A Marseille, Vigipirate c’est… la Légion étrangère en véhicules blindés !

repris de Brèves du désordre

Bouches-du-Rhône : La Légion étrangère en renfort

20Minutes, 12.01.2015 à 15:59

Après les attentats de Paris, la préfecture de police des Bouches-du-Rhône renforce le dispositif Vigipirate déjà en vigueur dans certains lieux publics. Les 60 militaires affectés à la surveillance de la gare Saint-Charles ou de l’aéroport de Marignane ont reçu ce matin le renfort de 30 soldats supplémentaires. D’ici demain, ils seront épaulés par 180 autres militaires. Au total, ce sont près de 270 soldats qui seront déployés dans l’ensemble du département.

Ces hommes viennent notamment du 4e régiment de chasseurs de Gap, du 2e régiment de génie du plateau d’Albion et du 1er régiment étranger de Carpiagne. C’est sans doute la première fois que la Légion étrangère est déployée dans les rues de Marseille. « C’est simplement une question de proximité, assure le lieutenant-colonel Denis Cochet, délégué militaire départemental. La présence de la Légion dans les rues n’est pas un signe particulier. »

« La vie continue »

Pour autant, ces soldats ne circuleront plus en Land Rover comme aujourd’hui mais en véhicules blindés légers – non armés. Ils seront équipés de gilets pare-balles et de fusils-mitrailleurs. Ils assureront la surveillance 24h sur 24 de 59 lieux de culte (52 à Marseille) et de 20 d’écoles israélites (19 à Marseille et une à Aix). « C’est donc une présence massive de militaire que nous mettons en place, a expliqué Jean-Paul Bonnetain, préfet de police des Bouches-du-Rhône. L’enjeu n’est pas de figer le pays mais de lui permettre de vivre. Il est important que la vie continue. »

Ce dispositif peut être amené à évoluer. En cas de nouvelle menace, des renforts supplémentaires pourraient être déployés sur Marseille. En cas de déplacement de la menace, ils pourraient être positionnés ailleurs, notamment aux abords des mosquées. Après les attentats, plusieurs lieux de cultes musulmans ont été la cible de dégradations et même de tirs. « Nous nous adapterons et nous protégerons tous autres lieux cultes », a réaffirmé Jean-Paul Bonnetain.


Militaires et blindés en renfort à Marseille

France3 Provence-Alpes 12/01/2015 | 18:04

Les renforts militaires attendus à Marseille arriveront en partie dès ce lundi soir. 120 soldats issus de régiments de la Légion étrangère ou de chasseurs de Gap. Les légionnaires se déplaceront en véhicules blindés.

Bernard Cazeneuve, le ministre d’Intérieur avait annoncé le déploiement de militaires en renfort des forces de police sur tout le territoire. A Marseille, dès ce soir, 120 militaires viendront prendre position dans divers endroits de la cité.
Ils sont issus de deux régiments de Légion étrangère : le 2ème REG de St Christol, dans le Vaucluse et le 1er Régiment de Cavalerie de Carpiagne. Et du 4e Régiment de chasseurs de Gap.

Pour le préfet de police Jean-Paul Bonnetain, « Cette présence massive des forces armées à Marseille n’a pas pour objectif d’inquiéter la population mais au contraire de la rassurer. Surtout, pas de psychose« .

Demain, 180 soldats rejoindront les premiers arrivés ce soir. Selon le colonel Denis Cochet, délégué militaire du département des Bouches-du-Rhône, le nombre de militaires sur Marseille pourra dépasser les 300.

Beaucoup de ces unités sont intervenues sur divers fronts à l’étranger lors d’opérations extérieures. Cette fois-ci, elles interviennent sur le territoire national en « projection intérieure« , le nom donné à ce dispositif.

« Certains de ces militaires se déplaceront, d’un point à un autre, pas pour des patrouilles, dans de petits véhicules blindés de transport« , ajoute le colonel Cochet. « 
Ces hommes, en coordination avec la police et les gendarmes, auront notamment pour mission de surveiller 24 heures sur 24 les 59 lieux de culte et la vingtaine d’écoles juifs du département, situés dans leur très grande majorité à Marseille.

« Si la menace se déplaçait vers d’autres lieux, on adapterait le dispositif » a assuré Jean-Paul Bonnetain, évoquant notamment le cas des mosquées dont certaines ont été dégradées depuis les attentats. « L’enjeu n’est pas de figer le pays, c’est de lui permettre de vivre« , a-t-il conclu.

Etats-Unis] Texte du compagnon Mickael Kimble, condamné à la prison à perpétuité

Ci-dessous un texte du compagnon Mickael Kimble, incarcéré depuis 28 ans à la prison de haute-sécurité ‘Holman’ à Atmore (Alabama, USA). Noir, homosexuel et anarchiste, il a été condamné à la prison à perpétuité pour avoir tué un blanc raciste et homophobe. Après de nombreux refus de libération conditionnelle par l’administration pénitentiaire, une nouvelle demande a été émise pour décembre 2015.

Lui écrire :

Michael Kimble
#138017
3700 Holman Unit
Atmore, AL 36503

Le site de soutien : anarchylive.noblogs.org

Contact du groupe de soutien : anarchy_live[at]riseup.net

MK

Allons plus loin

On peut dire que si nous voulons détruire l’oppression sous toutes ses formes, les prisons en sont le point de départ, d’autant plus que ces nombreuses formes sont davantage concentrées en prison que partout ailleurs dans la société, et que les prisonniers sont les cibles les plus vulnérables vis-à-vis de ces oppressions. De nombreuses personnes essayent de séparer les luttes en prison de la lutte globale pour la liberté et appellent cela “le mouvement anticarcéral”. J’ai moi-même pensé cela à une certaine période, mais nous ne pouvons pas séparer cela de la lutte globale. En tant qu’anarchistes, nous attaquons en même temps toutes les formes d’oppression. Nous essayons de comprendre la connexion entre les différentes formes d’oppression afin de pouvoir les surmonter, ainsi qu’une façon de pratiquer la liberté MAINTENANT, plutôt que de la reléguer à un avenir lointain.

La prison a englouti des millions de gens. Ceux qui ont eu la chance d’en échapper ont des problèmes de logement, d’emploi et d’éducation parmi tant d’autres problèmes résultant de la captivité par l’Etat. Une fois digéré par l’Etat dans leurs prisons, on est toujours en ligne de mire de la discrimination et en outre de l’oppression par la société. Les prisons doivent être abolies et la seule façon d’en finir avec les prisons est de détruire l’Etat. La seule issue du mouvement anticarcéral” est le réformisme. Nous devons aller plus loin. Nous devons rendre cette merde ingouvernable.

“Ils nous appellent criminels et nous le sommes en effet lorsque nous agissons en dehors des lois faites par l’Etat; Nous sommes libres uniquement lorsque nous agissons en dehors des lois faites par l’Etat”

repris du Chat Noir Emeutier

Trento (Italie) : attaque solidaire de banques

On apprend des journaux locaux que la nuit du 8 au 9 janvier dans le quartier S. Pio X à Trento, les vitrines et distributeurs de billets de plusieurs banques ont été détruits. D’après les photos (voir ci-contre), on peut lire : « liberté pour les incarcérés de Barcelone (A) ».

[Traduit de l’italien de informa-azione,

cette information provient de  ce site

 

Critique de l’« immédiatisme

piqure de rappel:
Nous vous invitons à des écoutes collectives des montages sonores antinucléaires “la fabrique de l’oubli “
que vous pouvez aussi retrouver sur internet à l’adresse suivante :
http://lafabriquedeloubli.noblogs.org/

lors des permanences du labo, les mercredi à 17h30, autour d’un thé ( par exemple)

les 14 et 28 janvier  / 11 et 25 février  /  11 mars…

n’hésitez pas non plus a faire tourner l’info autour de vous !

Dans le blog du laboratoire, une  publication d’ un texte du CAN mais la publication de ce texte  ci dessous s’impose à nous

L’immédiatisme est le dernier mot que se sont donnés les survivalistes
pour lesquels « L’incontournable urgence n’est malheureusement pas
d’attendre un changement de société ou de modèle économique pour un monde
meilleur. L’urgence est de sauver nos vies ! » .

 

La revendication d’un arrêt immédiat du nucléaire va de soi d’un point de
vue antinucléaire. Elle devrait aller sans dire. Deux choses sont
étonnantes. La première est que l’arrêt soit pourvu d’un adjectif – « 
immédiat » – comme si « progressif » avait jamais eu un sens en matière
nucléaire. La seconde que la formulation « arrêt immédiat » devienne un
slogan. Ce qui amène directement à forger une appellation, « immédiatistes
 », et une catégorie, « immédiatisme ».

Les auteurs de l’Appel pour des rencontres autour de l’arrêt immédiat du
nucléaire
du 9 juin 2012 s’expriment explicitement « en tant
qu’immédiatistes [2] ». Les rencontres de Culles-les-Roches posent ainsi un
point de vue et dessinent une position politique.

même ces rencontres, ce point de vue et cette position se déduisent
aisément : elles se satisfont d’emblée de contredire les tenants de la
sortie progressive du nucléaire. Il ne saurait donc en sortir que la
revendication d’une sortie la plus rapide possible puisque l’Appel du 9
juin pose « l’arrêt immédiat » comme un « mot d’ordre [qui] constitue une
position maximaliste n’excluant pas, pour certains, une sortie
progressive. »

Ce que jouent ces rencontres de Culles n’est rien d’autre qu’une
négociation sur les délais. Culles nous apparaît comme une tentative de
constituer une mouvance, sinon une fédération, « basiste », afin de
rejouer la scène fondatrice de Sortir du nucléaire. Alors même que
certains immédiatistes viendraient d’en… sortir. Il est significatif que,
lorsque apparaît l’idée d’un dépassement de la question strictement
nucléaire, elle s’exprime par une formulation aussi vague que « critique
de la société industrielle et technologique ». Et pas même comme un
préalable mais en tant qu’« axe de réflexion ».

Demander l’immédiateté de l’arrêt du nucléaire revient à poser les
questions « à qui ? » et « sur quel ton ? ». Or, s’agissant d’une
infrastructure d’ampleur étatique aux finalités capitalistes, et
inversement, la demande ne peut que prendre la forme politique des
revendications traditionnelles. Tant que le nucléaire est envisagé comme
un objectif unique et séparé, les conditions d’existence qui le rendent
nécessaires passent à l’arrière-plan. Dans ce monde, une diminution
progressive du nucléaire, d’ailleurs pas nécessairement contradictoire
avec son intensification (voir ASTRID [3]), peut tout à fait être
contemporaine de la progression d’autres formes d’exploitation des
ressources et des hommes via des produits estampillés de labels
alternatifs. Telles qu’elles sont annoncées, les rencontres de Culles
demeureront enfermées dans des formes de luttes spécialisées où les
médiations envisagées ne sont pas radicalement critiquées.

Aux « questions organisationnelles » – « comment prendre en compte les
organisations antinucléaires de type lobby, ONG, ou partis politiques dans
la préparation d’actions directes se voulant massives ? » – il y a belle
lurette que nous avons répondu : sans elles et contre elles. Et pas
seulement parce que ces organisations sont contradictoires avec des
actions directes massives.

Discuter du temps de refroidissement de la soupe dans la marmite de
l’avenir ne nous intéresse pas. Le nucléaire concentre le rêve absurde et
inhumain d’une exploitation de la terre qui semble atténuer celle des
hommes. Son utopie mensongère nous raconte que des brigades d’ouvriers
experts se substitueraient moins malheureusement aux armées de mineurs de
fond silicosés d’antan, et que les retombées radioactives ne sont
qu’accidentelles. Mais la contradiction de ce seul mensonge est
insuffisante si elle n’est pas étayée par une critique de la dépossession
qu’induit l’automation totalitaire qui lui est préalable dans l’ensemble
des aspects de l’existence moderne. Dans un monde devenu véritable
poubelle de l’histoire, ce qui nous importe ce sont plutôt les conditions
de l’usage du monde par les hommes. Autrement dit, les conditions réelles
et non réalisées de la liberté. Nous laissons le compte à rebours du
dépoussiérage en cours à ceux qui veulent avoir prise sur le chronomètre
et influer sur la mesure d’une agonie indéfinie devenue idéologie.

Ce présent dure trop à notre goût.

Le 3 septembre 2012
Association contre le nucléaire et son monde,
acnm@no-log.org

 

Les fanatiques et dogmatiques assassinent

 

Les terroristes c’est l’état nucléaire et les dogmatiques c’est aussi  pour nous les nucléaristes: Les « Charlie » déclarent  : « Tout ce monde avec nous. C’est beau et c’est étrange »

cette page ci -dessous est reprise sur le site internet de la  Cooordination Anti Nucléaire 84 attaqué en diffamation par Areva  le mardi 6 janvier 2015 

Nous avons perdu aujourd’hui 7 janvier 2015 des amis, des camarades, des frères antinucléaires radicaux de la première heure. La bêtise et le fanatisme ont eu raison de leur amour de la vie. Cette main criminelle est soeur de tous les barbares qui, enfermés dans leur dogme de croyances d’un autre âge, tuent ici comme à Fukushima, à Tchernobyl, au Niger. Le meilleur hommage qu’on peut leur rendre est de porter haut leur flambeau d’antinucléaires sans concession, de poser un acte, des actes de résistance à l’obscurantisme qu’il soit religieux ou techno-scientiste. Avec l’esprit de tous nos amis assassinés à travers le monde : arrêt immédiat du crime nucléaire quotidien.

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Depuis sa création en 1969 « Charlie Hebdo« , héritier de « Hara Kiri » et de « la Gueule Ouverte » du début de 1960. a toujours dénoncé la menace nucléaire civile et militaire en se positionnant aussi en permanence aux côtés des antinucléaires radicaux. Danielle Fournier : « Pour la manifestation contre la centrale du Bugey en 1971, Charlie Hebdo avait affrété des cars depuis Paris. Les trois-quarts des manifestants étaient des lecteurs du journal ».

. historique de Charlie Hebdo ici sur le site de reporterre auquel nous adressons nos pensées de prompte rétablissement à son journaliste Fabrice Nicolino, victime aussi ce jour dans les locaux de Charlie-Hebdo, de la barbarie faciste.

Et pendant ce temps là… l’Etat se venge contre ses opposants

LorraineActu, 10/01/2015 16:57
Un militant de la CNT (Confédération nationale du travail), poursuivi par la SNCF depuis 2006 après avoir participé à un blocage de voies ferrées lors d’une manifestation anti-CPE à Metz, a vu sa peine de 40.000 euros de dommages et intérêts, confirmée aujourd’hui en appel.
Pour information, la CNT est une organisation anarcho-syndicaliste. « C’est un coup dur. Mais j’irai en cassation, et jusque devant la Cour européenne des droits de l’Homme s’il le faut « , a déclaré Fouad Harjane à l’AFP. Même son de cloche de la part de Me Ralph Blindauer, son avocat, dénonçant un « acharnement » de la SNCF contre un homme  » qui n’a pas un rond. Nous ferons un pourvoi en cassation « , a-t-il ajouté.
Cependant, il est important de rappeler que ce pourvoi n’est pas suspensif. La SNCF peut en effet très bien exiger l’exécution de cette décision selon l’avocat.
Un « acharnement » de la SNCF
« Je pense que la SNCF aura la sagesse de considérer, d’une part, qu’elle n’a aucune chance de récupérer le premier centime, et d’autre part, que c’est quand même un peu “ crade ” de s’acharner sur un mec alors qu’il y en avait 800 sur les voies. Si la SNCF cherchait une décision symbolique, « c’est bon, elle l’a obtenue », a-t-il déclaré.
Pour rappel, Fouad Harjane, 34 ans, avait été condamné au civil en première instance en mars 2013 à verser près de 40.000 euros de dommages et intérêts à la SNCF pour un blocage de la gare de Metz par des manifestants anti-CPE le 30 mars 2006.
Cet incident avait provoqué de nombreux retards de trains. Le syndicaliste de la CNT avait alors dénoncé un  » procès politique pour l’exemple « .
Interrogé par l’AFP, un porte-parole de la SNCF-Lorraine s’est refusé à tout commentaire concernant  » une décision de justice ».

reprisdans les brèves du désordre

Florence (Italie) : un jour de l’An festif

Solidaires et complices du banc de S. Ambrogio** !  »

Vandales le jour de l’An, vandales toute l’année
La nuit du jour de l’An à Florence ont été bouchés de nombreux distributeurs de billets, taguées et brisées des vitrines de magasins de luxe du centre ville, et crevés les pneus de plusieurs* Fiat 500 rouges en auto-partage [les Autolib italiennes] qui appartiennent au Freciarossa [TGV italiens].
Solidaires et complices du banc de S. Ambrogio** !  »
NdT
* Huit selon la presse locale
** La nuit du 31 décembre, le banc en pierre situé devant la fameuse église de S. Ambrosio et dans la zone de la faune nocturne a été brisé, provoquant un scandale local.
[Traduit de l’italien de informa-azione, Lun, 05/01/2015 – 19:28

repris dans brève du désordre

Les pestes religieuses

Pourquoi revenir sur une vieille question comme celle de la religion, à l’heure où les plans d’austérité européens commencent à faire sentir leurs effets un peu partout, où les désastres écologiques s’accumulent et où le contrôle sur nos vies se resserre toujours plus ? Pourquoi s’en prendre à une idéologie, certes répugnante, quand la question des besoins matériels et de la simple survie se fait pressante ? Ben justement, pas besoin de chercher très loin dans le passé pour s’apercevoir qu’autour de nous, l’incertitude du futur et l’insécurité du présent ramènent à la surface tout un fatras qu’on avait un peu trop vite perdu de vue dans nos luttes : nationalisme, famille, religion. Ce trio carcéral qui avait encaissé quelques coups dans les années 70 pourrait trouver une vigueur inespérée par les temps qui courent, servant à nouveau sinon d’amortisseur, au moins de contention/récupération de révoltes qui peuvent exploser vers un monde totalement différent. Autant la restructuration capitaliste des années 80 et 90 pouvait compter sur une pacification sociale assurée par les gestionnaires traditionnels de l’Etat social et de ses affiliés, autant l’instabilité actuelle s’inscrit dans un cadre de concurrence féroce entre plusieurs forces asymétriques (dont les réseaux religieux) où l’Etat a bien moins de miettes à lâcher aux révoltés. C’est aussi dans ce contexte où il apparaît à beaucoup que le capitalisme n’est plus à réformer ou réguler mais à bouleverser, voire à détruire pour les plus radicaux, que les religions tentent de tirer une fois de plus leur épingle du jeu.

Même si la tradition liée au vieux barbu allemand affirmait que « la critique de la religion est la condition première de toute critique », certains autoritaires contemporains pensent que mieux vaut ne plus toucher à la religion dans un premier temps. Cet opium n’étant que la manifestation extérieure de problèmes bien réels –eux–, ne serait-il en fin de compte pas plus intéressant de travailler à ce qui nous réunit minimalement, plutôt que d’évoquer ce qui « nous » sépare malgré tout. « Nous », c’est-à-dire la classe, le peuple, les pauvres, les habitants d’un quartier ou d’un village, le prolétariat, les participants à une lutte… Bref, l’entité collective ou le sujet du moment auquel on s’attache, au sein duquel les individus ne doivent en tout cas pas se diviser sur des « questions secondaires ». Quel intérêt en effet de lutter ensemble sur des intérêts communs (le logement, les conditions d’exploitation, les prisons, les expulsions, etc.), si c’est pour se quitter ensuite sur des questions comme l’inexistence de Dieu ? Bien que d’indécrottables anti-autoritaires aient prétendu que toute religion est au service des puissants et qu’on ne peut mettre de côté la question de la fin, c’est-à-dire savoir pour quel monde on se bat (notamment sans lois – terrestres ou divines, ni maîtres – de la terre ou du ciel), on ne peut pas dire que les acrobates de la tactique n’aient pas eu de fidèles partisans dans leur art d’éviter les questions qui fâchent.

A côté de cette manière, disons « instrumentale », de hiérarchiser ce qu’on pense afin de maintenir la fameuse communauté de lutte, un autre rapport, plus libéral celui-là, s’est immiscé dans la partie : laissons-donc les croyances religieuses au vestiaire, au profit d’autres plus productives, comme la science ou la démocratie. Soyons tolérants, chacun peut croire au fantôme qu’il souhaite, pourvu qu’il n’emmerde pas les autres avec ! A l’image d’une société où l’Etat a conquis peu à peu le monopole de la gestion de l’espace public, et où le Dieu universel qui tient désormais le haut du pavé est la marchandise, cette manière de renvoyer les croyances religieuses traditionnelles à la sphère privée est une autre sorte de compromis possible pour maintenir la fiction unitaire (de la nation pour l’Etat, du groupe ou de la lutte pour les militants).

Mais voilà que tout s’est accéléré et exacerbé cette dernière décennie sur fond de crise. Voilà que pour les partisans de l’option libérale, ce compromis est toujours plus brutalement remis en cause par des minorités religieuses qui revendiquent ici aussi leur place au soleil. Voilà que pour les partisans de l’option tactique, la tâche se complique quand expressions politiques et religieuses sortent de la sphère culturelle pour redevenir une projectualité autonome. Voilà encore que face à deux ennemis qu’il faut tous deux combattre (l’Etat et la religion), l’option gauchiste de la bonne conscience se revigore à son tour (l’Islam est titillé par l’Etat français ? Retrouvons-nous pour défendre une oppression contre une autre, au nom de la lutte contre l’exclusion et les discriminations !) Cette option est en somme dans la même logique citoyenniste –pousser l’Etat à devenir égalitaire alors que c’est un instrument des puissants qui ne fait que sanctionner des rapports de force entre dominants et dominés– qui a par exemple conduit récemment à appuyer une loi comme celle du « Mariage pour tous », plutôt que d’affirmer que l’Etat ne doit fourrer son nez dans les relations de personne, et disparaître définitivement de nos vies.
En temps de restructurations économiques, les tensions sociales toujours présentes entre exploiteurs et exploités, dirigeants et dirigés peuvent parfois prendre des tournures inhabituelles, pas toujours agréables ou émancipatrices d’ailleurs. Si la conflictualité offre mille visages, des grèves sauvages et occupations dans les entreprises aux émeutes et révoltes dans les quartiers, en passant par les insoumissions à l’Etat ou aux sabotages du train-train quotidien, beaucoup sentent en tout cas que les miettes à distribuer s’amenuisent, et qu’il va falloir ramer sec. C’est dans ce cadre où les vis se resserrent pour tout le monde, et où monte l’insatisfaction, que les religieux comme d’autres autoritaires ont une carte à jouer, pour tenter de trouver leur place à la tête de la conflictualité. Comme les néo-fascistes ou plus généralement n’importe quels politiciens, ils vantent les mérites de leur modèle social prétendument relooké, un bricolage de tradition et de modernité prêt à l’emploi en cas de conquête du pouvoir. Et comme les gestionnaires actuels du capitalisme, ils craignent la liberté qui pourrait surgir d’explosions qui bouleverseraient jusqu’aux rapports sociaux. Lois de l’Etat ou lois de Dieu, tous restent d’accord sur l’essentiel : il faut y obéir, il faut de l’ordre, car les gens, les individus, sont incapables, pire, ne doivent en aucun cas décider par eux-mêmes de leurs vies, ni de comment se rapporter les uns aux autres. On ne sait jamais, des fois que surgirait l’expérimentation d’un monde sans argent ni dominations.

En fait, on pourrait presque se réjouir si les religions étaient seulement l’expression d’une aliénation de plus, de simples idéologies auxquelles on n’adhérait qu’en négatif, par conformisme ou par peur. Si on ne s’y accrochait que faute de pouvoir se retrouver dans une perspective plus passionnante que celle d’appartenir à une communauté de croyants où les règles sont dictées d’avance. Mais les religions sont bien plus que cette bouillie de morale, d’autorité et de codes, elles sont aussi quelque chose d’efficient : comme la famille ou la nation, elles maintiennent l’existant en soudant et en pacifiant des antagonismes explosifs. Nous ne sommes plus au temps où l’entièreté d’un monde trouvait son expression dans la sphère religieuse, et où les révoltes partaient donc aussi de là, quitte à s’exprimer sous forme de dissidences sectaires ou hérétiques (qu’on pense par exemple au Bundschuh germanique de 1500, ou aux Ranters et Diggers anglais des années 1640). En ce sens, la récupération provisoire des soulèvements récents de l’autre côté de la Méditerranée nous montre encore comment les religions sont bien plus en continuité qu’en rupture avec le capitalisme.
A présent qu’elles ne sont plus la totalité mais seulement une des formes séculaires de la domination, elles doivent désormais partager leur pouvoir temporel avec l’Etat, dont la bureaucratie constitue un puissant réseau concurrent aux siens. Et d’un autre côté, leur pouvoir spirituel est concurrencé par d’autres fétiches qui ont leur propre logique, comme la technologie ou l’argent. Dans ce système complexe, les religions ne peuvent plus incarner qu’une des formes possibles de réforme du capitalisme, bien qu’elles tentent parfois encore à travers certaines de leurs manifestations marginales de faire passer ces aménagements pour un quelconque changement réel.

Si nous pensons qu’il faut à nouveau s’intéresser à elles, ce n’est donc pas uniquement par esprit de vengeance bien réel de siècles d’oppressions, de massacres et de tortures d’incroyants ou de dissidents. Ce n’est pas non plus parce que cette illusion grotesque ne ferait que détourner une grande partie du prolétariat de son juste combat contre le capital, en le divisant et en lui désignant de faux amis et de faux ennemis. C’est surtout parce qu’en une période peut-être un peu plus angoissante que la précédente (les défuntes Trente Glorieuses qu’on ne regrettera pas), les religions ne représentent plus seulement un des refuges rassurants face aux guerres ou à la misère, mais incarnent aussi davantage l’espoir d’humaniser un capital qui élague le vieil Etat protecteur un peu partout depuis les années 80 (celui des indépendances comme celui du capitalisme d’Etat à l’Est ou en Chine, celui des dictatures militaires populistes d’Amérique du Sud comme celui de l’Etat social occidental). En quelque sorte, on pourrait s’en prendre aux croyances religieuses d’aujourd’hui comme on s’attaquait aux espoirs sociaux-démocrates d’hier : d’un côté en luttant pour un monde radicalement différent, basé non pas sur la masse et l’autorité mais sur les individus et la liberté, et d’un autre côté en combattant ce poison dans chacune de ses tentatives concrètes d’incarner une alternative à la domination et de substituer un ordre par un autre. En les combattant comme autant d’obstacles en travers de nos luttes, mais sans en faire le centre de l’affrontement.
Car il n’est pas dit, même si comparaison n’est pas raison, que les mêmes mécanismes de la politique liés aux périodes agitées du passé ne se reproduisent pas une fois de plus. On verrait alors les uns pratiquer des alliances formelles ou informelles avec certaines factions religieuses au nom d’un ennemi soi-disant commun (l’Etat et ses milices, l’extrême-droite), et les autres finir par cohabiter avec elles dans le cadre de luttes partielles au nom du nombre, y compris en cas de rapport de force défavorable à ces dernières. En somme, la vieille histoire des idylles entre les révolutionnaires autoritaires et les réformistes. Et pour nous, la sempiternelle critique liée à la nécessaire cohérence –vue comme tension sociale et comme éthique– entre les moyens et les fins, vu que les premiers contiennent déjà en eux le monde pour lequel nous nous battons.

Dans les quelques textes qui suivent, nous avons joint les pensées iconoclastes d’une compagnonne à un article qui revient sur le retour en force des manifestations religieuses tant chrétiennes que musulmanes après le 11 septembre 2001, et leur fausse opposition. Et comme il nous semble plus généralement que les idées ne prennent jamais tant de force qu’à travers leurs prolongements quotidiens, nous avons également inséré à la suite quelques critiques pratiques contre des messes singulières au Chili et en Belgique, ou autour de la construction d’une mosquée dans un port méditerranéen. Puissent ces quelques pages apporter leur petite contribution pour alimenter la lutte sans trêve contre toutes les pestes religieuses, divines comme profanes.

[Extrait de Subversions, revue anarchiste de critique sociale, n°3 (Paris), août 2013.]

source non fides

 

[Pénisule Ibérique] Opération pandora/lettre de quelque compagnons prisonniers

La tempête déchaînée par Pandora

 traduction de la lettre de Quelques anarchistes poursuivi-e-s par l’Opération Pandora

Aux nôtres, à tous les compagnons et toutes les compagnonnes de nous connu-e-s ou non, qui embrassent les idées anarchistes et à toutes les personnes solidaires et intéressées.

Le matin du 16 décembre, un grand déploiement policier a fait irruption dans les quartiers de Sant Andreu, de Poble Sec et de Gràcia à Barcelone, à Manresa, à Sabadell et dans le quartier madrilène de Carabanchel, envahissant nos maisons au cri de « police ! » et, après une perquisition méticuleuse, nous arrêtant nous, 11 anarchistes. Simultanément, l’athénée libertaire de Sant Andreu, l’athénée anarchiste de Poble Sec, la Kasa de la Muntanya et les logements d’autres compagnon-ne-s ont eux aussi été fouillés, sans que cela ne mène à d’autres arrestations.

Lorsque les flics se sont fatigués de manipuler, d’enregistrer et de recueillir de supposés indices, les arrêté-e-s en Catalogne avons été conduit-e-s séparément dans différents commissariats des extérieurs de la ville de Barcelone, afin de rendre tout geste de solidarité plus difficile, puis avons été transféré-e-s 48 heures plus tard à 600 kilomètres de là, à l’Audiencia Nacional de Madrid. Après de longues heures d’attente lors desquelles l’hostilité mutuelle était à couper au couteau, 4 compagnon-ne-s ont été relâché-e-s sous contrôle judiciaire, et 7 d’entre nous avons été conduit-e-s en prison préventive sous la charge de constitution, soutien, direction et appartenance à organisation terroriste, dégradations et possession d’engins explosifs et incendiaires.

Nous avons dans un premier temps tou-te-s été transféré-e-s dans la maxiprison de Soto del Real (Madrid), où on nous a appliqué le régime FIES 3, réservé pour les délits d’organisation armée. Toutes nos communications sont interceptées et bien que nous n’ayons pas de nombre limite pour le nombre de lettres que nous pouvons recevoir, nous ne pouvons en envoyer que deux par semaine.
Notre arrestation et incarcération a lieu dans le cadre de « l’Opération Pandora », orchestrée conjointement par l’Audiencia Nacional et les Mossos d’Esquadra, contre une organisation terroriste fictive à laquelle ils attribuent des actions dont nous ignorons encore tout. Nous comprenons ce dernier assaut répressif comme une attaque contre la conjonction d’idées et de pratiques anarchistes, à un moment où l’État a besoin d’ennemis intérieurs pour justifier une série de mesure chaque fois plus oppressives et coercitives qui renforcent les formes actuelles de totalitarisme.

Avec la crise et l’insécurité en toile de fond, nous avons assisté au renforcement du contrôle aux frontières et des rafles racistes, des expulsions de logement, des violences hétéropatriarcales et de l’exploitation au travail, quelques choses au sein d’un grand etcétéra qui se traduit par des conditions de vie toujours plus misérables pour l’immense majorité.

Ces froides parois entre lesquelles nous sommes aujourd’hui enfermé-e-s ont caché les sourires qui se dessinent sur nos visages en sachant que nos proches, ami-e-s et compagnon-ne-s sont resté-e-s des heures et des heures devant les portes des commissariats et de l’Audiencia Nacional, se souciant de nous malgré le froid et la distance. De la même façon, savoir qu’une grande manifestation de solidarité combative à eu lieu à Barcelone et dans d’autres lieux nous remplit de joie, ce sont des gestes qui nous comblent de force et d’entièreté pour affronter la situation de la façon la plus digne qui soit.

Nous envoyons nos saluts, toujours combatifs, à Francisco Solar, Mónica Caballero, Gabriel Pombo Da Silva et à tous et toutes ces indomptables qui, au-delà des frontières imposées et malgré l’enfermement, les harcèlements ou les difficultés, ne baissent pas la tête et continuent de choisir la lutte.
Notre cœur reste avec vous.

Maintenant et toujours, mort à l’État et vive l’Anarchie.

repris de contra info

Voir le texte traduit en italien.