Archives mensuelles : novembre 2015

Dix coups de poignard à la politique

La politique est l’art de la séparation. Là où la vie a perdu sa plénitude, où la pensée et l’action des individus ont été sectionnés, catalogués et enfermés dans des sphères séparées, là commence la politique. Ayant éloigné certaines activités des individus (la discussion, le conflit, la décision en commun, l’accord) en une zone en soi qu’elle prétend gouverner, forte de son indépendance, la politique est en même temps séparation parmi les séparations et gestion hiérarchique du cloisonnement. Elle se révèle ainsi comme une spécialisation, contrainte à transformer le problème en suspens de sa propre fonction en un présupposé nécessaire pour résoudre tous les problèmes. C’est justement pour cela que le rôle des professionnels de la politique est indiscutable – et la seule chose qu’on peut faire c’est les substituer, en changer de temps en temps. Chaque fois que les subversifs acceptent de séparer les différents moments de la vie et pour changer, en partant de cette séparation, les conditions données, ils deviennent les meilleurs alliés de l’ordre du monde. C’est justement parce qu’elle aspire à être une sorte de condition première de la vie même que la politique insuffle partout son haleine mortifière.


La politique est l’art de la représentation
. Pour gouverner les mutilations infligées à la vie, elle contraint les individus à la passivité, à la contemplation du spectacle mettant en scène sa propre impossibilité d’agir, la délégation irresponsable de ses propres décisions. Alors, tandis que l’abdication de la volonté de se déterminer soi-même transforme les individus en appendices de la machine étatique, la politique recompose en une fausse unité la totalité des fragments. Pouvoir et idéologie célèbrent ainsi leurs propres noces funestes. Si la représentation est ce qui enlève aux individus la capacité d’agir, leur fournissant en contrepartie l’illusion d’être des participants et pas des spectateurs, cette dimension du politique réapparaît toujours là où une quelconque organisation supplante les individus et un quelconque programme les maintient dans la passivité. Elle réapparaît toujours là où une idéologie unit ce qui est opposé dans la vie.

La politique est l’art de la médiation. Entre la totalité présumée et la singularité, et entre les individus. Tout comme la volonté divine a besoin de ses propres interprètes et représentants terrestres, la Collectivité a besoin de ses propres délégués. Tout comme il n’existe pas dans la religion de rapports entre les hommes mais seulement entre les croyants, ce ne sont pas les individus qui se rencontrent dans la politique, mais les citoyens. Les liens d’appartenance empêchent l’union, parce que ce n’est que dans la différence que disparaît la séparation. La politique nous rend égaux parce qu’il n’y a pas de diversité dans l’esclavage – égalité devant Dieu, égalité devant la loi. Au dialogue réel qui, lui, nie le pouvoir en niant la médiation, la politique substitue son idéologie. Le racisme est l’appartenance qui empêche les rapports directs entre les individus. Toute politique est une simulation participative. Toute politique est raciste. Ce n’est qu’en démolissant ses barrières dans la révolte qu’on peut rencontrer les autres dans leur et notre singularité. Je me révolte donc nous sommes. Mais si nous sommes, adieu révolte.

La politique est l’art de l’impersonnel. Toute action est unique et particulière. Toute occasion est comme l’instant d’une étincelle qui fuit l’ordre du vague. La politique est l’administration de cet ordre. « Quel sens veux-tu qu’aie une action face à la complexité du monde ? » C’est ainsi qu’argumentent les endormis par la double somnolence d’un Si qui n’est personne et d’un Plus tard qui n’est jamais. La bureaucratie, fidèle servante de la politique, est le rien administré afin que Personne ne puisse agir. Afin que d’aucun ne reconnaisse jamais sa propre responsabilité dans l’irresponsabilité généralisée. Le pouvoir ne dit plus que tout est sous contrôle, il dit au contraire : « Si même moi je ne réussis pas à trouver des remèdes, imaginez quelqu’un d’autre ». La politique démocratique se base désormais sur l’idéologie catastrophiste de l’urgence (« C’est nous ou le fascisme, c’est nous ou le terrorisme, c’est nous ou l’inconnu »). Le vague, même celui qui est antagoniste, est toujours un événement abstrait, un événement qui n’arrive jamais et qui efface tout ce qui advient. La politique invite chacun à participer au spectacle de ces mouvements en arrêt.

La politique est l’art de l’ajournement. Son temps est le futur, c’est pour cela qu’elle nous emprisonne tous dans un misérable présent. Tous ensemble, mais demain. Quiconque dit « Moi et maintenant » ruine, avec cette impatience qui est l’exubérance du désir, l’ordre de l’attente. Attente d’un objectif qui sorte de la malédiction du particulier. Attente d’un groupe dans lequel ne pas mettre en péril ses propres décisions et cacher ses propres responsabilités. Attente d’une croissance quantitative adéquate. Attente de résultats mesurables. Attente de la mort. La politique est la tentative permanente de transformer l’aventure en avenir. Mais c’est uniquement si « moi et maintenant » le décide qu’il peut exister un nous qui ne soit pas l’espace d’un renoncement réciproque, le mensonge qui fait de l’un le contrôleur de l’autre. Celui qui veut agir tout de suite est toujours vu comme suspect. Si ce n’est pas un provocateur, dit-on, il en a certainement l’apparence. Mais c’est l’instant d’une action et d’une joie sans lendemain qui nous porte au matin suivant. Sans le regard fixé aux aiguilles de la montre.

La politique est l’art de l’accommodement. Attendant toujours que les conditions soient mûres, on finit un jour ou l’autre par s’allier au patron dans l’attente. Au fond la raison, qui est l’organe de l’échelonnement et de l’ajournement, offre toujours une bonne justification pour se mettre d’accord, pour limiter les dégâts, pour sauver quelques détails d’un tout que l’on méprise. La raison politique a des yeux perçants pour dénicher des alliances. Tout n’est pas égal nous dit-on. Rifondazione comunista n’est certes pas comme cette droite rampante et dangereuse. (Aux élections on ne vote pas pour elle – nous sommes abstentionnistes, nous – mais les comités citoyens, les initiatives dans la rue, c’est autre chose). La santé publique sera toujours mieux que l’assistance privée. Un salaire minimum garanti sera toujours préférable au chômage. La politique est le monde du moins pire. Et en se résignant au moindre mal, on accepte pas à pas ce tout, à l’intérieur duquel ne nous sont concédées que des préférences. Celui qui en revanche ne veut rien savoir de ce moins pire est un aventuriste. Ou un aristocrate.

La politique est l’art du calcul. Afin que les alliances soient profitables il est nécessaire d’apprendre les secrets de ses alliés. Le calcul politique est le premier des secrets. Il faut savoir où on met les pieds. Il faut rédiger des listes détaillées des efforts et des résultats obtenus. Et à force de mesurer ce que l’on a, on finit par tout obtenir, excepté la volonté de le mettre en jeu et de le perdre. On est s’économise, attentif et prêt à présenter l’addition. L’œil fixé sur ce qui nous entoure, on ne s’oublie jamais soi-même. Vigilants comme les carabiniers.

Lorsque l’amour de soi déborde, il exige d’être propagé. Et cette surabondance de vie nous fait nous oublier, nous fait perdre le compte dans la tension de l’élan. Mais l’oubli de soi est le désir d’un monde où il vaille la peine de se perdre, d’un monde qui mérite notre oubli. C’est pour cela que le monde tel qu’il est, administré par des matons et des comptables, doit être détruit – pour qu’on puisse se dépenser sans compter. Là commence l’insurrection. Dépasser le calcul, mais non par défaut, comme le recommande cet humanitarisme qui pas après pas finit toujours par s’allier avec le bourreau, mais bien par excès. Là finit la politique.

La politique est l’art du contrôle. Afin que l’activité humaine ne se libère pas des entraves du devoir et du travail pour se révéler dans toute sa puissance. Afin que les ouvriers ne se rencontrent pas en tant qu’individus et n’arrêtent pas de se faire exploiter. Afin que les étudiants ne décident pas de détruire les écoles pour choisir comment, quand et quoi apprendre. Afin que les membres de la famille ne tombent pas amoureux les uns des autres et ne cessent d’être de petits serviteurs d’un petit Etat. Afin que les enfants ne soient rien d’autre que la copie imparfaite des adultes. Afin qu’on ne liquide pas la distinction entre les bons (anarchistes) et les mauvais (anarchistes). Afin que ce ne soient pas les individus qui aient des rapports, mais les marchandises. Afin qu’on ne désobéisse pas à l’autorité. Afin que si quelqu’un attaque les structures de l’Etat, on s’empresse de dire que « ce n’est pas l’œuvre de compagnons ». Afin que les banques, les tribunaux, les casernes ne sautent pas en l’air. En somme, que la vie ne se manifeste pas.


La politique est l’art de la récupération
. La manière la plus efficace pour décourager toute rébellion, tout désir de changement réel, est de présenter un homme d’Etat comme un subversif, ou bien – mieux encore – transformer un subversif en homme d’Etat. Tous les hommes d’Etat ne sont pas payés par le gouvernement. Ils existent des fonctionnaires qui ne siègent pas au Parlement et encore moins dans ses pièces adjacentes ; au contraire, ils fréquentent les centres sociaux et connaissent discrètement les principales thèses révolutionnaires. Ils dissertent sur les potentialités libératoires de la technologie, ils théorisent des sphères publiques non étatiques et le dépassement du sujet. La réalité – ils le savent bien – est toujours plus complexe que n’importe quelle action. Ainsi, s’ils conçoivent une théorie totale, c’est uniquement dans le but de pouvoir, dans la vie quotidienne, l’oublier totalement. Le pouvoir a besoin d’eux parce que – comme ils nous l’enseignent eux-mêmes – lorsque personne ne le critique, le pouvoir est critiqué en tant que tel.

La politique est l’art de la répression. De celui qui ne sépare pas les différents moments de sa vie et veut changer les conditions données à partir de la totalité de ses propres désirs. De celui qui veut brûler la passivité, la contemplation et la délégation. De celui qui ne se laisse supplanter par aucune organisation, ni immobiliser par aucun programme. De celui qui veut avoir des rapports directs entre individus et fait de la différence l’espace même de l’égalité. De celui qui n’a aucun nous sur lequel jurer. De celui qui perturbe l’ordre de l’attente parce qu’il veut s’insurger tout de suite, pas demain, ni après-demain. De celui qui se donne sans contrepartie et s’oublie par excès. De celui qui défend ses compagnons avec amour et détermination. De celui qui n’offre aux récupérateurs qu’une seule possibilité : celle de disparaître. De celui qui refuse de prendre place parmi la foule innombrable des fourbes et des endormis. De celui qui ne veut ni gouverner ni contrôler. De celui qui veut transformer l’avenir en une aventure fascinante.

source:Atabula rasa

Puy-Saint-Eusèbe (Hautes Alpes) : sabotages contre la THT & manif interdite à Gap

source:Brèves du Désordre:
Lignes à très haute tension : la manifestation des opposants à Gap interdite par le préfet

Lemedia05, nov 23 2015

Le préfet des Hautes-Alpes, Pierre Besnard, a signé un arrêté interdisant la manifestation des opposants au projet de lignes à haute et très haute tension, prévue ce mercredi 25 novembre à Gap.

Le collectif des Puys, le collectif No-THT et l’association Avenir Haute-Durance souhaitaient interpeller le préfet afin de lui demander la suspension des travaux en attendant l’issue des recours engagés devant le tribunal administratif de Marseille et le Conseil d’Etat. Lors d’une réunion sur l’état d’urgence, M. Besnard avait prévenu qu’il interdirait les manifestations des opposants au projet Haute-Durance à la suite de dégradations commises sur des engins de déboisement à Puy-Saint-Eusèbe.

Dans cet arrêté, qui a été rendu public par la préfecture ce lundi après-midi, le préfet revient sur les actions non autorisées des opposants organisées depuis un mois sur les chantiers de déboisement en particulier. Trois manifestations non déclarées ont été organisées, les travaux ont été perturbés à plusieurs reprises (véhicules en travers de l’accès au chantier, troncs d’arbres déposés sur une voie d’accès…) et des dégradations ont été commises par deux fois (sucre dans les réservoirs d’huile d’engins de déboisement, dégradations sur deux tracteurs THT sur lesquels ont par ailleurs été peintes les inscriptions « RTE dégage, THT collabo ».

En cas de maintien de la manifestation à Gap, les organisateurs s’exposent à une sanction pénale, et les participants à une contravention.

Projection du film : Ortiz , général sans dieu ni maître

Vendredi 27 novembre à 19h30.
Projection du film : Ortiz , général sans dieu ni maître

Projection du documentaire « Ortiz, Général sans dieu ni maître » (Ariel
Camacho, Phil Casoar et Laurent Guyot, 1996)

1ère partie, Nosotros, 54 minute
2ème partie, c’est toi le chef, 55 minutes
Tourné trois mois avant sa mort, enrichi de documents d’époque et d’images
d’archives, ce film permet à Ortiz de retracer son périple, lui qui fut
guérillero à Barcelone, membre de Los Solidarios puis de Nosotros, chef de
colonne en Aragon pendant la guerre civile, puis soldat engagé en Afrique
et en France pour poursuivre son combat contre le fascisme. Ortiz ne cache
rien des contradictions engendrées par l’expérience révolutionnaire. En
quelques mois, le vide de pouvoir politique a été rempli par les
staliniens, qui phagocytèrent l’élan révolutionnaire et l’achevèrent en
mai 1937. Ortiz au conseil d’Aragon, Garcia Oliver au ministère de la
Justice et Durruti en butte à la militarisation ne surent éviter cette
défaite. Autant Durruti devint un perdant héroïque, autant Ortiz eut à
subir une mauvaise réputation dans la postérité anarchiste.
Projection entrecoupée de discussions.
A Valence au  » local » / le laboratoire anarchiste- 8 place St jean

Face à la guerre et l’état de siège : rompons les rangs

source :Brèves du désordre

État de siège à Bruxelles. Des centaines de militaires postées dans la rue, des milliers de policiers sillonnent les rues de la capitale européenne. Écoles et universités sont fermées, le réseau des transports est quasiment paralysé. Les rues sont de plus en plus désertes, la peur hante les esprits. Les contrôles dans la rue se multiplient et se font avec la mitraillette sur la tempe. Si l’espace est saturé par les forces du pouvoir, les esprits le semblent également. Et c’est peut-être encore pire.

Les temps où les États européens pouvaient faire la guerre ailleurs dans le monde à coups de frappes, d’occupations, d’ouverture de nouvelles marchés, d’exploitation sauvage et de pillage des ressources tout en préservant ses territoires d’actes de guerre si peut-être pas exactement pareils, en tout cas suivant la même logique, semblent révolus. La guerre a frappé la capitale française en plein cœur, et elle ne disparaîtra pas furtivement. Et toute logique de guerre préconise de frapper dans le tas. Comme le font les États depuis leur existence, contre leurs propres sujets et contre les sujets d’autres États. Comme l’ont fait et le font tous ceux qui aspirent à conquérir le pouvoir, à imposer leur domination. Qu’elle soit islamique ou républicaine, démocratique ou dictatoriale. Car c’est en piétinant la liberté, la liberté de chaque individu, que s’installe la domination. Autorité et liberté s’excluent mutuellement.

A la guerre comme à la guerre donc. La saturation des esprits par le discours du pouvoir élimine les espaces de lutte pour l’émancipation humaine, ou les pousse en tout cas vers la marge, encore plus qu’ils l’étaient avant. La mobilisation se veut totale. Avec l’État ou avec eux – et ceux qui aspirent à toute autre chose, qui se battent contre l’oppression et l’exploitation, tous ces milliers et milliers de rebelles et de révolutionnaires qui ont été assassinés et massacrés par les États établis ou en construction, qui sont poursuivis aux quatre coins du monde, doivent se considérer désormais hors jeu. Sur l’autel du pouvoir déjà totalement trempé de sang, des milliers d’autres attendent leur tour d’être sacrifiés.

Qui est responsable ? Faut-il rappeler où ont été produits les bombes au phosphore qui ont brûlé Fallujah, qui a livré les technologies informatiques aux services secrets des régimes d’Assad, de Sisi, qui a entraîné les pilotes qui ont bombardé Gaza ? Faut-il rappeler comment sont extraits le cobalt et le silicium pour les choses technologiques des profondeurs de l’Afrique, de comment sont produits tous les produits de consommation qu’on trouve dans les rayons des supermarchés et des magasins ? Faut-il rappeler comment le capitalisme civilisé gère ses centaines de camps de travail, de Bangladesh jusqu’en Mexique ? D’où viennent les sinistres ombres des drones qui frappent partout dans le monde ? De comment et au nom de quoi sont noyés depuis des années des milliers de personnes dans la Méditerranée ? Alors, dites-le, qui est responsable ?

Mais si nos yeux de révoltés regardent à juste raison vers le haut pour trouver la réponse, il faudrait qu’ils regardent aussi à l’intérieur de nous-mêmes. Car dans les temps à venir, et déjà dans les temps qui sont et qui étaient, c’est par notre passivité que nous sommes rendus complices de notre propre oppression. Et cette passivité n’est pas seulement l’inaction des bras, c’est aussi le projet d’abrutissement programmé depuis des décennies par le pouvoir qui nous a privé des outils pour comprendre la réalité, pour comprendre notre rage. Qui nous a privé de toute sensibilité qui ne soit pas décrété en fonction des nécessités du moment, de toute capacité de rêver. C’est de là, de ce programme de réduction de l’homme, que sortent aujourd’hui ceux qui se décident à faire des carnages, à participer au jeu de pouvoir, à massacrer eux aussi. Il serait stupide d’avoir cru que leurs carnages allaient viser les puissants et leurs structures. La guerre moderne dans le monde hypertrophié de technologie et de massacres à distance ne permet plus de telles subtilités, si jamais de telles subtilités ont pu exister dans la tête des hommes en guerre.

Dans les quartiers de Bruxelles, aujourd’hui sous occupation militaire, il faut le dire, tout a été utilisé pour faire tampon à la révolte sociale, pour faire amortisseurs de la rage contre un monde affreux et cruel. Que ce soient les cours de citoyenneté et de promotion de la démocratie (tout en larguant des bombes), que ce soient les mécanismes de contrôle offerts par la religion, que ce soit le dopage massif par les choses technologiques : tout plutôt que la révolte. Et parfois ce jeu échappe aussi des mains du pouvoir, comme cela arrive aujourd’hui. Et là arrivent les frappes dans le tas. D’autant plus si apparaît la fiction d’une récompense céleste, qui a su tenir depuis des siècles et jusqu’à aujourd’hui, des millions d’esclaves en attente de la rédemption promise sous le joug. Quelque part, les décennies que l’État belge a utilisé l’islam pour calmer les esprits, pour garder le contrôle sur les communautés des exclus, pour gérer les contradictions sociales se retournent aujourd’hui contre lui. Mais peut-être encore plus contre la possibilité et la perspective de la révolte libératrice.

Face à la militarisation de l’espace et la militarisation des esprits, face à la guerre dans laquelle les États et les aspirants-puissants nous entraînent ; et en sachant qu’on sera de plus en plus poussé vers la marge, l’effort devrait se concentrer sur le refus absolu d’entrer dans le jeu. Et ce refus implique aussi le rejet des règles qu’ils sont en train d’imposer. Ne pas faire du bruit aujourd’hui. Rester chez vous et donc dans les rangs. Céder la place aux terroristes de la démocratie et aux terroristes du califat. Qu’il sera difficile de percer cette occupation et de briser les règles de ce jeu est hors de doute. Le choix du déserteur, de celui qui refuse de faire la guerre pour les puissants, l’a toujours exposé à mille et une répressions. Mais qui sait si à la marge, on trouvera d’autres rejetés, d’autres déserteurs, d’autres exclus, d’autres sacrifiés avec qui saboter la guerre en cours et lutter, à corps perdu, pour des idées réfractaires à tout pouvoir. Qui sait si dans cette marge, dans ce coin, la fière internationale, défiant toutes les autorités, renaîtra au milieu d’un monde déchiré par la guerre civile ?

Si la dernière chose à laquelle on renoncerait maintenant, c’est justement le désir de la liberté et le rêve capable d’aiguiser notre esprit, de faire palpiter notre cœur et d’armer nos mains, il faut en même temps faire l’effort de regarder la réalité en face. Les espaces se rétrécissent, le sang coulait déjà, coule aujourd’hui et coulera davantage, le combat pour la liberté et la révolution a sans doute des temps difficiles devant lui. Les conditions dans laquelle doit se développer la lutte révolutionnaire se détériorent et après le massacre des soulèvements populaires des dernières années dans nombreux pays, vient aussi pour nous qui se trouvent sur le continent européen le moment où chacun et chacune devra affronter une question possiblement terrible en conséquences, mais riche en défis : est-ce que malgré tout, nous sommes prêts à lutter pour la liberté ?

Des anarchistes
Bruxelles, 23 novembre 2015

Publié sur La Cavale, 23 novembre 2015

Contre la guerre, contre la paix : en feu les projets du pouvoir ! (août 2015)

source Brèves du désordre

Contre la guerre, contre la paix : en feu les projets du pouvoir !

Est-on en temps de paix ? Officiellement, oui. Mais cela fait longtemps que l’expression même de « déclarer la guerre » est devenue obsolète. Les guerres contemporaines ne sont plus « déclarées », elles font partie du quotidien de la gestion des États et des puissances. On les a alors dotées de nouveaux qualificatifs, les uns encore plus trompeurs que les autres. Opération humanitaire. Mission de paix. Opérations anti-piraterie. Frappes chirurgicales. Neutralisations ciblées. Protection des frontières. Lutte anti-terroriste. Il serait donc plus juste de parler aujourd’hui de « guerre permanente ».

Les missions militaires ne se comptent plus. A quelques exceptions près, ce ne sont plus des conflits entre Etats, mais bien des opérations dirigées contre des « rebelles », des « terroristes » ou des « criminels » qui pour une raison ou une autre, menacent l’économie capitaliste et les équilibres des pouvoirs en place. Il n’a pas fallu plus que quelques véritables soulèvements révolutionnaires aux portes de l’Europe (Tunisie, Égypte, Libye, Syrie) pour que la machine de guerre européenne passe à une vitesse supérieure. Et cela, pas seulement à « l’extérieur » des frontières. La militarisation concerne aussi « l’intérieur », c’est-à-dire, tout ce qui a trait à la répression et à la gestion des contradictions sociales (riches et pauvres, opprimés et oppresseurs, inclus et exclus). A coups de « menaces terroristes », le kaki est réapparu dans les rues. Les objets technologiques, avalés à tout va par la grande majorité de la société, ainsi que les dispositifs de sécurité, ont montré, même à ceux qui s’obstinent à ne pas vouloir le voir ni comprendre, leur vrai visage : des moyens de contrôle extrêmement étendus sur la population. La propagande médiatique contre les terroristes, les déviants, les clandestins, les criminels va bon train. Les boîtes de sécurité privée cartonnent, de plus en plus de fonctions de surveillance et de guerre sont d’ailleurs effectuées par des entreprises privées fournissant des mercenaires. Les laboratoires de recherche, le développement de nouvelles armes, les coordinations au niveau international pour faire face aux « menaces » ont le vent en poupe. Pour encore parler de paix, il faut vraiment être aussi aveugle qu’un journaliste.

La guerre n’est pas seulement une question de massacres et de tueries à des échelles industrielles. Elle induit aussi une « mobilisation permanente » de la population pour défendre les intérêts du pouvoir en place. Deux camps : soit vous êtes avec le pouvoir, soit avec les « terroristes ». Celui qui n’a pas de pouvoir à défendre ou à conquérir, qui refuse la terreur contre la population (que cette terreur vienne de l’État et du Capital sous forme de guerre, de pollution industrielle ou d’exploitation ou qu’elle vienne de ceux qui aspirent à ériger un nouveau pouvoir oppresseur, tels que les « jihadistes ») sans pour autant se laisser désarmés, se retrouvera vite le dos au mur. La guerre permanente transforme les gens en « hommes en guerres » avec des pensées aussi uniformes que leurs comportements, obéissant aveuglement aux chefs de service, insensibles et cruels.

« Si vous voulez la paix, préparez-vous à la guerre » disait-on dans la Rome antique. Et nous, les amants de la liberté, nous ne pouvons qu’être et contre la guerre et contre la paix. Aujourd’hui, la paix à laquelle les États aspirent – et cela n’a probablement jamais été différent – c’est la paix de l’exploitation capitaliste et de l’oppression sur l’écrasante majorité des gens sur cette planète. A cette fin, ils se préparent non seulement à noyer dans un bain de sang toute tentative d’insurrection libératrice contre leur ordre, mais opèrent en permanence selon la logique militaire, ici et ailleurs. Une belle illustration de ce qui est dit ici – que les sphères militaires, policières et civiles se fondent ensemble dans les doctrines de « sécurité » de ce monde hyper-technologisé et rendu entièrement serviable aux intérêts de pouvoir et du fric – c’est la continuité qu’on peut découvrir entre l’intensification récente des opérations militaires, la militarisation des sociétés européennes et le renforcement sensible de la répression. Si dans les eaux de la Méditerranée, la gestion de l’immigration relève désormais ouvertement d’opérations militaires, à Bruxelles, le pouvoir veut construire la plus grande prison de l’histoire belge. Bien évidemment, le pouvoir cherche à présenter ces deux exemples comme complètement séparés, car un plat dégueulasse divisé en petites portions s’avale plus facilement. Pourtant, dans la guerre que les États sont en train de mener, que le capitalisme mène, que tout pouvoir mène, il ne faut pas se laisser leurrer quant à leurs véritables cibles : les potentielles révoltes populaires et les aspirations à une révolution sociale qui se propose de balayer à jamais tout pouvoir. Et la maxi-prison à Bruxelles n’y fait pas exception : elle servira non seulement à enfermer toujours plus de gens que l’État estime nuisible pour ses intérêts et sa société, mais aussi à faire office de spectre contre tous ceux qui songeraient à se révolter contre l’État.

C’est pour cela que nous estimons qu’aujourd’hui, la lutte contre la construction de la maxi-prison est une lutte importante. Car si elle s’attaque à un exemple concret du renforcement de la répression étatique, elle livre aussi bataille à la raison d’État même. Rester spectateurs, subir la militarisation de la société, assister passivement (collaborant alors de fait à l’œuvre dévastatrice et meurtrière de l’État) à la transformation des villes en vastes camps de concentration à ciel ouvert, est triste comme les moutons qui se laissent mener à l’abattoir. Lutter pour que la maxi-prison parte en fumée avant qu’elle puisse enfermer une seule personne, n’est alors rien d’autre qu’un premier pas pour se réarmer face à l’État, en pensées, en sentiments. Et en actes.

[Extrait de Ricochets (Bruxelles), n°10, août 2015]

Paris : la manifestation a bien eu lieu malgré les orgas de gôche, malgré les gendarmes, et malgré l’interdiction liée à l’état d’urgence

source Brèves du désordre
[Pour rappel, cette manifestation du dimanche 22 novembre à 15h à Bastille était prévue depuis des semaines par les habituels racketteurs de gôôche, en solidarité avec les réfugiés (avec affiches, tracts, communiqués de presse, etc). Suite à l’interdiction (confirmée le 18 novembre par la préfecture) de toutes les manifs sur la voie publique en Ile-de-France because « état d’urgence », la plupart des crapules signataires ont annulé leur appel : LDH, Gisti, Mouvement Utopia, Solidaires, RESF, Front de Gauche, CGT, etc. Tant mieux. Elles se sont clairement rangées du côté kaki de l’Etat, comme leur rôle de médiateurs de la conflictualité l’exige. Ce n’est pas pour rien d’ailleurs qu’elles sont régulièrement attaquées et ciblées pour ce qu’elles sont : des récupérateurs et des pacificateurs, ce qu’elles ont démontré une fois de plus (aux aveugles volontaires) en rejoignant l’immonde Union nationale. D’autres orgas d’extrême-gauche, plus fourbes et hypocrites, avaient annoncé vouloir transformer la manif en « simple présence sur place », comme AL ou le NPA, soit en bref rassemblement sous-symbolique. Malgré eux, malgré le climat et malgré l’interdiction étatique moult fois répétée, plusieurs centaines de personnes sont venues et l’ont transformée en manif contre l’état d’urgence.]

Fil d’info continu de la manif :

16h20 : la manif se termine place de la République.
16h05 : la ligne policière dépassée, pas loin de 500 personnes s’est mis à courir vers la Place de la République au slogan « état d’urgence, état policier, vous ne nous empêcherez pas de manifester ! »
16h00 : la ligne des flics est débordée et forcée, le cortège avance
15h55 : ça gaze au poivre de cayenne, repli vers bastille
15h45 : Un mouvement de plusieurs centaines de personnes se lance vers le Bld Beaumarchais mais risque de se faire nasser par les flics. Pas mal de monde reste sur la place de la Bastille, la manifestation est divisée entre le cortège qui part en manifestation et celleux qui restent.
15h30 : « De l’air, de l’air, ouvrez les frontières ! », les slogans commencent à fuser * 15h15 : Le rassemblement devant les marches de la Bastille réunit déjà 500 à 1000 personnes. Peu de présence policière aux environs.

(source : paris-luttes)
_______________________________________________________________________________

A Paris, une manifestation pro-migrants se transforme en défilé anti-état d’urgence

Le Monde | 22.11.2015 à 19h43

Devant la Bastille, en fin de journée, dimanche 22 novembre, il ne restait que quelques traces de ce qui aurait dû être un rassemblement. Des autocollants aux couleurs du Nouveau Parti anticapitaliste, quelques-uns du syndicat SUD ou de l’association Droit au logement (DAL), jonchaient le sol. La foule de 500 personnes, bravant les interdits de l’état d’urgence, avait rejoint en cortège la place de la République, en dépit de l’interdiction des forces de l’ordre de quitter la colonne de Juillet.

Cette marche entre Bastille et la place de la République avait été décidée de longue date, comme l’aboutissement de la signature d’une lettre commune intitulée « Migrants bienvenus ». Quarante-six organisations, regroupant des syndicats, des associations et des partis politiques, devaient en être. Mais c’était avant les attentats du 13 novembre, et a fortiori, avant la mise en place de l’état d’urgence. Une fois que la préfecture a édicté son interdiction de « manifestations sur la voie publique » jusqu’au lundi 30 novembre à minuit, certaines organisations ont gardé leur signature au bas du texte, mais ont retiré leur appel à défiler ce dimanche. Leur liste exacte reste difficile à établir car de nombreux membres de ces organisations sont venus cet après-midi à titre personnel.

« On manifeste aujourd’hui et on manifestera le 12 décembre »

Dans un premier temps, quelques slogans pro-migrants ont retenti sur le parvis de l’Opéra Bastille. Une longue banderole demandant l’ouverture des frontières a été déployée. Quelques réfugiés, même, et quelques sans-papiers étaient là, heureux que leurs droits soient défendus haut et fort, sous le soleil automnal.

Une trentaine de gendarmes se sont postés, à distance, comme pour intimider les manifestants. Leur positionnement était d’autant plus étrange qu’ils se sont retrouvés non pas devant les manifestants qu’ils voulaient empêcher d’avancer, mais en queue de cortège.

D’emblée les forces de l’ordre ont donc eu un temps de retard sur des marcheurs bien décidés à rallier la place de la République. Elles semblaient pourtant sûres, quelques minutes avant que le cortège ne parte, que les manifestants se rallieraient à l’interdiction de la préfecture de police.

« Ils ont voulu discuter avec nous, essayer de nous convaincre. Franchement, c’est oublier notre détermination », s’amuse une militante Attac, à l’arrivée. « Vous croyez qu’on va se laisser intimider après trente ans de militantisme. On manifeste aujourd’hui et on manifestera le 12 décembre », observait de son côté Irène, membre de Coalition 21 Climat.

« C’est trop important qu’il y ait une mobilisation citoyenne et pas seulement des réunions officielles », ajoute-t-elle, satisfaite d’avoir gagné le premier round. Annie Pourre, militante du DAL, réclame, elle, avant le début de la marche « une manifestation pour le droit à manifester »…

« Etat d’urgence, état policier ! »

Si les premiers slogans scandés ont porté sur l’accueil des réfugiés, très vite, la confrontation avec la gendarmerie, et les vapeurs de gaz lacrymogène aidant, les mots d’ordre se sont durcis. La « solidarité avec les réfugiés » s’est métamorphosé en un « état d’urgence, état policier ! On ne nous enlèvera pas le droit de manifester ».

Les gendarmes auraient pourtant bien aimé leur ôter ce droit, mais ils n’ont jamais rattrapé leur retard initial face à des militants bien rodés. Les forces de l’ordre ont d’abord tenté en vain de les bloquer sur le parvis du boulevard Richard-Lenoir, mais le groupe leur a échappé. Comme sur une bonne partie du boulevard Beaumarchais.

Arrivés à hauteur du boulevard des Filles-du-Calvaire, les gendarmes ont alors renoncé, montant dans leurs camionnettes pour avoir au moins la consolation d’arriver à République avant le cortège.

Une grande cacophonie a régné sur tout le trajet où la circulation n’a été que tardivement arrêtée, et seulement dans le sens où circulait ce défilé. Une semaine après la mise en place de l’état d’urgence, la première manifestation interdite s’est invitée dans une capitale encore meurtrie par les événements.

Preuve que le sondage IFOP publié ce jour par Le Journal du Dimanche, qui montre un accord massif de la société française aux décisions de son gouvernement, ne signifie pas pour autant une totale unanimité. Place de la République, les manifestants étaient heureux d’avoir gagné la partie. Certains ont même suggéré, profitant de leur avantage, qu’ils rejoignent le lycée Jean-Quarré, ex-squat de migrants du 19e arrondissement évacué en octobre. C’est resté une blague.

Ricochets n° 12 – novembre 2015

Du dawa partout contre la maxi-prison !

A l’heure du début des travaux, l’Etat reste toujours bien décidé à réaliser son projet de maxi-prison. Il agite le spectre de la répression contre celles et ceux qui luttent. Il faut bien qu’il défende cet investissement gigantesque, faisant partie d’un plan plus grand encore d’une dizaine de nouvelles taules. Son objectif est clair : enfermer toujours plus de gens pour toujours plus longtemps.

Ces mesures ne sont pas réservées aux seuls prisonniers du dedans. Dehors aussi, le serrage de vis se généralise : des conditions de survie toujours plus dures, des milliers de gens virés du chômage, de nouveaux uniformes qui pullulent, des caméras de surveillance à chaque coin de rue… La maxi-prison n’est que la cerise sur le gâteau.

Alors, quoi ? Soit on se laisse enfermer dans nos vies de merde, soit on s’attaque par les moyens qu’on estime pertinents à tous ceux qui sont en train de nous forger un quotidien de caserne : des constructeurs, architectes, ingénieurs et prestataires de service de la maxi-prison, jusqu’aux décideurs politiques qui en sont à l’origine, en passant par tous ceux qui se font du fric sur le business de la sécurité et de l’enfermement.

Mais aussi en perturbant leur ordre, en ajoutant notre touche de bordel à cette ville qu’ils voudraient policée et sans autre vie que celle de la marchandise.

Ce n’est pas en monnayant notre lutte pour quelques aménagements de façade que nous leur mettrons des bâtons dans les roues. En revanche ce qu’ils ont à craindre, c’est un mouvement qui leur échappe complètement, où de petits groupes, sans parti politique ni chef, décident par eux-mêmes où et comment attaquer.

Nulle recette, mais un mélange qui a un potentiel explosif : un foisonnement diffus et incontrôlable qui, par l’auto-organisation et l’action directe, pourra venir à bout des murs qu’ils nous imposent.

Déchaînons-nous contre tous ceux qui mettent des barreaux à nos vies !

pour lire la suite
Cliquez sur le lien pour lire le journal en PDF.

Gênes (Italie) : sabotage solidaire d’une grue

 » Gênes (zone de Porto Antico) : une grue à chenille de l’entreprise Marini, leader du pillage de la Terre a été incendiée du côté de son terminal de commande. Solidarité avec tous les incarcérés inculpés pour la révolte du Premier Mai à Milan. Contre ceux qui se sont dissociés de cette manifestation en la considérant trop tapageuse et incontrôlée, et contre ceux qui, de Milan à Crémona, de Turin à Gênes, se sont dissociés des sabotages qui se sont produits « en Italie ». Malgré les événements de Paris et l’évidente intensification de la présence des flics en ville, j’ai agi et je continuerai d’agir avec la même tension, passion et peur qui me différencient des masses.

Un anarchiste »

[Traduit de l’italien de informa-azione, Mer, 18/11/2015 – 13:52]

source brèves du désordre

[Paris] Appel à une présence solidaire au procès de Lucile – 25 novembre 2015 à 13h au tribunal de Bobigny

source le chat noir émeutier
et autre source: c’est déjà tout de suite

Quelques mots sur un transfert entre la prison et le tribunal pour une demande de mise en liberté le 21 octobre dernier.

Parce que raconter les moyens utilisés par les flics et la justice pour asseoir l’enfermement, la mise au pas, le silence et la discipline des prisonniers, permet de rendre l’isolement face à ces larbins du pouvoir un peu plus friable ; de garder à l’esprit leur méthodes non pas pour se retrancher dans la peur mais pour pouvoir éventuellement y être mieux préparé.e et de réaffirmer notre haine de l’autorité puante et de ses représentants nauséabonds.

D’abord un contrôle d’identité dans la rue, à Bagnolet et ensuite une garde a vue de 48 heures pour outrage et rebellion. Puis une des personnes arrêtées est placée en préventive à la maison d’Arrêt des femmes de Fleury-Merogis et l’autre enchaine sur une nouvelle garde à vue pour “violence sur agent”.
Une garde à vue où les flics mêlent coups et humiliation comme il est de mise dans les comicos, comme il est de mise dans la société pour faire taire les refus et la révolte face à ce monde qui nous assène coups et humiliation quotidiennement, dans la rue, aux frontières, partout où on devrait mendier pour se soustraire au travail ou s’y soumettre. Bref…

21 octobre dernier, Lucile fait une demande de mise en liberté, l’audience est au tribunal de Bobigny. Nous sommes quelqu.es.unes a être présentes pour pouvoir la voir et lui montrer notre solidarité. L’ambiance est tendue, plein de flics dans le tribunal et dans la salle. La copine, d’abord parce qu’il n’y aurait plus de cellule puis selon les flics sur « ordre de la magistrate », se retrouve menottée à un banc de 9h à 19h.

Après l’audience, elle fait du boucan pour qu’ils lui enlèvent les menottes, renverse le banc, refuse de s’asseoir et de se laisser re-menotter, ne les laisse pas faire leur sale boulot tranquillement.
Coups, étranglements, casque de moto sur la tête, positions intenables, tentative d’administration médicamenteuse, les flics usent d’un large panel de techniques pour la mater, en vain.
De retour à la prison, les matonnes lui proposent de porter plainte, rapport de coups et blessures à l’appui, ce qu’elle refuse. Au delà de l’incongruité de cette suggestion : d’utiliser ou se réapproprier la justice, celle-là même qui nous enferme, il n’y a pas de bonne Justice. Comme instrument du pouvoir, il n’est pas question de tenter de l’améliorer ou de s’en servir, mais de détruire ces rapports ou certains s’arrogent le Droit de décider de la vie d’autres.

Quels que soient leurs rôles, matons, flics, magistrats ou médecins, et leur approche, des bons conseils aux coups, comme tous ceux qui participent et collaborent à l’enfermement, ils sont pris pour cible à chaque rébellion.

Pour Lucile la lutte n’est pas finie, et les matons après plusieurs semaines à la réveiller toutes les heures, continuent de la harceler aujourd’hui toutes les deux heures.

Le 25 novembre à 13h Lucile passera en procès au tribunal de Bobigny, soyons nombreux-ses pour montrer notre solidarité! Qu’il s’agisse d’un refus de contrôle, d’un vol dans un supermarché, d’une mutinerie,…se montrer solidaire, c’est tenter de casser ce face à face avec l’Etat qui nous réprime.

Un jour de taule est toujours un jour de trop. Rien n’arrêtera nos révoltes ni notre solidarité, cette situation attise notre haine des flics, matons, juges et du monde qui en a besoin.

[Publié sur inymedia nantes, 20 novembre 2015]

Pour lui écrire :

CHAPUIS Lucile
n° d’écrou : 423606S
cellule D4E6 /Maison d’arrêt des Femmes de Fleury-Mérogis
7, avenue des peupliers
91705 – Sainte Genieviève des Bois CEDEX