Grenoble: jeudi 23 juin La manif nocturne et des informations sur la journée

 note:un peu d’air frais

lur surle nouveau site  d’info de Grenoble haro

jeudi 23 juin 2016
par : Contributeur ou contributrice extérieur

Les journées sont longues à Grenoble. Après un blocage de la Presqu’île scientifique et une manifestation dans l’après-midi, une manif sauvage s’est élancée vers 21h de la place Notre Dame. Elle a été dispersée violemment dans le centre ville vers 23 heures. Un manifestant nocturne nous a envoyé son compte-rendu. On donnera ici des nouvelles des personnes interpellées et des blessé-e-s dès qu’on en aura. Envoyez vos témoignages pour compléter.

Jeudi 23 juin, 21h, quelques dizaines de personnes se rassemblent petit à petit place Notre Dame. Vers 21h30, un cortège de quelques 200 personnes s’élance aux cris de « Grenoble, Grenoble, soulève toi ! » Pas l’ombre d’un flic à proximité.

Un peu à l’image de toutes les manifs nocturnes précédentes : un cortège dynamique et bonne ambiance où les gens chantent, crient des slogans, tapent dans les mains. Quelques jets de peinture sur des banques qui croisent notre chemin. Etat d’urgence, état policier, on nous enlèvera pas le droit de manifester !

Le cortège descend le boulevard Gambetta. Là, une voiture de flics qui le précède en marche arrière (mais pourquoi sont-ils si bêtes ?) se fait charger par la banderole de tête, suivie par tout l’avant du cortège. Ahou Ahou Ahou ! La voiture panique, recule, puis galère à faire demi tour et s’enfuit. On continue d’avancer et de chanter. Encore une banque redécorée. Rue Condorcet, nouvelle charge du cortège en direction d’une voiture de police. Cette fois, au bout de la rue, la voiture s’arrête. Légère altercation entre les flics et la banderole de tête, et hop, on dévie le cortège sur la droite. « Cortège compact et solidaire ! »

C’est le moment que les flics choisissent pour descendre de leurs voitures et commencer à nous coller de près. On n’est pas capables de les virer et petit à petit ils se font plus nombreux. D’abord d’un côté du cortège, puis de l’autre côté. Ils commencent à viser clairement des personnes qu’ils voudraient arrêter.

On est maintenant sur le cours Berriat en direction du centre ville. On traverse Victor Hugo. Le cortège commence à décroître. On rentre dans le centre ville en espérant trouver un endroit pour la dispersion. Le nombre de flics augmente encore. (Une vingtaine autour du cortège, très peu de bacqueux, beaucoup de policiers nationaux casqués.)

D’un coup, ils chargent en deux points différents du cortège, visant très clairement deux personnes. Des deux côtés, gros mouvement de solidarité pour empêcher l’arrestation : chaîne humaine, cris, bousculades. En face : gazage massif au poivre. Un flic sort son Tazer. Le bruit du claclaclac résonne. Des personnes se font tazer. Surtout : coups de matraque à volonté, y compris sur la tête. Les deux personnes ciblées sont finalement extraites du cortège par les flics, l’une d’elle le visage en sang. S’ensuivent encore des mouvements de foule, et encore du spay au poivre au visage. Des gens vomissent, crachent leurs poumons, toussent. Plusieurs personnes sont blessées et se rendront à l’hopital dans la soirée (potentielles fractures et plaies à la tête). [1]

A ce moment, les flics se retrouvent au milieu des manifestant-e-s. Nassés ! Certain-e-s entonnent sur un air de Maître Gims « Nassés comme jamais, nassés comme jamais. Haut les mains, haut les mains, tous les flics sont des assassins ! » Même dans les moments les plus durs, les copains/copines ne manquent pas d’humour, et ça c’est du bonheur.

Après ces deux arrestations, les flics restent sur place un bon moment, et les gens se dispersent petit à petit.

Visiblement, il y a eu deux autres arrestations. Je ne les ai pas constatées moi-même. Sûrement des gens qui se sont éloignés du cortège avant l’intervention des flics.

Dès le lendemain, on peut lire la version du Dauphiné Libéré (et donc de la police)2 :

150 personnes ont déambulé de façon sauvage, jeudi soir dans le centre de Grenoble, en scandant des slogans anti-police. Partis peu après 21h30 de la place Victor-Hugo, ils sont allés rue Bérenger où la façade de la banque BNP Paribas a été recouverte de peinture, les caméras de surveillance et les distributeurs automatiques de billets étant pour leur part cassés. Une bouteille remplie de peinture a également été lancée contre une voiture de police.
Repérés parmi les casseurs, quatre hommes ont pu être interpellés, vers 22h30, alors que les autres manifestants tentaient de s’interposer.
L’un d’eux était en possession d’un sac à dos dans lequel des morceaux d’aluminium et des bouteilles remplies d’acide ont été retrouvés.
Agés de 18, 21, 26 et 28 ans, les quatre suspects ont été placés en garde à vue.

Evidemment du grand n’importe quoi. Aucune bouteille d’acide n’a été lancée pendant cette manif. Les mensonges de la police (et donc du Daubé) servent à justifier après coup leur sale intervention. Débordés de toute part, ils ne savent plus quoi inventer.

Une pensée pour les arrêtés.
La rue nous appartient !


[1Je précise que c’est un témoignage à chaud écrit tout seul. Peut-être que dans l’agitation des choses m’ont échappé. N’hésitez pas à compléter.


2)je  précise i suffit de lire  la version donnée par le Daubé sur la manif de nuit du 23 juin ( ce journal qui a laissé une page entière à  un groupuscule fasciste les identitaires de valence marchant à côté  de la bande D’ Etienne chouard)