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Les bandits rouges (G. Gavilli et E. Malatesta)

Du 14 décembre 1911 (vol de la voiture utilisée la semaine suivante pour leur braquage) au 15 mai 1912 (mort d’Octave Garnier et de René Valet dans l’assaut de la police à leur abri)… L’aventure d’une poignée d’anarchistes illégalistes français n’aura duré que cinq mois, jalonnée de braquages, de fusillades, de meurtres, de fuites et d’arrestations. Cinq mois, c’est tout. Mais cela a suffi pour qu’ils entrent dans l’histoire, grâce à l’appellation que leur a donnée un journaliste : « la Bande à Bonnot ».

À l’époque, le parti de l’ordre est bouleversé par les premiers braqueurs utilisant une voiture pour accomplir leurs coups, et les considère tout de suite comme des criminels féroces qu’il faut exterminer. Rien de moins. Et les amoureux du désordre ? Les anarchistes… Qu’ont-ils dit sur ces compagnons sauvages ? Inutile de cacher que la majorité d’entre eux est restée ahurie, et les considéra comme des provocateurs à blâmer. Rien de moins.

Si leurs actions embarrassèrent même certains individualistes, ils provoquèrent encore plus d’indignation chez les anarchistes les plus calmes et les plus raisonnables. En France, le journal porte-parole du mouvement anarchiste le plus réactionnaire, Les Temps nouveaux, écrivit à propos des illégalistes : « Depuis des années, sous le couvert de la plus surprenante impunité, les chefs, les pontifes et les orateurs du “milieu” excitent à la haine du travail, au dédain de l’amour, au mépris de l’amitié, à la ruse, au sarcasme. Ils célèbrent les beautés et les joies de la monnaie fausse, du vol sournois, du cambriolage nocturne. […] Ils ne sont plus des anarchistes. Hélas ! Ils ne l’ont jamais été ! […] Leur vie, remplie d’erreurs, de faux pas, de gestes sauvages, puis de hantises, d’indignités, de fuites éperdues, de mensonges balbutiés, de supplices moraux et de gênes physiques, je la plaignais, après l’avoir détestée.1 »

Dans le journal géré par Jean Grave, André Girard corrigea le tir en affirmant qu’« au moment où ils ont commis cet acte [le braquage], ils ont cessé d’être anarchistes. De tels actes n’ont rien d’anarchiste, ce sont des actes purement et simplement bourgeois2. » Selon un autre collaborateur du même journal, ils représentaient « l’idéal des dignes fils de cette bourgeoisie, pour qui le plaisir et l’idéal de la luxure ont été formulés par Guizot : s’enrichir ! » La même ligne a été suivie par les syndicalistes comme Alfred Rosmer (La Vie ouvrière) ou par Gustave Hervé (La Guerre sociale), selon lesquels « leurs actions résultent de la mentalité capitaliste, qui a comme but l’accumulation d’argent et la poursuite d’une vie parasitaire ». Les illégalistes étaient des « pseudo-anarchistes, qui déshonorent le noble idéal anarchiste », et en tant qu’assassins de ces « pauvres types travaillant pour cent cinquante francs par mois […] Ils me dégoûtent. Franchement, je préfère Jouin3 » écrivait Hervé

.Et en Italie ? Qu’ont-ils dit à l’époque, les anarchistes, à propos de ce qui se passait de l’autre côté des Alpes ? Seuls les mots de condamnation d’Errico Malatesta, formulés dans son article « Les bandits rouges », paru dans Volontà en 1913, sont de temps en temps exhumés. Et cela doit suffire. Ce qui n’a jamais été exhumé, c’est le débat intégral dans lequel son texte était inséré. Oui, car les gardiens de l’historiographie anarchiste se gardent bien de rappeler que cet article ne fut nullement casuel. Ce n’était que la première intervention de Malatesta, inaugurant une discussion dans laquelle il s’opposa à Giovanni Gavilli, l’anarchiste florentin, à l’époque rédacteur du journal individualiste Gli Scamiciati.

Si la curiosité est un vilain défaut, elle aide parfois à écarter certains lieux communs. La nôtre nous a amenés à aller à la recherche de tous les articles de cette polémique désormais séculaire, et leur lecture nous a laissés pantois. Nous avons découvert que ce qui motiva Malatesta, ce ne fut absolument pas une apologie désintéressée des illégalistes français (qui à l’époque n’étaient pas encore appelés « bande à Bonnot », mais juste « bandits rouges »), mais bien plus une défense aux yeux de la bourgeoisie ! Car, d’un autre côté, Gavilli ne cache pas son désaccord avec un choix, à son avis légitime, digne, mais suicidaire. La deuxième intervention de Malatesta est tout simplement embarrassante. Ici, la logique, le bon goût et malheureusement aussi l’éthique du plus célèbre anarchiste italien s’envolent. Face aux insinuations calomniatrices de Malatesta contre Bonnot, Garnier et les autres compagnons français, le passionné Gavilli ne pouvait que s’énerver et réagir sur le même ton.

Nous avons ici reproduit le débat intégral qui opposa le célèbre rédacteur de Volontà au rédacteur oublié de Gli Scamiciati. Après avoir esquissé ce qu’il a défini comme « politique du suicide », dans un texte où il ne mentionne pas les illégalistes français, Gavilli revient encore sur le sujet avec « Cui gladia ferit, gladia perit ». Il s’agit d’un long article qui s’inspire de certains faits divers, comme on peut le comprendre par l’intitulé, et qui ne concernait pas exclusivement la « bande tragique ». Faute de place, nous proposons uniquement la partie qui leur est explicitement dédiée. C’est cet article qui a poussé Malatesta à réagir et à déclencher en premier la discussion, avec la publication dans Volontà de « bandits rouges », où il ne fait pourtant pas référence au journal individualiste de Novi Ligure. Prudence inutile, car ce sera Gavilli lui-même qui abordera la question et rentrera dans le vif du sujet, provoquant ce que, dans son article final (coupé lui aussi, car dans une deuxième partie il parle de tout autre chose), il nommera « La fuite d’Errico Malatesta ».

Contre l’amputation intéressée de l’histoire du mouvement anarchiste, contre la pensée unique ou l’absence de pensée de ceux qui ne veulent pas entendre de discussions… Bonne lecture.

Les Temps nouveaux, no 52, 18e année, 26 avril 1913.

Les Temps nouveaux, no 36, 17e année, 6 janvier 1912.

L’inspecteur tombé sous le plomb de Bonnot.

Brochure, 12 x 17 cm, 44 pages

2 euros

Pour toute commande, écrire à lassoiffe@riseup.net

https://lassoiffe.noblogs.org

Encore une idée sordide d’Amazon : des sonnettes vidéo directement reliées à la police

 

Et si la caméra de votre porte d’entrée avertissait automatiquement la police lorsqu’elle reconnaît une personne « suspecte » ? Voilà l’idée derrière un des derniers brevets déposés par Amazon, le 29 novembre 2018.

Black Mirror, épisode 247 : Amazon a déposé un brevet pour une technologie de reconnaissance faciale liée à des caméras de sécurité pour les portes d’entrée. Le logiciel recouperait les images capturées avec une base de données — personnalisable par l’utilisateur —  de personnes « suspectes », et appellerait immédiatement la police. Sans qu’à aucun moment, il y ait une intervention humaine.

C’est une nouvelle fois l’association américaine des libertés civiles (ACLU) qui tire la sonnette d’alarme. Certes, il ne s’agit que d’un brevet, et donc cette technologie ne verra peut-être jamais le jour, mais rien que le dépôt expose la position d’Amazon sur la reconnaissance faciale.

Une caméra reliée à la banque de personnes « suspectes » de la police.

Le brevet porte sur un système intégré aux services de police. Il relie les visages des personnes qui marchent à proximité d’une caméra de surveillance placée sur une porte d’entrée, avec une base de données de personnes « suspectes  ». Si le visage reconnu correspond à un des profils de la banque de données, le système contacte immédiatement la police.

Repris de la presse

lu dans cracher dans la soupe

Une tenue jaune qui fait communauté ~ par “Temps critiques”

Le mouvement des Gilets jaunes semble confirmer une rupture du fil historique des luttes de classes. Elle avait déjà été amorcée mondialement par les printemps arabes, le mouvement «Occupy» et les mouvements des Places qui tous avaient placé en tête des mobilisations des revendications ou des demandes touchant les libertés, l’égalité, les conditions de vie en général; l’emploi plus que les conditions de travail. C’est aussi pour cela que ces mouvements s’adressaient bien plus à l’État qu’au patronat, dans la mesure où le processus de globalisation/totalisation du capital conduit les États à gérer la reproduction du rapport social au niveau territorial, mais en restant dépendant des exigences de la globalisation.

En France, la force de résilience du mouvement ouvrier traditionnel avait encore maintenu cette idée de lutte de la classe du travail contre le capital. Au printemps 2016, la lutte contre la réforme du droit du travail et des statuts poursuivait encore sur la voie «la classe ouvrière avant tout» sans obtenir de résultats tangibles. Quelques années auparavant, les regains de mobilisation engendrés par le mouvement des Places n’avaient pas permis un rebond effectif, car ce dernier avait vite privilégié le formalisme des assemblées au détriment des contenus de la lutte.

Une lutte qui semblait avoir trouvé un alliage plus prometteur au sein du mouvement espagnol, avec le débordement du mouvement des Places vers les solidarités de quartier en lien avec les problèmes de logement.

Dans toutes ces luttes, y compris dans le cas de la lutte contre la loi-travail, la question de la grève générale ou celle du blocage de la production à partir des usines n’a pas été posée, de même qu’elle n’est pas posée au sein du mouvement des Gilets jaunes. Dans ces conditions, conjuguer la poursuite des occupations de ronds-points avec des appels à la grève des salariés relève d’une fiction de «convergence des luttes» ou alors de l’idée dépassée que le blocage des flux de marchandises serait secondaire par rapport au blocage de la production des marchandises elles-mêmes.

Une communauté de lutte qui n’est plus la communauté du travail

Les révoltés des ronds-points sont certes pour beaucoup des salariés (ou assimilables à des salariés quand ils bénéficient d’emplois aidés ou d’aides au retour à l’emploi), mais il y a aussi bien d’autres occupants non salariés ou anciens salariés (notamment des auto-entrepreneurs pauvres et surtout des retraités qui sont loin de tous partir en avion low cost pour des destinations exotiques). Ce n’est pas à partir du rapport de travail qu’ils interviennent, mais à partir de leurs conditions de vie et de leur inexistence sociale. Une lutte, certes, mais une lutte sans classe plutôt qu’une lutte de classes. Il ne sert donc à rien d’y rechercher ce qui serait son aile prolétarienne pour lui donner une transcroissance qu’elle n’a manifestement pas l’intention de manifester.

D’ailleurs, si les Gilets jaunes sont méprisés par le pouvoir en place, ce n’est pas parce qu’ils sont des «prolétaires» au sens historique du terme (Macron ne méprise pas ouvertement les ouvriers professionnels élevés dans les règles de l’art de l’éducation syndicale et légaliste), mais plutôt parce qu’ils ne sont, pour lui, que des riens du tout («des gens qui ne sont rien» a-t-il dit), des sortes de sous-prolétaires modernes, des cas sociaux, des sauvages ayant oublié toutes les règles de civilité, des gens qui ne savent ni parler ni produire des responsables. Des «sans dents» comme disait Hollande. Un mépris lui-même méprisable tant il est chargé d’inhumanité; un mépris aveuglé puisqu’il jette sur le mouvement un jugement indifférencié alors même que nous qui nous mêlons à eux, nous savons qu’il y a des personnes très différentes au sein des collectifs de Gilets jaunes.

D’après les témoignages sur la vie collective des Gilets jaunes dans les «cabanes» qui ont fleuri sur les ronds-points on peut affirmer qu’il s’agit d’abord et surtout d’une communauté de lutte faite de partage sur les conditions difficiles de vie; d’union des énergies contre le pouvoir globaliste (Macron, les ministres, les élus, les corrompus, les maxi-fraudeurs du fisc, les confiscateurs de la parole du peuple, etc.); d’aspirations collectives afin que cesse la mauvaise vie; tout ceci avec des accents parfois utopiques comme le chante un Gilet jaune musicien amateur «Je ne veux pas vivre dans un monde où les colombes ne volent plus». Un lyrisme et des chants bien éloignés des sempiternels couplets politiques sur «l’émancipation» qui accompagnent les manifestations ouvrières ou gauchistes. C’est cette communauté de lutte qui fait que des personnes se relaient pour préparer de la nourriture sur place ou bien partager celle qui est apportée en soutien. La solidarité n’y est pas un vain mot.

Quid de l’organisation ?

Si nous sommes d’accord pour dire que les Gilets jaunes ont développé un mouvement autonome, nous n’irons pas jusqu’à dire qu’ils s’auto-organisent au sens idéologique de l’auto-organisation telle que peuvent la concevoir les conseillistes historiques ou des libertaires. Il s’agit d’une auto-organisation immédiate qui ne débouche sur rien d’autre que sa propre pratique tout aussi immédiate. Elle touche ses limites quand elle veut passer au stade d’une organisation véritable du mouve- ment, ne serait-ce que dans la prise de décision de refuser ou non les demandes d’autorisation officielle de manifestation ou d’accepter ou non des trajets préétablis, l’élection de porte-paroles ou de délégués. Il y a bien un refus de l’organisation et non auto-organisation et il correspond non seulement à la défiance vis-à-vis de toute organisation politique ou syndicale, mais aussi au fait que les conditions présentes ont épuisé toutes les formes historiques que l’on a pu connaître[2]. En effet, les Gilets jaunes ne peuvent faire des « conseils de ronds-points » comme il y a eu des conseils ouvriers ou des conseils de soldats. Mais cela ne veut pas dire qu’ils ne peuvent pas discuter ou agir à partir de ces ronds-points. Simplement, ce ne sont pas des lieux pouvant assurer la pérennité de formes politiques comme on a pu voir récemment avec leur démantèlement. Là encore le mouvement innove, car il est à la fois bloqueur et nomade. Les nœuds de blocage peuvent en effet être déplacés et renouvelés de la même façon que les lieux et les trajets de manifestation peuvent être redéfinis à tout moment.

Le risque est alors celui d’une répétition des actions précédentes. Or, cette répétition est déjà rendue précaire: 1) par le nombre décroissant de présents sur les points de mobilisation; 2) par l’intervention des gendarmes sur les ronds-points et surtout sur ces sortes de petites ZAD qui s’y étaient assez spontanément formées; 3) par les nouveaux dispositifs des forces de l’ordre au cours des manifestations du samedi qui tendent à transférer la violence réelle de la répression d’État qui lui aliène une grande partie de l’opinion publique sur une violence intrinsèque au mouvement du fait de son refus d’obtempérer aux appels gouvernementaux à cesser les manifestations. C’est le mouvement qui devient alors le fauteur de trouble et tous ceux qui y appellent sont ainsi coupables du délit d’intention, une forme de délit de plus en plus fabriquée au nom de l’urgence ou de l’exception (par exemple en ce qui concerne les entreprises terroristes), mais recyclable pour l’occasion[3].

De la négation à l’institutionnalisation ?

Est-ce que nous sommes passés à une seconde phase, plus affirmative, celle du RIC que la première qui était plus négative (Macron-démission, Nous ne lâcherons rien, etc.)? Ou alors le mouvement peut-il continuer en absorbant cette nouvelle proposition électoraliste qui semble pourtant une porte de sortie pour ceux qui, parmi les Gilets jaunes, ont pris acte que Macron ne démissionnera pas?

Si le RIC détruit la dynamique immédiate du mouvement, c’est parce que sa base actuelle, celle des ronds-points et des manifestations du samedi, ne porte pas de dynamique historique claire, d’autant que la pratique des assemblées comme l’idée de délégation trouvent peu d’écho ou alors créent des divisions au sein du mouvement. C’est parce qu’il est justement incapable de rendre historique sa dynamique sur une base assembléiste, qu’il peut se réfugier dans le RIC. Un référendum, pour certains un exemple de démocratie directe, mais pour nous le risque d’un début d’institutionnalisation du mouvement[4] ­– ou pire la naissance d’un mouvement type «Cinq étoiles» comme en Italie.

Notre critique du RIC ne peut donc s’inscrire essentiellement sur la base d’une erreur stratégique du mouvement qui se ferait «ricupérer[5]», comme le clame un tract paru sur le net. En effet, ce tract conserve le discours gauchiste traditionnel sur la «récupération», mais en campant finalement sur des positions «dégagistes» limitées à l’anti-macronisme. Il est tentant, pour certains, de se les approprier parce qu’elles peuvent paraître sans compromission et qu’elles ont exprimé l’unité du mouvement pendant les premières semaines, mais pour ceux qui, comme nous, pensons que le capital est un rapport social, on ne peut non plus s’en contenter. Bien sûr qu’il y a des raisons de faire valoir que l’adoption du RIC ne concernerait finalement que les «questions de société»; questions à la source de toutes les manipulations médiatiques ou populistes et qui ne portent pas sur les conditions matérielles et sociales qui sont à la source de la révolte.. D’ailleurs, comment un référendum pourrait-il imposer au patronat des augmentations de salaires et à des bailleurs de baisser les loyers?

Mais ce qui va nous être alors rétorqué, c’est «que proposez-vous?». C’est la même chose que ce qu’on nous disait en 68 et avec en plus même pas l’échappatoire, pour certains, de répondre en proposant les modèles exotiques (Cuba ou la Chine).

On ne peut pas négliger le fait que ce qui fait la force du mouvement est aussi ce qui fait sa faiblesse. Pour ne prendre qu’un exemple, le lien effectif entre Gilets jaunes et syndicalistes intervenant sur les ronds-points reste très formel dans la mesure où ces syndicalistes n’y interviennent qu’en tant qu’individus, comme nous d’ailleurs, mais sans qu’une médiation s’établisse qui rende possible et concrète le fait que de plus en plus de syndicalistes de base sont prêts à rentrer dans le mouve- ment, mais sur une autre base qui n’est pas la convergence des luttes (ça, c’est le point de vue de la CGT), mais avec le sentiment que c’est la même lutte et qu’en plus elle a pris des formes qui permettent de « gagner[6]».

C’est pourtant un sentiment partagé par de nombreux participants à la manifestation interprofessionnelle du 14 décembre qui ont aussi participé à une ou plusieurs manifestations des samedis avec les Gilets jaunes. D’ailleurs, de plus en plus de cégétistes, même si globalement ils sont très minoritaires, enfilent des gilets jaunes et gardent des sigles et autocollants CGT ou mieux se confectionnent des gilets rouges et jaunes. Mais les attentes subjectives sont limitées par des conditions objectives car le monde syndical est de plus en plus coupé de ce que l’on ne peut même plus appeler le monde du travail tellement les situations se sont particularisées. Un ensemble composite qui, d’un côté comprend que le «travailler plus pour gagner plus» est une illusion, mais de l’autre ne semble pas s’opposer à la défiscalisation des heures supplémentaires que lui propose le gouvernement. Elle a pourtant des effets négatifs reconnus sur le niveau d’emploi, lequel constitue une préoccupation des Gilets jaunes. Cette contradiction explique peut-être le fait que le mouvement ne semble faire aucune référence à la notion de revenu garanti, alors pourtant qu’il a la conscience et l’expérience que, bien souvent, travailler ne suffit plus pour vivre[7].

Le mouvement exprime, par sa diversité et son hétérogénéité, le caractère multidimensionnel des inégalités et un «ressenti» fort différent des inégalités statistiques prises une par une. Cet écart est aussi dû au fait que la France est plus performante dans la redistribution en amont de la formation des revenus (accessibilité à l’université, à la santé, salaire minimum, qualité de vie en général) qui semble un acquis «normal», qu’en aval où l’impôt direct progressif pèse peu, la CSG est pour tous comme la TVA et les taxes diverses qui pèsent particulièrement sur la propension à consommer des salariés les plus pauvres[8].

Vers une générale de tous les ronds-points ?

Une consommation que le mouvement bouleverse d’ailleurs en cette période de fête en bloquant l’approvisionnement des hypermarchés au niveau de la plateforme centrale comme celle d’Auchan près de Nîmes ou en bloquant directement l’entrée des supermarchés. Certains oiseaux de mauvais augure courant toujours au-devant de la victoire du capital, ont pu se gausser des Gilets jaunes qui croient faire du mal au capital en bloquant les hypermarchés alors que ça profiterait à Amazon et autres ventes en ligne. Or, cette affirmation est très discutable puisque les premiers chiffres laissent apparaître une baisse générale de la consommation dans les lieux traditionnels et une augmentation légère, mais normale, car anticipée sur la base d’une moyenne de progression, des ventes en ligne. Pourtant il n’est pas impensable d’envisager l’idée que «l’odeur du temps» (gazifiée) se révèle peu propice à la consommation et pas seulement parce qu’il serait plus difficile de s’approvisionner. Dans le même ordre d’idée, on a pu voir apparaître des «Débranche la télé et enfile ton gilet». Beaucoup de Gilets jaunes signalent qu’ils ne sortaient plus de chez eux en dehors de ce qui relevait de l’indispensable. Le manque de relations sociales est palpable et l’invisibilité dont il est question ici n’est pas celle de l’exclusion, mais celle d’une invisibilité sociale générale du fait de la nouvelle géopolitique de l’espace qui concerne aussi les habitants des banlieues[9]. Cette situation s’impose à un ensemble bien plus large que celui que recouvrait la lutte entre les deux grandes classes bourgeoise et ouvrière, et elle n’est pas non plus réductible à une opposition simpliste entre riches et pauvres qui s’en tiendrait à une définition quantitative/monétaire.

C’est la lutte sans classe d’une «multitude» comprise dans le sens où elle n’est pas celle des 99 % de gentils exploités contre les 1% de méchants exploiteurs et profiteurs, à l’heure où les hiérarchies de positions sociales ou au travail se sont à la fois démultipliées et affinées et sont produites et reproduites sans trop d’états d’âme par les individus, à chaque niveau qu’ils occupent. Une lutte sans classe au sens de l’absence d’un sujet historique.

Le mouvement des Gilets jaunes est souvent critiqué parce que, contrairement aux luttes ouvrières historiques il ne présenterait pas de projet d’émancipation. C’est un fait, mais nous avons déjà dit ailleurs pourquoi ces projets ont été portés, depuis 1788 et 1789 jusqu’aux années 1967-1978, par des sujets historiques justement (d’abord la classe bourgeoise puis le prolétariat). La défaite de ce dernier cycle révolutionnaire a ruiné tout projet d’émancipation, hors celui que réalisait lui-même le capital dans le cadre de l’achèvement du processus d’individualisation dans une société capitalisée. Mais dans les ronds-points et autres lieux d’expression du mouvement actuel sourd, quand même, une tension vers la communauté, non pas une tension abstraite vers la communauté humaine, mais une tension à la fois concrète (elle est dans l’affect) et générale parce que le mouvement embrasse et questionne l’ensemble des rapports sociaux. Ce n’est plus le «Tous ensemble» de 1995 contre un projet précis, mais une sorte d’indissociable mise à plat/mise en cause de la totalité capitaliste à partir de points de vue ou d’angles de tirs en soi partiels.

Cette partialité des attaques est pour le moment compensée par la totalité de «l’acte contre», celui qui se traduit dans le langage par le «Nous ne lâcherons rien» des Gilets jaunes qui répond au «vous n’êtes rien» du Pouvoir. Ce «Nous ne lâcherons rien» implique des actions collectives déterminées que la présence surdimensionnée et l’agressivité des forces de l’ordre peuvent rendre violentes. Une confrontation de forces que le pouvoir et les médias appellent des «débordements» avec toute l’orchestration intéressée qu’ils leur donnent.

Temps critiques, le 27 décembre 2018

Repris du site À contretemps.

 

 

[2] Sur ce point, cf. le blog de Temps critiques à propos des journées d’Eymoutiers.

[3] Après Julien Coupat, c’est maintenant une figure du mouvement des Gilets jaunes qui en fait les frais. On assiste ici à une criminalisation des mouvements sociaux avec la multiplication des interpellations, les gardes à vue préventives et les lourdes peines de prison ferme pour la moindre broutille. Autant de mesures anticonstitutionnelles du fait de leur disproportion flagrante avec les actes incriminés : ce qui démontre non pas la force de l’État, mais sa faiblesse. Une faiblesse rendue encore plus visible par le fait que, de l’autre côté de la barricade, les forces de l’ordre, en une demi-journée de grève, ont obtenu de 120 à 150 euros d’augmentation mensuelle.

[4] Dans le même temps, on s’aperçoit que, pour la première fois, des demandes officielles de trajets autorisés ont été déposées auprès de certaines préfectures, comme cela a été le cas le 22 décembre 2018; premier infléchissement notable du mouvement avec la mise en place concomitante de services d’ordre propres aux Gilets jaunes.

[5] Disponible ici.

[6] Alors que la CGT a signé avec six autres centrales syndicales la condamnation des méthodes de lutte des Gilets jaunes.

[7] Et paradoxalement, c’est Macron qui en fait resurgir le fantôme avec l’augmentation d’une prime d’activité qui perd de son caractère originel qui était de pousser au retour à l’emploi des personnes se contentant des minimas sociaux. Or là il s’agit de tout autre chose qui est la reconnaissance que le salaire ne rémunère plus «correctement» le travail et qu’il faut puiser dans l’argent public le complément. Le «travailler plus pour gagner plus» a épuisé ses effets, même si la défiscalisation des heures supplémentaires cherche à lui donner encore un souffle de vie… au détriment des chiffres du chômage !

[8] Cf. L’enquête de Th. Piketty et du Laboratoire sur les inégalités mondiales.

[9] En effet, si les « problèmes » des banlieues sont mis en exergue par sensationnalisme du côté des médias ou par intérêt politique par les partis, la vie courante de la majorité de ses habitants, toutes les actions associatives ou culturelles qui s’y déroulent sont invisibilisées.

 

Berlin, Allemagne : Sabotage incendiaire d’un profiteur des prisons en solidarité avec les inculpé.e.s de la Elbchaussee en procès à Hambourg (anti-G20)

Des colonnes de fumée s’échappant des toits du quartier riche de la Elbchaussee, des hélicoptères tournant dans le ciel. De loin, ça laissait deviner à quelques habitant-e-s matinaux que quelque chose était en train de se passer, peut-être au-delà des déclarations de la police anti-émeute et des services secrets. Une foule de personnes cagoulées poursuivait son objectif de faire connaître sa vision des choses, en détruisant à la fois de manières ciblée et aveugle une infime partie de ce monde de prospérité.

Un signe merveilleux. Une rue de voitures en flammes, des âmes complètement désemparées ne voulant absolument pas comprendre pourquoi elles venaient d’être à l’instant victime de cette violence inutile. Nous avons une grande marque de respect pour le risque que les personnes ont été prêtes à accepter.

Après tout, il semblait, avant le sommet, déjà apparaître sur les radars de tous les services de renseignement qu’on allait enfreindre la limite de la ville. Un moment d’offensive en manif, dont le caractère n’a été que rarement atteint dans ce pays.

Depuis le 18 décembre, cinq compagnon.e.s de Francfort, d’Offenbach et de France passent devant le tribunal régional supérieur de Hambourg. Ils et elles sont accusé.e.s d’avoir fait partie de cette balade. Les éléments à charge sont des films et du matériel vidéo que les flics ont minutieusement analysés.Ils prétendent pouvoir identifier des gens dans une cohorte d’individus cagoulés et tout de noir vêtus.

Par sa propagande depuis l’été 2016, la commission spéciale « Black Bloc » cherche à écrire un scénario, dans lequel il ne sera plus jamais possible, à aucun autonome, de pouvoir courir sans être démasqué en manif sauvage (comme celle de la Elbchaussee).

Cette commission spéciale a affirmé, en collaborant au-delà des frontières avec tous les porcs européens protégeant les États, d’anéantir la coopération des structures criminelles internationalistes.

Même si les procès et perquisitions des dix-huit derniers mois ont laissé des traces dans les structures anti-autoritaires, cette propagande reste inutile vis-à-vis de notre attitude haineuse face à l’État.

Nous avons pu prendre connaissance de l’atmosphère qui règne devant et dans la salle du tribunal et lors de la manif de la veille à Hambourg, et nous nous réjouissons de la solidarité et de l’attention portées aux personnes ciblées. Après tout, il y avait déjà trop d’accusé.e.s dont les procès n’ont quasiment pas retenu l’attention dans le soi-disant milieu et dont les jugements forceront donc certain.e.s d’entre eux/elles à ne pas s’y déplacer.

Nous continuerons à suivre le procès avec l’envie d’attaquer et souhaitons aux personnes accusées beaucoup de force et d’endurance, au tribunal et surtout pour la suite.

Comme acte de solidarité offensive avec les inculpé.e.s, deux véhicules de l’entreprise KONE ont brûlé le 27 novembre et le 20 décembre dans les quartiers de Lichtenberg et de Friedrichshain à Berlin. Les systèmes de verrouillage de portes de KONE dans les prisons berlinoises permettent notamment de priver les prisonnier.e.s de leur liberté.

Ni coupables ni innocents !

Défendons les émeutes de Hambourg !

AG¹ Elbchaussee

[Traduit de l’allemand d’indymedia Deutschland, 23.12.2018]

NdT:

¹Pour Aktiengesellschaft: ça se traduirait en français par « Société Anonnyme (SA) ».

publié le par Sans_Attendre demain

Bourg-de-Péage (Drôme) : Deux poubelles, un briquet et voilà, c’est fini le Big Mac

Dauphiné libéré   du 28/12

Panne de courant après deux feux de poubelles

Hier midi, les amateurs de fast-food de la célèbre enseigne ont trouvé porte close. Il faut dire que toute la matinée, le quartier du McDonald’s de Bourg-de-Péage n’était plus alimenté en électricité. Dans la nuit de mercredi à jeudi, à 1 h 20 du matin, deux feux de poubelles ont été simultanément déclarés, à l’espace Mossant. Des dégradations amenant à couper la conduite de gaz et provoquant ainsi une panne d’électricité dans le secteur. Ce même matin, un individu a été placé en garde à vue en lien avec ces faits.

par Attaque

Montluçon, France : Se défaire des chaînes du travail … et de la consommation en actes !

Dans la nuit du lundi 24 au mardi 25 décembre, l’agence Pôle emploi de Montluçon sud est partie en fumée. « Une partie du bardage extérieur a été endommagé sur quatre mètres de largeur au niveau du rez-de-chaussée et de l’étage, détaille Eric Schall, le directeur Pôle emploi Allier. Les vitres ont été détruites par la chaleur des flammes. Il y a une odeur assez forte de brûlé dans toute l’agence et trois bureaux, utilisés par des conseillers pour la réception des demandeurs d’emploi ont été détruits. » Sans l’appel d’un voisin vigilant aux alentours de 2h, les dégâts auraient sans doute été plus lourds.

L’incendie s’est déclaré à l’arrière du bâtiment vers 2 heures du matin, la police a ouvert une enquête mais la piste de l’incendie volontaire est privilégiée. L’agence Pôle Emploi reste fermée pour un moment.

Le 24 novembre dernier, alors que les « Gilets Jaunes » bloquaient l’accès dès potron-minet l’accès au centre commercial de la zone Saint-Jacques 2, une dizaine de commerçants  ont eu la mauvaise surprise en arrivant sur place, en découvrant les boîtes à clé des rideaux métalliques vandalisées : « Les boîtes à clé sont trafiquées avec de la colle et des morceaux de ferraille à l’intérieur, d’après un employé de la société de dépannage LD, qui est intervenu sur une dizaine de magasins. Sont entre autres concernés La Foir’Fouille, Maisons du Monde, La Halle aux Chaussures (qui a ouvert à 11 h 30, soit deux heures de retard), La Halle aux Vêtements (qui a démarré à midi), Darty, C&A. »

[Reformulé de la presse]

[hors.norme] G. Dufils : Appel à coup de main

Gabriel Dufils, éleveur dans l'Eure.Gabriel Dufils, éleveur dans l’Eure. © Radio France

[reçu par mail]

Bonjour,

Théoriquement la situation de Gabriel aurait dû revenir à la normal sur
décision de la préfecture de l’Eure. Mais c’est sans compter sur la
capacité de nuisance de la DDPP. L’administration aurait dû mandater un
vétérinaire sanitaire pour réaliser la prophylaxie de ses animaux. Mais
elle retarde indéfiniment cette simple formalité. En l’absence de
prophylaxie, Gabriel ne peut pas vendre ses animaux. Il en supporte
encore la charge jusqu’à nouvel ordre.

Fatigué physiquement et moralement, usé par huit années de harcèlement
et plusieurs semaines de confrontation tendues, il doit panser chaque
jour ses 17 animaux. Il charrie à la force des bras foin, paille et
fumier. Sa santé se dégrade, il a besoin d’aide en attendant le
déblocage de sa situation. Si vous avez un peu de temps à lui consacrer,
Gabriel cherche des bénévoles qui puissent se relayer pour l’aider dans
ses travaux sur la ferme. Il peut fournir le gîte et le couvert. Même si
ce ne sont que quelques jours, votre présence pourra le soulager un peu.

N’hésitez pas à le contacter directement pour organiser les coups de
main. Vous pouvez également faire suivre l’info dans vos réseaux. Merci.

Gabriel Dufils
Ferme de la Sentelle
27270 La Roussière

gabriel.dufils@wanadoo.fr
tel : 02 32 44 20 94

Valence , france:quatre gilets jaunes en procès ( suite)

De 3 à 12 mois de prison ferme pour quatre gilets jaunes

Seulement quelques gilets jaunes et quelques individus( refusant de se plier à l’injonction de ne pas perturber la sérénité de la place vitrifié) ,qui étaient venus  devant le tribunal  , tandis que le spectacle du comité de soutien de Stéphane se déroulait au champs de Mars.

Après l'audience, une cinquantaine de personnes se sont rassemblées devant le tribunal pour soutenir les condamnés.

Les condamnations sont arrivées vers 19h, alors que le procès a débuté à  14h. Celles ci ont été sans surprises dans cette ville caserne ( spahis), pénitentiaire( Spie Batignolles sponsorise avec d’autres les « féeries de Noël »*) .Les peines s’échelonnent de 18 mois de prison +6 mois de sursis;12 mois ferme +6 mois de sursis;10 mois ferme+6 de sursis;9 mois de prison+6 mois de sursis et une interdiction de manifester pendant trois ans.  et des thunes pour les policiers..

Repris de la presse  27/12/2018

  • Spie Batignolles constructeur du centre pénitentiaire (quartier Briffault)

 

 

Gênes (Italie) : Attaque contre l’Institut italien de technologie

Anarhija.info / lundi 24 décembre 2018

Aux premières heures du 24 décembre nous avons attaqué l’Institut italien de technologie Iit [ Istituto italiano di technologia], centre de recherche situé à Gênes – selon les média locaux, un local technique a été incendié; NdAtt.].
La surveillance 24 heures sur 24 à l’accueil et les vigiles en voiture n’ont pas été un bon moyen de dissuasion ; nous étions décidés à vous attaquer et nous l’avons fait !

L’Iit est le fleuron de l’État italien : c’est une fondation qui a pour but le développement technologique et les politiques nationales en faveur de la science et de la technologie. On y travaille à l’amélioration des marchés et des politiques de pillage et de dévastation qui sont mises en œuvre chaque jour par le capital et les gouvernements.
On y développe des études en neuroscience, « brain technologies » et des recherches génétiques pour la manipulation du vivant. Actif aussi dans le secteur des nanotechnologies, l’Iit mène des recherches sur les nanomatériaux et leur utilisation, ainsi que sur le développement de matériaux pour convertir et stocker l’énergie, dont l’actuel système de production a besoin dans des quantités énormes, pour maintenir la vitesse de la folle course en avant du progrès.

En plus des Icub [un robot humanoïde, construit justement à l’Iit ; NdAtt.], dans le secteur de la robotique et de l’intelligence artificielle, à l’Iit on perfectionne des robots pour la production industrielle.

Au service du capital et de l’État policier qui veille à sa protection, l’Iit est engagé dans la réalisation de systèmes de « computer vision » pour des systèmes utilisables dans l’identification et le contrôle social.

En lien avec cela, dans la recherche sur les sciences numériques, on y développe l’étude des « big data », avec des logiciels et des structures pour ces vastes collectes de données (vidéos, audios et images), nécessaires pour la société techno-industrielle. Ces algorithmes produisent la richesse des grands lobbys qui dominent le monde capitaliste, puisqu’ils sont appliqués à l’informatique, à l’intelligence artificielle, aux biotechnologies, à l’industrie de guerre et à la recherche militaire ; ils donnent des possibilités exponentiellement accrues à cet ordre mortifère de domination et d’exploitation, de pillage des territoires pour les ressources, payées avec le sang qui coule dans la Méditerranée et celui de tous les exploités.

Nous n’avons aucune fois dans la doctrine technoscientifique, au contraire, en mettant en lumière ses applications oppressives, nous avons décidé de l’attaquer. Le domaine technologique, toujours plus fluide et inséré dans la vie quotidienne et dans la vie sous toutes ses formes, avance constamment. Cela va des biens dont nous sommes dépendants à l’industrie civile, militaire et aérospatiale, du transhumanisme à l’intelligence artificielle, du développement des télécommunications aux maisons intelligentes, dans des villes intelligentes, aux guerres intelligentes et à une humanité toujours plus stupide. Les conséquences en sont dévastatrices, sur les territoires pillés et sur les vies de si nombreux exploités, dont l’existence garantit la richesse de si nombreux oppresseurs.

Cette société reçoit toutes les décisions d’en haut, ensuite c’est au tour de la gestion de l’opinion de masse de créer le consensus. Le consensus ne nous intéresse pas. Ce qui nous intéresse c’est combattre l’oppression. C’est la conscience que nous opposons à la science.

Beaucoup de mots ont été dits contre les technologies et les atrocités de la société techno-industrielle. En ce qui nous concerne, ceux qui la produisent, ceux qui la financent, ceux qui la développent, tous cela ne sont pas des sujet d’opinions, mais des objectifs à frapper.
Les opinions et le consensus sont les armes de la démocratie. Contre l’État, maître dans la gestion violente des nécessités du capital, la seule réponse possible est la démarche révolutionnaire.

L’extérieur de l’Iit.

La technologie n’est pas neutre. D’ailleurs, derrière les façades « vertes » et les propositions du marché écologique, qui arrive à récupérer aussi la dissidence, les gouvernements, de droite comme de gauche ouvrent les robinets des financements pour les laboratoires et les centres de recherche, maintenus par les ministères de l’économie et des finances et mis en réseau entre instituts privés et universités. Avec ses brevets et ses projets, la recherche est entrée depuis longtemps dans le secteur public de l’État et dans celui économique du capital. Présidents, ministres et savants bras dessus bras dessous dans les « programmes de développement » et dans les manœuvres financières.

La technologie est profit. Son niveau est un des pivots qui règlent les rapports globaux entre les États. Dans l’intérêt du pouvoir peu importe les antipathies supposées et les menaces réelles de guerre nucléaire. Les récentes « guerres commerciales » en sont une démonstration.

La critique de la technologie et ses prophètes passe par l’action qui la prend pour cible. Ce concept peut être élargi à toutes les situations de lutte où l’on veut réaliser de la conflictualité.
L’offensive contre l’État et le capital est dans l’action révolutionnaire qui essaye de les abattre.

Nous avons attaqué.
À ce geste nous joignons cette revendication, parce que nous ressentons la nécessité que nos mots trouvent des espaces pour ne pas être censurés, déviés, leur sens estropié, tout comme pour nos actes. Dans l’époque de la libre opinion de l’ignorance, la propagande anarchiste, que la démocratie réprime, censure, contrôle et frappe, doit s’exprimer aussi à travers l’action. L’attaque est une constante qui, si laissée de côté, revient à capituler, revient à s’enliser dans la seule analyse, dans la réflexion, dans la théorie. Sans l’action l’anarchisme perd de sa force.

Avec ces mots joints par les faits, nous lançons un appel à l’offensive.
Tant que nous ne renforcerons pas l’union indissoluble entre pensée et action nous ne saurons pas à quoi l’ont fait face.
Nous n’aurons pas la « meilleure possibilité de vie » tant qu’il n’y aura pas devant nous les ruines de ce monde d’oppresseurs.
Ceci est seulement un bon point de départ.

F.A.I./F.R.I
Groupe d’action immédiate

Valence, 26000 le 26/12 Procès des quatre inculpé-e-s du 8 décembre

voilà ce qu’annonce le daubé
dauphiné libéré   26/12/2018 à 06:05

Quatre Gilets jaunes seront jugés ce mercredi 26 décembre par le tribunal correctionnel de Valence. Ils sont poursuivis pour violences sur des policiers. Samedi 8 décembre, sur le plateau des Couleures à Valence, lors d’une nouvelle mobilisation des Gilets jaunes, ils auraient agressé et malmené le directeur départemental de la sécurité publique de la Drôme (au moins 8 jours d’ITT) ainsi que son chauffeur brigadier.

Pour les soutenir en marge du procès, un rassemblement est prévu ce mercredi midi sur la place du Champ-de-Mars. C’est même un rassemblement « festif, culinaire, familial, amical, de soutien avec fanfare, chorale, cantine » qui est annoncé.

et aussi: un comité de soutien d’une des inculpés

Cher.e Camarade,,

Je te rappelle que mercredi 26 à 14 h Maria passe en jugement au Tribunal
de Grande Instance de Valence. Un peu avant, un rassemblement est prévu
Champ de Mars vers 13H



Merci à toutes celles et ceux qui le pourront de venir soutenir Maria ce
mercredi, R d V : 13 h, Champs de Mars ou 13 h 45 devant le Palais de
Justice de Valence