Archives mensuelles : décembre 2018

Madrid, Espagne : Transfert de la compagnonne Lisa à la prison « Soto del Real », condamnée à 7 ans 1/2 de prison pour braquage de banque à Aachen – 21 décembre 2018

[Quelques infos sur le récent transfert de la compagnonne Lisa de la prison de Willich (région de Cologne, Allemagne) à celle de Madrid, « Soto del Real ». Le 7 juin 2017, elle a été condamnée à sept ans et demi de prison pour un braquage de banque à Aachen. Pour en savoir plus sur l’affaire, on peut aller consulter le site solidaritatrebel.noblogs.org. Depuis l’arrestation et l’incarcération de la compagnonne Lisa à Barcelone le 13 avril 2016 ont eu lieu diverses expressions de solidarité et de lutte avec la compagnonne et les autres inculpé.e.s dans cette affaire. Dans sa note, Contramadriz rappelle que deux anarchistes ont été arrêtés à Madrid en octobre [ce qui depuis n’a pas pour autant stopper les actions offensives contre ce monde de riches et d’argent, pour la plupart revendiquées en solidarité avec les deux compas: voir ici et ] à qui les autorités attribuent la responsabilité d’une attaque incendiaire contre un DAB qui avait été réalisée en solidarité avec Lisa.]

Hier, vendredi 21 décembre, la compagnonne a été transférée à Madrid, plus précisément à la prison de Soto del Real. On nous a fait savoir qu’il n’y avait à l’heure actuelle aucune restriction quant à l’entrée et à la sortie des lettres, nous encourageons donc les gens à lui écrire. Nous concluons la nouvelle en recopiant sa nouvelle adresse :

Lisa Dorfer,  Módulo 15

Centro Penitenciario Madrid V,

Carretera M609 km.3,5,

28791, Soto del Real,

Madrid, España

[Publié sur Contramadriz, 22.12.2018]

La Haye, Pays-Bas : Acquittement général dans l’affaire de la lutte anti-répression

Le 19 décembre 2016, un groupe de 250 personnes s’est réuni à Kerkplein pour manifester contre la répression croissante visant les anarchistes et les antifascistes à La Haye et au-delà. La répression étant toujours l’interdiction des manifestations et l’identification des anarchistes et antifascistes pour ensuite prendre des mesures coercitives à leur encontre.

Cette manifestation a elle aussi été réprimée par la violence de la police et l’arrestation de 166 personnes.

Près de deux ans après, le procureur a décidé de poursuivre en justice les 166 personnes arrêtées à Kerkplein. Les cinquante premières personnes ont dû comparaître devant le tribunal le mois dernier. Après deux jours complets d’audience, le juge a rendu sa décision le 3 décembre et toutes ont été acquittées. Hier (13 décembre 2018), le procureur a décidé de ne pas faire appel et de classer sans suites les personnes inculpées restantes dans cette même affaire.

Le procès

Au cours du procès qui a duré deux jours, certains points ont été éclaircis. La police a mis fin à la manifestation à Kerkplein en raison du fait que certaines personnes avaient le visage masqué. Comme nos avocats l’avaient déjà souligné, le tribunal a reconnu qu’il n’y avait aucune restriction sur le fait de se dissimuler le visage, décision qui aurait été prise par le maire.

Dans le dossier, la police a affirmé qu’il y avait une restriction imposée au port de la cagoule ou le simple fait de se dissimuler le visage. Elle a également affirmé que la mairie avait donné l’ordre de mettre fin à la manif. Cependant, rien dans le dossier n’indique précisément quelle personne ou instance a donné cet ordre. En gros, la police a décidé elle-même de recourir à la violence pour arrêter, réprimer et nier le droit de manifester car cette manif ne leur a tout simplement pas plu.

Répression

Cet événement correspond à l’image de répression visée par la manifestation. La police de la Haye a pris pour cible les anarchistes et les antifascistes d’une manière écœurante. La manif s’est terminée dans la violence, sans ordre du maire. Les anarchistes sont intimidé.e.s jusqu’en bas de chez elles/eux, par des perquisitions policières et des portes cassées, afin de percevoir des amendes et de photographier des objets personnels. La liste s’allonge avec des interdictions de territoire, des amendes exorbitantes, des tentatives de recrutement de mouchard.e.s et la constitution d’un fichier CTER [1].

Cette affaire montre de manière évidente ce qui se passe si souvent à La Haye. La police décide elle-même, les personnes sont arrêtées et acquittées plus tard voire pas du tout poursuivies. Bien sûr, c’est toujours une bonne nouvelle de ne pas à avoir à payer d’amende, mais concrètement, rien ne change dans la rue. La police peut faire ce qu’elle veut. Elle se fout de nous faire payer une amende ou non. Et si une arrestation s’avère injuste, il n’y a aucune conséquence pour elle. C’est pourquoi il s’agit d’un moyen efficace dont elle dispose pour nous empêcher d’aller dans la rue. Et c’est pour cette raison également que nous ne sommes pas surpris.e.s du fait que ce spectacle de la police et des juges se répète.

Cependant, s’ils pensent que notre lutte pour la solidarité et un monde radicalement différent va s’arrêter, ils se trompent. Soyons clair.e.s : aucune matraque, aucun agent et aucune prison ne nous empêchera de lutter pour la liberté véritable. Réfléchissons sur ces événements et créons des méthodes incontrôlables pour continuer la lutte !

Combattons la répression. Vive l’anarchie !

[Traduit de l’anglais de Fight Repression, 14.12.2018]

Note du texte original :

[1] Fichier visant à répertorier les personnes connues des renseignements en matière « de terrorisme, d’extrémisme et/ou de radicalisation ».

NB:

On pourra relire deux textes qui reviennent sur le contexte de répression visant les anarchistes à La Haye:

[Mexique] Face à face avec l’ennemi

Sans Patrie distro anarchiste & internationaliste – nouvelle brochure

Recueil de textes de compagnons incarcérés au Mexique, (janvier 2012/août 2014), ed. Sans Patrie, août 2014 (64 p., A5)Pour toute demande (en papier et pdf), écrire à : toujourssanspatrie [at] riseup.net

MexFaceAfaceQuelques mots d’introduction

En 1994, l’insurrection au Chiapas a soudain propulsé le Mexique à la Une des milieux militants européens qui, manifestement en mal de libération nationale et de sujets révolutionnaires, se sont empressés d’apporter un soutien inconditionnel à l’EZLN [Armée Zapatiste de Libération Nationale] et à son chef charismatique, le Sous-Commandant Marcos, entérinant son rôle de représentant officiel du soulèvement. Celles et ceux qui tentaient de creuser les questions de l’auto-organisation et des perspectives de lutte contre tout Pouvoir, brûlantes dans tout contexte insurgé,se voyaient en général taxés de colons euro centrés n’entendant rien aux problématiques identitaires, communautaires voire patriotiques des « peuples indigènes  ».

C’est dans cette ambiance de réductionnisme volontairement confusionniste et d’anti-impérialisme à la sauce humanitaro-démocratique que se sont développés les comités de soutien rassemblant radicaux et institutionnels, le spectacle des rencontres intergalactiques, et le commerce du café solidaire.

Progressivement, le mouvement zapatiste est entré dans une démarche de négociation, ses représentants œuvrant de concert avec les organisations gauchistes de la dite « société civile » – trotskistes, léninistes etc, elles abondent au Mexique comme ailleurs– et affirmant de plus en plus ouvertement leur proximité avec la gauche institutionnelle. Ainsi l’Autre Campagne lancée suite à la Sixième déclaration de la forêt de Lacandone en 2005, outre le fait qu’elle réclame une nouvelle Constitution, non seulement n’a pas appelé à l’abstention au cours des derniers cirques électoraux, mais certains de ses leaders se sont en plus prononcés pour le vote utile en faveur du PRD [Parti de la Révolution Démocratique] dans un grand réflexe de front commun contre le PRI [Parti Révolutionnaire Institutionnel]. Ce n’est pas rien, surtout quand on sait que ces deux partis se partagent le bout de gras depuis des décennies.

Heureusement, des luttes ont continué à se développer contre le rouleau compresseur capitaliste et les désastres qu’il engendre à tous les niveaux. En différents endroits on se bat par exemple contre l’implantation des parcs éoliens et nous retiendrons aussi la vigoureuse et victorieuse bataille des paysans d’Atenco contre la construction d’un aéroport en 2001-2002.

Les années 2000 au Mexique ont aussi été marquées par des révoltes aboutissant à de véritables soulèvements dans des villes comme San Salvador de Atenco ou Oaxaca en 2006. Partant de la réaction à un énième abus (contre les vendeurs de rue à Atenco) ou de revendications partielles (comme celles des enseignants à Oaxaca), ces révoltes se sont propagées comme une trainée de poudre touchant des milliers de personnes et se sont dirigées à la fois contre les caciques locaux et les autorités fédérales. A  Oaxaca, les barricades ont recouvert la ville, les forces de l’ordre se sont repris dans la face un peu de leur violence et de nombreux bâtiments publics ont été incendiés, des groupes s’organisant à la fois pour défendre et attaquer. Ce processus n’a certes pas été exempt de mécanismes politiques, surtout lorsqu’il a commencé à durer dans le temps (plusieurs mois) – citons par exemple le rôle joué par l’APPO et ses appels à la désobéissance civile. Mais il a indéniablement marqué celles et ceux qui y ont participé directement ou qui se sont reconnu-es dans les possibles ouverts par l’auto-organisation dans le conflit.

Dans ce contexte sont aussi parvenus des échos de contributions anarchistes sous forme de textes, d’interventions dans des mouvements de rue ou d’attaques ciblées touchant les forces de l’ordre, les banques, les institutions… Ces contributions anarchistes ont ceci de particulier qu’elles critiquent en mots et en actes à la fois l’avant-gardisme des guérillas (relevant souvent du réformisme armé) et la récupération citoyenne et démocratique. Aux organisations de masse (civiles-citoyennes, maoïstes ou plateformistes) elles opposent l’activité autodéterminée des individus ou de groupes basés sur l’affinité ; à toute tentative de représentation et d’orchestration de la contestation, elles répondent par le refus du dialogue démocratique (et de toute revendication adressée au pouvoir) et l’action directe ; face à la prise de contrôle par quelques-uns, elles font le pari l’insurrection généralisée. En se mettant décidément du côté de la révolte et des révolté-es, ces contributions visent ouvertement à étendre la guerre sociale pour déborder le cadre omniprésent et oppressant que posent l’Etat et ses alliés-concurrents, dans un contexte qu’on a du mal à caractériser comme pacifié : la brutalité exacerbée (tortures, viols, assassinats…) est monnaie courante, exercée dans tous les sens par les flics, les militaires, les escadrons de la mort et les narcos mafieux, mais toujours en vue de maintenir un certain ordre, celui de l’exploitation et la domination.

La position courageuse et offensive qui rompt avec l’idée qu’il y aurait quelque chose à défendre ou à améliorer dans ce système –voire même qu’on pourrait en profiter quand clientélisme et corruption règnent à toutes les échelles–, en affirmant qu’il faut au contraire le détruire en entier a donc de quoi attirer bien des ennemis.

En 2009, suite à un grand nombre de sabotages incendiaires ou explosifs contre des banques, des grands magasins, des concessionnaires automobiles, des véhicules de police, dans le District Fédéral, comme dans d’autres régions (Guadalajara, León…) –ce que les flics ont qualifié de Septembre Noir–, plusieurs services de police ont reçu pour mission de surveiller les groupes anarchistes (leurs locaux, leurs publications, leurs activités) sur l’ensemble du territoire. Le 24 septembre 2010, Braulio Duran, qui se définit comme anarchiste végan, est arrêté, accusé d’avoir incendié deux DAB de la banque HSBC. Il sera condamné à 3 ans, 1 mois et 15 jours de prison qu’il a fini de purger.

En 2012, de fortes mobilisations se succèdent : un mouvement étudiant, le rejet de la hausse des prix des transports publics et surtout l’investiture de Peña Nieto [PRI] à la présidence, donnent lieu à des émeutes avec de gros affrontements contre les forces de l’ordre, des pillages et des attaques d’ hôtels de luxe, d’agences bancaires, de grands magasins, d’institutions etc.. Le Pouvoir relance une campagne médiatique contre l’ «anarco-terrorisme» et depuis, l’Etat et ses laquais pointent régulièrement les anarchistes comme fauteurs de troubles, notamment dans les manifestations du 1er Mai ou du 2 Octobre (date anniversaire du massacre étudiant en 1968 sur la place des Trois cultures).

En décembre 2013, une rencontre anarchiste internationale est organisée à Mexico. A son arrivée et après de longues heures d’interrogatoires à l’aéroport, le compagnon Alfredo Bonnano est refoulé et renvoyé au point de départ. Le 29 décembre, dernier jour de la rencontre, c’est Gustavo Rodríguez, résidant au Mexique, qui disparaît. Trois jours plus tard, il informe les compagnons sur place qu’il a été séquestré, interrogé et tabassé par la police fédérale, avant d’être expulsé vers les Etats-Unis.

Ces quelques exemples sont aussi des signes qui ne trompent pas sur le fait que les anarchistes se retrouvent dans la ligne de mire de l’État mexicain, qui travaille bien entendu en étroite collaboration avec ses homologues continentaux et européens (signalons au passage que Bonnano s’est aussi vu refuser l’entrée au Chili).

Le fait que les anarchistes qui affirment des positions absolument irréconciliables avec le Pouvoir aient les États contre eux n’ a en soi rien de bien étonnant ni de bien nouveau d’ailleurs. La question qui se pose plutôt est celle de la solidarité entre celles et ceux qui partagent ces désirs et ces aspirations de liberté. Cette question se pose avec d’autant plus d’acuité qu’en janvier derniers trois compagnon-nes, Carlos,Amélie et Fallon ont été arrêté-es à Mexico, accusé-es de deux attaques incendiaires et que deux autres, Mario et Felicity sont dans la nature pour une affaire antérieure.

Les lettres qui constituent le corps de cette brochure ont été écrites par ces compagnons et compagnonnes en prison ou en cavale. Certains sont mexicains, d’autres pas, ce qui montre une fois de plus que la révolte n’a pas de nationalité et que l’horizon des idées anarchistes se moque des frontières. Au travers de ces lettres, ils et elles dépeignent leur situation, sans jamais cesser de la relier aux idées et perspectives qu’ils défendent et continuent d’approfondir. En cela, ils ouvrent un espace de réflexion et de dialogue sur des questions complexes qui nous concernent toutes et tous : Qu’est-ce que la solidarité ? Comment et sur quelles bases peut-elle s’exprimer ? Quelles peuvent être les perspectives de lutte contre la prison – particulièrement lorsqu’on n’idéalise pas les prisonnier-es comme potentiels sujets révolutionnaires et que l’on refuse le concept de « prisonnier politique » ? Comment lier ce qui se passe à l’intérieur avec le combat à l’extérieur des murs ? Ces questions sont posées dans une perspective révolutionnaire qui vise à détruire les prisons avec la société qui les produit, parce qu’elles ne disparaitront vraiment toutes que dans un monde qui n’en a plus besoin et rejette entièrement l’autorité et le Pouvoir. En ce sens, nous sommes amené-es plus largement à réfléchir en pratique aux angles d’attaque qui nous paraissent pertinents pour œuvrer à détruire ce qui nous détruit. A chacun, chacune de chercher et d’expérimenter les réponses qui peuvent être apportées, toujours dans une continuité offensive insurgée. C’est aussi à cela que nous invitent les compagnon-nes.

22 août 2014

[Reçu par mail]

repris du chat noir émeutier

Les Experts à Ambert : saison 1, épisode 2

indymedia Nantes / samedi 22 décembre 2018

Dans les épisodes précédents, on évoquait le fait que la juge d’instruction avait émis des « ordonnances de commissions expertales » afin de faire analyser les matériels informatiques et biologiques saisis lors des perquisitions (voir À propos de communication publique, de silence obstiné et de tricot policier). Les résultats de l’expertise sont désormais connus et, la nécessité de les rendre publics paraissant évidente, ce texte évoquera les quelques éléments qui nous semblent les plus significatifs.

Déjà il peut être important de donner quelques repères chronologiques. Les éléments analysés ont été saisis le 28 mars 2018 lors de 3 perquisitions simultanées à Ambert. Les analyses n’ont débuté que le 25 mai à la demande de la juge d’instruction en charge de l’affaire. Celle-ci a demandé à ce que les résultats lui soient remis le 30 juin. Elle a reçu le rapport d’expertise génétique le 3 août et le rapport d’expertise informatique le 17 septembre. Le rapport sur les rapprochements de traces biologiques avec d’autres inscrites aux FNAEG lui a été remis le 26 octobre. Les résultats ont été transmis à la défense début novembre.

Pour rappel, le matériel informatique a été analysé par l’IRCGN de Pontoise (Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale). En tout, ce sont cinq ordinateurs qui ont été décortiqués. Trois de ces machines étaient cryptées avec LUKS (système de chiffrement de disque dur disponible avec Linux) et n’ont pas pu être exploitées par les méchants. C’est toujours une bonne nouvelle de mettre les flics en échec même s’il faut garder en tête que les disques durs qui n’ont pas pu être décryptés sont quand même copiés et que si un jour les algorythmes de déchiffrement utilisés par les keufs sont plus performants, ils pourront peut-être avoir accès aux informations.

Dans le même temps, le matériel biologique était envoyé au laboratoire Biomnis de Lyon. On compte essentiellement parmi les 14 éléments analysés des brosses à dents, des mégots et des gants. L’expertise a permis de déceler huit profils ADN, six profils dits masculins et deux profils dits féminins. Seuls deux de ces profils correspondent à des identités déjà inscrites au FNAEG. Par contre, les informations génétiques de trois profils non identifiés correspondent avec des traces d’ADN prélevées dans le cadre d’autres procédures, une rattachée à l’INPS de Paris et les deux autres à l’INPS de Toulouse (Institut National de Police Scientifique).

Nul doute que le tandem infernal police/justice cherchera à utiliser ces résultats pour tenter de créer la chimère tant recherchée : un réseau anarchiste articulé entre plusieurs lieux. A la fin de ce texte y a trois liens qui racontent un peu des instructions similaires en cours dans d’autres coins du pays. Qu’ils s’amusent comme ils veulent avec leurs manipulations, en attendant on fait passer ces quelques infos en espérant que ça puisse filer des billes à d’autres qui seraient/pourraient se retrouver dans ce genre de situation. Parce que la machine judiciaire tire aussi sa force du voile opaque qui l’entoure, on continuera de trouver du sens à rendre visibles leurs mouvements autant que possible.

Que crève la justice, ses procédures et ses experts !

Big up aux incendiaires du tribunal de Montreuil et à toutes ceux qui s’en prennent aux rouages de la répression !

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– Instruction de Limoges

– Instruction de Toulouse

– Instruction de Bure (attention article repris de la presse mainstream mais assez détaillé)

Saint-Gaudens (Haute-Garonne) : Les statues de Maréchaux décapitées

La Dépêche du Midi / samedi 22 décembre 2018

Le «monument des trois maréchaux» de Saint-Gaudens, a été victime d’un acte de vandalisme la nuit dernière : les représentations des maréchaux Foch, Joffre et Galliéni ont été décapitées. Deux têtes ont été retrouvées au pied du monument, la troisième dans la rue qui conduit vers la gare.
«C’est effarant, ils se sont attaqués à un symbole de la République, tout le monde est sous le choc» commente le maire Jean-Yves Duclos.

Le monument, classé aux Monuments Historiques, avait été inauguré en 1951 par Vincent Auriol, alors président de la République (la quatrième), à l’occasion du 100e anniversaire du maréchal Foch.
Le monument avait été commandé par les communes de Valentine et Saint-Gaudens, pour illustrer le 100e anniversaire de la naissance du Maréchal Ferdinand Foch, qui avait grandi à Valentine (sa maison est aujourd’hui devenue la médiathèque). Il partage le monument avec un autre Commingeois, le maréchal Joseph Galliéni, natif de Saint-Béat, et avec le maréchal Joseph Foch, le voisin tarbais. […]

Publication:Sortie de l’Échaudée n°9 (automne 2018)

’Échaudée s’intéresse dans ce numéro :

  • Aux révoltes intenses et communicatives qui emplissent les rues (Amaredine Mudejar) – À l’auto-organisation dans les luttes sociales (autour du livre de Charles Reeve, Le Socialisme sauvage, paru chez l’Échappée) – Aux soubresauts politiques en Arménie (avec Jean-Luc et Varduhi Sahagian) – À la
    littérature populaire où l’étrange étrangeté côtoie les tentations multiples (Alain Joubert).
  • Le grand livre des maudits écrits est augmenté des écrits de Manuel Anceau, Julien Bal, Alfred Jarry et
    de Claude Guillon.
  • Le cabinet des curiosités imagées s’étoffe avec Cornelia Eichhorn, Balthazar Kaplan, Lacassinière,
    Eve Mairot, LL de Mars, Benjamin Monti, et Barthélémy Schwartz.

 

Milan, italie Ouvrez ces portes:sur les arrestations de Giambellino

[reçu par mail]

Milan, le 13 décembre 2018. Six compagnons et trois compagnons (dont Clelia, de la rédaction de radiocane) sont arrêtés sous l’inculpation de faire partie d’une « association de malfaiteurs visant à l’occupation illégale de biens immobiliers ». Dans cette contribution audio, quelques considérations en marge de cette brillante opération répressive.

le podcast

Sur cette révolte en général et sur celle des Gilets jaunes en particulier

http://tempscritiques.free.fr/supplément #2 au numéro 19

Nous l’avons déjà men­tionné dans notre supplément1 au no 19 de la revue Temps cri­ti­ques, la Révolu­tion de 1789 est une référence du mou­ve­ment2. Mai-68 apparaît aussi en fili­grane à tra­vers des références au caractère d’événement que cons­ti­tue­rait le mou­ve­ment des Gilets jaunes comme on a pu parler de « l’événement 68 ». En effet, il marque les esprits par sa sou­dai­neté et son imprévisi­bi­lité, par le fait. Il trans­paraît comme une mémoire des scènes de l’époque et de la vio­lence qui y est attachée. De là à penser que « la casse » puisse être pro­duc­tive, il n’ y a qu’un pas : « Il n’y a que la casse qui permet de nous faire enten­dre » dit un lycéen du lycée pro­fes­sion­nel Lurçat à Lyon (mer­credi 5 décembre 2018, Le Progrès), mais c’est une réflexion lar­ge­ment enten­due ailleurs et partagée par un nombre de plus en plus impor­tant de Gilets jaunes qui s’aperçoivent que c’est cela qui a déjà fait bouger un peu les lignes. Après déjà plu­sieurs semai­nes de mou­ve­ment, est fréquem­ment exprimée l’idée générale que ce n’est pas le dia­lo­gue qui est pro­duc­tif, mais le blo­cage. Le 1er décembre a d’ailleurs un cer­tain nombre de points com­muns avec la journée du 24 mai 1968. En effet, alors que les mani­fes­ta­tions de 1968 sem­blaient se conten­ter d’une ter­ri­to­ria­li­sa­tion étudiante de la lutte en tour­nant tout autour du Quartier latin et en ne s’en éloi­gnant que pour y reve­nir, la mani­fes­ta­tion du 24 avait rompu avec cette logi­que pour irra­dier toute la ville et se répandre dans les quar­tiers bour­geois, celui de la Bourse, etc. C’est bien ce qui s’est passé les 1er et 8 décembre ; pour les mani­fes­tants c’était une évidence. Les bar­ri­ca­des mêmes sym­bo­li­ques comme celles de l’avenue Foch vont de soi comme les caillas­sa­ges de ban­ques qui ont accom­pagné cer­tai­nes actions à Paris ou en régions. Les mani­fes­tants, au moins dans les grands cen­tres urbains, n’ont pas de ter­ri­toire à conser­ver, de base arrière où se replier car ils sont littérale­ment étran­gers aux cen­tres-villes et sur­tout aux quar­tiers du pou­voir et aux quar­tiers du luxe exhibé (Étoile, bou­le­vard Haussmann). Et ce sont ces quar­tiers qui sont jus­te­ment pris comme cibles ou objec­tifs loin des sem­pi­ter­nels défilés syn­di­caux Bastille-Nation, répétitifs et tris­tes à pleu­rer.

La représentation démystifiée

2 Et dire que Macron vou­lait commémorer Mai-68 ! En tout cas et contre tous ceux à l’extrême gauche qui pen­saient que tout ce fatras commémora­tif, c’était se rouler dans des his­toi­res d’anciens com­bat­tants, il n’est pas impen­sa­ble que cela ait réveillé cer­tai­nes cons­cien­ces ou sim­ple­ment donné quel­ques idées. C’est d’ailleurs ce que nous pen­sons et deux ex-soixante-hui­tards trans­formés en aco­ly­tes de Macron, Romain Goupil et Cohn-Bendit sont montés en première ligne pour bien signa­ler la différence, séparer le bon grain de la révolte de l’ivraie de la dérive auto­ri­taire. Le pre­mier, dans une émis­sion de Pujadas, « La Grande expli­ca­tion », le 27 novem­bre, accuse un représen­tant des Gilets jaunes de ne pas être élu (de qui est l’élu Goupil ?), de ne représenter per­sonne (que représente Goupil ?), avant de dire qu’une mani­fes­ta­tion qui ne fait pas l’objet d’une décla­ra­tion préalable et d’une désigna­tion de trajet par la préfec­ture, est en soi un acte illégitime qui néces­site la répres­sion de l’État (les mani­fes­ta­tions du 24 mai 1968 en France ont-elles res­pecté cela ? Non). Quant à Cohn-Bendit, il fait fort dans la mys­ti­fi­ca­tion  : «  En 68, on se bat­tait contre un général au pou­voir. Les gilets jaunes aujourd’hui deman­dent un général au pou­voir  » (France Inter, le 4 décembre) et encore « Le type de société qui peut émerger de ces ten­dan­ces, ça me fait peur. On n’est pas dans une période révolu­tion­naire, arrêtez. Mais on est dans une période de ten­ta­tion auto­ri­taire, […] une ten­ta­tion auto­ri­taire tota­li­taire ». Plus tard, au cours de l’entre­tien, il assène : « Je n’accep­te­rais jamais un mou­ve­ment qui me dit “tu passes, si tu mets ton gilet” ».

3 Il ne s’agit pas de dire que cette pra­ti­que est la bonne, mais l’ex « Dany le Rouge » dénie-t-il le droit aux Gilets jaunes de faire ce que tous les ouvriers depuis cent cin­quante ans ont fait aux « jaunes » qui vou­laient briser leur grève ou qui, de fait, la bri­saient ? Les argu­ments employés par Goupil et Cohn-Bendit, ces soixante-hui­tards ultra-mino­ri­tai­res deve­nus conseillers du Prince3 repren­nent en fait les cri­ti­ques qu’Adorno et Horkheimer, les phi­lo­so­phes cri­ti­ques de l’École de Francfort, adres­saient au mou­ve­ment étudiant alle­mand en 1967-68 en se posant en garants des ins­ti­tu­tions démocra­ti­ques faute de mieux, face au manque de réflexi­vité (encore bien plus fort il est vrai aujourd’hui) du mou­ve­ment. Le mou­ve­ment contre la démocra­tie libérale serait fon­da­men­ta­le­ment auto­ri­taire, voire fas­ciste. Comme si la démocra­tie libérale n’était pas elle-même auto­ri­taire.

4 Le gou­ver­ne­ment s’est cru un temps au-dessus de tout soupçon, car il était censé représenter la « société civile » comme alter­na­tive à la poli­ti­que poli­ti­cienne d’un per­son­nel spécialisé déconsidéré, cor­rompu et cumu­lard, mais le mou­ve­ment actuel a achevé de détruire cette image de l’exis­tence d’une société civile, déjà sup­primée réelle­ment depuis le milieu du siècle der­nier. Si la « société civile » est donnée comme « démocra­ti­que » ou « sociale » c’est par ana­chro­nisme, par détour­ne­ment de l’his­toire. Dans la phi­lo­so­phe poli­ti­que clas­si­que et notam­ment chez Hegel (grand admi­ra­teur de la Révolu­tion française), la société civile c’était la classe des propriétaires, la classe bour­geoise qui était por­teuse de progrès et de puis­sance pour l’État-nation car elle a vaincu la noblesse et le clergé. La société civile ce n’était pas bien sûr la classe du tra­vail, les salariés, etc. Nous ne sommes plus dans la société bour­geoise depuis long­temps, mais cette idéologie est encore diffusée par la caste poli­tico-média­ti­que.

5 La société capi­ta­lisée d’aujourd’hui est jus­te­ment la société dans laquelle il n’existe plus de société civile, ni d’ailleurs de « société poli­ti­que » et où le rap­port des « masses » à l’État devient direct. En effet, il s’exprime de plus en plus en dehors des fameux corps intermédiai­res dont le rôle s’efface pro­gres­si­ve­ment, à l’instar de celui des syn­di­cats. En période calme, c’est un rap­port indi­vi­duel à l’État qui, forcément, s’exprime plus par la récri­mi­na­tion que par la reven­di­ca­tion, parce que la première tra­duit mieux une frus­tra­tion. C’est jus­te­ment ce qui change quand un mou­ve­ment de lutte prend forme. Il est d’ailleurs piquant de cons­ta­ter que nombre de socio­lo­gues et poli­to­lo­gues, et bien évidem­ment les médias, crai­gnent que le mou­ve­ment ne bas­cule vers un popu­lisme du type de celui du Mouvement Cinq Étoiles en Italie, alors que ce der­nier mou­ve­ment a été en grande partie la conséquence de l’action menée par les médias contre les partis poli­ti­ques ita­liens, par­ti­culièrement cor­rom­pus. Médias qui ont alors reporté leurs espoirs sur le gou­ver­ne­ment d’experts de Rienzi comme en France ils le font avec Macron. Les ser­gents-four­riers du fameux popu­lisme sont ceux qui main­te­nant crient au loup !

De la revendication particulière à une révolte plus générale

6 À l’ori­gine, le mou­ve­ment a fait apparaître des reven­di­ca­tions qui sem­blaient fis­ca­lis­tes, anti-étati­ques telles qu’elles s’expri­ment par­fois aux États-Unis, mais nous n’avons pas en Europe et par­ti­culièrement en France les mêmes références his­to­ri­ques à l’aide des­quel­les même l’anti-fis­ca­lisme peut revêtir l’aspect d’une révolte popu­laire contre les puis­sants comme avant la Révolu­tion française de 1789. Mais sa dyna­mi­que l’a porté assez loin de son ori­gine et de façon assez nette, le mou­ve­ment s’affirme aujourd’hui autour de reven­di­ca­tions sim­ples qui réintro­dui­sent la « ques­tion sociale », même si c’est en dehors de sa référence prolétarienne : retour de l’ISF, aug­men­ta­tion conséquente du SMIC (de 1180 à 1300 euros nets), échelle mobile des pen­sions et allo­ca­tions, réallo­ca­tion des sub­ven­tions aux gran­des entre­pri­ses pour l’inves­tis­se­ment vers les ser­vi­ces publics de proxi­mité dans la France rur­baine, etc. Conditions de vie et pou­voir d’achat sont au cœur des exi­gen­ces de la révolte d’indi­vi­dus qu’on pour­rait définir comme sans qualités, alors que les syn­di­cats sont inca­pa­bles de se posi­tion­ner sur un ter­rain qui pour­tant est censé être le leur. Même ceux qui regar­dent avec plus de bien­veillance le mou­ve­ment (cer­tai­nes sec­tions syn­di­ca­les de SUD et de la CGT) sont désorientés parce que, jus­te­ment, leur nature première, syn­di­ca­liste, qu’elle soit « dure » ou réfor­miste, est de qua­li­fier les indi­vi­dus, uni­que­ment à partir de leur iden­tité de tra­vailleurs ou retraités-tra­vailleurs, avec leur statut, leur niveau hiérar­chi­que, sans jamais rien mettre en cause de cet ordre-là et à for­tiori le tra­vail lui-même.

7 C’est sur ce point que le mou­ve­ment des Gilets jaunes met le doigt, là où cela fait mal. D’une part il pose la ques­tion de la représen­ta­ti­vité à un niveau général, c’est-à-dire à celui de tous les niveaux de pou­voir et pas sim­ple­ment celui du gou­ver­ne­ment et de l’État, même si son hétérogénéité ne lui fait pas cri­ti­quer la petite propriété des moyens de pro­duc­tion et encore moins l’idéologie du tra­vail ; d’autre part, il énonce en creux, parce que c’est contra­dic­toire, que le tra­vail ne déter­mine plus tout et que la ques­tion du revenu et du pou­voir d’achat est de plus en plus déconnectée de celle du salaire. Il s’ensuit que la lutte pour le salaire n’est plus une prio­rité ou du moins n’est plus la voie privilégiée de la lutte. Un autre point qui met hors jeu l’action syn­di­cale.

8 Le revenu étant de plus en plus global, aussi bien du côté des coti­sa­tions et dépenses contrain­tes que des pres­ta­tions, la lutte pour le pou­voir d’achat doit elle aussi être élargie (cf. par exem­ple, le poids exor­bi­tant de la TVA par rap­port à l’impôt en France qui accen­tue le caractère inégali­taire des taxes).

9 Paradoxalement, le mou­ve­ment ne met pas en tête de ses griefs la Commission européenne, pour­tant il ne fait pas de doute que quel­que chose se joue à ce niveau. Si on replace tout cela par rap­port à notre ana­lyse d’une restruc­tu­ra­tion en trois niveaux du capi­ta­lisme4, on peut dire que dans le niveau I, celui de l’hyper-capi­ta­lisme du sommet, l’action de la Commission européenne visait à main­te­nir une concur­rence entre firmes mul­ti­na­tio­na­les (FMN) garan­tie, pour elle (théorie libérale de la concur­rence par­faite) d’une baisse cons­tante des prix et, en conséquence, source d’amélio­ra­tion du pou­voir d’achat sans inter­ven­tion d’aug­men­ta­tions de salaire, qui vien­draient grever la poli­ti­que de l’offre des entre­pri­ses mise en place depuis les années 1980-19905. Mais cette poli­ti­que ne pou­vait tenir que si les dépenses contrain­tes qui se situent au niveau II de la domi­na­tion, celui du ter­ri­toire natio­nal, n’aug­men­taient pas, or c’est pour­tant ce qui s’est passé avec l’explo­sion des prix de l’immo­bi­lier et les taxes nou­vel­les, rognant les marges de réserve des salariés.

10 En répon­dant, avec beau­coup de retard, à ce qui fut la première expres­sion de la révolte des Gilets jaunes, c’est-à-dire le volet fiscal, l’État démontre son inca­pa­cité à anti­ci­per la dyna­mi­que interne du mou­ve­ment et à lui reconnaître sa dimen­sion de mou­ve­ment social. En effet, si on observe la genèse des mou­ve­ments his­to­ri­ques de révolte, le fait est que la plu­part sont partis d’une ou deux deman­des précises, que le pou­voir juge donc anec­do­ti­ques ou peu impor­tan­tes. De ce fait, il tarde à y répondre et quand il prend des mesu­res pour apai­ser la révolte, il s’aperçoit que ce n’était que l’étin­celle qui a mis le feu aux pou­dres. Les termes utilisés sont d’ailleurs éclai­rants puis­que Macron « entend la souf­france des Français » (il a « ses let­tres » donc il a lu Christophe Dejours). C’est certes un pre­mier pas car aujourd’hui, dans la délégiti­ma­tion qui a été pro­duite de toute « la ques­tion sociale », au sens noble du terme du XIXe siècle, être vic­time reste la seule base ou posi­tion indi­vi­duelle qui donne droit à l’atten­tion. Mais en contre­par­tie, cela impli­que de la part des supposées vic­ti­mes, une posi­tion de requérants res­pec­tueux de l’État et de ses dis­po­si­tifs. Or, c’est bien ce que l’État et tous ses suppôts de différentes sortes et obédien­ces repro­chent à ce mou­ve­ment, celui de dépasser le stade du « On n’est pas content » et qu’il risque, si on n’y prend garde, de passer au « On a la haine », même si ce n’est plus la haine de classe de la « rude race païenne » dont par­lait Mario Tronti6. Une haine qui jusqu’à là sem­blait cir­cons­crite, par le pou­voir, aux nou­vel­les clas­ses dan­ge­reu­ses des ban­lieues. Le mou­ve­ment ne joue donc pas sur cette idée de vic­ti­mi­sa­tion, d’autant plus que les médias et la plu­part des poli­to­lo­gues le ren­voient à une situa­tion de basse classe moyenne, bien moins à plain­dre que la popu­la­tion des ban­lieues ou des migrants. Certes, les Gilets jaunes décri­vent par­fois indi­vi­duel­le­ment leur misère sociale, mais l’action col­lec­tive leur donne les res­sour­ces pour dépasser les plain­tes et poser des exi­gen­ces qui ne sont pas non plus réduc­ti­bles aux 42 reven­di­ca­tions du cahier cen­tral de doléances qui a été présenté publi­que­ment et dont beau­coup de Gilets jaunes ne connais­sent pas le contenu. Ils ne se concen­trent, à la base, dans les lieux de ras­sem­ble­ment, que sur quel­ques unes jugées non négocia­bles.

Le retour des « lascars » de banlieue

11 Cette dimen­sion de mou­ve­ment social n’a pour­tant pas échappé au mou­ve­ment lycéen. Celui-ci est aujourd’hui tiré par les lycéens de ban­lieue inver­sant ainsi la ten­dance qui exis­tait depuis les années 2000 d’une jeu­nesse coupée en deux qui avaient vu sévir la « dépouille » au sein de cer­tains cortèges et la révolte des ban­lieues de 2005 être qua­si­ment ignorée par la lutte étudiante de 2006… et récipro­que­ment. Pendant toutes ces années, ce sont sou­vent les établis­se­ments des cen­tres-villes avec des lycéens rela­ti­ve­ment cons­cien­tisés qui se sont prin­ci­pa­le­ment mobi­lisés, mais sont restés isolés sur leurs objec­tifs pro­pres ou des posi­tion­ne­ments idéolo­gi­ques généraux aux­quels les autres lycéens res­taient insen­si­bles. Ce ne semble plus être le cas aujourd’hui où on retrouve dans le mou­ve­ment lycéen qui se mani­feste depuis fin novem­bre, des aspects de la lutte contre le projet de loi sélectif de Devaquet en 1986, dans lequel les « las­cars » des lycées pro­fes­sion­nels avaient joué un grand rôle et du mou­ve­ment lycéen-étudiant contre le CIP en 1994 où là aussi de nom­breux établis­se­ments de ban­lieue avaient joué un rôle et où les mani­fes­ta­tions et affron­te­ments avec la police avaient été mas­sifs et récur­rents, à Lyon, Nantes et Paris par­ti­culièrement. Et ces élèves des établis­se­ments de ban­lieue ou de la « périphérie », sont aujourd’hui ceux qui se sen­tent les plus pro­ches de la misère sociale que res­sen­tent aussi les Gilets jaunes et aussi du plus grand mépris dans lequel ils sont tenus7.

12 Au grand dam de la plu­part des ensei­gnants, leurs élèves, certes encore mino­ri­tai­res, réagis­sent comme les Gilets jaunes, c’est-à-dire en désobéissant, en ne disant rien de leurs inten­tions jusqu’au der­nier moment, en ne cher­chant pas à s’orga­ni­ser ou à se coor­don­ner, même si l’idée d’un ras­sem­ble­ment cen­tral, sou­vent en fin de matinée, com­mence à se des­si­ner avec éven­tuel­le­ment des assemblées générales de lutte que sou­hai­tent d’ailleurs les syn­di­cats ensei­gnants car, dans ce cas, ils les enca­drent du fait de leur présence. Certains lycéens s’étaient bien glissés dans les « cortèges de tête » depuis les mani­fes­ta­tions contre la loi tra­vail, mais là il s’agit d’autre chose. Plus per­sonne ne veut de tête. Jusqu’à quel point cela peut-il cons­ti­tuer une limite ? C’était déjà une caractéris­ti­que du mou­ve­ment des places et de Nuit debout, mais là cela ne cor­res­pond pas à une volonté idéolo­gi­que, initiée en sous-main par les tenants de l’action hori­zon­tale, les Fakir et Lordon de ser­vice, repris par des étudiants et autres tra­vailleurs intel­lec­tuels. Il s’agit d’une exi­gence générale… qui n’est pas sans risque car la nature a hor­reur du vide si on ne lui donne pas un contenu conséquent.

Un corps collectif en formation

13 Que ce soit les Gilets jaunes ou les lycéens, il y a l’expres­sion nou­velle d’un corps col­lec­tif en cons­truc­tion dans la lutte ; un col­lec­tif formé par les sub­jec­ti­vités qu’il dégage malgré ses frag­men­ta­tions objec­ti­ves. Il n’est pas un néo-prolétariat et on ne peut non plus l’appe­ler « peuple » car ces deux référents his­to­ri­ques ne lui cor­res­pon­dent pas. C’est ce corps col­lec­tif qui peut se passer d’une conver­gence abs­traite des luttes quand on voit par exem­ple de nom­breux che­mi­nots venir en sim­ples gilets orange, sans indi­ca­tion de syn­di­cat, même si par­fois on entre­voit quel­ques gilets CGT, sur ces points de ras­sem­ble­ment (ce ne sont pas des piquets de grève, Ô désarroi des « de gauche » !) qui ser­vent de camps de base aux Gilets jaunes. Et ils n’y vien­nent pas pour la défense d’un statut qui leur a valu de rester isolés il y encore quel­ques mois, mais pour tout autre chose, la soli­da­rité, un sen­ti­ment partagé d’exploi­ta­tion et de domi­na­tion au-delà des par­ti­cu­la­rités pro­fes­sion­nel­les ou génération­nel­les8.

14 Dans ses différentes formes d’action, ses ini­tia­ti­ves, sa spon­tanéité, il crée une brèche au sein de la société capi­ta­lisée, une brèche qu’il doit entre­te­nir et creu­ser sans que cela soit obéré par la stratégie d’oppo­si­tion fron­tale que lui impose l’État et les vio­len­ces qui lui sont inhérentes, vio­len­ces certes néces­sai­res pour mon­trer le niveau de déter­mi­na­tion et définir un rap­port de forces, mais qui ne peu­vent cons­ti­tuer une fin en soi.

15 Dans l’affron­te­ment avec la police envers laquelle aussi bien Gilets jaunes que lycéens sont divisés quant à l’atti­tude à avoir, c’est en fait un corps à corps qui se joue entre mani­fes­tants et l’État. Deux corps qui devien­nent anta­go­ni­ques jusqu’à se faire peur. Ainsi, avant les mani­fes­ta­tions du 8 décembre, les pou­voirs d’État ont diffusé par­tout la menace du vaste déploie­ment de forces policières prévues contre les mani­fes­tants et les médias ne se sont pas fait faute d’annon­cer des morts cer­tai­nes avec des prévisions complètement fan­tai­sis­tes sur ces pro­ba­bi­lités et en agi­tant la présence de blindés de l’armée qui se sont révélés être des blindés d’opérette.

16 Cette orches­tra­tion de la peur n’a pas empêché une déter­mi­na­tion tou­jours au moins égale à celle de la semaine précédente. Et le lan­gage du pou­voir poli­ti­que et de l’État, comme celui des médias, à savoir le lan­gage qui oppose gen­tils mani­fes­tants en gilets jaunes et « cas­seurs » cagoulés ou habillés de noir tombe par­ti­culièrement à plat. D’abord parce que n’importe qui peut mettre un gilet jaune et que tout Gilet jaune sait à sa seconde mani­fes­ta­tion ou d’après les images de la télévision qu’il vaut mieux se protéger, se cagou­ler, se cou­vrir le visage avec un fou­lard ou un masque, etc., bref res­sem­bler à un méchant. Ensuite, le recen­se­ment des per­son­nes arrêtées et par­fois déjà condamnées est sans appel : la plu­part des per­son­nes inter­pellées n’avaient jamais été aupa­ra­vant arrêtées (c’est encore le cas pour Paris ce 8 décembre) et les jeunes inter­pellés devant les lycées sont tous lycéens même s’ils ne sont pas forcément inter­pellés devant leur établis­se­ment d’ins­crip­tion.

Que faire ?

Quelques constatations

17 — Remarquons tout d’abord que cette demande de démocra­tie directe est sûrement plus for­melle qu’athénienne et que les Gilets jaunes n’arri­vent même pas à s’y tenir puisqu’ils inva­li­dent en fait leurs pro­pres représen­tants dès qu’ils les ont nommés ou plus précisément dès qu’ils se sont auto-désignés « représen­tants ». C’est que le mou­ve­ment n’est pas sur le ter­rain de la représen­ta­tion ou du moins que ce n’est pas son objec­tif prio­ri­taire puisqu’il ne veut pas négocier. Donc ce qui s’impose immédia­te­ment c’est plus des décisions sur le quoi faire et pour­quoi le faire sur les bar­ra­ges ou les blo­ca­ges en semaine et le week-end et cela ne passe pas par un vote, mais par une esti­ma­tion du rap­port de force, de sa propre déter­mi­na­tion, etc.

18 — le second point s’enchaîne puis­que beau­coup de mili­tants issus de l’ultra-gauche ou du gau­chisme se posent la ques­tion de savoir quelle parole com­mu­niste dévelop­per sur le ter­rain. C’est le même for­ma­lisme que celui de la démocra­tie directe qui a été le problème cons­tant (et sans solu­tion sur ces bases) des différentes varian­tes de conseillisme ; problème bien concentré dans les échan­ges Chaulieu-Pannekoek des années 50.

19 Il n’y a rien de par­ti­cu­lier à appor­ter ou à intro­duire de l’extérieur, les Gilets jaunes et autres pro­ta­go­nis­tes lycéens et demain d’autres catégories, sont nom­breux à par­ti­ci­per pour la première fois à une expérience de lutte col­lec­tive. Dans la mesure où cette dimen­sion col­lec­tive se ren­force par la durée et l’exten­sion du mou­ve­ment (rien n’est joué, mais c’est la condi­tion) elle aura ten­dance à balayer les sco­ries indi­vi­dua­lis­tes, cor­po­ra­tis­tes, iden­ti­tai­res, récri­mi­na­toi­res qui par­ti­ci­pent de refoulés res­sen­tis dans l’indi­vi­dua­li­sa­tion des condi­tions de vie qui pous­sent à cher­cher des boucs émis­sai­res. Mais cela ne veut pas dire qu’on doive garder sa langue dans sa poche.

20 Prenons, un exem­ple. Figurent sou­vent sur les bar­ra­ges ou sur des ban­de­ro­les l’allu­sion au « peuple français ». Il semble évident que dans ce cas, il faut essayer d’en com­pren­dre le sens. L’appel au peuple français n’est pas forcément un référent iden­ti­taire. On peut très bien le com­pren­dre comme une remise en cause d’un pro­ces­sus de représen­ta­tion imposé par les élites poli­ti­ques et cau­tionné par les médias, qui leur fait dire que toute contes­ta­tion d’un pou­voir issu des urnes se pro­dui­sant dans la rue serait anti-républi­caine (Joffrin dans les édito­riaux du jour­nal Libération et Fottorino dans le jour­nal le Monde). C’est une interprétation par­ti­culièrement res­tric­tive de la Républi­que et en tout cas pas celle que prônaient les révolu­tion­nai­res de l’an III dans la Décla­ra­tion des droits de l’homme et du citoyen9.

21 Mais en appe­ler au peuple français c’est aussi ne pas sup­por­ter le fait qu’au 2e tour Macron fût en fait élu par une mino­rité des élec­teurs (43,6 % du corps élec­to­ral ; abs­ten­tions, nuls et blancs représen­tant 34 % ; Le Pen 22,4 %). La for­mu­la­tion « peuple français » peut se référer à cette réalité élec­to­rale tronquée. Mais sur­tout et au-delà de cela, en quoi le « nous sommes le peuple français » sup­po­se­rait-il impli­ci­te­ment l’exclu­sion des immigrés de différentes générations, alors que la France est une terre his­to­ri­que de migra­tion poli­ti­que et écono­mi­que. Et pour­quoi La Marseillaise, qui nous a fait si sou­vent grin­cer des dents, tant elle a servi les différentes formes de domi­na­tion de la bour­geoi­sie, ne rede­vien­drait-elle pas un chant révolu­tion­naire, puisqu’à l’ori­gine elle a été chantée aussi bien par les petit-bour­geois jaco­bins que par les « bras nus » de 1793, que des ver­sions ont été réécrites et détournées par les anar­chis­tes his­to­ri­ques, comme plus récem­ment par Gainsbourg (en réponse aux anciens para­chu­tis­tes ou légion­nai­res qui vou­laient se l’appro­prier) ? Certes, le mou­ve­ment n’en est pas encore là, mais « le sang impur » des nobles10 de l’époque n’est-il pas rem­placé par celui des riches, dans la sombre colère qui se développe aujourd’hui ?

22 — le troisième point porte sur la vio­lence et ça concerne aussi les lycéens qui la subis­sent sur­tout depuis plus d’une semaine. Ce n’est pas une ques­tion qui doit être traitée abs­trai­te­ment. D’abord il faut partir de la réalité qui est que la vio­lence est celle du capi­tal et qu’elle s’exerce tous les jours (exploi­ta­tion, chômage, acci­dents du tra­vail, misère, etc.), que c’est tou­jours le pou­voir qui impose son niveau de vio­lence, le mou­ve­ment n’impo­sant que sa déter­mi­na­tion. Par exem­ple, le fait que le mou­ve­ment ne res­pecte pas la décla­ra­tion offi­cielle de mani­fes­ter et n’annonce pas ou ne res­pecte pas de trajet prévu à l’avance n’est pas en soi une vio­lence contrai­re­ment à ce que dit Goupil. Face à cette déter­mi­na­tion, l’État ne peut que céder ou répondre par la vio­lence. Ce qu’il fait puis­que la répres­sion est féroce avec l’usage de cer­tai­nes armes qui ne sont utilisées que dans ce pays, en Europe du moins. Qu’il y ait ensuite des « dérapa­ges » ne doit pas dicter la conduite du mou­ve­ment sous prétexte que cela le décrédibi­li­se­rait, mais il ne doit pas non plus se fixer sur ces gran­des mani­fes­ta­tions de gran­des villes, l’impasse de la « montée » systémati­que à Paris se fai­sant jour au fur et à mesure des échecs à pren­dre une nou­velle Bastille ou un palais d’Hiver. Maintenir et mul­ti­plier la pres­sion dans tout le pays pour que la police, requise par­tout, ne soit en fait pres­que nulle part est une stratégie déjà plus effi­cace. On a pu le cons­ta­ter lors de la journée du 8 décembre, mais cela ne règle pas tout. Tout ne se joue pas dans le blo­cage des flux et des nœuds de connexion. Dans le procès de capi­ta­li­sa­tion, pro­duc­tion et cir­cu­la­tion ont ten­dance à être « tota­lisées », alors il faut aussi que cela soit effec­tif dans les luttes. Les che­mi­nots battus il y a quel­ques mois dans leur grève, mais présents sur les ronds-points ont peut-être quel­ques idées à nous sou­met­tre…

 

Temps cri­­ti­­ques, le 10 décembre 2018

 

Notes

1 – http://temps­cri­ti­ques.free.fr/spip….

2 – C’est d’ailleurs la seule référence expli­cite à une révolu­tion avec celle sur la Commune ou des doc­tri­nes com­mu­na­lis­tes (cf. L’Appel de Commercy https://manif-est.info/L-appel-des-gilets-jaunes-de-Commercy-853.html) qui appa­rais­sent par­fois sur quel­ques écri­teaux dans les mani­fes­ta­tions. Aucun dra­peau rouge. Très peu d’Internationale, même chez ceux qui l’enton­nent systémati­que­ment d’habi­tude.

3 – Cohn-Bendit encore, en par­lant de Macron : « Il n’a pas le choix, il faut qu’il reconnaisse que le problème vient aussi de lui […] Il a trahi sa pro­messe, celle d’une démocra­tie bien­veillante et par­ti­ci­pa­tive » (Libération du 5 décembre).

4 – cf. http://temps­cri­ti­ques.free.fr/spip.php?arti­cle206

5 – Si on veut schémati­ser, Trente glo­rieu­ses : aug­men­ta­tion générale des salai­res et baisse des prix ; années 1980-1990 : sta­gna­tion des salai­res moyens et baisse des prix ; depuis les années 2000, les indi­ces de prix ont été complètement faussés, d’abord par le pas­sage à l’euro qui a créé de gros écarts entre pays européens et par l’aug­men­ta­tion des dépenses contrain­tes qui ne sont que très peu comp­ta­bi­lisées dans l’indice des prix. D’où des décala­ges impor­tants entre sta­tis­ti­ques, situa­tions concrètes et res­sen­tis. Un aspect nul­le­ment pris en compte par l’État et les « par­te­nai­res sociaux ».

6 – Mario Tronti, Nous opéraïstes, L’éclat, 2013.

7 – L’image des 200 élèves d’un lycée de Mantes-la-Jolie mis à genoux (sans jeu de mots) et les mains entravées dans le dos ou sur la tête, dans leur établis­se­ment, représen­tent un « mes­sage fort » comme le disent les gens au pou­voir quand ils par­lent des signaux qu’ils envoient à la popu­la­tion. Gageons que pour les jeunes et moins jeunes celui-ci, sera entendu et com­pris. Il y a des mala­dres­ses sur le ter­rain qui tra­his­sent des pra­ti­ques plus générales de domi­na­tion.

8 – Avec l’entrée en lutte des lycéens et la forte présence des retraités sur les points de blo­cage, le mou­ve­ment concerne toutes les clas­ses d’âge.

9 – « Quand le gou­ver­ne­ment viole les droits du peuple, l’insur­rec­tion est, pour le peuple et pour chaque por­tion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indis­pen­sa­ble des devoirs » (arti­cle 35). Ce droit n’exis­tait pas dans la première décla­ra­tion de 1789 et il sera sup­primé en 1795 mar­quant le triom­phe de la bour­geoi­sie.

10 – Contrairement à toutes les interprétations anti-his­to­ri­ques post­mo­der­nes et décolo­nia­les, ce « sang impur » n’a jamais été celui des « non-blancs ».

La Haye, Pays-Bas : Balade anarchiste à Schilderswijk pour le dixième anniversaire du meurtre d’Alexis Grigoropoulos –.

La nuit dernière (15 décembre 2018), une dizaine d’anarchistes ont déambulé dans le quartier de Schilderswijk à La Haye (1). Cinq banderoles ont été accrochées à différents endroits des tracts intitulés « Solidarité avec les révolté.e.s » ont été répandus.

Des milliers de mini-tracts ont également été diffusés dans toute la zone avec le texte : « Ces nuits sont pour Alexis : assassiné par la police grecque il y a dix ans. Pour la révolte. Pour l’anarchie. »

Le texte du tract « Solidarité avec les révolté.e.s » :

« Ce mois de décembre marque le dixième anniversaire du meurtre d’Alexis Grigoropoulos, tué sous les balles de la police grecque. Sa mort a déclenché un long mois de révolte qui s’est propagée à toute la Grèce et au-delà. Cette révolte a permis aux gens d’ouvrir de nouvelles façons de s’organiser et de voir un nouveau monde en rejetant l’autorité de l’État.

Dix ans plus tard, l’idée de révolte refait surface. Depuis plusieurs semaines, des troubles ont lieu en France et les gens demandent la démission du président. Les manifs ont commencé en réaction à l’augmentation du prix du gazole mais par effet boule de neige, ça vire en insurrection générale contre le pouvoir de l’État (2). Un État qui ne bénéficie qu’aux riches.

Le mouvement n’a ni chef, ni parti politique qui le contrôle et aucune ligne politique. Les soi-disant revendications formulées par les diverses assemblées ne reflète qu’une chose : l’ensemble du système politique et économique peut aller en enfer !

« Nous ne sommes pas des chiens capables de rester en cage ! » – Prisonniers à Curaçao (3).

Cette semaine des prisonniers de Curaçao se sont révoltés contre les mauvaises conditions dans lesquelles ils sont enfermés. La bouffe qu’ils leur servent est pourrie et les soins médicaux ne sont pas à la hauteur. Les prisonniers exigent une solution immédiate et refusent d’avoir recours à un quelconque intermédiaire et exigent de parler au ministre.

L’État français a d’ores et déjà incarcéré des centaines de personnes après les émeutes qui se sont déroulés partout dans le pays. Mais comme le démontrent les prisonniers de Curaçao : même en prison il est impossible de faire taire la révolte !

Vive la révolte !

Vive l’anarchie !

[Traduit de l’anglais de Autonomen den Haag]

« La révolte est partout »

« Solidarité – Vive l’Anarchie ! »

« D’Athènes à Paris, jusqu’à La Haye… »

« politiciens voleurs Salauds »

Ndt :

(1) Sur l’agitation anarchiste dans ce quartier, notamment à la suite du meurtre policier de Mitch Henriquez (et la répression qui s’en est suivie), on pourra relire ce texte : Interdiction de territoire contre des anarchistes dans un contexte de répression plus large à La Haye

(2) Nous ne partageons pas cette courte présentation enthousiaste du mouvement des Gilets Jaunes. A certains endroits, des chefs émergent, des réactionnaires et confusionnistes ont pignon sur rue ; le citoyennisme est bien implanté (même si aucun mouvement social n’en a été épargné jusqu’à présent). Ce mouvement est bien trop hétéroclite pour en tirer un bilan aussi positif, même si simultanément, pas mal de choses nous ont enthousiasmées (émeutes et saccages des villes-prisons, multiplication des actions de blocage et de sabotage de centres commerciaux, propagation des flammes de la révolte du centre à la périphérie, contre les structures et symboles de l’État et du capital (mairies, centre d’impôts, préfectures, sociétés gestionnaires d’autoroutes, stations-service, banques, horodateurs, concessionnaires automobiles, etc..) ainsi que de leurs êtres en chair et en os à leur service (politiques, flics, pour ne citer qu’elles/eux).

(3) Île des Caraïbes qui fait partie du Royaume des Pays-Bas, davantage réputée pour son cadre paradisiaque (ses criques et ses immenses récifs coralliens) que pour sa taule…

valence, France: Le 26/12/2018 Procés des quatres gilets jaunes soupçonnés de violence sur la police

Ils sont vidéaste, lycéen, boulangère et cordiste. Interpellés lors de la mobilisation des gilets jaunes à Valence le 8 décembre qui convergeait avec la marche pour le climat, Stéphane, Dylan, Maria et Tom sont depuis placés en détention provisoire, les prévenus sont poursuivis pour avoir frappé des policiers, dont le patron de la police drômoise lors d’une manifestation le 8 décembre sur le plateau des Couleurs à Valence. De simple manifestant, on devient délinquant. De papa, on devient absent. De boulangère, on devient prisonnière. D’étudiant en apprentissage, on devient détenu. » Une demande de mise en liberté doit être étudiée ce jeudi 20 décembre.Les quatre prévenus se sont à nouveau présentés au tribunal pour demander leur remise en liberté. Demande validée pour les quatre prévenus. Ils sont remis en liberté sous contrôle judiciaire et ont l’interdiction de se rendre à Valence.Alors que le parquet avait requis le maintien en détention.

La « sécurité » avait été renforcée le jeudi 20 autour du Palais de Justice de Valence pour cette audience. des personnes de la ville de Die venant au procès de valence ils seront contrôlé deux fois lors des contrôles  par  des gendarmes( l’un à la sortie de Die et à Crest)  Les forces de l’ordre craignaient- elles d’éventuels débordements?Une compagnie de CRS, une soixantaine d’hommes, étaient mobilisés autour du tribunal.

Ils seront jugés le 26 décembre à 14h au TGI.

« On pense que cela n’arrive qu’aux autres.

Il y a une lutte, il y a une répression, il y a une solidarité. C’est un mouvement où il y a des gilets jaunes, des gilets bleus, des gilets verts, Il y a aussi des mains rougies par le froid sur les ronds-points et  des solidarités et  contrairement aux manifestations habituelles et maintenant celles -ci irradient toutes la ville ( quartier bourgeois y compris)

On pense que cela n’arrive qu’aux autres. Parce qu’on n’est pas méchant.e, ni violent.e, ni délinquant.e. Parce qu’on a une petite famille, On se croit à l’abri, protégé.e, hors d’atteinte parce qu’on n’a rien à se reprocher ou si peu. Pourtant on lit, on observe, on s’informe, on participe. On sait que partout il y a des armes, qui repoussent, qui blessent ou qui mutilent. On sait qu’on peut être arrêté.e pour port de liquide lacrymal ou détention de lunettes de piscine. Mais on continue de croire que ça n’arrive qu’aux autres. Alors pourquoi un jour tout basculerait ? Parce qu’en réalité, on fait partie des autres. Pour Dylan, Maria, Tom, Stéphane, tout a basculé, comme ça, le 8 décembre. De libre, on devient enfermé.

Les 4 prévenus comparaîtront libre, sous contrôle judiciaire et ont l’interdiction de se rendre à Valence

« L’interdiction de territoire ajoute une peine supplémentaire, analyse également Claire Dujardin, avocate de plusieurs zadistes opposés au barrage de Sivens. Cela peut s’apparenter à une atteinte à la liberté de circulation et de manifestation, puisque cela interdit à des personnes de revenir sur les ZAD, alors que le juge judiciaire est le garant des libertés publiques. Il y a là un mélange des genres qui pose problème. »

Depuis, l’état d’urgence continue à être massivement utilisé pour interdire des manifestations ou pour assigner à résidence des manifestants, sur la simple base d’informations fournies par les services de renseignement. Lors de la mobilisation contre la loi travail, au printemps 2016, les interdictions de manifester se sont ainsi comptées par dizaines. Et les militants ne sont pas les seuls visés. Plusieurs journalistes ont également fait l’objet d’interdictions d’approcher de certains lieux de mobilisation. Au mois de mai dernier, un photographe s’était ainsi vu notifier une interdiction de s’approcher d’une manifestation parisienne contre la loi travail.

« Il est intéressant de noter que dans le rapport parlementaire qui avait fait suite à la mort de Rémy Fraisse, il avait été proposé d’introduire une procédure d’interdiction préventive de manifester, rappelle Laurence Blisson. Il n’a pas été donné suite à cette proposition, car l’état d’urgence a pris le relais en permettant au gouvernement de prononcer des interdictions de manifester et des assignations à résidence administratives. Mais il y a de fortes chances pour que, dans les mois à venir, l’idée revienne au Parlement, prévient la magistrate. L’interdiction de séjour peut permettre d’empêcher la réitération de l’infraction, mais lorsqu’elle a aussi pour conséquence de remettre en cause la liberté de manifester, cela devient un acte de justice préventive. »

Samedi 8 décembre (journée de l’Acte IV des « gilets jaunes »), je sors de chez moi à 7h20 du matin pour me rendre à une formation. Je découvre que le pneu de mon scooter a été crevé avec un coup de couteau sur le flanc, alors que le vendredi soir il marchait parfaitement. Je commence à marcher pour aller prendre le métro et six flics en civil me sautent dessus, ils contrôlent mon identité, me demandent où je vais, me fouillent et contrôlent mon sac. Je réponds que je vais à une formation et j’exige des explications, ils répondent « vous ne savez pas qu’aujourd’hui il y a des manifestations? » « vous n’aimez pas la démocratie? ».

lL violence:D’abord  il faut partir de la réalité  qui est que la violence  est celle du capital et qu’elles s’exerce tous les jours( exploitation, chômage, accidents du travail, misère etc)

 » quand  le gouvernement  viole les droits du peuple, l’insurrection est , pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré  des droits  et le plus indispensable des devoirs » ( article 35)  ce droit n’existait pas dans la première déclaration  de 1789 et il sera supprimé en 1795 marquant le triomphe de la bourgeoisie

 

reformulés à partir de différents textes

La répression n’arrêtera pas la révolte. Force et courage aux compagnon-n-es en taule.