Archives mensuelles : octobre 2018

Opération Scripta Manent : Quelques précisions au sujet du keylogger installé sur mon ordinateur

narhija.info / mercredi 3 octobre 2018

Ces derniers jours, en lisant le compte-rendu des audiences du procès qui nous voit inculpés pour l’enquête « Scripta Manent », orchestrée par le Proc’ de Turin Roberto Sparagna, j’ai remarqué une explication concernant le keylogger, un logiciel enregistreur de frappe (ou Agent Elena, comme l’appelaient les misérables Carabinieri du ROS de Naples).

Dans ce texte, paru sur des sites internet, on dit que le keylogger aurait servi pour capter les commentaires « hors antenne » lors des directes radio de RadioAzione. Ça aurait été bien si c’était le cas, mais malheureusement la réalité est différente.

Ce keylogger était un vrai mouchard, envoyé via internet à mon ordinateur, sous forme d’un virus, et capable de capter tout ce qui se passait autour de l’ordi.

Il suffisait que l’ordinateur soit connecté à internet et les misérables flics pouvaient écouter tout l’environnement sonore dans le lieu (mais pas d’images, car la webcam a toujours été bouchée). L’ordi étant dans la chambre, ils n’ont pas seulement écouté les commentaires hors antenne, mais aussi d’autres choses… tout !

En plus, le logiciel a été utilisé pour prendre des captures d’écran de mon ordi pendant que j’écrivais des textes ou que je traduisais ceux d’autres compagnons, des textes publiés par la suite sur le site de RadioAzione.

Tout cela pendant six ans, même si j’ai formaté l’ordinateur plusieurs fois entre-temps.

J’ai pensé qu’il était important de faire cette précision parce que comme cela avait été écrit dans le texte sur les audiences, il pouvait y avoir de incompréhensions. On peut tous avoir un keylogger dans l’ordi (même si ça leur coûte 120 euros par jour… s’ils n’ont pas triché avec les factures versées au dossier) et c’est donc mieux d’expliquer comment ça marche.

Mon conseil pour ceux qui pensent en avoir un d’installé sur leur ordi est donc de l’éteindre si on n’est pas en train de l’utiliser et d’éviter de parler dans la pièce où il est allumé.

J’avais connecté un micro externe qui allait dans une console de mixage et j’ai erronément pensé qu’en le mettant en position « muet » il n’aurait pas capté le son, mais cela n’a servi a rien. Avec le keylogger, les flics pouvaient activer le micro interne à l’ordi.

Il faut se rappeler de débrancher l’ordinateur d’internet avant d’écrire ou de traduire un texte.

Somma Gioacchino (RadioAzione)

repris d‘attaque noblogs.org

Clavières (Italie) : le 10/10 2018 expulsion du refuge autogéré « Chez Jésus »(MAJ)

10/10/2018 : Expulsion de Chez Jesus à Claviere : Manifestation ce soir à 18h au Parc Paul Mistral à Grenoble

Mise à jour : Les solidaires n’ont pas été emmenés au poste de police. Les personnes présentes sont en train d’enlever les matériaux encore en bon état.
L’évacuation a eu lieu ce matin à 7:15 h,  ils ont défonceé la porte. Maintenant ils sont tous dehors, les identifié-e-s sont  une dizaine. Ceux qui veulent atteindre le lieu les solidaires ont pour l’instant l’intention de rester sur place. On ne sait pas ce que les forces de police font pour le moment. Suivez les aggiornamenti durant la matinée sur radioblackout.org.

Depuis ce matin  8heures, l’expulsion de chez Jesus est en cours. Qui peut atteindre les camarades qui se sont battus ces mois-ci contre la gestion de la frontière et de la frontière italo-Française.

 :Manifestation mercredi soir  à 18h au Parc Paul Mistral à Grenoble, derrière la mairie

RDV à Crest à 18h – jeudi 11 oct – place de l’église

faites tourner l’infos

[zad-chambarans] Présentation de l’histoire d’une lutte anti THT dans la Manche

Le 11//10/2018 à 9h départ au  laboratoire anarchiste d’un covoiturage !

https://antitht.noblogs.org/files/2018/09/couv-c%CC%A7a-gresille-imprim-recto-1.png

Ce jeudi 11 octobre RDV à paillette paillasse entre 11h et 14h pour
une écoute radiophonique et une présentation par nos ami-es auteur-es de
l’ouvrage « ça grésille dans le poteau ». Bienvenu à tous !(Départ groupé à la Maison forestière de la marquise à 10h30).

« Livre & Recueils sonores sur la lutte contre la ligne très haute
tension dans la Manche

Ce livre et son dvd tentent de prendre du recul sur la manière dont a
été menée la lutte entre 2005 et 2013, aux endroits qui étaient alors
des points névralgiques de la résistance contre RTE (Réseau de Transport
d’Electricité) et ses pylônes de ligne Très Haute Tension (THT).
Malgré la construction du projet, nous n’avons pas renoncer à l’idée de
raconter la lutte par celles et ceux qui l’ont vécue de l’intérieur: les
habitant-e-s, les agriculteurs-trices, les élu-e-s, les militant-e-s,
les sans étiquettes.

Nous avions en tête de conserver et compiler une mémoire orale des
histoires de lutte de chacun-e. Ne pas perdre la mémoire de ces
événements et la diffuser. La partager avec tout un chacun mais aussi
avec celles et ceux qui se retrouvent confrontés aux mêmes histoires,
qui se retrouvent embarqué-es dans des luttes du jour au lendemain,
comme ça, parce que leur cadre de vie se retrouve menacé. Il était
important pour nous de faire entendre la parole de ces gens, de leur
donner l’espace, de raconter les événements qui ont été, pour eux, les
plus marquants.

Le dvd audio est avant tout une épopée documentaire sonore, réalisée en
amateur, totalisant un peu plus de sept heures d’écoute, et le livre est
la trace écrite de cette épopée. »

[reçu par mail]]

Saint-Martin-d’Hères, France : Revendication de l’incendie dévastateur contre Eiffage, célèbre constructeur de cages

Peu avant 4h ce lundi 8 octobre à Saint-Martin d’Hères, dans la banlieue grenobloise, une attaque incendiaire a embrasé l’entrepôt de la société Eiffage au 2 rue Diderot. Sept poids lourds, quatre véhicules utilitaires et un chariot élévateur ont été incendiés, ainsi que la majeure partie des locaux où était entreposé du matériel de chantier.

« Au moins 5 départs de feu différents ont été identifiés sur des véhicules utilitaires dont un camion citerne (contenant du goudron). Des algécos étaient également visés » selon les enquêteurs. Ce sont les flammes ayant jailli d’un poids lourd qui auraient embrasé 2000 mètres carrés d’entrepôt. Pour s’introduire sur le site, les incendiaires auraient fait un trou dans le grillage. Pas moins de 70 personnes se retrouvent en repos payé (on dit merci qui??). Parmi les lignes rédigées par les journaflics, on apprend aussi que ces engins d’Eiffage servaient à la réalisation du chantier sur l’autoroute A480. L’incendie a été revendiqué sur indymedia nantes le jour même. Nous reproduisons bien évidemment le communiqué:

Un signal de fumée pour les prisonnier·e·s

Cette nuit, nous avons cramé une dizaines de véhicules et engins de chantier ainsi qu’une partie d’un entrepôt de 2 000 mètres carrés d’Eiffage, parce que cette entreprise occupe une fonction fondamentale dans notre société carcérale.

Eiffage s’impose implacablement dans la production d’espaces de contraintes et de contrôle. Elle pose sa griffe sur la plupart des dispositifs de notre grande cage invisible. Ecoles, lieux de travail, logements, tribunaux, hôpitaux (psychiatriques et autres), maisons de retraite, casernes, stades, espaces publics sont autant de barreaux qui nous maintiennent en captivité.

Mais si Eiffage est l’objet de notre haine et de notre action vengeresse, c’est aussi et surtout parce qu’elle fournit la structure matérielle nécessaire à l’industrie de la punition : centres de rétention et de détention, établissements pénitentiaires pour mineur·e·s, maisons d’arrêt et centrales.

Le nouveau « plan prison » des gouvernant·e·s ajoutera prochainement 7 000 places dans l’enfer de la survie pénitentiaire.

Fière de s’afficher en spécialiste, Eiffage va encore faire de rentables affaires. Furieusement réfractaires à toutes les prisons, nous lui avons cette nuit déclaré la guerre.

Nous nous réjouissons de toutes les attaques portées contre la mécanique de l’enfermement.

Nous admirons les insoumissions qui éclatent depuis l’intérieur des geôles : refus de rentrer de promenade, grêves de la faim, destructions de cellules, agressions de maton·ne·s, évasions.

Nous saluons les révoltes du « dehors » comme les récents incendies des véhicules de maton·ne·s et du SPIP.

Situé·e·s nous aussi dans cet extérieur relatif -pour combien de temps encore ?- nous tâchons de mener l’offensive contre tout ce et celleux qui programment, produisent et administrent les taules.

A tous les mutins, à toutes les mutines,
Rage et courage pour saccager nos cages !

Parution Kairos N°6 octobre 2018

Cliquer sur l’image pour télécharger le #6 au format PDF

Le numéro 6 de Kairos (octobre 2018) vient de paraître.

On peut se le procurer en ligne sur le blog :
https://kairosjournal.noblogs.org/post/2018/10/08/kairos-n6-octobre-2018/.
Tous les anciens numéros sont également disponibles.

Il est aussi possible d’en recevoir en version papier en adressant un
mail à kairosjournal@riseup.net

Forêt d’Hambach, Allemagne : La solidarité face à l’expulsion, c’est l’attaque !

Voici un aperçu des attaques nocturnes (dans la région rhénane et ailleurs en Allemagne), alors que l’expulsion avec  son lot de violence et de répression étatiques se poursuit dans la forêt de Hambach. Si les raisons d’agir restent la solidarité active avec la lutte contre le projet minier de RWE à Hambach, la plupart des attaques ciblent principalement les entreprises qui ont participé de près à l’expulsion des occupant.e.s de la forêt. Cela nous rapelle forcément, dans une moindre mesure, les attaques enflammées dans la région nantaise au moment de la vague d’expulsion de la ZAD de Notre-Dame des Landes l’an dernier (par exemple, voir ici et ). D’autres sabotages ont été réalisés en solidarité avec les occupant.e.s de la forêt mi-septembre à Offenbach et en juillet sur les infrastructures ferroviaires de la mine.

Par ailleurs, on a appris le 5 octobre que la justice venait de refuser à RWE l’autorisation de défrichage de la zone. La société minière s’est vengée immédiatement en envoyant ses molosses de la sécurité tabasser des occupant.e.s.

Düsseldorf : Attaque incendiaire contre Wasel, collabo des expulsions de la forêt d’Hambach – 4 octobre 2018.

Lorsque vous avez expulsé Hambi, coupé ces arbres, détruit ces baraques, lorsque vous arrêtez des gens, foutu nos potes en taule, vous pensiez vraiment que nous n’allions pas nous venger ?
La nuit dernière [entre le 3 et 4 octobre 2018], l’entreprise WASEL a été attaquée, en déposant six engins incendiaires sous autant de véhicules, parce qu’elle met à disposition de RWE ses machines, parce qu’elle rend possible le fait que les flics puissent expulser la forêt, parce qu’elle fait partie de ce système que nous haïssons.

Nous sommes contraint.e.s à vivre dans un monde pourri, dans un monde de gagnant.e.s et de perdant.e.s dans lequel les cartes ne sont jamais mélangées de manière équitable, où les riches s’enrichissent alors que l’écosystème crève. Ça nous rend malades que ça ne change pas. Notre unique réponse à cela est de s’insurger et de lutter, de prouver qu’il y a d’autres choses à faire, en se révoltant et en détruisant tout ce qui nous détruit.

La forêt tombera peut-être, mais nous n’en serons pas. La lutte contre l’autorité et l’écocide n’est pas finie. Il y a des gens avant nous et il y aura des personnes qui continueront de lutter quand nous ne serons plus là. Tant que notre soif de liberté ne sera pas assouvie, celles et ceux qui nous la volent ne seront pas en sécurité.

Carpe noctem [1].

[Traduit de l’allemand de Indymedia Deutschland, 04.10.2018]

NdT :

[1] Signifie : profite de la nuit présente.


Willich (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) : Incendie dévastateur de l’entreprise Boels, responsable des expulsions – 1er octobre 2018

Dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre à Willich, l’entrepôt de l’entreprise néerlandaise Boels a été détruit par un incendie dont l’origine volontaire ne semble guère faire de doute. Vers 23h30, les flammes jaillissaient du toit de l’entrepôt de 1.200 mètres carrés dans lequel étaient garées de nombreux véhicules. Les 150 pompiers mobilisés ne sont venus à bout de l’incendie que vers 7h. A côté, l’entreprise Gardemann a elle aussi brûlé : les flammes ont détruit de matériel isolant placé sur deux plate-formes de travail.

Située dans la zone industrielle de Münchheide, la société Boels est spécialisée dans la location de véhicules, notamment de chantier et de terrassement.

Le service à la protection d’État des enquêteurs de la police criminelle de Mönchengladbach a ouvert une enquête et, même si pour l’heure l’incendie n’a pas été revendiqué, il n’exclut pas un lien avec l’expulsion des occupant.e.s de la forêt d’Hambach. L’entreprise en question est connue pour avoir fourni du matériel servant à expulser les opposant.e.s à la mine de charbon de RWE.

L’après-midi même de l’incendie de son entrepôt, la société de location Boels a annoncé qu’elle se retirait de la forêt d’Hambach, justifiant le fait que la sécurité de ses employés n’était plus assurée. Le sabotage paie, une fois de plus.

Le 19 septembre dernier, c’est l’entreprise Gerken qui a décidé de se retirer de la forêt d’Hambach. Jusqu’à cette date, elle avait participé à l’expulsion de la forêt d’Hambach par les flics en fournissant des ponts élévateurs, tout comme Boels. Gerken argue officiellement le fait de ne pas avoir assez de garanties légales quant à l’autorisation de l’avancée du chantier de RWE. Mais peut-être bien que la peur ou le fait de subir des dommages importants par le simple fait de collaborer à l’expulsion l’ait emporté.

[Reformulé de la presse]


Cologne : attaque du siège du syndicat IGBCE, des secteurs de l’énergie, de l’industrie minière et de la chimie.

Dans une lettre adressée à l’organisation syndicale, on apprend que dans la nuit du 1er au 2 octobre, le siège du syndicat situé dans la Aachener Straße à Cologne a été attaquée avec des pierres et de la peinture. Comme bon nombre de syndicats, elle défend le travail et les logiques productivistes de l’énergie écocide.

[Lire la lettre en allemand ici]


Mettmann (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) : Attaque d’Innogy, filiale de RWE.

A l’occasion de la journée d’actions décentralisées « Hambi reste ! Abandon du charbon », nous sommes allé.e.s rendre visite au bureau des services de l’entreprise Innogy de la Poststraße à Mettmann [1] en détruisant la façade vitrée avec des pierres. Le gestionnaire du réseau et distributeur d’énergie Innogy, qui est coté en bourse, est une filiale de RWE.

Le géant de l’énergie et plus gros émetteur de CO2 d’Europe RWE exploite la plus grande mine de lignite (charbon) à ciel ouvert d’Europe, dans la région rhénane «( Rheinische Revier »). Le lignite est le vecteur d’énergie le plus polluant de la planète d’entre tous. Près de 13% des émissions de gaz à effet de serre d’Allemagne s’échappent de cette zone de la « Rheinische Revier ».

Avec près de 80 millions de tonnes de CO2 en 2016, plus de la moitié des émissions de dioxyde de carbone liées à l’énergie en Rhénanie du Nord-Westphalie sont imputables aux quatre méga-centrales de RWE à elles-seules, celles de Frimmersdorf, Neurath, Niederaußem et Weisweiler.

Avec 31,4 millions de tonnes de CO2 générée par an, la centrale de Neurath est devenue entre-temps numéro 1 en matière de pollution environnementale en Allemagne, sans compter les émissions des centrales par exemple des usines Fortuna Nord, Ville/Berrenrath et Frechen.

Selon RWE Power AG, l’exploitation de lignite devrait se poursuivre jusqu’en 2045. Plus de 2,5 milliards de tonnes de lignite devraient y être extraites à l’avenir.

Dotée d’un écosystème unique, la forêt de Hambach était autrefois la forêt la plus étendue de Rhénanie et une des plus grandes forêts d’essences mixtes d’Europe centrale. Aujourd’hui, il n’y a plus qu’un dixième de ses 5500 Ha d’origine.

Au cours de ces six dernières années, Hambi est devenu un symbole de résistance et d’espoir pour un monde respectueux de l’environnement, sans domination, vivant et alternatif. Divers acteur.e.s d’initiatives citoyennes locales et des occupant.e.s de la forêt venant de toute l’Europe défendent la forêt en ayant recours à des formes de résistance les plus diverses contre l’exploitant de la mine à ciel ouvert RWE.

Depuis le 13 septembre, l’entreprise énergétique RWE et le gouvernement de Rhénanie du Nord-Westphalie noir-jaune, fournissant des justifications bidons, expulsent désormais les cabanes dans les arbres et les occupant.e.s d’Hambi avec une armada de policiers (il s’agit de la plus grosse opération de police de toute l’histoire de Rhénanie).

Dès la mi-octobre, RWE prévoit de défricher sous protection policière 120 hectares de plus de cette forêt de Hambach vieille de 12.000 ans et de détruire ainsi purement et simplement la majeure partie de cette forêt ancestrale avec toute sa diversité de faune et de flore pour en extraire encore plus de lignite.

Nous disons : Mettons fin à IrRWEg [2]. Pour l’arrêt immédiat du déboisement et l’abandon immédiat de l’exploitation de charbon.

Attaquons RWE, ses filiales et ses fournisseurs ! Pour la justice climatique (sic) maintenant et partout !

Solidarité avec les militant.e.s ciblé.e.s par la répression ! Liberté pour UPIII, Eule et Andrea !

[Traduit de indymedia Deutschland, 04.10.2018]

NdT :

[1] La ville se trouve à l’est de Düsseldorf et à l’ouest de Wuppertal.

[2] Jeu de mots avec le nom de l’entreprise RWE. En lui ajoutant Ir- et -g, ça signifie « voie égarée, chemin vers la folie ». Ici c’est donc un appel à la fois à en finir avec cette entreprise et avec la course insatiable à la production de charbon, voir même aux énergies écocides.


Leipzig: attaque incendiaire contre le dépôt de Boels – 25 septembre 2018

En solidarité avec l’occupation de la forêt d’Hambach, des engins incendiaires ont été placés dans le dépôt de Boels au cours de la nuit [du 25 septembre], entre autres sous un pont élévateur. Les équipements de Boels sont directement intervenus pour expulser l’occupation de la forêt. Les groupes électrogènes de l’entreprise terrorisent notamment les militant.e.s et les habitant.e.s non-humains de la forêt en leur volant leur sommeil nocturne.

Les équipements attaqués ne peuvent plus servir à Hambi, Pödelwitz ou n’importe où ailleurs.

Boels a ignoré les protestations de la société civile, et maintenant ils savent la chose suivante: chaque expulsion a son prix, Boels paiera cher!

Il y a des dépôts de Boels dans de nombreuses villes. Jetez y un coup d’oeil.
Solidarité avec tou.te.s les militant.e.s qui s’opposent à la violence de l’Etat et du capital. Surtout avec tou.te.s les prisonnier.e.s !

Another world is possible!

Arrêt immédiat des expulsions ! Hambi reste !

[Traduit de l’allemand d’indymedia Deutschland, 25.09.2018]


Flensbourg : comico attaqué en solidarité – 18 septembre 2018

Solidarité avec les personnes qui défendent la forêt d’Hambach – Comico attaqué

Comme signe de solidarité avec les personnes qui défendent la forêt de Hambach, nous avons péter les vitres du commissariat de Neustadt et laissé quelques salutations solidaires cette nuit [du 18 septembre, NdT]. Que ce soit à Flensbourg, à Hambach ou n’importe où ailleurs, la police est omniprésente et cherche à empêcher les gens de pouvoir vivre dignement en liberté. Nous avons un avenir sur cette terre qui vaut d’être vécu.

En fin de compte, ce sont partout les flics qui, matraques (ou pire) en main, défendent ce système absurde, veillent à ce que perdurent l’exploitation et la destruction de l’homme et de la nature pour toujours plus de profit, jusqu’à ce que plus rien ne se passe.
Quiconque prend fait et cause pour une vie en liberté reçoit tôt ou tard le poing de l’agent en pleine gueule. Ne nous laissons pas intimider ! Hambi tiens bon !

Attaquer l’Etat policier signifie défendre la vie !

[Traduit de l’allemand de Chronik, 18.09.2018]


Vienne, Autriche : action à l’ambassade d’Allemagne

Pour la journée d’action du 30 septembre, l’entrée de l’ambassade d’Allemagne à Vienne a été murée en solidarité avec l’occupation de la forêt d’Hambach. Nous avons barricadé l’entrée avec des briques, du ciment et du bois. Par cet acte symbolique, nous exprimons notre attachement à toutes les personnes qui luttent en défendant la forêt en ce moment !

 

[Traduit d’indymedia Deutschland, 5. Oktober 2018]

sans attendre demain

CHabeuil (26 120) le 7/10 Info migrants à Court-Circuit

QUINZAINE DE L’EXIL DIMANCHE 7 OCTOBRE

L a Quinzaine de l’Exil voyage dans la Drôme en ce mois d’octobre et fera une halte à l’Arrosoir ce dimanche 7 octobre.

Une soirée autour de la thématique des « Femmes en exil »

avec témoignages et lectures.

Entrée à prix libre,

les bénéfices serviront aux collectifs de soutien et d’accueil et aux différents lieux de luttes.

Ouverture à 19h avec de quoi boire et manger

Réflexion autour du « procès de l’extrême-droite »…

non – fides..fr

Pourquoi nous pensons que contribuer au « procès de l’extrême droite » pourrait être une impasse voire un véritable piège

mardi 18 septembre 2018

Mise au point :
En premier lieu, nous tenons à rappeler que si ce texte porte une critique de cet appel à « faire le procès de l’extrême droite » porté un peu partout en France par différents groupes et organisations, il ne vise évidemment pas les proches de Clément Méric et les camarades pris dans la procédure en cours, ni les choix qui leur semblent s’imposer ici et maintenant face aux juges, en premier lieu face aux accusations potentielles qui pourraient s’abattre sur eux. Les auteurs de ce texte ont d’ailleurs largement soutenu, financièrement et par leur présence active dans les manifs, les personnes engagées sur le procès. L’objectif est de réfléchir aux conséquences qu’un tel appel à « faire procès » pourraient avoir, par delà l’affaire du meurtre de Clément.

I) Ce qu’implique un durcissement de la justice et de l’appareil d’État vis-à-vis des fascistes

-  Dans notre rapport aux institutions :

La proposition qui est faite aujourd’hui est un appel à faire le « procès » de l’extrême droite, ce qui en d’autres termes signifie produire une contribution politique et un appui idéologique à la procédure judiciaire en cours, en dénonçant « l’impunité » dont bénéficieraient les fascistes, autrement dit en appelant à un durcissement de l’appareil pénal contre ceux-ci.

D’emblée, il y a quelque chose de paradoxal et malaisant dans le fait de s’engager dans une réflexion qui nous projette du côté des juges, des procureurs, etc. La fonction de défense de l’ordre et du capitalisme par la machine judiciaire ne devrait plus faire aucun doute pour qui prend part au moindre mouvement social, et le paye parfois chèrement.

Même lorsqu’on cherche à travers cette démarche à faire la lumière sur les faits réels, ce qui semble invoqué lorsqu’on en appelle à la « vérité », on sait par expérience que le récit et les descriptions produits durant les audiences sont soumis à un formatage destinés à l’élaboration d’une grille de lecture prétendument « neutre » pour les magistrats. De « vérité », dans un tribunal, on ne trouvera qu’une vérité judiciaire.

Cette méthodologie, qui n’entrevoit le monde qu’à travers la défense mécanique de l’ordre public, vide de leur substance les actions politiques et tend à ramener ces actes à leur dimension individuelle et anecdotique, les réduisant à des faits divers.

Notre situation depuis l’accusation tend au mieux à l’impuissance, à la délégation aux pouvoirs publics d’une vengeance que nous aimerions infliger aux fascistes. Au pire, à un mimétisme des institutions du pouvoir, qui ne semble pas très crédible, et qui, si elle était crédible, n’en serait pas plus sympathique (tribunaux populaires).

Il faut être lucides : dans le cas de l’arrestation et du jugement des assassins de Clément Méric, cette mécanique impuissance/délégation trouve sa source dans la gravité de la situation, qui est telle que l’intervention de l’État via la police criminelle paraît aussi inévitable qu’intrusive.

Mais si on sort de l’enceinte du tribunal et qu’on généralise cette attitude à l’ensemble de l’extrême droite « radicale », cet appel à la fermeté entre inévitablement en résonance avec celui qui, depuis les institutions de l’État et de l’ordre public, veut lui aussi mettre fin à « l’impunité » de groupuscules qui incarnent la frange la plus milicienne du fascisme français.

Or, la structure même de ce discours sur l’impunité est sensiblement la même que celle employée par le pouvoir pour qualifier les pratiques et les groupes les plus combatifs des mouvements et conflits sociaux auxquels nous participons.

Un rapide coup d’œil sur l’histoire des dispositifs répressifs majeurs développés par l’État français depuis un siècle ne manque d’ailleurs pas de nous renseigner sur le piège évident que comporte un appel au renforcement de la répression contre l’extrême droite.

On pourrait citer la Cour de Sûreté de l’État, mise en place dans le but de démanteler et liquider l’OAS, ou encore en 1936 la « loi sur les groupes de combat et milices privées » qui rend possible la dissolution de groupes politiques tout en pénalisant leur recomposition [1]. Ce dispositif est au centre de la protection de l’État vis à vis des groupes politiques les plus virulents. La dangerosité de cette mesure, qui empêche concrètement de s’organiser politiquement, a été éprouvée plus tard par beaucoup de groupes révolutionnaires français dans l’après-68 (Gauche Prolétarienne, Jeunesse Communiste Révolutionnaire, Mouvement du 22 mars…).

Au cœur de la répression de l’extrême droite suite à la mort de Clément Méric, on trouve encore l’utilisation de cette loi, qui a servi à dissoudre les Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires, Troisième Voie, l’œuvre Française et les Jeunesses Nationalistes. L’application des décrets de dissolution entraîne des mesures extrêmement lourdes allant d’interdictions d’entrer en contact pour des cercles très larges d’individus à celles frappant des pratiques à la fois banales et essentielles, comme les diffusions de tracts, les réunions, rassemblements… Certains de leurs dirigeants ont été poursuivis très récemment pour « reconstitution de ligue dissoute ». La question n’est pas de plaindre des ennemis politiques, mais de comprendre comment des dispositifs juridiques qui touchent ces mêmes ennemis menacent des pratiques et des formes d’organisation, existantes ou potentielles, portées par les luttes et les mouvements sociaux, et dont l’existence et l’extension sont des conditions pour peser dans le rapport de force contre l’État et le capital.

Compte tenu de l’extension de l’aspect judiciaire de la répression actuelle des mouvements sociaux, on peut très sérieusement s’interroger sur le danger que comporte un renforcement de l’arsenal d’État, contre des groupes jugés subversifs par le pouvoir, qu’ils soient formels ou non (la loi s’appliquant notamment sur les associations de fait).

Si de tels dispositifs devaient tomber dans les mains de gouvernements d’extrême droite, il est évident qu’ils serviraient en premier lieu a réprimer les groupes révolutionnaires.

À généraliser le fait de s’en remettre à la justice et à l’intransigeance de l’État face aux actions de l’extrême droite, le risque est évidemment de valider la position actuelle du gouvernement libéral et de l’ordre républicain qu’il incarne, comme seul rempart crédible à l’extension du nationalisme le plus réactionnaire.

La récente mise en lumière de réseaux d’extrême droite se préparant à mener des attaques armées conforte par ailleurs l’appareil répressif anti-terroriste comme étant le seul à même de s’y opposer [2].

Vis-à-vis des fascistes eux-mêmes :

Plus problématique encore, le discours sur la « fin de l’impunité » concurrence celui de l’extrême droite sur le « laxisme de la justice » principalement dans des affaires criminelles.

On a vu comment celui-ci s’illustre ignoblement en Allemagne où toute la gangrène néo-nazie du pays s’est mobilisée le 27 août 2018 à Chemnitz au cri de « nous sommes le peuple » pour exiger une sanction exemplaire suite à un meurtre qui aurait été commis par deux immigrés, en saisissant l’occasion pour mener des ratonnades contre tout ce qui ressemblerait à un migrant.

Peu de temps avant, le 11 août, le groupe Génération Identitaire avait lui aussi tenté de créer une mobilisation suite à la mort d’un jeune à la sortie d’une boîte de nuit à Grenoble. L’opération avait lamentablement échoué, la famille s’étant dit extrêmement choqué par cette récupération politique. La proximité dans le temps de ces deux événements situés à plusieurs milliers de kilomètres, et pouvant regrouper aussi bien des citoyennistes réactionnaires que des nazis en uniforme, prouve que la tactique d’appel à une justice intransigeante est intégrée et systématisée par une aire très large de l’extrême droite, qu’elle soit française ou allemande.

Or, si nous partageons tous l’objectif de démolir le discours qui renvoie les fascistes et les révolutionnaires dos-à-dos, alors nous devons réaffirmer qu’à ce sujet nous entretenons un rapport fondamentalement différent aux autorités policières, judiciaires et aux pouvoirs publics.

Car contrairement aux actions des groupes révolutionnaires, toutes les attaques de l’extrême droite (y compris de la bande nazie la plus versée dans l’action de rue) appellent systématiquement à un renforcement et une intervention de l’État via ses flics, ses procureurs ou son armée… avec le fantasme caractéristique des nazillons de former leurs milices intégrées au bon fonctionnement des institutions.

On a pu le voir à de multiples reprises, à Rennes comme ailleurs : dans l’évacuation du plus grand squat de migrants de France, à Pacé en 2012, dans la défense d’une propriétaire dont une des maisons vide était occupée en 20151, ou encore à travers la tentative de déblocage de l’université Rennes 2 lors du mouvement du printemps 2018… De manière constante, l’extrême droite de rue comme celle de parti cherche toujours à incarner l’avant-garde (et y parvient malheureusement parfois) d’une intervention des pouvoirs publics jugés endormis ou paralysés par la bureaucratie et la « bien-pensance ».

De ce point de vue, notre position se doit d’être radicalement opposée en terme pratique et politique : demander (comme cela a été fait par des « camarades » à Rennes) un renforcement de l’intervention de la préfecture et de la mairie (qui a conduit à la mise en place d’un nouvel équipage BAC de nuit) après une descente brutale de 40 pseudos gudards un soir en centre-ville n’est pas simplement stupide et contre-productif.

C’est une véritable victoire politique pour des fascistes à peine capables de s’organiser en dehors de bastons rituelles, et qui voient chez les bacqueux des modèles virils, racistes, en plus d’alliés objectifs contre nous.

II) Retrouver des perspectives et construire une autonomie politique dans le combat contre l’extrême droite

Pour nous, l’explication d’un tel paradoxe, d’une telle contradiction dans nos positions tient essentiellement à la question de l’urgence et de la réaction : le rapport que la mouvance révolutionnaire entretient à l’extrême droite se pense presque toujours dans des temps où cette dernière est assez puissante pour passer à l’acte, ou pire, lorsqu’elle est aux portes du pouvoir (local ou national).

L’urgence d’agir et l’horreur du moment motive alors assez aisément des discours d’appel à la justice, à l’appareil d’État et par effet de prolongement à l’ordre public… Avec des épisodes massifs comme en 2002 où toute critique pertinente de l’extrême droite était engloutie dans un tsunami républicain que certains rêvent toujours de reconstituer.

Pourtant, nous aurions tort d’oublier nos quelques victoires : si le Front National ne peut plus organiser de meeting à Rennes depuis bientôt quatre ans, c’est bien parce qu’une violente émeute a retourné le centre-ville (LIEN) et remis au cœur des enjeux politiques l’usage de l’ancienne bourse du Travail (où les fascistes avaient été autorisés à tenir leur tribune), réinvestie comme « Maison du Peuple » et épicentre de la lutte pendant le mouvement de 2016.

Si les conférences d’un réactionnaire se revendiquant de la « race celte » ont été annulées sur la fac peu de temps avant, c’est bien qu’une réaction collective et déterminée a pu avoir lieu à Rennes 2 pendant une période où il ne s’y passait quasiment rien.

On pourrait également citer la manifestation nantaise de février 2017, ainsi que l’action menée par des camarades de la ZAD contre les bus chargés de fachos, qui ont montrés un niveau d’organisation collective rarement atteints depuis des années.

Encore plus récemment, il faut saluer l’initiative des camarades qui, sur la brèche, ont bloqué un bus entier en partance pour la dernière Manif pour Tous.

Nous pensons qu’il est vital d’attaquer et ruiner l’extrême droite avant même qu’elle ne mène l’attaque : lorsqu’elle est faible, divisée, y compris lorsqu’elle se cache derrière les apparats victimaires du citoyennisme et de la liberté d’expression.

Qu’en ville, dans les bars, les salles de concert, les stades, les lycées, au boulot ou à la fac, etc., il faut se donner les moyens de tricardiser et tuer dans l’œuf le moindre projet de petit groupe, la moindre velléité d’organisation, qui peut par ailleurs très vite devenir dangereuse et polluer toutes nos activités politiques. Sapons l’action de l’extrême droite avant d’en arriver au point où nous devront solliciter ceux qui nous matraquent, nous jugent et nous condamnent dans nos luttes.

Que ce soit le Front National, le GUD, l’UNI, les hooligans, les soraliens, identitaires, nationalistes bretons d’Adsav ou du Parti Breton, nazillons métalleux et royalistes, aucun ne doit être pris à la légère, dans la mesure où ces groupes sont notoirement poreux et sont capables de s’agglomérer en l’espace d’une mobilisation éclair sur internet (comme au squat de Pacé, lors de « l’affaire Maryvonne » [3], ou encore à Trebeurden), pour faire des coups pensés comme des appels aux pouvoirs publics.

À ce titre, nous devons être absolument déterminés à nous coordonner formellement et à nous tenir prêts à faire face à ces raouts-éclairs, et à ne jamais sous-estimer la vitesse à laquelle le fascisme peut devenir grégaire et engendrer des mobilisations de l’ampleur de Chemnitz et Kothen en Allemagne.

L’extrême droite fait également son beurre sur des mouvements réactionnaires et anti-fiscaux (les Bonnets Rouges, la Manif pour tous…). Elle tente aussi de s’immiscer dans des conflits sociaux et entretien une confusion qui a pour but de faire émerger ses propres mots d’ordre.

À l’heure où nous écrivons ces lignes, les camarades angevins appellent à une grande manifestation le 22 septembre contre l’implantation du Bastion Social dans leur ville.

Plutôt que de se lancer dans de tristes procès, il nous semble plus constructif de répondre le plus nombreux possible à l’appel, et d’établir un lien durable avec les groupes mobilisés afin d’être capable de bouger sur le grand ouest rapidement et efficacement lors d’initiatives contre l’extrême droite.

Par ailleurs, nous savons tous par expérience que le meilleur antidote contre l’extrême droite est une conflictualité sociale vivante, combative et révolutionnaire, que son absence dans les zones et les pays qui connaissent une forte poussée réactionnaire en Europe de l’Ouest en est une des causes principales.

À bas la justice et l’extrême droite !
Vive le mouvement social !


[1Loi mise en place sous le front populaire après les événement du 6 février 1934 où les croix de feu, un rassemblement d’anciens combattants proche de l’extrême droite, avaient marché sur l’assemblée nationale.

[2Deux groupes d’extrême droite ont été démantelés par la police le premier en octobre 2017 et le second en juin 2018. Le premier s’était constitué autour de Logan Alexandre Nisin et avait des projets d’attentats et d’assassinats politiques. Le second, « Action des Forces Opérationnelles », était un réseau d’ancien militaires et d’ancien policiers qui aurait projeté des actions contre ce qu’ils considéraient être des islamistes.

[3Voir sur le site www.antifabzh.lautre.net « Dossier – l’affaire Maryvonne Thamin : quand les fascistes s’en prennent aux squatteurs »

 

Des animaux assoiffés de liberté

reçu par mail / lundi 24 septembre 2018

Combien de marches pacifiques avant la « fermeture des abattoirs » ?
Combien de pétitions pour mettre fin aux massacres ?
Combien de réformes avant que tous les animaux ne soient libres ?
Combien de lois pour en finir avec l’expérimentation animale ?
Combien de décrets pour anéantir l’anthropocentrisme ?
Combien de SPAs avant d’en finir avec « l’euthanasie de confort » et l’enfermement ?
Combien de partis animalistes pour en finir avec l’« État égalitaire » ?
Combien de « stérilisations éthiques » pour éliminer notre désir de contrôle ?
Combien d’adoptions avant de refuser tout désir de possession ?

A quelques mois de la marche pour la « fermeture des abattoirs », il semble opportun d’apporter un regard critique sur ce qu’ont l’air de devenir aujourd’hui (au moins médiatiquement) les luttes antispécistes. Cette marche existe depuis 6 ans, qu’a-t-elle apporté ? Rien. On pourra nous rétorquer que des aménagements ont été faits dans la Loi mais cela n’a rien changé à ce qui semble être le but de ces marches : les abattoirs existent toujours et tuent toujours au moins autant. Comment peut-on penser sérieusement un seul instant que défiler dans la rue avec des pancartes et des slogans éculés puissent permettre de mettre fin, ne serait-ce qu’à ce pan de l’exploitation animale ?

Quel est le but de ces marches, à quoi aspire-t-on lorsque l’on y participe ? Les moyens de lutte sont-ils efficaces, et permettent-ils vraiment de libérer qui que ce soit ? Est-ce que les personnes qui sont à l’origine de ces marches souhaitent vraiment atteindre ce but ? Depuis que les luttes réformistes et abolitionnistes existent, les animaux non-humains sont toujours tués, enfermés, exploités, identifiés, etc. Peu importe la stratégie utilisée, à partir du moment où celles-ci font des demandes à l’État, elles ne peuvent aboutir qu’à des mesures autoritaires (lois, décrets, normes) qui seront en deçà des attentes de ceux qui désirent mettre fin à l’autorité spéciste. A quel point ce massacre nous est-il intenable pour que nous nous contentions d’accepter tout le temps perdu à quémander des lois ? Aussi, l’autorité ne saurait-elle être insupportable que lorsqu’elle est spéciste ? Qu’entendons-nous par « libération animale » ? Qu’il faut être révolté parce que les animaux non-humains, eux, « n’ont  rien demandé » ? Ou parce que l’exploitation, la mise à mort, l’enfermement, etc. sont en eux-mêmes inacceptables ?

Il semble que les débuts des mouvements de libération animale aient plus été marqués par des positionnements clairs et radicaux que par l’autopromotion médiatique et la servilité face à l’État auxquelles nous assistons aujourd’hui. Un peu avant les années 80, a en effet débuté toute une série de sabotages revendiqués au nom de l’Animal Liberation Front. Jusqu’à aujourd’hui la position de l’ALF a toujours été claire : se battre jusqu’à ce que chaque cage soit vide, et non jusqu’à ce que chaque cage soit confortable. Au début de l’année 1980, une organisation pourtant réformiste concernant la question de la libération animale voyait le jour aux États-Unis : PETA. Cette dernière a néanmoins toujours tenu elle aussi une position claire concernant l’action directe et plus particulièrement l’ALF : refuser de condamner des moyens d’action différents de ceux qu’elle s’était donnée [1].

Un bond dans le présent nous renvoie la réalité amère en pleine figure. Au cours de ces derniers mois (à l’heure de la rédaction de ce texte) diverses actions de sabotage ont été menées contre des commerces vivant de l’exploitation animale. Il n’a pas fallu bien longtemps à une autre organisation réformiste (L214) pour s’empresser de ramper devant les micros des journalistes en se dissociant et en condamnant ces moyens d’action [2]. On peut voir qu’en plus de 20 ans les choses ont bien changé, et pas dans le bon sens.

LA LIBÉRATION ANIMALE A COUPS DE CAMERAS

Les caméras sont décidément des objets très présents dans la vie de L214. L’organisation les introduit dans les abattoirs (que ce soit par activisme pour filmer les « abus » ou via la force étatique dans le but de soi-disant y garantir le « bien-être animal ») ou alors, chaque fois qu’elle en a l’occasion, se pavane devant celles des journalistes. Suite à plusieurs infiltrations et à la divulgation des vidéos en abattoirs, a été tout d’abord proposé par un député socialiste une loi visant à y rendre obligatoire la présence de caméras de vidéosurveillance. Finalement il a été décidé le 28 mai 2018 qu’elles soient durant deux ans « expérimentées » (donc non obligatoires), présentes avec l’accord des gérants des abattoirs et que le contenu enregistré puisse être visionné en interne par les services de contrôles, et par les services vétérinaires. À quoi servent ces caméras ?À prétendre que seul l’abattage méthodique entre quatre murs est intolérable ? Que ces caméras permettront de discerner la mise à mort acceptable de celle qui ne l’est pas ? À partir de quels critères ? N’est-on pas en mesure, sans avoir à visionner ces vidéos sanglantes, de dire que l’existence des abattoirs est forcément aberrante puisque ce sont des établissements conçus pour exécuter des individus ? De la même manière, il est aberrant de s’imaginer que ces caméras puissent être un outil efficace pour arriver à autre chose que des cages plus confortables. Les agents étatiques n’ont-ils pas vu dans cette proposition de loi, une opportunité de se vernir d’éthique et pour les chefs des abattoirs, une possibilité de fliquer les employés ? Car le risque se trouve là : Ne soyons pas dupes, les abattoirs « volontaires » seront bien évidemment ceux qui sont irréprochables en terme de « maltraitance » (aux yeux de la Loi !). Ainsi les caméras pointeront vers les postes de travail où la seule chose à surveiller pourrait bien devenir les cadences. Si les choses évoluent de cette manière, comment l’État pourrait justifier cette exception faite aux abattoirs ? Cela constituerait une brèche dans laquelle pourraient s’engouffrer sans difficulté les autres branches de métiers. Cette situation pourrait donc conduire à long terme l’État à autoriser officiellement l’utilisation de la vidéosurveillance à des fins de flicage des employés [3].

Si la définition de l’antispécisme ne fait pas toujours consensus, on peut néanmoins s’accorder sur le fait qu’il inclut l’opposition à l’exploitation des animaux. Or les êtres humains étant aussi des animaux, si la lutte pour l’antispécisme se fait aux dépens de leurs conditions d’existence, alors elle n’est pas réellement antispéciste. La Libération Animale n’est donc conséquente que si elle passe par la libération de tous les animaux, sans distinction. Pourtant, bon nombre d’individus se réjouissent des miettes-réformes, qui ne constituent en rien une étape étant donné que l’exploitation des animaux et leur domestication, si elle ne se réduit pas aux seuls animaux non-humains, ne saurait encore moins se réduire à l’abattage.

DES CADAVRES NON, DES PELUCHES OUI !

Un aspect de l’exploitation animale tabou jusqu’au sein de l’antispécisme concerne les relations entretenues (et imposées) avec les animaux domestiqués. Les abattoirs ne sont pas les seuls lieux où les animaux sont tués, enfermés et exploités. C’est ce qui se passe aussi du côté des Sociétés Protectrices des Animaux (!) sous prétexte que « c’est pour leur bien » ou encore « qu’on ne peut pas faire autrement ». Il est étonnant que la seule « solution » pour lutter contre les abandons consiste à stériliser les « animaux de compagnie » [4]. Ce sujet est peu abordé au sein des mouvements antispécistes, et lorsqu’il l’est, le consensus semble être que la stérilisation est une bonne chose. Malheureusement, les animaux considérés comme « de compagnie » n’ont pas demandé à naître, et s’ils existent, c’est pour satisfaire une demande, et donc un caprice. L’animal-peluche semble moins trouver grâce auprès des organisations de protection/libération animale que l’animal-cadavre. Cela s’explique sans doute simplement : l’animal « de compagnie » a une vie agréable. Il jouit en effet d’un foyer où il est nourri, aimé, et choyé. Cette vision idéaliste occulte le fait que les animaux non-humains vivent normalement indépendamment de nous, et qu’encore une fois nous les utilisons, ni plus ni moins. L’animal-peluche ne subit pas moins l’exploitation que l’animal-cadavre. Ainsi, la racine du problème est à chercher non pas dans le fait d’empêcher les animaux « de compagnie » déjà présents de se reproduire afin d’assurer notre petit confort affectif, mais bien dans cette recherche de confort affectif auprès d’individus à qui on impose bien souvent cette affection [5].

Pourtant, des « campagnes de sensibilisation » et des articles sur la stérilisation avancent nombre d’arguments en sa faveur. Selon nous, elle n’est que l’expression d’un spécisme bienveillant, c’est-à-dire qu’en se cachant derrière de bonnes intentions, cela permet d’assurer en réalité davantage le contrôle de leur corps. Pour ce faire, ses tenants usent de tactiques dégueulasses comme le recours au chantage, par exemple lorsqu’ils nous font croire qu’il suffirait de stériliser les animaux non-humains pour éviter les abandons. Or, non seulement les animaux sont toujours abandonnés, mais il est logique qu’en générant moins de naissance, il n’y ait pas plus de cas d’abandon que lorsqu’ils sont stérilisés. Avec le même genre de raisonnements insensés, ces « protecteurs des animaux » arrivent à nous vanter les mérites de la stérilisation d’un point de vue sanitaire en nous sortant dans le plus grands des calmes que l’ablation des testicules et des ovaires leur évitera notamment des cancers… des testicules et des ovaires !

La stérilisation doit être un choix personnel (qui serait même souhaitable en ce qui concerne les 7.6 milliards d’individus humains), sinon elle est un acte autoritaire exercé sur autrui. Elle est par ailleurs censée permettre de lutter contre les désastres écologiques. Or, il est absurde de rendre responsables les animaux dit de compagnie en les stérilisant, tout en continuant les élevages. Stériliserait-on pour la même raison, et ce de force, les animaux humains ? La stérilisation permet surtout la servilité et la docilité des individus non-humains – fini les marquages urinaires, les fugues, les bagarres, les miaulements intempestifs, etc., qui pourtant peuvent aussi s’en sortir avec davantage de liberté sans être stérilisés. Dans ces conditions, on se rend compte que la stérilisation n’est qu’un contrôle de plus parmi la myriade d’autres qu’on leur impose : où vivre, quoi et quand manger, quand faire ses besoins, etc.

Lorsque ces derniers, pour quelque raison que ce soit, ne sont plus en mesure de satisfaire les caprices de celles et ceux qui se considèrent comme leurs propriétaires, ils se retrouvent bien souvent entassés dans des « refuges » (principalement ceux de la SPA). On a ainsi vu ces derniers susciter plusieurs scandales en ayant recours à l’euthanasie comme (fausse) solution à la surpopulation [6]. En 2013, ce sont 1007 animaux qui sont euthanasiés à la Société Protectrice des Animaux de l’Indre [7]. La même année 529 animaux sont tués dans un chenil-fourrière dans le Lot-et-Garonne [8]. 1 700 animaux, encore, ont été tués par la SPA de Pau entre 2010 et 2013 [9]. L’euthanasie est aussi pratiquée sur les animaux considérés comme dangereux. Il convient de se poser les questions « Par qui ? », « Pour qui ? » et « Pourquoi ? ». Lorsque l’animal-peluche mord, on s’en débarrasse définitivement. On s’octroie, une fois de plus, le droit de vie et de mort sur des individus, même jusqu’au domaine paradisiaque des « animaux de compagnie ». Encore une fois, quitte à pousser cette logique jusqu’au bout, l’être humain devrait être la cible prioritaire de ses propres injections létales, car en terme d’animal dangereux, peu d’individus non-humains peuvent rivaliser [10].

Ces tentatives de lutter contre cette surpopulation dont nous sommes nous-mêmes responsables (il s’agit d’individus que l’on fait naître par la reproduction forcée, s’il faut encore le rappeler) sont totalement vaines. On le voit, la population « d’animaux de compagnie » ne cesse d’augmenter, de même que celle qui se retrouve dans les refuges.

Le problème se trouve une fois de plus dans le fait même d’avoir besoin de posséder un « animal de compagnie ». Il y a sans doute là de la psychologie qui entre en jeu : la mignonnerie, le pelage que l’on peut caresser, la vision de « l’animal de compagnie » comme une sorte d’enfant éternel, la valorisation sociale, voilà peut-être une partie de ce qui explique l’ampleur du désastre. La rudesse du monde dans lequel on vit, la misère affective, la frustration, etc. se trouvent être moins douloureux à supporter lorsqu’on a l’apaisement, en rentrant chez soi le soir, de retrouver cet enfant éternel, cet animal-peluche. Mais comme la peluche, l’animal-peluche est un leurre. A la différence de la peluche cependant, il est un leurre dévastateur, tant sur le plan du spécisme que sur celui des désastres écologiques. Et pourtant, on continue de voir régulièrement ces campagnes dégueulasses de la SPA visant à encourager l’adoption, et ce sans jamais remettre en cause la domestication. Il ne s’agit évidemment pas de dire qu’il ne faut surtout pas adopter. Il s’agit de prendre conscience du problème que représente la domestication, même quand elle se pare des meilleures intentions. Car ces intentions ne peuvent en dernière instance qu’être mauvaises. Aucun animal non-humain ne devrait être dépendant de l’être humain, et quant à ces mesures (stérilisation et euthanasie) visant à réguler une population que l’on encourage par ailleurs [11], elles sont de toute façon autoritaires, appliquées à des êtres dont on a décidé à l’avance qu’ils étaient notre propriété. Et finalement, lorsque la libération animale s’accoquine à l’adoption, ne devrait-on pas y voir un problème ? Quitter une cage rouillée pour une cage dorée, est-ce là la dignité qu’on veut leur rendre ?

UN NON-PROGRAMME

Nous ne voulons pas que l’État se « veganise », nous souhaitons sa destruction. Aucun texte de loi ne pourra mettre fin au spécisme et à l’anthropocentrisme, de la même manière qu’aucun texte de loi n’a jamais permis d’en finir avec le violences sexuelles. De plus, comment une organisation de pouvoir (l’État) pourrait elle détruire le pouvoir et la domination ? Les lobbyistes et les politiciens qui vivent directement de l’exploitation des animaux n’accepteront jamais de mettre fin à leur gagne-pain. Comme nous l’avons vu plus haut, quand l’État légifère en faveur du « bien-être animal », il crée finalement plus de contrôle et de répression.

Nous ne voulons pas que le monde marchand se « veganise », nous souhaitons sa destruction. Pour les antispécistes et les vegans alter-capitalistes, il est nécessaire de tendre vers une économie respectueuse des animaux non-humains. Repas vegans dans les restaurants, hôtels vegans, produits cosmétiques « cruelty-free » aux prix exorbitants, etc. : les capitalistes ont de nombreuses opportunités pour assurer la pérennité de l’Économie en la « veganisant ». Certaines associations antispécistes vont jusqu’à vendre des pulls et des livres de recettes au nom de la « Cause animale ». D’autres souhaitent la reconversion professionnelle des agriculteurs dans des secteurs qui ne nécessitent pas l’exploitation des animaux non-humains, mais elles ne remettent pas en cause leurs fondements marchands et étatiques. En somme, reconvertir c’est reproduire encore et encore cette société marchande et la rendre désirable.

Nous ne voulons pas « veganiser » le « monde sauvage », nous voulons nous en rapprocher. Sous couvert de « conséquentialisme », des militants « anti-prédation» prennent la position du « penseur du meurtre des prédateurs ». En effet, un des co-fondateur des Cahiers Antispécistes, écrivait :
« En nous abstenant de tuer un lion, nous tuons de nombreuses gazelles. D’un point de vue conséquentialiste, il semblerait préférable de tuer un lion plutôt que de tuer (indirectement) tous ces autres animaux ; et préférable de le faire immédiatement, plutôt que de compter sur des solutions impliquant un long délai »
« Selon cette « éthique » il serait préférable de tuer des animaux non-humains chassant pour se nourrir. Contre la Nature, cet Homo Antispéciste s’érige en quasi divinité pour s’arroger le droit de mort qui n’est pas sans rappeler des positionnements humanistes. S’ils ne souhaitent pas la mort des prédateurs, d’autres militants « anti-prédation » se prononcent en faveur d’ « alternatives » dégueulasses, telles que les modifications génétiques rendant les prédateurs herbivores ou encore la stérilisation forcée. Mais accepteraient-ils d’appliquer sur eux-mêmes ou sur « leurs proches »  ce qu’ils préconisent ? N’est-il pas spéciste de traiter différemment les animaux en fonction de leur « appartenance à une espèce » ?

Ces gestionnaires du monde sauvage projettent leur conception du monde à l’ensemble du vivant, qui au-delà des conséquences écologiques, n’est que la manifestation de leur anthropocentrisme. Selon nous, les personnes qui fondent exclusivement leur antispécisme sur la notion de sentience font fausse route. En effet, un tel positionnement amène inéluctablement à voir la souffrance présente aussi chez les animaux sauvages et donc à chercher à la réduire. Or l’être humain n’est en très grande partie pas à l’origine de cette souffrance, ce qui rend ici l’idée d’« anti-prédation » à la fois absurde et dangereuse. De notre point de vue, la base d’un positionnement antispéciste est l’exploitation qui découle de la domestication et de la privation de liberté des individus.

Ce n’est pas une nouveauté : l’antispécisme, comme un grand nombre d’autres domaines de lutte, n’est pas exempt de réflexions, de personnes, et d’actes fondamentalement réformistes et visant à un renforcement autoritaire (demande de plus de justice, demande de lois pour « limiter les abus », etc.). Par contre, l’antispécisme, sans doute plus que bon nombre d’autres domaines de lutte, est une porte ouverte aux personnes et idées réactionnaires. Et c’est sans doute au sein des organisations que ces idées peuvent le plus facilement s’infiltrer. Car il « faut » être consensuel, et que généralement une organisation ne va pas s’occuper d’autre chose que d’antispécisme. On pourra rétorquer que le mouvement antispéciste se doit d’être uni, « pour les animaux », que la division mène à l’échec, etc. Nous n’avons pas besoin d’être amenés à l’échec, puisque nous y sommes déjà. La question est donc, si tant est que cela soit dans le domaine du possible, comment souhaite-t-on se tirer de cette situation d’échec ? En acceptant des visions du monde qui ne nous conviennent pas, juste pour rester unis ? Les anarchistes, et plus généralement les personnes qui refusent l’autorité, ont toujours souffert de ce genre de stratégies. Dans le même esprit, nous refusons que les perspectives de lutte contre l’exploitation des animaux non-humains écrasent celles contre l’exploitation des animaux humains. C’est pourquoi nous ne voulons pas de la trajectoire légaliste prise par la majorité des organisations antispécistes ; souhaiter de nouvelles lois, c’est souhaiter plus de contrôle, c’est souhaiter en dernière instance renforcer la mainmise de l’État sur nos vies. C’est pourquoi nous ne voulons pas non plus du monde marchand alternatif vegan qui continue d’exploiter des animaux humains, et qui encore une fois finit par renforcer le monde marchand dans sa globalité en le rendant plus légitime, en le vernissant d’éthique (le problème du vernis, c’est que ça finit bien souvent par s’écailler).

Pour conclure, il serait bon aussi de poser la question de l’antispécisme dans l’autre sens. Car si l’antispécisme ne peut se passer d’une critique conséquente de l’autorité sous toutes ses formes, la réflexion et les pratiques anarchistes peuvent-elles se dispenser d’intégrer l’antispécisme ? L’être humain étant lui aussi un animal, qu’est-ce qui justifierait que nous souhaitions détruire l’autorité pour nous tout en acceptant de l’exercer sur d’autres individus ? Lorsque l’on accepte d’être du côté des « libres » tout en ayant des individus humains sous notre joug, nous sommes de fait des tyrans. En quoi cela serait-il différent lorsque les individus sous notre joug ne sont pas humains ?

Évidemment la critique antispéciste est répandue dans les milieux anti-autoritaires, et c’est tant mieux. Mais elle doit encore s’étendre, et l’on ne devrait pas trouver normal, par exemple, que de la nourriture issue de l’exploitation animale soit servie lors d’événements centrés autour de l’anti-autoritarisme, de la même manière que lorsque de tels événements sont empreints d’autres types d’oppression, nous nous devons de réagir.

Lorsque c’est le monde dans lequel on vit qui nous débecte, et que l’on n’aspire qu’à sa destruction, la séparation et le cloisonnement des domaines de lutte sont une plaie.

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Notes :
1. https://www.peta.org/about-peta/faq/whats-petas-position-on-the-animal-liberation-front-alf/

2. https://sansattendre.noblogs.org/post/2018/06/27/lille-france-l214-vole-au-secours-des-bouchers/

3. Sans vouloir verser dans le légalisme, l’utilisation de la vidéosurveillance est actuellement soumise à la condition que les postes de travail ne soient pas filmés. (https://www.cnil.fr/fr/la-videosurveillance-videoprotection-au-travail)

4. Cette expression en elle-même résume plutôt bien le rapport problématique que l’on a avec les animaux non-humains.

5. Cette affection peut conduire à favoriser des relations non consenties – allant dans les cas extrêmes jusqu’à la zoophilie (sujet peu ou pas du tout évoqué par les antispécistes) – empêchant ainsi tout propos critique sur cet attachement imposé.

6. Et d’ailleurs, « surpopulation » pour qui, dans un monde où l’être humain atteint les 7.6 milliards d’individus ?

7. https://www.lanouvellerepublique.fr/actu/euthanasies-a-la-spa-comment-faire-autrement

8. https://www.refugeanimalierdebrax47.com/2014/03/12/chenil-fourri%C3%A8re-de-caubeyre-529-euthanasies/

9. https://www.lemonde.fr/biodiversite/article/2017/05/10/la-spa-de-pau-suspectee-d-euthanasies-massives-d-animaux_5125588_1652692.html

10. Il s’agit ici d’un raisonnement par l’absurde. Nous ne sommes bien évidemment pas pour la peine de mort.

11. Si l’idée était de s’attaquer aux racines des problèmes, ici il serait plus pertinent de s’attaquer directement aux élevages.

12. https://www.cahiers-antispecistes.org/sur-le-droit-a-la-vie-des-predateurs/

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