Archives mensuelles : juin 2015

Brest (Bretagne) : de la suite dans la colère

Brest : Jugé pour des dégradations, le prévenu fracasse la porte du tribunal

20Minutes, 03.06.2015 à 11:57

La porte du box des accusés du tribunal de Brest s’en souviendra. Lundi, elle a été fracassée par le prévenu, un détenu de la prison qui comparaissait… pour des dégradations, rapporte Ouest-France.

L’homme était jugé pour avoir dévasté la cellule dans laquelle il avait été placé en isolement, dégradant le lavabo, le mobilier, le radiateur et les carreaux. Au total, les dégâts seraient chiffrés à 4.000 euros selon Ouest-France. Lors de l’audience, il aurait voulu sortir fumer une cigarette, demande refusée par les policiers. L’homme aurait alors lancé un grand coup de pied dans la porte, fracassant le verrou.

Il est condamné à une peine de cinq mois de prison supplémentaires et devra rembourser les dégâts.

source brèves du désordre

valence: publicité mensongère :Elle envoie du parfum et… de la javel par-dessus le mur de la prison

Des armes, notamment des lames en céramique qui ne sonnent pas sous les portiques de sécurité, de la résine de cannabis, des téléphones portables et même de la viande… « La maison d’arrêt de Valence est devenue une véritable épicerie ! » nous confiait en colère, ces dernières semaines, Sylvain Royère, secrétaire régional du syndicat Ufap-Unsa justice.

Samedi soir, peu avant minuit, surprise par les caméras de vidéoprotection de la Ville en train de jeter des objets par-dessus un mur de la prison, c’est une jeune Drômoise âgée de 37 ans qui a été, dans la foulée, interpellée par les policiers valentinois. Ses “paquets projetés” s’avéraient contenir un flacon de parfum et, plus atypique, de la javel.

Remise en liberté à l’issue de sa garde à vue, la trentenaire fait l’objet, le 1er novembre, d’une convocation par officier de police judiciaire (COPJ) devant le tribunal correctionnel de Valence.

 

version du dauphiné libéré

Bruxelles : les chèvres de Haren

Il y a quelques semaines, suite à plusieurs attaques anonymes contre des responsables du projet de maxi-prison que l’Etat belge espère construire à Bruxelles, un blog internet de Haren, où se trouve précisément le terrain choisi, a dénoncé « des éléments incontrôlables [qui] viennent entacher la crédibilité » de la lutte. Le 3 juin dernier, n’hésitant pas à franchir un pas supplémentaire dans sa courageuse croisade pour la paix des cimetières, le même blog tenu par un cadavre local s’est empressé de se distancier de l’action incontrôlée… des chèvres de son village.
Ce jour-là, et de bon matin, les caprins rebelles ont en effet quitté leur enclos situé sur le site occupé de la future (ou pas) maxi-prison, pour aller explorer de nouveaux chemins, peut-être en quête d’espaces moins verrouillés. Chemin faisant, les caprins ont même fini par perturber pendant plusieurs heures le trafic ferroviaire de la ligne Vilvorde-Haren. L’histoire ne dit pas si l’herbe y était vraiment plus verte qu’ailleurs, mais montre en tout cas que ce n’est qu’en sortant des sentiers battus que peuvent naître des horizons riches en inconnus prometteurs.

Il y a quelques années, on voyait souvent fleurir sur les murs de Paris en grosses lettres dégoulinantes les mots « Citoyen=Flic ». Un constat qui semble plus que jamais d’actualité, dans la capitale des Charlie comme dans celle des eurocrates. Cette banalité de base, bien qu’amère, n’est pourtant pas la seule chose que ce fait divers tragi-comique peut nous inspirer. Au-delà des anathèmes ou des rires de circonstance, la balade impromptue des chèvres de Haren n’est-elle pas aussi révélatrice d’un autre aspect de l’existant, un aspect que chacun pourrait alors cueillir comme une suggestion pratique ?
Par exemple le fait que les réseaux et les flux qui alimentent en marchandises (et en données) les villes-prisons se trouvent tout autour de notre petit enclos quotidien, parfois juste sous nos yeux, ou à deux pas de là où notre regard n’a que trop l’habitude de se poser. Par exemple le fait qu’ils sont fragiles, à la merci de quelques chèvres en goguette qui peuvent de manière inattendue les ralentir, les perturber ou les bloquer. Par exemple le fait que le sabotage de la circulation quotidienne des artères et des veines de la domination n’est pas une affaire de spécialistes… mais bien le fruit d’un peu de fantaisie et de détermination.

Mais soyons réalistes, les chèvres de Haren ne sont que des chèvres, des vagabondes en mal d’aventures. Et n’allez certainement pas imaginer qu’un coeur révolté, par exemple contre un projet carcéral du pouvoir, ici comme ailleurs, de bon matin comme à la nuit tombée, seul ou avec des complices, puisse tirer quoi que soit du mauvais exemple que des bêtes à cornes ont offert à la vue de tous, et bien malgré elles ! D’ailleurs, ce n’est pas du tout pour cela que certains endormis ont si promptement réagi contre cette idée saugrenue. Ce n’est pas parce que le fait de s’en prendre à une infrastructure du capital et de l’Etat quand on veut s’opposer à la construction de la plus grande prison du pays présente un risque de contagion trop élevé, en tout cas chez les insoumis de la pacification sociale. A moins que…

Un irresponsable,
5 juin 2015

Boucs émissaires

Le blog de Haren, 3 juin 2015

Les trains de la ligne 26 ont été retardés ce mercredi matin entre Vilvorde et Haren. En cause, la présence de chèvres à proximité des voies.

Si certains médias ont parlé d’une action de protestation contre la méga prison, en réalité il n’en est rien ! C’est juste le fait d’un inconscient irresponsable qui a laissé sortir les caprins de leur enclos !

Les biquettes ont naturellement gravi le talus de chemin de fer et côtoyé les voies, provoquant le ralentissement des trains pour des raisons de sécurité.

Des chèvres perturbent la circulation des trains à Haren

7/7, 3/06/15 – 12h20

Le trafic ferroviaire a été perturbé mercredi matin sur la ligne 26 entre Vilvorde et Meiser à cause de moutons ou de chèvres sur les voies à hauteur de Haren, les animaux appartenant aux militants de la zone à défendre (ZAD) du Keelbeek, opposés à la nouvelle prison.

« Nos conducteurs doivent rouler extrêmement lentement à hauteur du lieu où les animaux ont été signalés », a indiqué un porte-parole de la SNCB à brusselnieuws.

Des activistes ont inauguré en décembre une ZAD -visible depuis les trains en passage- afin de protester contre le projet de prison prévu à Haren, section de la ville de Bruxelles.

[Repris de Brèves du Désordre.]

texte:Consternations

Collectif ‘Mauvaise Troupe’, Constellations. Trajectoires révolutionnaires du jeune 21ème siècle, Edition de l’Eclat (Paris), mai 2014, 704 pages.

Il semblera peut-être étrange à certains de pouvoir critiquer près de 700 pages grand format en seulement quelques lignes. Et pourtant, malgré la consternation procurée par des récits qui, les uns après les autres, finissent plus par accumuler un sentiment de conciliation avec l’existant que de rage, nul besoin d’abattre quelques arbres supplémentaires pour tirer deux-trois enseignements de ces “trajectoires révolutionnaires”.

Un mois avant la parution de ce livre, on pouvait lire sur des sites du mouvement que la mairie de Dijon (du pas encore ministre socialiste du Travail) avait voté dans son budget l’allocation d’une somme de 1,6 millions d’euros pour réhabiliter un bâtiment qui sera offert en gestion à un collectif d’anciens squatters. Passer en quinze années d’une occupation illégale d’un lieu à sa légalisation par contrat, avant de finalement déménager dans l’espace culturel ripoliné des ambitions municipales, voilà un exemple assez banal de collaboration avec le pouvoir et de l’absorption qui s’en suit. Mais pour nos saltimbanques du verbiage, il ne s’agirait surtout pas de confondre cette intégration politique avec leur “pari tactique” lié au fait que le mouvement aurait “besoin de “vitrines””. Grâce à cet ouvrage, on pourra donc hisser fièrement le drapeau du réalisme politique en guise de parcours radical, face aux tenant d’un “inatteignable idéal de pureté” qui ont encore à coeur de lutter contre l’Etat et de briser toutes les vitrines, face à ces partisans “d’objectifs maximalistes” qui ne font que produire “un certain sentiment d’impuissance”. Grâce à cet ouvrage, on pourra aussi découvrir comment la novlangue de ce début de 21ème siècle transforme une négociation entre bureaucrates des deux côtés de la barricade en création de “rapports de force” qui permettent de se maintenir du “côté tranchant”. Grâce à cet ouvrage, on apprendra que pour tenter d’éviter les insultes comme “bouffer à tous les râteliers”, mieux vaut oeuvrer à la “constitution de réseaux… [avec des] avocats, artisans, journalistes, architectes, maraîchers, fils et filles de flics et de politiciens, militants associatifs et syndicalistes, mécanos et métallos, filous et gitans ou fonctionnaires complices”!

Certes, pour contrebalancer un peu l’égout de la politique qui traverse tout le livre, le “collectif d’écriture d’une douzaine de membres” a bien lancé quelques incursions en dehors d’îlots alternatifs (squats, jardins potagers ou autres cultivateurs/éleveurs ruraux) présentés comme des luttes subversives, en allant aussi s’aventurer un peu plus loin que son panel de militants post-gauchistes (composés de soutiens aux inculpés de Tarnac, de CQFD ou de Luther Blisset/Wu Ming). Mais là encore, leur constat est sans appel: l’issue à la question révolutionnaire ne réside pas dans la rupture préalable avec l’existant – ses institutions, ses hommes et ses mécanismes -, mais dans la construction quantitative d’un contre-pouvoir qui dialogue avec une domination qu’il prétend combattre (le collectif Mauvaise Troupe n’a pas résisté deux mois avant de rédiger un article pour Le Monde, hors-série Génération Rebelle, juillet 2014). Ainsi, même le texte d’un groupe de “casseurs” (“Le marteau sans maître”) finit par nous expliquer qu’après “la fièvre nihiliste” vient le temps où il faut savoir “ménager des moments de compromis” avec les citoyennistes et les démocrates, “enlever la cagoule pour composer avec d’autres”. cesser “la recherche du point d’affrontement le plus haut”. Un autre texte, celui d’une fille qui cultive les “illégalismes jubilatoires” depuis le mouvement lycéen de 2005 (“Mots d’absence”), nous explique pour sa part que son auteure a “pour seule ligne de conduite une éthique fluctuant selon les nécessités”. Un peu comme un reflet de ce monde de bourges, en somme.

Ce pavé aux angles limés, dont le titre initial Vivre et lutter reflétait de façon moins grandiloquente des cheminements pratiques qu’on peinerait ici à qualifier de “trajectoires révolutionnaires”, est finalement assez symptomatique de l’évolution d’une frange du mouvement radical. Que cette dernière ait pris son élan lors des contre-sommets de l’altermondialisme ou au cours des émeutes du CPE, son printemps anti-autoritaire et “autonome vis-à-vis des pouvoirs institués” n’aura duré qu’une courte saison, avant de plonger dans les échappatoires offertes par le système capitaliste ou de revêtir prestement la veste rapiécée de la politique et de ses travers. Le tout, en maintenant bien sûr encore pour un temps un radicalisme imagé dont ce livre n’est qu’une distorsion, mélange confus de démocratisme radical, de mouvementisme pragmatique, d’intellectualisme universitaire (comme cette présentation du bouquin le 4 juin dernier par ses auteurs à Montpellier, “animée par Pascal Nicolas-Le-Strat, maître de conférence en sociologie”) et de références autoritaires quant aux moyens à employer. Car si le mélange écoeurant qui relie constamment toutes ces constellations est souvent “cacophonique” (et on vous épargne ici le chapitre sur la fête ou sur les “espaces de luttes ouverts à travers internet”), il vomit en revanche un choeur unanime de raisonnements à base d’alliances, de composition, de victoire, de tactique ou de force. Mais lorsqu’on choisit de suivre la voie ouverte par d’autres apprentis politiciens de ce “jeune 21ème siècle” en commercialisant à son tour ses idées chez un éditeur de gôche tout en prônant par ailleurs l’autonomie, et qui plus est chez un éditeur dont le titre suivant – dans la même collection d’ailleurs – est le recueil de cinq textes d’un féroce révolutionnaire parvenu au pouvoir comme on sait (Lénine, Mieux vaut moins mais mieux et autres textes de 1923), plus rien n’étonne…

En ce siècle comme aux précédents, il faudra beaucoup, beaucoup de troupes pour que soient satisfaites les ambitions consternantes de leurs auteurs. Mais il suffira de quelques individus insoumis pour qu’elles soient ruinées. A jamais.

Publié dans la revue ‘Subversions’ n°4 (octobre 2014), p. 36

[Affiche internationale] : Rompons les rangs !

Une affiche internationale vient de sortir en plusieurs langues. On peut les trouver sur http://breakranks.noblogs.org/, juin 2015]

Tous en rang. C’est ainsi qu’ils nous veulent, du premier au dernier souffle. En rang dans les salles de classe, aux caisses des supermarchés, au boulot ; en file sur la route, devant les guichets de la bureaucratie, aux urnes… jusqu’à en arriver à la dernière rangée, celle des tombes au cimetière. Toute une existence traînée ainsi – les muscles ne se contractent que pour s’agenouiller, les cœurs ne désirent que la marchandise – dans la sécurité d’une taule.

Car c’est bien à des taules que ressemblent nos villes, où tout espace est reprogrammé pour être surveillé, contrôlé, patrouillé. Les habitants sont comme des détenus escortés par l’exploitation capitaliste et menottés par les obligations sociales, toujours sous l’œil de la vidéosurveillance ; tous avec la même illusion de s’évader en consommant les sensations finement calculées qu’émettent les écrans omniprésents.

Cette société carcérale promet le bien-être, mais ne maintient que les massacres, comme le démontrent les rêves naufragés de ceux qui tentent d’y entrer et les corps bombardés de ceux qui se soulèvent à ses portes. Qui prend la liberté de ne pas mendier et de frayer sa propre route, aura à faire à une armée de politiciens, magistrats, gendarmes et journalistes.

Si à Bruxelles une nouvelle maxi-prison est en construction, à Athènes on impose un régime spécial aux prisonniers combattants ; si à Paris on pose la première pierre du nouveau Palais de Justice, à Zurich et à Munich d’autres monstrueux Centres de Justice et de Police sont au menu ; si les pouvoirs se mettent d’accord au-delà des frontières pour appliquer des stratégies contre-insurrectionnelles, les laboratoires de recherche et l’industrie sécuritaire passent à une vitesse supérieure pour fabriquer la paix sociale. Et partout, de l’Espagne en passant par l’Italie et la Grèce, la répression s’abat sur quiconque est entaché du crime le plus intolérable : en finir avec l’obéissance et inciter les autres à en faire autant.

Les grandes œuvres de la répression ne rencontrent pas qu’applaudissements, silences, ou lamentations. Parfois elles se heurtent à une hostilité résolue. C’est le cas par exemple pour la plus grande prison belge en voie de construction, projet dont l’histoire est déjà parsemée d’actions directes contre tous ceux qui y collaborent, des institutions publiques aux entreprises privées. De la peinture aux pierres, des marteaux aux flammes, des destructions aux sabotages, un univers d’attaque déchire tout code pénal, tout calcul politique, toute complaisance avec l’État. Si les défenseurs de l’ordre veulent l’étouffer, c’est que cette soif de liberté peut devenir contagieuse. Partout.

L’être humain n’est pas né pour rester en rang, la tête basse, en attente d’un permis de vivre. Relever la tête, armer le bras et défier le pouvoir – c’est là que commence la vie, en faisant sauter tous les rangs.

source: Brèves du désordre

Grèce : A propos de la mort d’un compagnon et de l’arrestation de deux autres à Volos.

Solidarité avec Grigoris Tsironis et Spiros Christodoulou, en memoire de Spiros Dravilas

Le 20 mai 2015 à Nea Aghialos, Volos, une opération de police aboutit à l’arrestation de Grigoris Tsironis (37 ans) et Spiros Christodoulou (44 ans), et à la mort de Spiros Dravilas (34 ans). Plusieurs coups de feu sont tirés pendant l’opération. Flics et médias parlent de suicide, et disent qu’ils ont « trouvés » le corps de Spiros sans vie. Mais lorsque l’on connait le parcours de ce compagnon, il est bien difficile de les croire.

Nous ne nous parerons donc d’aucun artifice, il s’agit d’une vengeance d’Etat contre un compagnon récemment accusé d’avoir perpétré l’assassinat du maton Makis Galimanis, abattu prés de la prison de haute sécurité de Domokos, en pleine lutte contre la réforme pénitentiaire d’Athanassios et ses prisons de type C. Contre un incorrigible expropriateur, récemment accusé d’un braquage à 400 000 euros avec Spiros Christodoulou. Contre celui qui avait été le pilote de l’hélicoptère avec lequel fut réalisée une belle humiliation de la pénitentiaire hellénique, l’évasion de la prison de Korydallos de 2006 aux cotés du spécialiste en la matière Vassilis Paleokostas, inculpé notamment dans l’affaire de l’enlèvement du patron des patrons Mylonas aux cotés de l’anarchiste Polykarpos Georgiadis.

Tsironis était lui en cavale depuis des années pour sa participation au groupe des dits « braqueurs en noir » avec l’anarchiste Giannis Dimitrakis et les frères Marios et Simos Seisidis (Simos avait été acquitté aussi bien pour cette histoire de « braqueurs en noir », que pour la tentative d’assassinat du flic qui lui a tiré dans la jambe lors de son arrestation en mai 2001, conduisant à l’amputation du compagnon). Après une attaque à la kalachnikov contre le commissariat d’Agia Paraskevi, les flics avaient mis une prime de 600 000 euros sur la tête de Grigoris.

Les trois étaient aussi recherchés pour une série de braquages ces derniers mois (à Farkadona et Trikala le 2 avril et à Ambelonas et Larissa le 30 avril). Ils sont présentés dans les médias comme proches des organisations révolutionnaires armées, et ayant participés à des braquages aux cotés de Nikos Maziotis, membre de l’organisation Lutte Révolutionnaire.

Voici donc les premiers mots de Grigoris Tsironis et un texte en souvenir de Dravilas et en solidarité avec les deux compagnons arrêtés.
Déclaration de Grigoris Tsironis depuis le quartier général de la police d’Athènes
(GADA)

Un cycle de 9 ans de liberté dans la clandestinité se referme peut-être de la pire des manières. Avec la mort de notre frère Spiros Dravilas. Je tiens à exprimer mes plus sincères condoléances et souhaite du courage à sa famille. Spiros, maintenant libre à jamais, vivra toujours dans mon cœur et mon esprit. Tout comme ceux qui continuent d’êtres chassés sur les sentiers inexplorés de la liberté. Restez forts, frères et sœurs…

Pour conclure, depuis l’intérieur de la cellule du 12ème étage du GADA (siège de la police d’Athènes), j’envoie mes salutations aux compagnons emprisonnés et je leur souhaite la liberté et de les rencontrer à nouveau.

PS : Je voudrais exprimer mes remerciements et ma gratitude à tous ceux qui pendant toutes ces années, sciemment ou non, m’ont aidé et m’ont donné des moments de joie, de bonheur et de camaraderie.
Solidarité avec les arrêtés Grigoris Tsironis et Spiros Christodoulou et en memoire active et insurgée de Spiros Dravilas

L’opération de police de Nea Aghialos le 20 mai 2015 a été couronnée comme un « succès ». Les cannibales télévisés se tiennent sur le cadavre de notre ami et crient : Grigoris Tsironis, Spiros Christodoulou et le défunt Spiros Dravilas sont d’impitoyables voleurs et des assassins assoiffés de sang.

Grigoris était et reste un compagnon. Depuis ses premières arrestations, à la suite de sa participation à l’occupation de Polytechnique en 1995 et aux luttes contre la restructuration de la place Exarchia en 1997, jusqu’à sa participation à des dizaines d’interventions dynamiques dans le mouvement anarchiste et sa présence active en tant que travailleur du syndicat des livreurs, Grigoris était toujours à nos côtés. Fugitif depuis janvier 2006 après l’expropriation de la Banque Nationale sur la rue Solonos, il a vécu dix années de bataille et de survie contre le capitalisme et ses mécanismes répressifs. Avec une prime sur sa tête depuis 2009 pour la même affaire et ciblé toutes ces années, il a réussi à maintenir son humanité et son engagement malgré les adversités et la chasse à l’homme mise en place contre lui par les escadrons modernes de persécution.

Spiros Christodoulou a été et demeure un prolétaire impénitent qui a sculpté et sculpte son propre chemin dans la dignité dans les plus défavorables des conditions : la prison et l’illégalité.

Tout comme Spiros Dravilas… Il y avait goûté dés l’âge de 21 ans lorsqu’il entra en contact pour la première fois avec la dure réalité de l’incarcération. depuis lors, avec de nombreuses années sur son dos en tant que prisonnier, évadé et fugitif, jusqu’à l’âge de 34 ans où il a rejeté consciemment la longue privation de sa liberté. Il a refusé, comme très peu le peuvent, de se voir continuer à marcher à travers ces couloirs misérables et les cellules des chiourmes correctionnelles. Laissant ses dernières années d’une jeunesse insoumise dans les galères modernes.

Nous ne pardonnons pas – nous n’oublions pas !

Solidarité avec les compagnons arrêtés Grigoris Tsironis et Spiros Christodoulou !

Feu aux prisons
!

Source : Base de données anarchistes.

Paris : Au milieu de l’indifférence générale

Tôt dans la matinée, un important contingent de flics a procédé à l’expulsion du camp entre Barbès

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Tôt dans la matinée, un important contingent de flics a procédé à l’expulsion du camp entre Barbès
et la Chapelle où 400 personnes survivent depuis plusieurs mois sous le métro aérien. Pendant que les« migrants » se faisaient embarquer sous la commande du trio travailleurs de la mairie-crs-représentants associatifs, quelques dizaines d’individus solidaires étaient rassemblés à proximité, gueulant des slogans et manifestant leur solidarité derrière une banderole sur laquelle on pouvait lire : L’épidémie c’est le capitalisme et ses guerres, ses flics et ses frontières. Solidarité aux migrants.

Ce « camp de migrant », ce « bidonville », ces « abris d’infortunes », nous n’avons pas l’indécence de défendre leur occupation, car personne ne désirerait vivre dans de telles conditions. Pas d’indignation, la larme au coin, dans nos propos. De la rage. Rage de voir la sale patte de l’autorité de l’État derrière des fonctionnaires envoyés pour trier ces individus selon une origine qu’ils n’ont pas choisi, comme on trie les bêtes dans un cheptel. Rage face à un monde ravagé par les guerres et l’exploitation des êtres et des choses au noms du profit. Rage face aux sbires en uniformes s’attelant à une expulsion qui signifie aussi, aujourd’hui ou plus tard, arrestations, enfermement en centre de rétention et expulsion, mais aussi contrôle diffus, humiliation, résignation,exclusion. Rage donc face à l’État qui s’attribue le droit de décerner des permis d’existences, et donc réprime, enferme, exclut, humilie, et à l’économie qui dicte nos vies selon ses impératifs. Tous chair à patron, gibiers à flics, bétail à frontières.

Il y a tout juste un mois, à 100 mètres de là ouvrait la nouvelle brasserie Barbès, cossue et branchée où une faune friquée peut s’envoyer une côte de bœuf à 30 euros sous l’œil bienveillant de ses protecteurs les policiers. Mis en perspective ces deux événements nous rappellent, mieux que le plus brillant des discours, une évidence claire comme l’eau du matin : le rôle de la police est d’assurer la soumission de tous aux lois du fric, à des lois faites pour perpétuer une économie basée sur l’exploitation et pour assurer à l’État sa mainmise sur le bétail humain réduit à la condition de marchandise.

Le train train quotidien, la banalité et la surexposition à la misère la plus visible ont-il si bien atrophié notre sensibilité que l’on en est tristement parvenus à composer avec ? Quelles valeurs a la vie si en guise d’entrailles il ne nous reste que des viscères ?
Les politiciens, ces infâmes réussiront-ils éternellement à voiler la pauvreté et la violence qui minent les rapports entre les êtres, propageant le cannibalisme social et l’indifférence générale au sort de chacun, quand en lieu et place de cela l’entraide et la solidarité entre les exploités et les révoltés pourraient envoyer valser tous ces salauds, exploiteurs et gouvernants, plein de sous et avides de pouvoir, et renverser l’ordre qu’ils maintiennent et qui leur confère du pouvoir sur nos vies ? Nos cœurs sont-ils si profondément avilis que nous pouvons nous contenter de reproduire cet existant délétère, sacrifiant l’essentiel de nos journées à se vendre pour quelques sous qui finiront dans les coffres des propriétaires et des marchands de tous types, abandonnant la possibilité de la révolte, seule capable de créer des horizons où y semer notre imagination, de donner vie à nos désirs de liberté et à nos élans les plus généreux ?

Il existe une épidémie plus nuisible à nos existences que l’épidémie imaginaire qui sert de prétexte à cette opération de police ; cette épidémie c’est la peur, cette épidémie c’est la résignation, cette épidémie c’est la guerre entre pauvre, cette épidémie c’est d’attendre indéfiniment que l’on nous accorde ce que l’on aura que par nous mêmes.

Allons, de l’audace, ni la liberté ni la dignité humaine ne s’accommodent d’un monde si délabré.
Et si l’heure est à l’apathie et à la contestation sauce « sauvons le moins que rien démocratique », un jour peut-être, un jour pas comme les autres, un jour sur les barricades…

Le cœur est humain dans la mesure où il se révolte.

Pour un monde sans États, ni patries, ni nations.
Feu aux frontières. Feu aux centres de rétentions.

[Repris d’Indy Nantes.]
[repris de nonfdes]

La gendarmerie demande à pouvoir brouiller les portables sur les manifs et les ZAD

La Gendarmerie veut brouiller les réseaux sociaux dans les ZAD et les manifs

Numerama, 01 Juin 2015

Le Général Devis Favier, Directeur général de la Gendarmerie nationale, souhaite que les forces de l’ordre puissent obtenir le brouillage des réseaux sociaux et le droit d’intercepter les SMS, lors de manifestations qui dégénèrent. « L’idée peut choquer », convient-il.

L’Assemblée nationale a publié le rapport réalisé par la commission d’enquête chargée de tirer les conséquences de la mort de Rémi Fraisse, tué par un tir de grenade de la gendarmerie sur la « Zone à Défendre » (ZAD) créée par des opposants au barrage de Sivens [1]. Les députés y ont examiné plus largement les modalités que devaient prendre le maintien de l’ordre face aux manifestations improvisées et au phénomène des ZAD, « dans un contexte de respect des libertés publiques et du droit de manifestation, ainsi que de protection des personnes et des biens« .

Présidée par le député écologiste Noël Mamère, la commission d’enquête a donc évoqué à travers ses nombreuses auditions la question de l’utilisation d’internet et en particulier des réseaux sociaux, pour appeler à manifester et s’organiser sur place face aux forces de l’ordre. C’est à cette occasion que le Général Devis Favier, Directeur général de la Gendarmerie nationale, a pu exprimer ses souhaits.

Tout d’abord, a-t-il fait remarquer, « nous ne sommes pas assez performants pour tout ce qui concerne les réseaux sociaux« . Sans entrer dans les détails, il estime qu’un « travail colossal reste à mener dans l’exploitation des métadonnées pour développer une analyse prédictive des situations d’ordre public« , c’est-à-dire pour être capable de savoir qui, où et avec quels soutiens s’organise une manifestation. « Il s’agirait d’examiner les situations avec la plus grande exactitude possible pour mieux dimensionner le nombre de forces engagées« , prévient-t-il.

Brouiller les réseaux sociaux, intercepter les SMS

A cet égard le projet de loi Renseignement pourrait lui apporter satisfaction, puisqu’il confie aux services de renseignement la possibilité de collecter des données pour prévenir les « violences collectives de nature à porter atteinte à la sécurité nationale« .

Par ailleurs, « nous devons, en cours d’opérations, aller plus loin dans l’exploitation des réseaux sociaux« , souhaite le Général. « À l’occasion de manifestations, on observe que, par le biais de Twitter, de textos, des consignes de déplacement de tel point à tel autre sont données et les forces de l’ordre en sont réduites à suivre plus qu’à anticiper. De ce fait, les réactions ne sont pas forcément élaborées tactiquement au point qu’il arrive que des unités se dispersent et perdent leur force opérationnelle – point de départ de situations susceptibles de dégénérer« .

« L’idée peut choquer mais il faudra examiner les conditions permettant, en situation dégradée, d’être plus contraignants sur les réseaux sociaux, d’examiner, sous le contrôle de l’autorité judiciaire et des autorités administratives, la question du brouillage et celle de l’interception de certains textos« , a-t-il plaidé.

Recruter des taupes

Jérôme Léonnet, chef du Service central du renseignement territorial (SCRT), a pour sa part expliqué que le SCRT utilisait « les logiciels dont se servent les entreprises [pour] identifier, par des mots-clés ou des scénarios, des mots d’ordre ou des réactions » sur les réseaux sociaux, et ainsi « glaner beaucoup d’informations sur les ZAD« .

« Quand certains militants, plus impliqués, sont soucieux de confidentialité, nous employons d’autres moyens, comme le recrutement de sources. Nous avons des contacts même dans le monde de la contestation violente. À cet égard, nous partageons notre compétence avec la DGSI, qui travaille sur la prévention du terrorisme« , a-t-il précisé, en niant toute utilisation de moyens d’interception des communications, réservés aux services de renseignement « du premier cercle« .

En 2010, le gouvernement avait voulu censurer les appels à manifester sur les réseaux sociaux, en souhaitant obliger les organisateurs à passer par la procédure légale de déclaration préalable. L’ancien ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux avait alors pris contact avec Facebook pour obtenir le blocage des pages d’appels aux manifestations spontanées. Il s’agissait alors de réagir au phénomène aujourd’hui passé de mode des apéros Facebook, qui ont parfois connu des drames.

Le rapport de la commission d’enquête ne retient toutefois pas la proposition formulée par certains députés UMP, qui souhaitaient modifier la loi pour créer une présomption d’organisation de la manifestation à l’encontre de la personne qui lance en premier l’appel ou multiplie les SMS d’appel à s’unir dans un même lieu. « Avec les évolutions techniques et le rôle des réseaux sociaux, il est parfois très délicat de déterminer qui est l’organisateur de la manifestation. Sur ce sujet, plusieurs poursuites ont abouti à des décisions de relaxe du tribunal correctionnel de Paris, ce qui est le meilleur signe de la difficulté« , avait constaté le procureur de Paris, François Molins, en soutenant la proposition, finalement écartée.

Notes :

[1Dans ce rapport n°2794 du 21 mai 2015 (480 pages) de la commission d’enquête de l’Assemblée Nationale composée de députés de tous bords, on trouve des crapules variées qui ont été auditionnées : préfets de police, ministre de l’Intérieur, généraux, directeurs de la gendarmerie et de la police, directeur national des CRS, 5 commandants de CRS intervenus à Notre-dame-des-Landes (Mohammed BELGACIMI, Christian GOMEZ, Roland GUILLOU, Éric LE MABEC, René-Jacques LE MOËL), 5 commandants de gendarmerie intervenus à Notre-dame-des-Landes (Mélisande DURIER, Stéphane FAUVELET, Emmanuel GERBER, Bernard HERCHY, Aymeric LENOBLE), des syndicats de flics, des élus du Tarn, un procureur.
Et à côté de ce beau monde policé, on retrouve aussi qui ? Qui s’est prêté à cette horreur, qui a cautionné ces conclusions par sa présence, qui a cautionné cette commission de députés en s’y rendant volontairement pour être auditionné après avoir prêté serment en levant la main droite et jurant de « dire la vérité, rien que la vérité, toute la vérité » (si, si) ? Qui a été adoubé collabo officiel par l’Assemblée Nationale ? Deux noms au hasard : Ben LEFETEY, porte-parole du Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet (29 janvier 2015) & Joachim GATTI, représentant (avec d’autres) de l’Assemblée des blessés, des familles et des collectifs contre les violences policières (19 mars 2015)

information copié des Brèves du désordre

 

Gorleben (Allemagne) : Emeute contre le nucléaire et son monde

AntiNuke1Vendredi 22 et samedi 23 mai 2015, des organisations anti-nucléaires et partis de gauche ont réuni près de 2000 personnes à “un festival culturel de résistance ” contre le transport des déchets nucléaires.

Mais cette mobilisation pacifiste devant le désastre de ce monde nucléarisé n’a heureusement pas été de tout repos pour les larbins armés de l’Etat et les organisateurs de ce festival citoyen.

Près de 300 manifestant-es cagoulé-es se sont affronté-e-s à la nuit tombée avec les flics à l’aide de feux d’artifice. Un bleu a été blessé à un oeil par un lancé de bombe de peinture. Des équipements techniques et installations ferroviaires ont été incendiés. Les émeutiers ont sérieusement endommagé une clôture de 150 mètres de long, détruit des véhicules de police…

Sans surprise, les organisateurs de l’évènement n’ont pas tardé à se dissocier clairement des opposants qui ont opté pour l’attaque contre les infrastructures de l’énergie atomique et de ses défenseurs. Cela juste après que le ministre de l’intérieur de Basse-Saxe Boris Pistorius (SPD) ait condamné les violences en déclarant – sans blague – que “cela a été une pure haine de la police et un vandalisme aveugle sans tenir compte des dégâts“.

Reformulé de la presse allemande, 24 mai 2015