

Le 20 juillet 2015

(traduction OCLibertaire)

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Communiqué du Congrès national du Kurdistan (KNK) sur le massacre de Suruç

Nouveau massacre commis par Daesh, dans la ville de Suruç

Les terroristes de Daesh ont attaqué des jeunes qui se préparaient à partir à Kobanê : 31 personnes ont été tuées et au moins 100 autres ont été blessées.

Le 20 juillet, vers 11h00, une grande explosion due à un attentat-suicide est survenue à la périphérie de la ville de Suruç, dans la province d’Urfa (Nord-Kurdistan, Turquie), à la frontière de Kobanê. Elle s’est produite plus précisément dans le Centre culturel d’Amara dont la cour a été transformée en un bain de sang.

Les victimes font partie d’un groupe de 330 jeunes âgés de 20 à 30 ans, tous membres de la Fédération des Jeunes Socialistes, venus à Suruç pour soutenir la reconstruction de Kobanê. Ils étaient venus en convoi d’Istanbul, d’Ankara, d’Izmir, d’Adana et du nord de la Turquie, avec le projet de construire à Kobanê une librairie, un parc pour enfants et un centre de santé.

Les jeunes activistes s’étaient regroupés dans le Centre culturel d’Amara pour y donner une conférence de presse afin d’annoncer qu’ils avaient officiellement été autorisés à passer la frontière. C’est à ce moment-là que l’attentat-suicide a été perpétré.

Les premiers chiffres faisaient état de la mort de 31 personnes et indiquaient qu’au moins 100 autres avaient été blessées. Cet attentat survient le lendemain de l’anniversaire de la Révolution du Rojava qui a commencé le 19 juillet 2012 avec la mise en place par les Kurdes de l’autonomie démocratique dans les cantons de Kobanê, Afrîn et Djizirê.

Cet attentat terroriste, cette tragédie, est directement lié à la crise politique que traverse actuellement la Turquie. Il ne fait aucun doute que cet attentat a été encouragé par le soutien ouvertement apporté à Daesh par différents Etats de la région.

La résistance kurde contre la barbarie de Daesh est une lutte pour la démocratie, les droits humains et l’humanité. Soutenir les résistants du Rojava et condamner Daesh et ses soutiens est un devoir politique pour la communauté internationale.

Cet attentat ne vise pas seulement le Rojava, mais aussi la solidarité avec le Rojava.

Nous demandons au gouvernement turc de faire immédiatement toute la lumière sur cet attentat.

Nous condamnons fortement cette attaque terroriste brutale et appelons la communauté internationale, l’Union européenne et le Conseil de l’Europe à prendre immédiatement des sanctions à l’encontre des Etats qui soutiennent Daesh afin qu’ils arrêtent leur soutien à cette barbarie

Congrès national du Kurdistan – KNK


Manifestations immédiates un peu partout dans le Nord-Kurdistan (en Turquie) et dans les grandes villes turques aux cris de « Le Kurdistan sera la tombe de Daesh » et « Daesh assassin – AKP complice ». Pratiquement toutes les manifestations ont été attaquées par les force anti-émeutes de la police turque. Dans certaines villes (y compris Istanbul), des groupes d’autodéfense armés (molotovs, fusils, AK47…) sont descendus dans les rues aux côtés des manifestants.


Appel à mobilisation urgente pour condamner l’attentat de Suruç en Turquie !

Des jeunes pleins d’espoir avaient pris la route pour participer, durant 6 jours, à la reconstruction de Kobané… Une conférence de presse tenue par un groupe de 300 membres de la SGDF (Sosyalist Gençlik Dernekleri Federasyonu / Fédération des associations des jeunes socialistes) pour annoncer leur engagement dans la reconstruction de Kobané, ville syrienne devenue le symbole de la résistance kurde face à DAESH, a été la cible d’une explosion sanglante dans la ville de Suruç, près de la frontière Syrienne, en Turquie.

Le premier bilan du drame fait état d’une trentaine de morts et de plus d’une centaine de blessés. Malgré une campagne active menée depuis plusieurs semaines et largement diffusée par la SGDF annonçant leur départ d’Istanbul pour la reconstruction de Kobanê, aucune mesure de sécurité particulière n’a été prise par les forces de sécurité turques.

Ce massacre vise à briser la solidarité internationale grandissante entre les peuples. Ce massacre vise notre liberté. Ce massacre vise notre humanité. C’est pourquoi, nous lançons un appel massif à la presse et à l’opinion publique à condamner fermement ce massacre et d’exhorter l’État turc à ce que lumière et justice soient faites.

Manifestation le samedi 25 juillet 2015
Gare de l’Est à 14h

ACTIT (Association Culturelle des Travailleurs Immigrés de Turquie)


Comment et pourquoi le massacre Suruç est-il arrivé ?

Les jeunes qui sont morts ou ont été blessés à Suruç avaient un seul objectif : se rendre à Kobanê et participer à la reconstruction de la ville…

Mardi 21 juillet 2015

ANF – Amed Dicle

Les jeunes qui sont morts ou ont été blessés dans Suruç avaient un seul objectif : se rendre à Kobanê et participer à la reconstruction de la ville. Ils étaient membres de la Fédération des Associations des Jeunesses socialistes (SGDF) et avaient émis un communiqué de presse avant de se rendre à Suruç. Cela faisait un mois qu’il était public et connu que ces jeunes se préparaient à y aller.

Les habitants de Suruç, les jeunes et les représentants d’organisations non gouvernementales ont accueilli les jeunes à Suruç. Ils ont rencontré le gouverneur de district et lui ont dit qu’ils aimeraient traverser la frontière à Kobanê. Le gouverneur du district les a fait attendre en leur disant que seuls quelques-uns d’entre eux pourraient traverser et pas l’ensemble du groupe.

L’attaque sanglante de Suruç a eu lieu après que les jeunes aient fait une déclaration à la presse dans le Centre culturel Amara en réponse aux obstacles posés par le gouverneur de district.

Nous devons poser les questions suivantes en ce qui concerne l’attaque :

1. – La police a fouillé complètement les jeunes alors qu’ils se rendaient au Centre Culturel Amara. Le point de contrôle de la police était à 200 mètres d’Amara, et la police aurait pu mettre en place un point de contrôle plus proche du centre culturel. La police n’aurait-elle par installée son poste de contrôle à 200 mètres d’Amara pour être hors d’atteinte de l’explosion ?

2 – Comment le kamikaze de l’ISIS a pu entrer dans le centre culturel dans un contexte où la police a fouillé chaque ordinateur portable, appareil photo et même les crayons que portaient les jeunes massacrés ?

3 – Comment les services de renseignement turcs, qui surveillent tout à Suruç y compris le poste frontalier de Mürşitpınar, ont-ils réussi à ne pas ‟voir” le membre de l’ISIS ?

4 – Comment est-il possible que la police n’ait pas identifié le membre de l’ISIS malgré le fait que Centre Culturel Amara est situé à côté d’un commissariat de police ?

5 – Pourquoi les policiers ont-ils attaqué des civils qui apportaient les blessés à l’hôpital ? Parce qu’ils voulaient que les blessés meurent ainsi ?

6 – Combien de cellules de l’ISIS existent dans Suruç et ses alentours ? Est-ce que l’État est au courant de ces cellules ?

7 – Pourquoi les corps ont-ils été examinés par la médecine légale de Gaziantep et non par la médecine légale d’Urfa ? Qu’est-ce qu’ils essaient de cacher ?

8 – Il y a des déclarations de témoins affirmant qu’il y avait deux assaillants, un homme qui a fait exploser la bombe et une femme qui fut blessée, et que la femme blessée est en garde à vue en ce moment. Qui est la femme attaquante, née en 1995 à Sivas, qui a été placée en garde à vue ? Pourquoi les responsables ne parviennent-ils pas à faire une déclaration à ce sujet ?

Celui qui doit répondre à ces questions est l’État, et les réponses à ces interrogations sont évidentes.

Beaucoup de gens avaient prévu de telles attaques après la libération de Girê Spî (Tel Abyad) par les YPG. Comme des images vidéo l’ont confirmé, les gangs de l’ISIS se sont enfuis de Girê Spî et ont traversé la frontière librement et joyeusement à Akçakale. Peu de temps après, l’agence d’informations Dicle (DIHA) et d’autres organes de presse d’opposition ont documenté le quartier général de l’ISIS à Akçakale. DIHA a également fait état de la formation d’une cellule de l’ISIS à Ceylanpınar il y a deux jours.

Girê Spî a été une lourde défaite pour l’AKP et l’ISIS, car la logistique était organisée à travers le poste-frontière là-bas. Les responsables de l’AKP ont manifesté publiquement leur mécontentement face à la libération de Girê Spî, et Erdoğan a déclaré qu’il ne resterait pas « assister sans rien faire » à ce qui se passe. Ils essaient maintenant de venger la libération de Girê Spî dans le Nord-Kurdistan. Quand l’ISIS a été vaincu dans le Kurdistan syrien, ils ont apporté la guerre de ce côté-ci de la frontière. Ils répètent à Suruç, à Urfa et à Diyarbakır l’attaque sur Kobanê du 25 juin. Le massacre brutal de Suruç est une attaque contre le modèle de la vie libre et démocratique développé dans le Kurdistan syrien et les personnes qui se solidarisent avec le Mouvement pour la liberté kurde.

Nous sommes dans une situation dangereuse car Erdogan et son AKP ont actionné la haine qu’ils ont accumulée après leur défaite dans le Kurdistan syrien ainsi que lors des élections du 7 juin dernier. Nous ne pouvons pas faire appel à des tyrans ; l’État turc ne protégera pas les civils et les institutions de l’ISIS. C’est l’ISIS que l’État protège et tolère. Cette situation actuelle rend l’autodéfense plus cruciale que jamais.

Comment pouvons-nous organiser notre auto-défense ?

1- L’autodéfense est une question sérieuse et importante. Nous devons l’organiser systématiquement et sans panique, sans compter sur l’État.

2- Nous ne devons pas laisser la sécurité aux mains des forces de police lors des actions collectives qui ont lieu dans les villes frontalières ainsi que dans les centres urbains comme Amed [Diyarbakır]. Les attaques de l’ISIS sont plus susceptibles de se produire dans des zones où il y a une présence policière intense. Des centaines de civils peuvent former des cercles de sécurité pour l’autodéfense.

3- Le danger persistera aussi longtemps que les cellules de l’ISIS existent. Par conséquent, les jeunes doivent prendre l’initiative et éliminer les cellules de l’ISIS qui fonctionnent sous le déguisement d’organisations d’aide et de presse.

4- Les organisations non-gouvernementales, les politiciens démocrates, les parlementaires et la presse doivent clarifier leur position concernant le quartier général de l’ISIS dans l’exploitation agricole TIGEM à Akçakale. Les parlementaires et les ONG doivent exposer pourquoi TIGEM est fermée aux civils.

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Source : ici

Traduction : OCLibertaire


Quelques informations complémentaires ici :

Massacre à Suruç : 32 sourires disparus…

Je m’appelle Pınar, j’étais à Suruç, mes camarades sont morts

Les jeunes victimes de Suruç ont un nom et un visage…

Suruç

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En complément

M-A-J du 21 juillet

Un dernier bilan fait état de 32 morts et une centaine de blessés dont 20 grièvement atteints ont été placés en soins intensifs.

Selon des informations plus récentes, parmi les victimes se trouvent 2 camarades anarchistes, Alper Sapan et Evrim Deniz Erol, tous les deux âgés de 19 ans. Un troisième camarade anarchiste, Caner Delisu est hospitalisé dans un état grave. D’autres militants, dont certains connus, faisait partie de diverses organisations de la gauche révolutionnaire turque.

Plus de 24 heures après le massacre, il n’y a toujours pas de revendication formelle. Ce n’était pas un attentat “aveugle” visant une population (dans un marché ou une mosquée) en fonction de son ethnie ou de sa religion ou de son insubordination à l’ordre salafiste, mais une action très précise et ciblée qui a visé un rassemblement d’activistes de Turquie engagés dans la solidarité politique et matérielle avec le Kurdistan, la révolution du Rojava et très précisément avec le projet de reconstruire Kobanê.

Le gouverneur de la province d’Urfa où se situe Suruç a interdit tout rassemblement, manifestation de rue, réunion publique.

De nouvelles manifestations sont appelées ce 21 juillet en soirée dans tout le Nord-Kudistan et en Turquie. Des initiatives de solidarité sont en préparation un peu partout dans le monde entier.

Le même jour, de l’autre côté de la frontière, à Kobanê, 3 miliciens des YPG ont été tués par un attentat suicide à un checkpoint situé à l’entrée de la ville.

Un commandant des YPG a affirmé que ceux qui sont tombés le 20 juillet à Suruç et le 25 juin à Kobanê (293 morts dont 252 civils) seront vengés, mais sur le terrain militaire à Sarrin, Jarablus et Hasakah.

Dans cette dernière ville, les djhadistes sont maintenant pratiquement encerclés par les YPG qui les ont pris en tenaille par l’est, l’ouest et le sud.

A Sarrin (situé sur la rive orientale de l’Euphrate, au SO de Kobanê), ils ne tiennent encore la ville que grâce à l’arrivée constante de renforts, mais ils ne cessent de perdre du terrain face aux YPG-J et leurs alliés du “Volcan de l’Euphrate”. Là aussi, les djihadistes sont pratiquement encerclés et assiégés.

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M-A-J du 22 juillet

Ripostes au massacre de Suruç

Le YDG-H (Mouvement de la Jeunesse Patriotique Révolutionnaire), lié au PKK, a revendiqué la destruction et l’incendie du véhicule d’un sergent de la police lors des manifestations du lundi 20 juillet dans la soirée, dans la ville de Cizre, province de Şirnak. Cette opération a eu lieu à la suite d’une attaque menée par des manifestants armés contre les forces de police.

Le YDG-H a également revendiqué d’avoir exécuté un ancien militant de Daesh, de nationalité turque, à Istanbul, après l’avoir traqué pendant 3 mois.

Pour leur part, les HPG (la guérilla du PKK) ont revendiqué une action de résistance armée dans la province d’Adıyaman (Semsur) qui a causé la mort d’un sous-officier turc le 20 juillet et blessé deux soldats.

Le 22 juillet, les HPG ont revendiqué l’exécution de deux policiers turcs dans la ville de Ceylanpınar, proche de la frontière syrienne, province d’Urfa, à l’est de Suruç. Ils travaillaient selon le communiqué « en coopération avec les gangs de l’ISIS ». « Cette action a été menée en représailles pour le massacre de Suruç à 6 h (du matin) », précise le communiqué qui ajoute que cette opération est « une action punitive ».
Les papiers d’identité et les armes des policiers ont été saisis.

Une grande manifestation est prévue dimanche prochain 26 juillet à Istanbul, afin de protester contre la violence d’État et la complicité du gouvernement turc avec les fous furieux de Daesh et autres djihadistes de Turquie, de Syrie…

En fin d’après-midi ce mercredi 22 juillet, un conseil des ministres extraordinaire se tient en présence de tous les hauts responsables de l’armée, de la police, de la gendarmerie, des services de renseignements.

Les policiers ont reçu l’ordre de ne pas demander de congés en ce moment. Ceux qui s’y trouvent ont l’ordre de réincorporer leurs unités immédiatement.

à suivre…

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M-A-J du 23 juillet

Massacre de Suruç

L’auteur de l’attentat-suicide a été identifié par son ADN. Il s’agirait d’un jeune kurde, de nationalité turque, âgé de 20 ans. Issu d’une famille traditionnelle conservatrice, il aurait fait partie d’une cellule d’un groupe proche de Daesh dirigée par son frère ainé et avec qui il serait parti en Syrie depuis plus de 6 mois. A noter que les deux frères sont originaires de la ville d’Adiyaman (Semsûr en kurde), comme le principal suspect de l’attentat à la bombe qui a fait 4 morts lors d’un meeting du parti de gauche pro-kurde HDP (Parti démocratique des peuples) le 5 juin dernier à Diyarbakir.

Ripostes

Province de Diyarbakir. Un policier abattu, un autre sévèrement blessé. Cela s’est passé dans l’après-midi de ce jeudi 23 juillet. D’après la presse, ils auraient été pris dans une embuscade alors qu’ils patrouillaient dans le district de Şehitlik, au sud-est de la province.

Dans la province d’Adana, au sud de la Turquie, un militant djihadiste a été retrouvé mort à son domicile.

Grève de la faim.

Les prisonnières du PJAK (Parti de la libération des femmes du Kurdistan) et les prisonniers du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) ont décidé de suivre une grève de la faim de 3 jours, du 24 au 26 juillet, en signe de protestation contre le massacre de Suruç.

Activités militaires.

L’armée turque s’est redéployé massivement sur plusieurs points de la zone frontalière avec la Syrie, notamment dans la province turque de Kilis, située au nord d’Alep.
En outre, des forces spéciales, appelées « bérets marrons », ont été déployés sur une longueur de plusieurs centaines de kilomètres, de la province d’Hatay à celle de Mardin, c’est-à-dire sur pratiquement toute la longueur de la frontière entre la Turquie et la Syrie (900 km).

La région syrienne en face de Kilis est sous contrôle de Daesh le long d’une portion de frontière de 70 km. Des combats auraient éclaté le 22 juillet entre l’armée turque et des militants djihadistes de part et d’autre de la frontière.

Un peu plus à l’ouest (vers Azaz), se trouve une zone contrôlée par le Front al-Nosra (Al-Qaïda) et ses alliés de l’‟Armée de la conquête”. C’est là qu’a commencé à opérer récemment une unité de rebelles syriens dits ‟modérés” entraînés et équipés par les États-Unis.

Le 22 juillet, un sous-officier turc a été tué et quatre soldats blessés lors d’une attaque djihadiste sur la frontière. Certaines sources parlent d’un colonne d’une dizaine de combattants cherchant à traverser la frontière pour se rendre en territoire turc comme ils en ont l’habitude. Le lendemain, 23 juillet, cette région a été déclaré « zone de sécurité spéciale » par la préfecture de Kilis.

Ce jeudi 23 juillet, on apprend que l’armée turque est entrée de nouveau en action dans l’après-midi, avec des bombardements terrestres sur des positions de Daesh dans un village syrien situé à moins de 2 km de la frontière. Certaines sources disent que des chars auraient pénétré de plusieurs centaines de mètres en territoire syrien avant de se replier. Trois véhicules de Daesh auraient été détruits et au moins un combattant djihadiste tué. Des renforts de tanks ont été envoyés à la frontière.

C’est la première fois que l’armée turque bombarde des positions djihadistes. Mais à ce stade, cela ne constitue pas un véritable engagement.

Au même moment, on apprend que le gouvernement turc a fini par accepter de laisser les États-Unis utiliser leurs bases aériennes pour lancer des opérations sur le territoire syrien.

Les autorités turques affirment avoir arrêté 457 candidats au djihad au cours du 1er semestre de 2015.

Les positions semblent se rapprocher.

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M-A-J du 24 juillet

L’implication de la Turquie dans la guerre en Syrie

L’agence de presse du gouvernement turc a annoncé que 3 avions F-16 ont frappé 3 cibles de Daesh et tué 35 de ses membres dans la nuit.
Après les escarmouches de la veille, c’est la première intervention aérienne de l’armée turque contre Daesh en Syrie. Plus tard dans la journée, l’Observatoire syrien pour les droits de l’Homme (OSDH) a annoncé la mort de 9 djihadistes à la suite des 3 frappes réalisées dans la nuit. Les cibles visées étaient près de la frontière et pas très de la ligne de front où s’opposent Daesh et ses frères ennemis du Front al-Nosra (Al-Qaïda en Syrie).

Création d’une zone d’exclusion aérienne partielle en territoire syrien

Le récent accord d’action conjointe entre la Turquie et les Etats-Unis, qui contient l’utilisation de la base aérienne d’Incirlik dans le sud de la Turquie dans la lutte contre Daesh, comprendrait également une zone d’exclusion aérienne partielle le long de la frontière Turquie -Syrie selon des sources gouvernementales citées par le quotidien turc Hürriyet. Les avions de la coalition auront aussi la possibilité d’utiliser des bases turques dans les provinces de Batman, Diyarbakir et Malatya en cas d’urgence.
Une bande d’une longueur de 90 kilomètres en Syrie entre les villes de Mare’ et de Jarabulus aurait entre 40 à 50 kilomètres de profondeur, selon ce que rapporte le quotidien Hürriyet après la réunion de sécurité du gouvernement le 22 juillet. Cependant, ces sources ont évité de dire si une telle zone serait élargie à l’avenir.

Officiellement cette bande de sécurité vise à empêcher des groupes radicaux tels que l’État islamique (Daesh) ou le Front al-Nosra (al-Qaïda) de gagner du terrain dans cette zone. Or ils y sont bien installés.
Les avions de la coalition sous commandement étatsunien assureront la sécurité sur le terrain « en cas de besoin » en procédant à des vols « d’attaque ou d’exploration ».
Les avions appartenant à la Turquie, qui est pas un membre de la coalition, mais apporte officiellement son soutien à la lutte anti-Daesh, seront également autorisés à réaliser des vols similaires « en cas de besoin ».
En outre, un soutien d’artillerie par l’armée turque a également été examiné.

En fait, cette ‟No-Fly Zone” ne vise pas vraiment les djihadistes qui n’ont pas d’aviation mais directement les avions ou hélicoptères du régime de Bachar al-Assad et ceux qui violeront cet espace seront pris pour cible.

Officiellement, l’accord USA-Turquie ne vise pas directement la rébellion kurde de Syrie – qui se bat contre Daesh – mais selon des sources anonymes turques, les critères pourraient changer si les YPG (milice kurde) et ses alliés « menacent la frontière turque » et si leurs actions permettent de « changer la structure démographique » de la région.

On sait que le gouvernement turc utilise ces arguments de « nettoyage ethnique » pour combattre les forces de la gauche kurde, en particulier depuis qu’elles ont remporté toute une série de victoires militaires sur Daesh ces derniers mois, notamment en libérant la ville et la région de Tal-Abyad, ce qui a permis de réunir les deux cantons de Kobanê et de Cizîrê.

L’objectif du gouvernement turc, avec l’appui des Etats-Unis, est certes d’affaiblir les capacités du régime de Bachar al-Assad, mais surtout d’empêcher à tout prix que se répète ce qui s’est passé à Tal-Abyad, empêcher que les défaites infligées aux djihadistes – et aujourd’hui Daesh perd clairement du terrain, est sur la défensive sur toute les lignes de front en Syrie – profitent aux forces kurdes qui pourraient alors concrétiser un de leurs rêves : réunifier le Rojava (Kurdistan occidental, en Syrie) et étendre le processus révolutionnaire-démocratique-autogestionnaire au-delà des considérations et des fragmentations ‟ethniques” en conquérant une continuité territoriale avec le canton d’Afrim, situé à 100 km à l’ouest de l’Euphrate, aujourd’hui isolé, enclavé et encerclé par la Turquie au nord et à l’ouest et les djihadistes d’al-Nosra au sud et à l’est.

Cela fait des mois qu’Erdoğan demande la création d’une zone tampon au sud de sa frontière avec la Syrie. Jusqu’à présent, les Etats-Unis ont refusé et la Turquie est restée en dehors de la coalition anti-Daesh, considérant que ses principaux ennemis sont les forces kurdes et que les djihadistes sont utiles pour combattre à la fois les Kurdes et le gouvernement du régime syrien.

Mais les lignes ont bougé. Il y a quelques temps, le gouvernement étatsunien, faisant écho au gouvernement turc, a fait savoir qu’il s’opposait à la création d’un État kurde en Syrie.

Si ce qui n’est encore que des rumeurs se confirmaient, la création de cette zone d’exclusion aérienne partielle serait indéniablement une victoire du gouvernement turc qui obtiendrait une grande partie de ce qu’il souhaitait.
D’autant qu’une course de vitesse est engagée. Avec l’encerclement presque complet de Sarrin sur la rive orientale de l’Euphrate – la dernière route d’approvisionnement en direction de Derra vient d’être prise par les YPG – le prochain objectif des combattants kurdes et leur alliés pourrait bien être les villes de Jarabulus et de Manbij et donc de prendre pied sur la rive occidentale du fleuve pour poursuivre leur offensive contre Daesh et étendre les zones libérées dans toute la partie nord de la province d’Alep.

Le discours du gouvernement turc est de dire que les « terroristes » du PKK et de Daesh, c’est la même chose, la même menace, que les tueurs en séries pratiquant les massacres et les génocides, c’est la même chose que ceux qui en sont la cible et les combattent depuis des années !

Les pratiques policières vont dans le même sens.

C’est pourquoi, dans la nuit du 23 au 24 juillet, 5000 policiers ont procédés à une rafle dans 13 provinces, arrêtant selon les informations gouvernementales des djihadistes, membres du PKK et de l’extrême-gauche turque.

Vague d’arrestations visant surtout les Kurdes et la gauche turque

Cette rafle à travers toute la Turquie été décidée et coordonnée au plus niveau de l’appareil de répression turc.
C’est le premier ministre Ahmet Davutoğku qui l’a annoncé lui-même. D’après les données fournies par les autorités, la rafle a mobilisé 5000 policiers, des hélicoptères, a été menée dans 16 provinces. Les descentes de polices ont eu lieu dans 26 districts et 140 adresses distinctes rien qu’à Istanbul où 103 personnes ont été arrêtées. Rafle à Ankara (9), dans la province d’Izmir (6), dans les provinces kurdes de Diyarbakir (17 arrestations) et Şanlıurfa (Urfa) où 35 membres supposés du PKK ont été arrêtés.

Ces arrestations ont frappé officiellement des membres de Daesh, du PKK, du YDG-H (branche de la jeunesse urbaine du PKK) et de l’extrême-gauche turque, en particulier l’organisation DHKP/C (Parti/Front révolutionnaire de libération du peuple). Une militante faisant partie de ce groupe a été abattue dans un quartier d’Istanbul lors de son arrestation.

Au départ, il était question de 251 arrestations. Puis de 297 à la mi-journée.
Alors que les grands titres de la presses parlent d’un « vaste raid antiterroriste contre l’État islamique », d’après les premières informations, le parti de la gauche turque pro-kurde HDP a été le principal visé : 187 de ses membres auraient été arrêtés dont des élus. En comptant les militants non encartés et ceux des groupes d’extrême-gauche, les 3/4 des personnes arrêtées ne sont pas des djihadistes mais des personnes liées au mouvement kurde ou à la gauche turque.
Le gouvernement Erdoğan affirme qu’il va continuer à combattre de la même manière Daesh et le PKK, mais ce sont les Kurdes qui sont visés en priorité.

L’aviation turque attaque les bases du PKK

Ce que de nombreux sympathisants de la cause kurde redoutait. Dans la soirée, on apprend de source kurde que l’armée de l’air turque a bombardé des camps du PKK situés dans le Kurdistan d’Irak, dans les montagnes de la province de Dohuc, assez proches de la frontière. Ces attaques aériennes ont été appuyées par des bombardements d’artillerie. Simultanément, tous les sites Internet d’information libre ou sympathisants du PKK sont devenus inaccessibles depuis vendredi soir en Turquie.
En fin de soirée, une deuxième vague de F16 aurait survolé les bases du PKK dans les monts de Qandil, beaucoup plus à l’intérieur du territoire du Kurdistan d’Irak sans procéder à des frappes. C’est là où se trouvent, en plus de bases d’entrainement, une partie de la direction politique du PKK et de l’état-major militaire des HPG, la guérilla.

Le gouvernement turc de l’AKP n’a jamais voulu la paix. Il a fait semblant pendant depuis 2012 de s’inscrire dans un processus de paix, mais aujourd’hui les masques tombent, le cessez-le-feu a volé en éclat.

La presse a été unanime pour parler de tournant de la guerre en Syrie avec les quelques bombardements turcs sur des positions de Daesh sur sa ligne de front avec le Front al-Nosra (Al-Qaïda) du côté d’Azaz, près de la frontière syro-turque au nord d’Alep. Le vrai tournant est celui qui de la guerre que l’Etat turc a décidé de lancer contre le mouvement de libération kurde en utilisant la couverture de son pseudo-combat contre l’État islamique.

Erdoğan a changé tactiquement de fusil d’épaule en concluant un accord avec les États-Unis sur son ralliement au combat anti-Daesh et l’utilisation des bases aériennes mais il l’a fait pour pouvoir mieux continuer et amplifier la guerre contre les Kurdes.

Premières ripostes.
Dans la soirée, un commissariat de Diyarbakir a été attaqué et 7 policiers seraient blessés. Une autre attaque est rapportée à Istanbul sans autres précisions. Un officier de police, qui circulait avec sa famille entre Mardin et Muş, aurait été enlevé par des combattants kurdes qui se trouvaient à un ‟checkpoint” qu’ils avaient établi. Les kidnappeurs ont libéré sa femme et ses enfants. Dans la province de Hakkari, district de Şemdinli, deux policiers (dont l’un conduisait un TOMA (camion équipé d’un canon à eau) ont été blessés lors d’une attaque à la grenade artisanale.

L’attaque de l’armée turque sur les bases de la guérilla du PKK en territoire du Kurdistan d’Irak va avoir des conséquences considérables sur l’ensemble du conflit régional. Que va devenir la coopération tactique entre les forces kurdes de Syrie et le commandement des opérations étatsunien dans la lutte anti-Daesh ? Et plus directement : la Turquie va-t-elle attaquer le Rojava ? Quelle vont être les réactions au Kurdistan d’Irak ? Si le gouvernement Barzani approuve publiquement l’intervention turque, quelles seront les conséquences sur le terrain, où des centaines de miliciens et miliciennes du PKK combattent au coude à coude avec des peshmergas ? Quelles seront les conséquences sur certaines lignes de front avec Daesh en Irak où des unités des HPG (Forces de défense du peuple) et des YJA-Star (Unités des femmes libres) sont déployées notamment dans la région des Yézidis de Sinjar ?
Des dizaines d’autres questions surgissent à l’heure de conclure ce billet.

à suivre…

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M-A-J du 25 juillet

Manif « pour la paix » et contre Daesh interdite

La grande « marche pour la paix » prévue dimanche 26 juillet à 16 heures à Istanbul, appelée par un ensemble d’organisations dont le HDP (Parti démocratique des peuples) contre Daesh et la violence de l’État turc, a été interdite par les autorités turques. Vendredi soir environ 500 personnes ont été dispersées par les forces de l’ordre à Istanbul à coups de gaz lacrymogènes, canons à eau et balles en plastique.
Depuis le massacre de Suruç, tous les rassemblements et manifestations de protestation sont systématiquement dispersés par la police, y compris une cérémonie d’hommage à 18 des victimes à Istanbul.
Dans la soirée de samedi, une nouvelle manifestation interdite a été violemment dispersée à Istanbul

Nouvelle rafle samedi matin

Au moins trois cent personnes arrêtées ce samedi à travers toute la Turquie. Hier, 75 à 80% des arrêtés étaient liées au mouvement de libération kurde ou à la gauche turque ; aujourd’hui, c’est du 100% ! Depuis la veille, 590 personnes auraient été arrêtées et placées en garde à vue selon une déclaration du Premier ministre. Des locaux syndicaux comme celui des enseignants (Eğitim-Sen) à Ankara liés à la gauche turque ont été perquisitionnés et des militants arrêtés.

Poursuite des bombardements contre les Kurdes du PKK

Après une première vague d’attaques dans la soirée de vendredi visant 7 positions du PKK relativement proches de la frontière turco-irakienne ainsi que des villages, d’autres raids aériens ont eu lieu dans la nuit, qui cette fois, ont bombardé des cibles dans les monts Qandil où se trouvent une partie importante des infrastructures de la guérilla du PKK, de la direction politique ainsi que le gros des forces à l’entrainement ou en période de repos.
Les bombardements de l’aviation turque contre les positions du PKK ont repris ce samedi matin. De nouveau, des bases situées dans les monts Qandil ont été visées.

Au moins deux villageois, dont un enfant, ont été blessés par les frappes de la nuit. Aucun membre de la guérilla n’avait été atteint lors des premières frappes mais les bombardements ont provoqué des incendies de forêt. Ce samedi, le bilan serait, selon une première déclaration des HPG d’un combattant tué (un haut-commandant) et trois blessés.

L’aviation turque a également mené des opérations sur des positions de Daesh dans le nord de la Syrie. Mais quand la Turquie envoie 3 chasseurs-bombardiers F16 sur Daesh, elle en envoie 20 sur le PKK, quand les bombardements visent des positions isolées de Daesh, ils visent les infrastructures et la direction du PKK. Les attaques de l’armée turque sur Daesh, c’est pour les médias occidentaux.

Le premier ministre Davatoğlu a déclaré avoir discuté avec Barzani, chef du gouvernement du Kurdistan autonome d’Irak et que celui-ci lui aurait dit que la Turquie avait le droit de frapper le PKK. Son de cloche un peu différent selon l’agence kurde d’Irak Bas News, qui affirme que Barzani a appelé Davatoğlu pour lui demander de cesser les frappes sur le PKK, en arguant qu’il y a toujours la possibilité de régler les problèmes par la voie du dialogue et des moyens pacifiques.

Selon des sources citées par CNN en langue turque, l’aviation turque aurait effectué 159 sorties au cours de la nuit et aurait visé 400 cibles du PKK. Dans le même temps, les attaques ciblant Daesh se comptent à peine plus que dans les doigts d’une main.

Le PKK n’a pas formellement appelé à la reprise de la guerre. Il a d’abord dit qu’avec ces bombardements, parler de processus de paix n’avait plus aucune signification. Ensuite, il a appelé tous les Kurdes à se mobiliser pour se défendre.

Actions de représailles en Turquie

Des combattants de la guérilla du PKK ont pris d’assaut un chantier de construction d’une centrale thermique et mis le feu à six véhicules de l’entreprise de construction dans la province du sud-est de Şırnak samedi matin, dans le district de Silopi.

Une attaque à la bombe a eu lieu contre un poste de police : 7 policiers blessés. L’engin était d’une certaine puissance car il a causé des dommages importants au bâtiment. Sept policiers ont été blessés à des degrés divers. L’action armée a été menée à Bismil, une ville de la province d’Amed (Diyarbakir en turc).

Trois policiers ont été blessés dans une fusillade dans le quartier rebelle de Okmeydanı à Istanbul, un bastion du groupe d’extrême gauche armé DHKP/C. Dans le quartier Gazi, autre bastion stambouliote de l’extrême gauche turque, les funérailles de Günay Özarslan, la militante abattue la veille par la police lors de la rafle a été attaquée par la police. La foule s’était rassemblée dans le centre alévi de ce quartier. La police ne les laisse pas sortir.

A Izmir, à l’ouest du pays, les locaux du parti gouvernemental AKP ont été soufflés par un engin explosif. Pas de victimes, des dégâts dans l’immeuble ainsi qu’une voiture garée devant.

Dans la soirée, une attaque a eu lieu dans la région de Lice (province de Diyarbakir) contre un véhicule militaire blindé. Deux gendarmes turcs ont été tués, cinq autres blessés, selon un premier bilan.

Dans tout le Nord-Kurdistan, des affrontements ont eu lieu entre manifestants, souvent jeunes, et forces de répression. Dans la ville de Cizre (province de Şirnak), un manifestant de 21 ans a été tué par la police.

Front militaire en Syrie

Tal Abyad. Trois fortes explosions en début d’après-midi. Attaque suicide avec véhicules piégés sur deux checkpoint des YPG dans deux villages proches de la ville.

Sarrin. Les YPG ont confirmé le 24 juillet qu’ils encerclent complètement la ville-clé de Sarrin, sur la rive orientale de l’Euphrate. Ils accusent les djihadistes retranchés dans la ville d’utiliser les habitants comme boucliers humains. Dans la soirée, les YPG semblaient optimistes : la libération de la ville semblait à portée de main.

Hassakah. Dans la ville d’Hassakah, les djihadistes totalement encerclés et ayant perdu beaucoup de combattant (on parle d’au moins 160 ces derniers jours) ils ne cessent de perdre du terrain. Après avoir été chassés du quartier Nachwa Gharbiyé par les YPG, ils n’occupent plus que deux petites enclaves dans la périphérie, au sud et au sud-est de la ville. Les YPG et leurs alliés progressent et resserrent leur étau. Ils sont en train de battre Daesh et cela au détriment des forces du régime syrien qui se sont repliées sur un espace beaucoup plus réduit qu’avant le déclenchement de l’offensive djihadiste.

à suivre…

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M-A-J du 26 juillet

Rafles

Selon certaines sources, après certaines remises en liberté d’islamistes, le bilan des rafles de vendredi et samedi serait de574 militants kurdes ou de la gauche turque et 16 islamistes.
D’autres sources parlent de 851 détenus dont 27 djihadistes, d’autres de plus de 1000 personnes arrêtées en 3 jours.
Une vingtaine de membres du PYD, blessés et hospitalisés à Ankara, ont été kidnappés par la police turque.
Un jeune garçon de 11 ans est mort après avoir chuté du 7ème étage d’un immeuble de Diyarbakir alors qu’il était poursuivi par des policiers.

Frappes sur le PKK

Dans la journée du dimanche, les bombardements ont surtout été le fait de l’artillerie turque qui a visé des positions de la guérilla du PKK situées près de la frontière. Mais dans la soirée, une troisième nuit de bombardements commençait sur les bases kurdes situées dans les monts de Qandil. Des frappes étaient aussi signalées dans la région de Gever, province de Hakkari (Colemêrg en kurde), zone limitrophe de l’Irak mais sur le territoire turc.

Les frappes de l’armée turque contre les positions kurdes sont soutenues par les États-Unis qui condamnent « les attaques terroristes » du PKK et affirment que « la Turquie a le droit de se défendre ». Le vice-conseiller à la sécurité nationale Ben Rhodes, que « la Turquie a le droit de mener des actions contre des cibles terroristes ». Il rappelle que le PKK est toujours classé par Washington – mais aussi par l’Union européenne – comme « une organisation terroriste ».

Une des plus importantes factions djihadistes opérant en Syrie, Jaysh al-Islam (l’Armée de l’Islam, soutenue principalement par l’Arabie saoudite), a émis un communiqué disant qu’ils soutiennent le gouvernement turc dans sa guerre contre le PKK et Daesh.

Les HPG (guérilla du PKK) annonce le décès de 3 combattants consécutif des bombardements turcs sur les positions du PKK dans le territoire du Kurdistan autonome d’Irak. Quatre combattants ont été blessés.

Il semble qu’un hélicoptère de l’armée turque a été abattu par les combattants kurdes.

Les bombardements de l’aviation turque provoquent la fuite de villageois vers le sud de la région.

Les frappes aériennes ont repris dans la nuit sur les base des HPG/PKK.

Protestations dans le Kurdistan d’Irak

Des manifestations se déroulent dans le Kurdistan d’Irak pour protester contre l’agression de l’armée turque. Dans toutes les villes, des milliers de personnes se sont rassemblées pour exprimer colère et solidarité. Une marche est partie de la ville de Ranya (à l’est d’Erbil et au nord de Souleimaniye) en direction de Qandil. Des centaines de voitures en provenance de toutes les régions du Kurdistan d’Irak ont convergé sur cette ville proche des monts Qandil et devaient se diriger vers le village de Enze situé dans les montagnes.

Cette marche a été appelée par les mouvements kurdes d’Irak proche du PKK comme le Mouvement de la société libre du Kurdistan (Tevgera Azadi), le Mouvement de la jeunesse patriotique du Kurdistan, le Mouvement des femmes libres du Kurdistan (RJAK) auxquels se sont joints des représentants et membres d’un certain nombre de partis politiques (Union patriotique du Kurdistan – UPK, le Parti de l’Union islamique du Kurdistan, le Parti socialiste et le Mouvement Goran (Changement).

Front militaire en Syrie.

YPG contre Daesh

Sarrin. Les forces kurdes ont pénétré dans la ville et, après des combats de rue dans la zone urbaine, sont sur le point de prendre entièrement la ville. Totalement encerclés par les forces conjointes YPG et leurs alliés arabes (‟Volcan de l’Euphrate”), pilonnés par des frappes de la coalition aérienne dirigée par les États-Unis, les djihadistes semblent totalement vaincu et se sont volatilisés, soit en ayant réussi à fuir, soit en se cachant.
En fin de soirée, les YPG annonçaient que la plus grande partie de la ville était libérée. La dernière grande place force de Daesh menaçant Kobanê et verrouillant la traversée de l’Euphrate est tombée

Tal Abyad. Suite aux attaques à la voiture piégée de la veille contre des checkpoints des YPG aux alentours de la ville, 7 djihadistes ont été abattus. Pas d’autre bilan.

L’armée turque attaque le régime syrien.

L’armée turque a reconnu avoir bombardé des positions de l’armée syrienne après avoir essuyé des tirs d’artillerie.

Pas de bombardement d’aviation contre Daesh.

Actions en Turquie

Les affrontements ont repris ce dimanche dans le quartier populaire de Gazi entre manifestants et forces de police. La police refuse pour le second jour consécutif de laisser se dérouler une cérémonie en hommage à Günay Özaslan, militante du parti DHKP/C, abattue par la police vendredi 24 juillet lors de la première rafle. Le corps de la militante est dans le centre de prière alévi du quartier et la police empêche qu’il en sorte.

Dans la soirée, on apprenait qu’un policier avait été tué dans ce quartier au cours des affrontements de la journée.
Le parti DHKP/C a revendiqué le mitraillage de plusieurs blindés de la police dans le quartier de Gülsuyu à Istanbul.

Dans la région de Lice, la police mène littéralement la politique de la terre brûlée. Elle a mis le feu à un village et à une forêt. Et empêche les pompiers d’intervenir. 35 maisons du village de Arıklı ont été incendiées.

Région de Farquin (Amed/Diyarbakir) : 7 policiers blessés.

A Şırnak, dans l’extrême sud-est de la Turque, le bâtiment des forces de sécurité a été attaqué.

Dans d’autres villes du Nord-Kurdistan, des commissariats ont été attaqués.

Intervention armée de la Turquie

Un jeune garçon de 15 ans a été tué par des soldats turcs alors qu’il cherchait à traverser la frontière.

Le gouvernement turc a annoncé dans la soirée qu’il appelait à la convocation d’une réunion extraordinaire du conseil de l’OTAN mardi 28 juillet sur la base de l’article 4 qui stipule que « les parties se consulteront chaque fois que, de l’avis de l’une d’elles, l’intégrité territoriale, l’indépendance politique ou la sécurité de l’une des parties sera menacée. » La Turquie a choisi l’escalade mais veut être appuyée dans sa « guerre contre le terrorisme ».

La Turquie frappe les YPG en Syrie !

Dans la nuit, des bombardements d’artillerie turcs ont visé un village tenu par les forces kurdes des YPG/J et des bataillons arabes issus de l’ex-Armée Syrienne Libre du ‟Volcan de l’Euphrate” dans la région de Kobanê. Il s’agit du village de Zormikhar, situé près de la frontière, sur la rive orientale de l’Euphrate, en face de la place forte de Daesh de Jarabulus. Il y a plusieurs blessés. Dans un communiqué, les ‟Brigades internationales du Rojava” annoncent également qu’un véhicule a été visé à l’ouest de Gire Spî (Tal Abyad), c’est-à-dire à l’est de Kobanê.

Conséquence de la prise de Sarrin et d’une nouvelle défaite de Daesh, l’intervention de la Turquie sur la zone contrôlée par les YPG à quelques kilomètres de là montre encore plus clairement si nécessaire ce qu’est la politique du gouvernement d’Erdoğan et quel est son principal ennemi.

Source : OCL.et sous la cendre

[Valence] les matons se vengent, un prisonnier se révolte à nouveau

Depuis le mois de juillet l’acharnement des matons contre ceux qui osent bouger dans cette maison d’arrêt (insalubre et en dessus de sa capacité d’incarcération ( 80 p-170p)).Parfois une cellule pour trois personnes est utilisé.pour persécuter les prisonniers
Un jeune homme qui a osé se révolter contre cet enfermement est passé deux fois en procés en l’espace d’une semaine au tribunal correctionnel de valence sur plainte de la matonnerie.Ce n’est pas le seul révolté à l’intérieur , mais apparemment le futur centre pénitentiaire est utilisé comme chantage sur certain prisonnier, celui-ci fonctionne pour imposer la loi et l’ordre dans cette taule pourrie.
Dans le journal local du premier Aout sous le titre : » Deux mois de prison pour Sofian H.
Quelque informations transparessent à la lecture du compte rendu du procés.
Donc Sofian H. 20 ans était déjà au mitard suite des premièrs coups de poing sur le maton. A la relaxe lors de la première comparution la matonerie ont cherché vengeance contre ce jeune. Le placer dans le cachot pour plusieur jours ne leur suffisaient pas. Le samedi 25 juillet subit une agression islamophobe de la part des matons , il proteste . Résultat une condamnation de deux mois de prison. Il doit encore passé en procès à Grenoble car le procureur de valence a fait appel de la relaxe pour les coups de poing contre le maton. Le tribunal n’a pas perçu le délit d’islamophobie coupable les matonn-e-s. Ce n’est pas étonnant de la part de la justice.
Pas de justice, Pas de paix

Tiens bon Sofian H.

Athènes : attaque incendiaire d’un concessionnaire Porsche dans une banlieue huppée

Un groupe anarchiste a revendiqué l’attaque incendiaire d’un concessionnaire automobile ‘Porsche’

Un groupe anarchiste a revendiqué l’attaque incendiaire d’un concessionnaire automobile ‘Porsche’ situé à Glyfada, banlieue huppée d’Athènes. L’incendie, qui a causé de gros dégâts tant sur les véhicules que sur le bâtiment, s’est déroulé dans la nuit du 26 au 27 juillet 2015. Il a fallu une vingtaine de pompiers pour éteindre l’incendie. Voici quelques extraits du communiqué publié sur indymedia athènes :

“Dans la matinée de lundi 27 juillet, nous avons choisi d’attaquer le concessionnaire de voitures de luxe ‘Porsche’ de l’avenue Vouliagmeni dans la zone de Glyfada. Nous avons mis le feu à tous les véhicules garés dans la cour extérieure du concessionnaire et, à notre grande joie, des dommages importants ont été causés à l’intérieur du bâtiment grâce à l’explosion des réservoirs des voitures.

Glyfada est une zone éminemment bourgeoise, une zone stérile où la surveillance de la bourgeoisie privilégiée est synonyme de sécurité. Une zone résidentielle qui offre une “haute qualité de vie” où les bâtards qui nous exploitent étalent leur richesse, qui est bien sûr notre propre sang en tous points.

Nous devons clarifier que le choix de la cible n’était pas focalisé sur le fait que c’est une entreprise d’intérêt allemand. C’était en raison du luxe et de la “spécificité” de l’emplacement présent. C’est un symbole principal – un totem affichant la richesse et la prospérité dont jouissent les bourgeois. […]”

[Reformulé et traduit de l’anglais d’Insurrection news par Le chat noir émeutier, 2015/07/31]

source : Brèves du Désordre