2014-18 – Le passé et le futur vs. le présent

le présent

Cent ans. Considéré avec une certaine distance, cela semble microscopique, à peine un soupir d’un point de vue historique. Mais c’est aussi le moment charnière entre grands-parents et arrière-grands-parents, entre des visages connus et des photos jaunies, entre des caractères proches et des histoires lointaines. 1914-1918.

Beaucoup de commémorations s’approchent, sans doute en présence de messieurs dames hauts dignitaires. Des discours sont tenus prétendant que « nous » avons appris de l’histoire, que « nous » sommes maintenant sur le bon chemin. Une note éphémère ici (c’est qu’il y a toujours des améliorations possibles), une tape réconfortante dans le dos par là et en apothéose, cet inévitable « Plus jamais de guerre ». Une blague indémodable ; les gens du pouvoir qui s’érigent en pacifistes. Les obsèques de Mandela ont aussi constitué une de ces pièces de théâtre dont les acteurs sont connus. Ceux qui revendiquent le monopole de la violence, commandent et arment les armées et les milices (ou polices si vous voulez), concluent des alliances pour conquérir et occuper des territoires (war on terror ou mission de paix en pure novlangue), tamponnent les licences d’exportation de matériel de guerre avec des destinataires souvent fl ous mais des buts toujours clairs ; de l’oppression à l’extermination. C’est une blague amère.

Le souvenir d’une catastrophe inconcevable (et tout sauf naturelle) comme celle de 1914-1918… que dois-je en faire en tant que jeune homme ? Même les protagonistes qui mourraient par centaines et milliers dans les tranchées, qui gardaient des cicatrices indélébiles de ces quelques années, ne pouvaient pas en empêcher la répétition, à certains égards en superlatif. En toute honnêteté, il faut ajouter que les opposants les plus virulents à la guerre, lorsqu’ils n’ont pas servi de chair à canon sur le champ de bataille, sont morts dans les années ré- volutionnaires qui ont suivi le massacre, une baïonnette dans le ventre ou un couteau dans le dos quand ils ont tenté de se débarrasser de leurs maîtres. Opprimer et exterminer, cela ne faisait ni chaud ni froid à la nouvelle société.

Quelle est alors la leçon que je pourrais tirer de l’histoire ? Qu’elle se répète toujours ? Cet énorme cliché sans cesse épousseté et en même temps nié ?

Les causes de la catastrophe de ‘14- ’18 me disent quelque chose, elles paraissent même quelque peu banales. Une société qui se croit incontestable dans son savoir-faire. Des dirigeants qui aspirent à rendre leur pouvoir totalitaire, c’est-à-dire tangible dans tout geste et toute pensée (en se servant de l’instrument séculaire du patriotisme). Un Progrès technologique implacable qui fait miroiter des paradis tout en faisant surtout approcher l’extermination de masse.

Les comparaisons sont faciles (trop faciles ?). Un jeu de poker financier dans lequel les perdants accidentels payent par la banqueroute les risques et les profits des gagnants. Ensuite, un « faites vos jeux ! » et on se retrouve au prochain tour. La démocratie qui ne tolère la contestation que dans la mesure où elle se déclare en accord avec la démocratie et qualifie le reste de terrorisme. Des dirigeants qui veulent se faire valoir jusque dans les moindres gestes (en indiquant par exemple, où vous pouvez vous asseoir, ou ce que vous pouvez mettre dans vos poubelles). Un nationalisme qui n’a en fait jamais disparu, mais redessine de temps en temps ses frontières afin de paraître à nouveau frais et alléchant. Une énième catastrophe soi-disant exceptionnelle (Fukushima et le Golfe de Mexique en sont des exemples les plus récents et spectaculaires), qui rend un territoire inaccessible pour des centaines d’années, mais ne fait pourtant pas chanceler la technologie. Bien au contraire même, les scientifiques résoudront ces problèmes avec plus de technologies, avec de meilleures technologies.

Peut-on étudier des causes, tirer des conclusions ? Et alors ? Voulons-nous continuer à nous répéter avec nos cris contre la guerre et les dirigeants, attendons-nous une autre issue ?

L’histoire qui se projette dans l’avenir peut-elle être niée ? Peut-être que oui. N’est-ce pas ce que font les anarchistes? Se battre, contre toute raison (c’est-à- dire, contre la raison de cette société), pour une autre possibilité, celle de la liberté ? Pas parce que nous voulons être des martyres ou des pédants aspirant à une place dans les livres de l’histoire, comme « ceux qui étaient dans le vrai depuis le début ». Ces mêmes livres démontrent déjà qu’un tel espoir est vain. Les anarchistes qui se battaient contre les mobilisations de guerre étaient convaincus de leur cause. Eux ou leurs idées ont-ils eu quelque reconnaissance après ? Pas du tout. Cela rend-il leurs efforts futiles voire même ridicules ? Absolument pas. Parce qu’une répétition de l’histoire, un conformisme avec cette société, n’est pas la vie. La vie perd son sens, vivre comme mouvement, lorsqu’elle devient une fatalité, si nous refusons d’agir.

[Publié dans la revue anarchiste Salto n°4, août 2014]

Appel à la solidarité avec les anarchistes russes

Le vendredi 9 novembre 2018

repris de : 325

Les services spéciaux russes sont en train de préparer la destruction du mouvement anarchiste. Leur excuse sont les attaques explosives de jeunes anarchistes.

« Never forget our fallen comrades! » Melbourne, Australia.

L’anarchiste Mikhail Zhlobitsky, de 17 ans, s’est fait exploser dans un local du FSB dans la ville d’Arkhangelsk, le matin du 31 octobre. Avant l’explosion, il a posté des messages sur le réseau social Vkontakte et sur le chat de la messagerie Telegram Rechi Buntovshchika (Paroles de rebelles – t.me/rebeltalk). Dans ces messages, plusieurs minutes avant l’explosion, il annonçait l’action qu’il allait mener et en disait les motivations – propagande par le fait et vengeance pour la torture et la répression de la part du FSB contre des anarchistes.

Le complice supposé de Mikhail, qui a 14 ans, a été arrêté par les service spéciaux à Moscou le 2 novembre. Ils accusent Kirill Kuzminkin de préparer une attaque à la bombe contre une manifestation néo-nazi. Kirill nie ces accusations. Les flics disent avoir trouvé chez Kirill les composants nécessaires à la préparation d’explosifs. Le père de Kirill déclare que ce sont des composants pour la fabrication de pétards et les service spéciaux sont en train d’essayer de présenter l’ado comme un terroriste.

Au même moment, à travers tout le pays, police et services spéciaux interrogent anarchistes, socialistes, antifascistes et même libertariens. Les abonnés à Narodnaya Samooborona (Autodéfense populaire), la plus grande base de donnée anarchiste russe, et de Rechi Buntovshchika (Paroles de rebelles), le chat anarchiste sur Telegram, où les messages de Mikhail Zhlobitsky sur l’attaque imminente ont été postés, sont contrôlés en masse. Par exemple, à Krasnodar, environ cent personnes ont été convoquées par la police. Elles ont été interrogées sur leur attitude vis-à-vis de l’anarchisme, de Narodnaya Samooborona et de l’action de Zhlobitsky. Il semblerait que police et services spéciaux veuillent contrôler tou.te.s les abonné.e.s de Narodnaya Samooborona – 26000 personnes.

À la suite de l’opération des forces de sécurité, sont déjà apparues des nouvelles enquêtes contre des anarchistes. Le 4 novembre, l’anarchiste Vyacheslav Lukichev a été emprisonné à Kaliningrad ; il est connu dans le milieu anarchiste pour ses activité animalistes et antifascistes. Vyacheslav est accusé d’apologie publique de terrorisme pour avoir publié le message de Mikhail Zhlobitsky sur le canal anarchiste Prometeus de Telegram (t.me/class_war). Malgré le fait que ce message ait été publié par de nombreux média du pays, Vyacheslav se trouve maintenant à risquer sept ans de prison. C’est évident qu’une telle « justice » sélective est due aux opinions anarchistes de Vyacheslav et la haine des forces spéciales envers les anarchistes et Prometheus. Le FSB a essayé d’accuser la compagne de Vyacheslav de ce délit, après quoi il s’est auto-accusé pour la sauver. Nous avons toutes les raison de croire que ces détentions sont seulement le début d’une nouvelle grosse vague de répression contre les anarchistes russes.

Apparemment, le FSB va utiliser cette situation pour réprimer le mouvement anarchiste et Narodnaya Samooborona, qui est le plus grand mouvement anarchiste en Russie au jour d’aujourd’hui. Il promeut l’anarchisme sur les réseaux sociaux, créant la plus grande base de donnée anarchiste du pays, et se bat contre les mafieux et les patrons sans scrupules. Dans les deux dernières années, Narodnaya Samooborona a organisé une série de campagnes qui ont été suivies dans des dizaines de villes russes. Après la campagne sur l’affaire « Réseau » [la répression contre des anarchistes de Penza et Saint Petersbourg; NdAtt.], organisée par Narodnaya Samooborona en février et mars de cette année, les services spéciaux ont entamé la répression contre ce mouvement. En février, plusieurs anarchistes ont été arrêtés à Chelyabinsk, car suspectés d’avoir posé la banderole « le FSB est le seul terroriste ». Les anarchistes ont été enfermé.e.s par les forces spéciales du FSB et torturé.e.s pour qu’ils/elles avouent avoir mené cette action. Le FSB a aussi essayé de les faire passer pour la cellule locale de Narodnaya Samooborona, afin de présenter ce mouvement comme une organisation extrémiste, ce qui, selon la loi russe, permettrait de créer une nouvelle grosse affaire répressive contre des anarchistes.

De plus, il y a eu de la répression à Moscou à la veille des élections présidentielles. En février, plusieurs anarchistes ont été arrêté.e.s et accusé.e.s de s’en être pris aux bureaux d’Edinaya Rossiya (Russie Unie), le parti au pouvoir. En mars, à la veille des élections, les forces spéciales et la police politique ont mené une opération contre les anarchistes de Moscou, avec une série de perquisitions de maisons d’anarchistes. Un de ces anarchistes, Svyatoslav Rechkalov, que le police suspectait d’être l’administrateur du média anarchiste Narodnaya Samooborona, a été torturé avec des électrochocs. Pendant qu’il était torturé, on lui demandait d’avouer être le « chef des anarchistes », l’organisateur de Narodnaya Samooborona et de toutes les campagnes anarchistes menées récemment dans le pays. Pendant les tortures dans les locaux de la police politique, ça lui a été clairement dit que la raison de cette répression à l’encontre des anarchistes était leur activité grandissante et leurs actions dans les villes russes.

Ceux-ci sont loin d’être les seuls exemples de répression visant des anarchistes cette année. Plus tôt, le FSB a monté une affaire pénale à Penza et Saint Petersbourg, torturant des anarchistes de ces villes et les accusant d’avoir crée une organisation terroriste, le « Réseau ». En février-mars de cette année, il y a eu une descente de police contre les anarchistes de Crimée. Pendant ces opérations aussi, des activistes ont été torturés. Un d’eux, Evgeny Karakashev, est toujours en taule, accusé de terrorisme. Un autre anarchiste de Crimée, Alexander Kolchenko, a choppé une condamnation à dix ans de prison pour une action définie comme criminelle, faite avec le réalisateur Oleg Sentsov.

En plus, l’autre jour une autre affaire pénale a été intentée contre le vétéran du mouvement anarchiste Ilya Romanov. Ilya a commencé son activité anarchiste à l’époque de l’URSS et a écopé de plusieurs condamnations de prison. A l’heure actuelle il est en prison pour une affaire de terrorisme, fabriquée par le FSB, à cause de l’explosion d’un pétard. Romanov critique la gestion de la colonie pénale où il se trouve, du coup une nouvelle affaire pénale a été montée contre lui. L’administration de la colonie pénale a crée un compte Facebook à son nom et y a publié une vidéo avec un appel à rejoindre Daesh. Cela a suffit pour qu’Ilya Romanov reçoive une nouvelle condamnation. Il y a aussi des nouvelles du début d’une affaire contre cinq anarchistes à Chelyabinsk, pour des tags contre la réforme des retraites.

A Irkusk, les procès continuent contre Dmitry Litvin, accusé d’« offense aux sentiments des croyants » pour avoir publié une photo sur les réseaux sociaux dans laquelle il fait le doigt d’honneur sur le fond d’une église. L’année dernière il y a eu des descentes de police contre des anarchistes d’Irkutsk pour avoir posté cette photo. Les appartements des anarchistes ont été ravagés par les forces spéciales.

Évidemment, à cause de toute cette répression et de cette terreur étatique, la nouvelle génération d’anarchistes sera consciente du fait qu’il n’y a pas de différence entre la lutte armée et les protestations légales – dans tous les cas tu sera considéré comme un terroriste et torturé.

Cela pousse les jeunes anarchistes vers les bombes. Malheureusement le mouvement anarchiste russe est extrêmement fragmenté et a plein de conflits, et on ne se soutient pas les uns les autres en cas de répression. De nombreux mouvements anarchistes se sont déjà dépêchés de condamner les jeunes poseurs de bombe et les désavouer, disant qu’ils n’ont aucun lien avec l’anarchisme. Auparavant, même la répression contre de nombreux autres anarchistes était ignorée. Malgré l’augmentation des affaires pénales et la persécution des anarchistes, les information à ce propos sont ignorées à cause de conflits personnels et des considération conjecturales.

Nous faisons appel à la solidarité avec tou.te.s les anarchistes russes qui subissent la répression – à Penza, Saint Petersbourg, Moscou, Chelyabinsk, Kaliningrad, Irkutsk et en en Crimée. La Russie est en train de devenir une dictature terroriste et cela pousse déjà les jeunes anarchistes vers les bombes.

Notre contact : media_ns [at] riseup.net

[N.B. : traduction avec gogole – à prendre donc avec réserve ]

source : https://attaque.noblogs.org/post/2018/11/11/appel-a-la-solidarite-avec-les-anarchistes-russes/#more-22259

Paris,France la lutte contre la machine à expulser en appel – 2 novembre 2018

Le 2 novembre 2018 à Paris se tiendra une audience relais de la Cour d’appel pour fixer la date définitive du second procès de la lutte contre la machine à expulser. Le 22 juin 2018 en première instance, sept camarades et compagnon.ne.s avaient pris un total de 9 mois de prison ferme et 5 mois avec sursis ou en jours-amende, suite aux visites inamicales dans les agences Air France et SNCF de mars 2010, quelques heures après la condamnation à des années de taule de dix sans-papiers accusés de l’incendie du centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes.

De 2006 à 2011, une lutte contre la machine à expulser a touché des centaines d’objectifs de manière variée, avec le feu comme avec le marteau ou l’acide, sans compter les balades sauvages et les discussions publiques, ou les idées (affiches, banderoles, tags, tracts) directement adressées à la rue au-delà de tout rapport virtuel. Une lutte sans sujet ni centre politique, qui proposait à chacun l’auto-organisation sans médiation et l’action directe diffuse à partir d’un angle particulier, la machine à expulser, une lutte au nom de la « liberté pour tous et toutes, avec ou sans papiers ».

Après des mois d’enquêtes menées par les petits soldats de la section anti-terroriste (SAT) de la brigade criminelle du 36 quai des Orfèvres et deux vagues de perquisitions en février et juin 2010 dans une quinzaine de domiciles, deux vastes instructions judiciaires furent ouvertes. Elles ont fini sept années plus tard par des jugements qui se raccrochent aux branches, faute d’avoir pu mettre la main sur les anonymes qui avaient mené toutes ces attaques. La première a ainsi conduit à la condamnation en juin 2017 de trois personnes à 4 mois de prison avec sursis, pour des tags suite à une promenade nocturne (« dégradations en réunion »). La seconde a de son côté conduit à la condamnation le 22 juin 2018 de sept camarades et compagnon.ne.s pour un total de 9 mois de prison ferme et 5 mois avec sursis ou en jours-amende, sans compter quelques milliers d’euros distribués de ci de là (soit, en passant, des peines supérieures à celles demandées par le procureur). En cause ? Des visites inamicales rendues à l’agence Air France de Bastille et à la boutique SNCF de Belleville, qui durent rester porte close pendant plusieurs jours, ainsi qu’une pauvre vitrine d’un magasin Bouygues redécorée dans un même élan (saccages constituant des « dégradations ou détériorations du bien d’autrui commises en réunion »). Ces deux actions s’étaient déroulées le 17 mars 2010, quelques heures après la condamnation à des années de taule de dix sans-papiers accusés de l’incendie du centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes.

A travers le verdict du 22 juin 2018, rendu ironiquement 10 ans jour pour jour après cette même révolte destructrice du CRA de Vincennes, c’est l’ensemble de la lutte contre la machine à trier, enfermer et expulser les indésirables, ponctuée ces années-là de vagues de sabotages, que le pouvoir a souhaité viser en guise d’avertissement contre toutes celles et ceux qui continuent aujourd’hui de lutter contre elle, de Calais à Paris ou de Ouistreham à Briançon. Notamment parce que l’attaque de ces mille et uns rouages reste une possibilité toujours actuelle, contre Air France, Bouygues et la SNCF, et contre beaucoup d’autres encore.
Mais si l’État n’a pas oublié de boucler sa petite vengeance, y compris de longues années après, c’est aussi pour une petite raison supplémentaire : frapper une manière de lutter et de s’auto-organiser de façon autonome au sein de la guerre sociale. Une manière sans partis, syndicats ou journaflics où on se met en jeu à la première personne pour agir directement contre tout ce qui nous opprime, des frontières à l’enfermement, du contrôle social aux guerres technologiques, de l’exploitation à la domination, une manière sans médiation pour en finir avec le vieux monde de l’autorité.

Pour ne donner que quelques exemples, alors que les fins limiers de l’anti-terrorisme ne sont jamais parvenus à identifier les joyeux saccageurs d’Air France et de la SNCF, le tribunal a fourgué 4 mois ferme à un camarade qui passait dans la rue pour avoir interrompu une balance qui filmait avec son téléphone portable, au prétexte que « le fait d’interdire le tournage de la scène de vandalisme commise par d’autres relève de la co-action ». Ou comment un tribunal rappelle à tous que le fait de filmer des actes illégaux relève du civisme élémentaire et participe à la délation – des actes à encourager -, tandis que l’empêcher relève d’un salutaire réflexe de solidarité – un acte à punir. Pour d’autres accusé.e.s, le fait « d’avoir des centres d’intérêts en rapport avec les mobiles des infractions commises », soit plus prosaïquement d’avoir à la maison des livres, des brochures et des affiches subversives, suffit à justifier pour les charognes en toge l’existence « d’indices graves ou concordants rendant vraisemblable qu’il/elle ait commis des dégradations en réunion, outre l’existence de raisons plausibles de soupçonner qu’il/elle avait commis une infraction ». Misère de la démocratie totalitaire qui justifie a posteriori à travers du papier saisi en perquisition des peines qui vont jusqu’à 2 mois de prison ferme en jours-amende pour les seuls refus d’ADN et de signalétique, en l’absence de toute autre accusation concernant un fait spécifique.
Les grosses ficelles ont donc été comme souvent de sortie ce 22 juin, ce qui n’est pas une surprise contre des accusé.e.s dont le profil ou le casier correspondent à leur non-collaboration depuis le début de cette affaire : celui d’individus rétifs à la loi. Rien de nouveau sous les fourches caudines de la justice, dont l’objectif est d’effrayer et de punir quiconque s’oppose ou fait obstacle à la marche radieuse de l’ordre social et de la paix des marchés. Qui plus est quand on refuse obstinément de se confesser aux flics, de s’auto-ficher dans leurs poulaillers ou de renier ses idées anti-autoritaires devant les tribunaux. Qui plus est quand on ne se reconnaît pas dans les catégories d’innocent et de coupable, mais qu’on défend l’idée d’une liberté en acte contre le pouvoir.

Les sept camarades et compagnon.ne.s ont fait appel du jugement du 22 juin 2018 prononcé par la 16e chambre du tribunal correctionnel composée, qu’on se le dise !, de Bruno Deblois (premier vice-président), Ankeara Kaly et Kévin Genest (juges assesseurs), assistés du procureur Damien Brunet. La Cour d’appel a posé une première audience relais le 2 novembre 2018, en vue de fixer la date de cette prochaine échéance judiciaire.
Sans attendre de connaître cette dernière, chacun peut d’ores et déjà exprimer sa solidarité de la manière qu’il trouvera la plus adéquate ! De la Méditerranée devenue un gigantesque cimetière marin à la mise en camps des migrants qui forcent les frontières terrestres, de la construction de dizaines de nouvelles prisons aux technologies de contrôle de la ville-carcérale et à l’extension des frontières intérieures, …saboter la machine à expulser et à enfermer est bien le moins que l’on puisse faire.

Liberté pour toutes et tous, avec ou sans papiers !

Des ennemis de toutes les frontières

[Publié sur indymedia nantes, 02.11.2018]

Montélimar:de l’air!! Lycée Catalins salle de sciences informatiques et numériques attaquée par les flammes

France bleu Drome Ardèche dimanche 4 novembre 2018 à 4:51

Les élèves ne feront pas leur rentrée ce lundi au lycée technique et professionnel des Catalins, à Montélimar. L’établissement drômois a été victime d’un incendie dans la nuit de vendredi à samedi.

Au total, 62 fenêtres du lycée ont été brisées.
Au total, 62 fenêtres du lycée ont été brisées. © Radio France – Gilles Thabuy

Montélimar, France

La salle de classe endommagée est désormais inutilisable. Le feu a ravagé cette salle de sciences informatiques et numériques, qui abritait de nombreux ordinateurs. « Cette salle servait tous les jours pour des cours, indique le proviseur, Gilles Thabuy. Je verrai donc lundi avec les enseignants comment nous pouvons réorganiser les choses pour faire cours ailleurs. » Il pourrait s’agir d’un incendie criminel, puisque 62 fenêtres ont également été détruites. « Nous voulons sécuriser les lieux avant de rouvrir le bâtiment aux élèves. »

Des planches de bois vont être installées là où des fenêtres sont cassées. Le proviseur espère pouvoir rouvrir le lycée technique et professionnel dès ce mardi. L’établissement accueille 1.500 élèves.

Une enquête de police en cours

Les circonstances de l’incendie restent à définir. Une enquête de police est ouverte, confiée au commissariat de Montélimar. Des prélèvements ont été effectués sur les lieux ce samedi mais les enquêteurs n’ont aucune piste pour l’instant.

« On ne sait pas si ce sont des élèves du lycée qui ont fait ça, reconnaît Gilles Thabuy. Mais c’est leur lieu de travail, là où ils peuvent réussir leur scolarité. Donc c’est toujours désolant. »

Des planches de bois sont progressivement installées pour sécuriser les lieux où des fenêtres ont été cassées. - Radio France
L'incendie pourrait être criminel compte tenu des 62 fenêtres brisées. - Radio France

Parution: Kairos n°7( novembre 2018)

reçu par mail

Bonjour,

Nous sommes ravi.e.s de vous annoncer la sortie du septième numéro de
Kairos (novembre 2018).
Comme d’habitude, vous pourrez le trouver au format PDF sur le blog:
https://kairosjournal.noblogs.org/post/2018/11/04/kairos-n7-novembre-2018/,
ainsi que tous les anciens numéros.

Salutations anarchistes.

KAIROS n°7 – Novembre 2018

k
 cliques sur l’image Kairos n°7 en PDF

Publication: Rhizome N°5

Rhizom / dimanche 7 octobre 2018

Le numéro 5 de Rhizome, journal anarchiste pour diffuser la résistance contre le génie génétique et son monde, est sorti.


On y traite des questions de la figure du paysan et des classes  sociales, des projets de plantes-espions de l’armée américaine et de start-ups suisses, de l’assassinat de Jérôme Laronze par la police,  des nouvelles de la technologie à Turin, d’actions directes et  d’additifs alimentaires génétiquement modifiés.

Tous les numéros de Rhizome sont à télécharger (en français / in  italiano / auf Deutsch) sur : rhizom.noblogs.org

Vous pouvez aussi nous donner une adresse postale pour recevoir des exemplaires en papier.

Bonne lecture!

Valence, 26000: Le 10/11au laboratoire anarchiste inauguration à 18h de l’Exposition » contre la guerre,contre la paix, pour la révolution sociale »

 

samedi 10 Novembre  à 18h inauguration de l’exposition au Laboratoire anarchiste 8 place St jean

Exposition « Contre la guerre, contre la paix, pour la révolution sociale »

« Vous cherchez une querelle, gouvernants, craignez de n’avoir la guerre. Non pas celle qui vous intéresse, qui nous décime, qui sème les cadavres des nôtres dans les fossés ; qui, vainqueurs ou vaincus, nous laissent toujours prisonniers des lois, des patrons, de la misère, de l’ignorance…
Mais l’autre, LA GUERRE, la véritable, celle dont les escarmouches se dessinent de loin en loin, dont les combats parfois rougissent les pavés, mais dont il ne saurait tarder de voir s’ouvrir les terribles assises, mettant enfin toutes les forces des combattants face à face.
Il en est qui parlent POUR LA PAIX, moi je parle POUR LA GUERRE. Pour cette guerre qui ne jette pas les hommes aux frontières — la révolution n’en connaît pas — mais qui les dresse contre l’oppresseur de tous les jours, en tous les pays. Et j’ai le désir que cette guerre ne se termine qu’avec la fin de l’autorité, de l’ignorance et de la misère…, dût cette victoire s’étayer sur nos cadavres.
Que cette guerre soit, de notre part, sans pitié, comme sans haine… la vérité ne saurait avoir ni l’une, ni l’autre. »
– Albert Libertad, dans l’anarchie, n° 46, 22 février 1906

 

Cette exposition a été réalisée à l’occasion de Temps d’Encre, rencontres autour de publications anarchistes, le 23 & 24 juin 2018 à Montreuil (Paris).

L’exposition, en affichettes format A2, est désormais téléchargeable en PDF ici.

 

Milan (Italie) : Villa Vegan menacée d’expulsion

reçu par mail / mercredi 31 octobre 2018

Ces derniers jours, des rumeurs ont circulé sur la possible expulsion du squat Villa Vegan, programmée pour mardi 30 octobre.
Nous pensons que c’est une information fiable et sommes déterminé.e.s à résister, du coup nous faisons appel à toute personne solidaire à nous rejoindre pour préparer ensemble la résistance et la mobilisation contre l’expulsion. Tou.te.s celles/ceux qui veulent soutenir le lieux sont bienvenu.e.s, celles et ceux qui nous ont croisé.e.s en ces années, qui ont mené des luttes qui ont trouvé de la complicité ici, qui pensent que l’expulsion d’un espace anarchiste occupé depuis 20 ans coûtera chère au pouvoir.



En ces années d’occupation, Villa Vegan a hébergé des compas venant des quatre coins du monde, a donné du soutien logistique à de nombreux projets auto-organisés, spécialement ceux de la scène punk-hardcore, et à des nombreuses luttes, par exemple contre le système carcéral et en solidarité avec les prisonnier.e.s, les luttes écologistes et pour la libération animale, contre le racisme et les CRA, luttes trans-féministes, queer et contre la violence de genre, luttes antifascistes; des combats refusant toute relation avec des institutions et toujours en opposition au système capitaliste et à l’État.

Avec l’expulsion des espaces squattés, la construction continuelle de nouveaux bâtiments, les rafles contre les migrants, les personnes en situation irrégulière et les indésirables de tout type, le « développement » urbain de ce secteur, la militarisation croissante et la surveillance dans les rues, ils veulent transformer les lieux où nous vivons en des villes d’exposition servant uniquement à faire marcher l’économie et en des dortoirs pour celles et ceux qui font partie de l’appareil de production et de consommation, fermant toujours plus les espaces où peuvent se développer la résistance. Pour cette raison, chaque expulsion ne concerne pas seulement le lieu spécifique attaqué mais un plan plus global de contrôle social mené par le pouvoir politique et économique, qui doit être attaqué.

Nous invitons celles et ceux qui le peuvent, à passer et à s’arrêter – voire dormir – à la Villa Vegan ces jours-ci.


Mise-à-jour, mardi 30 octobre 2018:

L’expulsion de la Villa n’a pas eu lieu ce matin. Nous sommes prêt.e.s à défendre le lieu. Ces derniers jours, de nombreuses personnes sont venues apporter de la solidarité et nous avons continué à organiser la résistance ensemble en travaillant sur les barricades et en discutant de comment agir au moment de l’expulsion.
Le Halloween Taz, organisé par le collectif Teols de Saronno a été déplacé à Villa Vegan […].
Nous réitérons l’appel à porter du soutien direct, étant présent.e.s ici et on s’organisant ensemble.
Des choses utiles à ramener: nourriture, matériaux de construction et outils.

Prochains RV à Villa Vegan :

Mercredi 31 octobre: concert punk de soutien aux prisonnier.e.s de l’Opération Scripta Manent.
Vendredi 2 novembre: dîner et assemblée publique contre l’expulsion.

Pour nous contacter, écrire à: villavegansquat at inventati.org
Toutes les infos sur le blog: villavegansquat.noblogs.org

Villa Vegan Occupata
Via Litta Modignani, 66
20161 – Milano

Metro 3 “Affori FN”
FNM “Affori” / “Quarto Oggiaro”
Bus 40, 41 e 52

Marsanne: Les effets secondaire

Marsrsanne:

Extrait du Dauphiné Libéré du 30.10.2018 :

La société Res espérait une remise en route totale du parc éolien de Marsanne avant l’hiver (une période de fort vent et donc de plus importante productivité), suite à l’incendie qui avait visé deux éoliennes le 1er  juin dernier. Pour rappel, une des deux éoliennes avait été en grande partie détruite. Sa nacelle, les trois pales ainsi que le moyeu (hub), avaient été entièrement calcinés. La seconde n’avait été que partiellement endommagée. Un incendie qui avait été revendiqué par une plateforme libertaire, pour lequel l’enquête de gendarmerie est toujours en cours. Si tout a été nettoyé, l’exploitant attend toujours livraison de la nouvelle machine commandée en Espagne. Face à cet incident inédit, la difficulté pour la société Res était de retrouver une machine d’occasion compatible avec la tour restante. L’éolienne qui avait été le moins endommagée, devrait, elle, pouvoir redémarrer en novembre, espère l’exploitant.

Réflexions préliminaires sur la guerre au Viêt Nam

 

Par Ngô Van (avril 1968)

 

non – fides.infos

lundi 22 octobre 2018

 

Depuis l’offensive du Têt, l’agitation mystificatrice de la propagande n’a cessé de s’intensifier. À quelque dix mille kilomètres d’ici, le jeu de massacre continue et journaux et télévision du monde entier se repaissent quotidiennement des images à sensation d’un insupportable carnage devenu pourtant habituel. Une intoxication à double sens aide à mourir ou à voir mourir lorsque l’enlisement quotidien n’a pas tout à fait endormi la sensibilité.

De jeunes Américains vont pourrir dans les rizières et sur les collines du Viêt-nam sous les roquettes russes ou chinoises pour défendre le « monde libre » du dollar et des bases militaires du Pacifique ; de jeunes Vietnamiens sont envoyés à la boucherie bon gré mal gré dans un camp ou dans l’autre pour l’« indépendance nationale », la « libération nationale », le « socialisme », etc. Un jour, le massacre s’arrêtera de par la volonté de « paix » des maîtres des États, les survivants reprendront le chemin des usines, des bureaux et des fermes d’Amérique ; les gueules cassées, les sans bras, les sans jambes traîneront leur reste d’existence décorée. Là-bas, les « héros de la résistance », paysans et ouvriers du Viêt-nam, retourneront dans les rizières ou seront jetés dans les usines de la nouvelle industrialisation ; ils auront bientôt perdu ce qu’ils ont pu avoir d’illusions. Ni le régime capitaliste à l’américaine ni le capitalisme d’État de Hô Chi Minh ne mettra fin à leur situation d’exploités soumis à une dictature policière et si les bourgeois et les propriétaires fonciers sont chassés, c’est la bureaucratie qui perpétuera l’exploitation, avec davantage d’efficacité.

La guerre du Viêt-nam fait partie de la guerre permanente qui, dans la société actuelle, met aux prises deux blocs capitalistes ; aujourd’hui comme hier, la domination du monde est l’enjeu de cette lutte et, quant à son fond, elle ne diffère pas des guerres de 14-18 et de 39-45. Ce qui en voile l’aspect fondamental, c’est qu’elle absorbe et utilise la révolte paysanne anti-impérialiste qui a surgi au Viêt-nam comme dans d’autres points d’effondrement de la structure coloniale à l’issue de la dernière guerre mondiale. Ces « guerres de paysans » ont porté au pouvoir, avec l’assentiment direct ou indirect des grandes puissances, des partis – nationalistes bourgeois ou communistes – qui se sont érigés en bureaucratie dominante, transformant les révoltés de la terre en troupes hiérarchisées dont le combat profite, en fin de compte, à l’un ou l’autre bloc. Ainsi, en l’absence d’un affrontement direct, les guerres dites de libération nationale permettent à ces deux puissances rivales de mesurer leur force dans le cadre de la guerre froide, la constitution de nouveaux États nationaux ne signifiant qu’un changement dans la forme d’exploitation.

Menant une politique de coexistence avec les Russes et leurs satellites, les Américains acceptent tacitement que ceux-ci neutralisent l’influence des Chinois en faisant parvenir à doses calculées, des armes à Hô Chi Minh et au FNL [1], et les Russes n’ont rien à craindre de la prolongation d’une guerre qui saigne l’Amérique de façon continue. La Chine, puissance en puissance, trouve également son compte dans ce charnier : point de fixation des charognards, il lui laisse le temps de mettre au point son armement atomique et de se préparer à entrer dans la mêlée du Sud-Est asiatique.
Pour ce qui est de la classe ouvrière, son existence n’étant pas directement menacée, elle demeure indifférente à la volonté destructrice de ses maîtres. Il est tragique mais non dépourvu d’enseignement de se rappeler que durant les deux dernières guerres mondiales le monde ouvrier, comme les autres, a, dans sa majorité, marché dans chaque camp derrière le drapeau de ses propres exploiteurs en dépit de la lutte héroïque d’une poignée d’ouvriers et d’intellectuels révolutionnaires.

Aux États-Unis, le mouvement anti-guerre des étudiants, des intellectuels et des hippies, pour intéressant qu’il soit, est impuissant dans son opposition active, en l’absence de réactions ouvrières ; quant aux syndicats américains, ils sont les complices de la politique de Johnson.

Ici, les intellectuels participent à la mystification du camp dit communiste. Ce n’est pas la guerre en elle-même que les Sartre-Russel condamnent quand ils plagient le tribunal de Nuremberg pour dénoncer l’« agression » et les « crimes de guerre » américains : se refusant à s’interroger sur le contenu social d’un conflit qui n’a rien de libérateur pour les ouvriers et les paysans, et qui ne peut aboutir qu’à un simple changement de maîtres, ils adoptent le jargon juridique en vogue depuis la dernière guerre et lui donnent un nouveau poids au lieu de le dénoncer comme un mensonge. Nous ne voyons que des dupes dans les esclaves envoyés à la mort et victimes de la barbarie des deux camps ; quel sens ont pour eux les mots « agression » et « crimes de guerre » quand la paix et la guerre sont décidées par leurs maîtres au-delà de leur volonté. Faut-il penser que ces messieurs, qui appellent les autres à la résistance jusqu’à l’extermination totale, seraient satisfaits si la guerre se faisait avec des baïonnettes et des mousquetons au lieu de napalm, des bombes à billes et des gaz, si les nappes de bombes des B52 ne touchaient que les combattants au lieu de raser les villages et de déchiqueter les femmes et les enfants ?

Chacun est sensible à l’image répandue par la propagande de gauche orchestrée par les staliniens : le Nord sous les traits de David terrassant Goliath ; chacun est révolté par les destructions, chacun compatit aux souffrances d’une population atrocement éprouvée depuis 28 ans ; cet chacun d’applaudir naïvement l’héroïsme des combattants sans se rendre compte que l’héroïsme guerrier peut recouvrir tous les esclavages, servir tous les desseins et appartenir à tous les despotismes. De là une tendance générale à penser que la victoire de Hô Chi Minh et du FNL sur l’Amérique ramènerait une paix « équitable » dans le monde. Devant le sentiment populaire, le PC n’est pas demeuré en reste, surtout après les derniers, événements ; Waldeck Rochet à Hanoï ne s’est pas écarté de la ligne russe, ce qui ne va pas sans servir la politique de De Gaulle.

Pour arrêter cette tuerie et rendre impossible de nouveaux génocides, la seule voie réellement efficace c’est une prise de conscience des ouvriers du monde. La lutte contre la guerre doit venir des ouvriers des États-Unis, des ouvriers et des paysans du Viêt-nam et faire partie intégrante de la lutte émancipatrice contre le capital, qu’il soit « démocratique » ou « communiste ». Il est triste de constater qu’une telle perspective ne se dessine pas mais rien ne doit nous empêcher de lutter contre la mystification qui tend à voiler le vrai visage de cette guerre dont les victimes sont toujours les ouvriers et les paysans.

Ngô Van, avril 1968,
In Cahier de discussion pour le Socialisme des conseils, n° 8 avril 1968.