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[camping§Paillettes] derrière les murs

Lettre d‘un-e des trois inculpé-e incarcré-ee en région parisienne suite à un contrôle de police la nuit du 1er mai. Pour lui écrire : campingetpaillettes[a]riseup.net

Img_20190808_145631700-mediumDerrière leurs murs, 6 août 2019.

Ce qui leur fait peur, ça n’a jamais été les marteaux dans le coffre de la voiture mais bien un nouveau monde dans le coeur, c’est pour cela que j’écris aujourd’hui depuis une cellule de prison.
J’ai été controlé-e à Paris le 1er mai et placé-e depuis plus de 3 mois en détention, le tout orchestré par les flics qui chassent, le procureur qui accuse, le juge qui questionne et la presse qui condamne. Et voilà que la possibilité de remise en liberté vient de m’être refusée par le proc, qui estime qu’il y a risque de réitération. Et à cause de mon obstination à ne rien lâcher.
Ils attendent de moi que je dise que la violence leur appartient, que sous la pression je condamne les actions de compagnon-nes, les émeutes, les révoltes.
Ils me demandent ce que j’ai dans la tête, et si je refuse de répondre, c’est à cause de ce que je porte dans mon coeur.

Le proc explique que les garanties présentées pour me remettre en « liberté » sous contrôle judiciaire, n’assurent pas un environnement qui pourrait me « déradicaliser ». Et pour cela je dois rester en prison.
Je me demande comment -en étant dans un lieu où se manifestent si clairement les massacres de l’état et de ses larbins, du capitalisme et de ses ravages- comment, une des faces les plus visibles de leur violence pourrait me faire arrêter de rêver à sa totale destruction.
Ils nous veulent apeuré-es, et c’est pourquoi je suis toujours ici.

Étant donné les tensions sociales et la conflictualité qui se déroulent ces derniers mois sur le territoire français, créer des exemples répressifs et diffuser le message dans les médias dominants n’est qu’une carte de plus dans leur jeu. C’est encore plus arrangeant quand ils peuvent poursuivre des étranger.es pour appuyer les discours qui rendent responsable de ces tensions quiconque se trouve en dehors de leurs frontières. Comme le démontrent leurs articles sur les 1 milliard d’allemands … à Paris pour le 1er mai et autres histoires qui se succèdent dans cet état et dans tant d’autres. Comme une manière de délégitimer la révolte, et de lancer un avertissement aux dissident-e-s internationaux à la veille du G7 qui se déroulera à Biarritz cet été.

Ils veulent nous effrayer, mais ça ne marchera pas.
Ils peuvent m’emprisonner, mais pas mes idées.
Ni l’école qui domestique, les citoyen-nes qui obéissent, les voisin-es qui surveillent, ni la cheffe qui te vole, le flic qui te frappe, lea psy qui te cachetonne, le boulot qui te tient, la presse qui te ment ou la prison qui te menace n’arrêteront le désir d’insurrection

Se rendre, jamais.
Mort aux prisons et à la société qui en a besoin.
Ni coupables, ni innocents, ennemis tout simplement.
Vive l’anarchie !


Feu d’artifice en solidarité

Mercredi 7 aout, à la tombée de la nuit, des feux d’artifices ont été tirés devant la prison pour femme de Versailles et devant la prison de Nanterre, en solidarité avec les inculpé-es arrêtés le premier mai à proximité de gare du nord et contre toutes les prisons.

Personne ne sera libre tant qu’un-e sera enfermé-e

Liberté pour tout-es !

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Carta de unx de lxs tres acusadxs detenidxs en la region de Paris después de un control policial en la noche del 1 de mayo. Para escribirlx : campingetpaillettes@@@@riseup.net

Tras sus muros, 6 de agosto de 2019

Nunca fueron los martillos en el maletero del coche, tanto como el mundo nuevo en el corazon, lo que les asusta y por lo que hoy escribo desde una celda.
Tras ser controlladx en Paris la vispera del primero de mayo y tres meses en detention orquestados por los maderos de caza, el fiscal que acusa, la jueza que cuestiona y la prensa que condena, la posibilidad de mi puesta en libertad se cancela por el fiscal que opina que hay riesgo de reincidencia y por mi empeño en no claudicar. Esperan que diga que accepto que la violencia les pertenece, que condene ante su presion las acciones de compañerxs, los disturbios, las revueltas. Me preguntan sobre lo que tengo en la cabeza, y si me niego a contestar es por lo que habita mi corazon.
El fiscal explica que las garantias ofrecidas para mi puesta en « libertad » bajo control judicial no aseguran un ambiente que pudiera « desradicalizarme » y que por ello he de permanecer en prision.
Y yo me pregunto como es que este siendo el sitio en el que manifiestan tan a las claras los masacres del Estado y sus siervos, del capitalismo y sus estragos, como es que una de las caras visibles de sus violencias podria hacer que dejé de soñar con su completa destruccion.
Nos quieren asustadxs y por ello sigo aqui. Crear castigos ejemplarizantes y correr la voz en la prensa mayoritaria dadas las tensiones sociales y conflictividad que vienen ocurriendo en territorio francès en los ultimos meses es solo un movimiento mas en su juego, e incluso mas conveniente cuando pueden inculpar a extanjerxs con lxs que soportar el discurso con el que pretenden responsbilizar de dichas tensiones a cualquiera fuera de sus fronteras, como demuestran sus articulos sobre los 1 000 000 000 … de alemanes en Paris para el primero de mayo y demas historias que se suceden en este y otros tantos estados como parte de su deslegitimacion de la revuelta, ademas de enviar un mensaje de advertencia a la disidencia internacional en visperas del G7 que se celebrara en Biarritz.
Nos quieren asustadxs pero no funccionara. Podran tenerme a mi pero a las ideas no se las puede encerrar.
Ni la escuela que domestica, ni lx ciudadanx que obedece, ni lx vecinx que vigila, la jefe que te roba, el madero que te golpea, lx psiquiatra que te medica, el trabajo que te atrapa, la prensa que te miente o la carcel que amedrenta pueden frenar las ansias de insurreccion.
Rendirse jamas.
Muerte a las carceles y a la sociedad que las necessita.
Ni culpables, ni inocentes, enemigxs simplemente.
Viva la Anarquia

Fuegos artificiales solidarios

El miércoles 7 de agosto, al anochecer, se dispararon fuegos artificiales frente a la prisión para mujeres de Versailles y frente a la prisión de Nanterre, en solidaridad con los acusad@s ??arrestad@s el 1 de mayo cerca de la Gare du Nord, y contra todas las cárceles.

Nadie será libre mientras un@ este encerrad@
¡Libertad para tod@s!

Behind their walls 6 august 2019

Letter from one of the three defendants incarcerated in the Paris region following a police check on the night of May 1st. To write to him: campingetpaillettes@@@@@riseup.net

There never were the hammers in the luggage room of the car, as much as a new world in the heart, what scare them and the reason why today I write from the prison cell.
After being controlled in Paris the 1st may and three months in detention organized by the cop hunting, the prosecutor that accuse, the judge that question, and the press that sentence; the possibility of getting release got canceled by the state attorney that holds the opinion that the risk of reiteration is too high and by my condition on never give up.
They expect me to say that I accept violence belongs to them, that I would talk against actions of comrades, riots and revolt under their pressure.
They ask me about what’s inside my head, and if I refuse to answer is because what’s live inside my heart.

The state attorney explains that the guaranties offered for setting me « free » under judicial control don’t ensure an environment that could « de-radicalize » me. And because of that I must remain in prison.
And I wonder how it is that while this being the place where the massacres of the state and its servant, of capitalism and its havoc, are shown more clearly, how is it that one of the visible faces of their violence could make me stop dreaming with their complete destruction.
They want us scared, and because of that I’m still here.
To create an example of punishment and spread the message on the mass media while the social tensions and conflictuality given the last months on french territory is just one move more on their game, even more convenient when they can prosecute foreigners to back up the speech with which they want to blame of these tensions whoever out of their borders, as the articles about the trillions of Germans antifascist on Paris reason of the 1st of may and similar stories that appear on this and many other states when the tensions increase in order to illegitimate the revolt, as well as serving them as a perfect warning to international rioters and anarchists as the G7 to be celebrated on Biarritz approaches.
They want us scared but it won’t work.
They can have me, but ideas can’t be imprisoned.
Neither the school that domesticate, nor the citizens that obeys, nor the neighbor that watches, the boss that steals from you, nor the cop that hit you, the shrink that medicates you, the job that traps you, the press that lies to you, nor the prison that threat you can’t stop the desire for the insurrection.

Never give up, no compromise !
Death to the prison and the society that need them.
Not innocent neither guilty simply enemies.
Long life anarchy !

Fireworks in solidarity

Wenesday 7 august, at dusk, some fireworks were fired on front of the jail for women of Versailles and in front of the prison of Nanterre, in solidarity with the defendants arrested on May 1st at Gare du Nord, and against all prisons.

Nobody can be free if anyone is locked up

Freedom for all !

G7 les collabos sont à la manoeuvre

Biarritz: le G7,un événement solaire

Un champ de panneaux solaires est en cours d’installation à Iraty. Il alimentera partiellement la salle de presse et les bus électriques qui relieront celle-ci au centre ville de Biarritz.Alors que la mise en service est prévue le 2 septembre, deux Tram’bus serviront de navettes pour transporter les journalistes depuis le centre de presse de la Halle d’Iraty jusqu’au centre-ville de Biarritz, du 24 au 26 août. Les véhicules électriques seront alimentés via des panneaux photovoltaïques installés gracieusement par Engie, mécène du G7.

Un champ solaire photovoltaïque a été monté au pied de la halle d’Iraty par Engie. Ces panneaux, 800 au total, s’étalent sur 1300m2 et vont produire au minimum un quart de l’électricité nécessaire au fonctionnement de la halle d’Iraty, transformée durant le G7 en centre de presse.

« C’est une première qu’Engie déploie un champ provisoire, lié à un grand événement » note François Lebreton, le chef de ce projet. A la fin du sommet, le champ sera démonté et sera utilisé sur d’autres opérations événementielles. La totalité de cette opération s’élève à 220000 euros. Une de nos filiales spécialisées sur tout ce qui est tiers-investissement en toiture en France, à ma connaissance, a répondu. Je crois que c’est la filiale qui s’appelle Reservoir Sun (Green Yellow, filiale du groupe Casino) ».

Engie, mécène du G7

L’installation n’a pris qu’une semaine et tient compte de diverses contraintes, notamment la proximité de l’aéroport et la nécessité de rendre le terrain sur lequel le champ est implanté « en l’état ».

selon les médias

les véhicules électrique ne sont  pas aussi écolos que ça voir ce message

Trente( italie): Un tract diffusé lors d’un rassemblement solidaire

Round Robin / vendredi 9 août 2019

Le 24 juillet, à Trente, il y a eu un rassemblement en solidarité avec Juan (mais aussi avec Manu et les compagnons condamnés à Florence). Le rassemblement devant le local de la Ligue du Nord s’est ensuite transformé en une petite manif à travers la ville.

Voici le tract diffusé, en solidarité avec Juan :

FRAPPONS-LES CHEZ EUX !!!
Fatigués de nous taire, fatigués de voir tous les jours la violence systématique du racisme, du sexisme, du travail salarié qui a lieu dans cette société dont les valeurs essentiels sont l’autorité et la gain. Écœurés par l’exploitation, nous identifions comme principaux responsables tous le partis politiques, qui répriment la liberté avec l’appareil de l’État, réformiste et répressif (TV, mass-médias, associations, armée, protection civile, etc.). L’État et le capital sont les plus grands criminels, ils enfreignent même leur lois, ils volent avec les impôts, tuent avec la guerre et le travail salarié, les immigrés repoussés en mer et dans les camps, ici en Europe ou en Afrique, ils polluent de façon irréversible l’homme, les animaux et la planète Terre ; tout cela pour leur gain et leur pouvoir.

N’oublions pas l’hypocrite complicité de cette société, constituée de citoyens qui font semblant de ne pas voir les horreurs du racisme, du nationalisme d’aujourd’hui et de hier. Cette acceptation est le fondement du totalitarisme et de la démocratie : l’autorité qui se fonde sur l’indifférence, la peur, l’apathie a pu créer dans le temps les goulags, les camps de concentration nazis et aujourd’hui ceux en Libye ou en bas de chez nous. C’est une histoire qui se répète.
12 août 2018
A l’aube, le siège de la Lega Nord de Trévise a été attaqué avec un engin explosif, nous en revendiquons le placement, contre les politiciens, les flics et leurs larbins. Nous ne voulons pas être complices de tout cela, nous nous opposerons à la violence aveugle des États avec notre violence ciblée contre les responsables de tout cela. La presque complète pacification, en Italie, où les masses s’affairent à faire la guerre entre pauvres, un de nos objectifs est de nous opposer à la résignation, à l’impuissance et à l’immobilisme. L’État et le le capital utilisent toutes les techniques et les violences pour détourner l’attention des problèmes réels des exploités, avant tout la haine entre les plus faibles et déshérités, entre les deux côtés d’une frontière, entre les genres, entre les différents couleurs de peau. Cela va de soi qu’aucune faction d’insignifiants politiciens autoritaires ne pourra jamais satisfaire nos désirs. Vous parlez de gouvernement « jaune-vert » [les couleurs des deux partis de la coalition de gouvernement : le Movimento 5 stelle et la Lega Nord ; NdAtt.], de gauche et de droite, nous voulons que l’État soit détruit. Vous promettez des augmentations de salaire, des diminutions des impôts, du travail, nous voulons l’élimination de l’argent, de la marchandise et du travail. Vous luttez pour des meilleurs conditions de gouvernement, mais nous voulons seulement nous amuser sur les ruines en flamme de vos villes. Vous faites de la politique, nous la guerre sociale. Les choses sont difficiles, il y a un abyme existentiel entre nous et il n’y a aucun espace pour le dialogue. Du coup tout cela nous montre clairement où frapper ! Attaquer notamment le racisme et l’exploitation. Frapper l’État, le capital et ses responsables. L’action directe nous éclaircit sur le pourquoi et le comment.
Pour une solidarité internationale, rebelle, Anarchiste !
Pour un monde sans frontières, sans autorité !
Avec cette action, nous saluons l’invitation faite par les compagnons de la « cellule Santiago Maldonado », qui ont proposé d’augmenter les attaques contre la paix des représentants et collabos de la domination.
Nous saluons chaque individualité et cellule Anarchiste qui continue à propager la flamme avec l’action, ici et maintenant.
« Aujourd’hui c’est à nous de prendre en main le flambeau de l’anarchie, demain ce sera le tour de quelqu’un d’autre. Pourvu que ça ne s’éteigne pas ! »
Solidarité avec tou.te.s les prisonnier.e.s : Tamara Sol, Juan Aliste, Juan Flores, Freddy, Marcelo, J.Gan, Marius Mason, Meyer-falk, Dinos Yatzoglou, Lisa Dorfer, les membres de la CCF et de Lutte Révolutionnaire.
Aux Anarchistes de Florence, Turin, Naples, Cagliari, du Chili, de Russie, d’Allemagne, de Pologne, de l’opération Scripta manent.
Et à tou.te.s les rebelles enfermé.e.s dans le taules du monde !

Cellule Haris Hatzimihelakis / Internationale Noire (1881-2018)

 

Avec ces mots a été revendiquée, en août 2018, l’attaque explosive contre le local de la Ligue du Nord de Trévise. On a su par la suite qu’un deuxième engin devait servir de piège pour la police accourue sur les lieux.
Le 22 mai, notre ami et compagnon Juan a été arrêté, après plus de deux ans de cavale. Il était recherché pour une série de condamnations définitives ; le Parquet de Venise l’accuse d’avoir participé à l’action de Trévise.
Cela ne nous intéresse pas de savoir qui a mené cette attaque. Ce que nous savons c’est que ça a été une action claire et précise. Ce que nous savons c’est que à travers mots de la revendication apparaissent un sentiment de solidarité, une éthique, une haine et un amour qui sont aussi les nôtres.
Ce que nous savons c’est que Juan a été à nos côtés dans des nombreuses luttes et que notre cœur est avec lui.

Anarchistes

traduit par Attaque

 

Berlin( allemagne):Trépas d’une bagnole de WISAG- pour loïc, et les trois etr Antonin Bernanos

Berlin (Allemagne) : Trépas d’une bagnole de WISAG – pour Loïc, les trois et Antonin Bernanos

de.indymedia.org / jeudi 8 août 2019

Nous envoyons des salutations enflammées aux prisonnier.e.s et aux persécuté.e.s. Même si nous ne les connaissons pas, elles/ils sont en prison pour nous.

La ville est pleine de cibles. Nous avons incendiée l’une d’elles, une bagnole de WISAG [entreprise allemande de services, qui s’occupe notamment de sécurité privée; NdAtt.], à Berlin-Wedding [quartier du centre de Berlin, un des plus pauvres de la ville; NdAtt.], dans la nuit du 7 août. Pendant la journée, ce quartier grouillait encore d’uniformes, qui ont exécuté une expulsion locative. La nuit, les rues appartenaient à nouveau aux incendiaires.

Nous détruisons tout ce qui sert la domination étatique, comme le font, avec un dévouement réjoui, ces services de sécurité privés. C’est aussi un message de sympathie à Liebig34, dont l’évacuation, planifiée, provoquera beaucoup plus de ravages.

Liberté pour Loïc, les trois de la Parkbank et Antonin Bernanos !
Liberté pour tous les prisonnier.e.s !
Feu aux investisseurs et aux sociétés de sécurité !

En Mémoire de Marguerite ASPES, militante de la CGTSR- AIT D’ Alger des Années 30

Ci dessous un article du Cheminot Indépendant d’Alger, qui évoque la mémoire de Marguerite Aspès, militante anarchosyndicaliste de la CGTSR-AIT à Alger dans les années 1930.
Il nous a semblé que la mémoire de cette féministe anarcho-syndicaliste gagne à être honorée. On verra que les temps changent mais pas les mentalités, ni celle des policiers qui font toujours la cherche inlassable aux « anarchistes-terroristes » et aux « agitateurs », ni celle des « Unitaires » dont il est question dans l’article et qui sont les militants de la CGT-U (U comme unitaire), c’est à dire les communistes.

LE CHEMINOT INDEPENDANT D’ALGER (Mars 1932)

LES UNITAIRES JUGÉS PAR LEURS ACTES

Une attitude qui les dépeint, sous leur véritable jour

On se souvient de l’incident qui eut pour théâtre la Bourse du Travail d’Alger, au cours duquel une « militante affiliée à la C.G.T.S.R. « (lire : Confédération Générale du Travail socialiste [sic] révolutionnaire [1] ), la camarade Aspès, perdant tout contrôle, tirait, sans l’atteindre, un coup de revolver sur le policier provocateur Filippini.

Alors que des syndicalistes sincères, dont nous étions, se constituaient en Comité pour assurer la défense morale et matérielle de l’emprisonnée, retenant le fait qu’elle avait été conduite à ce geste malheureux par suite des excès de zèle du policier en cause, les dirigeants unitaires, passant du ridicule à l’odieux, de la lâcheté au crime se conduisaient comme de vrais goujats en accablant celle qui, dans un moment d’exaspération, avait cru être utile à la classe ouvrière.

Voici, à ce sujet, ce que la « Révolution prolétarienne » pense de cette attitude :

« Il s’est passé, à la fin du mois dernier, à la Bourse du Travail d’Alger, un incident qui en dit long sur l’état de déchéance dans lequel est tombé, en bien des lieux, le mouvement ouvrier.

« Lorsque les bourgeois « républicains » fondèrent, il y a quarante ans, les premières Bourses du Travail, les ouvriers n’acceptèrent d’y aller qu’à la condition d’y être « chez eux ». On mettait des locaux à leur disposition ! bien ; mais ils entendaient les administrer eux-mêmes et que, ni la Municipalité, ni le Gouvernement, et encore bien moins la police, n’aient rien à y voir. « Ces temps sont loins ! Aujourd’hui, à Alger, à la Bourse du Travail, la police est chez elle. on seulement il est à peu près impossible d’aller à la Bourse, à quelle qu’heure que ce soit, sans rencontrer des mouchards à la porte, mais, même à l’intérieur de la Bourse, qu’il y ait réunion ou qu’il n’y en ait pas, ceux-ci pénètrent à tout moment. Et c’est ainsi que le 18 décembre, l’un de ces mouchards n’hésita pas, de sa propre autorité, à pénétrer à l’intérieur d’un des bureaux de Syndicats de la Bourse où se trouvaient deux camarades, un homme et une femme, sous le prétexte de leur demander leurs papiers d’identité.

Pour faire une démonstration contre ce qu’elle considérait, d’après ses déclarations, comme une violation de domicile (le policier n’étant naturellement muni d’aucun mandat de perquisition ou autre), la camarade libertaire, Marguerite Aspès, tira de son sac un revolver – que le policier n’eut aucun mal à détourner – et une balle alla se loger au plafond.

Second acte : Dix minutes après, le Secrétaire de l’Union Régionale Unitaire, Sastre, arrive : il est arrêté. Quel rapport, entre sa venue à la Bourse, où devait se tenir précisément la réunion d’un Syndicat unitaire et le geste de Marguerite Aspès ? Les policiers ne s’embarrassent pas de si peu ; à Alger, plus encore qu’ailleurs, l’arbitraire est la règle ; on arrêta Sastre, parce qu’il plaisait de l’arrêter.

Troisième acte, le plus triste : Les journaux d’Alger ayant, dans leur relation de l’affaire, indiqué que Marguerite Aspès était communiste, le Secrétaire du parti dit « communiste » d’Alger, leur envoya aussitôt la lettre suivante :

« Notre parti et aucun de ses militants n’ont, rien à voir avec de pareilles gens contre lesquels nous luttons au même titre que contre les ennemis de la classe ouvrière. Nous désapprouvons complètement le geste de cette femme, « geste qui ne peut être que celui d’une malade » (« Presse Libre », 20 décembre).

Ainsi, voilà des gens qui laissent mettre la Bourse du Travail sous la coupe de la police, qui acceptent que la Bourse devienne une véritable succursale de la Tour Pointue [2], et lorsqu’une femme – par des moyens que nous n’entendons pas défendre mais dont elle a pris seule l’entière responsabilité – entend protester contre cette situation, ces prétendus révolutionnaires, – sans doute dans l’espoir de faire relâcher plus tôt leur secrétaire – n’hésitent pas à accabler publiquement cette femme, la déclarent « malade » et affirment qu’ils « luttent » contre elle. Ce n’est pas contre les policiers pénétrant dans la Bourse qu’ils en ont, c’est contre cette « ennemie de la classe ouvrière » qui, à ses risques et périls, s’est opposée à leur intrusion.

Il n’y a jamais eu, dans les annales du mouvement ouvrier, d’acte aussi vil. »


[1] En fait la CGT-SR était la Confédération Générale du Travail Syndicaliste Révolutionnaire, ancêtre de la CNT-AIT dans les années 20-30

[2] surnom du commissariat de Police

 lien vers madeleine ASPE

Aout 2019 dans les Pyrénées Atlantiques:

 A Biarritz on héberge les « puissants », dans l’agglo de Pau on expulse des enfants!

Le renforcement des contrôles, un obstacle pour les migrants à IrunMed_controlespolice_hendaia_gfauveau-4

Situation à Bayonne

Maite Etcheverry, présidente de l’assocation Diakite chargée de l’accueil au centre Pausa de Bayonne, explique qu’elle n’a pour l’instant pas subi les conséquences du renforcement des contrôles.

La situation est plus calme en semaine, mais le week-end, une trentaine de migrants continue à être hébergée au centre situé quai de Lesseps. Il s’agit de personnes restant « très peu de temps ».

« Il n’y a pas de contrôles destinés au G7 » a affirmé le préfet des Pyrénées-Atlantiques Eric Spitz. Selon lui, il s’agirait des contrôles « normaux » effectués « toute l’année » à la frontière. « Les contrôles vont être progressivement renforcés et vont monter en puissance  jusqu’au G7

rédigé d’après les médias

Roanne ( Loire): autour de la gare

Quelques tags découverts à Roanne dans la matinée de mardi 6 août, aux alentours de la gare. Des inscripions faisaient également référence à la disparition de Steve, mort noyé dans la Loire le soir de la fête de la musique, lors de l’attaque policière contre les fêtard.e.s sur l’île de Nantes.

[Repris du Progrès]

Valence, Drôme: La pacification n’est- elle pas assez complète dans cette zone nucléaire?

De quel ministère dépend la » journaliste » de France bleu Drome ardèche?

radio france drome ardèche dont une journaflic joue au procureur  de la république en utilisant la revendication de l’incendie du siège des chasseurs le 24 – 25 juillet au col de l’Escrinet.  En faisant le lien de la revendication de l »attaque de la du siège de radio france bleu

capture d’écran:

« La mouvance anarcho-libertaire a déjà revendiqué de nombreux incendies criminels dans la région : des antennes téléphoniques, des émetteurs de radio en Drôme-Ardèche mais aussi le feu qui a détruit les locaux de nos confrères de France Bleu Isère. »

 

 

La Bombe

Résultat de recherche d'images pour "BOMBE ATOMIQUE"« Si certains éléments humains se révoltent contre leurs rôles, ils seront remplacés par d’autres plus souples et leur révolte signifiera qu’ils sont tout bonnement écartés sans que rien ne change au fond. Les marxistes affirment que cela doit en être ainsi jusqu’à ce que se produise un changement révolutionnaire, mais un tel changement n’a jamais semblé aussi éloigné. Alors, que peut faire aujourd’hui un homme ? Comment peut-il éviter de tenir son rôle dans ce processus fatal ?

Tout simplement en refusant de le tenir. »

Dwight Macdonald. Extrait de Politics, septembre 1945.

Nous avons d’abord été épouvantés par l’explosion. « Le TNT est à peine deux fois plus puissant que ne l’était la poudre il y a six siècles. La Seconde Guerre mondiale a vu la production d’explosifs plus de soixante pour cent plus puissants que le TNT. Cent vingt-trois avions tous chargés d’une seule bombe atomique représenteraient une puissance de destruction égale à la totalité des bombes (2 453 595 tonnes) larguées par les Alliés sur l’Europe pendant cette guerre. [1] »

Cependant, il est peu à peu apparu que la véritable horreur de la bombe n’était pas dans son explosion mais dans sa radioactivité. La fission de l’atome libère toutes sortes de substances radioactives dont on peut se faire une idée de la puissance par le seul fait que l’eau utilisée pour refroidir la « pile » (la structure composée d’uranium et autres substances dont l’interaction entraîne la capacité d’explosion) dans l’usine de fabrication de la bombe à Hanford [2] est exposée à une quantité suffisante de radiation pour « réchauffer de manière appréciable la Columbia River ». Et le Times d’ajouter : « Même le vent qui souffle au-dessus de l’usine chimique recèle son lot de dangers tant les cheminées rejettent de gaz radioactif. » Smyth souligne par ailleurs que « les produits de la fission engendrés par le fonctionnement quotidien d’une pile d’uranium en réaction en chaîne de 100 000 kilowatts pourraient suffire à rendre une vaste région géographique totalement inhabitable ».

Il n’y a donc aucun doute sur le caractère potentiellement atroce de la radioactivité de la bombe. Les deux bombes ayant effectivement servi étaient apparemment d’avantage conçues pour exploser que pour propager des gaz (peut-être par simple souci humanitaire mais peut-être aussi pour protéger les soldats américains qui occuperont plus tard le Japon). Mais les intentions sont une chose et les faits en sont une autre. On craignait tant la radioactivité à Hanford que l’on y a pris les plus grandes précautions en matière de protections d’équipements, etc. À l’évidence, aucune précaution de ce type ne fut prise pour protéger les habitants de Hiroshima. L’avion a largué sa charge de poisons quasi inconnus avant de filer aussitôt. Mais qu’est-il arrivé ? L’extrême susceptibilité de l’armée et des scientifiques à ce sujet n’augure rien de bon. Quand l’un des plus modestes spécialistes à avoir travaillé sur la bombe, un certain professeur Harold Jacobson de New York, déclara que Hiroshima resterait « inhabitable » pendant soixante-dix ans, il fut immédiatement interrogé par les agents du FBI. Après quoi, « malade et bouleversé », il se fendit d’une autre déclaration, dans laquelle il insistait sur le fait qu’il s’agissait de son opinion strictement personnelle et que ses collègues n’étaient pas d’accord avec lui à ce sujet.

Pourtant, certaines nouvelles récentes en provenance du Japon indiquent que le professeur Jacobson pourrait bien avoir raison et ses éminents collègues tort. Le 22 août, après avoir annoncé que les deux explosions avaient fait 70 000 victimes et 12 000 blessés sur le coup, Radio Tokyo poursuivait : « Nombreux sont ceux qui meurent quotidiennement des brûlures contractées pendant les attaques aériennes. Nombre des brûlés ne peuvent pas survivre à leurs blessures à cause des effets inquiétants de la bombe atomique sur le corps humain. Même ceux dont les brûlures semblaient a priori peu dangereuses, et qui paraissaient au départ en bonne santé, se sont affaiblis au bout de quelques jours sans qu’on puisse en connaître la raison. » Howard W. Blakeslee, responsable de la rubrique sciences à l’Associated Press, affirme que ces derniers « étaient probablement victimes d’un phénomène bien connu dans les grands laboratoires américains travaillant sur les effets des radiations ». Le rayonnement d’une explosion atomique produit deux types de brûlures : la brûlure de type gamma ou rayons-X, qui apparaît toujours après un certain temps et qui produit finalement sur l’épiderme les mêmes effets qu’une brûlure ordinaire, plus des brûlures internes ; et les brûlures produites par la propagation des neutrons libérés. Au cours des tests en laboratoire effectués sur les animaux (au Japon, il s’agissait d’êtres humains), cette dernière n’a tout d’abord pas d’effets apparents mais se conclut néanmoins quelques jours plus tard par un décès dû au fait que les rayons à neutrons détruisent un très grand nombre de globules blancs. La première vague de neutrons relâchés par la bombe peut avoir frappé la terre, libérant ainsi d’autres neutrons et ainsi de suite. Les effets nocifs pourraient donc durer indéfiniment.

Certes, tout cela ne pourrait bien être que de la propagande (bien qu’il sera intéressant de voir si Hiroshima et Nagasaki seront interdits aux soldats américains). Mais l’essentiel reste qu’aucun de ceux qui ont conçu et utilisé cette monstruosité ne sait réellement dans quelle mesure exacte ces poisons radioactifs pourraient être mortels et persistants [3]. Ce qui ne les empêche d’ailleurs nullement de poursuivre leur mission, pas plus que l’armée ne cesse de larguer ses bombes. Sans doute n’est-il possible de trouver une telle irresponsabilité et une telle rigidité morale que chez les soldats et les scientifiques, deux types d’individus formés à raisonner « objectivement » : c’est-à-dire en termes de moyens et non de fins. Quoi qu’il en soit, il s’agit indubitablement de la plus extraordinaire expérience scientifique de toute l’histoire, où des villes entières ont servi de laboratoires et des êtres humains de cobayes.

La rengaine officielle concernant la fission atomique prétend qu’elle peut aussi bien être une force pour le bien (la production) qu’une force pour le mal (la guerre). Ainsi la question est-elle simplement de savoir comment utiliser ses bons côtés plutôt que les mauvais. Finalement, c’est une simple question de « bon sens ». Mais comme Engels le fit remarquer un jour, le bon sens vit d’étranges aventures dès qu’il délaisse son confortable foyer bourgeois pour se lancer dans le monde réel. En effet, étant donné la nature des institutions actuelles – et leurs apologistes officiels (de Max Lerner au président Conant de Harvard) n’envisagent pour elles qu’un léger ravalement –, comment pourrait-on « contrôler » la bombe ? comment pourrait-on l’« internationaliser » ? Les grandes puissances impérialistes entament déjà les grandes manœuvres qui leur permettront de se positionner en prévision de la Troisième Guerre mondiale. Comment peut-on s’attendre à ce qu’ils abandonnent le phénoménal avantage que leur confère la bombe ? Peut-on espérer qu’étant donné les capacités destructrices renversantes de la bombe ils tomberont d’accord, par simple souci d’autopréservation, pour la mettre « hors la loi » ? Ou bien qu’ils banniront la guerre elle-même du seul fait qu’une guerre « atomique » signifierait probablement la ruine mutuelle de tous les belligérants ? On avançait les mêmes arguments pour démontrer l’« impossibilité » de la Première Guerre mondiale. On fit de même avant la Seconde Guerre mondiale. Les ravages engendrés par ces guerres furent aussi terribles qu’on l’avait prédit, et pourtant elles eurent finalement lieu. À l’instar de toutes les grandes avancées technologiques du siècle passé, la fission atomique est une chose dans laquelle le Bien et le Mal sont si intimement entremêlés qu’il est difficile de savoir comment en extraire le Bien et comment se débarrasser du Mal. Un siècle d’efforts n’a pas suffi à séparer pour le capitalisme le Bien (production accrue) du Mal (exploitation, guerres, barbarie culturelle). Cet atome- n’a jamais subi la fission et ne la subira peut-être jamais.

Les socialistes marxiens, tant les révolutionnaires que les réformistes, acceptent eux aussi la rengaine sur les potentialités bonnes ou mauvaises, car elle repose sur la foi en la Science et le Progrès que partagent aussi bien les socialistes que les conservateurs et qui reste d’ailleurs aux fondements de la pensée occidentale. (Sous cet angle, le marxisme semble n’être que l’expression intellectuelle la plus profonde et la plus cohérente de cette foi.) Les marxistes imposant comme préalable à l’usage bénéfique de la fission atomique un changement fondamental dans les institutions actuelles, ils ne sont pas eux non plus très ouverts aux objections soulevées plus haut. Mais si l’on regarde au-delà du simple niveau politique, la version marxiste de la rengaine en question apparaît pour le moins parfaitement inappropriée. Mais je ne souhaite pas ici entrer dans cette discussion et j’essaierai de le faire dans The Root Is Man [4]. Laissez-moi simplement signaler que cette version, en les réduisant au statut de simple épisode dans un processus historique qui au bout du compte « finira bien », émousse quelque peu notre réaction face aux atrocités commises en ce moment et qu’elle fait de nous des êtres moralement insensibles (rendant ainsi inefficace toute action contre les atrocités actuelles) et excessivement optimistes quant à la question du Mal. En outre, la version marxiste néglige le fait que des atrocités telles que la bombe et les camps de la mort nazis sont en ce moment même en train de faire violence, de pervertir et d’étouffer les êtres humains censés rendre le monde meilleur, et que la technologie moderne a sa dynamique anti-humaine propre, qui s’est montrée jusqu’à maintenant bien plus puissante que les effets libérateurs que nous promet le schéma marxiste.

La bombe a engendré deux types de réactions émotionnelles très largement répandues dans ce pays – et du point de vue des autorités parfaitement indésirables : un sentiment de culpabilité devant le fait que « nous » avons fait cela à « ces gens-là », et un sentiment d’angoisse à l’idée qu’à l’avenir « ces gens-là » puissent nous faire cela à « nous ». Ces deux sentiments ont été exacerbés par l’échelle surhumaine de cette bombe. Les autorités ont donc fait de valeureux efforts pour ramener les faits à un contexte plus humain, dans lequel les notions comme la Justice, la Raison et le Progrès pourraient être de quelque utilité. On avance certaines justifications morales : la guerre a été écourtée et de nombreuses vies sauvées aussi bien du côté japonais qu’américain ; « nous » avons dû inventer et utiliser la bombe contre « eux » de peur qu’« ils » ne l’inventent et ne l’utilisent contre « nous » ; les Japonais le méritaient puisque ce sont eux qui ont commencé cette guerre et traité les prisonniers de façon barbare, etc., ou parce qu’ils refusaient de se rendre. L’ineptie de ces justifications est évidente :n’importe quelle atrocité, absolument n’importe laquelle pourrait être justifiée de ces différentes manières. En effet, il n’y a qu’une réponse possible au problème posé par le Grand Inquisiteur de Dostoïevski : si l’humanité tout entière pouvait atteindre un bonheur total et éternel en torturant à mort un seul enfant, pourrait-on justifier moralement cet acte ?

La stratégie mise en place par les autorités – terme par lequel je n’entends pas seulement les responsables politiques mais également les scientifiques, les intellectuels, les syndicalistes et les hommes d’affaires qui agissent au plus haut niveau de notre société – est un tantinet plus subtile. Cette stratégie consiste à tenter de calmer les craintes que la bombe a éveillées en chacun de nous. Du président Truman jusqu’au plus bas de l’échelle, tout le monde insiste sur le fait que la bombe a été produite selon les règles normales et nécessaires de l’expérimentation scientifique et que, de ce fait, il ne s’agit que de la dernière étape dans la longue lutte menée par l’homme pour assurer son contrôle sur les forces de la nature. En un mot, il s’agit de Progrès. Mais c’est une arme à double tranchant : en ce qui me concerne, en tout cas, cette stratégie a eu pour seul effet d’accroître mes (déjà forts) soupçons quant à l’idée d’un « progrès scientifique » capable d’engendrer cette monstruosité. En avril dernier, j’écrivais que, dans les films américains, « la blouse blanche des scientifiques est un spectacle qui glace autant les sangs que la cape noire de Dracula. […] Si le laboratoire scientifique se caractérise dans la culture populaire par une atmosphère spectrale, ne peut-on voir là un exemple de la profonde intuition des masses ? Il n’y a pas loin du laboratoire de Frankenstein à Maidanek [5] (ou, de nos jours, à Hanford et Oak Ridge [6]). Ne nous trouverions-nous pas devant un doute populaire – peut-être à demi-conscient seulement – quant au caractère bien fondé de la confiance placée en la science par le XIXe siècle ? »

Ces interrogations semblent de plus en plus pertinentes, mais je doute que nous obtenions des réponses satisfaisantes de la part des scientifiques ; qui d’ailleurs semblent eux-mêmes parfaitement incapables de les poser – sans même parler d’y répondre. Le plus grand de tous, qui élabora en 1905 l’équation qui fournit les bases théoriques de la fission atomique n’a rien trouvé de mieux à nous dire après les bombardements que la chose suivante : « Aucun individu au monde ne doit nourrir de peurs ou de craintes, à propos de l’énergie atomique, qui serait d’ordre surnaturel. En développant l’énergie atomique, la science ne fait simplement qu’imiter la réaction des rayons solaires. [Le « simplement » est admirable !] La puissance atomique n’est pas moins naturelle que celle qui me permet de faire naviguer mon bateau sur le lac Saranac. » Dixit Albert Einstein. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas précisément l’aspect naturel, parfaitement rationnel et scientifiquement démontrable de la chose qui nous glace les sangs à l’heure actuelle ! En comparaison, combien peuvent nous paraître humains, proches, amicaux, les fantômes et autres sorcières, maléfices, loups garous et esprits frappeurs ! De fait, tous autant que nous sommes – à l’exception de quelques spécialistes –, nous en savons à peu près autant sur les sorcières que sur la fission atomique, et tous, sans exception, sommes moins capables de nous protéger contre la bombe que contre la sorcellerie. Aucune balle en argent, aucun crucifix ne peuvent nous aider en ce domaine. Et comme pour confirmer ce fait, Einstein lui-même, alors qu’on l’interrogeait sur les émanations radioactives inconnues dont même les éditorialistes et les rédacteurs commençaient à s’inquiéter, a répondu catégoriquement : « Je ne veux pas parler de cela ! » Réaction peu faite pour nous rassurer.

Pas plus que le président Truman ne nous a rassurés en affirmant que « ce programme, qui a été mis en œuvre par quelques milliers de collaborateurs dotés de la plus grande énergie et du sens le plus élevé du devoir national, […] représente probablement la plus grande réussite de toute l’histoire. Réussite que nous devons aux efforts combinés de la science, de l’industrie, des travailleurs et de l’armée ». Sans parler du professeur Smyth : « Cette arme n’est pas le fruit de l’inspiration diabolique d’un quelconque génie sournois mais bien celui du travail ardu de milliers d’hommes et de femmes ordinaires travaillant à la sécurité de notre pays. » Ici encore la tentative d’« humaniser » la bombe en montrant comment elle s’inscrit dans notre vie ordinaire, quotidienne, est à double tranchant : elle nous révèle combien la vie normale est devenue inhumaine.

Les auteurs de romans de science-fiction bon marché pouvaient aisément imaginer quelque chose qui ressemble à la bombe atomique. De fait, la vie ressemble de plus en plus à un roman de science-fiction, et l’arrivée sur terre d’une poignée de Martiens montés sur six jambes et munis de leurs rayons de la mort aurait bien du mal à faire la une des journaux. Mais l’imagination des auteurs de science-fiction était bien limitée : leurs bombes atomiques étaient la création de génies « diaboliques » et « sournois » et non celle de « milliers d’hommes et de femmes ordinaires » parmi lesquels certains des plus éminents scientifiques de notre temps, le mouvement syndicaliste (l’armée n’a-t-elle pas « chaleureusement » remercié l’AFL et la CIO [7] pour avoir fourni « la quantité de main-d’œuvre adéquate, ce qui à certains moments semblait parfaitement impossible »), diverses grandes entreprises (DuPont, Eastman, Union Carbon & Carbide) et le président de l’université de Harvard.

Bien sûr, seule une poignée d’entre eux savaient exactement ce qu’ils étaient en train de créer. Aucun des 125 000 ouvriers chargés de la fabrication et du montage ne le savaient. Seuls trois membres des équipages des avions qui larguèrent la première bombe étaient au courant de la force qu’ils libéraient. Inutile de préciser que quelque chose ne tourne pas rond lorsque qu’une société peut mobiliser un très grand nombre de citoyens dans la construction d’une monstruosité telle que la bombe sans même leur dire ce qu’ils font exactement. Quel contenu réel peuvent bien avoir alors des notions comme « démocratie » ou « gouvernement du peuple par et pour le peuple » ? Le bon professeur Smyth exprime l’opinion que « les citoyens de ce pays » devraient décider par eux-mêmes du développement futur de la bombe. En tout cas, il est certain qu’aucun vote n’a été organisé pour décider de sa fabrication et de son emploi. Néanmoins, ajoute le bon professeur pour nous rassurer, ces questions « ont fait l’objet de sérieuses considérations de la part des individus concernés [c’est-à-dire la poignée de gens autorisés à savoir ce qu’il se passait] et d’un vif débat parmi les scientifiques, dont les conclusions ont été transmises aux plus hautes autorités. Ces questions ne sont pas d’ordre technique. Ce sont des questions d’ordre politique et social, et les réponses à ces questions pourraient affecter l’humanité tout entière. En réfléchissant à ces questions, les hommes qui ont travaillé sur ce projet ont réfléchi en tant que citoyens américains extrêmement soucieux du bien être de la race humaine. Ce fut leur devoir et celui des membres les plus éminents du gouvernement qui avaient été chargés d’envisager bien au-delà des limites de la guerre actuelle et de ses armes les ultimes implications de ces découvertes. Ce fut une lourde responsabilité. Dans un pays libre comme le nôtre, de telles questions devraient être débattues par le peuple et les décisions devraient être prises par le peuple au travers de ses représentants ».

Il serait injuste de soumettre cette citation à l’analyse critique, sauf à souligner que toutes les déclarations sur ce qui est vont à l’encontre de celles sur ce qui devrait être.

La fission atomique me fait apprécier pour la première fois la vieille notion d’hubris issue de la Grèce antique : cette absence de limites dans la réussite qui finissait par provoquer la punition des dieux qui la connaissaient. Un scientifique a fait remarquer l’autre jour qu’il se réjouissait de ce que le seul atome que nous sachions soumettre à la fission fût celui de l’uranium, qui est assez rare. En effet, si nous pouvions apprendre à fissionner l’atome du fer ou de tout autre minerai fort commun, la réaction en chaîne pourrait concerner de très vastes régions et le magma en fusion à l’intérieur du globe pourrait remonter et se répandre, mettant ainsi un terme à nos existences et aux progrès tout court. Un parfait exemple d’hubris nous a été donné par le président Truman quand il a déclaré que « la force dont le soleil tire ses pouvoirs a été lâchée contre ceux qui ont provoqué la guerre en Extrême-Orient ». Ou quand l’éditorialiste du Times lui fait écho en écrivant : « La réponse américaine au rejet méprisant par les Japonais de l’ultimatum adressé par les Alliés le 26 juillet dans l’objectif d’une reddition s’est abattue sur le sol japonais sous la forme d’une arme nouvelle qui a déchaîné contre lui les forces de l’univers. » Invoquer les forces de l’univers pour soutenir l’ultimatum du 26 juillet, c’est un peu comme faire entrer Dieu lui-même et lui demander de faire le ménage.

Il semble parfaitement juste que la bombe n’ait été fabriquée par aucune des puissances totalitaires – dont l’atmosphère politique semble pourtant à première vue mieux lui convenir – mais par les deux « démocraties », les deux dernières puissances à continuer de montrer un respect – du moins idéologique – à la tradition démocratico-humanitaire. Il semble aussi logique que les chefs de ces gouvernements, au moment de l’explosion de la bombe, n’aient été ni Churchill ni Roosevelt [8] (figures d’une certaine stature du point de vue historique aussi bien que personnel) mais Attlee et Truman, deux personnalités relativement ternes, des hommes médiocres élevés jusqu’à leurs positions respectives par le simple jeu mécanique du système. Tout cela met l’accent sur la nature parfaitement automatique, le manque absolu de conscience ou d’aspirations humaines que notre société est sur le point d’atteindre très rapidement. Comme une « pile » à uranium, une fois tous les éléments réunis, passe inexorablement par toute une série de « réactions en chaîne » jusqu’à l’explosion finale, les éléments de notre société agissent et réagissent sans se soucier des idéologies ou des personnalités, jusqu’à ce que la bombe explose sur Hiroshima. Plus les personnalités sont ordinaires et plus absurdes les institutions, plus grandiose la destruction. Le Crépuscule des dieux, mais sans les dieux.

Les scientifiques eux-mêmes, dont le travail intellectuel a produit la bombe, ne sont pas présentés comme ses créateurs mais comme une matière première à se procurer et à exploiter au même titre que l’uranium. Ainsi, le professeur Otto Hahn – scientifique allemand qui fissionna pour la première fois l’atome en 1939 et fit tout ce qui était en son pouvoir pour offrir une bombe atomique à Hitler – a-t-il été transporté jusque chez nous pour partager ses connaissances avec notre propre « équipe » atomique (qui comprend quelques réfugiés juifs chassés d’Allemagne par Hitler). Ainsi le professeur Kaputza, le plus éminent spécialiste de l’uranium en Russie, fut-il séduit au point de quitter l’université de Cambridge pour revenir dans son pays natal dans les années 1930 avant de se voir interdire, une fois là-bas, le retour. Ou encore, selon un rapport récent en provenance de Yougoslavie, un éminent spécialiste local de la fission atomique aurait été enlevé par l’Armée rouge (comme une machine-outil de valeur) et expédié à Moscou par avion.

Si l’on doit assigner une quelconque responsabilité morale à l’existence de la bombe, elle doit l’être à ces scientifiques qui l’ont conçue et fabriquée et à ces responsables politiques et militaires qui en ont fait usage. Et comme nous, tous les autres Américains, ne savions même pas ce qui se faisait en notre nom – sans parler d’avoir la plus infime possibilité de faire cesser le processus –, la bombe devient la plus spectaculaire illustration jusqu’à nos jours du caractère fallacieux de la notion de responsabilité collective que j’ai évoquée dans « La responsabilité des peuples [9].

D’ailleurs, peut-on même tenir pour responsables ceux qui sont pourtant le plus immédiatement concernés ? Le rôle d’un général n’est-il pas de gagner les guerres, celui d’un président ou d’un Premier ministre de défendre les intérêts de la classe dirigeante qu’il représente, celui d’un scientifique de repousser toujours plus loin les limites du savoir ? Dans ces conditions, comment aucun d’entre eux pourrait-il refuser la bombe atomique, ou quoi que ce soit d’autre d’ailleurs, sans tenir compte de ses « sentiments personnels » ? Posé en ces termes, le dilemme est total. L’ordre social est un mécanisme impersonnel, la guerre est un processus impersonnel et ils s’enclenchent automatiquement. Si certains éléments humains se révoltent contre leurs rôles, ils seront remplacés par d’autres plus souples et leur révolte signifiera qu’ils sont tout bonnement écartés sans que rien ne change au fond. Les marxistes affirment que cela doit en être ainsi jusqu’à ce que se produise un changement révolutionnaire, mais un tel changement n’a jamais semblé aussi éloigné. Alors, que peut faire aujourd’hui un homme ? Comment peut-il éviter de tenir son rôle dans ce processus fatal ?

Tout simplement en refusant de le tenir. Nombre de scientifiques éminents, par exemple, ont travaillé sur la bombe : Fermi en Italie, Bohr au Danemark, Chadwick en Grande-Bretagne, Oppenheimer, Urey et Compton aux États-Unis. On peut avec justice s’attendre à ce que de tels hommes d’un grand savoir et d’une grande intelligence aient une certaine conscience des conséquences de leurs actes. Et il semble bien que ce fut le cas. Le professeur Smyth fait cette remarque : « Au début, de nombreux scientifiques pouvaient espérer – et espéraient réellement – qu’un principe quelconque finirait par prouver que la bombe atomique était intrinsèquement impossible à réaliser. Mais l’espoir s’est évanoui peu à peu. » Pourtant, ils ont tous fini par accepter « un poste » dans la production de la bombe. Pourquoi ? Parce qu’ils se considèrent comme des spécialistes, des techniciens, et non comme des êtres humains complets. Spécialistes au sens où, le processus de la découverte scientifique étant considéré comme moralement neutre, le scientifique peut regretter les usages que font de ses découvertes les généraux et les politiciens sans pour autant refuser de poursuivre ses recherches. Spécialistes également dans le sens où ils ont réagi à la guerre en tant que partisan d’un camp dont le rôle était aussi étroit que celui d’assurer la défaite des gouvernements de l’Axe, même au prix du sacrifice de leurs responsabilités plus générales en tant qu’êtres humains.

Fort heureusement pour l’honneur de la science, un certain nombre de scientifiques ont refusé de participer à ce projet. J’ai entendu parler d’un certain nombre de cas de ce genre et Sir James Chadwick nous a appris que « certains de [ses] collègues ont refusé de travailler sur la bombe atomique de peur de créer un monstre capable de détruire la planète ». Ces scientifiques ont réagi en êtres humains complets et non en spécial-istes ou en part-isans. On a tendance aujourd’hui à considérer que les peuples sont responsables tandis que les individus ne le seraient pas. Le renversement de ces deux propositions est la condition nécessaire pour échapper à notre descente actuelle en direction de la barbarie. Plus un individu pense et se conduit comme une homme complet (donc responsable) plutôt qu’en élément spécialisé d’une nation ou d’une profession (et donc irresponsable), plus nous pouvons fonder notre espoir en l’avenir. Tout faire pour agir en individu responsable voire inefficace ; à moins que cela ne soit au contraire sage, prudent et efficace. Quoi que cela puisse être finalement, ce n’est qu’ainsi que nous conserverons une chance de changer le cours actuel de notre tragique destin. Honneur donc à ces scientifiques – le nom d’hommes serait plus adéquat – britanniques et américains pourtant restés anonymes qui ont été suffisamment sages dans leur folie pour refuser de coopérer à la conception de la bombe ! C’est cela la « résistance », c’est cela le « négativisme », et c’est en cela que reposent nos meilleurs espoirs.

Dwight Macdonald.

Extrait de Politics, septembre 1945.

Depuis infokiosques.net


[1] Le dossier « Âge atomique » du Times (20 août) est la meilleure enquête générale qu’il m’ait été donné de lire. Le point de vue scientifique le plus argumenté à avoir été publié sur la bombe est le rapport de quelque 30 000 mots rédigé par le professeur H. D. Smyth de Princeton à l’attention du département à la Guerre – il a été résumé par Waldemar Kaempffert dans le New York Times du 16 août.

[2] Complexe nucléaire militaire construit en 1943 dans le cadre du projet Manhattan, il y a été produit la majorité du plutonium (57t.) déstiné aux ogives nucléaires américaines jusqu’en 1987, c’est maintenant l’un des plus grand centre de stockage de déchets nucléaire du monde. (NdAE)

[3] Quelqu’un qui doit être bien informé me dit, au moment où cet article va être publié, qu’au début du mois de septembre le département à la Guerre a expédié au Japon le professeur Shields Warren, de la Harvard Medical School, une sommité dans le domaine de l’empoisonnement par le radium, pour y étudier les effets de la bombe. Manifestement, le département à la Guerre est moins sûr des effets exacts de la bombe que sa propagande voudrait nous le faire croire.

[4] Dwight Macdonald, The Root is Man, Autonomedia, (1945) 1994 ; traduction française, Partir de l’homme, Spartacus, 1948.