[RHÔNE.] Lyon : un détenu met fin à ses jours à l’UHSA du Vinatier

Un homme âgé de 32 ans s’est suicidé, vendredi matin à l’UHSA (Unité Hospitalière Spécialement Aménagée) de Lyon. Alors que des rondes du personnel soignant ont lieu tous les quart d’heure, il aurait profité de ce court instant pour mettre fin à ses jours, peut-être au moyen de la cordelette d’un pantalon et d’un drap.

Une autopsie aura lieu lundi pour déterminer avec précision les causes de la mort. Située dans l’enceinte du Vinatier, cette unité inaugurée en 2010 accueille uniquement des détenus. Seul le personnel soignant a accès à l’intérieur des locaux qui font l’objet d’une surveillance, à l’extérieur, par le personnel pénitentiaire.

L’homme avait été admis pour des soins il y a environ trois semaines à l’UHSA, alors qu’il se trouvait en détention provisoire à Corbas dans le cadre d’une affaire qui allait être bientôt jugée.

leur presse

lu sur le site rebellyon.info

LyonMag nous rappelle que pour le Vinatier, dont c’est le 3e suicide de détenu à l’UHSA depuis 2010, c’est un coup dur alors que le personnel se plaignait récemment des conditions de travail et de sécurité qui se dégradaient.

Un infirmier avait même été poignardé mercredi dernier, entraînant l’ouverture d’une enquête interne à la demande de la ministre de la Santé, Marisol Touraine.

On en profite pour conseiller la lecture de l’excellente revue Sans Remède journal de critique et de témoignages contre la psychiatrie !

contre tous les enfermements!!

Sans aucune retenue, journal de la forêt de Sivens, 2014

source

 complément l’information de la lutte contre le barrage du testet

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Sans Aucune Retenue, Journal de la forêt de Sivens n°1/7

25 octobre 2014

Les zones humides, on n’en a rien à foutre

ou

Comment, après avoir dévasté la nature, la société industrielle et écologiste achève de la détruire en « l’aménageant »

 

« Les passionnés de la nature sont à l’avant-garde de sa destruction. »

Bernard Charbonneau, Le Jardin de Babylone

1. Ce bulletin, qui paraîtra quotidiennement pendant sept jours, tiendra sur le projet d’aménagement d’une retenue d’eau sur la rivière Tescou, dans la forêt de Sivens, des propos qui seront, justement, sans retenue et sans ménagement. Y seront posées certaines questions que le mouvement esquive : des tendances technocratiques de l’écologie à la question de la violence comme méthode de lutte.

2. Les arbres tombent, les opposants restent. À la fin du déboisement, la résistance au barrage du Testet a pris un nouveau cours. Pourtant, elle parle toujours le même langage : celui du moratoire et de la contre-expertise, tenu par les écologistes légalistes du collectif « Sauvegarde du Testet ». Ce collectif a vu disparaître, avec la zone humide, son argument principal de protection et de conservation de la nature. Pourtant, la lutte continue : et au-delà de l’écologie, sur quoi se fonde t-elle ?

3. Il ne s’agit pas de trouver étonnant que de l’argent public se convertisse aussi miraculeusement en intérêts privés. En termes d’argent comme en d’autres, la distinction entre public et privé a depuis longtemps cessé d’être opérante, sinon pour égrener la banale liste des malversations qui s’effectuent sous ce binôme. Il ne s’agit même pas de juger curieux qu’un État tellement soucieux d’écologie projette « l’aménagement d’un territoire » qui détruira aussi radicalement une « zone humide » soi-disant protégée. Le calque des stratégies écologiques sur les stratégies économiques a efficacement donné sa mesure : et il existe aujourd’hui deux types d’enclosures, celles qui aménagent un territoire parce qu’il est insupportable qu’un lieu sauvage le demeure, et celles qui aménagent un territoire parce qu’il est insupportable qu’un lieu sauvage ne le soit plus assez. Les uns construisent des barrages, des zones industrielles et des décharges ; les autres délimitent des parcs naturels, des zones humides et des conservatoires. Dans les deux cas, l’espèce humaine est priée de devenir spectatrice d’une nature distante, qu’elle soit instrumentalisée ou protégée ; de commander des granulés chez SEBSO (Société chargée du déboisement à Sivens) pour remplir son poêle au lieu d’aller ramasser du bois dans la forêt, et de taper sur Google « lézard des murailles » si d’aventure il lui venait le désir saugrenu de connaître l’allure d’un pareil animal.

4. Ces foutaises ne nous amusent plus. Les beaux jours de l’écologie, l’autorité apparente dont jouissent ses arguments, reflète le développement d’un« sentiment de la nature » issu justement de la fêlure de plus en plus profonde qui sépare la nature de l’homme. Il n’y a pas plus amoureux de la nature que l’urbain désespéré qui n’y vivrait pour rien au monde. Depuis les débuts de l’écologie, cette ambiguïté a fait l’objet de critiques virulentes de la part de ceux qui, par leur vie et leurs pratiques, mettaient le plus vigoureusement en œuvre ses principes. Elle a rapidement été décelée par ceux qui en furent les précurseurs, Bernard Charbonneau par exemple, comme « le futur du capitalisme, et en tout cas une utilisation assez merveilleuse de l’angoisse » (Guedj et Meuret, membre de la revue Survivre… et vivre !, pionnière en écologie politique) L’engloutissement de la pensée dans le savoir technicien a disqualifié nos expériences les plus simples, et d’abord par le langage dont elle use. L’expression « zone humide », tant entendue à Sivens, en est l’irritant exemple. L’argument écologique à son commencement, parce qu’il donnait la possibilité de penser dans le langage de tout le monde des faits extrêmement concrets, permettait d’entrevoir une sortie du vocabulaire idéologique dont se nourrissait jusqu’alors la gauche radicale, et c’est en cela qu’il était révolutionnaire. Rattrapée par une époque qui rend aux hommes toujours plus difficile de reconnaître et de nommer leur propre misère, l’écologie n’a pas tardé à saborder des dispositions aussi dangereuses pour le pouvoir en place : et désormais, « faute d’une enquête sévère, à tout instant poursuivie, sur les mots dont nous usons, nous risquons extrêmement d’être dupes de ces mots […] et réduits à penser notre langage pour n’avoir pas exigé de parler notre pensée. » (Jean Paulhan). Le langage crée une réalité. Les marécages, les tourbières, les ruisseaux et les bouilles existent, et toutes les plantes et les bestioles qui y vivent. Une zone humide n’existe pas.

5. Nous dirons des choses simples : le refus de voir soustrait un lieu à ses habitants et à leurs usages, la colère face aux projets imposés sous couvert d’enquêtes d’utilité publique parodiquement démocratiques, la lassitude à l’égard de la perversion économique qui ne supporte plus qu’un lieu demeure sans emploi et l’attachement à la liberté vernaculaire qui se goûte dans ces lieux inexploités.

6. Comme l’écrivait Venant Brisset dans des circonstances semblables (cf. Du côté de la Ramade, documents relatifs à une précédente bataille contre le saccage d’un territoire), la prolifération des nuisances et des écologistes dans la société industrielle va de pair. Ici, comme il y a encore très peu de nuisances, il n’y aucune raison pour qu’il y ait des écologistes. Nous n’en sommes pas. Nous serions plutôt comme ces agrions de Mercure qui volent dans la forêt de Sivens. Nous habitons ici. Nous voulons vivre libres et heureux, et c’est dans ce but déraisonnable que nous avons décidé de continuer ou de commencer à vivre ici. Dans ce monde de territoires sans pouvoir, soumis à un pouvoir sans territoire, nous cherchons à y recréer la possibilité de l’autonomie ; non pas pour mais avec et dans la nature.

Victoria Xardel

 

 


 

Sans Aucune Retenue, Journal de la forêt de Sivens n°3/7

27 octobre 2014

 

Après les arbres, ils abattent les hommes

Rémi F., 21 ans, a été tué par la police

 

Depuis quelques semaines, le projet du barrage de Sivens est dans une position délicate.

Le vent tourne. Les conflits d’intérêt qui y président ont successivement été démasqués dans les médias nationaux. Le modèle d’agriculture pesticide qu’il impose est abondamment critiqué par l’opinion. Plus aucun motif ne semble valable pour continuer les travaux, menés sous la houlette de centaines de policiers et de militaires. Il ne reste aux porteurs du projet qu’un seul argument : la soi-disant violence de l’opposition, qui démontrerait à elle seule le bien-fondé de l’obstination de notre État de droit.

Notre camarade est tombé sous les tirs de cet État de droit.

En forêt de Sivens vendredi, en amont de la manifestation nationale du samedi 25 octobre qui a réuni 7000 personnes, les machines de chantier qui travaillent la semaine à la construction de la digue du barrage avaient été déplacées. Il ne restait dans le petit camp retranché aménagé par les forces de l’ordre que chiotte et compresseur, jolis symboles du monde qu’on nous prépare. Agacés par leur incongruité, les habitants de la forêt se débarrassèrent de ces objets inutiles. Impossible pourtant de se débarrasser des 250 CRS et gendarmes mobiles qui depuis vendredi soir, alors qu’il n’y avait sur place aucune machine, aucun ouvrier à « protéger », semblaient vouloir en découdre.

L’unique raison pour justifier la présence démesurée des forces de l’ordre armées samedi à Sivens était la volonté des autorités de susciter des tensions pendant les deux jours de manifestation.

Ils y sont si bien parvenus qu’ils ont tué un homme.

 

Un barrage contre le pacifisme

Dialogue (Première partie)

 

 

Un soir dans la forêt de Sivens, une femme diaphane fait son entrée À la Maison des druides. Le jeune homme qui s’y repose sursaute. C’est en ces termes qu’elle s’adresse à lui.

― Je ne te veux pas de mal. Il y a soixante-dix ans, il y avait ici un maquis. J’ai tardé avant de le rejoindre, je ne supportais plus de rester passive – car rester passif, c’est collaborer, c’est faire le jeu des autorités qui ont la force de leur côté. Finalement, je me suis lancée dans la Résistance, et je suis tombée ici – les arbres m’ont accueillie parmi eux.

― Sois la bienvenue. Moi aussi, j’ai fait le choix de la résistance. Je combats un système qui menace la vie et donc la possibilité, pour nous et les générations futures, de vivre une vie non mutilée. Ici, ils déracinent des arbres pour faire un barrage.

― Oui, j’ai vu des arbres que je fréquente depuis des années être abattus par les machines de mort, j’ai vu les gens y grimper à l’aube pour les protéger, j’ai vu les tentatives de ralentir les robocops avec des barricades et des cocktails Molotov – quelle naïveté, vu comment ils sont équipés.

― Tu penses que nous ne sommes pas assez « équipés » ? Moi, je suis pour la résistance active, mais sans moyens violents. Je suis pacifiste.

― Pourquoi te sens-tu obligé de me dire cela, et d’un ton si supérieur ? Aurais-tu du mépris pour celles et ceux qui, comme moi, ne se définissent pas comme « pacifistes » ?

― Non, aucun mépris, excuse-moi. Je pense même qu’il s’agit d’une composante indispensable de la lutte. Tu me confonds peut-être avec d’autres gens, ceux qui se disent « légalistes », cherchent à négocier avec les autorités et se démarquent des « occupants » et des « violents ». En ce qui me concerne, je n’hésite pas à violer la loi pour défendre mes idées. Mais si je combats la violence de ce système, c’est parce que je m’oppose à toute forme de violence. Je suis donc pacifiste.

― Je trouve bizarre la manière dont tu te définis et dont tu parles des autres composantes de ta lutte. Nous, dans la Résistance, nous ne nous divisions pas en légalistes, pacifistes et violents. Il y avait les maquisards qui vivaient armés dans la clandestinité, la population qui nous soutenait matériellement et les gens qui, au sein de l’administration, faisaient les faux papiers et transmettaient certaines informations – c’est grâce à l’union de ces trois composantes qu’il y a eu de la résistance en France, et il aurait été désastreux de se dissocier de l’une. Votre distinction – car tu n’est pas le seul à parler en ces termes – a forcément pour effet de stigmatiser ce qu’il faudrait soutenir en priorité : celles et ceux qui prennent le risque de menacer le bon déroulement du programme de destruction concocté par les autorités.

― Soit, mais nos situations n’ont rien à voir – et il faut s’y adapter. On ne peut comparer le nazisme et ce que je combats : Carcenac est un escroc, mais ce n’est pas un Hitler qui assassine à tour de bras. Les gendarmes mobiles commettent des exactions, mais ils ne tirent pas à balles réelles.

― C’est vrai, mais tu m’as dit toi-même que les logiques économiques et politiques qui poussent à faire ce barrage, elles menacent la vie et donc l’humanité. Et tu vois bien que ce barrage, il est fait contre vous. Contre votre monde, vos idéaux et vos pratiques pacifistes. Si vous n’arrêtez pas le chantier, vous allez sortir de cette lutte affaiblis, collectivement et individuellement. Il faut donc résister, tous ensemble. A chacun de faire ce qu’il peut en fonction de ce qu’il sait et se sent capable. Pour gagner un combat, de toute façon il faut de tout et ne pas reculer devant l’épreuve de force. L’essentiel, c’est de ne pas se dissocier des autres – çà, c’est faire le boulot du pouvoir : « diviser pour mieux régner ».

― Il faut de tout, certes, mais tout n’est pas toujours possible ensemble – quand des gens lancent de loin des cailloux sur les flics qui encerclent les militants pacifistes enterrés, c’est stupide et dangereux. De toute façon, je ne pense pas qu’il soit possible de battre l’État sur son propre terrain. Je ne pense même pas qu’il soit souhaitable d’entrer dans ce jeu-là, nous n’avons rien à y gagner.

― Vu le rapport de force, tu as peut-être raison. Mais je crois tu ne m’as pas bien comprise : pour moi, le problème n’est pas de savoir si on est prêt ou pas à recourir à la violence – ça, c’est une question personnelle, qui dépend de notre histoire, de l’Histoire aussi, des circonstances, etc. Mon propos n’a jamais été de dire que seuls les maquisards avaient fait le bon choix. Le problème à mes yeux, c’est que tu te définisses d’une manière qui donne le mauvais rôle à certains de tes camarades ; c’est que les adjectifs définissant les différentes branches de la lutte sont des catégories policières qui aboutissent, en te posant comme innocent, à montrer implicitement du doigt les autres comme criminels. Là, tu fais le jeu du pouvoir, qui cherche toujours à discréditer ses opposants comme « violents », voire « terroristes ».

― Dis moi seulement, d’où vient cette question de la « violence » ?

 

 


 

Sans Aucune Retenue, Journal de la forêt de Sivens n°4/7

28 octobre 2014

 

Un barrage contre le pacifisme

Dialogue (Deuxième partie)

 

 

― Dis moi seulement, d’où vient cette question de la « violence » ?

― Cette question, les journalistes nous la posent toujours d’une manière telle qu’on comprend vite qu’on n’a pas le choix de la réponse : dans les interviews, on est sans cesse sommé de se dire non violent, pour rester crédible. Elle est aussi au cœur du discours des autorités qui martèlent que le mouvement est « violent » pour le stigmatiser et le discréditer aux yeux des gens. D’où l’importance de prendre le contre-pied de ce discours et de rappeler que, dans ce mouvement, nous sommes en immense majorité pacifistes dans l’âme, nous préférons le dialogue qui nous est refusé à la violence qui nous est imposée.

― Mais dire cela, ce n’est pas prendre le contre-pied des autorités, c’est faire leur jeu. La question des moyens posée indépendamment de la situation qui vous est faite – on vous fait quand même la guerre, à vous et à la nature – est un piège que vous tendent vos ennemis. Ils font ça afin que vous ne puissiez même pas avoir l’idée de constituer un « rapport de force ». Ils font ça pour vous cantonner à un rôle inoffensif de négociation, qui vous oblige à déléguer le pouvoir à un représentant – et la farce de la représentation peut recommencer. Ne jamais oublier : il ne peut y avoir de négociation réelle qu’entre puissances de force (à peu près) égale. Toute autre « négociation » ne peut être qu’une mascarade, ne peut être que la doléance que présente le sujet faible au souverain tout-puissant – à moins que ce que votre porte-parole négocie, ce soit moins la fin des travaux que le début de sa carrière politique. Pour négocier, il faut d’abord constituer une force, une force politique. Plus vous vous direz pacifistes, plus cela vous sera difficile. En plus, vous préparez le terrain au prochain coup des autorités : diviser le mouvement en « bons citoyens pacifistes » et en « méchants occupants violents », ce qui tuera la lutte.

― Peut-être as-tu raison, mais il y a une donnée nouvelle que tu ne connais pas. Aujourd’hui, les gens sont extrêmement sensibles à la violence. Elle a pris une place centrale dans l’imaginaire, elle fascine et terrifie, c’est le sacré de notre génération. Plein de militants cèdent à son charme, et moi aussi, quelque part, je rêve de voir ces machines brûler. Mais compte tenu de cette hypersensibilité à la violence, ce serait désastreux pour notre image dans l’opinion publique.

― Mais tu confonds tout ! La violence, ça s’exerce contre des personnes ou des êtres sensibles, pas contre des machines. Détruire des machines, ce n’est pas de la violence, c’est du sabotage pour mettre les forces de destruction hors d’état de nuire. Oui à toutes les offensives, qu’elles soient, dans le langage de la police, « violentes » ou « non violentes ». Car ce n’est pas de cette manière qu’il faut se définir, et il ne faut pas se laisser définir ainsi. Cette question est un piège pour diviser et paralyser. Ce qui compte, c’est de se définir d’abord comme résistant, se définir par les fins que l’on vise et l’analyse de la situation que l’on fait, plus que par les moyens qu’on est prêt à utiliser. Quant à celles et ceux qui soulignent être « légalistes », tu as raison de te méfier : ils risquent fort de se révéler vite être des « passifistes », des partisans de la passivité (ce qui se combine très bien avec une intense agitation dans la négociation). Ou des opportunistes qui préparent leur dissociation, leur passage à l’ennemi. En tout cas, insister sans cesse là-dessus quand tous les recours sont épuisés et que toutes les négociations politiques ont été vaines, c’est se préparer à assister passivement au désastre.

― Tu as raison, mais il me faut souligner une dernière chose : moi aussi, je suis pour l’offensive et l’audace – c’est ce qui nous manque le plus. Mais je ne pense pas qu’on ait besoin d’être « violent ». Celles et ceux qui ont le plus ralenti les travaux et la police, ce sont les enterrés et les grimpeurs, pas les barricadiers, même s’ils ont un rôle à jouer. Tu as raison de nous mettre en garde sur un mot qui, aujourd’hui, met finalement tous les illégalismes dans un même sac, pour les condamner en bloc, sans plus distinguer entre le bris de machine et la violence sur personne. Mais tu me sembles céder, comme tant de jeunes d’une époque nourrie aux scènes de bataille, à la fascination pour la violence. N’oublie pas : on peut être offensif sans être agressif, on peut arrêter les machines sans s’attaquer aux personnes, on peut renverser le pouvoir sans le prendre – et c’est ce dont je rêve.

― Laisse-moi clore ce débat en te parlant d’une autre lutte encore, qui m’a semblé exemplaire. J’ai rencontré une Italienne la semaine dernière. Elle venait d’une vallée qui s’oppose depuis des années à un projet de ligne TGV, le Val de Suze. Là-bas, la lutte s’enracine notamment parce que, face à la violence de l’État, tout le monde est conscient qu’il faut revenir au droit de légitime défense et au devoir de résistance à l’oppression. Toutes les composantes de la lutte participent à des actions offensives communes, chacune avec ses moyens. Et tous les inculpés y jouissent d’un soutien inconditionnel.

― Un spectre hante la forêt de Sivens, c’est le spectre de la résistance.

Aurélien Berlan

 

Un pacifiste contre le barrage ?

 

 

Dans ce dialogue, écrit avant la nuit où Rémi a été abattu par la police, notre voulions remettre en question un discours « pacifiste » qui prenait de plus en plus de place dans le mouvement d’opposition au barrage. Lors du concert à Matens, organisé en soutien aux inculpés de la lutte, le terme était dans toutes les bouches, sans que son incongruité, dans de pareilles circonstances, ne frappe quiconque.

Pour autant, il ne s’agissait pas de faire un éloge des « violents ». Nous ne nous reconnaissons ni dans l’une ni dans l’autre de ces catégories. Nous pensons que cette distinction est factice, comme le suggère le fait qu’il est bien délicat de nommer son pôle « obscur » ; les « violents », les « radicaux », les « cagoulés » ou, dans le dialogue que vous venez de lire, les « résistants » : autant de catégories inadéquates. On peut être pacifiste et radical, résistant et non violent. Ce sont des étiquettes répulsives qui ne disent rien sur les gens ainsi qualifiés, mais beaucoup sur ce dont ont peur ceux qui les stigmatisent de cette manière.

« Quiconque prend l’épée périra par l’épée. Et quiconque ne prend pas l’épée périra sur la croix. »

Simone Weil

Cette opposition artificielle ne fait que figer en « identités » des gestes, des comportements, des stratégies. Mais nous savons que la réalité est tout autre. Notre perception de la « violence » est éminemment subjective, et fille de son époque. Il fut un temps pas si lointain où la violence ne désignait que les actes visant des personnes de chair ; on parlait alors de sabotage pour qualifier les actes visant les choses, comme par exemple la destruction de machines. Aujourd’hui, la femme d’un conseiller général pro-barrage peut dénoncer comme « extrêmement violent » le fait qu’on ait jeté dans son beau jardin des cartouches [vides] de gaz lacrymogène.

Notre rapport à la violence est mouvant : que l’on soit prêt ou non à se masquer le visage et à jeter trois cailloux dépend de notre tempérament et de notre humeur, des circonstances, de l’attitude des forces de l’ordre, des chances ou non de succès d’un assaut physique. Il n’y a pas les « pacifistes » d’un côté et les « violents » de l’autre. Il y a des hommes et des femmes, qui passent d’un geste et d’une tactique à l’autre. Dans notre mouvement, nous ne connaissons d’ailleurs pas d’authentiques « pacifistes », comme Lanza Del Vasto qui paradoxalement se définissait comme un vrai « guerrier », rappelant ainsi que le vrai guerrier n’est pas belliqueux. Il y a par contre beaucoup de « pacifiques » qui, face à la conflictualité et aux rapports de force inhérents à la sphère politique, dissimulent sous ce vocable leurs propres peurs. La victime de la police est l’exemple même de cette réalité mouvante : comme nous tous, il était enragé de voir la forêt dévastée, tenaillé par la colère devant les provocations des argousins. C’est lui qui est mort ; ç’aurait pu être toi, qui lit ce texte.

Depuis les soulèvements populaires des années 1970 et leur mise en déroute, les moyens de résistance qui se sont progressivement imposés et qui sont aujourd’hui les plus pratiqués sont liés à l’image et au symbole. A Sivens on s’enterre, on « prend racine » pour barrer le chemin aux machines ; on replante, dans la forêt changée en lit de copeaux, de jeunes arbrisseaux. Ces pratiques pacifistes portent en leur sein le souci de donner aux médias qui la relaient une « bonne image » de la lutte, mélangé de considération morale quant à l’usage de la violence. Nous vivons dans une société en état de paix ; c’est à dire où la violence emprunte des voies tellement détournées qu’elle parvient à ne plus être identifiée sous ce nom, et que l’emploi de sa forme la plus brute et matérielle – caillou & flash-ball – nous terrifie. Cet effet de répulsif moral que suscite tout emploi de la violence directe, matérielle n’est qu’un exemple de la prédominance, là comme partout, de la représentation sur la réalité. Mais qu’on se le dise : qui se bat par les images aura de l’influence dans un monde d’images, et contribuera à renforcer ce monde, contre lequel par ailleurs nous luttons.

L’influence par le symbole est peut-être nécessaire, aussi, à la lutte ; mais lorsqu’elle demeure si négligeable et si parallèle qu’elle échoue à enrayer une destruction bien réelle, il n’est plus possible de s’en tenir là. Alors se repose la vieille question des moyens et des fins.

Toute l’équivoque vient de ce que nous souhaitons obtenir des conséquences pratiques par des moyens symboliques : faire cesser le travail des machines en infléchissant à notre égard l’opinion publique, qui ainsi gagnée à la cause infléchira elle-même le gouvernement, qui par crainte de la « mauvais presse » qui découlerait de leur obstination ordonnera aux différents acteurs économiques et politiques du projet de cesser les travaux. Nous voulons être indirectement efficaces. Mais il y a là une contradiction dans les termes. Est efficace ce qui va au but par les moyens les plus directs. Notre but est de faire cesser les travaux du barrage. La réprobation morale de la violence doit laisser place à une stratégie d’ensemble. Tous les fronts de tous les mondes doivent être occupés. Celui des images, éminemment contemporain, en est un. Beaucoup plus désuet, comme tout ce qui s’exerce sans médiation, le sabotage en est un autre.

On ne mesure pas la force et la justesse d’une lutte aux moyens employés, qu’ils soient violents ou non. Il faut laisser l’image de la résistance pacifiste populaire contre la violence d’État comme modèle de la lutte aux journalistes amateurs de clivages simples. On considérera peut-être les chances de réussite d’une lutte à sa capacité à ne jamais se laisser réduire à un principe – à une image –, mais à occuper tous les principes et toutes les images – et donc à les subvertir. Cessons de nous enfermer dans des identités figées et pensons plutôt à comment agir de conserve, divergentes méthodes pour un objectif identique : l’abandon immédiat et définitif du projet de barrage, l’expropriation du Conseil Général et la réappropriation de la forêt de Sivens.

Victoria Xardel, Aurélien Berlan

 

 


 

Sans Aucune Retenue, Journal de la forêt de Sivens n°5/7

29 octobre 2014

 

 

Tremble carcasse, si tu savais où je te mène !

Thierry Carcenac s’interroge sur les futurs investissements :
« Si tous les chantiers qui déplaisent doivent être protégés ainsi, où va-t-on ? »

La Dépêche du Midi, 27 octobre 2014.

Il faut un mort pour que le déménageur en chef du territoire dans le Tarn se pose une grande question existentielle : où va-t-on, en effet, si on ne peu plus bétonner tranquillement ? s’il faut à chaque fois passer sur les cadavres des opposants ?

Cette engeance, toujours aussi imbue de son pouvoir, se demande en réalité : « où va-t-on si les gens se mêlent de leurs affaires et que je ne peux plus m’en occuper à leur place (et m’en mettre plein les poches avec mes petits copains) ? »

La même pourriture, suite à la publication du rapport d’expert qui confirmait en tous points l’analyse critique du projet de barrage par les opposants, concédait qu’en effet il s’était quelque peu trompé, mais que de toute façon, les sommes engagées pour les études et les travaux étaient déjà trop considérables pour gâcher en pure perte tout ce bon argent public en faisant machine arrière : « bien sûr, je fais n’importe quoi, mais je le ferais jusqu’au bout ! »Cette pathologie dans l’argumentation, cette logique de la déraison a déjà été bien analysée :

« On connaît cette histoire de l’homme qui a prêté un chaudron à un ami et qui se plaint, après avoir récupéré son bien, d’y découvrir un trou. Pour sa défense, l’emprunteur déclare qu’il a rendu le chaudron intact, que par ailleurs le chaudron était déjà percé quand il l’a emprunté, et que de toute façon il n’a jamais emprunté de chaudron. Chacune de ces justifications, prise isolément, serait logiquement recevable. Mais leur empilement, destiné à mieux convaincre, devient incohérent. Or c’est précisément à un semblable empilement d’arguments que se trouve régulièrement confronté quiconque s’interroge sur l’opportunité d’une diffusion massive de telle ou telle innovation technique.

Dans un premier temps, pour nous convaincre de donner une adhésion pleine et entière à la technique en question, ses promoteurs nous expliquent à quel point celle-ci va enchanter nos vies. Malgré une présentation aussi avantageuse, des inquiétudes se font jour : des bouleversements aussi considérables que ceux annoncés ne peuvent être entièrement positifs, il y a certainement des effets néfastes à prendre en compte. La stratégie change alors de visage : au lieu de mettre en avant la radicale nouveauté de la technique concernée on s’applique à nous montrer, au contraire, qu’elle s’inscrit dans l’absolue continuité de ce que l’homme, et même la nature, font depuis la nuit des temps. Les objections n’appellent donc même pas de réponses, elles sont sans objet. Enfin, pour les opposants qui n’auraient pas encore déposé les armes, on finit par sortir le troisième type d’argument : inutile de discuter, de toute façon cette évolution est inéluctable. Ce schéma ne cesse d’être reproduit. »

Olivier Rey, Nouveau dispositif dans la fabrique du dernier homme, revue Conférence, juin 2012.

Au Testet comme ailleurs, tous les Carcenac nous font le même coup du chantage à la démesure : « la machine est lancée et elle est trop grosse pour qu’on puisse l’arrêter. » Ce qui en dit long sur leur condition d’esclave des dispositifs économiques et techniques qu’ils manigancent et surtout sur l’ambition grandiose qu’ils ont de nous rendre tous semblables à eux-mêmes, à nous faire vivre dans leur monde où la nature et les hommes marchent au pas cadencé de l’économie et de la machine

Face à d’aussi répugnantes perspectives, face à ce « monopole de la violence légitime » qu’exerce quotidiennement l’État de droit et l’économie de Marché en vue du développement infini de la société industrielle, la violence des « virulents », des « radicaux », des « casseurs » ou des « black blocks » (rayez les mentions inutiles) paraît bien dérisoire et n’est qu’un juste retour des choses.

Cette atteinte quotidienne à notre liberté et autonomie, qui crève les yeux à travers les déclarations des politiciens, nous ne la voyons pas tellement elle est mise à distance par la démesure de la Mégamachine. D’abord en tant qu’ « utilisateurs finaux » de ses produits, nous ne voyons plus la violence qu’elle exerce au loin– voire même juste à côté de chez nous – pour fonctionner, tant elle est cloisonnée. Derrière la commande passée sur Internet, qui voit les intérimaires sous-payés courir dans les entrepôts géants et les camionneurs s’épuiser sur les autoroutes, par exemple ? Cette brutalité est également intériorisée dans les rapports sociaux, d’abord à travers la soumission qu’implique le salariat et sa hiérarchie indiscutable. Mais de plus en plus aussi à travers les habitudes que nous contractons du fait de l’usage d’un nombre grandissant de machines dans notre vie quotidienne, d’un fonctionnement régulier, prévisible, fluide et sans heurts du cours de l’activité sociale. L’organisation générale de la société, d’une ramification et d’une complexité incommensurable, nous a habitué à une existence bien réglée, à un fonctionnement de la vie bien policé, à une activité qui roule et qui roule d’ailleurs d’autant et toujours plus vite qu’elle est toujours mieux réglée, policée et interconnectée.

Est maintenant perçue comme « violence » toute interruption de la machinerie, toute irruption de l’inattendu, de l’imprévu, du hors-cadre et du hors-norme. Ce qui dérange l’organisation et le programme ; crée des tensions et des heurts dans le fonctionnement. Que la surprise de la vie se manifeste et c’est le scandale. Et pour que cette « violence » cesse, il faut étendre toujours plus avant la rationalisation de nos existences, de nos activités et mettre en coupe réglée leur contexte.

La violence de l’organisation, qui tranquillement contraint, canalise, embrigade, oppresse, exploite et aliène le mouvement autonome de la vie, de notre vie et ses conditions, est maintenant perçue comme la normalité, l’ordre des choses, le calme cours de la vie, la paix. La machine est le modèle, la vie doit s’y conformer, jusqu’à la raideur de l’automate.

« Je lance un appel au calme » nous dit pour conclure le pyromane-pompier Carcenac.

Nous sommes calmes depuis longtemps : nous sommes calmement en colère contre cette vie corsetée et sérieusement déterminés à faire barrage à tous les agités du bétonnage du territoire et des « Zones d’Aménagement Différés », les excités de l’innovation et du progrès, les compulsifs de la vitesse à haut débit et de la circulation en flux tendus, les hystériques de la croissance infinie et du « redressement productif », les fanatiques de l’aliénation à la société capitaliste et industrielle.

Occupons et habitons la vallée du Tescou, reconstruisons là et partout ailleurs notre vie, et faisons nôtre ce pays.

Bertrand Louart, menuisier-ébéniste

 

 


 

Sans Aucune Retenue, Journal de la forêt de Sivens n°6/7

30 octobre 2014

 

 

« Aménager mais protéger »

Publi-communiqué du Conseil Général du Tarn publié dans la Dépêche du Midi du 1er novembre 2014.

Pour comprendre comment ils aménagent, il suffit de voir comment ils protègent. Au moment de sa parution, le titre de ce publi-communiqué révélait bien que «  l’aménagement du territoire » détruit. Depuis le 25 octobre, on sait désormais ce que signifie protéger. Détruire mais tuer : voilà la propagande du Conseil Général du Tarn.

Protéger la croissance

Recréer la nature

Le publi-communiqué du conseil général du Tarn paru le premier octobre dernier dans le torchon de La Dépêche du Midi est un bijou d’arrogance. Il inverse totalement les choses en présentant les saccageurs comme des écologistes et les opposants comme des saccageurs. Mais il a toutefois un grand mérite. Non pas de mettre en évidence les copinages entre notables (les élus et la presse), le cynisme et les mensonges des dominants (nous connaissons déjà tout cela), mais plutôt de nous montrer avec quelle facilité les communiquants du conseil général retournent la situation en utilisant le même langage technique et scientifique que les environnementalistes. Derrière chaque langue, il y a une vision du monde. Ce langage qui se veut neutre et objectif est celui de ceux qui gèrent ce monde. Il décrit et analyse les paysages, la nature, les activités humaines, les relations humaines de telle sorte que tout aille dans le sens du développement économique et du progrès scientifique et industriel.

En agriculture, par exemple, la campagne est désormais mesurée et chiffrée dans ses moindres détails. Depuis quelques années, l’ensemble des terres agricoles (champ cultivé, prairie, bois, causse, estives, etc.) est photographié par vue aérienne. Ces photos sont numérisées et chaque agriculteur doit déclarer tous les ans ce qu’il fait sur ses terrains (quelle culture ? quelles bêtes ? combien ?). Ces déclarations sont enregistrées dans des bases de données de l’administration. Un pré devient alors un « îlot », un arbre devient un « élément paysager », et un troupeau qui pâture devient un « chargement » qu’il convient de maîtriser dans un « plan de gestion pastorale ». Il n’y a plus un bout de paysage auquel on n’attribue pas une valeur, une réalité augmentée, quelque part dans l’ordinateur d’un bureaucrate : un potentiel agronomique, un atout touristique ou une biodiversité remarquable. Cette façon de simplifier et d’appauvrir la réalité, de tout transformer en chose, permet de comparer n’importe quel endroit avec n’importe quel autre et d’en faire ce que l’on veut. On peut ainsi échanger tel endroit contre tel autre, on peut même détruire telle « zone humide » pour la « recréer » artificiellement ailleurs.

Cet univers technocratique, c’est la violence normale du monde moderne. Quelle que soit la taille d’un projet d’aménagement, que la destruction à laquelle on assiste soit petite ou grande, tout ce que l’on peut dire, si l’on n’utilise pas le langage des gestionnaires, est considéré comme irrationnel, subjectif, emprunt de sentiments intempestifs. On ne décide plus de nos conditions de vie (là où on habite, comment on travaille, comment on vit avec nos voisins, etc.). Les décisions qui ont le plus de conséquences sur nos vies dépendent d’experts et de programmes nationaux ou européens. Ainsi, le mode de vie moderne exige de ne pas trop s’attacher à ce qui nous entoure et de s’adapter sans cesse aux évolutions de ce monde et aux exigences de la relance de l’économie.

Pour continuer à lutter contre ce monde, contre cette vision scientifique et économique de la vie, on peut peut-être s’appuyer plus sur ce qu’a pu produire l’ancienne culture rurale, sur ce qu’elle avait d’universel dans ses modes de vie sans éluder ses mauvais aspects, sans idéaliser.

Il ne s’agit pas de se conformer à un ancien modèle, ni d’opposer les gens nés ici à ceux qui viennent d’ailleurs ou les ruraux aux citadins. Il ne s’agit pas non plus de mettre sur un piédestal le monde agricole actuel. Il n’est pas l’héritier de cette culture rurale mais plutôt son fossoyeur (certains agriculteurs le regrettent, d’autres pas du tout).

Il s’agirait plutôt de voir si notre hostilité à la société industrielle ne pourrait pas se nourrir en partie d’une culture qui lui a toujours été réfractaire. Si l’on veut rompre avec la vie hors-sol et administrée d’aujourd’hui, il y a sûrement des enseignements à tirer d’une culture qui a vécu plusieurs milliers d’années sous diverses formes avant de s’auto-dissoudre dans la société de consommation.

Un berger qui a transhumé au Testet

 

 


 

Sans Aucune Retenue, Journal de la forêt de Sivens n°7/7

31 octobre 2014

 

 

De l’abattoir au laboratoire

Place à la gestion de l’ « affaire Sivens »

 

L’affaire du barrage de Sivens, parce qu’il s’agit d’un projet modeste d’aménagement du territoire comme il s’en réalise tous les mois dans les campagnes de France, a cela d’exemplaire que selon son issue, elle pourrait constituer un paradigme pour les autres résistances à ce nouveau genre de destruction massive qui dévaste nos pays. Destruction aujourd’hui protégée par les différents dispositifs de récupération verte (cf. « Aménager mais protéger et recréer », publi-communiqué du Conseil général du Tarn publié dans La Dépêche du Midi du 1eroctobre 2014) et les parodies ordinaires de démocratie. Avec Sivens, ces pantomimes ont volé en éclat, et le véritable enjeu de la contestation, qui va bien au-delà de la réalisation ou non de ce barrage, peut enfin se formuler : comment voulons-nous vivre ? Dans les temps qui viennent, le gouvernement s’apprête à poser la question aux citoyens français : que voulez-vous ? Aujourd’hui la vie est simple : les décideurs décident, les citoyens consomment. Voilà la démocratie. Cela ne vous plaît plus ? Regardez-les, ces zadistes, qui cultivent leurs légumes et vivent dans leurs cabanes, est-ce vraiment ainsi que vous voulez vivre ?

Au milieu des années 1980, la contestation suscitée par le grand projet de nucléarisation de l’Hexagone a pris au dépourvu les décideurs, habitués à ce que toutes les horreurs sortant de leur imagination mortifère aient été réalisées après guerre dans un grand consensus communo-gaulliste en faveur du « progrès ». Embarrassé, le ministère de l’environnement a demandé l’aide de la science sociologique pour endiguer l’opposition grandissante : comment donner un vernis démocratique aux projets mûrement imposés par les décideurs ? La réponse, on la connaît : il faut faire de la « concertation », organiser des « forums hybrides » associant les représentants de l’État aux délégués des associations et autres organisations para-gouvernementales, afin que la « société civile » puisse discuter et par là même valider démocratiquement les décisions déjà prises par la technocratie. Il faut créer de toutes pièces des associations afin que, lors de ces débats, il y ait des acteurs de la « société civile » favorables aux projets des élites et que les journalistes puissent dire qu’« en bas » aussi, il y a du débat, que les choses sont complexes, très complexes, et qu’il vaut mieux laisser l’État savant s’en charger. Et c’est ainsi qu’un polytechnicien a fondé « l’Association des écologistes pour le nucléaire »… Très vite, il est devenu clair que toutes ces associations commençaient leur carrière comme les syndicats ouvriers l’avait achevée : comme des organes de gestion de la contestation. Certains mouvements d’opposition conséquents ont commencé à refuser de participer à ces parodies de débat public. La grande concertation lancée par la Commission Nationale du Débat Public (« CNPD, participer, c’est accepter ») à propos des nanotechnologies a ainsi été rigoureusement sabotée, de même que celle relative à l’enfouissement des déchets nucléaires à Bure : les premières mises en scène de débat public furent tant perturbées que les autorités durent renoncer à tenir les suivantes.

Carcenac, dont l’asthénie mentale est sans doute due aux 35 années de magouilles réussies au Conseil général, n’imaginait pas que sa baronnie puisse être contestée. Ce que les mafias nucléaires et scientifico-industrielles quémandent depuis des années, l’association locale de contre-expertise écologiste l’offrait sur un plateau : un « débat public » qui aurait permis de dire que la « société civile » avait été entendue. Mais il a craché dans cette main tendue. L’État national est moins stupide : il va faire appel à sa spécialiste de la « démocratie participative », Ségolène Royal. Le scénario est ficelé d’avance : il y aura une « concertation » avec « toutes les composantes » du mouvement, sauf bien sûr celles qui « refusent le dialogue » et seront qualifiées, dans ce « Grenelle de Sivens », de « minorité d’extrémistes hostiles à la démocratie ». Il en résultera à coup sûr qu’il faut quand même faire le barrage, mais en plus petit  – cette fois sera saisie la seconde perche tendue par le collectif Testet, que la passion de la contre-expertise a conduit à dénoncer un projet non pas inacceptable mais surdimensionné. Et la vallée du Tescou sera démocratiquement aménagée.

Il en va ici comme partout ailleurs. La radioactivité, même à faible dose, n’en est pas moins mortelle pour le genre humain ; tout comme pour les abeilles on sait aujourd’hui que les infimes traces de pesticides sont plus dangereuses que les intoxications massives. Depuis le 26 octobre, on sait aussi que les armes à « létalité réduite » tuent – mais qu’au fond, personne n’en est responsable. Le renard accuse le piège, il ne s’accuse pas lui-même. Nous voulons rappeler cette banalité oubliée : Mesdames et Messieurs les ministres, potentats locaux, policiers, négociateurs en tout genre, l’État c’est vous.

Et puis y a tous ces écolos (bis)

Qui veulent un monde réglo (bis)

La fausse concertation, on connaît la chanson

La belle dépossession, à bas les normes, à bas les normes

La belle dépossession, à bas les normes et la gestion

                        (Sur l’air de La Carmagnole)

Matthieu Amiech, Aurélien Berlan, Caroline Bernard,
Michela Di Carlo, Michel Gomez,
Marie-Christine Le Borgne, Victoria Xardel

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Sans Aucune Retenue

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vidéo conférence:« Le refuge dans l’illusion de la protection est-il salutaire? ou le paradigme du cheval et du carrosse »

ça fait du bien de le dire:

nous souhaitons de communiquer l ‘enregistrement  de cécileAsanuma-Brice,car contre notre volonté l’émission de radio labo a été  éjecté de l’antenne d’une radio libre de Valence( qui a choisi politiquement d’ évincer  des propos contre le nucléaire et son monde et  de diffuserune parole cogestionaire à une heure de bonne écoute  l’émission du réseau sortir du nucléaire 26 07) , Dans le cas contraire radio canut  a choisi à un très grand nombre d’auditeur la babrique de l’oubli. Mais nous on a choisi d’écouter collectivement avec une possibilté de débattre après la diffision dans le local du laboratoire anarchiste

Il nous reste plus que de diffuser ces paroles qui mettent en question  le nucléaire et son monde par nos propres moyens

soit au laboratoire pour un nombre restreint d’auditeur ( prochaine écoute de la fabrique de l’oubli le 11 j février à partir de  17h30)

soit sur le blog du laboratoire pour un nombremalheueusement restreint de lecteur et de lectrices.

bonne écoute ( voir le lien

Le refuge dans l’illusion de la protection est-il salutaire? ou le paradigme du cheval et du carrosse »/ Cécile Asanuma-Brice

http://echoechanges-echoechanges.blogspot.fr/2014/12/intervention-de-cecile-asanuma-brise.html?updated-min=2014-01-01T00:00:00-08:00&updated-max=2015-01-01T00:00:00-08:00&max-results=50

et à la prochaine dans les locaux du laboratoire ou dans les rues pour en discuter et peut être au cours d’ue assemblée de lutte

 

Anarchisme, postanarchisme

trouvé,   lu et recopié ce texte et des revues « réfractions » et le livre de thomas IBANEZ*

Anarchisme en mouvement : anarchisme, néoanarchisme et postanarchisme
Nada, 2014.

En 2008, la revue anarchiste Réfractions publiait un certain nombre de textes sur l’actualité de l’anarchisme et son renouvellement théorique1. Tomas Ibanez y défendait un anarchisme nourri de french theory, et notamment des idées de Michel Foucault. Six ans plus tard, les éditions Nada lui offrent l’occasion de développer son point de vue dans un livre court, instructif quoique parfois rude, intitulé Anarchisme en mouvement : anarchisme, néoanarchisme et postanarchisme.

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Tomas Ibanez pose trois constats. Le premier est le renouveau de la praxis anarchiste ou anarchisante depuis une quinzaine d’années, renouveau qui a accompagné/vivifié le mouvement altermondialiste avec ses demandes de démocratie directe, de fonctionnement horizontal, mais aussi son acceptation du rapport de force physique (cf. les Black blocs). Le second est que le monde a changé profondément depuis le vaste mouvement de prolétarisation qui caractérise la société occidentale au 19e siècle, et la révolution néolibérale et néoconservatrice des années 1980 : fin du bloc soviétique, effondrement des utopies politiques et sociales et du mythe du Grand Soir salvateur, érosion de la figure du prolétaire comme incarnation du sujet révolutionnaire, consumérisme effréné… Le troisième constat est que le mouvement libertaire organisé (avec ses organisations, ses rituels, sa culture…) « n’est plus l’unique dépositaire, le seul détenteur, de principes anti-hiérarchiques » et des façons d’agir dont il fut longtemps le principal propagandiste ; plus même, le mouvement libertaire organisé semble de plus en plus moribond, recroquevillé sur ses certitudes, voire dogmatique, incapable de se lancer dans un vaste chantier d’auto-critique et d’intégrer à son logiciel vieux d’un siècle et demi ce que les sciences sociales ont pu produire de fécond depuis les cinquante dernières années. Plane ainsi sur le mouvement libertaire l’ombre des « postmodernes »2 et notamment celle de Michel Foucault et de ses analyses du pouvoir et de l’Etat.

Comme tout intellectuel renommé, Michel Foucault n’a jamais fait l’unanimité, certains historiens lui reprochant de manquer de rigueur dans ses travaux dits historiques, de n’utiliser en fait que ce qui l’arrangeait pour ses démonstrations3. Cependant, aujourd’hui, les idées de Foucault irriguent aussi bien les travaux d’historiens (Michelle Perrot), de sociologues (Eric Fassin) que de politologues (Jean-François Bayard4 et plus largement les africanistes réunis autour de la revue Politique africaine), et quoi qu’on en pense, elles ont obligé les sciences sociales à se repenser et à modifier leurs approches des faits politiques et sociaux.

Il est évidemment difficile de synthétiser la pensée (évolutive) de Michel Foucault en quelques phrases5. Disons, pour aller vite, que Foucault considère qu’il n’y a pas de Pouvoir mais seulement des rapports de pouvoir : « Le pouvoir n’est pas localisé dans l’appareil d’État et que rien ne sera changé dans la société si les mécanismes de pouvoir fonctionnent en dehors des appareils d’État, au-dessous d’eux, à côté d’eux, à un niveau beaucoup plus infime, quotidien, ne sont pas modifiés. » Il considère que l’État moderne, rationnel et technicien, n’est pas seulement un outil de domination/répression mais une machine à normaliser les conduites individuelles. En d’autres termes, le propre de l’Etat n’est pas d’être une instance autoritaire (selon le modèle classique du Léviathan) mais un appareil producteur de normes (la « santé », le « mérite »…). Il critique la conception du sujet défendue par la tradition humaniste classique : le sujet n’est pas cette instance souveraine déterminant intérieurement son rapport théorique et pratique au monde. Il considère donc que le « sujet », c’est-à-dire l’individu doué de raison, acteur de sa propre vie (conviction sur laquelle se fonde l’humanisme) est une fiction, une construction sociale ; que le « sujet » ne peut être libéré ou, pour le dire avec les mots d’Ibanez, « lutter pour libérer notre essence de ce qui l’opprime revient à vouloir libérer une entité qui, en fait, est déjà l’oeuvre du pouvoir » puisque « le sujet, loin d’être une entité universelle, transhistorique et fondatrice, n’est qu’un produit historiquement variable, tout aussi variable que l’expérience elle-même. »6

Tomas Ibanez appelle néoanarchisme et postanarchisme cet anarchisme qui a troqué la promesse de la Révolution contre la création d’espaces autonomes7, d’îlots réfractaires à l’ordre du monde capitaliste (mais ne fonctionnant pas comme des ghettos), dans lesquels s’épanouissent des « modes de vie qui soient en eux-mêmes des modes de lutte » ; ce que certains appellent l’anarchisme lifestyle ou activism lifestyle (anarchisme mode de vie). Un néoanarchisme nourri de situationnisme,8 de foucaldisme, de post-structuralisme et très influencé par les idées développées par des universitaires anglo-saxons dont très peu ont été édités en français9. Il apprécie « l’extraordinaire importance de l’imaginaire et son rôle dans la mobilisation des affects, dans la création d’un sentiment de communauté, et sa capacité à attiser le désir de lutter et à déclencher éventuellement des mouvements de révolte », car « c’est bien dans leur vie quotidienne que les individus doivent vivre la révolution ». Il plaide ainsi pour un anarchisme ouvert et inventif, utopique et conscient de l’être, répondant ainsi d’une certaine façon à Camillo Berneri qui, en 1922, défendait déjà « un anarchisme critique qui ne se contente pas des vérités acquises, des formules simplistes, un anarchisme qui soit à la fois idéaliste et en même temps réaliste, bref un anarchisme qui greffe des vérités nouvelles sur le tronc des vérités fondamentales, tout en sachant tailler ses vieilles branches ». Mais chez Berneri, les classes sociales et les lieux d’exploitation existaient, la liberté et l’égalité sociale cheminaient ensemble, étaient indissociables l’une de l’autre.

Je ne suis pas philosophe et avoue humblement suivre de très loin les polémiques féroces qui secouent ce landerneau-là, y compris dans les milieux radicaux où, of course, on a un sens inné de la mesure10. Je ne vous dirai donc pas si Bourdieu, Lyotard, Derrida, Deleuze, Guattari, Foucault et les autres sont des « génies à idôlatrer », des « mandarins », des « imposteurs » ou tout humblement des intellectuels dont certains concepts et certaines approches peuvent nous aider à mieux comprendre le monde tel qu’il va.11

Ma lecture d’Ibanez et de certains écrits influencés par le « postmodernisme » (Graeber, James C. Scott, Holloway…) ne sera pas celle d’un philosophe mais d’un militant qui s’est forgé lui-même sa boîte à outils ; un militant qui regarde avec beaucoup d’intérêt la façon dont s’organisent aujourd’hui les luttes sociétales dites radicales12, qui n’est en rien nostalgique des formes plus traditionnelles et institutionnelles qui prirent celles de « sa » génération13, qui trouve même très positif le fait que pour beaucoup de « jeunes » d’aujourd’hui, militance et vie quotidienne ne doivent faire qu’un14.

Mais il y a principalement une chose qui me chiffonne. En lisant Ibanez et d’autres auteurs qui, d’une façon ou d’une autre, ont partie liée avec le néo- ou le postanarchisme, on constate que la question sociale a été reléguée au second plan, qu’il n’y a plus d’exploités et d’exploiteurs mais seulement des monades15 aliénées. Graeber souligne avec satisfaction le soutien que la classe ouvrière américaine a apporté au mouvement Occupy Wall street, mais il n’en fait pas un enjeu pour le mouvement lui-même. Il ne s’agit pas là de mythifier « la » classe ouvrière, une classe ouvrière qui a toujours été fragmentée puisque sa construction était dépendante de la façon dont le capitalisme industriel s’accaparait l’espace16, mais de pointer du doigt ce que j’appellerais l’occidentalocentrisme de ces théories. Si je peux trouver parfois pertinente la façon dont les auteurs « postmodernes » décrivent les bipèdes que nous sommes devenus dans les pays capitalistes avancés ou dans le « capitalisme postmoderne »17, quid du vaste monde ?

Certains auteurs postmodernes insistent ainsi beaucoup sur la fin des « grands récits » : des grands récits qui légitimaient les institutions et donnaient du sens à l’action collective, des grands récits auxquels plus grand nombre ne croiraient depuis l’effondrement des idéologies, des religions, le recul du politique, l’atomisation des individus, le désenchantement du monde etc. Or que voit-on partout sur le globe ? Des millions de gens qui se mobilisent au nom d’un idéal transcendant (bien souvent religieux), au nom de valeurs « modernes » (nation, état de droit, état-nation) ou « archaïques » (clanisme et tribalisme) ; des millions de gens qui ne sont pas des monades mais des membres à part entière de communautés spécifiques et dont les comportements sociaux sont encore très largement tributaires de cet enchâssement-là ; des millions de gens qui sont embarqués dans un vaste processus de prolétarisation (Chine, sous-continent indien, maquiladoras d’Amérique centrale), découvrent « la lutte des classes » et ne rêvent légitimement que d’une chose : gagner suffisamment d’argent pour sortir de la misère ; des millions de gens qui ne subissent pas la « modernité » mais l’incorporent et la retravaillent sans se renier18 ; des millions de gens qui n’ont pas (encore !) affaire à un Etat rationnel-bureaucratique (Max Weber) ou à la biopolitique (Foucault), mais à des Etats aux politiques sociales absentes ou fragmentaires, et à un capitalisme encore à sa phase disciplinaire ; des millions de gens qui grattent la terre pour en tirer un revenu. Même à l’heure de l’internet et du « village mondial », de la globalisation, le monde n’a pas encore été unifié/uniformisé par le capitalisme, et le « capitalisme postmoderne » n’a soumis à sa logique et à son esprit qu’une partie minoritaire du globe et quelques enclaves. Des enclaves que l’on aimerait imaginer en incarnations du « pays réel » : mais malheureusement, Tunis l’occidentale n’est pas la Tunisie, la place Tahrir n’est pas l’Egypte, le parc Gezi n’est pas l’Anatolie ; les enfants des classes moyennes et supérieures, éduqués/connectés/ « 2.0 » ne sont pas la « nation », et les élections (et les coups d’État…) sont là pour nous le rappeler. Si Tomas Ibanez a raison de pointer du doigt « l’indéniable eurocentrisme » de l’anarchisme, je crois que sa lecture « postmoderne » du monde n’y échappe pas plus.

Je pense que l’« anarchisme en mouvement » n’a rien à gagner à déserter le terrain de la lutte des classes (et donc les lieux d’exploitation) à l’heure où le capitalisme s’ensauvageonne et martyrise les corps et les esprits comme jamais, pour lui préférer les « enclaves autonomes » et ses risques d’enfermement dans un entre-soi radical sans perspectives. Il a tout intérêt à diffuser ses idées, son éthique et ses façons de lutter dans les milieux du travail parce qu’un changement économique et social radical, s’il doit advenir, ne pourra s’effectuer sans que n’entrent en mouvement les classes subalternes. Car je m’efforce de croire encore et toujours à la « possibilité humaine de changer le monde »19, persuadé que c’est de la praxis que peuvent jaillir les désirs de révolutions.

Notes
1. De Mai 68 au débat sur la postmodernité (n°20).
2. La pensée postmoderne se caractérise par sa critique radicale des concepts de la métaphysique classique : l’humanisme, la subjectivité, la rationalité, l’histoire, le progrès,… autant de valeurs qu’il faut repenser. L’humanité n’est pas une essence transculturelle, qui se réaliserait dans l’histoire, laquelle serait douée d’un sens : le progrès par le développement de la raison et la maîtrise du monde. Au contraire il n’ y a pas de sens de l’histoire, l’humanité est une figure fragile et mouvante et la rationalité peut être criminelle et barbare. Le sujet n’est pas cette instance capable de s’autodéterminer (la liberté est autodétermination de soi par soi) mais une production sociale et culturelle et la liberté suppose d’abord un désillusionnement. D’où l’apport essentiel, pour la philosophie, des sciences sociales.
3. On aurait tort de n’y voir là qu’un réflexe corporatiste, une façon de défendre l’Histoire (ou la sociologie) face à la Philosophie et à sa prétention à être la seule habilitée à dire le vrai sur le monde (cf. la haine d’un Finkielkraut à l’égard d’un Pierre Bourdieu par exemple). Certains historiens, tout en louant le travail de Foucault, lui reprochait de jouer un peu trop avec la chronologie ou de dédaigner les phénomènes socio-économiques. Je vous renvoie à la contribution de Xavier Landrin, « Notes sur les réceptions en histoire du travail de Michel Foucault » in Meyet/Naves/Ribemont, Travailler avec Foucault – Retours sur le politique, L’Harmattan, 2005).
4. Celui-ci a déclaré à l’occasion d’un colloque international tenu en 2014 : « Foucault demeure d’un secours précieux trente ans après sa mort, en dehors de tout effet de révérence ou de tout fétichisme théorique, et ce en dépit de l’agacement que peut susciter sa béatification académique dans une certaine tradition de l’étude des « aires culturelles », en particulier d’inspiration postmoderne. Non qu’il soit plus « grand », ou si différent des autres figures tutélaires de la sociologie historique et comparée du politique. Mais précisément parce qu’il les rejoint à bien des égards, incite à les relire autrement, quand bien même il ne les cite guère, et remet sur le métier leurs acquis. »
5. Pour une présentation des thèses de Foucault, lire Judith Revel, Expériences de la pensée : Michel Foucault, Bordas, 2005.
6. Ce qui signifie en d’autres termes qu’il n’y a pas de « nature humaine ». Souvenez-vous du célèbre débat en 1971 entre Noam Chomsky et Michel Foucault à ce sujet (Sur la nature humaine – Comprendre le pouvoir, Aden, 2006).
7. Les fameuses TAZ promues par Peter Lamborn Wilson (alias Hakim Bey) que l’on peut retrouver sur les ZAD aujourd’hui, et qui rappellent les milieux libres d’avant 1914.
8. Ibanez ne me semble pas y faire référence mais il me semble que certaines idées fortes du situationnisme (rôle de la dérive et du spectacle) irriguent fortement le mouvement actuel. cf. Patrick Marcolini, Le mouvement situationniste – Une histoire intellectuelle, L’Echappée, 2013.
9. Hormis Hakim Bey et John Zerzan, je ne crois pas que les textes de Todd May, Saul Newman, Lewis Call ou Jason Adams soient disponibles en français. Pour une critique de ce courant, je renvoie au livre de Vivien Garcia, L’anarchisme aujourd’hui, L’Harmattan, 2007.
10. Les petits « Vychinski » fleurissent aussi en acratie !
11. Bourdieu, Derrida, et dans une moindre mesure Foucault ont contribué à repenser les concepts de la tradition classique et à renouveler certaines questions.
12. Je pense évidemment aux différentes ZAD.
13. J’étais étudiant en 1986 et ai participé activement au mouvement étudiant d’alors à l’université de Nantes. Nous étions à cette époque encore très révérencieux à l’égard des syndicats étudiants puisque malgré leur nullité évidente, nous prenions de notre temps pour les critiquer. Quelques années plus tard, les diants-diants influencés par un esprit libertaire et « post-situ » développèrent des façons de lutter beaucoup plus audacieuses et cessèrent de perdre leur temps à vilipender ces pseudo-syndicats.
14. Le mouvement actuel est une façon contemporaine de renouer avec les stratégies et les postures d’une partie des militants des seventies : idéal communautaire, « établissement ». Ce sont des choix individuels forts, exigeants, humainement risqués et je ne sais si j’aurais eu le courage de faire ce type de choix-là dans les années 1980.
15. Je reprends le mot de… Engels : « La décomposition de l’humanité en monades, dont chacune a un principe de vie à part et un but à part, le monde des atomes, cela est ici poussé à son plus haut point. » (1845)
16. Qu’avaient en commun les ouvriers des villes et des villages, ceux qui s’échinaient dans les bagnes industriels ou les mines, et ceux qui s’échinaient dans les « petites boîtes », ceux qui n’avaient que leur salaire pour vivre et ceux qui étaient ouvriers-paysans, ceux qui avaient été recrutés via la paroisse et les autres ? Une même place dans les rapports de production, certes, mais mille façons de se penser (ou pas) prolétaire. Cette fragmentation du groupe ouvrier s’est renforcée depuis trente ans par la multiplication des statuts salariaux.
17. Et encore, je trouve que « nous » résistons plutôt bien au processus de transformation des individus que nous sommes en homo oeconomicus soucieux de leur seul bien-être.
18. Lire à ce sujet Jean-François Bayart, L’illusion identitaire, Fayard, 1996 ; mais aussi sur la modernité du zapatisme, Jérôme Baschet, Adieux au capitalisme – Autonomie, société du bien vivre et multiplicité des mondes, La Découverte, 2014.
19. Pour parler comme Eduardo Colombo in « L’anarchisme et la querelle de la postmodernité » (Réfractions n°28, 2008).

* a na pas confondre avec thomas IBANEZ avec le citoyeniste Daniel Ibanez pour son livre Trafics en tous sur la construction de la liaison ferroviaire à grande vitesse entre Lyon et Turin (TAV)

[Le Tarn ] Nouvelle de la lutte Contre le barrage à SIVENS.

 https://tantquilyauradesbouilles.files.wordpress.com/2014/10/p1040520.jpg

source des informations

Pour les événements du jour, voir l’article [Dimanche 1er février 2015] Des miliciens bloquent les entrées à la Zad !!

À lire, le récit des procès du 29 janvier, merci la légal-team. Les peines et les sursis pleuvent pour des broutilles inventées. De plus, y’a un autre copain qui demande à ce qu’on lui écrive à la prison de Seysses.

10h : Des pro-barrages chez Escande, un 4×4 sur la route de la maison de la forêt, 4 fourgons de GMs à Barat. Une poignée d’individus menaçant en bande organisée prend en otage la quiétude des lieux et des riverains. Attention à vous, pensez à vous munir de téléphones, de caméras, ne restez pas seuls, donnez-vous des rendez-vous. Avertissez la ZAD quand vous arrivez ou que voyez quelque chose. La réunion de coordination à 10h est compromise.

Voici la lettre qui fait un tabac aujourd’hui dans les sondages auprès des énervés-capricieux-qui-n-ont-pas-eu-leur-barrage-a-Noël, le sommet de la calomnie est atteint, la lettre de Marilyne LHERM à Manuel Valls (source publique : Sivens : Maryline Lherm écrit à Manuel Valls pour lui demander « un entretien rapide »). On y apprend de si belles choses que, même si on avait voulu les inventer, on aurait pas pu ! Les occupants sont riverains de la zone, madame le Maire ne l’a toujours pas compris, et la légitimité de leur action contre le projet de barrage a été maintes fois prouvée. Aujourd’hui encore, le projet de barrage n’est toujours pas abandonné, il y a tout lieu de continuer à occuper, contrairement à ce que l’on essaye de faire croire dans les médias de masse !

 

 

Des nouvelles à voir et le programme à venir pour la quizaine qui vient à l’Amassada. Et la ZAD d’Agen aussi est vivante, et la ZAD de Roybon (et là aussi sans le « je suis zadiste ») aussi, et celle d’Échillais aussi, et celle de Notre-Dame-Des-Landes aussi. Et plus on est vivant, plus on les emmerde !

Ce dimanche 1er février. Journée mondiale des zones humides au Testet. Le programme est ici (dispo en a5 également). L’affiche est ci-dessous (et en pdf ici) :

affiche-zh-1-fc3a9vrier

  • Samedi 7/02 12h Parution du recueil de textes Sivens sans retenue. Grosse soupe et chacun apporte un peu à manger/boire ! Voici l’avis de parution !
  • APPEL à covoiturage le mardi 3 février : Lausanne 6h du mat’ ; Genève ; Lyon ; Valence ; Nîmes ; Narbonne ; Toulouse et enfin Gaillac (y’a trois places da,ns la voiture) mise en relation par le mail des bouilles.
  • 21 février 2015 à Toulouse, à Nantes manifestations : 21fevrier2015.noblogs.org
  • Sur la page Legal, vous verrez les adresses de 3 copains incarcérés à qui on peut écrire et la liste des procès de la semaine.

[samedi 31 janvier]

  • Tribunal d’instance le lundi 2 à14h30 pour la Métairie et au tribunal de grande instance le mardi 3 à 10h30. En théorie, la ZAD peut être expulsable dès le 4 au matin…

LES HELICOS par Seb T (30-01-2015)

[vendredi 30 janvier]

  • 6h ce matin au parc Lévi à Marseille, un huissier se présente, avis d’expulsion immédiate. 10h, il revient avec les soldats, comme il n’y avait plus personne dans les arbres et qu’il n’y avait pas grand monde pour faire face, ça a été facile pour eux de permettre aux machines d’abattre en public les derniers grands enracinés. Ils parlent d’entrave au travail, ils mettent en disant qu’un tractopelle a été abîmé. Aucune arrestation. Communiqué des occupants et page FaceBouc. Pour les courageux zadistes et autres soutiens, bravo pour ce que vous avez fait.

[jeudi 29 janvier]

[Mercredi 28 janvier]

[Mardi 27 janvier]

[Lundi 26 janvier]

[Lyon] La présidence de Lyon 2 fait exclure deux syndicalistes de lutte de l’université !

lu sur le site sous la cendre

L’Ord(u)re règne à Lyon 2.

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Jeudi 18 décembre 2014, la commission disciplinaire de l’Université Lyon 2 a prononcé l’exclusion de 2 militant-e-s de Solidaires Étudiant-e-s Lyon – Syndicat de lutte (ex-FSE).
Nos camarades étaient convoqué-e-s formellement pour « trouble à l’ordre et entrave au fonctionnement de l’établissement » suite à l’envahissement d’un conseil de la présidence le 21 novembre 2013 par une centaine de personnes dans le cadre de la mobilisation des étudiant-e-s et du personnel contre la loi Fioraso et les restrictions budgétaires.Le président avait alors donné, pour seule réponse aux revendications des étudiant-e-s et personnel mobilisé-e-s ce jour, l’intervention des forces de l’ordre à l’intérieur même du campus afin de faire évacuer les bâtiments. Sur la centaine de manifestant-e-s 6 étudiant-e-s, dont 4 syndicalistes seront interpellé-e-s et placé-e-s en garde à vue.3 militant-e-s de Solidaires Étudiant-e-s sont finalement passé-e-s en procès en juin 2013, dont deux qui se sont fait condamner : la secrétaire de section syndicale et l’élu au Conseil d’Administration de l’université, condamné-e-s respectivement à 3 et 6 mois de prison avec sursis et plus de 5000 euros de dommages et intérêts et frais de justice.Le jeudi 18, il/elle ont été condamné-e-s à une exclusion immédiate de l’université de 2 ans dont 18 mois avec sursis !
Cette condamnation est une menace par toutes celles et ceux qui n’entendent plus se résigner à accepter la dégradation de nos conditions d’études, de travail et de vie qui nous est chaque jour un peu plus imposée.Mais insuffisamment content de la gravité de la peine infligée à nos camarades, Jean-Luc Mayaud, président de l’université, fait désormais appel de cette décision devant le CNESER et réclame 5 ans d’exclusion ferme de l’université (!)

Retour sur le déroulement de la commission

Le déroulement de cette commission de jugement nous aura confirmé qu’il n’était nullement question de l’envahissement du conseil. Il s’agit là d’une volonté politique cherchant n’importe quel prétexte afin de nous exclure. Ainsi, lors de ce simulacre de jugement, peu importait que la présidence soit incapable de présenter un début de preuve ou même de témoignage à charge provenant d’autres personnes que les accusateurs eux-mêmes pour étayer sa thèse des « violences ». Peu importaient les nombreux témoignages -bel et bien existant ceux-là d’étudiant-e-s, de profs, d’agents administratifs présent-e-s au moment des faits qui attestent tous de l’absence de coups volontaires portés aux agents ce jour-là. Peu importait encore le contenu même des certificats médicaux fournis par les agents, qui attestent que les blessures de ces derniers résultent de la poussée collective pour rentrer dans l’amphi et non de coups volontaires ; blessures qui s’expliquent toutes par la résistance des agents devant l’entrée des étudiant-e-s alors que, selon la version officielle de la présidence, ceux-ci « avaient pour ordre de s’effacer et ne pas susciter de violences ». Au vu des déclarations contradictoires des agents et de leur attitude le jour du conseil extraordinaire (en liaison téléphonique constante avec leurs supérieurs) il apparaît clairement que la présidence avait donné pour consigne aux agents (transformés en garde présidentielle personnelle pour l’occasion) de ne laisser rentrer aucun étudiant (qu’il/elle soit ou non élu-e). Seul leur importait, derrière le motif vague de notre convocation pour  » trouble à l’ordre » de trouver une responsabilité pouvant nous être imputée. Ceci fut bien illustré, que ce soit lors de l’instruction ou du jugement, lorsque M. Landon (par ailleurs Vice-Président, ayant à l’époque porté plainte à notre encontre, se retrouvant ainsi partie, instructeur, et juge !) et M.Gaillard présidents respectifs de chacune des commissions, n’hésitaient pas à modifier les motifs de notre comparution. Ainsi, lorsque nous démontrions notre innocence vis-à-vis des soi-disant « coups » portés aux agents fut démontrée, ils invoquaient finalement l’annulation du Congrès.Mais dès lors, sous ce motif, pourquoi ne poursuivaient-ils pas les plusieurs dizaines d’étudiant-e-s ayant participé à l’envahissement ? Ils trouvèrent la parade…
Dans la notification d’exclusion envoyée à nos camarades, la présidence justifie sa décision par le fait qu’il et elle avaient osé parler au mégaphone et qu »il est avéré qu’il/elle étaient les meneurs d’un mouvement visant à perturber le déroulement du Congrès ».Ainsi se conçoit la « liberté d’expression » de la présidence, elle qui est pourtant si prompte à l’afficher fièrement… Une liberté où les syndicalistes qui refusent d’adhérer doivent dégager, où les étudiant-e-s qui se mobilisent sont brutalement expulsé-e-s du campus par les forces armées.En réalité, c’est sa propre lâcheté que tente de faire oublier aujourd’hui le président, en faisant preuve d’une fermeté sans précédent à notre égard. Lui qui, le jour du congrès, abandonnait pourtant ses agents de sécurité incendie, les laissant pour seul interlocuteur face aux personnes mobilisées, à qui il donnait ainsi pour mission d’assumer seuls les conséquences de la politique qu’il mène. Ce qu’ils appellent violence. Le président, prompt à user des moyens de communication dont il dispose (et abuse), avait alors qualifié l’envahissement de « violent ». Rappelons par ailleurs qu’après la fuite du président devant les étudiant-e-s et personnels mobilisé-e-s, les étudiant-e-s qui occupaient le bâtiment de la présidence réclamaient de pouvoir envoyer un mail à l’ensemble des étudiant-e-s et personnels afin d’expliquer leur mouvement, la nécessité de s’organiser et de se mobiliser pour ne pas se laisser écraser. Finalement, ce n’est pas un mail qui sera envoyé, mais une quarantaine de CRS et agents de la BAC à l’intérieur du bâtiment pour nous en faire dégager. Ainsi, on peut le voir, la « liberté d’expression » à Lyon II, l’envoi massif de leur propagande (parfois mensongère et diffamatoire à notre encontre) ou plus justement la censure et la propagande ne se maintiennent pas sans la force.
Mais dès lors, si l’on s’en tient à ce strict événement -finalement illustration euphémisée de la violence sociale et symbolique quotidienne grâce à laquelle s’impose l’ordre dominant inégalitaire- comment qualifier les matraquages policiers au tonfa et à la télescopique, l’enfermement abusif de plusieurs personnes (garde-à-vue), la menace de l’enfermement carcéral (peine de prison avec sursis), les milliers d’euros d’amende pour des étudiant-e-s boursier-e-s salarié-e-s, l’interdiction de poursuivre ses études universitaires et, désormais, l’interdiction manu militari de pénétrer sur le campus ? N’est-ce pas par l’usage de la force et de la violence que s’impose leur point de vue, c’est-à-dire leurs intérêts, leur conception de la démocratie et de la « liberté d’expression » ? Par cet acharnement, nous constatons que ce qui insupportait la présidence était la force du mouvement étudiant de l’année dernière, menace pour une présidence vacillante et en perte d’influence (Jean-Luc Mayaud était alors contesté par sa propre majorité et largement déstabilisé par les démissions successives de plusieurs vice-présidents). Au sein même du cercle restreint des « représentant-e-s » dans les instances officielles, dont la composition est pourtant très loin d’avoir une quelconque proximité avec la notion de représentativité dont ils se réclament (pour ne prendre qu’un exemple, les personnels enseignants-vacataires qui entament une grève à partir de ce lundi 26 janvier 2015, ne disposent d’aucun siège au Conseil d’Administration alors même qu’ils assurent parfois jusqu’à 80 % des TD), l’obtention d’une majorité leur devient difficile. Ainsi, l’illustre le Conseil d’Administration de décembre dernier où la présidence n’est parvenue à obtenir une majorité qu’à 13 voix pour un budget d’austérité grâce aux7 personnalités extérieures [!]), contre 12, budget dont les conséquences se paient au quotidien pour les personnels qui voient leurs primes gelées, l’intensité de leur travail augmentée, la précarité toujours plus s’installer ; et par les étudiant-e-s, qui voient les conditions d’études toujours plus se dégrader.Mais dans cette période difficile pour la majorité, le président lui ne s’empêche pas de se verser une prime (à laquelle légalement il n’a pourtant pas droit) de plusieurs milliers d’euros, représentant le salaire annuel d’un agent d’entretien à temps partiel…
Nous devons par ailleurs dénoncer la collaboration de l’organisation étudiante GAELIS (FAGE) qui a participé par leurs votes à l’exclusion de nos camarades. Loin de l’apolitisme bienveillant dont ils/elles se revendiquent lors des diverses échéances électorales pour quémander les voix étudiantes, la FAGE participe de la répression des syndicalistes qui se battent au quotidien pour la gratuité des études, pour l’inscription de toutes et tous à l’université, avec ou sans papiers.L’acharnement de la présidence et de la classe dominante en général pour faire taire celles et ceux qui luttent ne traduit que la peur de voir se développer la contestation sociale face aux ravages -à l’université comme dans le reste de la société- d’un système capitaliste raciste et patriarcal.Loin de nous faire plier, ils ne font que renforcer notre détermination à combattre et vaincre cet ordre asservissant, qu’ils essaient de maintenir, nous le voyons encore aujourd’hui, par tous les moyens. ————————————-

Fédération Syndicale Étudiante Lyon

Membre de la fédération :

Solidaires Etudiant-e-s / Syndicats de Lutte.

Le juge ordonne la remise en liberté de toutes les personnes en prison de l’Opération Pandora


Javier Gómez Bermúdez communique aux avocats qu’aujourd’hui seront signées les ordonnances de remise en liberté conditionnelle sous caution de 3.000 euros des sept compagnon/nes incarcéré/es (quatre autres compagnon/nes avaient déjà été libéré/es sous contrôle judiciaire quelques jours après les perquisitions de décembre 2014). En plus des cautions (tout de même 21 000 euros en tout), le juge a rajouté trois pointages hebdomadaires au tribunal le plus proche de leur domicile et la confiscation du passeport. Enfin, il a commencé à définir dans son ordonnance de remise en liberté des rôles en attribuant par exemple au compagnon arrêté à Madrid celui de « leader », notamment parce qu’à son domicile a été retrouvée une facture de l’impression de 287 exemplaires du livre édité par les GAC : « Contre la démocratie ».

Arrêtées le 16 décembre, elles sortiront de prison aujourd’hui. Elles auront passé un mois et demi derrière les barreaux après que les Mossos d’Esquadra aient pris d’assaut leurs domiciles dans le cadre d’une macro opération du nom de Pandora qui, selon le conseiller de l’Intérieur Ramón Espadaler, avait pour objectif la désarticulation d’une présumée organisation de “terrorisme anarchiste”. Des sources judiciaires ont confirmé la libération immédiate qui, coïncidence, tombe le jour où le département de presse des Mossos d’Esquadra a émis un communiqué dans lequel sont détaillées les accusations contre les personnes arrêtées.

Dans leur communiqué, les Mossos accusent les arrêtés de faire partie des groupes anarchistes coordonnés (GAC), qui, selon eux, “ adhèreraient aux postulats de l’organisation terroriste FAI/FRI” dont ils seraient la « franchise » espagnole, ainsi que de 9 attaques en 2012 et 2013 (et d’ailleurs pas toutes revendiquées du même nom, mais pour l’Etat chaque signature différente devient celle d’un des groupes composant les GAC !).
- Parmi elles, l’explosion coordonnée d’engins à base de bouteilles de camping-gaz le 10 avril 2013 contre les agences CaixaBank à Barcelone (quartier de Sarrià) et BBVA à Madrid.
- Les Mossos affirment aussi leur relation avec les godemichés-piégés reçus par l’archevêque de Pampelune, Francisco Pérez, et par le directeur d’un centre éducatif lié aux Légionnaires du Christ à Madrid le 21 décembre 2012, plus les trois attaques explosives simultanées contre une agence CaixaBank dans le quartier de El Clot à Barcelone (dont le hall de DABs), trois actions revendiquées par la FAI/FRI. Dans un cas, une personne a été blessée : la lettre envoyée au directeur du centre éducatif a explosé dans le bureau de Poste, blessant légèrement une des employées
- Ils les relient également avec deux lettres piégées du même genre postées le 6 septembre 2013 de Barcelone et envoyées à deux entreprises italiennes domiciliées en Catalogne, et avec une autre troisième lettre “contenant une imitation de mécanisme explosif » reçue par une entreprise de Valence.
- Les Mossos imputent également aux GAC les engins explosifs des 7 février et 2 octobre 2013 contre la cathédrale de l’Almudena à Madrid et la basilique del Pilar à Saragosse, non pas revendiqués FAI/FRI mais respectivement par le « Comando Insurreccionalista Mateo Morral » et le « Comando Insurreccional Mateo Morral » (Francisco et Monica sont incarcérés depuis novembre 2013, accusés de cette dernière attaque).

Malgré la volonté de la police catalane de garder secret le dossier et les actes jusqu’au 22 février, hier le juge a soudain changé de critères et refusé de prolonger l’enquête. Il a aussi mis fin à la détention des sept personnes emprisonnées. Il est prévu qu’elles puissent quitter cet après-midi les geôles des centres pénitentiaires de Estremera, Soto del Real, Aranjuez et Valdemoro, tous situés dans la périphérie de Madrid.

Les démonstrations de solidarité avec les compagnon/nes n’ont pas cessé depuis décembre. Le jour même des perquisitions et arrestations, une manifestation de plus de 3.000 personnes avait parcouru les rues du quartier de Gràcia et, en pleines fêtes de Noël, plus de 1.500 personnes traversèrent le centre de Barcelone et le paseo de Gràcia derrière une banderole où l’on pouvait lire “Le Terroriste c’est celui qui nous condamne à une vie de misère, pas qui se rebelle”. A Madrid, des centaines de personnes avaient aussi participé à une manifestation spontanée le jour même. Les appels en solidarité avec les arrêtés de l’Opération Pandora se sont répétés à Valence, Gérone, Tarragone, Salamanque et Valladolid, entre autres villes. Des attaques solidaires ont également été menées dans plusieurs pays

[Synthèse de la presse espagnole complétée pour la liste d’attaque avec le rapport des Mossos en catalan]

repris de Brèves du Désordre.

Udine [Italie]Solidarité No TAV- le siège du parti P.D. barbouillé

 

Nous apprenons pares les médias locaux en riposte à la sentence de premier  niveau pour les faits de la Maddalena et du 3 juillet 2011, le siège du Partio Democratico di via Joppi a été barbouillé slogans en faveur de la lutte No TAV tel que avec d PD=Maffia,PD dévastation et saccage,infâmes serviteurs,, la vallée ne peut  être arrêtée, NO TAV libres,     Un autre tag en solidarité a été  remarqué dans la commune  dieTavagnacco

[Espagne] Un an après l’assassinat de Ceuta

26 janvier 2015. Il y a un an, le 6 février 2014, 15 migrant-e-s sont mort-e-s à Ceuta, tué-e-s par la guardia civil espagnole.

Alors qu’ils/elles tentaient de rejoindre par la mer l’enclave espagnole de Ceuta au Maroc, les flics espagnols ont tiré des balles en caoutchouc et des billes en plastique pour crever les bouées auxquelles ils/elles s’étaient accrochés. 15 personnes sont mortes noyées.

En même temps, le gouvernement espagnol vient d’annoncer la construction de trois nouveaux CIE (centros de internamiento para extranjeros, centres de rétention espagnols), qui vont venir s’ajouter aux huit déjà existant : à Madrid, Málaga et Algeciras.

Aux abords de Ceuta et Melilla, la répression bat son plein contre les migrant-e-s qui tentent régulièrement de passer par dessus les rangées de grillages et de barbelés pour atteindre l’Europe. De l’autre côté, quand ce ne sont pas les balles, ce sont les rafles et l’enfermement dans les prisons pour étrangers qui les attend.

Plusieurs initiatives sont organisées en Espagne pour rappeler qu’il n’y a ni oubli ni pardon.

– à lire : Douze morts, par quelques anarchistes

– Un texte du collectif catalan, Te Kedas donde Kieras :

Le 6 février dernier, la garde civile a tué 14 personnes pour les empêcher de traverser la mer en directions des côtes ibériques. Il y a un an, 200 personnes ont tenté de passer la frontière à la nage, ce à quoi la garde civile a répondu avec des balles de caoutchouc, des gaz lacrymogènes et des coups pour couler les flotteurs. La violence a continué à coups de crosse de revolver pour empêcher que les migrant-e-s ne s’accrochent aux rochers de la jetée. 14 d’entre-eux sont morts, huit gravement blessés ou disparus et ceux qui réussiront à arriver seront expulsés illégalement au Maroc grâce aux “devoluciones en caliente” (pratique qui consiste à expulser immédiatement les migrant-e-s passé-e-s en Espagne au Maroc, par les portes des barrières de Ceuta et Melilla, sans aucune base légale, ndlt).

Dans les dix dernières années, plus de 27 000 personnes – et beaucoup plus qui n’ont laissé aucune trace – ont perdu la vie en cherchant à traverser une des nombreuses frontières que les états européens construisent et défendent pour protéger leurs privilèges. Privilèges qu’ils ont obtenus il y a des centaines d’années par le vol et l’assassinat, produits des politiques colonialistes. Aujourd’hui ils protègent avec brutalité ce qu’ils ont pris hier par la violence systémique.

Les routes de la Méditerranée ne seront jamais égales selon qui les emprunte. D’un côté, des navires de croisière chargés de hordes de touristes prêts à consommer les lieux et à détruire des communautés. De l’autre les migrant-e-s qui pour une raison ou une autre décident de se déplacer. Pour les premier-e-s toutes les portes sont bien ouvertes tant que leurs poches, leur classe et leur provenance parlent d’abord. Pour les seconds, les attend dans la majorité des cas un voyage sans fin. Et quelques fois la mort. Comme le 6 février dernier.

Colonialisme, frontières, tourisme, sont les nombreux visages d’un même modèle que nous ne voulons pas accepter. Parce que nous croyons dans la liberté de se déplacer et de décider de sa propre vie.

source

Thessalonique [ grèce] : attaque d’un commissariat aux molotovs

Le 17 janvier 2015, nous nous sommes présentés au commissariat de police de la zone de Charilaou à Thessalonique pour rendre un peu de violence à ceux qui sont les premiers à l’exercer au quotidien.

Si nous faisions une liste des faits de brutalité policière au cours des derniers mois, nous verrions qu’elle serait bien longue : La répression des manifestations du 17 novembre et du 6 décembre dans toute la Grèce, la répression contre les femmes de ménage licenciées du ministère des finances, la répression contre les protestations de personnes handicapées et les opérations de nettoyage contre les migrants, ne sont que quelques-uns des faits enregistrés. Aucun de ces événements ne nous a surpris, ils n’ont fait que nous remplir de plus de haine encore. Les vagues dénonciations d’un usage démesuré de la violence, mis à part qu’elles ne nous intéressent pas, ne servent qu’à tromper et à occulter l’essence même du rôle que jouent ces ordures en général. En tant que gardiens du système ils seront toujours imprégnés de haine pour celles et ceux qui luttent contre et perturbent l’ordre, et devront provoquer crainte et peur chez tou-tes les autres.

Indépendamment du fait qu’ils reçoivent leurs ordres d’un gouvernement arrogant et ouvertement fasciste ou d’un gouvernement « gauchiste » à fleurs, leur rôle sera toujours le même : la protection des puissants et du Capital.

Il y a peu, l’État grec a inauguré les prisons de sécurité maximale de Domokos, qu’il préparait depuis quelque temps pour imposer des conditions d’enfermement plus dures à la population carcérale en lutte, cherchant à envoyer un message clair quant à ce que l’avenir réserve à celles et ceux qui luttent. De plus, le fait que la surveillance
extérieure des prisons deviennent une tâche relevant des flic leur donne carte blanche pour imposer leurs intimidations et leurs brutalités contre les prisonniers à n’importe quel moment.

Ainsi, la mémoire bien fixée dans la conscience, nous n’oublions pas ceux qui torturent dans les cachots et lors des interrogatoires, celles et ceux qui ont été exécutés dans les rues, qui se son fait tabasser dans les manifestations, qui sont privé-es de leur liberté dans les sales pattes des flics, qui n’ont pas hésité à résister aux attaques, aux tabassages, aux perquisitions et aux fouilles corporelles, qui gardent leur haine intacte et inébranlable.

Avec ou sans prétexte, les flics resteront toujours un objectif à attaquer.

Peu importe combien de fleurs promet le printemps gouvernemental qui vient, un molotov sera toujours plus beau.

Ne laissons rien sans réponse. Attaquons les appareils de l’État et du
Capital.

Solidarité avec les révolutionnaires emprisonné-es

[Traduit de l’espagnol de contrainfo, source en grec, 28 January 2015]

repris dans le site brèves du désordre