Note: Lorentxa Beyrie doit être libérée , 15 ans de détention ça suffit. Par deux fois la libération conditionnelle lui est refusée, elle a déposé une demande de confusion de peine. Pour lui écrire Adresse de: Lorentxa Beyrie centre de détention rue Georges Mandel 43000 Roanne ( France)
Nekane Txapartegi, journaliste basque, militante révolutionnaire, féministe et prisonnière politique a reçu le 24 mars 2017 la décision de l’État Suisse qui confirme son extradition vers l’Espagne.
C’est dans ce même pays qu’en 1999 elle est arrêtée par la Guardia Civil, accusée d’avoir procuré deux faux passeports pour l’ETA. Lors de son arrestation elle est torturée et violée durant 5 jours et « avoue » les faits qui lui sont imputés. Elle est condamnée en 2008 à 6 ans et 9 mois de prison (récemment réduit à 3 ans et 9 mois par ses avocats). Suite à cette condamnation, Nekane fuit à Zürich, en Suisse, avec sa fille. Elles y vivent durant 7 ans sous une fausse identité et reconstruisent leur vie. Peu avant son arrestation en Suisse, elle est suivie par la Guardia Civil, exerçant alors illégalement sur le sol suisse, et est arrêtée le 6 avril 2016 par la police suisse et placée en détention extraditionnelle à Zürich. Nekane a déposé une demande d’asile pour elle et sa fille à laquelle le Secrétariat d’Etat aux migrations a rendu une décision négative fin mars.
En plus d’avoir vécu l’isolement, Nekane a été torturée et violée. Nekane a décrit elle-même les sévices sexuels et physiques subis dans un commissariat à Madrid, qui ont été certifiés par des témoignages, des expertises, des rapports et des décisions d’organes internationaux. Les autorités suisses, connaissant pourtant le dossier, refusent de reconnaître ces viols. Par son déni et l’invisibilisation des violences commises à l’encontre de Nekane, la Suisse rend ces actes inexistants, légitime les violences sexuelles et s’en rend complice. Pour l’Office fédéral de la justice, Nekane peut être ramenée à ses tortionnaires. Le message envoyé par l’Etat suisse est alors clair : les violences sexuelles et physiques ne comptent pas et les actes sexuels forcés peuvent impunément être employés comme outils de torture. Pour un État qui se targue d’être une démocratie respectueuse des droits humains, qui place l’égalité hommes-femmes comme avatar de celle-ci, et qui s’arroge en plus le droit de donner des leçons d’égalité à d’autres, ce refus est scandaleux.
La banalisation et la légitimation par l’État des violences hétéro-cis-sexistes et racistes est monnaie courante en Suisse, et en voilà une manifestation de plus. Une nouvelle fois, l’État ne prend pas ses responsabilités en ne condamnant pas les agressions et les atteintes à l’intégrité physique, les confiscations des corps et des droits et les actes sexuels forcés.
Ne serait-ce pas la nouvelle partie d’une chasse aux sorcières ? Nekane est une femme révolutionnaire, féministe, soutenue et connue par une communauté politique forte qui, au même titre que les sorcières, ne rentre pas dans les cases édictées par l’État. Mais, la brutalité subie par Nekane est aussi publique et institutionnelle. L’autorisation de l’extrader et le refus de lui donner l’asile répondent, avec diplomatie, à une communauté d’intérêts entre gouvernements. Donner l’asile à Nekane impliquerait d’accepter que la torture est pratiquée en Espagne, au sein même de la forteresse Europe. Forteresse que représente l’Union Européenne avec ses accords de libre échange, sa politique sécuritaire, et sa politique d’asile. C’est dans ce cadre que s’organisent les puissances européennes afin de garder leur place impérialiste dans le monde. Le fait de reconnaitre qu’une personne ressortissante de l’UE a été victime de torture dans un de ses pays briserait le principe de loyauté entre ces Etats qui se vouent une solidarité inconditionnelle.
Les intérêts économiques et diplomatiques de la Suisse semblent encore une fois primer sur la protection de personnes en situation de vulnérabilité. Cette chasse à la sorcière permet de préserver la forteresse Europe, de sauvegarder des accords et des rapports néolibéraux qui ont comme principaux buts l’expansion économique et le maintien de la domination mondiale des hommes-cis, blancs, hétéros et riches. C’est le jeu du maintien de l’ordre établi et du contrôle auquel joue la Suisse.
Parce que nous sommes contre votre système capitaliste et qu’on se fout de votre forteresse, nous soutenons Nekane Txapartegi et refusons son extradition.
Parce que nous sommes toutEs des sorcières et parce que les autorités suisses doivent prendre leurs responsabilités, nous réclamons la libération immédiate de Nekane !
Parce que la haine et les crimes de genre doivent cesser, parce que nous refusons la banalisation et l’invisibilisation des violences sexuelles et sexistes, nous exigeons la reconnaissance et la condamnation de celles subies par Nekane !
Mobilisons-nous !
Samedi 15 avril à 17 heure
Piazza Governo (piazza della Foca), Bellinzone.
Groupe Nekane libre