Archives de catégorie : General

Gap, France: Jeudi 28 Février Restitution de dix jours de rencontres à la frontiere du pays basque

Au CESAI  centre social autogéré

19hSalle des luttes

Discussion restitution autour de la rencontre de collectifs luttant
contre la frontière au pays basque et dans nos vallées.

Début février, nous etions une bonne quizainne à répondre à
l’invitation de plusieurs collectifs des pays basques (nord et sud soit
français et espagnol). L’idée étaient de présenter la situation à
la frontière avec l’italie, d’échanger sur nos pratiques, sur
l’accueil des personnes concernées, sur les différents acteurs locaux
institutionnels ou non etc …

Suite à ces rencontres nous avions envie de proposer une restitution de
notre séjour mais aussi de s’en servir comme outils pour discuter de différentes
thématiques .

Ce jeudi sera donc notre première tentative !
On vous attend dès 19h autour d’une repas tiré du sac !

Besançon : C’est mal parti pour l’écoquartier

Les sapeurs-pompiers de Besançon ont été appelés peu avant 3h du matin dans la nuit du dimanche 24 au lundi 25 février 2019 pour l’incendie de la maison du projet d’écoquartier des Vaites. La piste criminelle fait peu de doute. Le maire de Besançon et le préfet du Doubs étaient sur place en fin de matinée pour constater les dégâts. Jean-Louis Fousseret a annoncé qu’il s’engageait à reconstruite très vite une nouvelle maison du projet.

Selon les premiers éléments d’enquête, le feu se serait déclaré après une intrusion ne laissant que peu de place au doute quant à l’origine criminelle de l’incendie des trois containers maritimes « de dernier voyage » installés en avril 2018 pour abriter la maison du projet de découverte de cet écoquartier qui doit, à terme, recouvrir une offre de 1.150 logements en accession et à la location au sein de petits collectifs, d’habitat intermédiaire et d’habitat individuel dense. Une alternative selon la Ville de Besançon à l’habitat existant de la rue de Belfort et de Palente qui souhaite donner la possibilité d’habiter en ville et aux portes du centre-ville à un budget accessible.
Inauguré le 17 avril dernier et ouvert depuis le mois de mai 2018, ce centre d’informations mobile de 70 m2 abritait notamment une maquette de l’écoquartier et se voulait être un lieu de dialogue et de rencontre. Après l’annonce de l’incendie, le préfet du Doubs, Joël Mathurin et Jean-Louis Fousseret ont décidé de se rendre sur place afin de se rendre compte de l’étendue des dégâts. Le maire de Besançon s’est dit atterré et a condamné fermement ces actes. « À travers cet incendie, c’est le dialogue que l’on veut museler. En effet, cette maison permettait à chacun de venir prendre connaissance du projet et de se faire son opinion. C’est un lieu de travail, de rencontre pour les riverains, mais aussi pour les entreprises présentes sur le chantier… » […]

news lu sur Attaque..noblogs.org

Valence, France: le 27/02 au laboratoire anarchiste: continuation des courriers aux prisonniers et préparation de la soirée de présentation de Nunatak N°3, N°4

https://valleesenlutte.noblogs.org/files/2019/02/couvertureNunatak4-209x300.jpg

Au fait on a reçu le N° 4 de la revue Nunatak, pour préparer la présentation de la revue N°3et N°4 et aussi nunataken italien on se retrouve le 27 février  au laboratoire entre 17h30 et 20h, on trouvera un endroit tranquille pour discuter  pour l’annonce de la soirée de présentation de la revue, comme « Gargamel » a interdit l’affichage  sauvage( collage , et même le  scotchage) sous peine d’amende conséquente

SOMMAIRE :
Belle époque et xénophobie

/Brigante se more/

Chasse, pêche, nature et réintroduction/

Pour une poignée de riz

/Choucas des tours

/Le bruit du fleuve Congo

n’ empêche pas les poissons de dormir/

Un compteur intelligent n’est pas le contraire d’ un compteur idiot


Edito :

Oscillant entre le constat que les régions de montagne sont parfaitement intégrées au système capitaliste, et notre attachement à ces espaces comme porteurs de possibles, le premier édito de Nunatak définissait notre analyse comme « paradoxale ».

Depuis ce premier numéro, de nouvelles personnes ont rejoint le collectif au gré de rencontres, de rendez-vous d’ ’ élaboration de la revue, de présentations publiques. En écrivant, relisant et discutant les articles prochainement publiés, nous revenons de manière régulière à cette ambivalence et aux questions qui en découlent. Comment donner à voir en quoi les montagnes nourrissent nos imaginaires, sans verser dans un discours idéalisé – romantique – de la montagne ? Comment raconter ce qui nous y anime sans surinvestir la montagne comme lieu de résistance ou de liberté ? Sans l’ ériger comme refuge psychologique, partie du monde préservée, où les formes de vie y batailleraient plus ardemment qu’ ailleurs contre les forces obscures du capitalisme depuis leurs pitons rocheux imprenables ?

Si les temps actuels sont politiquement un peu difficiles à avaler, il n’ en reste pas moins évident pour nous que le romantisme politique n’ a jamais semblé constituer le moindre début de solution. Et le cortège l’ accompagnant communément – passéisme, héroïsation, valorisation de vies paysannes rudes et supposément saines, nostalgie d’ un éden pré-capitaliste… – ne paraît pas plus désirable.
Pourtant, des objets d’ articles prêtant le flan à l’ exaltation, qu’ il s’ agisse de la garde de troupeaux ou de hors-la-loi montagnards, il y en a eu quelques-uns. Tous ont amené à des débats au sein de la revue.

Prenons le pastoralisme, par exemple. Comment traiter avec justesse de la condition de berger ou bergère ? Nous sommes plusieurs, voire nombreux·ses, dans et hors de cette revue, à s’ être retrouvé·e seul·e avec mille trois cent brebis et cinq chiens, dans la lumière d’ automne sur les crêtes brumeuses ébouriffées d’ églantiers. Nous avons fondu devant cet espace, cette liberté, ces moutons soyeux et ces systèmes pastoraux cohérents, heureux de la distance que garde encore en partie le métier avec l’ industrialisation de l’ agriculture et ses déclinaisons normatives. Bien sûr que nous souhaitons le partager au travers d’ articles. Et nous avons pourtant été les mêmes à qui une nuit complète et six packs de bières n’ ont pas suffi à raconter l’ ensemble des emmerdes que la garde nous a causé. Salaires de misère, patrons lubriques et misogynes, cabane pourrie ou absence d’ organisation collective – si ce n’ est avec le chien. Alors, comment raconter ce qui nous fait rêver, nous anime ou nous porte dans ce métier sans mettre sous le tapis les coups de pieds aux droits sociaux communs, la marchandisation de l’ imagerie pastorale et le fait que nous n’ y sommes pas à l’ abri des normes, juste quelques mètres devant, et qu’ elles courent vite ?

Quand il s’ agit de figures historiques, cette tension est aussi présente. Qu’ ils soient brigands ou déserteurs, Demoiselles ou maquisards, nous ne désirons pas entretenir des mythes absolus et décontextualisés, créer des imageries de révolté·es montagnard·es aux cœurs purs. Pour autant, au-delà du fantasme, ces personnages et leurs réalités vécues nous intriguent, parce qu’ oublié·es par l’ histoire des vainqueurs, ou en rupture avec celle-ci. Ils nourrissent nos imaginaires, alors comment aborder leurs histoires sans idéaliser l’ illégalisme, qui n’ est pas toujours motivé par un autre mobile que celui de la survie ?

Ce ne sont que deux exemples parmi d’ autres, et ces discussions nous ont amené à un constat : nous n’ avons pas de réponse unique et commune à apporter pour sortir de ce paradoxe permanent.
Si ce questionnement autour de l’ idéalisation de la montagne et de ses singularités nous traverse tous et toutes unanimement, Nunatak rassemble des personnes aux parcours variés, avec leurs rapports spécifiques à la montagne, à l’ écrit et aux savoirs. Habitées de manières différentes par les rebelles, les marginaux, les petites bêtes duveteuses, les loups ou les chasseurs. Certain·es ne s’ interdisent pas une idéalisation cultivée, d’ autres ne s’ y sentent pas plus imperméables que le commun des mortels, d’ autres encore se souhaitent foncièrement matérialistes.
Cette multiplicité de rapports aux thématiques abordées dans Nunatak – qu’ il s’ agisse d’ une figure d’ une époque lointaine du nord du Piémont ou des vertus d’ une plante du Mercantour – a construit cette revue. Nous tentons, et tenterons, de donner à voir cette multiplicité, parce qu’ elle nous paraît plus nourrissante que la modélisation d’ une supposée ligne commune sur l’ imaginaire montagnard. Ainsi, la contrebande fut abordée d’ une certaine manière dans Bétail, sel et fusils (numéro 2), elle le sera différemment dans Pour une poignée de riz au sein du présent numéro.

Nous ne sommes pas des spécialistes des sujets abordés et sommes évidemment traversé·es de subjectivité. Mais au-delà de la part d’ idéalisation dont sont empreints à des degrés divers les écrits publiés, ce qui nous intéresse est ce qu’ ils nous donnent à voir, à débattre ou à questionner. Sans prétendre faire de Nunatak une revue scientifique ou rationaliste, il nous tient à cœur collectivement d’ interroger les réalités matérielles et économiques des sujets abordés dans la revue. Les plantes médicinales des montagnes ne nous font pas oublier la destruction du système de santé – notamment dans les zones reculées – tout comme quelques ares de légumes auto-produits ne suffisent pas à en finir avec l’ agro-industrie.

Les montagnes et ce qu’ elles abritent peuvent prêter à rêver, à s’ organiser, à rire ou à lutter. Nous ne voulons pas choisir entre tout ça, mais partager des récits, des expériences qui nous renforcent, en se défiant du folklore. Nous sommes en équilibre, sur une ligne de crête.
Ce qui est finalement assez normal vu la gueule des terrains arpentés.

 

Publication : C’était nous, mais ce n’Était pas nous*

C’était nous.

C’était nous parce que nous voulons nous réjouir lorsque la Poste, qui fait partie de la machine à expulser, est ardemment sabotée.

C’était nous parce que nous voulons éprouver un bonheur incommensurable lorsque des prisonniers mettent le feu à leur cage, quelles s’appellent CPR (CRA, ndt) ou prison.

C’était nous parce que nous voulons nous réjouir lorsque les locaux de la Lega sont attaqués comme à Ala et ailleurs, lorsqu’un ingénieur de la mort nucléaire est estropié et les structures de recherche militaire attaquées ou lorsque les locaux fascistes sautent comme à Florence, y compris la main et le œil de ceux qui les protègent. C’est pourquoi nous ne pouvons qu’éprouver de la complicité avec toutes les publications et les individus anarchistes qui veulent attaquer ce monde.

Ce nous, cependant, n’est rien d’autre qu’un archipel d’individualités subversives, une galaxie de rapports d’affinité qui se déroulent de manière informelle dans des relations intenses qui se tissent entre ceux qui se sentent poussés par une telle tension révolutionnaire. Il ne peut en effet exister nous collectif, comme ne peuvent exister d’associations subversives telles qu’ils les imaginent. N’en déplaise aux flics, juges et magistrats.

« Dans des appels téléphoniques, dans des conversations, nous avons également réussi à mettre en évidence une matrice idéologique très forte. Ils ont même parlé de révolution, de subvertir l’ordre établi », dit le procureur de Trente Raimondi. Et c’est justement ce que nous faisons, dans nos journaux, dans la rue, avec nos actions. On parle de révolution, de révolte, de subversion. Nous parlons de la violence nécessaire pour laisser la place à une façon d’exister différente et incompatible avec l’autorité et l’asservissement : comme l’a dit un vieux tavernier durant la révolution espagnole, la gaieté de la révolution se heurte au sérieux de la guerre comme un papillon contre un char d’assaut. Ainsi notre joie armée sait savourer la violence comme on sirote un bon vin, auquel on ne se retrouve pas dépendant pour pouvoir saisir de nouveau l’arôme de la liberté. D’autre part, en revanche, le désert des hiérarchies institutionnalise le massacre fondant son propre ordre sur le nécessaire monopole de la violence de l’État.

C’était nous, mais nous ne sommes pas l’État nous*. Un gouffre éthique nous sépare. Lorsque le président de la province de Trente Fugatti déclare que « la violence contre les personnes, les lieux et […] idées, doit toujours être repoussée et combattue avec fermeté », il ne fait que résumer ce que tentent de faire quotidiennement, chacun.e.s à sa façon, ceux qui s’opposent à ce monde : s’opposer fermement, avec la violence nécessaire, au pouvoir de l’État, du Capital et d’un système technologique de plus en plus envahissant.

«Le fait qu’il y ait des épisodes de violence répétés, le fait que l’on invite à l’exercice de la violence de manière publique et de manière clandestine, le fait que dans l’exécution de ces projets, des épisodes de violence se mettent en œuvre ne peut être retenu par quiconque comme une forme de dissidence ou l’affirmation d’idées sur la société, la vie, la politique, mais comme des faits graves qui doivent être combattus efficacement au niveau national», observe le procureur adjoint Romanelli. Cependant, tant que nous serons libres, et pour ce que nous réussirons à faire même dans les prisons d’État, nous continuerons à souffler en tant qu’individualités subversives sur le feu de l’insubordination: invitant à l’exercice de la violence, au développement de mille projectualités révolutionnaires, à l’action directe.

Pour la libération, toujours la tête haute! Tout.e.s hors des prisons!

 cracher dans la soupe a traduit  Frangenti (Italie) n°36, 22/02/2019

Frangenti, il numero 36 di solidarietà

Sète, France : La seule église qui illumine…

Comme bien souvent, les médias nous informent de certains actes d’hostilité contre ce monde d’autorité uniquement lorsque la maison poulaga obtient des résultats. C’est ce qui s’est passé il y a quelques jours à Sète, dans l’Hérault.

Vendredi 22 février, on apprenait par le Midi Libre que le portail de l’école Saint-Vincent à Sète avait été recouvert d’un tag : « La seule église qui illumine est celle qui brûle » (à Grenoble, ce slogan a trouvé quelques échos, il y a quelques semaines). C’est aussi précisément ce matin-là que plusieurs personnes habitant Montpellier (et que les flics relient à « un groupuscule d’extrême-gauche ») ont été placées en garde à vue. Les enquêteurs les soupçonnent d’être les auteurs de ces tags anti-chrétiens et d’autres sur plusieurs autres murs de la ville. Les inculpées ont été identifiées à cause des bandes de vidéo-surveillance de la ville (capuche-écharpe, la base^^).

Volontarisme Par Luigi Galleani (juin 1916)

 

 D’abord la volonté, puis la force, enfin la victoire »

Multatuli.

Ne vous laissez pas tromper par le titre. Mon article ne se veut pas une dissertation philosophique. Je mets en discussion un problème indubitablement ancien, auquel la guerre donne une nouvelle force et un nouveau goût d’actualité. Il s’agit de chercher à savoir si la volonté est un facteur révolutionnaire. Dans des termes plus explicites : s’il est vrai que les facteurs historiques sont rigoureusement liés, s’ils sont déterminés et dirigés par une loi naturelle de causalité mécanique, qui n’admet pas d’exceptions ; si dans le cours de l’histoire, le « saut » est possible ou non, si la volonté humaine peut ou ne peut pas, par un acte de violence audacieux, donner au développement historique de la société une orientation nouvelle, créer un nouvel ordre des choses, en renversant les rapports sociaux existants.

Il y en a qui conçoivent la lutte de classe comme un fait universel indépendant de notre volonté, qui pensent que la question sociale trouvera une solution quasi fatidique, indépendamment de la volonté humaine, précisément parce qu’elle est déterminée par les rapports économiques, à la base de la formation sociale, et produite par une évolution mécanique, lente, et donc pacifique.

C’est la tendance fataliste appliquée aux problèmes économiques, générée par l’interprétation matérialiste de l’histoire, qui tire son nom de Marx, pour l’unique raison que le penseur allemand en fut le vulgarisateur, le défenseur le plus tenace, au point de l’ériger au rang de dogme indiscutable et absolu.

À l’opposé de cette tendance se situe l’anarchisme, qu’à cet égard on pourrait définir comme la théorie de la volonté du pouvoir.

Expliquons-nous : à bien étudier le mouvement historique, on s’aperçoit immédiatement et clairement que ce dernier a toujours dépendu de facteurs économiques : certains inhérents aux conditions du lieu, au climat, au sol, c’est-à-dire des facteurs universels et éternels ; d’autres relatifs aux formes de production et de consommation, c’est-à-dire des facteurs contingents et passagers.

La déduction qu’en tire Marx, et avec lui les meilleurs interprètes de l’anarchie, est aussi indiscutablement vraie : c’est la vie qui domine la pensée, non pas la pensée qui domine la vie.

Mais il est également indéniable que les facultés intellectuelles et morales acquises par les hommes, réagissent et influencent à leur tour les conditions matérielles de la vie.

En vérité, il faut parler du facteur économique comme d’un des facteurs, et non comme le facteur de l’histoire.

De même pour la volonté.

Cependant, je suis d’avis que si les conditions économiques de la civilisation capitalisto-bourgeoise ont creusé la division de classe, elles en ont aussi exacerbé l’antagonisme, et ont donné le premier élan à la lutte ; dans la phase aujourd’hui déclenchée par la grande conflagration, mondiale plus qu’européenne, l’intervention consciente du prolétariat révolutionnaire est nécessaire et urgente : la volonté devient le facteur majeur pour pousser la lutte vers sa phase finale : la révolution.

Pour le dire en quelques mots : les conditions économiques ont déterminé le « fait », c’est-à-dire la division de classe ; la volonté doit maintenant nous guider et nous pousser au « à faire », c’est-à-dire à l’expropriation du capitalisme, à la ruine de l’État, à la révolution.

Mais je suis aussi persuadé que l’on ne peut pas parler de véritable lutte de classe si les ouvriers n’en ont pas « conscience », ou qu’elle n’est ni éveillée ni énergique, même si les conditions économiques sont partout à peu près identiques. Je suis convaincu que la lutte se transforme en collaboration si les masses, n’ayant pas une volonté propre, remettent leurs destinées dans les mains d’autrui en élisant des représentants et des tuteurs.

Et parfois la lutte peut carrément s’éteindre, jusqu’à la fusion des deux classes opposées, quand, comme dans le cas de la guerre européenne, les individus et les masses se retrouvent soudain à vivre dans une phase et un environnement psychologiques spéciaux, la première créée, le second déterminé, par la volonté forte et robuste d’une minorité décidée.

Car les minorités capitalistes comptent sur leur volonté et l’exercent, réagissant contre les circonstances extérieures qui menacent leur domination, leur existence.

La guerre, ils l’ont voulue, et non pas, comme on peut les entendre, subie presque comme une fatalité. Toutes les nations belligérantes l’ont voulue, pour renforcer leur empire, pour l’agrandir, pour en rallonger l’existence, l’éterniser si possible.

En Amérique, nous assistons à une renaissance des énergies et des facultés volitives des classes dirigeantes, qui, pour ne pas dégénérer et mourir, prennent de nouvelles positions, empoignent de nouvelles armes, et insufflent un nouveau sang et une vigueur nouvelle aux fils mous de l’aristocratie de l’argent, plongés dans la paresse mentale et la luxure, satisfaisant leur besoin inné de travail par des parties de golf.

Les fatalistes y pensent-ils ?

Oh, ces derniers attendent la manne du ciel. Que voulez-vous y faire, vous disent-ils, il est inutile de faire des efforts, il est inutile de vouloir, puisque le socialisme sera le même, il sera, c’est une fatalité, il viendra par la force des choses. Les choses ? Les choses ne se font pas toutes seules, l’homme ne doit pas être à leur service. Au contraire, c’est l’homme qui doit se servir des choses pour ses brillantes et audacieuses créations.

Ils disent : « Les anarchistes sont fous à lier. Ils veulent l’acte violent, la révolution qui force le cours naturel de l’histoire, qui crée le monde ex novo. Dans l’histoire comme dans la nature, ils veulent faire les « sauts  » impossibles ».

Ignorants : la nature inconsciente ne peut pas faire de sauts ; mais sachez que l’homme, avec sa volonté créatrice, a trouvé le moyen d’abréger la période de gestation des animaux et la période de germination des végétaux, à transformer à sa guise la forme et la couleur des fleurs comme le goût des fruits.

Pour finir, je voudrais prévenir une objection de la part de ceux qui comprennent de travers, parlent à tort et à travers, et qui, comme d’habitude, pourraient répéter :

Volontarisme ? Métaphysique des anarchistes…

Nous ne parlons pas de la volonté abstraite et métaphysique, celle de Schopenhauer ou de Nietzsche ; mais de la volonté active et créatrice des individus et de la grande masse : des premiers plus que de la dernière. Volonté qui doit être, en même temps, puissance et action.

Free-lancer [Luigi Galleani].
In Cronaca Sovversiva, année XIV, n. 25, 17 juin 1916.
Repris de la brochure Le problème de la liberté, Gigi Damiani, Anar’chronique éditions, janvier 2019.

non fides

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Acte XV des « Gilets Jaunes », France : La terreur d’Etat et les paciflics n’arrêtent pas la rébellion – 23 février 2019 [Mis-à-jour]

[Un nouvel aperçu général (mais non exhaustif) des émeutes et affrontements à l’occasion de ce quinzième samedi de désordres. Si la situation est restée calme dans la capitale, les cortèges à Rennes, Clermont-Ferrand ou encore Montpellier ont été ponctués d’attaques contre le capital, l’Etat et ses gardiens. A Lyon, une manif sauvage a traversé le quartier de la Part-Dieu dans la soirée, laissant une petite surprise à la Police aux Frontières].

A Rennes (Ille-et-Vilaine), c’était manif régionale pour ce quinzième acte. Plus de 2000 personnes ont pris les rues du centre-ville. « une petite heure de manifestation, trois longues heures d’affrontements », a titré Ouest-France. Les journaflics de Ouest Torchon iront de leur petit commentaire fortement inspiré de leurs potes de la préfecture : « Moins de gilets jaunes, plus de foulards noirs. L’âge s’est considérablement réduit aussi. Aux quinquagénaires et quadragénaires se joignent cette fois plus de jeunes d’une vingtaine d’années. Pendant plus de trois heures, ils joueront au jeu du chat et de la souris avec les gendarmes mobiles et policiers ». Onze personnes munies de couteaux, de clous ou autres armes par destination ont été interpellées avant même le début de la manif en début d’après-midi.

« Place de la République, boulevard la Liberté, dans les rues du Maréchal-Joffre et de Nemours, le ton monte plusieurs fois. Les forces de l’ordre chargent à plusieurs reprises, pour repousser ou disperser les manifestants, usant de gaz lacrymogènes plutôt que de la force. Des rues sont partiellement dépavées, des poubelles flambent, des vitrines sont cassées, d’autres taguées…

Une agence immobilière Foncia a notamment fait les frais des enragé-e-s : plusieurs vitres ont été brisées. « Deux banques de la rue d’Isly, la BNP et le Crédit agricole, ont été saccagées. Le siège d’Yves Rocher [qui exploite entre autres les prisonniers pour fabriquer leurs produits cosmétiques], a eu de nombreuses vitres cassées. L’Hôtel de Police a lui aussi perdu une vitre, tandis que l’hôtel de luxe Balthazar et le siège du journal « Ouest France » ont eu leurs façades taguées. Mais plus que ces dégradations, c’est surtout le nombre de feux qui a été notable dans cette manifestation. La passerelle qui enjambe la Vilaine à hauteur de l’église Saint-Germain a été incendiée. Un local technique du métro a également brûlé place Charles-de-Gaulle (cf photos ci-dessous). Ce samedi soir, la ville de Rennes est jonchée de tesson de bouteille, de restes de poubelles brûlées. Et il flotte toujours un épais nuage de lacrymogène. […] Au total, 26 personnes ont été interpellées dans la journée pour jets de projectiles ou outrages ». (le Télégramme, 23.02.2019).

« On aura votre peau », sur l’hôtel des bourges…


A Nantes (Loire-Atlantique), plus de 1000 personnes ont déambulé dans les rues du centre-ville, très vite repoussées par les flics à coups de lacrymo, ce qui a, une fois n’est pas coutume, fait fuir les consommateurs du samedi attablés en terrasse ou en train de vaquer à leurs occupations consuméristes. Sept personnes ont été interpellées : il s’agit de quatre majeurs pour « jets de projectiles » et deux mineurs pour « feux de poubelles ».

A Bordeaux (Gironde), quelques affrontements ont eu lieu. Cinq personnes ont été placées en garde à vue pour « jets de projectiles sur les forces de l’ordre, détention de matériel offensif, d’artifices et de munitions », a indiqué la préfecture.

A Toulouse (Haute-Garonne), plus de 10.000 personnes ont pris part à cet acte XV : beaucoup de tags (dont certains sur le Palais de Justice), des abribus défoncés (pour les rares d’entre eux encore debouts) et des affrontements en fin de journée. Au total, cinq personnes ont été interpellées et se trouvaient toujours en garde-à-vue dimanche 24.02 à la mi-journée.

Mais cette journée n’avait pas encore commencé que les flics ont déboulé chez plusieurs personnes suspectées d’être en possession d’un « véritable arsenal de guerre » en vue de l’acte 15. En tout, 8 personnes « qui appartiendraient à la mouvance d’extrême-gauche » ont été interpellées. C’est La Dépêche du Midi via sa journaflic Géraldine Jammet, qui déploie son arsenal de propagande policière dans l’article intitulé : « À Toulouse, un arsenal de guerre saisi à la veille de l’acte XV des Gilets jaunes », en date du 23 février 2019.

Dans ce torchon où les flics sont gracieusement félicités pour leur travail d’enquêtes (« les services de la sûreté départementale ont opéré un sacré coup de filet »), on y apprend que « des produits détonants censés alimenter des tubes de mortier ou autres cocktails Molotov destinés aux forces de l’ordre déployées pour ce quinzième samedi consécutif de mobilisation des Gilets jaunes. Des engins incendiaires qui ont quand même été utilisés, ce samedi 23 février, par certains manifestants violents mais dans une moindre mesure de ce qui était prévu par les extrémistes ».


A Montpellier (Hérault), les samedis d’émeutes se suivent et se ressemblent… « Entre 1500 personnes, selon la préfecture, et 4000 selon les manifestants, ont arpenté les rues de Montpellier, à partir de 14 heures place de la Comédie, puis direction l’Arc de Triomphe et la gare, avant d’aller jusqu’à la préfecture vers 15h30 [où les premiers affrontements ont éclaté] » (France 3 Occitanie, 23.02.2019)

Après les premières dispersions à coups de lacrymo, la situation est devenue sauvage et incontrôlable à divers endroits.

Un récit du Métropolitain (média réac), 23.02.2019 : Des manifestants « ont pris la direction des Beaux Arts, où ils ont également mis le feu à des poubelles, avant de saccager à coups de pierres et autres projectiles lourds la station du tramway du Corum, en brisant toutes les vitres des abris implantés dans les deux sens et les armoires des affichages publicitaires et en détruisant avec des masses le kiosque à journaux. […] Ces destructions volontaires ont eu lieu après qu’une compagnie de gendarmes mobiles qui stationnaient sur la route de Nîmes, non loin du Corum, ait été dépêchée dans le quartier des Arceaux, où d’autres groupes de casseurs incendiaient des containers, brisaient des vitrines et des distributeurs automatiques de billets, DAB. Sur la place de la Comédie, des casseurs ont vandalisé les vitres du restaurant de restauration rapide McDonald’s […] Les casseurs se sont ensuite déplacés vers le cours Gambetta, avant de gagner l’avenue Georges Clémenceau, où des poubelles ont été calcinées et des vitrines de commerces et de banques brisées. Ces incidents ont éclaté dans le secteur de la place Saint-Denis, alors qu’un embouteillage monstre s’était formé. Le trafic du tramway sur les quatre lignes et des bus a été très perturbé, souvent interrompu ».

Sept personnes ont été interpellées pour « jets de projectiles sur les forces de l’ordre » et pour « dégradations de biens publics et privés ». Quatre policiers ont été légèrement blessés.

A noter que le plan de la CCI de l’Hérault pour protéger les commerces de l’Ecusson n’a pas été reconduit (135 vigiles avaient été déployés devant les magasins pour l’acte 14). Certainement que la facture était un peu trop salée… (pour un coût de 20 000 euros, soit un « agent de sécurité » pour quatre à cinq commerces, de 12h30 à 19h30).

Une autre porte du MacDo fissurée

le kiosque à journaux….

Un distributeur de tickets de tram défoncé


A Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), les « Gilets jaunes » appelaient à une manifestation régionale (même si des rassemblements avaient aussi lieu au Puy-en-Velay et à Montluçon). Plusieurs milliers de personnes y ont pris part (2500 selon les flics et la presse, 5 à 6000 selon les organisateurs).

Comme les autorités le craignaient, des enragés ont été de la partie, n’entendant pas laisser le monopole de la déambulation aux pacifistes. Des banques, MacDo, magasins de fringues et de téléphonie (Orange, SFR), ainsi que des caméras de surveillance ont été attaqués, des magasins pillés. « Les premiers incidents ont débuté près du palais de justice de Clermont-Ferrand. Ils se sont ensuite concentrés autour de la place de Jaude, l’avenue des Etats-Unis, la rue du 11 Novembre, la rue des Gras et les rues avoisinantes. Les incidents se sont ensuite concentrés sur la place de Jaude. Des dégradations ont été commises contre de nombreux commerces, vitrines et caméras de surveillances cassées, début de pillage dans quelques magasins, y compris dans des commerces qui avaient installé une protection sur leur devanture. Le bilan pour le moment est de 18 interpellations et 15 personnes placées en garde à vue » (France Bleu Pays d’Auvergne, 23.02.2019). Par ailleurs, les pompiers venus éteindre les feux de la révolte se sont faits caillasser.


A Lyon (Rhône), « alors que la journée s’était déroulée dans le calme [1] », certains individus bien déterminés n’ont pas voulu en rester là et ont saisi l’occasion pour s’en prendre aux keufs spécialisés dans les rafles et les expulsions de sans-papiers…

En première partie de soirée, entre 19h30 et 21h, un cortège sauvage de 150 personnes a fait irruption dans le quartier de la Part-Dieu et semé la pagaille, en passant notamment devant les locaux de la police aux frontières, situés au 92 rue de la Part-Dieu. Un véhicule de police a été endommagé: carrosserie dégradée, pare-brises éclatés… Le cortège a ensuite pris la direction du centre commercial de La Part-Dieu, mais les vigiles lui ont coupé l’accès, ce qui ne s’est pas fait sans casse: « des vitres ont été brisées ». Une personne a été interpellée et placée en garde à vue. Aussi, toujours dans ce même quartier, deux containers poubelles ont été incendiés.

[1] Tout est relatif, comme on dit. Beaucoup de gaz vs jets de bouteilles/pavés durant l’après-midi; au moins deux agences bancaires (celle de la Banque Populaire et du Crédit Mutuel de l’avenue Jean-Jaurès) ont été attaquées, des poubelles incendiées devant le lycée « Recamier »; une dizaine de personnes ont été interpellées avant même le début de la manif pour « possession de masques à gaz, lunettes de piscine, ou tout autre objet pouvant être considéré comme une arme ». Au total, 24 interpellations ont eu lieu et onze personnes étaient toujours en garde à vue ce dimanche (Le Progrès, 24.02.2019).


A Dijon (Côte-d’Or), plus de 1500 personnes (selon dijoncter.info) ont défilé dans le centre-ville, envahissant la gare TGV comme les semaines précédentes, interrompant le trafic pendant une bonne vingtaine de minutes, avant d’en être expulsées par les cognes.

A Besançon (Doubs), plusieurs centaines de personnes ont emprunté la rue de Vesoul en vue d’aller bloquer la zone commerciale de Valentin (après celles de Chalezeule et de Chateaufarine les deux samedis précédents). Mais l’accès à la rocade était bouclé par des dizaines de gendarmes mobiles et de CRS, et le cortège a décidé d’esquiver la rocade et de prendre la direction de Temis. En longeant les grilles de la gendarmerie du Fort des Justices, des pavés ont volé en direction des bleus et de leurs véhicules. Les gendarmes ont riposté immédiatement à coups de lacrymos, et le cortège a continué sa route en bloquant les boulevards Blum/Kennedy (qui traversent la ville en longueur). Des tentatives d’aller à la prison de la Butte (où trois Gilets jaunes sont enfermés en ce moment) seront repoussées par les flics et les CRS. Ensuite, la manif est repartie vers le centre-ville et, à peine arrivée devant la mairie et la préfecture, les flics et les GM recouvrent la place de gaz après avoir reçu quelques projectiles (pétards, pierres et boules de pétanque). La manif coupée en deux (l’une sur l’avenue du 8 mai 45, l’autre vers la mairie et la rue de l’Orme de Chamars), certains partent de leur côté, d’autres restent. Alors que la foule rétrécit au fur et à mesure que la situation stagne, ça repart en sauvage en direction de la Grande rue et des containers à poubelles sont incendiés à quelques mètres de la place Pasteur. Au moins quatre personnes ont été interpellées au moment de la dispersion. Une cinquième interpellation a eu lieu en début d’après-midi pour « port d’arme » (« un couteau ») lors d’un point de contrôle.

La veille de cette nouvelle journée, vendredi 22 février, les autorités communiquaient le montant des dégâts causés samedi dernier (16 février 2019), qui s’élèveraient à 200 000 euros (60 000 euros pour le radar, les 140.000 euros pour la voierie (poubelles et mobiliers incendiés) et les bris de vitres à la galerie marchande de Chateaufarine.


A Epinal (Vosges), la manif régionale (non-déclarée mais dotée d’un service d’ordre, cf ci-dessous) a rassemblé entre 1500 et 2000 personnes. Il y a eu près de trois heures d’affrontements dans le centre-ville. Des pavés ont été descellés, des barricades enflammées, et les grilles de la préfecture arrachées (cf ci-dessous)…

Un hélicoptère de la gendarmerie avait été mobilisé pour ce deuxième rassemblement régional à Epinal.

Des dizaines de personnes ont été blessées par des tirs tendus de la part des flics (grenades lacrymo et LBD40).

Voici ce que dit France 3 Grand Est : « 6 blessés ont été recensés dont un parmi les forces de l’ordre. Les dégâts matériels ont été largement limités, notamment en raison du service d’ordre des gilets jaunes qui a tenté le plus possible de limiter les actions de quelques 350 casseurs (chiffre de la préfecture), souvent jeunes et même parfois très jeunes, venus clairement pour « casser du flic » et vandaliser » ».

Au total, 7 personnes ont été interpellées par les flics.

A Bourg-en-Bresse (Ain) aussi, des affrontements ont éclaté avec les gendarmes mobiles. 6 personnes ont été interpellées, deux placées en GAV.


Un peu partout, du monde aux péages (opération blocages/barrages d’autoroute et péages gratuits). En ce jour de grands départs en vacances, vers les stations de ski, certains manifestants ont repris le chemin des péages. Une opération escargot a eu lieu dans le Jura, au péage de Bersaillin sur l’A39.

A Belfort (Territoire-de-Belfort), après une déambulation tranquille dans le centre-ville pour cette nouvelle manif régionale, le cortège de plus de 700 personnes a trimballé les forces de l’ordre une bonne partie de l’après-midi, jusqu’à finalement esquiver leurs nombreux barrages et parvenir à pénétrer sur l’autoroute A36, qui a été bloquée une bonne demi-heure dans les deux sens. Des pavés ont ensuite volé sur les bleus, répondant aux salves de lacrymo. Les affrontements ont repris sur le Boulevard Pierre Mendes-France. Deux personnes ont été interpellées.

Sur l’A4, un barrage filtrant a été mis en place dans les deux sens à hauteur de l’échangeur de Freyming-Merlebach. Sur l’A48, entre Lyon et Chambéry, les Gilets jaunes sont au péage de Chesnes. Sur l’A9, ils sont aussi mobilisés au péage de Rivesaltes, au nord de Perpignan. Sur l’A10, des actions sont en cours à Pons et Saintes alors qu’il y a aussi des manifestants sur l’A87 à hauteur de Cholet.


Citoyennisme et bouffons médiatiques se donnent la main

Opération de communication réussie, par les citoyennistes pacifistes pour l’acte 15 du samedi 23 février : les médias ont abondamment mis en avant les deux opérations symboliques de samedi, à savoir le pique-nique devant le château de Chambord, et le blocage du dépôt d’Amazon à Toulouse.

Chambord, dans le Loir-et-Cher. Près de 1500 personnes ont participé à la kermesse géante, préparée toute la semaine en bonne concorde « avec la mairie, les responsables du château et de la gendarmerie » (BFM). Le dispositif était ainsi basé sur le modèle fan-zones, avec « un périmètre de sécurité, où les sacs et véhicules étaient fouillés aux différents point d’entrée et [où] l’alcool était purement prohibé » (la Nouvelle République). Ce pique-nique organisé loin du château mais pas trop non plus pour l’avoir en décor de fond, avaitbien sûr ses têtes d’affiche, la médiatique Priscillia Ludosky et le descendant de Louis XIV Charles-Emmanuel de Bourbon-Parme (en gilet jaune), mais aussi une petite dizaine de camions pizzas, stands kebab, baraque à frites, ainsi qu’un service d’ordre d’une centaine de personnes en gilets blancs, et des ramasseurs de mégots pour laisser la pelouse du château en bon état. « Les 5500 hectares du parc rendent la sécurisation impossible mais gendarmes et gilets jaunes semblent s’être entendus sur l’interdiction de l’accès au château par crainte de dégradations ou de tags provocateurs » (huffingtonpost). La CGT y était bienvenue et ses militants ont pu parader en tant que tels, tandis que d’autres étaient grimés en « gaulois » avec autant de bleu-blanc-rouge. Deux déclarations lâchées à la presse sont à l’avenant. La première d’un des organisateurs : « On voulait vraiment montrer que les Gilets jaunes sont capables d’investir un lieu avec une forte symbolique et important pour les Français, sans qu’il y ait le moindre problème ». La seconde de Ludosky elle-même à propos du mouvement en général, qui entre deux autographes et selfies (si si), a lâché : « On est forcément tous d’accord, avec une organisation plus stricte, on aurait été plus vite ».

Toulouse. A 7h30 du matin, une centaine de personnes en gilets jaunes se sont donc installées sur le rond-point menant au 124 route d’Espagne, où se trouve l’entrepôt Amazon de la région, à la sortie 25 de l’A64. Bon, beaucoup étaient certes formellement en gilets jaunes, mais dessous il s’agissait de militants citoyennistes degôche qui avaient organisé ce « blocage » pour faire parler d’eux : la plupart membres d’Attac, du collectif les Désobéissants de Toulouse ou d’ANV Cop 21 (ANV signifiant Action Non-Violente). En guise de « blocage », il s’agissait de pneus posés sur la chaussée pour simplement ralentir le trafic automobile sans le bloquer, et dans un seul sens pour Amazon (laissant rentrer les livreurs, mais pas sortir les camions de marchandises). « Il s’agit d’un protocole non violent, on ne fait pas brûler de pneus » a même déclaré sans ironie aux journaflics un bouffon de ANV Cop21 (La Dépêche du Midi). Quant aux critiques d’Amazon ? Ben, surtout pas la technologie ou la marchandise, car ce qui inquiète ces braves militants, c’est d’abord « l’évasion fiscale » de la multinationale, mais aussi « le réchauffement climatique avec ses fortes émissions de carbone » liées aux camions de l’entreprise. Une banderole « Amazon exploite et tue » a tout de même sauvé l’honneur, entre une intervention de clowns et la prestation d’un saxophoniste. Bref, une belle opération de com’ non-violente, pour qu’on parle moins des affrontements et de la casse hebdomadaire à Toulouse chaque semaine.


Isère : Perquisition et GAV pour deux Gilets jaunes au petit matin

En Isère, on a appris que les flics sont allés chercher deux « Gilets jaunes » à leurs domiciles samedi matin. Les deux ont été placés en garde à vue, dans le cadre d’une enquête menée par le parquet pour « participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences ou dégradations » (accusation fourre-tout qui permet à l’Etat de faciliter les placements en GAV) et « organisation d’une manifestation sur la voie publique sans déclaration préalable », ajoute le procureur, Éric Vaillant. Dans une vidéo, ils avaient appelé à mener une opération « péage gratuit » à Voreppe sur l’A48.


Des blocages dans la semaine

Recension non exhaustive, parce que trop fastidieuse, mais ces quelques exemples montrent qu’ils continuent ici ou là.

Auchan et Lafarge (Perpignan), 23 février. « Avant de rallier les abords du péage nord dans l’aprés-midi, les Gilets jaunes, appuyés des syndicats, ont bloqué ce samedi matin les accès à Auchan pour dénoncer le futur projet de magasin automatique sans personnel quand d’autres [drivés par un type de la France Insoumise] ont préféré se rendre plus au nord sur l’usine d’enrobés Lafarge pour contester le futur projet d’extension du site. » (L’Indépendant, 23/02)

Hypermarché Cora (Ardennes), 23 février. « Nouveau samedi agité à Charleville-Mézières. L’acte XV des gilets jaunes à Charleville-Mézières a une nouvelle fois été marqué par des tensions entre manifestants et forces de l’ordre. Les premières tensions sont survenues en fin de matinée alors que les gilets jaunes avaient décidé de bloquer l’hypermarché Cora à Villers-Semeuse. Huit manifestants étaient interpellés et placés en garde à vue après 1h15 de blocage. » (radio8fm, 24/02)

Plate-forme logistique (Picardie), 21-22 février. « Des Gilets jaunes se sont installés aux abords de l’entreprise FM Logistic, rue du Bois-de-Tillet, et de Carrefour à Crépy-en-Valois dans la nuit de jeudi 21 à vendredi 22 février. Dès 4 heures du matin, une cinquantaine d’entre eux a mis le feu à quelques palettes. Ils souhaitaient, comme à l’accoutumée, bloquer les livraisons effectuées par les poids lourds. Une dizaine de gendarmes de la compagnie de Senlis sont intervenus. Après de brèves négociations de la part des Gilets jaunes, ces derniers ont libéré le site vers 7h 30. » (Courrier Picard, 22/02)

Nestlé (Haute-Savoie), 20 février. « Les gilets jaunes sont-ils anti-Chocapic ? Depuis 22 heures mercredi soir, ils étaient une trentaine venus d’Annecy et de Rumilly, à se relayer pour bloquer l’accès au site de fabrication de l’usine Cereal Partners France (groupe Nestlé), sur la zone industrielle des Pérouses à Rumilly. Usine qui fabrique notamment les fameuses céréales au chocolat. Ils avaient installé des palettes et des pneus pour empêcher les camions d’entrer ou de sortir du site. Ils ont été délogés par les gendarmes ce jeudi matin vers 9 heures. Les forces de l’ordre sont toujours sur place pour déblayer les accès et surveiller le site. » (Le Dauphiné, 21/02)

Raffineries/dépôts pétroliers (divers), 19 février. Mardi s’est produite une action coordonnée de tentative de blocage de raffineries, parfois avec les syndicats. Ce fut le cas au dépôt pétrolier de Mulhouse (Haut-Rhin) et Saint-Priest (Rhône), et à la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique), à chaque fois par entre 30 et 50 personnes au petit matin, délogées par les flics.

Hypermarché Carrefour (Var), 16 février. À Ollioules (Var), plus d’une centaine de gilets jaunes ont bloqué l’accès à un hypermarché Carrefour lors de l’acte XIV du mouvement le 16 février dernier. Selon le site de Var-Matin, la direction de l’enseigne souhaiterait se faire rembourser le manque à gagner qu’elle évalue à environ 331 000 euros. Une participante du mouvement aurait été convoquée au commissariat pour recevoir la déclaration de l’avocate de l’hypermarché.


Narbonne (Aude), 21 février : Vengeance d’État après des incendies en décembre dernier

Jeudi 21 février, six personnes ont été interpellées, accusées du saccage de la sous-préfecture du 1er décembre (entre autres, portes et portail brisés), après deux mois et demi d’enquête. Cinq ont été placées en détention provisoire, et une a été laissée libre. Ils seront jugé ce lundi 25 février par le tribunal correctionnel de Narbonne pour des dégradations commises à hauteur de 100 000€.

Ce même jour, quatre personnes suspectées d’avoir participé mi-décembre à un incendie de la zone de péage sud de Narbonne ont été écrouées. Les quatre personnes âgées de 29, 30, 36 et 37 ans sont inculpées de l’incendie ravageur qui avait eu lieu le 15 décembre, soit deux semaines après un autre feu plus important qui avait endommagé la même barrière de péage de Narbonne sud, à la sortie de l’autoroute A9. Interpellés en début de semaine (18-19/02), ils étaient jugés ce jeudi en comparution immédiate pour « complicité de dégradation ou détérioration de biens d’autrui par moyens dangereux pour personnes ». Trois d’entre eux ont demandé un délai pour préparer leur défense et le procès de tout le groupe a été renvoyé au 6 mai. Le parquet a requis leur détention provisoire jusqu’à cette date, une demande acceptée par le juge. Par ailleurs, le parquet de Narbonne avait annoncé fin janvier le placement en détention provisoire de huit personnes, et de six autres sous contrôle judiciaire, dans le cadre de l’incendie du 1er décembre, dont les dégâts sont estimés à hauteur de 100 000 euros.

Rennes, 19 février : l’Etat se venge à coup de RAID …

Mardi 19 février, ce sont deux équipes du Raid, l’unité d’élite de la police nationale, qui sont intervenues vers  dans deux quartiers, à Villejean, et avenue du Canada, au Blosne, pour interpeller à leur domicile deux hommes âgés d’une trentaine d’années. Ils sont soupçonnés de dégradations dans le cadre d’une manifestation du mouvement des Gilets jaunes, à Rennes, samedi 2 février. Après 48h de GaV, ils ont été relâchés et placés sous contrôle judiciaire, avec obligation de pointer chaque semaine au commissariat de
Rennes. Les deux trentenaires, au casier judiciaire vierge, sont convoqués devant le tribunal correctionnel le 11 juillet 2019.


Casseurs pas payeurs

L’Assemblée nationale prendra à sa charge les frais occasionnés par les dégradations sur les domiciles ou les voitures des députés, selon le journal Le Parisien le 18 février. Une décision prise par les questeurs du Palais Bourbon pour les parlementaires victimes de vandalisme ces derniers mois.

Le journal rappelle que, depuis septembre 2017, l’Assemblée avait déjà mis en place un système permettant de rembourser les frais liés à des dégradations sur les permanences des parlementaires, quand les assurances ne le faisaient pas ou qu’ils avaient à s’acquitter d’une franchise. Le système s’étend donc aux logements et aux véhicules.

 remerciement à Sans_Attendre

Montpellier, France :LES GILETS JAUNES SOLIDAIRES AVEC LES PRISONNIERS

dimanche soir: Une cinquantaine de personnes se sont rassemblées ce soir devant la prison de Villeneuve-lès-Maguelone pour soutenir les prisonniers. Des feux d’artifice ont été tirés suscitant des réactions de la part des détenus : certains ont fait tourner du linge à leur « fenêtre » et d’autres en ont même brûlé.

Les gendarmes ont pris les plaques d’immatriculation et des cartes d’identité en photo.

Pour rappel, plus de 600 gilets jaunes ont été incarcérés depuis le 17 novembre 2018.

vidéo sur la pagehttps://videopress.com/v/hVEfMY79

 

source :Montpellier Poing Info

Athènes, Grèce: occupation de l’institut culturel italien en solidarité avec les personnes arrêtées de Turin et du Trentino

Le vendredi 22 février, l’Institut italien de la culture d’Athènes a été occupé en solidarité avec les personnes arrêtées de Turin et du Trentino et de l‘Asilo.
De l’intérieur du bâtiment, des courriels ont été envoyés aux autorités de l’État italien et des tracts ont été lancés pour exprimer la solidarité avec les camarades arrêtés.
Dehors, deux banderoles en grec et en italien sur lesquelles il était écrit:
Le terrorisme est l’état
Solidarité avec l’asilo occupato et les personnes arrêtées à Turin et dans le Trentin.

La notizia su indymedia con foto: https://athens.indymedia.org/post/1595864/

Feu à toutes les galères!
Tous /toutes Libre

Anarchistes / anarchiste

 

 

Madrid, Espagne : Fin de régime d’isolement pour Lisa – 18 février 2019

Après que Lisa a été transférée de la prison de Willich, en Allemagne, à celle de Madrid, où elle avait été placée à l’isolement [régime FIES], nous avons reçu il y a quelques jours une lettre de sa part, dans laquelle elle nous informe que le contrôle de son courrier a enfin été levé et qu’elle est désormais incarcérée sous un régime de détention classique à Madrid. Elle va bien et reste forte.

Pour lui écrire :

Lisa Dorfer
C.P. Madrid V
Módulo 13
Carretera M609, km 3,5
28971 Soto del Real (Espagne)

sans attendre demain a traduit de l’allemand de Soligruppe für Gefangene, 18. Februar 2019]